Marrot, B.. Exposition de Lyon, 1894. Section cambodgienne. Notes
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Marrot, B.. Exposition de Lyon, 1894. Section cambodgienne. Notes
Marrot, B.. Exposition de Lyon, 1894. Section cambodgienne. Notes et souvenirs sur le Cambodge... par B. Marrot,.... 1894. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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ET NOTES SOUVENIRS SUR LE CAMBODGE du Cambodge, qui a tenu à apporter sa petite pierre à l'Edifice que la ville de Lyon vient à la France d'y exposer les d'élever, pour permettre richesses de son industrie, est encore un pays peu connu des Européens notes sur cette ; quelques Le royaume riche contrée m'ont donc fixer les idées paru indispensables pour des visiteurs bien s'arqui voudront rêter quelques pendant bodgienne. Comme Cambodge instants à la section les le royaume Rois heureux, n'a pour ainsi dire pas d'histoire Camdu bien — 2 — établie en effet, pour rechercher la ; il faudrait, un dédale de légendes toutes plus vérité, parcourir fabuleuses les unes que les autres. Quant aux récits faits par les historiens on a le droit de les chinois, ce car, la plupart du temps, passer sous silence, sont des tissus de mensonges et de superstitions. comme on le verra plus loin lorsque je Pourtant, des ruines d'Angkor, parlerai quand on se trouve en présence des vestiges de monuments aussi giganon est forcé construits, tesques et aussi habilement de reconnaître un que ce pays a dû être autrefois des de la presqu'île de plus puissants empires Flndo-Chine. les documents en partie détruits D'après qui restent de ce temps glorieux, il paraît résulter que c'est vers le XIIe siècle que le Cambodge atteignit à l'apogée de sa puissance. Envahi ensuite par les il fut continuellement Chinois, agité par des queavec les pays relles intestines ou par des guerres voisins, ce qui s'explique facilement par le seul fait de sa position géographique. Situé entre le 10e et le 13e degré de latitude Nord, et le 101e et le 105e degré de longitude Est, il se trouve resserré au Nord par le Siam et au Sud étroitement aussi les invasions trouvant des par la Cochinchine, routes faciles de tous côtés, il en est résulté qu'il du Siam, tantôt tributaire de tributaire suivant que les occasions d'envala Cochinchine, hissement se présentaient. si on s'en rapporte à une lettre C'est pourquoi, fut tantôt écrite par un Cambodgien cueillis par lui, lettre dont des récits d'après le capitaine Savin rede — 3 — Larclauze nous a laissé cement de ce siècle empire cambodgien, petite contrée qu'une et la guerre civile, la traduction, il ne restait plus au commende cet ancien et redoutable, jadis opulent désolée par la guerre extérieure qu'un petit peuple opprimé mou- maîtres. le joug de ses nouveaux Le souverain n'était qu'un roi de paille surveillé dont l'oppression par les Siamois et les Annamites, les volontés. Aussi le jour où la France, paralysait rant sous mit le Cambodge après avoir conquis la Cochinchine, fut un véritable sous son Protectorat jour de fête ainsi débarrassés pour ses habitants qui se trouvaient du joug des Annamites. NORODOM C'est au mois d'Août 1er que le Cambodge comme ennemi fut 1863 déjà plus l'Annam affranchi de la tutelle siamoise également traité que l'amiral de La Grandière signa n'ayant par un avec le roi actuel, Norodom Ier, traité qui plaçait le Camde la France. bodge sous le protectorat un mois après, au mois de Juin 1864, Environ Norodom 1er fut couronné solennellement à Oudong, ancienne dans le palais de la capitale du Royaume, Reine-Mère. Cette fête se fit avec tout le cérémonial la Reine-Mère, le second Roi, tous les venus des quatre coins du Royaume Mandarins, et revêtus de leurs plus beaux habits tissés en habituel; — 4 — soie de couleurs présence nouveau affirmèrent éclatantes, par la suprématie de la France vis-à-vis Roi. La couronne cier supérieur était tenue de la marine d'un côté française par délégué leur du un offià cet NORODOM SURSONTRONE et de l'autre siamois. effet, par un ambassadeur Le capitaine un de frégate Desmoulins y prononça discours très énergique la délivrance pour consacrer de ce Royaume un allié de la France. qui devenait Le Roi huit ans, Norodom Ier avait il en a actuellement à cette époque cinquante-huit vingtet années. paraît disposé à vivre encore de nombreuses de tous les titres Je ferai grâce au lecteur qui lui furent le jour de son couronnement, donnés tous plus ils sont au nombre d'environ vingt-cinq, se les uns que les autres, et peuvent emphatiques : Sâmdàch Prea résumer Nôrôdom, par ceux-ci Préachau Grung signifient que Campuchéa, est Norodom Ils Bodey. illustre seigneur, Thup le LE ROINORODOM les grands, a les pieds et la tête parmi qu'il des esprits sacrés, invisibles, qu'il descend qu'il est le maître des âmes, etc., etc. Il est de taille petite, assez maigre quoique ROYAUME DU CAMBODGE CABINET DUROI N° AUTOGRAPHE DE NORODOM — 7 — faisant peu nuellement d'exercice, son dans contiil vit presque sa grande passion palais; est de fumer l'opium, et, comme pour tous de ce narles fumeurs car cotique, lui une c'est pour de nécessité Il parle l'existence. aussi bien le Siamois que le Cambodgien correcqu'il écrittrès mais malgré tement, sa longue fréquendes Français, tation il ne connaît que les mots les plus usuels DUROI PREMIERE FEMME Sa figure, éveillée et très expressive, langue. avec bienIl accueille une franche gaîté. respire visite veillance les Européens qui vont lui rendre le pays. à venir habiter et les encourage Tous les négociants français qui sont allés au de notre lui, car il dans les achats et, en s'adressant de conil est certain à des maisons différentes, dont il est très avide. naître toutes les nouveautés Le plus long voyage qu'il ait fait est celui de il a eu l'intention à Manille. Souvent Phnôm-Penh ont Cambodge aime la diversion de venir suite des la France, visiter affaires mais avec il n'a jamais donné à ce vaste Il porte jours de fête d'un traité costume projet. d'habitude les le costume cambodgien, seulement il se revêt ou de réception moitié moitié spécial cambodgien, le tout français, de broderies chamarré dorées, et, de la Légion d'hon- le grand cordon par-dessus, un képi de général de division. neur, sans oublier Il a un goût très prononcé pour tous les articles de fabrication Meubles, tentures, française. glaces, tous nos produits armes, soieries, voitures, bijoux, dans ses palais. sont entassés existant au Cambodge, le Roi est La polygamie celui qui nombre la pratique des femmes de leur fortune le plus correspond une centaine de femmes seulement quelques-unes ses femmes véritables, des chanteuses des danseuses, plutôt ciennes qui sont entretenues exercer leur talent les jours représentations Elles sont de faste, car le en général à la maître. Il a environ mais sérail, nues comme avec dans de dans sont son recon- les autres sont ou des musile palais pour fêtes dans les théâtrales. surveillées par des vieilles femmes les eunuques, ces derniers ayant qui remplacent été supprimés depuis fort longtemps. Le Roi a toujours auprès de lui, quand il est dans l'intérieur de son palais, une vingtaine de femmes et se relèvent qui sont de garde Il serait difficile de dire le ses enfants, jamais tenu pour car de rôle. nombre lui-même s'y tromperait de l'état civil bien un registre les naissances contrôler L'aîné à tour de ses enfants, Macha s'était toute son portée exact de n'ayant en règle et les décès. Chac, sur Douong ne lui a affection, lequel pas donné les satisfactions qu'il était en droit d'atde lui. Elevé à l'européenne, tendre ce prince, qui — 9 — son dès se tourna enfance communicatif, contre fois arrivé à d'homme. Toutes ses manoeuvres été l'âge ayant il fut envoyé en France où il continua à déjouées, des ennuis nous susciter par des articles qu'il paraissait son père peu une dans les journaux de Paris. Pour publier mettre fin à cet état de choses, le gouvernement le fit arrêter il y a quelques mois et français en Algérie où il est interné actuell'envoya lement. faisait J'ai dit plus qu'il avait en énumérant les titres haut, la tête sacrée. Non seulement la lui toucher mais encore il est Roi, ne peut du on dépas fendu d'étendre la main dessus, ce serait là le plus des sacrilèges un ; ainsi grand lorsqu'il occupe ne doit être au-dessus étage de son palais personne de lui à l'étage comme il faut supérieur. Cependant lui toucher la tête pour lui couper absolument les cheveux ou pour le raser on tourne la difficulté par une cérémonie de la plus haute importance qui a les mains du barbier pour but de purifier auquel échoit cet insigne honneur a ; la dite cérémonie lieu en avec accompagnement grande pompe en présence des Bakû. Ces derniers musique des prêtres de sont d'une ancienne qui descendent caste de Cambodgiens se marier, ; ils peuvent les cheveux ont un costume portent longs, particulier et se relèvent par série pour garder l'épée spéciaux à eux, a pu être conservée grâce siècles ; ils marmottent des prières depuis plusieurs qu'ils ne comprennent pas, et comme les assistants ne les comprennent pas non plus c'est probablement royale qui, — 10 — et qu'ils font cela qu'ils sont très respectés les cérémonies. partie de toutes Pour en terminer avec le respect dû au Roi, une coutume connue de je mentionnerai peu ceux qui n'ont le Cambodge. Elle pas habité à se prosterner et à consiste, pour les indigènes, pour à quatre pattes toutes les fois qu'ils sont ramper de leur souverain. en présence A peine ce dernier dans les rues, soit à pied soit en voiapparaît-il sur tout le parcours de ture, qu'immédiatement, son hommes, femmes, passage, la face contre terre prosternent soit déjà loin pour oser relever darins tous se enfants, et attendent qu'il la tête. Les man- eux-mêmes sont astreints à cette étrange : ils ne peuvent réglementairement coutume parler au Roi qu'étant à ses pieds sans jamais prosternés le regarder. le Roi, qui subit volontiers Toutefois, les dispense très l'influence