La révolution hongroise de 1956 - Hongrie

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La révolution hongroise de 1956 - Hongrie
La révolution hongroise de 1956
Publié le octobre 2006
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Anniversaire : 1956-2006
Il y a cinquante ans, à l'automne 1956, éclatait la révolution prolétarienne en Hongrie.
Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le puissant appareil du Parti stalinien de
l'URSS y imposait sa loi, comme il le faisait dans l'ensemble de l'Europe orientale,
conformément aux Accords de Yalta signés en 1945. Une bureaucratie parasitaire y
monopolisait tous les pouvoirs et privait la classe ouvrière hongroise d'une
représentation politique digne de ce nom. Retour sur une page d'Histoire décisive.
En ce 23 octobre 1956, et après des mois d'ébullition, le prolétariat hongrois, prolongeant le combat des
travailleurs de Berlin-est de juin 1953 et de la classe ouvrière polonaise de juin 1956, se dresse, en moins
d'une journée, contre l'appareil stalinien aux ordres du Kremlin. Celui-ci n'a d'autre ressource, le 24, pour
essayer de contenir la situation, que de rappeler Imre Nagy, l'ancien exclu de 1955, et de le renommer
Ministre-Président. Il faut dire qu'il jouit d'une grande popularité, en particulier parmi les membres du PC. La
loi martiale est proclamée. Les batailles de rue s'étendent à la province.
Des conseils ouvriers ...
Le lendemain, les émetteurs radio de plusieurs grandes villes de province passent aux insurgés.
Le surlendemain, 27 octobre, Imre Nagy forme un " gouvernement d'union nationale ". Le même jour, des
conseils ouvriers se constituent dans toutes les usines de Budapest. Ces conseils sont élus
démocratiquement et intègrent des ouvriers et des cadres de toutes tendances, y compris non-membres du
PC. Leur objectif proclamé est de constituer un véritable pouvoir politique, caractéristique d'une situation
révolutionnaire de double pouvoir.
Les conseils ouvriers délèguent des représentants auprès d'Imre Nagy, qui reconnaît que le mouvement en
cours n'est pas contre-révolutionnaire.
Le 30, les anciens partis, qui avaient été dissous, sont reconstitués. l'émissaire du Kremlin, Mikoyan, fait un
bref aller-retour en Hongrie.
À Györ, les conseils ouvriers, avec à leur tête celui de la grande usine de matériel ferroviaire, constituent un
Conseil national de Transdanubie, intégrant toutes les entreprises à l'ouest du Danube (rive droite).
Le 31, les syndicats officiels sont purgés de leurs apparatchiks tandis qu'est créée la Confédération
nationale des syndicats libres.
Dans le même temps, le Kremlin annonce qu'il est prêt à négocier le retrait de ses troupes, cependant qu'il en
envoie de nouvelles, encore plus nombreuses.
Le 1er novembre, Nagy et Kádár annoncent la fondation du PSOH (Parti socialiste ouvrier hongrois). Tous
les conseils ouvriers expriment leur volonté d'affirmer le caractère pur de leur révolution, c'est-à-dire sans
assistance impérialiste.
... à l'écrasement par les chars soviétiques
Le 2 novembre, les troupes d'URSS progressent sur le territoire, tandis que le conseil ouvrier de Miskolc
(Nord-est du pays) réclame la création d'un conseil révolutionnaire constitué par les conseils
révolutionnaires des localités et les conseils ouvriers. Nagy se sépare des derniers rakosistes et préside un
gouvernement de coalition avec Pál Maléter : le comité révolutionnaire des forces armées s'engage à lutter
contre toute intervention étrangère ou réactionnaire. Pendant ce temps, Eisenhower a passé un accord avec
Khrouchtchev : je te laisse les mains libres pour écraser la révolution en Hongrie, tu me rends la pareille
dans l'affaire de Suez, qui bat son plein au même moment.
Le 4 à l'aube, les troupes russes attaquent avec les chars Budapest et sa périphérie. lmre Nagy lance un
appel à toute la planète pour le peuple hongrois et la Hongrie. Washington, Londres, Paris restent sourds et
donnent le feu vert à la répression, comme à Berlin-est en juin 1953. Et, à Paris, le Parti communiste français
dénonce la " contre-révolution " et salue les chars soviétiques ...
Fidélité réaffirmée aux valeurs d'Octobre 17
Les États capitalistes savaient que le vrai danger pour leurs intérêts n'était pas le Kremlin et ses pantins,
mais bien le prolétariat hongrois réaffirmant sa fidélité aux valeurs de la Révolution d'Octobre, renouant
avec les soviets de 1917 et se dressant contre leur caricature incamée par la bureaucratie stalinienne.
Dès le 4 novembre, des milliers d'ouvriers sont massacrés (au moins 2 500).
Imre Nagy, Géza Losonczy, Miklós Gimes, Pál Maléter, József Szilágyi, paieront leur choix de leur vie, en juin
1958. À l'inverse, János Kádár, qui a assisté sans piper mot à leur arrestation par le KGB, va devenir pour
plus de trente ans le " maître " de l'État stalinien hongrois.
Le combat continuera, armé et politique, du 4 novembre 1956 au 12 janvier 1957, avec l'écrasement du
centre industriel de Csepel et la répression contre les lycéens et enseignants en grève.
Une page sanglante est tournée, mais la mémoire de la révolution ouvrière et socialiste restera toujours vive
dans la classe ouvrière internationale, même cinquante ans plus tard.
Les conseils de Budapest, Miskolc, Györ, de 1956 annoncent ceux qui surgiront demain ailleurs en Europe.

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