Magazine Victoire 18.02.12
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Magazine Victoire 18.02.12
SAMEDI 18 FÉVRIER 2012 MAGAZINE N° 234 DES CASTINGS GALÈRES AUX TÊTES D’AFFICHES, COMMENT VIVENT LES COMÉDIENS BELGES ? JEUX DE RÔLES Ma bulle de confort Installez-vous... Et laissez-vous envahir par une sensation de bien-être et de légèreté. Qu’il soit en cuir ou en tissu, votre fauteuil Stressless® vous procurera un confort douillet. Laissez-vous aller et il suivra naturellement tous vos mouvements quelle que soit votre position. Ne cherchez pas plus loin, votre confort repose de toute évidence dans un Stressless®. Faites-nous confiance : THE INNOVATOR S OF COMFORT™ ( 1 ) venez l’essayer chez votre revendeur agréé. Le Système Plus™ Stressless® garantit un soutien synchronisé de la tête et de la région lombaire pour un confort optimal. Le dossier épouse ainsi votre corps dans tous vos mouvements. La têtière s’ajuste automatiquement pour vous permettre de lire ou de regarder la télévision, même en position inclinée. La fonction sommeil s’actionne d’un simple geste. 100 coloris au choix Modèle présenté : fauteuil et pouf Stressless® Blues en cuir Paloma Cerise. (1) Pour un confort ultime, ajustez la molette Stressless® une fois pour toutes et votre fauteuil suivra naturellement tous vos mouvements. Les innovateurs du confort Pour télécharger ou recevoir un catalogue gratuitement www.stressless.be Fabriqué en Norvège SOMMAIRE 18 FÉVRIER 2012 03 Travailler tous les jours, étudier, se remettre en question, chercher, répondre aux questions, remplir des formulaires, se justifier, gérer le statut, plaire, attendre un appel, surmonter les non-dits, les petites phrases, travailler le soir, douter, dépendre d’un subside, espérer, ne pas convenir, trop grand, moins bien que l’autre, être repéré, jugé, engagé, travailler la nuit, s’exposer, tenir le haut de l’affiche, tenir, avoir de la chance, rencontrer la bonne personne, inviter les amis, écouter les critiques, ne pas critiquer les amis, travailler sur le côté, répondre aux journalistes, sur l’inspiration, la guerre, la règle d’or, le prix du pain, trouver l’inspiration, souffler, s’exposer, ne pas décevoir, ne pas se lasser, ne pas ennuyer, toucher, marquer, être compris, se tromper, être oublié, être acclamé, attendre le rappel, revenir, durer. Artiste n’est pas un métier, c’est bien pire. Que feraient les artistes sans le public ? De l’art, quand même. Mais que ferait le public sans les artistes ? Merci à eux. Anne Pochet, Directrice de la publication. 08 18 34 AGENDA 04 Au lit avec Bernard Yerlès ENVIES En couverture Photo : Nicolas Velter assisté par Karim Nuyttens et Jonathan Du Mortier. Retouches : Jean-Michel Goumet. Stylisme : Sandra Herzman@C’est Chic. Coiffure et maquillage : Edith Carpentier@C’est Chic. Mannequin : Boris Messenger. 08 La case du mois 09 Du monde au balcon ? 10 Daniel Cap 11 5 bonnes raisons de voir l’expo « Une sérieuse tendance à la curiosité » 12 Mani, soul brother GPS – AIR DE FAMILLES 18 20 34 42 53 À bras ouverts Jeux de rôles Profession acteur Premier rôle, seconde vie Mises en scène TENDANCE EXPO PORTRAIT DOSSIER 44 L’Étoile fait son cinéma CUISINE 48 Mille saveurs GPS – À LA CARTE 51 Le retour des anciens GPS – PAGE 69 55 Sexe-art INFOS 56 Contacts/Adresses/Offres d’abonnement PHILIPPE GELUCK 57 Le Chat JO LONDON 2012 58 Jean-Michel Saive ★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★ victoire vous attend www.facebook.com/magvictoire ★ www.twitter.com/magvictoire ★ ★ par