de notre civilisation, de ces salamalecs. souvent 11 — LE SECOND ROI. — MANDARINS de qui a à peu près autant est désigné titres généralement Il est l'héritier du trône, sous le nom d'Obbarach. il Norodom lui qui doit remplacer c'est quand n'a jamais lieu en ligne car la succession mourra, aux mais à sa mort la couronne retourne directe, Le deuxième Roi, que le premier, de Norodom. enfants de l'Obbarach consiste à La ligne de conduite car en petit ce que le Roi fait en grand, faire ses ressources ne lui permettent pas de grandes est nul. aussi son pouvoir dépenses, de l'ancienne Je ne dirai mots que quelques du Royaume naires mandarins, appelés réformes ont importantes administration tration confiée car à des fonction- depuis modifié cette 1884 des adminis- ainsi qu'on le verra plus loin. Nommés et révoqués par le Roi, les mandarins ne reçoivent mais ils ont une pas de traitement, et dans les amendes part dans les douanes provenant des jugements. Il y a dix degrés de mandarinat. Les ministres sont tous du dixième; ils sont au nombre de dix dont cinq seulement ont un service actif ; ils portent tous des noms plus baroques les uns que les autres, de les indiquer dans un langage je me contenterai plus compréhensible et par ordre hiérarchique : — 12 — ministre de la Marine, ministre du Palais, ministre de la Guerre, ministre de la Police, ministre des les mandarins Finances; puis viennent chargés de divers services : travaux recouvrement publics, des impôts, surveillance surveillance des voleurs, des magasins royaux, surveillance des chevaux, des voitures, des éléphants, etc., etc. Dans l'intérieur du royaume, chaque province a un gouverneur et qui a sous ses qui y réside ordres un grand nombre de subalternes et de maires de villages. Tous ces mandarins se réunissent deux fois par an dans le palais du Roi pour la cérémonie du serment de fidélité qui consiste à boire l'eau sacrée qui a été préparée par les Bakû. Un préposé à la cérémonie récite la formule du mandarin les paroles au serment, chaque répète fur et à mesure de la lecture d'un l'eau petite Bakû une tasse et il reçoit en bronze des mains contenant en grandes jarres terre. Les malades doivent prévenir afin qu'on leur porte l'eau chez eux ; en cas d'oubli de leur part ils sont condamnés à une amende. sacrée puisée mandarins dans de HOMMES LIRRES — ESCLAVES SAUVAGES OU PENONGS du Royaume comprend, après population et les hommes les mandarins, libres, les esclaves le clergé. enfin les bonzes qui forment La — 13 — Il faut le sont dire dans pas de suite le ne que les esclaves sens du mot. Ce sont leur endettés soit par propre gens de leurs Ils soit par celle faute, pères. envers sont au service du maître lequel une dette, mais ils ont ils ont contracté des le peuqu'ils de leur vent, ou s'ils ne sont pas contents de se faire ils ont encore le droit maître maître remracheter qui par un autre le premier. En général bourse lorsqu'ils de la maison font partie depuis quelque et ils ne sont pas trop maltraités temps le droit de se racheter dès des domescomme regardés plutôt ne sont pas au reste leurs enfants tiques, en naissant. esclaves ne peut pas utilileur maître Quand il les autorise services ser leurs sont un commerce monter petit ou à se livrer à une profession, il prélève un tant mais alors de leur pour cent sur le produit travail. des esclaves En outre pour à il y a encore les sauvages, sous le en cambodgien désignés dont ou Stiengs nom de Penongs la traite est faite par les Laotiens. dans toute sont esclaves Ceux-là du mot. On les appelle l'acception des forêts ou hommes sauvages dettes ET ARC FLÈCHES parce qu'ils vivent à l'état sauvage — 14 — et les montagnes entre la rive gauche du Meikong de la Cochinchine. Ils trouvent chez eux presque sans culture, ou du moins sans culture pénible, plus de riz et de maïs qu'il ne leur en faut pour vivre. Les rivières du poisson et les lacs leur fournissent en abondance ; les forêts habitent qu'ils sont peuplées de bestiaux et de bêtes fauves qu'ils chassent non avec des mais simavec des plement flèches et tous les point fusils autres moyens primitifs. Leurs maisons demandent SAUVAGE OUPENONG heures quelques sortir de pour terre ; quelques bambous en forment la charpente ou l'ossature puis les murs et la toiture sont faits avec de larges feuilles de palmier les unes aux autres. jointes la photographie ci-dessus Quant à leurs vêtements en donnera une idée. Hommes et femmes cachent leur nudité avec un morceau d'étoffe de la largeur d'une feuille de vigne suspendu se par deux fils qui viennent — 15 — des hanches. autour pourtant, Quelquefois ils s'entourent la dans les grandes cérémonies, d'une ceinture jusqu'au qui tombe pièce d'étoffe à se mettre Toute leur coquetterie consiste genou. nouer en guise d'os dans les oreilles de gros morceaux autour du cou un de boucles et à se suspendre et qui chapelet grand qui orne toute leur poitrine est fait avec une Ils vage corde et de petits ainsi heureux trouvent se ignorance. Chez eux point forme de révolutions d'un gouvernement dont les vieillards villages Ils n'ont aucune idée ; ils sont morceaux dans pour sont les d'os. sau- leur changer divisés la en chefs. de l'écriture ; quelques leur et rudimentaires pratiques superstitieuses tiennent lieu de religion; c'est la pour eux, Dieu, et ses mystères aucun forêt ; ils ne se rendent et par conde la marche des astres compte aucun de mesurer le n'ont séquent moyen temps. Ils ne connaissent que deux choses : « la terre le soleil et le pays que le soleil qui voit naître embrase à son coucher, c'est-à-dire le lever et le » coucher du soleil. Les Laotiens s'en la guerre qui leur font souvent et les vendent aux Cambodgiens. emparent Ces malheureux, généralement, prennent du pays : arrachés à leurs forêts, privés ils ne tardent Ceux liberté, pas à mourir. vent résister nouvelle tiques, au et spleen deviennent condition car ils sont fidèles le mal de leur qui peuleur qui supportent d'excellents domes- et serviables. — 16 — Notre civilisation le nombre en rendant avant peu, il ne sera Cambodge que pour RELIGION. a commencé à en diminuer leur traite plus difficile, et, au plus parlé de l'esclavage mémoire. — BOUDDHISME du Cambodge La religion tel qu'il se pratique à Ceylan est le Bouddhisme d'où il est venu. Il BONZES CAMBODGIENS est ou Talapoints, ces enseigné par les Bonzes un costume derniers tout jaune qui conportent siste en un grand morceau d'étoffe dans lequel ils se drapent comme on lé ferait avec un grand — 17 — manteau. Ils exclurasée, s'occupent sivement de religion et habitent les bonzeries à côté des pagodes où ils apprennent à lire et à écrire aux petits enfants ; ils ont des règlements très sévères qu'ils suivent ainsi respectueusement, ils ne peuvent fois manger qu'une par jour ont la tête avant l'eau midi et jamais du soleil, après le coucher est leur seule boisson ; ils doivent se lever avant le jour et ne peuvent sous peine de mort causer avec des femmes si elles ne sont au moins trois ensemble. Il leur est défendu de rien demance qu'on leur recevoir der, ils doivent simplement donne parole. sans et sans proférer une seule regarder Ne vivant que d'aumônes, les bonzes partent matin munis d'une espèce de boîte ronde chaque en fer-blanc recouverte d'étoffe et munie rouge en bandoulière; ils l'un derrière l'autre d'un couvercle qu'ils portent marchent à la queue leu leu, et vont à tour de rôle dans chaque de quartier leur paroisse en tenant à la main une fleur de lotus. Devant se tient le maître maison chaque sur un banc une grande a installé marmite remplie de riz cuit à l'eau puis, à côté, des bananes, du poisson et d'autres le bonze s'arrête, victuailles; le dos pour ne pas voir ce qui va se passer, tourne se voile la face avec son éventail et ouvre le couqui dans laquelle on lui met une vercle de sa boîte, de riz, quelques bananes et d'autres cuillerée mets le couvercle s'en tout va ; il replace préparés devant une autre maison, et ainsi de suite, jusqu'à ce que sa boîte soit pleine. A ce moment, il rentre à la bonzerie. — 18 — Dans toutes les circonstances de la vie on a recours à eux pour faire des prières, du reste ils sont forcés de se rendre à toute invitation qui leur est " faite. Leur ministère consiste à " theu bon faire DUROI PAGODE le bien et à chasser dernière cérémonie, prières oreilles. gnées l'Arack (le Diable); ils récitent en de vous capables ces Très souvent d'une musique crever pour criant cette des le tympan des sont accompa- prières et si le diable infernale ne — 19 — quitte pas la maison, de la bonne volonté. Ce qui est assez c'est il y met que réellement c'est qu'ils peuvent singulier et prendre femme ou reà volonté, se défroquer leurs femmes ; car, quoique marié, il est prendre de quitter sa femme de bon ton au Cambodge et d'aller faire pénitence temps quelque pendant dans une bonzerie. Le Roi lui-même et tous les Mandarins ont été bonzes. Quelques restent bonzes cependant dans la leur vie. toute religion Ils sont très respectés des Cambodgiens qui les vénèrent d'autant plus comdu les préceptes ponction Bouddhisme. qu'ils suivent La pagode avec est un monument supporté par de fortes colonnes en bois à dur, avec une toiture très prononcée et pente formant perposés; ci-contre deux étages sula photographie la représente GARDIEN DELAPAGODE du Roi, pagode qui se trouve près de son palais ; la façade que l'on voit au-dessus de la porte d'entrée est richement décorée de des têtes dorées, d'arabesques représentant De chaque côté de l'entrée, une statue génie. — 20 — en un pierre représente armé d'une masgardien ne forme sue; l'intérieur seule salle. Sur qu'une les murs est reproduite en peinture toute l'histoire du Ramayana, grand sanscrit la dont poème rédaction est attribuée à Valmiki. montrent Ces peintures les différents ENLÈVEMENT D'UNEPRINCESSE épisodes du poème : combat des bons et des mau vais génies ; combat des singes qui ont le pouvoir de transporter des monenlèvement des vues de l'enprincesses; fer et du