BARRY LYNDON de Stanley Kubrick - Grande
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BARRY LYNDON de Stanley Kubrick - Grande
B A R RY LY N D O N de Stanley Kubrick - Grande-Bretagne – 1975 – 3h04 Couleurs - Vostf Un dossier de l'espace Histoire-Image de la médiathèque de Pessac dans le cadre des CinéMémoires de l'Association des cinémas de proximité en Aquitaine (ACPA) et du Pôle régional d'éducation artistique et de formation au cinéma et à l'audiovisuel en Aquitaine Scénario : Stanley Kubrick d'après “Les mémoires de Barry Lyndon” de William Makepeace Thackeray Photographie : John Alcott Montage : Tony Lawson Musique : Leonard Rosenman ; The Chieftains Costumes et décors : Ken Adam Conseiller historique : John Mollo Production : Peregrine ; Stanley Kubrick Producteur exécutif : Jan Harlan Producteur associé : Bernard Williams Sortie en France 08 septembre 1976 Dates de tournage : 1974 (10 mois) Lieux de tournage Allemagne, Grande-Bretagne, Irlande 4 Oscars en 1976 Interprétation Ryan O'Neal (Barry Lyndon) Frank Middlemass (Sir Charles Lyndon) Marisa Berenson (Madame de Lyndon) André Morell (Lord Wendover) Patrick Magee (le chevalier) Arthur O'Sullivan : bandit de grand chemin Hardy Krüger(le capitaine Potzdorf) Godfrey Quigley (le capitaine Grogan) Steven Berkoff (Lord Ludd) Leonard Rossiter (le capitaine Quin) Gay Hamilton (Nora) Philip Stone (Graham) Marie Kean (la mère de Barry) Leon Vitali Diana Körner (la jeune fille allemande) Michael Hordern Murray Melvin (Lord Bullingdon) (la voix du narrateur) (le révérend Runt) Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 1- Résumé En Irlande, au XVIIIe siècle, Le jeune Barry s 'éprend de sa cousine Nora qui lui préfère un rival qu'il croit tuer en duel. Contraint de s'enfuir, dépouillé par des bandits de grand chemin, il s'engage dans l'armée anglaise et participe sur le continent à la guerre de Sept ans. Il apprend d'un ancien ami, le capitaine Grogan, que Quin n'est pas mort et qu'il a épousé Nora. Il déserte, est recruté par les Prussiens de Frédéric II puis chargé de surveiller le chevalier de Balibari, un espion autrichien d'origine irlandaise comme lui. Mais il lui confesse sa mission. Les deux hommes sympathisent et s'adonnent au jeu et aux duels tandis que Barry séduit la comtesse de Lyndon. Après le décès de son vieux mari, Barry épouse la jeune femme dont il a un fils Bryan auquel il est très attaché. Il dépense sans compter pour arriver à s'attirer les faveurs de la cour et obtenir le titre de Lord. Il néglige sa femme, la trompe et s'attire la haine du premier fils de la comtesse, lord Bullingdon. Avec la mort accidentelle de Bryan commence la déchéance de Barry : sa femme tente de se suicider, il sombre dans l'alcoolisme et après un duel avec lord Bullingdon où il perd une jambe, il est chassé d'Angleterre, dépossédé de tout. Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 2- Bio-filmographie Stanley Kubrick 1928 (New-York) – 1999 (G-B) Stanley Kubrick est sans doute le metteur en scène le plus atypique de tous ceux qui ont travaillé dans l'industrie du cinéma américain. D'abord jeune photographe au magazine Look, il tourne en 1951 un court documentaire, Day of the Fight, sur la journée du boxeur Walter Cartier, déjà sujet d'un de ses photos-reportages. A vingt-cinq ans, il se lance dans son premier long métrage, Fear and Desire, dont il cosigne le scénario tout en assurant la mise en scène, le montage et la photographie. Il récidive en 1955, avec Le Baiser du tueur tourné dans les rues de New-York, film d'auteur quelques années avant la Nouvelle Vague, qui va en imposer le genre. Amoureux de la technique, qu'il maîtrise à la perfection, il est aussi un cinéphile impénitent qui a fait ses classes au Musée d'Art Moderne de New-York en visionnant les classiques, d'Eisenstein à Lang et Chaplin, après avoir fréquenté les salles populaires de son quartier natal, le Bronx. Lecteur vorace, il