téléphone au : 02 225 53 03 ★ contacts commerciaux : p. 56 ★ en ÉDITION ÉLECTRONIQUE sur www.victoiremag.be ★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★★ –20 20% % sur les livres jeunesse de la p. 53 Valable du 18/02 au 24/02. ✁ victoiremag.be ★ ★ sur son site et ses blogs : ★ par mail : [email protected] ★ par courrier : 100 rue Royale, 1000 Bruxelles en vidéo sur www.victoiremag.be ★ sur le blog tendance de www.victoiremag.be ★ concours ★ Sur présentation de ce bon. Valable dans toutes les fnac de Belgique. Non cumulable avec d’autres promotions et hors fnac.be 04 18 FÉVRIER 2012 AGENDA 13 H DANS LA BIBLIOTHÈQUE DE LA MAISON DE LA BELLONE. Peignoir, Hom par Alexis Mabille, 35 €. La collection Marilyn Monroe, à la Bibliothèque des Arts du spectacle, sur location. Couette Henny Ruta et oreiller Gosa Aster, Ikea, 19,95 € et 5,99 €. Coussin en toile de jute British, Maison du monde, 49 €. AGENDA 18 FÉVRIER 2012 05 AU LIT AVEC BERNARD YERLÈS Formé sur les planches du théâtre, il s’est imposé à la télévision et au cinéma avec son look de baroudeur au grand cœur. À 51 ans, il revient au pays en enfilant le blouson de cuir du commissaire Maransart. Par Gilles Bechet. Photo Julie Calbert. Stylisme Marion Velghe. Adresses p. 56. Quel genre de dormeur êtes-vous ? Je dormirais n’importe où et n’importe quand. Je suis spécialiste des petites siestes de 10 minutes qu’on appelle aussi siestes Dali ou siestes Napoléon, suivant les références. Où dormez-vous le mieux ? Dans une maison où j’allais déja en vacances, enfant. Il y a une petite rivière qui distille un bruissement. J’y dors comme un bébé. J’y fais des rêves hallucinants, je pense que c’est dû à la présence de l’eau. L’endroit le plus improbable où vos avez dormi ? Avec ma première amoureuse, on a voulu rejoindre ma mère à Saint-Jean de Maurienne. On est arrivés tard le soir dans la montagne. On a décidé de faire le dernier bout à pied. C’était le noir absolu et on marchait avec de plus en plus d’inquiétude. On s’est laissés tomber sur le côté de la route et on a dormi racrapotés dans le bas côté. Où rêvez-vous de vous réveiller ? Dans un chalet, au fin fond du Canada. J’ouvrirais le volet pour me retrouver en pleine forêt. Une image d’Épinal. ★ Samedi 18/02 J’irai voir « Les Trois Sœurs » de Tchekhov dans une mise en scène de Michel Dezoteux. C’est avec lui que j’ai le plus travaillé en Belgique et j’apprécie toujours son travail. Il s’empare ici d’un texte magnifique sur les espoirs et les illusions qui font la musique de la vie. Les Trois Soeurs jusqu’au 03/03 à 20 h 30, Théâtre Varia, 78 rue du Sceptre, 1080 Bruxelles, T. 02 640 82 58, www.varia.be Entrée : de 10 € à 20 €. ACTU Bernard Yerlès a terminé le tournage de la saison 3 de « Mes amis, mes amours, mes emmerdes » où il partage l’affiche avec Bernard Madinier et Florence Pernel. Diffusion en avril sur la RTBF avant TF1. « 84 Charing Coss Road » d’Hélène Hanff, qu’il a mise en scène, sera en tournée en France. En mars, sortira en France « Mes plus belles vacances », de Philippe Lellouche où il a enfilé le chandail d’un marin breton. 