ciel, etc., etc. Au fond du temple on voit une grande statue tagnes; de Bouddha en ou en bois doré, les côtés quelques statues dimensions, en argent de pierre et sur autres plus petites en bronze, ou en or. DEBOUDDHA ENBRONZE DORE STATUE — 21 — à la pagode Les Cambodgiens ne se rendent que les jours de fête. Ainsi, pour le nouvel an qui a lieu vers notre mois d'Avril, ils vont laver les statues de Bouddha et font brûler des bougies de couleurs de sable sur de petits monticules plantées qui tiennent lieu de chandelier. Parmi ces fêtes je citerai celle de l'agriculture, celle de l'ordination le Roi préside à l'entrée religieuse, par laquelle en de de ses fils ou de ses mandarins, celle dans la saison au mois de des pluies la grande fête des offrandes aux puis et enfin, la fête qui consiste à expulser religion l'entrée Juillet, ancêtres, les mauvais je parlerai ou esprits plus loin. à chasser PHNOM-PENH — La résidence située mieux ; aussi choisir diable, dont LE MEKONG du Cambodge capitale (Montagne pleine). Cette ville, le grand marché admirablement ne pouvait-il le est' du notre Phnôm-Penh est royaume, gouvernement la y installer pour du Protectorat. du représentant Ainsi dit plus le couronhaut, que je l'ai nement du Roi eut lieu à Oudong, à une journée au-dessus de Phnôm-Penh. était l'anOudong cienne la reine-mère continua à capitale, que habiter son fils Norodom choisit Phnômlorsque Penh en faire la nouvelle de son pour capitale PAGODE D'OUDONG — 23 — du Protectorat où flottait déjà le pavillon royaume est une ville morte où français. Oudong Aujourd'hui et pagodes tombent tous les monuments, palais dont le La grande en ruine. d'Oudong, pagode une idée, a été une des donne dessin ci-contre du Cambodge. plus belles n'a fait que croître au contraire Phnôm-Penh c'est le point où le roi des fleuves, et embellir; se divise en trois le Mékong, qui vient de Chine, et va la basse Cochinchine bras : l'un qui traverse de la province à la mer en traversant se jeter l'autre pour aller Vinh-Long, qui passe à Chaudoc enfin le troisième se jeter dans la mer à Bassac, à Phnôm-Penh même et remontant qui commence le grand lac dont il va alimenter en sens inverse qui prend sa source parlé plus loin. Le Mékong, ultérieur et du Koko-Nor, du Thibet aux confins de du nord au sud sous le nom coule d'abord du Yunla province et traverse Lang-san-Kiang Nam (Sud nuageux) dans son plus grand diamètre ; alors il est navigable dès le 22e degré et devient sera une des plus belles voies de communication pour cette province. les Chinois ne l'utilisent Toutefois guère pour ils redoutent les peuleurs produits, transporter de sauvages qui sont sous la domination plades de voir leurs bateaux Siam, et, dans la crainte de droits de douane exorbitants ou frappés pillés ils préfèrent commercer au profit de Bangkok, de Bahmo sur l'Iraouaddy. C'est en avec le marché le Yun-Nam quittant que ce fleuve prend le nom de Mékong; après avoir arrosé de nombreuses tribus et — 24 — il se transforme le Laos en particulier, en une magniau milieu d'une vallée fertile fique rivière coulant dans laquelle il dépose chaque année un limon bienfaisant. La plus grande partie du sol est couverte mais il y a aussi quelques immenses des troupeaux de boeufs, de où vivent plaines buffles sauvages, et de rhinocéros. d'éléphants de forêts, Vers le 18me degré, on admire les ruines de Viengchan qui fut la capitale de l'ancien royaume la suzeraineté de Siam. du Laos lequel reconnaissait Le commerce dans cette qui se faisait autrefois un peu plus bas cité s'est transporté importante de Nong-Kay. clans le village Il s'y fait de achats de cornes, de soie, d'ivoire, nombreux de La monnaie employée est cire, de fer et d'argent. de la poussière d'or enfermée dans des tuyaux de plumes de calao, fermés au moyen d'un tampon de se pèse avec des balances coton. Cette poussière chinoises; pour ce, on ouvre un des côtés du dans la concavité tuyau et on en vide le contenu d'un calao, dont l'extrémité du bec supérieur effilée permet à la poudre de tomber sur le plateau de la balance sans en perdre une parcelle. le fleuve, on arrive à En continuant à descendre sur la rive droite ; à cet Lakhon qui se trouve endroit les eaux ont presque un kilomètre de largeur. On exploite marmoréen à Lakhon des rochers de calcaire d'une chaux qui pour la fabrication mais qui, en pas très bonne pour bâtir, dans tout le Cambodge est exportée revanche, comme chaux à chiquer avec le bétel et la noix n'est d'arèque. 25 — En continuant sa route vers les rapides de Khong, entre les montagnes qui le Annamite et des possessions le resserré Mékong, de l'empire séparent à devenir d'une de Siam, commence difficile ; en navigation plus traversant des il coule comme pays inhabités, un torrent entre emprisonné de hautes roulant hérissé rapides rocheuses, digues ses eaux sur un fond de rochers formant des si dangereux que les mêmes ont de la pirogues à peine à se frayer un passage travers ces précipices. Pour faire passer les marchandises, on les embarque en amont de forts radeaux et on sur les en aval sur de noucharge velles barques. ces cataAprès avoir franchi la grande rivière reçoit ractes, sur sa rive un affluent gauche : le Stung-Streng considérable STATUE TROUVÉE ASAMBOR de pluqui est formé lui-même sieurs rivières descendant toutes des montagnes de la Cochinchine. En dessous de Khong, le Mékong recommence à être les hautes les eaux; navigable pendant canonnières et les chaloupes à vapeur qui viennent de Phnôm-Penh en effet remonter peuvent jusqu'audessus de Stung-Streng. A partir de ce village, le Mékong poursuit — 26 — sa course dans une belle vallée peu peuplée, et dans laquelle ne se fait aucun commerce, puis, avoir et Samboc devant Sambor après passé sans petits villages cambodgiens importance, construits sur sa rive gauche, il vient se jeter en face de Phnôm-Penh, au point appelé les quatre bras. bâtie La au Mékong situation rapide ville de Phnôm-Penh se trouve donc confluent des en y comprenant bras du quatre grands le bras mère; c'est une rarement. qui se rencontre en effet au Cambodge, c'est exceptionnelle Ce qui frappe le plus la beauté de ce grand fleuve avec ses crues mois de vers le périodiques qui se produisent de A ce moment, les eaux s'élèvent septembre. 10 à 12 mètres les plaines où elles et vont inonder doivent leur limon. déposer La population de Phnôm-Penh, qui est d'environ de Camest composée habitants, de de Chinois, de Malais, d'Annamites, bodgiens, La majeure et de quelques Malabars Européens. a été construite par le Roi qui partie des maisons car lui seul les affermait à un français, autrefois mais dans son royaume; être propriétaire pouvait trente-cinq mille de notre gouverdepuis peu, grâce à l'intervention M. de Lanessan, le droit de propriété neur général, et rues se sont ouvertes a été créé, de nouvelles se sont faites sur les transactions d'importantes terrains. Cette réforme, qui était la plus importante contribuera faire au Cambodge, que l'on puisse de ce beau pays et nos colons n'ouà la richesse à M. de en sont redevables blieront pas qu'ils Lanessan qui le premier en a eu l'initiative et — 27 — a su faire comprendre au Roi qu'en rendant le sol de son royaume c'était ouvrir une voie noualiénable, velle à notre commerce et à notre industrie, car il est difficile de s'attacher à un pays où l'on trafique sans y avoir des attaches solides. La constitution au de la propriété a déjà attiré de nombreux Cambodge négociants qui ont comà employer sur lesquels mencé terrains ont leurs capitaux leurs maisons à acheter les de commerce été construites. Il y a vingt ans environ, à quand je suis arrivé la ville ne comptait Phnôm-Penh, que quelques mai: les habitants sons en briques dans des logeaient constructions en bambous et en cambodgiennes constructions paillottes, demandant jours pour être érigées. torat lui-même habitait dont le confortable la résidence Roi et le Protectorat deux Le représentant du Protecsur le bord du fleuve une case laissait actuelle. à peine loin derrière lui celui de entre le palais du Aujourd'hui, qui sont aux deux extrémités de la ville, des maisons bâties à l'européenne se de tous côtés et avant peu Phnômsont élevées Penh sera en petit ce que Saïgon, la capitale de la est en grand. On peut citer comme Cochinchine, travaux ment récents bâtie, : la nouvelle le quai Piquet, rues transversales entièrerue de Kampot le quai de Vernéville, et un grand marché quelques couvert en fer. Je dois mentionner encore un canal qui a été creusé au centre de la ville et qui, prenant ses eaux dans le fleuve, va les déverser dans le même fleuve en amont et en aval de Phnôm-Penh, après avoir fait le tour de la ville. Trois ponts — 28 — de le traverser pour relier les différents permettent ce canal n'a pas rendu quartiers. Jusqu'à présent, les services que l'on croyait par suite de son peu de profondeur mais il ; on doit le creuser encore, est à craindre, fois cette dépense faite, on qu'une se heurte à de nouvelles car le courant difficultés, des eaux ment reçoit du hautes berges qu'il ses sera de faire obligé considérable. dépense La classe pauvre des des bateaux sur les certainefleuve mineront de 10 à 12 mètres et on des quais en maçonnerie, habite Cambodgiens du fleuve. bords Ces dans gens, achat de petit commerce, qui vivent généralement de riz, de poissons et d'autres produits qu'ils vont chercher dans l'intérieur pour venir les revendre, ont ainsi la facilité de pouvoir se déplacer à volonté, leurs bateaux leur servant de transport de moyen et de logements en même temps. On trouve, sur le marché de Phnôm-Penh, du du poivre de Kampot, de la canne à sucre, tabac, de la noix d'arec, du de l'indigo, gingembre, de la laque, du riz, des bétel, de la gomme gutte, étoffes de soie, des matelas, des nattes. Ces deux du pays et derniers articles sont une spécialité sont très recherchés; les matelas, qui ont de 5 à 15 centimètres sont faits avec le produit d'épaisseur, du de l'ouatier, des gousses Pour arbre qui pousse