s'initie en particulier à la réflexion sur le jeu de l'acteur en lisant les traités du metteur en scène russe Stanislavski. L'enfant prodige se retrouve à Hollywood et tourne L'Ultime Razzia (1956), histoire d'un hold-up sur un champ de courses, construit d'une manière singulièrement originale qui bouscule la chronologie. Il franchit une nouvelle étape l'année suivante grâce à l'accord de la star Kirk Douglas, qui interprète Les Sentiers de la gloire, une peinture impitoyable de jeux de pouvoir au sein de l'armée française pendant la Première Guerre Mondiale. Le film, qui attendra plus de quinze ans avant de sortir en France, établit la réputation du Kubrick. Après avoir été engagé par Marlon Brando pour écrire et mettre en scène La vengeance aux deux visages, il se voit subitement remplacé par le comédien, qui décide de réaliser lui-même le film. Kubrick se morfond et finit par accepter, en 1960, la proposition de Kirk Douglas, producteur de Spartacus, de reprendre le tournage après le licenciement d'Anthony Mann. Pour la première et dernière fois, le cinéaste n'est pas le maître du jeu, n'ayant aucun droit de regard sur le scénario et dirigeant des comédiens qu'il n'a pas choisis. L'expérience lui servira de leçon, il prend ses distances avec Hollywood et s'installe à Londres, qu'il ne quittera plus. Il tourne Lolita (1962), et assure dorénavant la production de tous ses films en choisissant chaque fois une compagnie américaine, la Columbia pour Docteur Folamour (1963), la MGM pour 2001 : L'Odyssée de Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 3- l'espace (1968), et la Warner pour tous ses autres films, Orange mécanique (1971) Barry Lyndon (1975), Shining (1980), Full Metal Jacket (1987)... Cette oeuvre personnelle et visionnaire, qui fait de Kubrick un des cinéastes majeurs de l'histoire du cinéma, est presque toujours née d'adaptations littéraires. Kubrick écrit seul, ou en collaboration parfois, des scénarios inspirés par les écrivains les plus divers, tels Arthur Clarke, Vladimir Nabokov ou Anthony Burgess, en les pliant à sa vision pessimiste de l'humanité. De même, depuis 2001, la musique des ses films est puisée dans le répertoire classique et contemporain, ce qui lui permet des contrepoints saisissants, comme celui du « Beau Danube Bleu » sur des images d'astronefs dans le cosmos. Il exerce un contrôle absolu sur ses films, du scénario à la caméra et au montage, sa passion de toujours, mais aussi sur le tirage des copies, le choix des affiches et des salles, le doublage à l'étranger. Ses films d'ailleurs, racontent souvent l'histoire d'un plan minutieusement monté (la stratégie de généraux dans Les Sentiers de la Gloire ou l'attaque nucléaire de Docteur Folamour), qui échoue par son incurie ou par le déchaînement des passions humaines. Quels que soient les progrès de la technique, l'homme ne change pas : il reste aux yeux du cinéaste le prédateur qu'il a toujours été, un être pusillanime, inconstant et irrationnel. Kubrick aborde chaque fois un genre nouveau : film historique, science-fiction, horreur, film de guerre, pour en tirer des accents inédits et en donner des variations insurpassables. Noire illustration des crises de la civilisation, son oeuvre est aussi une suite étonnante de poèmes visuels, riche d'images marquantes, de l'hôtel hanté de Shining à la salle de guerre de Docteur Folamour, du cerceau de l'ordinateur de 2001 aux masques poudrés de Barry Lyndon. Homme de spectacle, il est aussi homme de réflexion, mais sa passion pour les concepts (il est un joueur d'échec émérite) n'a d'égal que sa fascination pour les comédiens dont il tire des interprétations toujours singulières et parfois improvisées. L'humour sardonique de bon nombre de ses films n'est qu'une des formes de son désenchantement face à un monde guetté par la folie et la mort, qui le fascinent et l'angoissent. La petite encyclopédie du cinéma. RMN, 1998 Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 4- Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 5- Barry Lyndon, un homme ordinaire « Les films historiques ont ceci de commun avec les films de science-fiction qu'on tente d'y recréer quelque chose qui n'existe pas. » Stanley Kubrick, 1976 Barry Lyndon demeure effectivement un film d'une beauté saisissante, à la fois emblématique du travail du maître et sans doute l'un des sommets absolus d'un genre, le film historique, duquel il se démarque fortement, avec sa tonalité tragique et retenue qui entre en collision avec la beauté des images, des costumes et les émotions des personnages. À la fois distant et glacé mais curieusement envoûtant et émouvant, et comme tous les films de Kubrick, un film qui subjugue et qui fascine, à tous niveaux impeccable et transcendant. http://www.travellingavant.net/barry_lindon.htm « Dixième film de Stanley Kubrick, Barry Lyndon, odyssée du temps, répond à l’Odyssée de l’espace réalisé sept ans plus tôt. Entre les deux films, Orange Mécanique (1971). Ces trois titres successifs, dans leur extrême diversité, indiquent assez la volonté de Kubrick de se renouveler, de surprendre et d’opter pour un traitement radical des genres cinématographiques. Comme toujours, l’envol de son imagination ne peut s’opérer qu’à partir d’un fonds de documentation vaste et précis. Si 2001 donnait pour la première fois au spectateur d’un film de science-fiction la sensation de se retrouver dans l’espace, Barry Lyndon nous plonge dans le XVIIIe siècle grâce à une reconstitution minutieuse »1 Barry Lyndon, comme la grande majorité des films de Kubrick, est une adaptation dont il a écrit le scénario seul. Kubrick a échoué sur le financement de son Napoléon, un projet auquel il tenait beaucoup depuis des années, mais veut toujours réaliser une fresque historique. Il tire son film d'un roman picaresque, classique anglais presque oublié de 1844 de William Thackeray, retraçant les épreuves, tribulations et mésaventures de l’Irlandais Redmond Barry, raconté à la première personne, sous le règne de George III au XVIIIe siècle. Le film conserve le contexte historique de la guerre de Sept ans2 et de nombreux épisodes mais Kubrick a vu dans l’adaptation de ce roman 1 2 Michel Ciment. 100 films pour une cinémathèque idéale. Cahiers du cinéma, 2008 Conflit majeur du XVIIIè, qui donne naissance à l’Empire Britannique. Il oppose la France, la Grande-Bretagne et Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 6- la possibilité d’explorer des formes visuelles (c’est un film de prouesses techniques et esthétiques) et dramatiques. Il lui permet de continuer à aborder les thèmes qui lui sont chers : la recherche de l’expression du comportement mental de l’homme avec un personnage qui n’est pas un héros mais un homme comme les autres avec ses contradictions, ses tensions. Fruit d'un travail colossal, le tournage et le travail de montage s'étala sur une période de plus de trois ans. La légendaire réputation du perfectionnisme maniaque de Kubrick, qui peut tourner une scène des dizaines de fois avant d'être pleinement satisfait, appliquée à un film dont l’ambition est le réalisme esthétique d’une époque, augure de la complexité de la réalisation et des prouesses effectuées. La grande exigence, l’obsession du détail et l'aspect impeccable de chaque scène marquent définitivement Barry Lyndon comme un film porté par l’esthétique et le pictural. Un film Pictural « L’objectif de la caméra devait voir ce que voyait l’œil » Pour répondre à une justesse de reconstitution des décors, des costumes, des ambiances de l’époque, le film est basé sur un travail de composition plastique élaboré à partir d’une multitude de références picturales. Tout le film fut tourné entièrement en décors naturels et dans des bâtiments d’époque, avec des références très documentées à la peinture du XVIIIe siècle. Kubrick avait constitué une sorte de bible