18 FÉVRIER 2012 AGENDA Samedi PHOTO : DR 18/02 Xavier Vehroest vit au Kenya depuis plus de dix ans. Un pays où des centaines de milliers de personnes ont été déplacées pour vivre dans des conditions très précaires dans l’indifférence générale. Touché par cette situation, l’artiste est allé à la rencontre de ces gens sans toit. Il en a tiré un travail qui juxtapose des peintures et des collages tels des paysages mentaux avec des sculptures inspirées de leurs abris dérisoires. Une plongée dans la mémoire de l’ailleurs. I have only what I remember, Xavier Verhoest, jusqu’au 24/03, samedi de 14 h à 19 h, Roots Contemporary, 33 rue du Collège, 1050 Bruxelles, T. 0474 611 263, www.r8ts.eu Gratuit. Dimanche 22/02 À l’occasion du festival Anima, le ciné liégeois met les petites bobines dans les grandes avec un double programme. Le premier explore les relations incestueuses et fructueuses entre l’animation et les jeux vidéo. L’autre est consacré à l’animation de rue, ou quand les animateurs déboulent dans la rue pour se frotter aux graffes et au street art, ils prennent un coup de l’air du temps et font swinguer le bitume. Anim & Games + Street Animation, à 20 h, Cinéma Churchill, 20 rue du Mouton Blanc, 4000 Liège, T. 04 222 27 78, www.grignoux.be Entrée : 5€, 6€. Jeudi 23/02 Ce dimanche, c’est les Bozar Sundays, une journée de découvertes et d’animations pour toute la famille. Dans la salle Le Bœuf, le Quatuor Modigliani interprétera des pièces de Haydn et de Debussy. Après le concert, une rencontre animée par un journaliste de Musiq’3 donnera au public l’occasion de s’entretenir avec les musiciens de la douceur d’un coup d’archet et du silence après une envolée de doubles croches. Au premier regard sur les pièces de Dorothée Loriquet, on ne pense pas céramique. Des couleurs pop roses, bleues ou vertes. Des formes organiques comme un instantané d’un perpétuel mouvement. Est-ce un corps, un matériau, un signe ? Peu importe, les courbes rondes, molles et sensuelles défient la matière. L’artiste participe également à la sélection des pièces de la collection permanente de cette galerie dédiée à la céramique contemporaine, installée dans les anciens bains de Forest. Rising Star (Baden-Baden, Köln & Hamburg), Quatuor Modigliani, à 11 h, Palais des beaux-arts, 23 rue Ravenstein, 1000 Bruxelles, T. 02 507 82 00, www.bozar.be Entrée : 8 €. Dorothée Loriquet, jusqu’au 25/02, du jeudi au samedi de 14 h à 18 h, Les Ateliers Galerie de l’Ô, 56a rue de l’Eau, 1190 Bruxelles, T. 0495 28 71 74, www.galeriedelo.be Gratuit. Lundi Vendredi Depuis son premier album en 1988, sa voix rocailleuse et son rock blues dans la filiation de Janis Joplin ont imposé sa présence tranquille et ses textes sincères. Au sommet de sa popularité, elle a balayé les rumeurs en faisant son coming out et en militant pour les causes homosexuelle et environnementale. Après un pas de côté pour cause de cancer du sein, elle a retrouvé la scène aussi généreuse que jamais. Musicienne et chanteuse de jazz, Mélanie De Biasio joue de sa voix de velours douce et rêche à la fois. Puisant son inspiration dans le souffle du blues, elle se montre autant à l’aise dans les standards de Nina Simone et Billie Holiday que dans ses compositions personnelles. Elle a surtout cette précieuse capacité de pouvoir suspendre le temps tout en gardant le tempo. Pour ce concert, elle sera accompagnée de Pascal Mohy au piano. 19/02 20/02 Melissa Etheridge, à 20 h, AB, 110 boulevard Anspach, 1000 Bruxelles, T. 02 548 24 24, www.abconcerts.be Entrée : 36 €. Mardi 21/02 PHOTO : LYDIE NESVADBA. Mercredi Une main tendue à un carrefour, des boucs émissaires faciles, les Roms, gitans, vivent dans nos sociétés, invisibles et trop visibles. La photographe Lydie Nesvadba, dont vous voyez régulièrement le travail dans nos pages, est partie sur la piste des gens du voyage alors qu’elle étudiait encore à La Cambre. De France, d’Espagne, de Roumanie et d’Inde, elle a ramené des images sans pathos, d’une grande évidence plastique et humaine. Aux cimaises également, les B.D. de Kkrist Mirror et les peintures de Gabi Jimenez. Vous avez dit Roms ? Gabi Jimenez – Kkrist Mirror – Lydie Nesvadba, jusqu’au 04/03, du mardi au vendredi de 11 h à 18 h 30, samedi de 11 h à 13 h 30 et dimanche de 14 h à 17 h et de 19 h à 22 h, Centre culturel Jacques Franck, 94 chaussée de Waterloo, 1060 Bruxelles, T. 02 538 90 20, www.lejacquesfranck.be Gratuit. 