The Edible Woman et sa traduction en russe

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The Edible Woman et sa traduction en russe
The Edible Woman et sa traduction en russe
L’application de l’approche par corpus pour analyser quelques chapitres du roman
de Margaret Atwood
1. Introduction………………………………………………………………………….2
2. Approche par corpus en traductologie…………………………………………......2
3. Avantages et inconvénients de l’approche par corpus…………………………….7
4. Méthodologie de recherche………………………………………………….............11
5. Résultats de la recherche……………………………………………………………12
5.1 Explicitation………………………………………………………………………...12
5.2 Implicitation………………………………………………………………………...15
5.3 Autres changements………………………………………………………………..16
5.3.1 Noms propres……………………………………………………………………..17
5.3.2 Mots vulgaires…………………………………………………………………….17
5.4 Mots-clés de la culture russe présentés dans la traduction………………………18
6. Conclusion……………………………………………………………………………21
Bibliographie……………………………………………………………………………21
1
Introduction
L’approche par corpus existe depuis longtemps. On a commencé à se servir des corpus en
lexicographie (pour créer des dictionnaires) à partir de la fin du XVIIIe siècle (Kenny,
2001, p. 24-25). D’abord, on se servait des corpus papier, mais leur exploration prenait
beaucoup de temps. Avec l’invention de l’ordinateur et l’apparition des technologies
langagières d’aujourd’hui, l’exploration des corpus de textes est devenue plus facile et
plus rapide. L’approche par corpus a été largement utilisée par des linguistes qui ont
élaboré sa méthodologie, que les traductologues se sont plus tard appropriée.
Dans cet article, nous avons l’intention de montrer de quelle façon il est possible
d’appliquer l’approche par corpus pour examiner des œuvres littéraires et leur traduction.
Nous analyserons un corpus qui contiendra quatre chapitres du roman intitulé The Edible
Woman, de l’auteure canadienne Margaret Atwood, et un corpus qui contiendra tout le
texte du roman. Ces corpus comprendront des textes originaux en anglais et leur
traduction en langue russe datant de l’époque communiste.
L’objectif de notre recherche actuelle est d’élaborer une méthodologie pour notre projet
doctoral, qui sera consacré à l’exploration traductologique d’œuvres littéraires
canadiennes (prose, poésie, pièces de théâtre et essais) produites en russe tant à l’époque
soviétique (à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale) qu’après la chute du
Rideau de fer, dans le but de reconstituer l’image du Canada, de sa société et de sa vie
culturelle, telle que transmise au lectorat russe pendant ces deux périodes clés de
l’histoire récente.
2. Approche par corpus en traductologie
L’utilisation du corpus pour faire des recherches traductologiques a été proposée pour la
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première fois par Mona Baker dans son article intitulé Corpus linguistics and Translation
studies. Implications and applications (1993).
Large corpora will provide theorists of translation with a unique opportunity to
observe the object of their study and to explore what it is that makes it different
from other object of study, such as language in general or indeed any other kind of
cultural interaction. It will also allow us to explore, on a larger scale that was ever
possible before, the principles that govern translational behaviour and the
constraints under which it operates. (Baker, 1993, p. 234)
Grâce au développement de l’approche par corpus en traductologie, on commence à
étudier le langage des traducteurs, appelé « troisième code » par W. Frawley (1984) :
The translation itself [...] is essentially a third code which arises out of the bilateral
consideration of the matrix and target codes: it is, in a sense, a sub-code of each of
the codes involved (Frawley, 1984, p.168).
Surtout avec l’arrivée de la théorie descriptive, les linguistes ont commencé à s’intéresser
au langage des traducteurs, qui constitue, d’après les tenants de la théorie du
polysystème, un système unique. Et le langage de la traduction est considéré comme un
langage unique, une sorte de compromis entre la langue source et la langue cible (Baker,
1998, p. 3).
À la suite de Gideon Toury, Mona Baker (1993, 1998, 2003), Dorothy Kenny (2001),
Linn Øverås (1998), entre autres, parlent des universalités qu’on peut trouver dans les
textes traduits.
