Laurent BAHEUX

Transcription

Laurent BAHEUX
www.naturapics.com
Laurent BAHEUX
Publié le 28/01/2010 par Sébastien Beghelli
Bonjour Laurent. Pour commencer, peux-tu te présenter en nous expliquant, entre autres, tes liens avec la photographie
nature ?
J’ai découvert la photo en 1994, par hasard, par chance. Je suis devenu professionnel en 1998. Je me suis spécialisé dans le
reportage à travers la couverture des événements nationaux et internationaux de l’actualité sportive : foot, rugby, tennis, etc…
Je m’intéresse à la photo nature depuis 2002, période à laquelle j’ai commencé à photographier l’Afrique…
Photographie sportive, photographie animalière… même combat ? Je suppose que l’expérience dans l’une est forcément une
aide précieuse pour l’autre (matériel, conduite de projet, réactivité…) ?
L’école du reportage terrain est très formatrice : on apprend très vite à faire face à différentes situations, à réagir très vite, à
improviser, à s’adapter sans cesse à des conditions de lumière changeantes. On passe de l’action au portrait, du document
journalistique à l’illustration. La forte concurrence pousse à se creuser la tête pour chercher une meilleure image… Le matériel
est évidemment totalement compatible puisqu’en sport comme en animalier, blanc ou noir, le gros téléobjectif est roi : dans ces
deux domaines, on est rarement trop près du sujet…
Le noir&blanc, en plus d’être une technique photographique particulière, permet une certaine originalité dans les clichés.
Qu’impose cette technique en terme de prise de vue (lumière, cadrage…) ? Aussi, as-tu des limites dans ton post-traitement ?
Comment, d’ailleurs, procèdes-tu dans tes travaux numériques ?
Même si c’est parfois vrai aussi pour la couleur, le noir et blanc impose à la prise de vue de bien choisir ses ambiances car toutes
les lumières ne s’y prêtent pas forcément ; je m’efforce de rechercher ce que j’affectionne le plus : de forts contrastes, des
ombres, des contre-jours, des atmosphères très denses, très chargées… Maintenant je le fais presque instinctivement. Je fais
toutes mes prises de vues en brut avant de développer mon négatif numérique en monochrome en ajustant simplement la
luminosité et le contraste de mon image. Je préfère cette méthode au mode noir et blanc des reflex qui sont souvent décevants.
Pour rebondir sur la question précédente, penses-tu que le noir&blanc forge le succès de tes travaux ? Indispensable pour se
démarquer des autres reportages africains ? Qu’est ce qui t’a poussé à utiliser cette technique… le hasard ?
Ma pratique du noir et blanc argentique, prise de vue et labo, m’aide beaucoup. Le noir et blanc a toujours eu ma préférence. Le
travail de Peter Beard m’a aussi beaucoup inspiré. Je constate souvent qu’il y a d’abord un certain étonnement de la part des
personnes qui découvre mon travail car il n’imaginait pas les animaux en monochrome, certains ne s’étaient même jamais posé
la question : j’ai parfois le sentiment de leur faire redécouvrir un univers un peu oublié. C’est très étonnant si l’on pense à
l’histoire de la photographie et à ses origines ainsi qu’à toutes les œuvres des grands noms de la photo…
Outre l’univers chromatique de tes images, tu utilises souvent un format carré, là encore peu abordé par les autres
photographes nature. Est-ce uniquement pour cadrer sur le point le plus important du sujet ou pour aiguiser l’imagination sur
l’environnement de l’animal ? Ou peut-être encore est-ce une question d’esthétisme du rendu ? Explique-nous ce choix.
J’aime souvent aller à l’essentiel. On se pose souvent moins de question avec le format carré. Hauteur ou Largeur ? La
composition de l’image ne prend pas le dessus sur le sujet, ne vient pas perturber le regard. Et puis souvent j’aime aussi rentrer
dans mon sujet, remplir l’image, le carré favorise cela.
Lors d’une exposition à Namur en 2008, tu m’avais présenté tes clichés en insistant sur le regard (et l’attitude) presque
humain de certains animaux. Finalement, tu es un portraitiste de la faune sauvage ? Justement, as-tu des inspirations dans
ton travail : naturalistes, photographes, artistes… ?
Comme je le dis plus haut, le travail de l’américain Peter Beard dans « The end of the game » paru pour la première fois dans les
années 60 a été une source d’inspiration, bien que je n’ai découvert son travail qu’assez récemment, mais surtout de
compréhension de l’Afrique et de sa faune . Ensuite, lorsque je photographie, je ne me pose pas trop de questions : j’aime
laisser faire mon instinct, j’aime laisser une chance au hasard et à la chance et j’essaie de profiter pleinement de tout ce que la
nature m’offre sans attente particulière : portraits, mouvements… Par contre je ne suis pas trop paysages : en Afrique, les
animaux prennent déjà toute la place…
Après tes fameuses séries d’Afrique de l’est, qu’envisages-tu à court terme comme reportages et destinations
photographiques ? Ne serait-ce pas, justement, l’occasion d’immortaliser de nouvelles espèces voire paysages ? Comment
comptes-tu renouveler tes travaux en gardant cette originalité ?
D’abord il y a beaucoup de nouvelles images à découvrir sur mon site : j’y ai récemment ajouté un portfolio sur mes 7 dernières
années. J’aime prendre mon temps pour faire les choses. Sans avoir fait le tour du continent africain, j’y retournerai bientôt,
j’envisage pour cette année d’élargir mon horizon à d’autres destinations que vous découvrirez prochainement, tout en essayant
de garder une identité forte et une cohérence dans mon travail qui se poursuivra bien sûr en noir et blanc…
Je sais qu’il est presque impossible de décrire son meilleur souvenir. A l’inverse, j’aimerais te demander si tu as encore en
mémoire une image qui était à ta portée (en terme de situation, conditions…) … que tu as malheureusement ratée ?
Mes meilleures images sont bien sûr toutes celles que j’ai ratées : des souvenirs de photos manquées, j’en ai plein la tête. Face
au grand spectacle, sans cesse renouvelé, offert par la nature, il convient de se montrer humble car on ne réussit souvent à
immortaliser qu’une infime portion de cette infinie beauté…
Fin 2009 s'est déroulé le festival de Montier-en-Der, pour lequel tu as signé l’affiche et présenté une exposition. Tu peux nous
en dire un peu plus ?
J'ai été très heureux de participer à cet incroyable événement qu’est devenu Montier et qui s’enrichit un peu plus chaque
année. Faire l’affiche du festival a été une bonne surprise (c’est la première affiche monochrome en 13 éditions) et un grand
bonheur, signe que le noir et blanc, je l’espère, peut séduire aussi en animalier. A cette occasion, parallèlement à l’exposition «
Beau et Vital », j’y ai présenté également mon livre « Terre des Lions » aux éditions Altus, imprimé en France avec des encres
végétales sur le premier papier moderne 100% recyclé qui vient de paraître, toujours en partenariat avec le WWF France qui a
notamment signé la préface et à qui 1 euro sera reversé pour chaque livre vendu.
Merci Laurent, bonne continuation pour 2010 !
Les images de Laurent Baheux sont à découvrir sur son nouveau livre "Terre des lions" via le site laurentbaheux.com