renfermant une très et donne très soyeuse. ouate en on met la ouate ces matelas fabriquer dans une étoffe de coton question partiments lui-même bien divisée par comsur ce qui permet de replier le matelas au plus petit volume et de le réduire — 29 — on n'a qu'à on veut s'en servir Quand possible. avec des sont Les nattes le déplier. fabriquées au joncs très solides que l'on a eu soin de colorer en les mélangeant en couleurs éclatantes, préalable on laisse leur couleur avec d'autres joncs auxquels naturelle jaune paille, on obtient ainsi de très jolis dessins. Ces nattes, qui ont 1m60 de long sur 70 à 80 centimètres sont de largeur sur étendues les lits en bambous dont se servent les indigènes, ou parterre pour s'aselles seoir dessus; sont presque inusables. Je dois également mentionner THEIÊRE CAMBODGIENNE ENOR un cachet la bijouterie cambodgienne qui a Le Roi a particulier. tout d'originalité des orfèvres admirablement qui savent et excellent à enchasser l'or, l'argent, précieuses pour en faire des bagues, et autres ornements. Les achats d'échange, travailler les des pierres colliers se faisaient qui autrefois par voie s'effectuent actuellement en monnaie, VASE EN ARGENT — 31 — de barres, de piastres cambodgiennes, et des nouvelles mexicaines, pièces que On années. le Roi a fait frapper depuis quelques de l'Indose sert en outre des billets de la banque au moyen de piastres Chine et des pour piastres frappées spécialement la Cochinchine qui ont cours dans tout le Cambodge. « nêne » est un lingot La barre appelée d'argent sur 3 centide longueur mesurant 15 centimètres elle et 1 centimètre mètres de largeur d'épaisseur, vaut 50 francs environ. Quant aux piastres cambod- a Bât », elles sont de deux modèles giennes appelées dont un moins large mais plus épais que l'autre, la valeur toutefois est la même : quatre francs. J'ai tenu à en donner un fac-similé, car aujourd'hui elles sont très rares et ont été remplacées par la nouvelle monnaie qui comprend les pièces en — 32 — de un franc, de cinquante de deux francs, argent centimes et et les pièces en cuivre de dix centimes de cinq centimes. Comme basée sur on notre le voit, la frappe de ces pièces monétaire. système EN CUIVRECISELE PLATEAU CAMBODGIEN est 33 CAMBODGIENS — MOEURS — COUTUMES rence de Saïgon au voyageurs qui vont LES sont tout étonnés de la difféCambodge entre ces deux pays de race qui existe voisins. est le Cambodgien est L'Annamite petit, est vêtu de la tête aux pieds, L'Annamite grand. le Cambodgien ne moins les souliers cependant, morceau d'étoffe qu'un porte pour tout costume de la ceinture. La religion n'est plus la autour même ; on pourrait mais bouddhistes, sent et qui ont tant facile de reconnaître dire sont que les Annamites ceux pour qui les connaissoit peu vécu avec eux, il est qu'il n'y a chez eux qu'un culte bien caractérisé et religieusement observé, c'est le culte des ancêtres. de leurs Ils se moquent avec un sans-gêne tandis révoltant, prêtres que les Cambodgiens ont une grande vénération pour les leurs. La religion différant, il en est de même des — 34 — moeurs ; quant à la langue elle n'a aucun point de autant en France, un ressemblance, comparer, Breton et un Méridional. L'Annamite chante en parlant, le Cambodgien parle une langue recto-tono aussi facile à comprendre que le Malais. L'Annamite porte les cheveux longs, le Cambodgien a la tête rasée ; seul un petit toupet taillé en brosse sert d'ornement à son crâne. La religion, de la race Camcomme provient, les moeurs et le type feraient croire qu'elle bodgienne la race Siamoise, d'un mélange d'Indiens et de Malais ; seulement le sang indien dominerait chez les Cambodgiens, tandis que, chez les Siamois, ce serait le sang Malais. Si après avoir comparé les la langue, avec les Annamites, nous continuons Cambodgiens avec leurs autres voisins les la même comparaison la différence n'est plus la même. Sauf la Siamois, car les titres langue, et encore la langue générale, et les mots qui sont employés à la cour sont les du mêmes ainsi le royaume que les prières, et le royaume du Siam présentent une Cambodge Toutes les cérémonies et les fêtes grande analogie. dans les deux pays. se font de la même manière à leur allure molle les Siamois On reconnaîtrait l'air et paresseuse auraient ; les Cambodgiens bien musclés ; ils moins servile. Ils sont grands, des joues ont le nez un peu camard, les pommettes saillantes et le regard doux, quant à leur coiffure elle mérite une mention Hommes et particulière. la tête, ne conservant femmes se rasent qu'un toupet qui en occupe le sommet et qui est tenu — 35 — en brosse taillé Les femmes des côté nomme à une hauteur seules tempes, " Prouit de 4 à 5 centimètres. de chaque pousser, une mèche de cheveux que l'on " sur les et qui vient tomber se laissent épaules. FEMMECAMBODGIENNE plus doux que celui parler est beaucoup des hommes, l'intonation de leur voix, qui est très chose d'implorant. douce, a quelque Le teint des Cambodgiens est d'autant plus ne portent de chapeau et bronzé, qu'ils jamais leur crâne rasé ils vont en plein soleil par malgré Leur n'importe femmes quelle portent température. le même Les costume hommes et les fondamental — 36 — " c'est une " le Sâmpot petite pièce d'étoffe qu'ils autour de la ceinture et dont enroulent les en les passant longs plis, ramenés par derrière entre les jambes, viennent à la ceinture s'attacher du côté du dos. Les femmes, en plus du " Sâmpot ", une écharpe en sautoir portent qui leur cache les seins. Tel est le costume du peuple, les Mandarins encore une petite veste tantôt en coton, ajoutent tantôt en soie, suivant le degré de richesse ; cette veste très collante est fermée sur le devant de la et elle devient obligatoire poitrine par sept boutons dès qu'on entre dans le palais. J'ai le premier au Cambodge les importé de Rouen et de Roanne cotonnades pour en faire " des " Sâmpots c'est un article ; aujourd'hui courant qui est acheté par tous les Cambodgiens, je dois dire toutefois que les gens riches et les Mandarins les jours de fêtes se revêtent du " " haul Sâmpot qui est tissé en soie avec des Toutes les femmes savent dessins très originaux. il y a un tisser et, comme dans chaque maison ce sont elles qui sont chargées de monter métier, la garde-robe de leurs maris pour les jours de gala. Au Cambodge même les enfants tout le monde chique le bétel, commencent à marcher. dès qu'ils : la feuille du Il faut trois choses pour chiquer bétel, de la chaux éteinte que l'on colore en rose Le bétel est une espèce de et de la noix d'arec. dont les feuilles vertes ressemgrimpant poivrier blent assez comme forme à nos feuilles de lilas ; — 37 — on de les cueillir avant aient s'empresse qu'elles ensuite elles sont réunies pris une teinte jaunâtre, de vingt à trente et vendues dans les par paquets rues ou au marché. La noix d'arec est le fruit d'un à tiges élancées des genre de palmiers qui possède très elle ; quant à la chaux, astringentes comme je l'ai dit plus haut, des rochers provient, de Lakhon dans le grand calcaires Fleuve. de mâcher La coutume le bétel est telle chez les propriétés Cambodgiens les ingrédients boîte de qu'ils portent nécessaires, les riches cuivre, constamment sur eux les pauvres dans des dans une boites en Ces boîtes qui ont 12 à 15 centisont divisées dans par compartiments on place la noix d'arec, les feuilles de bétel lesquels et la chaux éteinte en plus un petit instrument forme de spatule. Pour faire une chique on prend argent mètres ou en or. une feuille de bétel, on étale dessus un peu de chaux avec la spatule, on y ajoute de la noix d'arec coupée en tranche puis on roule le tout en forme de cigarette et on se l'introduit dans la bouche. Il ne reste plus qu'à mâcher ce qui peut durer une bonne demi-heure. Cette mastication produit en peu de temps une salive d'un rouge éclatant qui se communique aux lèvres. Il faut croire que le bétel n'irrite point comme on pourrait le supposer les voies digestives, sans cela il ne inconvénient s'en consommerait pas autant ; le seul c'est le déchausqui paraît en résulter dents et, si je puis m'exprimer ainsi, sement des le blindage du palais sur lequel le sens du goût — 38 — est considérablement à un tel point que émoussé, les Cambodgiens sans faire la boire, peuvent du bitter moindre de l'absinthe, et de grimace, tous les alcools à l'état pur absolument comme nous boirions de l'eau. de nombreux médecins, D'après les observations le bétel préserverait des fièvres et de la dysenterie, il relèverait la tonicité de la peau et empêcherait les sueurs excessives par son action astringente les habitants des pays chauds. qui affaiblissent Comme en chiquant il faut cracher abondamment, se livrent à ce plaisir, dans l'intérieur lorsqu'ils de leurs cases, les Cambodgiens ont soin d'avoir à côté d'eux une petite urne en cuivre qui leur sert de aussi lorsqu'ils sont plusieurs ensemble crachoir; il se dégage de ces crachoirs une odeur âcre qui vous prend s'habituent à la gorge et à laquelle difficilement. les Européens au Cambodge fume également ; beaucoup du pays, est mauvais, le tabac, un des produits cela il brûle mal et n'a pas de parfum ; malgré on peut fumer en chiquant, comme hommes, à femmes et enfants se livrent toute la journée ces deux passe-temps. C'est sous forme de cigarettes On seulement on le roule que le tabac est consommé, de feuilles de bananier dans des morceaux séchées qui ont une couleur café au lait, en ayant soin que l'un des bouts soit plus gros que l'autre comme dans les cigares chargées vision de avec un fil de Manille. Les femmes, généralement de rouler ces cigarettes pour la proles attachent la maison, par le milieu mince afin qu'elles ne se déroulent pas. — 39 — On en trouve ambulants faites chez des marchands de toutes dans les rues ou au qui se tiennent marché. d'en sortir continuelne pas être obligés lement de leur étui à cigarettes qui est placé dans du "Sâmpot un des plis de la ceinture ", les fumeurs trois à la fois, dont une va directement en prennent Pour