…universal features of translation, that is features which typically occur in the
translated texts rather that original utterances and which are not the results of
intereference from specific linguistic systems. (Baker, 1993, p. 243)
En parlant des universalités, les chercheurs parlent aussi des normes de traduction liées à
la période historique, aux conditions sociales et aux particularités culturelles de la société
au sein de laquelle la traduction se produit. Comme l’énonce D. Kenny (2001), la
distinction entre les phénomènes qu’on peut expliquer par des normes et les universalités
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n’est pas très claire (Kenny, 2001, p. 53). Néanmoins, la chercheuse essaye d’expliquer la
différence entre ces deux notions : « … universals are not just norms that allow no
deviations. They are relatable to cognitive factors rather than to social ones. » (Kenny,
2001, p. 53)
Les tendances les plus courantes qui caractérisent le troisième code sont la simplification,
l’explicitation et la normalisation. Le corpus électronique est devenu très populaire pour
explorer ces tendances. Les expériences basées sur l’approche par corpus ont été décrites,
entre autres, par Mona Baker (1998, 2003), Sara Laviosa (1998), Dorothy Kenny (2001)
et Linn Øverås (1998).
Mona Baker parle des preuves de la tendance de la normalisation en se basant sur
l’analyse de Translational English Corpus.
… il y a une homogénéité frappante entre les textes traduits vers l’anglais lorsqu’on
les compare aux textes rédigés d’abord en anglais et portant sur le même sujet. En
effet, peu importe la partie de la structure linguistique étudiée, les textes traduits
semblent se comporter de la même façon alors que les textes originaux montrent
plus de diversité. (Baker, 1998, p. 3)
Elle explique cette tendance par le fait que les traducteurs pensent inconsciemment à la
réception du texte traduit dans la culture cible.
La définition du phénomène de la
normalisation qu’elle donne dans son article datant de 1996 est la suivante : « the
tendency to conform to patterns and practices which are typical for the target language,
even to the point of exaggerating them » (Baker, 1996, p. 176-177). Il semble possible de
développer cette définition pour dire qu’il s’agit d’une tendance à être en conformité non
seulement avec la langue cible, mais aussi avec la culture cible.
Dans son article de 1998 intitulé Réexplorer la langue de la traduction : une approche
par corpus, Mona Baker mentionne également la simplification du langage en traduction.
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À la suite d’A. Pym, elle lie ce phénomène avec le fait que le traducteur tend à utiliser
l’anglais international en visant tous les lecteurs anglophones potentiels.
La tendance à simplifier les textes est analysée aussi dans l’article de Sara Laviosa
intitulé Core patterns of lexical use in a comparable corpus of English narrative prose.
Sa recherche prouve que la densité lexicale est plus élevée dans le corpus qui comprend
des textes authentiques que dans le corpus des traductions, autrement dit, que le langage
des traductions est plus simple que celui des originaux.
Une autre tendance distinctive des textes traduits, décrite et analysée par Linn Øverås
dans son article intitulé In Search of the Third Code, est celle de l’explicitation. La
chercheuse construit un corpus à partir des fragments de 50 phrases tirées de
40 nouvelles – 20 textes originaux en norvégien et leur traduction en anglais et le même
nombre d’originaux en anglais et leur traduction en norvégien. Elle analyse les
phénomènes d’explicitation et d’implicitation et prouve que l’explicitation en traduction
est une tendance universelle dans son corpus.
D’autres explorations sur corpus sont décrites dans l’article de Baker intitulé A corpusbased view of similarity and difference in translation (2004). Puisqu’on faisait beaucoup
valoir que le texte traduit est plus uniforme que le texte original et qu’il tend à se lire plus
aisément, M. Baker fait la comparaison de deux groupes de textes, l’un comprend des
textes originaux, l’autre contient des traductions, du point de vue de la fréquence des
expressions figées, dont la présence peut être considérée comme une caractéristique d’un
texte courant (Baker, 2004, p. 172). Dans le même article, elle s’interroge sur la
fréquence de telle ou telle expression dans les œuvres d’un certain traducteur et sur les
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raisons de cette fréquence. Ainsi, elle véhicule ses idées de recherches possibles à
effectuer avec un corpus.
Une autre recherche sur les régularités des traductions a été effectuée par Berit Løken
(Expressing possibility in English and Norwegian), qui a étudié l’expression de la
possibilité en norvégien et en anglais. La chercheuse a créé un corpus parallèle à partir de
textes originaux en anglais et de leur traduction en norvégien, et un autre à partir de textes
originaux en norvégien et de leur traduction en anglais, puis elle a fait une exploration
comparative de ces textes pour trouver des moyens grammaticaux d’expression de la
possibilité et de la modalité et a expliqué les divergences trouvées.
