Corrigé BAC 2015 - Français anticipée - STL - Izi-Bac

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Corrigé BAC 2015 - Français anticipée - STL - Izi-Bac
PROPOSITION DE CORRECTION – E.A.F Session 2015
Séries technologiques
QUESTIONS SUR CORPUS
Question 1 (réponse semi-rédigée)
Le corpus de documents proposé à l’étude est composé de trois extraits
romanesques : le plus ancien date de 1866 et est tiré de l’œuvre de Victor Hugo, Les
Travailleurs de la mer. Le Lion de Kessel constitue le deuxième extrait et Joy
Sorman est l’auteur du dernier, tiré du roman contemporain intitulé La peau de l’ours.
Une pieuvre, un lion et un ours sont les étonnants personnages qui tissent des
relations diverses avec l’environnement humain.
1) Des relations conflictuelles
Texte A : l’homme et la pieuvre se livre un véritable combat qui met en œuvre le
registre épique : champ lexical de l’affrontement (« saisir le bras », « resserra »,
enfoncements »…), hyperboles (« envahi le poignet et le coude », « innombrables
lèvres », « démesurée »…)
Texte C : l’ours est un objet de foire, soumis aux regards malveillants et aux gestes
violents : énumération des réactions suscitées (« ces mêmes cris d’étonnement et
d’admiration, ces mêmes sifflements et ces mêmes interpellations »), évocation de la
violence du public et du bourreau (adverbe « violemment », « je reçois une pierre »,
« une botte écrase mon pied »)
Texte B : un faux combat puisqu’il s’agit d’un jeu où le lion et Bullit compare leurs
forces
2) Une relation complice et affectueuse
Texte B : les retrouvailles entre le lion, Bullit et Patricia sont source d’un bonheur
partagé (champ lexical de la joie avec « joie », « rires » …)
La complicité se donne à lire dans l’apostrophe « garçon » et dans la métaphore « ne
firent qu’une toison » qui souligne l’osmose entre le lion et son maître
3) Le rapport de forces
Texte A : insistance sur la puissance de la pieuvre qui domine Gilliatt dans leur
corps-à-corps : comparaison « comme cloué », emploi du pluriel pour évoquer les
éléments qui composent la pieuvre (« les repoussantes formes », « une foule de
bouches »…)
Texte B : puissance maîtrisée de King : dangers potentiels évoqués au conditionnel
« … eût été incapable d’y résister »
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Texte C : l’ours muselé doit subir les volontés du bourreau (emploi de la tournure
passive, l’ours est tel un objet conduit contre son gré : « je suis mené, muselé et
enchaîné »)
Question 2
Eléments de réponse :
Quelques moyens mis en œuvre pour donner à l’animal la dimension d’un
personnage romanesque :
1) Personnification :
Les animaux sont doués caractéristiques humaines, de volonté voire de sentiments :
Texte A : comparaison humanisante « ces pressions obscures qui lui semblaient être
des bouches », « ces yeux voyaient »
Texte B : « King savait », « King comprenait », expressions qui associent le lion et
Bullit pour les mettre sur un pied d’égalité : « ne firent qu’une toison », « une mêlée
confuse et toute sonore de rires et de grondements », lion doué de sentiments
humains « avec un rauque halètement de fatigue et de joie »
Texte C : la femme s’adresse à l’ours et appelle son aide comme s’il s’agissait d’un
homme puissant et valeureux : « sauve-moi, emmène-moi avec toi »
2) le système énonciatif :
Texte C : utilisation du point de vue interne sur l’ours, narrateur-héros qui livre au
lecteur ses pensées et ses émotions (« il me semble », « je sens des mains », « ma
tête qui gonfle sous l’effet du bruit », énumération de sentiments humains « peur,
fierté, indifférence ou excitation »)
Texte B : narrateur témoin capable d’interpréter les réactions de l’animal
+ passage au discours direct qui laisse entendre le surnom « garçon » qui fait donc