d’archives de peintures, pour recréer avec la plus grande justesse les décors, costumes, attitudes et lumière. Les paysages de Gainsborough, les scènes de William Hogarth, Stubbs, Constable, Zoffany furent ses piliers pour accomplir sa volonté de filmer dans l’esprit des peintres avec les énormes difficultés techniques qui en découlent. La richesse picturale et l’extraordinaire achèvement visuel s’expriment dans chaque scène, tant au niveau des costumes, des décors, du jeu et de la posture des acteurs, de la composition du cadre (et du temps donné à sa contemplation) et surtout de l'exceptionnel travail sur les couleurs et la lumière. Le travail de John Alcott, chef opérateur attitré de Kubrick depuis 2001, trouve ici un accomplissement avec l'une des l’Autriche à la Prusse mais devient une guerre générale européenne s’étendant sur le front des colonies Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 7- particularités du film : l'éclairage. Aucune lumière artificielle n’est employée, Kubrick et John Alcott n'utilisant tout au plus que quelques écrans et réflecteurs afin de mettre en valeur la luminosité naturelle. Pour plusieurs scènes intérieures, afin de recréer et de respecter l'atmosphère et la luminosité de l'époque, Kubrick se sert uniquement de bougies, des centaines parfois dans une seule pièce (qu'il faut constamment entretenir et remplacer). Pour obtenir un rendu satisfaisant pour l'enregistrement de l'image, ils innovent en utilisant pour la première fois un objectif Zeiss à la fois ultra sophistiqué et très sensible, optique présent dans un satellite de la NASA (comme il le fera avec la steadycam, Kubrick révolutionne les aspects techniques de l'art même de filmer). Le résultat donne à l’image un effet à la fois ouaté et figé mais vibrant qui traduit bien la posture picturale d’un tableau. De telles contraintes étayent le point de vue même du film tout comme la musique et l’attention portée à l’utilisation du son et de la (non)parole. Le son du film : musique, voix off et silence des dialogues "Il est certain que les scènes les plus fortes, celles dont vous vous souvenez, ne sont jamais des scènes où les gens se parlent, ce sont presque toujours des scènes de musique et d'images. Ce serait intéressant de voir un film entièrement réalisé ainsi..." Stanley Kubrick, 1972 Kubrick en grand perfectionniste a aussi travaillé la musique qui est pour lui une source incontournable d’expression dans ses films. "Le choix de la musique va de pair avec la stylisation que nous recherchons." L’époque est donc aussi recréée suite à une investigation sur la musique de la période concernée. Le souci d’authenticité se retrouve dans le choix des musiques militaires (hymnes des armées, musiques militaires, martiales qui accompagnent les batailles et les défilés des armées) ou du groupe The Chieftains, un groupe folklorique irlandais (fondé en 1962) spécialisé dans l’interprétation de Sean O’Riada qui abordait le répertoire traditionnel de manière quasi éthnomusicologique. Le thème mondialement connu, Woman of Ireland (thème sentimental) est décliné pendant tout le film avec des arrangements différents. Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 8- Kubrick, grand passionné des stratégies militaires (il a beaucoup filmé l’incohérence, la stupidité et l’horreur de la guerre qui déshumanise) fait un parallèle entre guerre et musique. Il compare l’esthétique d’une bataille avec un morceau de musique et pointe la contradiction entre cette beauté formelle et les conséquences de la guerre. De grands thèmes classiques3 de musique baroque sont réorchestrés pour la plonger dans le XVIIIe siècle. La musique participe au formalisme du film, elle le structure mais même avec un traitement naturaliste elle peut aussi servir de contrepoint ironique (par exemple, l’exécution d’un concerto de Bach, modèle d’ordre et de sérénité, joué dans le salon de Lady Lyndon, qui se termine par