Contrairement à l’opinion répandue, l’approche par corpus permet d’étudier non
seulement des éléments qui illustrent la régularité, mais aussi des éléments qui se révèlent
la créativité des auteurs et des traducteurs. Par exemple, Dorothy Kenny explore les
« hapax », formes qui peuvent être définies comme une présentation créative des mots qui
existent dans la langue ou de nouvelles inventions (Kenny, 2001, p. 142). Dans la plupart
des cas, on trouve ces formes une seule fois dans le texte. La chercheuse donne des
exemples de ce phénomène, trouvés dans German-English Parallel Corpus of Literary
Texts. La conclusion qu’elle tire de son exploration, c’est que les hapax legomena créatifs
sont normalisés dans 44 % des cas. La compensation n’est faite que dans 17 % des cas
d’hapax normalisés. La compensation est une technique de traduction qui consiste à
remplacer les pertes de caractéristiques importantes du texte source par d’autres
caractéristiques de valeur comparable dans le texte cible afin de reproduire les effets du
texte original (Hervey et Higgins, 1992, p. 248).
Mona Baker, dans son article de 1998, souligne aussi les possibilités que l’approche par
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corpus donne sur le plan de la créativité. Par exemple, il est possible d’effectuer l’étude
de la longueur des phrases ou même la fameuse étude des régularités dont l’absence
signale la créativité d’un texte (Baker, 1998, p. 5).
D’autres travaux intéressants qui pourront nous servir à l’avenir sont ceux de Charlotte
Bosseaux, qui étudie les traductions de Virginia Woolf en français. Elle crée un corpus
parallèle et compare deux traductions de l’original dans le but de trouver des notions
marquées culturellement et d’expliquer les stratégies des traducteurs (Bosseaux, 2001).
Dans un autre article intitulé Who’s Afraid of Virginia’s you: a corpus-based study of the
French translations of The Waves, la chercheuse examine la traduction du pronom
personnel anglais « you » dans les deux versions françaises de The Waves de Virginia
Woolf (1931) et explique le choix des traducteurs de « vous » ou « tu » comme
équivalents. Puisqu’en russe, langue avec laquelle nous avons l’intention de travailler, on
fait aussi cette distinction entre « vous » et « tu », ce dernier travail présente un intérêt
certain.
On voit apparaître de nouvelles études basées sur l’approche par corpus, réalisées au
cours des dernières années, dont Dutch Parallel Corpus : A Balanced Copyright-Cleared
Parallel Corpus de L. Macken, O. De Clercq et H. Paulussen, The Estonian Reference
Corpus: its composition and morphology-aware user interface de H. Kaalep, K.
Muischnek, K. Uiboaed et K. Veskis, Translating Epistemic Adverbs from English into
Spanish: Evidence from a Parallel Corpus de N. Ramón.
3. Avantages et inconvénients de l’approche par corpus
Il y a différentes opinions sur les perspectives des technologies langagières en
traductologie, surtout pour les recherches traductologiques. T. Hermans n’est pas très
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optimiste à ce sujet. D’après lui, le dépouillement des textes peut donner certaines
informations sur leurs particularités linguistiques, mais ne peut rien révéler sur leur statut;
on ne peut pas déterminer si les traductions sont liées ou non à un moment précis dans
une certaine culture (Hermans, 1999, p. 93-94).
I. Mason s’inquiète que l’analyse du corpus ne puisse trouver que des concordances
typiques dans des phrases isolées, ce qui mènerait à la généralisation de tous les genres et
de tous les styles et ne lui semble pas approprié.
Use of language – by ST writers and by translators – is a social act. No meaningful
statements can be made about utterances independently of the set of relevant
circumstances in which they take place. There must be sensitivity to genres (in the
sense of use of language appropriate to a given social occasion) and to discourses
(in the sense of attitudinal expression conventionally associated with particular
social institutions). And the overall purpose being pursued in a given sequence of
text is bound to exert a determining influence upon choices made along the way.
(Mason, 2001, p. 71)
Il se prononce donc en faveur des analyses qui combinent l’étude qualitative et
quantitative. On retrouve des idées analogues chez K. Malmkjaer. Les problèmes que
l’approche par corpus soulève, d’après elle, sont avant tout les suivants : le problème des
métaphores cachées que le logiciel ne sera pas en mesure de trouver si elles sont uniques
(pourtant, ce problème semble être résolu par D. Kenny, qui analyse des inventions
créatives uniques – des hapax), et le problème du manque du contexte (elle parle des
concordanciers, qui donnent une petite partie du contexte pour chaque occurrence
trouvée; cependant, les technologies se sont développées avec le temps, et il est
maintenant possible de trouver d’autres outils qui ne posent pas ce genre de problèmes).
Elle parle aussi de la limitation des résultats qu’on obtient : on fait l’examen d’une
particularité quelconque à l’aide d’outils informatiques, mais tout le contexte de l’œuvre
ou du corpus des œuvres échappe à la vue (Malmkjaer, 1998, p. 6).