24/02 Mélanie De Biasio Duo, à 20 h 30, Maison des arts de Schaerbeek, 147 chaussée de Haecht, 1030 Bruxelles, T. 02 240 34 99, www.cultures1030ecoles.be Entrée : 6 €, 10 €. save the date Lundi 27/02 Gagnez 3 x 2 places pour Brad Mehldau Trio, à 20 h, au Bozar. Rendez-vous sur le blog save Son trio est the week de www.victoiremag.be considéré par les critiques comme par le grand public comme un des sommets du jazz d’aujourd’hui. Accompagné de Larry Grenadier à la contrebasse et de Jeff Ballard aux percussions, le pianiste américain Brad Mehldau plongera dans son répertoire et dans de nouvelles improvisations avec la grâce et la rigueur qu’on lui connaît. Brad Mehldau Trio, à 20 h, Bozar, 23 rue Ravenstein, 1000 Bruxelles, T. 02 507 82 00, www.bozar.be Entrée : 15 €, 20 €, 25 €, 30 €. PHOTO : DR 06 Saviez-vous que les mathématiques sont partout? Chaque samedi, 30 livres à collectionner avec Le Soir. CQFD. 9,95!€* le livre De la structure cristallisée d’un flocon de neige au sillage que laisse un bateau dans l’eau ou à la géométrie des fleurs, l’univers tout entier est régi par les mathématiques... D’une grande rigueur scientifique, accessible et agréable à lire, cette collection de 30 livres et 1 DVD démontre que le monde qui nous entoure, de ses aspects les plus quotidiens aux plus extraordinaires, ne peut se comprendre sans les mathématiques! Pour obtenir ces livres (9,95€/pièce), remettez à votre libraire votre bon découpé dans Le Soir. * Hors prix du journal Le Soir Hors grandes surfaces et suivant disponibilités. ON AURA TOUJOURS RAISON DE L’OUVRIR 08 18 FÉVRIER 2012 ENVIES Tourisme My way Par Gilles Bechet, Vincent Engel, Sandra Evrard, Amandine Maziers, Isabelle Roche et Sophie Schneider. Photos DR. CHIC, UN T-SHIRT ! Motardway Un nouveau guide pour les mordus de bécanes qui n’attendent que les beaux jours pour tracer. Prof de français et d’histoire, André Paquay a le don de présenter des petits coins perdus ou très connus de Belgique, avec moult détails et anecdotes croquantes. Ce guide comporte plus de 2000 km d’itinéraires au sein des dix provinces belges, avec dix boucles agrémentées d’une fiche technique qui suggère des visites de musées, parcs, châteaux, une table où s’arrêter... Évidemment, l’auteur ne tarit pas de détails sur la manière d’appréhender les villes et lieux à moto, les accès, style de routes ou parkings. Restons pratique ! Les itinéraires sont présentés carte à l’appui et, pour ceux qui le souhaitent, une version pour GPS est téléchargeable. Franchement bien fait ! Les Gantois d’Alice–Gazouille font dans le T-shirt chic. Fabrication complètement belge, jolies matières avec cachemire et compagnie, détails punchy, coupes branchées... et vingt-cinq des boutiques les plus pointues de Belgique qui ont déjà cédé après seulement deux saisons. T-shirt Brooklyn, Alice-Gazouille, 75 €, T. 0494 26 34 50, www.alice-gazouille.be La Belgique des motards, André Paquay, éd. La Renaissance du livre, 14,99 €. Vinoway Et une route du vin en plus à parcourir : mais pour changer des bordelais et