sont sur et les deux autres à la bouche posées leur tour. chaque oreille pour attendre des Cambodgiens se compose La nourriture notre de de riz cuit à l'eau qui remplace pain, de fruits, de légumes, de volaille salés, poissons tuer à et de la viande des animaux qu'ils peuvent : le chevreuil, le cerf, le sanglier, Les chasseurs sont très hardis, sauvage. l'éléphant à tuer des éléphants avec de j'en ai vu qui parvenaient fusils à pierre qui coûtent mauvais 10 francs dans le les éléphants descendent la nuit des pays. Lorsque la chasse. Ce sont dans les champs de montagnes pour venir manger au point du cannes à sucre, ils vont les surprendre doucement en rampant contre jour, ils s'avancent le vent et, arrivés près de l'éléphant, lui tirent une balle dans l'oreille : si le coup part, l'animal tombe roide mort; au cas contraire, si le tireur n'a pas le ses jours en sont fortement temps de se sauver, car d'un le danger, coup de trompe l'éléphant renverse et le piétine ensuite. la chair de l'éléphant soit de mauQuoique vaise qualité, on la fait sécher au soleil ou on la sale comme la viande des autres animaux. La et les pieds sont des mets royaux trompe que l'on offre généralement au souverain. J'en ai mangé — 40 — du Roi, mais je dois fois à la table plusieurs n'a rien de bien avouer que ce plat tant recherché appétissant. d'une autre maOn chasse encore les éléphants en captivité nière, mais alors c'est pour les réduire Pour s'en emet en faire des animaux domestiques. qu'ils ont l'habitude parer on va, dans les endroits avec de gros éléphants de fréquenter, privés qui leurs congénères attirent ; une fois réunis ensemalors des les jeunes ble, ils entourent éléphants, des entraves dans les leur passent Cambodgiens et ils sont emmenés pour jambes de transport. Ils à servir d'animaux dans un pays effet, de grands services de communications sont les moyens Avec un éléphant on va partout, lui-même une route à travers dressés en rendent, où les seuls cours d'eau. il se trace les forêts, les brousobstacle ne l'arrête, ce qui peut le gêner, Aucun sailles et les marais. avec sa trompe il écarte tout il escalade les rochers, il traverse fleuves être à la nage les les les voyageurs sur plus larges, portant son dos dans une espèce de cage. Il faut dire qu'on secoué, tantôt en avant, tantôt de y est fortement droite à gauche, tantôt de gauche à droite, et les ont ordinairepersonnes qui n'y sont pas habituées ment le mal de mer. Un éléphant valant depuis cinq cents francs animal est entouré deux mille francs, cet jusqu'à de tous les soins voulus, on le nourrit avec de l'herbe avec des feuilles fraîche, de bananier et avec de la canne à sucre dont il est très friand. Je ne puis passer sous silence les éléphants — 41 — sont toujours offerts qui, étant assez rares, en trouve au Roi lorsqu'on dans les forêts. on blancs comme Ils ne sont pas réellement Ils diffèrent le supposer. simplement pourrait des autres éléphants par leurs yeux qui, au lieu blancs d'être noirs, sont plus clairs, comme ceux des A ELEPHANT CAGEPOURMONTER albinos et par des taches blanches qui paraissent être à la suite sur leur produites corps d'une maladie de peau. Il y a quelques années, le Roi en possédait une écurie deux ; ils avaient où des serviteurs les nourrissaient avec spéciale de la canne à sucre et des gâteaux leur qu'on servait dans des plats en argent. Au reste, dès le — 42 — de leur capture, les éléphants moment en grande vénération. On les conduit et blancs sont en musique outre leurs en chez le Roi; grande pompe ils ont des musiciens serviteurs, qui sont spécialeà leur service ment affectés pour les conduire au bain ; un mandarin étend sur chaque jour leur tête un grand de couleur parasol jaune, et la musique leur fait faire qui les précède ils sont malades, place. S'ils tombent de la cour, un médecin les bonzes des prières. viennent réciter soignés par eux-mêmes CHARRETTE A BOEUFS Il existe encore un autre mode dans l'intérieur, c'est pour voyager très primitivement, boeufs; fabriquée horriblement les voyageurs. Il faut craignant rien pour ses ressorts dans les ornières des de transport la charrette à elle secoue dire absents, mauvaises partout, dans les ravins, dans les brousses les ruisseaux peu profonds. que, ne elle passe routes, et même dans — 43 — maiLeurs Cambodgiens. le dessin placé en tête de sur pilotis, d'abord bâties par aux revenons comme le montre Mais sons, sont ce chapitre, ensuite de salubrité, question à l'abri des inondations tants pour mettre les habiannée, qui, chaque des digues. Toute la le sol au-dessus envahissent les maisons des est en bambous, seules carcasse des pièces de bois dur ; la mandarins comportent a une pente rapide l'écoutoiture pour permettre la saison des pluies et les lement des eaux pendant des murs sont faites avec des feuilles de parois en forme de claies assemblées maintepalmier en bambous. La pièce princinues par des liteaux : c'est la salle de réception, pale se trouve à l'entrée ne pénètrant dans les autres les étrangers jamais à la des compartiments réservés qui sont pièces aussi légères, construites avec famille. Des maisons des matériaux étincelle met le auxquels la moindre la proie des flammes et quand le feu, sont souvent de la partie, en un clin d'oeil, tout un il est vrai que la reconstruction quartier est détruit, ne demande pas longtemps. Comme les Cambodgiens sont assez médecine, " Krou-Pêt leurs arriérés, médecins, ", appelés ont la plupart à la pharmacopée du temps recours vent se met aux pas grand'chose au moyen maladies, qu'ils guérissent d'emplâtres d'herbes composés pilées ; pour les plaies, ils les frottent avec un mélange d'huile, de poudre de chasse et de feuilles fraîches. Les accouchements sont faits chinoise ; ils ne connaissent par les sages-femmes cambodgiennes qui jouissent d'une Une coutume bizarre grande réputation. à placer la mère sur un par un treillis à jour en bambous dessous du feu dans un réchaud fait brûler des parfums. On entoure consiste d'un fil de coton formant faut formé plancher et à allumer en sur lequel on ce lit improvisé une barrière qu'il ne certain temps, ce fil de franchir un qu'après coton a le pouvoir d'écarter les mauvais esprits ; se font très quoi qu'il en soit, les accouchements heureusement. Je terminerai cette étude rapide des usages des funérailles cambodgiens par la description qui est d'autant plus intéressante que la crémation, en grand usage dans tout le Cambodge, a trouvé un écho à Paris où des fours crématoires perfectionnés sont établis années. depuis quelques La coutume de la crémation Grecs et chez les Romains qui a existé chez fut supprimée par Christianisme ; le respect que nous avions pour morts nous rendait les flammes répugnantes bûcher mais la science moderne, avec antique, les le les du ses et expéditifs, est arrivée à opérer en instants le hideux travail de la décompoquelques sition qui se passait au sein de la terre et loin de Les fours crématoires de Paris n'ont en nos regards. moyens effet sûrs aucune ressemblance crémation telle qu'elle et au Cambodge. avec est encore les usages pratiquée de la à Siam sa Lorsqu'un Cambodgien est à toute extrémité, réciter famille va chercher les bonzes qui viennent ne l'empêchent les prières ; si ces dernières pas de la mort de mourir, une fois le triste spectacle bien constaté, on lave le cadavre pour le purifier, — 45 — de la tête aux pieds dans une on l'enveloppe écrue. On lui met dans la pièce de cotonnade en argent un objet ou en bouche quelconque clans le cercueil on l'enferme or, puis qui sera brûlent leurs morts placé sur le gril. Les pauvres ensuite immédiatement, ou quatre jours, la classe quant suivant plus longtemps et en suivant certains aisée aux leur les conserve trois ils les gardent de fortune position riches, préceptes d'hygiène. par enlever les entrailles Ainsi on commence que à manger aux chiens, l'on donne puis, après avoir du mercure dans la cavité du ventre, on injecté on ferme herméplace le mort dans son cercueil, le couvercle et, dans un trou pratiqué tiquement un bambou dans ce couvercle, on introduit percé sur dans toute sa longueur jusque qui, s'élevant le toit de la maison, sert de tube d'aération ou de cheminée d'air. d'appel Au jour fixé pour la crémation qui a lieu généle cercueil dans une cour près de la maison, ralement escorté les prières, par par les bonzes qui récitent les membres de la famille et par les amis est porté sur un immense gril en fer au-dessous duquel se trouve le bûcher. à la céréLe bonze qui préside il monie fait enlever le couvercle du cercueil, allume le feu du côté de la tête, les porteurs mettent le feu aux quatre les parents coins, ensuite jettent sur le foyer du bois odoriférant tel que le santal. Pendant les pleurs et les que le corps se consume, se font Le lendemain, entendre. sanglots quand le feu est éteint, les enfants viennent avec des urnes en terre ils renferou en cuivre dans lesquelles — 46 — ment les Pour des os et les os non cendres les membres de la famille Le Roi importante. monie est plus un certain nombre ensemble. sont attend d'avoir les brûler de morts Les corps consumés. royale, la céré- pour conservés tous un an pendant Dans l'interannées. et souvent pendant plusieurs valle, on fait couper dans les forêts les plus grands et les mandarins arbres que l'on peut trouver procolossal à la construction d'un catafalque cèdent terminé en forme de pyramide qu'on élève clans du palais l'enceinte monie commencent plusieurs jours. ouvre les cercueils les morts, souvent ; au temps des jeux La crémation fixé pour la céré- publics qui durent a lieu après ; on dans quel état sont pour voir ils ne sont compas encore dans ce cas on leur arrache la desséchés, plètement le feu au bûcher, peau, le Roi met alors lui-même dans des et les os sont recueillis puis les cendres dans la sont déposés vases en or et ces derniers pagode royale qui est à côté du palais. FÊTES aussi triste un sujet avoir traité que Après le lecteur, nous celui dont je viens