du lion un personnage à part entière
3) Une égalité de traitement : dans tous les extraits, l’animal est omniprésent
voire domine la présence de l’homme, en particulier dans le texte A
4) Un acteur à part entière
Texte A : la pieuvre et ses actions créent un rebondissement qui bouleverse la
narration et le destin du héros
Texte B : le Lion est un héros éponyme, il fait le lien entre tous les personnages
présents : « Il nous connaissait tous »
Texte C : l’ours est le narrateur-héros, son histoire constitue l’intrigue même du
roman
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COMMENTAIRE
(INTRODUCTION)
Chef de file du mouvement romantique, Victor HUGO est l’auteur d’œuvres
romanesques aussi célèbres que Les Misérables ou Notre-Dame-de-Paris. Les
Travailleurs de la mer, paru en 1866, raconte les aventures de Gilliatt, parti à la
recherche d’une épave échouée, La Durande. Bravant les obstacles, il doit faire face,
dans le passage étudié, à une terrible pieuvre qui s’abat sur lui. On se demandera
quelles émotions suscite ce face-à-face en étudiant d’abord la montée de la tension
dramatique puis l’angoisse et l’horreur qu’inspire le monstrueux personnage.
I.
La tension dramatique
1) Vivacité de la scène : le narrateur crée une atmosphère oppressante par
différents procédés :
- emploi de connecteurs temporels qui accélèrent le rythme de la narration :
« tout à coup », « en moins d’une seconde »…
- succession d’actions au passé simple : « se rejeta », « put », « prit »,
« s’arc-bouta »…
- phrases nominales ou elliptiques pour accélérer le rythme : « Impossible
de couper ni d’arracher… »
2) Une montée en puissance de la tension
- étapes soulignées par le narrateur : chaque tentacule apporte son lot de
souffrances et donne lieu à un nouveau paragraphe, rythmant ainsi la
narration
- indication explicite : « à son paroxysme » donc point culminant atteint
- intensité de l’ordre de l’indicible, ce qui contribue à la tension :
« comparable à rien »
II.
L’angoisse et l’horreur suscitées par la pieuvre
1) Une identification progressive
- périphrases qui laissent deviner ce dont il s’agit : « quelque chose qui était
mince … », « cela », « on ne sait quelle spirale »… donc indécision qui
crée le suspense
- multiplication de métaphores pour évoquer la pieuvre et sa puissance :
« une courroie », « une vrille »…, comparaisons « comme le cuir »,
« comme l’acier »
- description qui se précise et multiplie les détails : énumération d’adjectifs
« mince, âpre, plat, glacé, gluant… »
- révélation finale : « Gilliatt reconnut la pieuvre », formule concise mise en
valeur par la mise en page
2) Un combat inégal
- Gilliatt semble totalement dominé et écrasé : emploi répété de la
préposition « sur » qui souligne l’écrasement : « sur le diaphragme de
Gilliatt », « sur Gilliatt » …
- utilisation du pluriel qui donne l’impression d’un ennemi innombrable :
« ces courroies visqueuses », « ces lanières … »
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faiblesse de l’homme face à la pieuvre : comparaison « comme cloué »,
hyperbole « envahi le poignet », locution adverbiale répétée « à peine »,
expression « effort désespéré »
3) Les réactions de Gilliatt
- utilisation du point de vue interne qui permet de rendre compte des
émotions du personnage : « ce qu’il éprouva », « il sentait dans sa
peau »…
- émotions du personnage exprimées :
champ lexical de la peur « angoisse », épouvantablement », « anxiété » …
souffrance physique : « souffrance inouïe », « affreuse et bizarre
douleur »…
-
(CONCLUSION)
Ainsi, en narrant le combat inégal de Gilliatt face à une gigantesque pieuvre,
le texte crée un passage d’une extrême tension et suscite l’émotion du lecteur qui ne
peut que s’interroger quant à l’issue de la lutte.