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M. Tymozsko, au contraire, voit beaucoup d’avantages dans les recherches basées sur
corpus. D’après elle, ces explorations permettent d’analyser une grande quantité de
données dans de très courts délais. La collecte des données est beaucoup plus efficace que
ce que pourrait traiter un être humain. L’avantage de cette approche, selon l’auteure, est
le fait qu’elle permet de recueillir de l’information et de créer des bases de données sur
différentes cultures, ainsi que sur des groupes minoritaires ou majoritaires. De plus, ces
bases de données peuvent être accessibles dans le monde entier. Les points forts de cette
approche, dont elle parle, sont la souplesse du corpus et sa structure ouverte
(Tymoszko, 1998, p. 1).
En général, M. Tymoszko est très positive envers l’approche par corpus.
…the potential of CTS (Corpus Translation Studies) to illuminate both similarity
and difference and to investigate in a manageable form the particulars of languagespecific phenomena of many different languages and cultures in translation
constitutes the chief appeal of this new approach to Translation Studies.
(Tymoszko, 1998, p. 6)
Mais en même temps, elle souligne la nature humaine qui intervient dans cette méthode
comme dans toutes les autres, car les corpus sont créés par des humains, et les recherches
que font ces derniers sont influencées par leurs présuppositions et leurs jugements, ainsi
que par leur idéologie et le contexte intellectuel (Tymoszko, 1998, p. 3). Des idées
semblables sur la subjectivité des recherches par corpus sont exprimées dans l’article de
M. Baker intitulé A corpus-based view of similarity and difference in translation.
…researchers working with corpora must realize that just because the computer
appears to be ‘objectively’ churning out data this does not mean that the process of
selecting what one focuses on is not just as subjective and just as variable as it is in
any other type of research. (Baker, 2004, p. 183)
Les deux chercheuses admettent que les résultats des recherches dépendent de ce sur quoi
on se concentre, de quelles questions on pose et de quelle façon on interprète les résultats.
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Dans la première partie de notre article, nous avons décrit plusieurs façons de travailler
avec le corpus en étudiant les articles de plusieurs chercheurs. Chaque façon de travailler
comporte son lot de difficultés à surmonter et ses buts particuliers. L’utilisation de
l’approche par corpus et des technologies langagières pour faire des recherches comme
celles que nous avons l’intention de mener semble être justifiée. L’alignement des textes
à l’aide d’outils informatiques permet d’analyser tous les détails des textes. Le
concordancier permet de suivre les tendances caractéristiques du comportement du
traducteur. Nous sommes tout à fait d’accord avec I. Mason et K. Malmkjaer lorsqu’ils
affirment qu’il faut utiliser à la fois des méthodes qualitatives et des méthodes
quantitatives pour avoir des résultats valides. De plus, nous croyons qu’en faisant un
travail descriptif, il faut utiliser l’information tirée du corpus en conjonction avec d’autres
informations pertinentes pour connaître le statut de l’œuvre et de la traduction dans des
cultures données, ce qui constitue l’objet de l’inquiétude de T. Hermans. Nous pensons
que c’est aussi important de ne pas mélanger les genres ni les auteurs dans le même
corpus, pour avoir des résultats scientifiques. Si l’on procède de cette façon, l’approche
par corpus peut fournir des données intéressantes et utiles.
Un des principaux avantages de l’approche basée sur corpus est la possibilité d’analyser
un grand nombre de données, que souligne M. Tymoszko. Les outils d’aujourd’hui
permettent d’analyser les éléments réguliers et les éléments créatifs du corpus.
Évidemment, si l’on n’analyse pas un texte aligné « à la main », il est possible que
certains détails nous échappent ; par contre, le concordancier bilingue ouvre des
perspectives avantageuses pour l’étude des mots-clés d’une certaine culture et pour
l’exploration des tendances particulières des traductions.
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4. Méthodologie de recherche
Pour effectuer la recherche, nous constituerons un corpus parallèle bilingue qui
comprendra quatre chapitres du roman intitulé The Edible Woman de l’auteure
canadienne Margaret Atwood et leur traduction en russe, et un corpus de même nature qui
comprendra tout le roman et sa traduction. Nous utiliserons ces deux corpus pour
atteindre des buts différents.
Notre méthodologie se résumera en deux étapes. D’abord, nous alignerons les textes à
l’aide de l’aligneur et du concordancier de LogiTerm Pro pour en faire des bitextes, puis
nous analyserons « à la main » les quatre premiers chapitres du roman pour trouver des
explicitations, des implicitations, des notions marquées culturellement, des noms propres
et des expressions ou des mots qui sont omis ou qui sont traduits de façon inatendue.