d'entretenir des justes les morts dormir du sommeil laisserons de leurs fêtes. aux vivants je parlerai et revenant nombreuses Quoique trois et durent tueuses elles jours. sont La souvent plus sompcurieuse — 47 — est à chasser qui consiste du palais. A cet effet, la tête de bandelettes nous pour (le diable) s'entourent celle tous l'Arak les assistants de coton données bandelettes entourent' par le Roi, de semblables et sont tendues extérieules appartements royaux du palais comme des fils télégrarement autour les circonstance En cette seulement, phiques. bonzes leurs cessent à pousser des qui perçants pour exécuter de canon : ils prières intervalles contentent de des cris déterminées, de signal aux soldats servent des feux contre se les du Roi de peloton et tirer des coups ainsi mauvais C'est esprits. que le diable est prié les bandelettes suivant de bien vouloir de coton fête sont portées terminée, par de bracelets. guise Une des plus jolies fêtes est se retirer en qui, une fois la en les assistants des joutes, du grand fleuve, qui se fait après la crue périodique au moment où les eaux ayant atteint leur maximum d'élévation Les forment courses nissent se font chacun serviteurs. une nappe sans les Mandarins vaste entre une Ces pirogues, contiennent de longueur, par deux sur la même celle montée pirogue courant. qui fourpar leurs 30 mètres qui ont jusqu'à 40 rameurs qui, assis deux leur font avancer banquette, frêle esquif en enfonçant dans l'eau avec une rapidité vertigineuse une pagaie tenue des deux mains. Pour ramer en cadence, ils accompagnent leurs mouvements Le rameur nuellement mouvements de chants faits pour tient qui est à l'arrière enfoncée dans l'eau à droite ou à la circonstance. sa pagaie contide et, au moyen gauche, il remplit — 48 l'office de gouvernail, c'est généralement le plus habile, car un faux mouvement peut faire chavirer la pirogue. Ils atteignent des vitesses extraordinaires. Une année un Mandarin fit le pari d'arriver à Saïgon avant le bateau à vapeur des messageries et Saïgon ; qui fait le service entre Phnôm-Penh le voyage dura deux jours, mais la pirogue fut à Saïgon six heures avant le vapeur. PIROGUE POURLESJOUTES Le Roi assiste aux joutes avec toute sa suite sur une jonque; les rameurs après chaque course, le saluer. Le soir une centaine de barques viennent chinoises multicolores, montées ornées de lanternes des chanteuses et des musiciens, par des chanteurs, au milieu des feux viennent passer devant l'estrade tout le fleuve. qui éclairent Il me reste à parler des danses que le de son palais et clans un dans l'intérieur cial appelé " La salle des danses ". Pour de la pour un non le Roi donne l'ordre d'artifices tation qui dure toute la nuit. Plus Roi donne local spéun oui ou représende cent danseuses DANSEUSE CAMBODGIENNE — 50 — paraissent tomimes sur la scène, et les chanteuses elles exécutent racontent des panles anciennes PERSONNAGES FIGURANT DANSLESDANSES CAMBODGIENNES de l'illustreroyaume des Kmers alors le Stam et le Laos. Les costumes, comprenait le prix atteint 10.000 francs, sont souvent splendeurs qu'il dont éblouissants aux yeux : broderies, or, pierreries étincellent mouvement des spectateurs à chaque des danseuses. Une musique très originale domine les chants, et accompagne en cadence les contorsions des exécutantes. Le dessin ci-dessus, fait donne une idée exacte des par un Cambodgien, danseuses en argent, ; leurs ongles elles chaussent sont ornés de griffes les imitant des sandales et des ailes dorées pieds d'animaux fantastiques, font croire qu'elles ressemplacées sur les hanches blent aux anges. PERSONNAGES FIGURANT DANS LES DANSES CAMBODGIENNES — 52 — d'harmosur des espèces tapent aussi sont en bois, ils jouent nica dont les lames anche d'une flûte en bois armée d'une grosse cet instrument celle de nos clarinettes, comme des sons donne par les tambourins accompagné Les musiciens — TAM-TAM — HARMONICA GUITARE et graves, qui joue de l'inspuis le musicien aigus est assis au milieu d'un cercle fondamental trument sur des cordes vingt en bambou suspendues portant au milieu surmontées en cuivre sur lequel en forme de champignon d'un renflement en liège avec des marteaux il tape des deux mains à voir un grand Le Roi prend et en bois. plaisir mais il n'en est pas de même ces danses, exécuter et une timbales MUSICIENNE CAMBODGIENNE- INSTRUMENTS DE MUSIQUE — 54 des Français qui, après veillés par les costumes avoir été tout d'abord émer- bizarres des actrices, finisdes scènes auxquelles sent par trouver monotones ils ne comprennent rien. LA PECHE AU GRAND LAC Nous avons vu plus arrivée à Phnôm-Penh, haut à son que le Mékong, va se jeter à la mer par LES QUATRE BRASDUMEKONG deux qui, bras par en ; il forme un phénomène outre unique un bras troisième dans la nature, — 55 — Semble remonter sa source. Novembre celles-ci, parallèlement au bras Ce se produit phénomene aumoment de la crue bras descendant du grand mère vers d'Août à des eaux; avec une inouie et ne trouvant pas assez d'issue à la bras inférieurs dans les deux qui vont aboutir dans un mer, refluent, en face de Phnôm-Penh, un immense bras supérieur lac pour aller remplir le Tonlé-Sap, où le poisson vient se réfugier. violence Pour se rendre les pêcheurs crue : ils n'ont de Phnôm-Penh au grand lac, de la du commencement profitent alors leurs bateaux qu'à gouverner sans effort arrivent par le courant, qui, entraînés une fois celle-ci sur le lieu de la pêche; puis, le volume des eaux diminuant, le lac se terminée, du nord au sud, contraire s'établit vide, un courant ce courant à pour redescendre ils y sont venus, Phnôm-Penh comme toujours du avec un courant Ce bras qui les entraîne. donc cette curieuse Mékong présente singularité ils utilisent alors de monter pour du sud au nord, pendant de lac; puis, aller remplir de redescendre à son point quelques une fois mois, le lac de départ pour plein, aller se jeter à son tour à la mer. du pays car le poisson lac est la richesse Ce toute que l'on y prend est suffisant pour alimenter difla Cochinchine. La pêche se fait sans grande est muni de claies en : chaque bateau filets dont les pêcheurs se bambou et de grands une assez vaste étendue servent pour circonscrire dans laquelle se trouve ils le poisson prisonnier, ficulté n'ont plus ensuite qu'à le prendre. Ces poissons, — 56 — qui sont de la taille du saumon souvent même sont salés sur place immédiatement. plus gros, et les nageoires, On leur coupe la tête on les fend en deux dans toute leur longueur, on les étale sur des claies dressées un peu au-dessus de la surface des eaux et supportées par des bambous 1m50 de profondeur (car les eaux ont environ au moment de la pêche), on les saupoudre de gros sel et on les laisse sécher au soleil en ayant de temps à autre. soin de les retourner les Cambodgiens, Chose dans leur bizarre, douce ne se livrent pas au commerce du indolence, poisson ; ils ne pêchent que pour leur usage sur les bords des fleuves. Ce sont les Annamites, plus le droit dépêcher dans âpres au gain, qui exploitent le grand Lac, moyennant un droit qu'ils payent au gouvernement. Les détritus de poisson qui sont jetés à l'eau attirent un grand nombre d'oiseaux sur aquatiques les eaux de ce lac, dont les contours sont bordés de forêts magnifiques. Les crocodiles les Any abondent également, namites les chassent dans le grand fleuve jusque en Cochinchine, où ils sont très pour les envoyer recherchés, nourriture. sur Cette les marchés chasse indigènes, comme assez productive pour ceux qui la font est très curieuse ; un homme et deux enfants suffisent maîtres de pour se rendre ces sauriens de trois mètres qui atteignent jusqu'à Montés sur une petite pirogue, ils parlongueur. courent le fleuve en tous sens, en laissant traîner au fond de l'eau un croc en fer attaché à un bout — 57 — ils Dès que le croc a senti une résistance, la pirogue vers la rive sur un banc de dirigent sans trop se laisse entraîner sable, où le crocodile où sa tête comde résistance; puis, au moment avec une mence à sortir de l'eau, un des enfants, hardiesse inouïe, lui saute sur la tête et en un tour de rotin. de main lui musèle les mâchoires en rotin avec une corde l'animal ne ; le plus difficile est fait, car pouvant plus saisir sa proie ne se défend qu'à coups de queue, mais l'Annamite lui tout en s'en garant et les attache sur replie les deux pattes de devant le dos ; il ne reste plus qu'à le tirer complètement à sec sur le sable et à lui attacher les deux pattes de derrière en les réunissant à la queue. Le cro- CROCODILE ATTACHE codile ainsi comme le montre le dessin attaché, au fond d'une est mis provisoirement ci-dessus, d'eau et, quand il y en a un charbarque remplie le tout est dirigé sur les marchés de la gement, Cochinchine pour faire les délices des Annamites. - 58 RUINES D'ANGKOR d'imlac se trouvent grand de gibier; menses forêts après les avoir remplies kilomètres en se quelques pendant parcourues à travers on aperçoit, vers le nord-est, dirigeant en chaussée d'une ancienne les lianes, les restes a chaussée de taille. Cette qui, autrefois, pierre du A l'extrémité de route certainement servait gigantesque, l'ancienne à Angkor-Thôm, capitale pour conduire dont les ruines des Kmers de l'illustre Royaume dû être sont comme les témoins d'un glorieux. passé coudu Roi les palais les traditions, D'après à eux seuls un espace de plusieurs vraient lieues, de soldats et gouRoi avait 3 millions ce même d'autres rois tributaires! une centaine vernait un peuple aussi grand a-t-il pu dispaComment pour ne laisser place qu'à un petit royaume? avoir exen 1858 après Mouhot qui mourut Franfut le premier du Mékong ploré une partie voici les Ruines çais qui visita d'Angkor-Thôm, de voyage : « A ce qu'il en a dit dans sa relation se sent « la vue de ces temples écrasé, l'esprit raître on admire, « l'imagination on regarde, surpassée; « et, saisi de respect, on reste silencieux ; car où « trouver des paroles pour louer une oeuvre archisur « tecturale eu son équivalent qui n'a