DISSERTATION
REMARQUE : le sujet invite clairement à suivre une progression dialectique. La
difficulté tient surtout au choix des exemples pour illustrer les arguments.
(INTRODUCTION)
Le plaisir tiré de la lecture d’un roman tient souvent à l’identification qu’offre le
héros : le lecteur a ainsi l’impression de vivre par procuration les aventures de ce
dernier. Or, qu’en est-il lorsque le personnage n’appartient pas au rang des
hommes ? Un personnage non humain peut-il être un bon personnage de roman ?
Dans une première partie, nous nous intéresserons aux inconvénients et aux limites
liés à ce type de protagoniste, puis, dans une deuxième partie, nous envisagerons
les atouts qu’il peut présenter.
I.
Un type de personnage peu adapté
1) Des réactions forcément limitées : si le personnage non humain n’est pas ou
peu doté de langage et de réflexion, il semble qu’il ne puisse pas donner
matière à une histoire intéressante
Ex : dans Les Travailleurs de la mer, le héros est Gilliatt, la pieuvre ne constitue
qu’un obstacle sur son parcours
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2) Une identification difficile : le lecteur ne se reconnaîtra pas dans un
personnage non humain et ne pourra donc guère s’investir pleinement dans la
narration
Ex : dans Le Lion de Kessel, le lecteur, même s’il admire l’animal, se sent plus
proche de Bullit
II.
Un personnage riche de potentialités
1) Un personnage doué de sentiments : par la personnification voire le point de
vue interne, le personnage peut être doué de qualités et de sentiments
humains le rapprochant ainsi du lecteur
Ex : dans Frankenstein de Mary Shelley, la créature éprouve des émotions qui
suscitent l’empathie voire la compassion
2) Un personnage qui en cache un autre : dans les fictions qui usent de
l’argumentation indirecte, l’utilisation d’un animal peut permettre de critiquer
de façon détournée la société des hommes
Ex : dans La Ferme des animaux de G. Orwell, les animaux de la ferme sont en fait
une caricature des travers humains et en particulier du goût du pouvoir
(CONCLUSION)
Ainsi, l’animal est un personnage original qui trouve pleinement sa place dans
les fictions romanesques au point d’être le héros de certaines. D’ailleurs, il semble
même qu’il soit la figure de prédilection d’un autre genre, la fable, qui exploite en
particulier ses valeurs symboliques.
SUJET D’INVENTION
Feuille de route
Texte à produire : suite de texte donc texte narratif qui doit respecter les
caractéristiques du texte initial :
Narration : narrateur-héros donc emploi de la 1ère personne « je » et point de vue
interne
Temps du récit : essentiellement au présent d’énonciation
Contenu : vous devez respecter les étapes suivantes :
-
narration de la fin de l’exhibition
narration de la fuite et du retour dans la forêt natale
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Il faut également intégrer l’expression d’émotions qui seront variées compte tenu des
épisodes (humiliation, excitation, peur, soulagement, joie…)
Exemple de mise en œuvre
« … ma tête qui gonfle sou l’effet du bruit, une cohue redoublée par ma présence
dans ces rues ».
Le bourreau a maintenant du mal à nous frayer un chemin. Des mains me
frôlent, arrachent mes poils, tirent mes oreilles. Un garnement, surgi de nulle part, a
grimpé sur mon dos et suscite les rires amusés de la foule. Je n’ai plus la force
d’éprouver la moindre émotion : je me laisse guidé par mes chaînes, je ne sens
même pas le poids du garçon qui me donne des coups de talons en hurlant audessus de ma tête. Le voici qui saute devant moi et atterrit sur mon maître. Qui
tombe. Et lâche la chaîne. En un instant, je retrouve ma force et mon énergie. Je
m’élance au travers des badauds soudain à la proie à la panique…
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