Ensuite, à l’aide du concordancier bilingue de LogiTerm, nous chercherons les
expressions et les mots trouvés dans le deuxième corpus pour voir s’il s’agit d’une
tendance particulière.
Puisque nous croyons que « choices in translation, as reflected in parallel corpora, may be
studied to reveal translation strategies and their effect » (Oloha, 2001, p. 24), nous
essayerons d’expliquer les phénomènes trouvés en recourant au moment historique de la
production de la traduction et en comparant deux cultures (celle du Canada et celle de la
Russie). Nous nous concentrerons surtout sur les modifications qui peuvent être
expliquées par l’influence de la culture et de la société du traducteur, ainsi que de son
idéologie, de sa vision du monde et de la censure.
Dans notre travail, nous essayerons de combiner les méthodes qualitatives et quantitatives
en suivant les conseils de K. Malmkjaer, qui propose de lier l’analyse quantitative et
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qualitative, de choisir des textes et de les lire avant de les verser dans un corpus, et même
d’aligner les textes à la main quand il s’agit de traductions multiples de la même œuvre
(Malmkjaer, 1998, p. 7).
5. Résultats de la recherche
Dans le présent travail, nous traiterons certains types d’explicitation, l’implicitation, les
mots-clés de la culture russe trouvés dans la traduction du roman, ainsi qu’autres
changements effectués par le traducteur qui concernent la traduction des noms propres et
des mots vilgiares.
5.1 Explicitation
Pour expliquer la notion d’explicitation, nous recourrons à la définition la plus connue de
Vinay et Darbenet.
L’explicitation consiste à introduire, pour des raisons de clarté, dans LA (langue
d’arrivée) des précisions qui restent implicites dans LD (langue de départ), mais qui
se dégagent du contexte cognitif ou de la situation décrite. (Vinay et Darbelnet,
1958, p. 9).
Il existe quatre types d’explicitation d’après la classification de Kinga Klaudy :
l’explicitation obligatoire, qui est associée aux différences lexicogrammaticales entre les
langues; l’explicitation optionnelle, qui est liée aux différences stylistiques entre les
langues; l’explicitation pragmatique, fondée sur les différences culturelles et la
connaissance du monde des locuteurs de la langue source et de la langue cible; et
l’explicitation inhérente à la traduction, c’est-à-dire liée à la nature de la traduction
comme processus (Klaudy, 2009, p. 106-107).
Pour le dernier type d’explicitation, Klaudy ne donne pas d’exemples. L’auteure dit juste
que « it is explained by one of the most pervasive, language independent features of all
translational activity, namely the necessity to formulate ideas in the target language that
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were originally conceived in the source language » (Klaudy, 2009, p. 106-107). Ce
dernier type d’explicitation semble impliquer toutes les modifications faites par les
traducteurs pour faire en sorte que l’œuvre soit accueillie par les lecteurs de la culture
cible.
Puisque nous nous intéressons surtout aux changements apportés par le traducteur
influencé par sa société et sa culture, dans notre travail, nous nous concentrerons sur les
deux derniers types d'explicitation : l'explicitation pragmatique et l'explicitation inhérente
à la traduction; et nous essayerons d'expliquer les raisons de ces changements.
Exemple 1.
« She got me in the hall, » — I said
Она меня поймала внизу и допрашивала,
— сказала я
(Elle m’a arrêtée en bas et elle m’a
interrogée, — j’ai dit.)
Dans cet exemple, nous pouvons constater que la phrase est plus longue dans sa
traduction et qu’elle comporte deux verbes. La phrase rapporte les paroles de l’héroïne du
roman, qui parle avec sa colocataire. La propriétaire de la maison l’a arrêtée dans le
vestibule pour lui parler. Elle voulait surtout savoir pourquoi il y avait de la fumée la
veille. Donc, l’explicitation que le traducteur fait dans ce cas-là s’explique facilement.
Par contre, le choix du deuxième verbe mérite d’être analysé. Le verbe russe
« допрашивать » (interroger) est particulièrement intéressant, car on ne l’emploie pas
dans toutes les situations où l’on interroge quelqu’un. On ne l’emploie que dans une
situation où l’on interroge un suspect. Autrement dit, le verbe russe est un terme plutôt
juridique. Pour expliquer ce choix, nous faisons référence à la période durant laquelle la
traduction a été effectuée, c’est-à-dire à l’époque soviétique, en 1981. Dans l’Union
soviétique, surtout durant la période d’après-guerre, des interrogatoires se produisaient
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assez souvent, et on avait créé un comité de la sécurité d’État (le KGB) qui surveillait les
gens et luttait contre l’hétérodoxie. Compte tenu du passé récent du pays, on peut
supposer que ce terme était assez courant et que ses connotations illustrent bien les
relations entre la propriétaire et ses locataires. Le choix du traducteur dans cet exemple a
sans doute été fait inconsciemment. Maeve Oloha appelle ce prosessus « subconscious
process of explicitation » (Oloha, 2004, p. 94) : « …translators can unintentionally use a
language in certain ways that increase the explicitness of the text without setting out to do
so » (Oloha, 2004, p. 94).