autres bourgognes, les auteurs de ce petit guide se sont réfugiés dans la région de Midi-Pyrénées. Histoire du vin de la région, présentation des châteaux viticoles, des chais de dégustation, des différentes fêtes du vin villageoises, mais aussi toutes les appellations et cépages de ce beau terroir y sont répertoriés. Au-delà de la carte d’identité, on sort aussi de l’excuse de la route du vin pour parcourir des itinéraires qui nous mènent le long de paysages sublimes et d’un patrimoine qui impose de multiples arrêts (Armagnac, Auch, Fourcès, Conques). Le guide propose alors plusieurs adresses pour se loger et se restaurer. Et, bien sûr, les visites de caves de chacun des huit itinéraires. Sur la route des vins de MidiPyrénées, éd. Hachette tourisme, 10,50 €. Pieds légers Les Espagnols de Camper multiplient les collaborations. Dernière en date avec le tonitruant duo de Swash. Sarah Swash et Toshio Yamanaka, tous les deux diplômés du mythique Central Saint Martins College à Londres, sont des férus de souliers imprimés ! Chaussures, Swash pour Camper, 165 €, www.camper.com La case du mois LES VOYAGEURS DU SIÈCLE Basil Thomas, guitariste du groupe Purple Orchestra, est zigouillé dans sa piscine par… des moines en robe de bure. Il n’en fallait pas plus pour éveiller l’attention du trio de la Ligue des Gentlemen tout juste débarqué dans le swingin’ London. Poursuivant la saga de leurs justiciers, arpenteurs du siècle, Alan Moore et Kevin O’Neill les plongent dans un Londres halluciné et décalé pour une traque à un insaisissable mage noir qui culmine avec un délirant concert à Hyde Park. Vous avez dit psychédélique ? La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, Century tome 2, Alan Moore, Kevin O’Neill, éd. Delcourt, 80 p., 14,95 €. DU MONDE AU BALCON ? 18 FÉVRIER 2012 FLEURS COUPÉES Depuis quelques mois, la très chic et prisée Jo Malone a son corner à Bruxelles. La parfumeuse britannique lance trois nouvelles senteurs en édition limitée, toutes les trois conçues autour des odeurs d’un jardin anglais : pivoine et mousse, lilas et rhubarbe, iris et géranium. Sortez vos sécateurs. 09 De théâtre et d’eau fraîche ? Par Sophie Schneider. Parfums édition limitée London Blooms, Jo Malone chez Senteurs d’Ailleurs, 88 € (100 ml), T. 02 511 69 69. Poupoupidou Boutons de manchettes Marilyn Monroe, Atelier 11 pour Café Costume, 120 €, T. 02 513 54 44, www.cafecostume.be LE COUP DE CŒUR DE VINCENT ENGEL Écrivain PURE HUMANITÉ Les narrateurs de ce livre magnifique – qui rappelle Tchekov et Proust par la finesse de ses analyses et la pureté de son style – s’interrogent tous sur l’identité de l’Anglaise, cette femme énigmatique qui est (re)venue hanter Émile, leur ami ou parent. Et tous de faire ce constat : Nous en arrivions à devoir présenter deux versions de la vie de cette femme […]. Une version fictive, une version plus proche de la vérité – parce que si nous avions simplement rapporté ce qui était, nous n’aurions pas livré une image fidèle de ce qu’elle était. Tout est dit et c’est tout le sel de ce récit de bord de mer, dans cette cité balnéaire qui pourrait aussi bien être une station sur la Baltique, à la fin du XIXe siècle, que notre mer du Nord aujourd’hui. Des portraits, une ambiance : celle d’un lieu, d’un temps, mais aussi de la vie : Un jour d’ennui, car le temps ne passait pas, et de panique, car il passait. De l’humanité pure. Un des plus beaux livres de ces derniers mois… L’Anglaise, Catherine Lépront, éd. Seuil, 256 p., 19 €. Ne craignez pas pour nous, les