Retour de l`Orchestre Poly Rythmo le vaudou funk

Transcription

Retour de l`Orchestre Poly Rythmo le vaudou funk
Retour de l’ Orches tr e P oly Ry thm o
le vau dou fun k ressu sci té !
« Quand le funk devient hypnotique, le reste
n’es t qu’ une musi que inarrê table »
New York Times
« Une écoute essentielle » Gilles Peterson
« On est devenu fans de ce groupe béninois. Ils sont un son à
part, si funky, si soul et vaudou ! » Nick Mc Carty guitariste de
Franz Ferdinand.
C’est comme sentir que l’on transperce une poupée à votre
effigie, et que c’est James Brown qui tient les aiguilles » Les
Inrockuptibles
Le dimanche à Cotonou est un jour de mariage sonore. Dans la capitale économique
béninoise, les messes et les promesses s’échangent avec la bénédiction des couvents vaudous.
Au Bénin, comme chez les cousins haïtiens, de la Santeria cubaine ou du Candomblé
brésilien, les affaires de culte restent perméables et visibles. Un trésor restait pourtant caché à
Cotonou. Le Tout Puissant Orchestre Poly Rythmo qui marie depuis les années 60 et 70 funk,
soul, ou afrobeat, avec les rythmiques vaudoues issues de cette petite langue de terre chargée
d’esprits.
Après avoir accompagné les plus grands (Manu Dibango, Myriam Makeba, Angelique Kidjo,
FELA, Bembeya Jazz, Tidiani Koné, Gnonnas Pedro, …), l’orchestre goûte aujourd’hui aux
délices d’un buzz occidental, qui rend hommage à sa pléthorique discographie, qui avait jadis
tapé dans l’oreille de Fela lui-même.
La perspicacité de quelques collectionneurs de vinyles et autres aficionados de soul africaine
a suffi à redonner une aura internationale à une infime partie de leur patrimoine que l’on
estime à plus de 500 morceaux. Il y eut d’abord le label américain LuakaBop de David Byrne,
qui piocha un titre de cet orchestre magique au son distordu, avant d’être suivi par les anglais
Soundway, et enfin le label allemand Analog Africa.
Et si aujourd’hui, les vinyles collectors de ces papis afro-funky s’arrachent sur internet pour
des centaines d’euros, c’est bien parce que ces vétérans firent la renommée des nuits
africaines au Canne à Sucre, au Zénith ou sur la scène du cinéma Vogue. Durant les jeunes
années du Bénin indépendant, le groupe donnait de la voix pour soutenir le « patriotisme
cru » du régime marxiste, en admettant toutefois fréquenter plus les œuvres de James Brown,
de Dalida ou de Johnny Hallyday que celles de Marx et Lénine. Véritable gloire nationale
entre 72 et 90 sous le règne du président Kérékou, dont la politique fut taxée de « laxismebéninisme », le Poly Rythmo s’exportait alors dans toute la région.
« On écoutait de tout, variété française, congolaise, cubaine, du funk, de la soul et même de
la musique arabophone puisque lorsqu’il y avait une visite officielle d’un pays arabe au
Bénin, il fallait jouait le répertoire de leur terroir. Même Sékou Touré, le président guinéen,
avait été surpris de voir comment on reprenait les tubes de son Bembeya Jazz national !»,
rappelle Bentho Gustave, le bassiste.
« On adorait ce mélange de rythmes africains bien dansants qu’on connaît puisque le Bénin
est à un carrefour culturel » poursuit Mélomé Clément l’éternel leader du groupe. Même si le
chef de l’Orchestre Poly Rythmo préfère déormais l’église aux cérémonies occultes, il
concède tout de même un emprunt aux rythmiques ancestrales vaudoues pour des bienfaits
musicaux. « Si notre musique marie des rythmes comme le Sato, qui est le nom d’un grand
tambour et aussi d’un rythme joué en hommage aux morts, c’est juste parce que mélangé avec
des guitares, des cuivres et un clavier, il s’accorde bien avec le funk !». En bon pratiquant qui
chante de la chorale, Mélomé Clément préfère éviter de trop détailler les relations du groupe
avec le monde des invisibles, dont les rythmiques interdites par les missionnaires européens
puis par le régime marxiste de Kérékou, ont pourtant survécu dans l'ombre des "couvents".
Serait-ce ce secret bien gardé qui donne sa toute puissance à l’Orchestre Poly Rythmo,
capable de transformer un rythme sakpata dédié à la divinité de la terre, de la variole et des
maladies contagieuses, en un groove aussi infectieux qu’il donnerait des maux de tête au Pape
James Brown? Alors, bénie soit la fièvre de ce mariage vaudou-funk béninois.