un violent pugilat au sol entre Barry et son beau-fils). Le parti pris de la narration, la voix off, n’est plus à la 1er personne comme dans le roman, mais à la 3eme. Cela lui donne une fonction de commentateur – narrateur, avec un ton neutre et distancié qui apporte des éléments factuels de compréhension du récit mais glisse aussi vers des descriptions sans concessions des évènements allant jusqu’à désamorcer tout effet de surprise. Le narrateur annonce ou fait le post-scriptum d’une scène qui se charge d’ironie. L’économie de dialogue renforce encore la distanciation (avec ces zooms arrière récurrents qui s’éloignent de l’action pour embrasser la totalité du champ). Les dialogues sont absents de certaines scènes (la scène de la rencontre avec Lady Lyndon est muette, seules jouent l’ambiance de l’éclairage à la bougie, la montée du désir et l’attirance charnelle) et se font de plus en plus rares avec l’avancée du récit, surtout pour Barry dont la déchéance est associée au mutisme. L’homme ordinaire du monde Kubrick, malgré son obstination de la reconstitution, « ne vise pas tant le réalisme qu’une emprise démiurgique. Son film se veut un théâtre du monde : société de classes, guerres, manœuvres diplomatiques, espionnage, rapport filiaux, naissance, mariage et 3 Leonard Rosenman, d'après des oeuvres de Jean-Sébastien Bach (Concerto pour deux clavecins et orchestre en ut mineur), musiques de Haendel (Sarabande), Mozart (Idoménée), Paisiello (Le Barbier de Séville), Schubert (Danse allemande no 1 en do majeur, Trio pour piano en mi bémol), Vivaldi (Concerto pour violoncelle en mi mineur) Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 9- mort, amour conjugal et adultère, jeux et duels. »4 Le témoignage social sur une époque est sous jacent avec la dénonciation de ce monde des nobliaux, grotesque voire répugnant dans un siècle de faux-semblants. « Devant ce « héros » à la fois sympathique et méprisable et devant ceux qui l’entourent – qu’il s’agisse de la Comtesse de Lyndon, grande dame et grande dinde, toujours en pâmoison, soit amoureuse, soit religieuse ; de son fils Lord Bullingdon, ennemi mortel de Barry ; d’un chapelain à la longue figure et aux sournoiseries tartuffesques ; du chevalier de Balibari ou des soudards de la première partie – devant la comédie humaine que ces pantins animent, deux mots peuvent résumer l’attitude de Stanley Kubrick : ironie et pessimisme. Se tenant à distance, observant d’un œil froid son petit monde, Kubrick se moque de tous et de tout (…) et finalement de leur égalité devant le néant. Cette ironie, cette causticité déterminent évidement l’œuvre. Malgré ses couleurs riantes, ce monde peuplé de canailles et de sots est un monde crépusculaire, touché à mort, un futur champ de ruines. Une lumière tragique l’éclaire. A la dernière image, nous sommes en 1789 et pourtant l’aube semble encore loin »5 Comme avec Orange Mécanique (et les parallèles sont nombreux), Kubrick nous raconte l'ascension et la chute d'un homme tiraillé par ses propres ambitions et velléités, par sa liberté, par l'implacable mécanique de la société qui le moule et le façonne, et qui moule aussi son destin. On trouve le côté bi-polaire, de la grandeur à la décadence de Barry qui n’est ni héros, ni méchant, pour qui on éprouve attraction (le rôle de Barry est donné à Ryan O’Neal jeune premier de Love Story en 1971) et répulsion, sympathie mais chez qui on voit aussi vite les faiblesses. Quelle est réellement sa destinée ? Barry se réalise dans l’action mais dès qu’il obtient tout, sa chute débute, il perd son fils (son seul amour), il se retrouve seul, on ne l’entend plus, il dépérit. A la fin du film, il s'efface petit à petit même si malgré sa déchéance il a toujours son libre arbitre car il décide de ne pas tirer sur Lord Bullingdon lors du duel final. Barry est bien ce non-héros, homme ordinaire qui comme tous finira par mourir. « Film historique, épopée romanesque, conte philosophique à grand spectacle, Barry 4 Michel Ciment. 