galères, les déceptions, cette angoisse de n’être ni choisi ni désiré et les mauvaises critiques… De tout ça, nous forgeons notre intériorité. Plaignez plutôt notre désarroi quand, sortant de scène, on sent que l’on n’a pas fait de notre mieux, notre tristesse de devoir jouer sans être tout à fait en accord avec le spectacle. Nos doutes devant des salles vides ou un théâtre qui ne ressemble pas à l’idée que l’on s’en faisait. Ayez pitié de notre ego qui nous éloigne parfois du monde et de ses réalités… Bien sûr, il faut bien qu’on bouffe, mais aucun de nous n’a embrassé la carrière pour l’argent ou la célébrité. On n’a juste pas eu le choix : le théâtre s’est imposé à nous comme une passion, une nécessité, une évidence, comme certains choisissent Dieu… C’est comme l’amour : on le fait pour se faire du bien, mais surtout en espérant qu’à chaque fois, ce que nous donnons vous apporte quelque chose : joie, questions, émotions, petite gêne ou juste l’oubli de vos soucis. Qu’importe pourvu qu’il y ait échange… Voici donc quelques spectacles, à buts ouvertement échangistes. Le Raoul collectif et son « Signal du promeneur », qui vient de faire carton plein au Théâtre national, pose la question d’une improbable métamorphose planétaire, les 28/02 et 29/02, www.ancre.be « Nœuds » invite à l’exploration de ce qui nous lie et nous désunit, du 29/02 au 10/03, www.balsamine.be « Faisons des vivants » s’interroge sur la transmission, du 06/03 au 11/03, www.theatredelavie.be Tandis que « Suzy raconte » permet de visiter les souvenirs de Suzy Falk, du 06/03 au 10/03, www.varia.be « Les olives noires », comédiennes chanteuses, ajoutent la mélodie au texte pour faire face au stress, les 03/03 et 08/03 à Liège, www.lesolivesnoires.com « Nuda Vita » danse avec un humour vitriolé les relations de couples les 01/03 et 02/03, www.theatre140.be Et pour qui est rassuré par les auteurs, « Mademoiselle Julie » rappelle que l’amour et le désir peuvent aussi être source de désolation, on l’oublie trop souvent. Du 01/03 au 31/03, www.leparc.be 18 FÉVRIER 2012 ENVIES 10 Tout Net Décalage temporel Vrai vintage ou clin d'œil rétro voire préhistorique, la modernité, c'est jouer avec les époques ! Pola toy Un objet de U c collection qui ne restera pas sur l'étagère ! Polaroid neuf avec flash intégré, livré dans son emballage d'origine. Polaroid 600 Taz, Looney Tunes, 149 €, http://shop.the-impossibleproject.com Dans la boîte Objet éducatif pour rappeler aux enfants comment c'était avant, et accessoirement porte-monnaie exhubérant. En silicone étanche, 5 couleurs disponibles. Porte-monnaie Cassette wallet, OurWorkShop, € 18 env., www.notonthehighstreet.com Rétro-techno echno Pas d'opératrice a bout au de ce fil-là mais un combiné c compatible avec les plus hautes technologies, sans chichis, tout en préservant ses oreilles. 8 couleurs disponibles. Combiné téléphonique Native Union, Moshi Moshi Pop Phone, 30 € env., www.pixmania.be Préhistorique Ava le couteau Avant sui suisse, avant le canif, il y avait… la pierre à tou faire ! À aiguiser, tout co concasser, écraser. O oublie le hachoir On é électronique et on se d dégourdit les doigts. Pierre à aiguiser Homo S Sapiens, Eno Studio, 2 29,90 €, w www.singulier.com « On n’a peur de rien, on assume tout à 100 %. » Venu au théâtre par la voie de l’animation, Daniel Cap trouve une fois de plus dans « L’Oracle de Delphes », au Magic Land, un espace où pratiquer sa passion : la rencontre avec le public. Le pitch ? C’est Rome : il y a des jupettes, des arènes, des