Bourse de découverte d`un projet de développement

Actualité
AOI au Cambodge
Découverte d’un projet
de développement
Deux étudiants, en fin de 6e année, Vincent Goldberg et Roddy Kheng, bénéficiaires d’une
bourse du Conseil départemental de l’Ordre des Chirurgiens-dentistes d’Indre-et-Loire et de
l’Union régionale des professions de santé (URPS) du Centre, ont pu se rendre au Cambodge
pendant un mois en 2013 et découvrir le projet AOI. Faisant suite à la découverte de ce projet
de développement, ils viennent de soutenir leur thèse*, obtenant les félicitations du jury. Ils nous
livrent leurs impressions.
Pourquoi avoir choisi l’aide au développement comme sujet de thèse ?
Vincent Goldberg et Roddy Kheng : C’est
le même chemin intellectuel qui nous a
conduits à découvrir l’aide au développement. Nous étions sensibles à la cause de
l’aide humanitaire et avions pour projet d’y
participer à la fin de nos études ; et puis
nous cherchions à élargir notre champ d’action professionnel. Au moment de choisir
nos sujets de thèses d’exercice, nous nous
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sommes tout naturellement tournés vers
cette thématique. Au fil de nos recherches
et de l’expérience vécue sur le terrain, nous
avons évolué dans notre positionnement,
passant de l’aide humanitaire à l’aide au
développement.
Comment l’expérience a-t-elle commencé ?
Roddy avait eu, en première année d’études
dentaires, une expérience de mission ponc-
Le Chirurgien-Dentiste de France n o 1615-1616 du 17-24 avril 2014
tuelle qui, après réflexion, l’avait laissé dubitatif. Ses doutes portaient sur le sens de
son action et le manque de pérennité après
son passage. C’est cet élément central –
la pérennité – qui nous a menés à nous
intéresser à l’aide au développement.
L’Aide odontologique internationale (AOI)
s’est imposée comme étant une des références en matière d’aide au développement
pour la santé bucco-dentaire. Sa présence
au sein de la faculté de Montrouge était
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les modifications de protocole d’asepsie
intégrée dans l’activité quotidienne. Des
efforts continus sont évidemment à soutenir pour maintenir ce protocole.
Nous avons pu assister à une formation
régionale organisée par le BNSBD dans le
sud du Cambodge. Sa forme nous a particulièrement intéressés. Les intervenants
cherchaient à ce que chaque dentiste se
présente et s’entretienne avec ses collègues.
L’idée était manifestement de créer des liens,
un réseau, au sein duquel une dynamique
s’installerait et entraînerait l’amélioration
des compétences et des pratiques cliniques.
une aubaine pour obtenir plus d’informations. Elle proposait à trois étudiants une
bourse de découverte d’un projet de développement au Cambodge. C’était une excellente occasion de voir en pratique ce que
nous venions de percevoir en théorie.
En quoi a consisté la découverte du projet de développement ?
Arrivés à Phnom Penh, le coordinateur de
l’AOI, le docteur François Courtel nous a
présenté le bilan des activités depuis 1998.
Nous avons pu suivre le travail quotidien
des membres du Bureau national pour la
santé bucco-dentaire (BNSBD), au ministère de la Santé. Nous les avons accom-
pagnés à Kompong Thom, à Battambang
et à Kompong Som (Sihanoukville) et avons
visité les hôpitaux et centres de santé récemment réhabilités, ou en voie de l’être. Ils soulignaient l’importance capitale d’une bonne
coopération entre ONG et institutions
locales : les aides deviennent cohérentes,
intégrées et donc plus efficaces. Cette situation n’est pourtant pas toujours le cas, c’est
très regrettable.
Nous avons pu comprendre les options et
la méthodologie choisie pour les rénovations et la mise en place des standards de
stérilisation (autoclave ou cocotte-minute,
conditionnement en kits d’instruments sous
tissu ou sachet plastique, etc.). Le personnel soignant des hôpitaux et centres de santé
accueille très positivement les formations et
rénovations proposées par le BNSBD.
Dans un des centres de santé, près de
Battambang, nous avons pu assister à la
formation faisant suite à la rénovation des
locaux. Deux vidéos de formation étaient
projetées : l’une, réalisée en partenariat
avec l’AOI, commentait les mauvaises pratiques cliniques liées au manque d’hygiène ;
l’autre, conçue par l’OMS, présentait les
risques liés à un traitement inadéquat des
déchets médicaux. Le personnel était vivement intéressé, l’importance de ces formations en hygiène, à l’échelle nationale,
devenait très évidente.
La visite de la faculté dentaire publique à
Phnom Penh nous a permis de découvrir
Quels enseignements tirez-vous de cette
expérience ?
Cette bourse nous a permis de découvrir en
quoi consistait l’aide au développement dans
le domaine de la santé bucco-dentaire. La
tâche est complexe, de nombreux facteurs
interviennent. Nous avons pu observer combien elle devenait efficace et contribuait au
bon déroulement du projet quand elle se
montrait simplement « facilitatrice ». L’équipe
locale, étant maître d’œuvre, assure la pérennité. L’exemple du Cambodge est particulièrement intéressant, c’est un pays qui se
reconstruit presque totalement, à la suite de
la douloureuse période des Khmers Rouges.
Nous nous étions questionnés sur l’efficacité et la pérennité de certaines missions
ponctuelles ; nos recherches et ce séjour ont
confirmé nos intuitions : l’aide au développement nous paraît la voie à privilégier. Enfin,
nous avons été confortés dans le désir d’étendre nos compétences en santé publique.
Titre des thèses
Vincent Goldberg : « Évolution du
concept de l’humanitaire : de l’aide d’urgence à l’aide au développement, en
particulier en odontologie. »
Roddy Kheng : « De la réflexion à la
mise en place d’une mission d’amélioration de l’hygiène dans le cadre de
l’aide au développement. Rapport sur
l’action de l’AOI au Cambodge. »
Le Chirurgien-Dentiste de France n o 1615-1616 du 17-24 avril 2014
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