Exemple 2.
Maybe I should have tried a computer.
Может быть, мне следовало обратиться
в агентство, к услугам электронновычислительной машины (Peut-être que
je devrais m’adresser à l’agence, aux
services de la machine électronique
[l’ordinateur].)
Ce n’est que dans les années 90 que les premiers ordinateurs sont apparus dans les
maisons des gens en Union soviétique. Avant, la plupart des gens ne savaient pas ce que
c’était et à quoi cela servait. Puisque la traduction a été faite en 1981, le lecteur ordinaire
n’aurait pas pu comprendre la phrase si on n’avait pas expliqué en détail de quelle façon
on peut utiliser l’ordinateur (la machine électronique), ce qui explique sans doute
pourquoi le traducteur a décidé d’introduire un intermédiaire (une agence) qui relie la
notion de l’ordinateur et la situation et qui la rend plus compréhensible pour le lecteur
russe soviétique.
Exemple 3.
He and Trigger had found themselves Питер и Тригер теперь сходились
more and more alone on their bachelor иногда летними вечерами и пили
drinking sessions during the summer, and вдвоем, и даже если кто-нибудь из
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when the others did take an evening off
from their wives to go along, I gathered
from Peter’s gloomy accounts that the
flavour of the evening was a synthetic
substitute for the irresponsible gaiety of
the past.
прежних друзей присоединялся к ним,
отпросившись у своей молодой супруги,
атмосфера вечера уже не походила на
былое
безудержное
веселье,
а
отдавала — по унылым рассказам
Питера — синтетическим привкусом
занудного вечера в гостях (L’ambiance
de la soirée ne ressemblait pas à la gaité
impétueuse du passé, mais avait le goût
synthétique d’une visite ennuyeuse que
l’on fait chez quelqu’un.)
Dans la traduction de ce passage, la traductrice ajoute une comparaison en mettant en
parallèle la soirée avec une visite chez quelqu’un. On peut l’expliquer par la tradition
russe qui consiste à rendre visite aux gens. À l’époque soviétique, le téléphone n’était pas
accessible à tous, et il n’y avait ni cellulaires, ni réseau internet. C’est pourquoi les gens
se visitaient souvent les uns les autres, sans prévenir. Et parce que la société soviétique se
caractérisait par des principes de politesse assez élevés, parfois c’était difficile de quitter
le domicile des gens que l’on visitait sans offenser les maîtres de la maison. Cette
obligation de rester donnait parfois à la soirée un caractère ennuyeux.
5.2 Implicitation
L’implicitation est l’opposé de l’explicitation. Si nous périphrasons la définition de Vinay
et Darbelnet susmentionnée, il est possible de dire que l’implicitation est un processus qui
consiste à supprimer l’information qui est présentée explicitement dans la langue de
départ et à la rendre implicitement présente dans la langue d’arrivée grâce au contexte.
Comme le montre l’exploration de Linn Øverås et celle de Dorothy Kenny, on est plus
souvent en présence de l’explicitation en traduction que de l’implicitation. Dans les
quatre chapitres analysés, nous n’avons pas trouvé beaucoup d’exemples d’implicitation.
Dans la plupart des cas, l’information contenue dans l’original est légèrement modifiée
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pour la rendre plus compréhensible pour les lecteurs de la langue cible. Pourtant, les deux
exemples donnés ci-dessous peuvent être considérés comme l’illustration du phénomène
de l’implicitation.
She had her feet up on another chair and Ноги она задрала на другой стул, а на
was holding her latest baby somewhere in коленях у нее сидело младшее дитя.
the vicinity of what had once been her lap. (Elle a levé les pieds pour les mettre sur
une autre chaise, l’enfant cadet était assis
sur ses genoux.)
He’s a real nature-child, he just loves to Артур — настоящее дитя природы,
shit in the garden.
обожает удобрять землю, — сказала
Клара (Artur est un vrai enfant de nature, il
adore fertiliser la terre.)
