Mobilité: 8e Symposium Gazmobile
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Mobilité: 8e Symposium Gazmobile
Mobilité: 8e Symposium Gazmobile Le Meilleur de l’Automobile en Suisse romande CHF1.20 René Bautz, président de Gazmobile, ouvre le 8e Symposium du Gaz naturel L e gaz naturel a connu son heure de gloire. Que devient-il aujourd’hui dans une période où il est question de réchauffement climatique, d’émissions de CO2, de particules fines? La filière gazière prend conscience de ses forces et de ses faiblesses. Outre les acteurs directs, les politiques tentent de prendre position - timidement pour certains - face à une alternative écologique au pétrole - essence et Diesel confondus Que nous apporte ce 8e Symposium sur le gaz naturel et le biogaz? TEXTE JEAN-PIERRE PASCHE PHOTOS D.R. GAZNAT Le symbole du Gaz naturel. L e gaz naturel est une véritable alternative au pétrole. La cible des 130 g/km est possible et, si le parc automobile suisse fonctionnait au gaz naturel, alors la Suisse répondrait aux normes fixées à Kyoto. L’objectif du protocole de Kyoto est de parvenir à la réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique d’au moins 5% par rapport aux niveaux de 1990 durant la période d’engagement 2008-2012. 2 / SuisseAutoMag Cependant, nous n’en sommes pas à ce stade. D’où pour René Bautz, président de Gazmobile, la nécessité d’améliorer la promotion des véhicules fonctionnant au gaz naturel. La volonté de développer la mobilité au gaz naturel est présente au sein de l’organisme faîtier mais dans les faits, les résultats sont plutôt décevants. S i la première utilisation du gaz naturel comme carburant date de 1855, ce n’est que dans la période 1960 – 1980 qu’il a été utilisé par certains pays comme la Nouvelle Zélande ou certains pays d’Asie en raison de son faible coût. Il faut noter que ce sont les pays en développement qui ont recours à ce type de carburant. Les pays dits riches s’en tiennent, et c’est peut-être le problème, à l’utilisation du pétrole sous toutes ses formes. L a véritable prise de conscience comme alternative au pétrole n’apparaît que dans la période 1980 – 2000. Et il faudra attendre après 2000 pour que les qualités environnementales du gaz naturel soient prises en compte. En effet, celui-ci limite les rejets de CO2 et de particules fines. En 2002, l’organisme Gazmobile est créé avec l’espoir de compter plus de 30 000 véhicules au gaz naturel en 2010. L’objectif est loin d’être atteint. T outefois, il faut moduler les critiques envers ceux qui ont œuvré pour la promotion du gaz. Les politiques n’ont pas forcément joué le jeu. Il faut attendre 2008 pour obtenir une réduction de taxes sur le gaz en Suisse. Pour mémoire, le premier véhicule au gaz naturel a été homologué – non sans peine – en 1992 grâce aux efforts combinés de l’EPFL et de la société du gaz à Vevey. Cependant, les ventes des véhicules au gaz naturel ne décollent pas. Ce constat, aussi amère soit-il, motive tout de même les promoteurs. Ils savent que les économies en développement sont plus réceptives à l’utilisation du gaz naturel. Les pays à l’économie développée se cantonnent au pétrole. Nous sommes trop riches. Les indécis s’en tiennent à: «le gaz, trop dangereux, il explose, on l’a vu dans la presse!». Et c’est là que réside le problème: une mauvaise infor- mation, voir plutôt le manque d’information pour le client potentiel. M ême si les sociétés qui commercialisent les véhicules ont reçu des formations appropriées, il y a encore trop d’ignorance sur le sujet ou même trop de fausses informations qui passent par les concessions automobiles. Or le point d’information pour le client se trouve être la concession ou l’agent. On peut donc en conclure que c’est soit par ignorance, soit par manque d’intérêt, que les ventes de véhicules au gaz naturel plafonnent à un peu plus de 10 000 unités en 2012. La carte des stations est disponible sur Internet et la Suisse compte plus de 130 stations à ce jour. La progression du gaz n’a été que de 8% en 2011. Gaz naturel Dr. h.c. Herbert Hüttlin et son moteur à boule C omparé aux 2 millions de véhicules en Iran ou au Pakistan, le volume suisse est ridicule. Et pourtant le gaz naturel réduit jusqu’à 25% les émissions de CO2. De plus, la technologie est mature. Les installations ne sont plus du bricolage et les ressources de gaz sont importantes. Un des freins vient d’une offre encore trop étriquée et de professionnels de la transformation inexistants Philippe Petitpierre, vice-président de Swissgas SuisseAutoMag / 3 sans parler, et nous le répétons, d’une information lacunaire ou erronée transmise au grand public. Un autre aspect, et non des moindres, reste le parcours du combattant qu’il faut effectuer pour homologuer un véhicule à titre individuel. Les constructeurs