100 films pour une cinémathèque idéale. Cahiers du cinéma, 2008 5 Jean de Baroncelli. Une comédie que des pantins animent. Le Monde, 09/09/1976 Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 10- Lyndon est tout cela à la fois. Peu importe d’ailleurs le genre auquel il appartient. Ce film est un grand film qui donne à voir, à rêver, et (si le cœur vous en dit) à réfléchir. L’œuvre d’un cinéaste que le passé a littéralement inspiré. Une somme et un accomplissement »6 A sa sortie, le film fut surtout un succès en France (il décontenança la critique anglosaxonne) et reste une œuvre unique et envoûtante. Les chapitres du film Part I : Comment Redmond Barry acquit le titre de Barry Lyndon Part II : Malheurs et désastres qui frappèrent Barry Lyndon Epilogue : Ces personnages vécurent sous le règne de George III. Bons ou méchants, beaux ou laids, ils sont tous égaux à présent. 6 Jean de Baroncelli. Une comédie que des pantins animent. Le Monde, 09/09/1976 Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 11- Présenter un film du patrimoine Quelques repères Le public quel est-il ? La présentation doit tenir compte du public accueilli (classes, groupes divers, public habituel, cinéphiles...) qui a des attentes différentes Intérêts de la présentation Compléter une culture cinématographique Une découverte ou redécouverte dans de bonnes conditions, en grand écran Donner accès à des films oubliés Porter un regard différent, nouveaux sur des films qui appartiennent à l'histoire du cinéma Partager une passion pour un film, pour le cinéma, communiquer son plaisir (le « gai savoir » ) Choisir le moment de l'intervention : Parler avant et/ou après le film ? avant : présenter le contexte, relever les points d'intérêts (la difficulté étant de ne pas déflorer l'intrigue du film) après : proposer une analyse plus précise et un échange avec la salle Les besoins pour construire sa présentation : Se documenter (ouvrages...) Une certaine culture cinématographique et connaissance du film sont nécessaires. Quelques pistes pour construire la présentation : Mettre l'accent sur certains passages même si le film n'est pas connu Replacer le film dans son contexte, le genre qu'il représente, le mouvement auquel il appartient ou pas Donner quelques clés essentielles sur le film : un retour sur l'histoire de.. ; un personnage incontournable, à l'écran ou dans la production ; le décryptage de certaines scènes importantes pour le sens, dans leur construction formelle l'origine des réalisateurs la réception du public à l'époque Laisser une trace écrite Fiche spectateur Chronologie... Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 12- Documents disponibles pour les bibliothèques Ouvrages Les écrans sonores de Stanley Kubrick. Antoine Pecqueur. Ed. du point d'exclamation, 2007 Stanley Kubrick. Michel Ciment. Calmann-Lévy, 1999 Stanley Kubrick : une vie en instantanés. Christiane Kubrick. Cahiers du cinéma, 2002 Stanley Kubrick : un poète visuel, 1928-1999. Paul Duncan. Taschen, 2003 The Stanley Kubrick Archives. Taschen, 2005 Stanley Kubrick : l'humain, ni plus ni moins. Michel Chion. Cahiers du cinéma, 2005 Stanley Kubrick. Bill Krohn. Cahiers du cinéma, 2007 Dossier Kubrick. In Tausend Augen. N°10, août 1997 Traité du combat moderne : films et fictions de Stanley Kubrick. Jordi Vidal. Allia, 2005 Films Le Baiser du tueur. US, 1955 Les sentiers de la gloire. US, 1958 Lolita. GB, 1962 Docteur Folamour. GB, 1963 2001 : l'odyssée de l'espace. US, 1968 L’exorciste / Shining. EU, GB, 1973 Barry Lyndon. US, 1975 Full Metal Jacket. GB, 1987 Eyes Wide Shut. US, 1999 Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 13- Sites http://www.kubrick.fr/ http://www.travellingavant.net/barry_lindon.htm http://www.cadrage.net/films/barrylyndon/barrylyndon.html Dossier documentaire – espace Histoire-Image – Médiathèque de PESSAC - 14-