jamais « le globe? » D'ANGKOR RUINES — 60 — la vue est une objet qui frappe intérieures avec deux galeries ; dès porte des palais, des l'oeil lors que plus n'aperçoit massifs de 60 mètres d'épaisseur, des pagodes, enfin un luxe d'orneavec des galeries supérieures, Le premier immense mentation Un seul monument comil faudrait des mois tours; ces une idée exacte de toutes incroyable. trente-quatre porte entiers pour se faire beautés. Parmi anges d'autres, les uns disent que les de ces constructions; dans le vrai, en attribuent les Cambodgiens, les auteurs sont l'origine et je les crois au fameux roi lépreux fait bâtir (Neac Somdack pour payer à un qui les aurait Ce serait ce derde guérison. promesse la pagode de la nier qui aurait fait aussi construire et elle frappe ville d'Angkor; sa statue s'y trouve, de sa physionomie. tout le monde par la noblesse été auraient ces constructions On pense que alors le neuvième élevées siècle, que le pendant Comlong), bonze une du Cambodge royaume Il faut trois heures forêt pour d'immenses arriver sur était de de sa gloire. à l'apogée à travers une marche une composée esplanade on rapprochées; pierres parfaitement en distance de distance de beaux escaliers y trouve des avec des ornements sphinx; représentant accès sur escaliers donnent quatre principaux de laquelle, par une magnifique promenade, de 250 mètres de long sur 10 de larchaussée on de soutènement en granit, geur avec des murs immense à un fossé d'un accède qui périmètre On passe sur un pont et entoure tous ces bâtiments. cette D'ANGKOR RUINES — 62 — l'on arrive alors à un endroit et où les arbres n'ont où une magnifique apparaît celle qui occupe le cinq tours; milieu est la plus élevée et se découpe dans le ciel à une hauteur tout cela est éléprodigieuse; et quand on étudie ces ruines gant et majestueux, de près, on y découvre un fini et des beautés de pas pu pousser colonnade avec l'effet le plus gracieux, car il n'y a pas une pierre, ainsi pas une simple qui ne soit tuile sculptée, en étudiant à la loupe que l'on peut s'en assurer, les photogravures ici. Dans ce dédale reproduites immense, forment on rencontre des des blocs énormes qui ont des chapiteaux, coupoles qui été dorées, car on y aperçoit encore les vestiges des couleurs. On se sent saisi de respect pour les ouvriers inconnus su trouver des qui ont assez puissants moyens pour élever à des hauteurs si considérables ces gigantesques constructions. En somme, l'idée d'un plan général être pourrait carrés situés l'un expliquée par deux immenses dans l'autre et entourés de galeries d'où partent rues au monument du quatre qui aboutissent centre ; au se trouve une statue qui est encore et autour de lapar des bonzes desservie les Cambodgiens et les Siamois viennent quelle faire des Cérémonies. On compte vingt-quatre milieu entourent ces principaux monuobélisques qui ments. Enfin l'oeil s'arrête sur des colonnes, des des éléphants et des animaux lions, fantastiques en granit, des arcs de triomphe. La muraille 40 kilomètres d'enceinte de cette ville en ruines a de périmètre, 8 mètres de hauteur D'ANGKOR RUINES 64 dans certains et 3 mètres endroits d'épaisseur. même 15 mètres) elle atteint Elle est percée de cinq portes dont deux à l'est. tous les basPresque reliefs sont formés quatre plans sés représentant assistant et de superpoun roi à des guerres, danses où les des femmes en très sont toujours grand nombre. Il existe dans l'Inde des statues d'un type identin'a rien absolument et cela que, le boudd'étonnant, dhisme, qui est originaire étant de l'Inde, du aussi la religion Cambodge. Un pont torze arches plus aussi ancien les la façon dont il PROVENANT DESRUINES Tous BAS-RELIEF D'ANGKOR sont de qua- qui paraît frappe regards par supérieure est construit. ces monuments d'une couverts en pâli qui sont de caractères quantité ils ont été encore très visibles; présent jusqu'à on prétend clef, indéchiffrables, qu'il y a une nécessaire de connaître. serait absolument qu'il immense — 65 — il existe des légendes toujours que l'on ainsi l'on fait voir une pierre qui, dit-on, raconte; avec la mer et remue quand la mer communique Comme est agitée. Quoi qu'il en soit, cette architecture grandiose laisserait rêveur le savant, l'archéologue qui pourle passé pour le faire parler. Il est rait scruter pareils soient tomregrettable que des monuments car même dans l'état où ils sont, bés en ruines, celui qui a le bonheur de pouvoir les contempler aussi n'a qu'à s'incliner en présence d'ouvrages gigantesques ! DEREPOSPOURLESVOYAGEURS MAISON 66 DU PRODUITS CAMBODGE LE TABAC Le tabac à peu près partout au Campousse bodge. La plante y atteint de très fortes dimensions. La tige comme est presque le double de grosseur la plante Il n'est pas rare qu'on cultive à Sumatra. de voir des feuilles mesurant de 60 à 65 centimètres de longueur sur 40 de largeur. Malheureusesoin que l'on ait apporté ment, quelque jusqu'ici à sa préparation, le tabac sur les marexporté chés de a été jugé en chargé l'Europe trop nicotine et trop difficilement combustible. Ce ne sont pas là sans doute des défauts irrémédiables, mais ils ont néanmoins un certain enrayé pour les chances temps que cette industrie peut avoir de se développer dans le pays. — 67 — LE POIVRE très bien dans plusieurs prode Péam celles de Kampot, citerons années en présence Ces dernières les poivres à leur exagérés qui frappaient Le poivre vinces. Nous et de Tréang. des droits entrée en réussit sans France luttaient distinction nos d'origine contre la concur- péniblement et la culture de cette épice était peu détaxe de 1 fr. 04 par kilogramme, de 1891 aux poivres à partir accordée originaires dans la métropole, non de nos colonies importés de la ruine qu'elles reles a préservées seulement plantations rence étrangère en faveur. Une à ceux qui les a donné de beaux bénéfices. l'espoir exploitent des planteurs le nombre indigènes Aujourd'hui Cette culture est une de celprogresse rapidement. mais doutaient, encore d'attirer il conviendrait peut-être lesquelles de ceux de nos émigrants l'attention qui disposent de quelques capitaux. les sur LE CAFE Le café vient notamment provinces et du grand Fleuve. dans plusieurs du golfe de Siam la sorte connue sous le parfaitement dans celles C'est — 68 — la plus résistante et nom de Libéria qui paraît la mieux au pays, mais les plantations appropriée sont de date toute récente et ne sont pas encore à la période de plein rapport. Toutefois arrivées il est d'ores et déjà de foncier sur cette permis culture les plus grandes Les jeunes espérances. a sont d'une venue et l'on magnifique plants constaté des fruits et des fleurs sur des arbrisseaux de quinze mois à peine. Il n'y a donc pas à redouter ici les insuccès les premières qui ont frappé de ce genre tentées en Cochinchine entreprises et dont le souvenir n'a que trop longtemps parades colons. lysé l'initiative LE MURIER Sur les rives grand à la culture giens se livrent on coupe chaque sol. La primitifs, du année soie, fabriquée est trop peu les CambodFleuve, d'un mûrier nain dont au ras du les branches à l'aide abondante de procédés et présente très trop actuellement être d'imperfections pour pouvoir écoulée sur les marchés Elle est inimieuropéens. et comme table comme couleur solidité. Peut-être en améliorant la race des vers à soie et en perfectionnant les capitaux utilisation Europe. les procédés d'étouffement des cocons, leur trouver français pourraient-ils dans de ces cocons en l'exportation 69 LE COTONNIER en Chine Le cotonnier, qui est connu depuis a toujours été cultivé les siècles les plus reculés, au Cambodge, sur les rives du soigneusement au-dessus et clans l'île de Kassuthine grand Fleuve La culture est rendue d'autant de Phnôm-Penh. de la au moment année, plus facile que, chaque le terrain se trouve fertilisé crue du Mékong, par aussi la récolte que les eaux y déposent, le coton du Camabondante ; toutefois cela tient n'est pas de première qualité, les limons est-elle bodge au probablement Une entreprise tout monter Un français, nage droit du de soins. manque vraiment sérieuse vient de se récemment dans l'île de Kassuthine. M. Praire, et a coton, a installé en grand l'égreadmirablement réussi. Le cette marchandise d'exportation qui frappe a eu l'ingénieuse étant établi au poids, M. Praire la graine du coton pour diminuer idée de séparer d'avoir un ce droit et il est sûr, en opérant ainsi, résultat gien sérieux contient étant environ donné que le coton 25 % de graines. les graines sont cambod- utilisées Après l'égrenage à manger faire une huile pour qui est bonne est fraîche et qui est surtout qu'elle pendant des la préparation en France pour employée sardines, à l'huile. Le succès obtenu par M. Praire — 70 — certainement d'autres encouragera lancer industrie dans cette qui un avenir certain. à se appelée à colons est LE CARDAMOME Le cardamome, vivace avec plante donne croît comme au qui est une grande des racines traînantes belle et qui de petites ovoïdes, capsules dans les lieux humides. Il a fruit Cambodge beaucoup d'analogie est fréquemment et avec le gingembre. comme employée Sa graine médicament elle a des propriétés stomala considèrent et les Chinois par les indigènes, chiques, digestives, un prolifique très puissant. comme le cardamome aux frontières du On trouve au soleil Siam sur le flanc des montagnes exposées levant, humides de au milieu et malsaines. forêts épaisses, froides, Les sont très amateurs des Cambodgiens racines aux tubéreuses abondamment qui poussent ; ils les font bouillir pendant pieds du cardamome heures plusieurs eau avec cette ils font racines, dans une marmite pleine d'eau et de l'arome des bien imprégnée un breuvage très estimé clans le de donner de la qui a la propriété pays, breuvage et de la chaleur au corps. vigueur Il y en a deux espèces, celle qui est cultivée et celle qui est sauvage, la première se vend beaucoup — 71 — plus cher. Avant de livrer les grains du cardamome au commerce, on les fait chauffer sur des treillis en un feu