proposent de plus en plus de véhicules transformés au gaz naturel dès l’usine. V ont arriver prochainement sur le marché le trio d’enfer du groupe Volkswagen – VW Up!, Skoda Citgo et SEAT Mii – une excellente alternative en ville face aux petits Diesel (polluants). Fiat présente la Panda et bientôt la 500 L. Audi vient avec les modèles A3 et A4, Volkswagen et sa Golf VII tout comme Skoda avec l’Octavia, reine des flottes automobiles. Il ne faut pas oublier les autres constructeurs comme Ford, Mercedes et Volvo. De plus, le monde de l’utilitaire et du poids lourd a aussi des véhicules fonctionnant au gaz naturel, tout comme certains véhicules destinés aux transports publics. L es diverses classes politiques ne semblent pas vraiment motivées à entrer sur le terrain – glissant peutêtre – du gaz naturel. Et pourtant, en aménageant la législation, en compensant le surcoût de la transformation, en facilitant les homologations, en validant les primes à l’achat, le volume de véhicules croîtrait progressivement et la Suisse – mauvais élève en matière de CO2 – deviendrait un exemple. Le gaz naturel ne demande qu’à se développer. Les nombreuses incidences positives devraient à elles seules favoriser des actions en ce sens: diminution du CO2, diminution des effets de serre, diminution des effets sonores (remplacer un véhicule Diesel par un au gaz), création d’emplois (transformation, homologation, etc.) et utilisation de l’énergie locale: le biogaz. Le gaz est une véritable alternative avec en plus la possibilité de développer des stations personnelles (encore une source d’emplois). Tout cela sans infliger de surcharge au réseau électrique. L e premier problème vient de certains constructeurs. Il faut noter toutefois un manque certain de motivation pour développer une catégorie énergétique supplémentaire à l’essence et au Diesel, sans parler des sommes astrono- 4 / SuisseAutoMag miques déjà englouties dans le développement de véhicules électriques alors que les ressources gazières sont là, déjà prêtes. Incroyable mais vrai. E P P t le second problème vient des politiques. Atermoiements, discussions sans lendemain, stratégies à court terme, rien en faveur d’une ouverture vers l’alternative gazière. Trop d’intérêts dans les groupes pétroliers. Qui décide pour qui? our les Verts Libéraux, faudrait-il une loi pour faire «passer l’esprit du gaz»? La Conseillère Nationale, Isabelle Chevalley, constate une grande méconnaissance des professionnels de l’automobile eux-mêmes ainsi qu’un gaspillage certain des déchets que l’on brûle alors qu’ils pourraient être transformés facilement en biogaz. our le PDC, par la voix de Dominique de Buman, une prime à l’acquisition serait judicieuse. Et il rejoint Isabelle Chevalley sur l’hérésie de brûler les déchets au lieu de les décomposer pour récolter du biogaz. Biogaz que nous devons importer d’Allemagne. La constatation est dure à entendre: le frein ne vient pas des consommateurs mais des politiques. Pour évoluer vers le gaz et le biogaz, il est nécessaire de changer les mentalités. La sensibilisation au gaz naturel est primordiale car elle est un des facteurs majorants de la diminution des émissions de CO2 en Suisse. A L près quinze ans d’immobilisme («d’immoritzisme»), tous les acteurs politiques et à tous les niveaux du pays doivent prendre en compte une politique énergétique globale. Actuellement, pour le citoyen suisse, chaque aspect semble être traité séparément. A quand une vue globale incluant les avantages du carburant gaz naturel? e gaz naturel se trouve en quantité suffisante pou r être utilisé de façon régulière par l’industrie automobile. Aujourd’hui, les lois et les impôts portent principalement sur les produits essence et Diesel. Les lobbies des constructeurs et des pétroliers ne voient pas forcément d’un bon oeil le développement de la filière gazière. Les investissements, qui durent depuis des années, en faveur du moteur essence - Diesel ont renvoyé le carburant gaz au second plan. Pourquoi utiliser un carburant qui rapporterait moins que ceux en place? SuisseAutoMag / 5 8e Symposium de Morat sur le Gaz naturel Véhicules à gaz naturel/biogaz en circulation: Suisse: plus de 11’000 véhicules, Europe: 1’410’000 véhicules, Monde: 14’500’000 véhicules. Prix moyen du gaz naturel carburant CHF 1.18 le litre équivalent essence (CHF 1.74/kg), soit une économie de 6 / SuisseAutoMag plus de 30% par rapport à l’essence – selon le prix moyen de l’essence (CHF 1.82) et du gaz naturel/biogaz enSuisse au mois de septembre 2012. 135 stations, dont 37 en Suisse romande. En moyenne 1 station tous les 15km sur les axes principaux. Application iPhone de géo-localisation téléchargeable gratuitement sur iTunes Store, sous «Faire le plein au gaz naturel». Renseignements sur le site de Véhicules à Gaz