Dans le premier exemple, le traducteur a simplifié la phrase et a éliminé la métaphore de
l’auteure. Le deuxième exemple peut être associé à l’époque de la publication de la
traduction. À l’époque soviétique, il était mal vu de nommer les besoins naturels d’un
être humain; on avait tendance à paraphraser. Cet exemple montre aussi la tendance à la
normalisation, étudiée par Mona Baker (Baker, 1996, 1998).
Cette tendance à « normaliser » la langue de traduction et à suivre de près les
conventions de la langue cible laisse croire, encore une fois, que les traducteurs
répondent inconsciemment à la perception qu’ils ont du statut du texte ou de
l’énoncé qu’ils produisent (Baker, 1998, p. 4).
5.3 Autres changements
Les changements les plus fréquents qu’on a constaté en analysant le premier corpus qui
contenait quatre chapitres du roman sont liés à la substitution des phénomènes et des
concepts propres à la culture canadienne par des phénomènes propres à la culture russe et
à la réalité de l’époque. Les exemples les plus marquants sont les traductions des noms
propres et des mots vulgaires.
5.3.1 Noms propres
La traduction des noms propres et des abréviations canadiennes en russe ne manque pas
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d’intérêt. Les noms des personnages sont translitérés, mais les noms des choses ou des
organisations sont souvent traduits d’une manière généralisante (exemple 2 dans le
tableau ci-dessous) ou même d’une manière erronée. Par exemple, « Alka-Zeltzer », le
nom d’un antiacide effervescent analgésique, est traduit par « boisson gazeuse ». Parfois,
les notions de cette sorte ne sont pas traduites du tout (exemple 3 dans le tableau).
1. Alka-Seltzer
Шипучка (boisson gazeuse)
2. Ajax
Стиральный порошок (poudre à lessive)
3. Imperial Order of the Daughters of the Pas traduit
Empire I.O.D.E.
5.3.2 Mots vulgaires
Après avoir analysé en détail les quatre chapitres, nous avons eu l’impression que
l’original possède plus de mots vulgaires que la traduction. Pourtant, la langue russe est
très riche en mots vulgaires. Notre analyse du deuxième corpus contenant tout le roman a
montré que les « gros mots » dans l’original anglais sont plus variés que ceux dans la
version russe. Voici des statistiques sur les occurrences de mots vulgaires dans le roman
d’Atwood :
MOT
FRÉQUENCE
Hell
24
Damn
12
Bitch
5
Bloody
5
Fucking
1
Total
47
17
Dans la traduction russe, presque tous les mots vulgaires sont rendus à l’aide du mot
« черт » (30 fois), dont la traduction littérale est « merde, diable », – un « gros mot » qui
n’est pas très fort. Il y a aussi des cas où les mots vulgaires de l’original sont rendus par
d’autres moyens lexicaux, par exemple les expressions qui expriment la surprise ou le
mécontentement. Le mot « bitch », qu’on retrouve quatre fois dans l’original, a été
remplacé par le mot « rat » et une expression imagée qui veut dire « fourrer son nez
partout », ou encore il n’a pas été traduit ou il a été remplacé par le mot « баба » qui
signifie « femme » ou « nana » dans le langage familier. Une fois, l’expression « rotten
bitch » a été remplacée par le mot « тварь », un mot offensant dont l’équivalent en
français familier à peu près correct est « salope ».
La tendance à atténuer les mots vulgaires peut s’expliquer par la censure stricte qui avait
cours dans le domaine littéraire, dans les médias et dans presque tous les domaines de la
vie sociale à cette époque. La liberté de parole n’était pas vue de manière favorable. On
n’entendait pas de gros mots ni à la télévision ni à la radio. Dans la société, il était mal vu
de gronder et d’utiliser des mots vulgaires. De plus, ce qu’on disait, ce qu’on écrivait et la
façon dont on le faisait étaient surveillés et contrôlés.
5.4 Mots-clés de la culture russe présentés dans la traduction
En analysant en détail les quatre chapitres du roman, nous avons remarqué des traits de
l’adaptation de la traduction à la culture d’arrivée, et il nous a paru intéressant de voir si
les mots-clés liés à la mentalité russe se retrouvent souvent dans la traduction du roman
de Margaret Atwood et d’analyser à quels concepts de l’original ils correspondent.
D’après l’opinion de plusieurs chercheurs (Бердяев, 1990 ; Вежбицкая, 1997), le mot
« душа » (âme) est un mot-clé dans la culture russe, car il est largement employé dans
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tous les domaines de la vie sociale, et il existe un grand nombre d’expressions
phraséologiques qui expriment ce concept et ses dérivés. Ce concept est largement utilisé
pour décrire des processus mentaux et psychiques qui se déroulent dans le for intérieur
des individus.