bambous au-dessous on allume desquels ils ont ardent afin de les séparer de leur enveloppe, alors la grosseur d'un pois chiche. C'est dans la de Pursat de province que se font les transactions ce produit. MINERAIS DE FER Le gîte le plus important du Cambodge, le seul ce jour, ait été l'objet d'une étude qui, jusqu'à sérieuse est celui de Phnôm-Deck, clans la prode Kompong-Soai. Il est exploité vince d'une à l'aide de procédés coûteux façon très primitive de la région, les sauvages par les populations Leurs très estimés affectent la Kouy. produits forme de petites barres étirées aux deux extrémide monnaie tés et servent dans tout le Laos et une du Siam. partie les études faites en 1881 grande D'après M. Fuchs, « minerais « nouvelles « peuvent ingénieur de choix en chef des et 1882 mines par " les aux se prêtent parfaitement méthodes de la métallurgie du fer et donner dans les meilleures conditions d'excellents aciers Bessemer ou Mar- « possibles « tin. » Le minerai est un les analyses nant, d'après des forges de Commentry, métal. oxyde de fer contefaites au laboratoire 70 % de jusqu'à 72 — L'évaluation, par le même ingénieur, du gîte est de 6 à 7 millions portance de l'imde tonnes de minerai. ECAILLE DE TORTUE La tortue-caret fournit l'écaille du commerce, article très employé dans l'industrie parisienne. La pêche des tortues-caret se fait sur les côtes TORTUECARET des îles du golfe du Siam situées et au de Phuquoc. Elle a lieu vers le mois de décembre, lorsque mousson nord-est est bien établie et cesse en sud-ouest la à l'ouest avril avec la mousson sud-ouest. — 73 — Les barques de ce genre de pêche qui s'occupent et au port d'Hatien (Cochinchine) appartiennent à celui de Kampot (Cambodge). dans ces deux sont vendus Les produits de déterminer lités sans qu'il soit possible la tement valeur annuelle de entièrement monopolisée presque de Kampot. Chinois de quelques se vend en Chine Cet article très avantageuses. indépendantes les comme blond au recherchée Les de cinq les tuiles La toit. la variété noirâtre; et la plus chère. tortues préparées l'une à dix piastres à des conditions a les écailles et couleur blonde se vendent selon exac- la pêche qui est entre les mains La tortue-caret unes des autres d'un loca- leur disposées varie du est la plus sur place dimension. GISEMENTS DE SALPÊTRE, DE CHAUX ET DE KAOLIN de Phéam dans les provinces On trouve et à Phnom-Sa à l'île de Khmaou Kampot, et de salpêtre de calcaire qui gisements et de des n'ont été exploités que par les indigènes. jamais au-dessus de Krauchmar Dans le grand Fleuve ce de kaolin des carrières existent dont, jusqu'à tiré aucun on n'a également parti. jour, du CamLa chaux de pierre calcaire provenant et préférée en Cochinchine bodge est très estimée de Singapour. venant à la chaux de coquillages 74 SITUATION NOTRE ACTUELLE AU CAMBODGE les Pendant vingt le traité qui suivirent amiral de la Grandière années premières intervenu et le Roi environ entre le contretraité Norodom, de la ce dernier sous le protectorat qui plaçait notre rôle politique et administratif fut France, simnul au Cambodge, car il se bornait presque un représentant à avoir à Phnôm-Penh plement de la Cochinchine. du gouverneur qui dépendait à sa guise cherle plus à se soustraire chant par tous les moyens à la tutelle de la France ; de leur côté, nos possible soit par incapasoit par indolence, représentants, dans le plus bref cité, ne demandaient qu'à terminer Le Roi délai administrait leur moindre un pour obtenir ensuite en France. Quant le de notre c'était commerce, séjour auprès de plus et rentrer galon au développement de leurs ses Etats soucis. du Roi M. Moura était arrivé maître-mécanicien, tenant de vaisseau, eut l'honneur une douzaine d'années ter pendant qui, de quartier au grade de lieude nous représen- au Cambodge, on douze années que ce furent peut dire sans hésiter étroit mais ambiperdues pour la France. Esprit à louvoyer toute son intelligence tieux, il employa — 75 — le Roi entre et le gouverneur réformes sans s'occuper avec terreur des C'est qui s'imposaient. qu'il à Phnôm-Penh les négociants arriver voyait qui à y engager cherchaient des capitaux ; ces marchands de perruques, ces frères de la côte, comme une épée il les appelait, étaient pour lui comme de Damoclès sur sa tête. suspendue du Roi, n'étant Sans aucune influence auprès la langue du pays après pas môme arrivé à parler il ne comprenait un long séjour, chose : à qu'une savoir que les colonies étaient de monter en aux officiers faites pour permettre et non grade pour Le résultat d'exportation. notre commerce favoriser d'une fut que le Roi, apathie pareille aucun conseil, n'ayant pas une ligne les rênes abandonna du imposée, ne recevant de conduite char à ses Mandarins à l'ombre d'agir qui, sous le prétexte de notre drapeau, commirent toutes les exactions Notre protectorat nous coûtait très cher possibles. aucun profit. et nous n'en retirions Il de voir changer la face des était temps de l'élément choses. C'est à l'ingérence civil dans nos colonies M. Thomson, que nous le devons. ancien préfet de la Loire, après avoir été nommé de la Cochinchine, le feu ; commença gouverneur il crut, en employant toute son énergie, améliorer il n'atteint le sort de nos colons. Toutefois pas de concile but qu'il visait, par suite du manque Il eut le grand tort de qu'il y apporta. la situation. Au mois de Juin 1884, il brusquer un traité par lequel on lui forçait le Roi à signer toutes les réformes administratives, judiimposait liation — 76 — ciaires, affirmer financières et commerciales l'existence de notre qui devaient protectorat. En un mot, c'était l'administration française qui à l'administration tout se substituait cambodgienne, camfonctionnaires en conservant les principaux bodgiens. Malheureusement du Roi, sous la gorge et la on avait mis le couteau auquel à accepter les volonté des Mandarins mauvaise d'administration ne tardèrent nouveaux modes pas comme à amener deux dura pendant le mécontentement résultat années. une insurrection qui 1886 que M. Piquet, Ce ne fut, en effet, qu'en à Saïgon, de l'intérieur ancien directeur ayant été au Cambodge mit résident de la France nommé le désarroi s'était Avec fin au produit. qui au peuple du Roi, il fit comprendre que du ne désirait faire la conquête la France pas exercer avec modération mais simplement royaume le protectorat. Grâce à les droits que lui conférait immédiatement le pays rentra ces sages promesses ! Néanmoins il est triste de dire dans la tranquillité concours qu'à par pas M. Piquet ne fut pas assez soutenu de la Cochinchine le gouverneur qui n'avait les mêmes vues au point de vue administratif. ce moment Ce ne fut donc temps plus tard, que quelque fut de la Seine, M. de Lanessan, député lorsque que notre situachargé d'une mission en Indo-Chine, bien établie. fut définitivement tion au Cambodge M. de Lanessan, D'accord avec M. Piquet, qui devait devenir l'Indo-Chine, gouverneur peu après au Ro fît comprendre de général le bénéfice — 77 — retirer des réformes qu'on lui propourrait à ce moment C'est que le Roi rendit posait. relative à la propriété l'ordonnance qui jusqu'alors avait été inaliénable au Cambodge, ordonnance dont qu'il Enfin par une seconde ordonnance j'ai déjà parlé. il fut décidé que M. Piquet, résident de la République serait nommé d'honneur du française, président Conseil des ministres et serait chargé de réorganiser les finances du royaume. Telles étaient les bases d'un pour ainsi dire, traité qui reçut cation lorsque M. de Lanessan son poste de gouverneur. nouveau traité, son entière prit applide possession le Cambodge a réellement le Depuis, prospéré, de tout souci, touche une liste civile Roi, débarrassé d'environ 360.000 piastres; les impôts, plus sagement répartis, rentrent sans difficulté et je ferai les résultats obtenus par cette nouvelle comprendre administration en disant le 1890, que, depuis du Cambodge a doublé. On a déjà fait budget mais il beaucoup, je me plais à le reconnaître, reste encore à nos gouvernants une longue carrière à parcourir pour tirer parti des ressources immenses dans trouver que nos colons peuvent un pays neuf comme le Cambodge. de propriété est créé pour la ville de des comptoirs mais Phnôm-Penh, s'y installent, ce n'est pas assez ; c'est pourquoi, je terminerai ne tardera par un desideratum qui certainement c'est de voir créer ce même pas à se réaliser, Le droit droit de propriété du pays. Le dans l'intérieur est grand et c'est à peine si les bords Cambodge — 78 — de ses fleuves sont peuplés, il faut donc permettre non seulement exploiter encore toutes les richesses de pouvoir les rives des fleuves, mais en leur facidans l'intérieur qui sont disséminées des vastes le droit de devenir litant propriétaires s'établir. Ce sera ils peuvent sur lesquels terrains mais à tout il faut un commenlong évidemment, à nos colons elle-même était autrenotre belle France cement, à commencèrent les moines fois un pays inculte, des siècles la défricher, et il lui a fallu pour fertile et productive. devenir Espérons qu'il en sera de même pour toute l'Indo; espérons pour le Cambodge avoir été un des plus illustres pour lui qu'après de ses cenil renaîtra des temps anciens, royaumes sous le son ancienne dres, et reprendra importance de notre République, souffle puissant qui peut tout Chine et notamment parce qu'elle et parce que de la France, est forte, est grande, qu'elle parce l'honneur son devoir est de soutenir même au delà des Océans. TABLE DES MATIÈRES Le Cambodge. — Son Histoire Norodom Ier Le second Roi. — Mandarins Hommes libres — Esclaves. — Sauvages ou Penongs Religion. — Bouddhisme Phnôm-Penh. — Le Mékong Cambodgiens. — Moeurs. — Coutumes Fêtes La Pêche au Grand Lac Ruines d'Angkor Pages 1 3 11 12 16 21 33 46 54 58 PRODUITS DU CAMBODGE Le Tabac Le Poivre Le Café Le Murier Le Cotonnier Le Cardamome Minerais de Fer Ecaille de Tortue Gisements de Salpêtre, de Chaux et de Kaolin 66 67 67 68 69 70 71 72 73 Notre Situation actuelle au Cambodge 74