Le mot « soul », équivalent littéral du concept russe, ne se retrouve que quatre fois dans
le deuxième corpus qui comprend tout le roman. Par contre, dans la traduction du roman,
on trouve quatorze fois le mot « душа » (âme) et ses dérivés. Dans la plupart des cas, la
traductrice utilise ce concept dans les situations où l’on parle de processus mentaux ou
des sentiments que les personnages éprouvent, car, pour un représentant de la culture
russe, tous les processus de cette sorte se produisent dans l’âme et l’affectent.
“Okay, I’m a prude,” I said, secretly hurt
— Ну, ладно, я ханжа, — сказала я, в
душе обидевшись на йнсли. (D’accord,
je suis prude, — j’ai dit en ressentant
l’offense dans mon âme.)
No matter how unobtrusive she made
herself with a book in the living room, he
would silently accuse her of being
overpossessive, or of being jealous and
interfering about his work.
Конечно, она могла тихонько устроиться
у него в гостиной с книжкой, но все
равно он в душе обвинит ее в
собственнических инстинктах, или в
ревности, или в попытке вмешаться в
его дела. (Bien sûr qu’elle a pu s’installer
silencieusement avec un livre dans le salon,
mais dans son âme il va sûrement l’accuser
d’avoir des instincts de propriétaire ou
d’être jalouse ou d’avoir la tentative de se
mêler dans ces affaires.)
I got into bed, feeling unsettled.
Я легла, чувствуя, что мое душевное
равновесие нарушено. (Je me suis
couchée avec le sentiment que l’équilibre
de mon âme était troublé.)
Dans le premier exemple, l’héroïne du roman est offensée, et cette offense se localise
dans son âme. Dans le deuxième exemple, l’héroïne du roman parle d’un autre
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personnage et dit qu’il va l’accuser dans son âme, c’est-à-dire en secret, mais ce
sentiment est profond, car il est dans l’âme du personnage. Le troisième exemple parle de
l’équilibre de l’âme; on peut en conclure qu’il s’agit d’un concept très important pour un
représentant de la culture russe. Tous les sentiments sont gardés dans l’âme et sont
éprouvés par l’âme de la personne, voilà pourquoi cette notion est utilisée dans la
traduction, qui est destinée à être distribuée et accueillie dans la culture russe.
Un autre concept, qui n’a pas d’équivalents ni en français ni en anglais et que la
traductrice utilise, est celui de « тоска ». Il se retrouve trois fois dans le deuxième corpus
qui comprend tout le roman. Ce concept exprime un sentiment ou un état d’âme qui inclut
de la tristesse, de l’angoisse, de la mélancolie et de l’ennui. La définition qu’un
dictionnaire russe populaire donne de cette notion est l’angoisse de l’âme, la mélancolie
et l’ennui.
You have no idea how soggy it is.
Ты не представляешь себе, какая это
тоска. (Tu ne peux pas imaginer quel ennui
c’est.)
Things got so dull for single men at Ведь для одиноких мужчин такая тоска
couple-parties, she had added.
сидеть в окружении семейных пар! —
добавила Мэриан. (Pour des hommes
célibataires, c’est vraiment ennuyeux d’être
avec des couples mariés.)
“I’m turning into a vegetarian,” she was «Я становлюсь вегетарианкой, — думала
thinking sadly, “one of those cranks”…
она с тоской, — я совершенно схожу с
ума ». (Je deviens végétarienne, pensaitelle avec tristesse — je deviens vraiment
folle.)
Les mots qui sont remplacés par le concept de « тоска » sont « soggy », « dull » et
« sadly ». Ces trois adjectifs décrivent partiellement le sens du concept russe de
« тоска », qui a été étudié par plusieurs chercheurs (Шмелев, Зализняк, Левонтина,
2005). Les deux concepts, celui de l’âme et de « тоска », sont liés, car le deuxième se
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retrouve souvent dans l’âme. Il existe aussi des verbes et des adjectifs qui ont la même
racine que ce deuxième concept.
6. Conclusion
Dans le présent travail, nous avons essayé de montrer les manières d’utiliser l’approche
par corpus pour explorer la traduction d’œuvres littéraires à l’aide de l’aligneur et du
concordancier bilingue de LogiTerm Pro et pour prouver la validité de l’approche basée
sur corpus pour les analyses de cette sorte. Bien entendu, d’autres outils donnent d’autres
possibilités d’analyses. Par exemple, ParaConc permet de comparer plusieurs textes à la
fois et d’aligner plusieurs traductions avec l’original. En résumé, nous croyons que les
technologies langagières ont un grand potentiel pour les explorations traductologiques, si
on les combine avec d’autres méthodes qualitatives.
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