combats de gladiateurs, une intrigue amoureuse, une walkyrie écolo, des thermes, de la torture… César attend le retour de son guerrier victorieux, Valérius. Son fils, Adolphus, complote pour être empereur à la place de l’empereur. Les taxes sont honteusement élevées, le peuple gronde, alors on lui propose des jeux… Ce n’est pas que bouffonnerie, dès que Patrick Chaboud peut évoquer l’actualité, il le fait. Il y a un message à découvrir au travers des niveaux de lecture, du décalage et du second degré. La phrase qui tue ? Ridiculus don’t kill him. Ce qui veut dire, en « lapin » : le ridicule ne tue pas ! La preuve, mon fils est toujours vivant. C’est une phrase de l’empereur, qui considère son fils comme une rature, un déchet. Il y a le texte écrit et puis le reste, qui se crée au fil des répétitions, mais aussi des représentations. Le canevas ne bouge pas, mais c’est souple, ça colle à ce qui se passe dans la salle, on rebondit et ça évolue jusqu’à la dernière. Ça s’adresse à qui ? Nous avons un public bigarré. Il y en a pour tous les goûts : des choses très visuelles, ridicules, voire grotesques. Il y a des jeux de mots à deux balles ou plus fins. Même les enfants très jeunes s’y retrouvent. Ça n’a rien à voir avec le théâtre traditionnel. La façon dont on accueille les spectateurs, le décalage des textes… On n’a peur de rien, on assume tout à 100 %. Je dirais juste qu’il faut avoir un peu de temps pour rester après, boire un verre et discuter avec nous. Ce qui me touche au théâtre, c’est la rencontre, le rapport humain et, au Magic, il y a l’espace pour ça avant, pendant et après le spectacle. Que diriez-vous pour convaincre les spectateurs de venir ? À notre époque « pain et jeux », c’est le moment où jamais de venir voir et boire au Magic Land : le verre au bar est à un prix très raisonnable ! Ne pas se prendre au sérieux, c’est important dans la vie, aujourd’hui comme à l’époque romaine. Avoir du recul, une autodérision, c’est une médecine pour garder le moral. ★ L’Oracle de Delphes, du 23/02 au 17/3 à 20 h 30, Magic Land Théâtre, 8-14 rue d’Hoogvorst, 1030 Bruxelles, T. 02 245 50 64, www.magicland-theatre.com OLYMPIQUE On affronte les intempéries en s’habillant comme les champions ! La ligne Formentor de Timberland a été sélectionnée par l’Espagne comme équipement officiel des sportifs qui vont la représenter en catégorie nautisme aux Jeux olympiques de Londres. Ce coupe-vent ergonomique et étanche protège aussi des UV et laisse respirer la peau. Disponible mi-mars 2012. Coupe-vent Formentor, rouge ou bleu, 290 €, www.timberland.com 4 coupevents Formentor de Timberland à gagner sur www.victoiremag.be EXPO 18 FÉVRIER 2012 1 3 11 2 4 5 5 BONNES RAISONS DE VOIR L’EXPO « UNE SÉRIEUSE TENDANCE À LA CURIOSITÉ » Par Catherine Callico. Photos DR. 1. La Gueule du loup, Dorothy Shoes. 2. Air gravity – Le Mouvement, Cetrobo. 3. Spider’s net (série Love Boat), Sebanado. 4. Money money money, Julie de Waroquier. 5. Path, Lara Zankoul. Pour fils conducteurs de cette sélection d’œuvres proposée par la plateforme de création digitale Worbz.com, le ressenti et les histoires racontées. Des œuvres de photographes confirmés et émergents, issus d’horizons contrastés. Décryptage de cinq close-up par Marianne Hauchecorne, cocuratrice. 1. Émotionnel Dans son univers décalé, Dorothy Shoes met en scène des histoires réelles et s’interroge sur la fragilité de l’être. Elle nous plonge dans les pensées, les obsessions de son personnage. Elle nous place en spectateur actif et, à travers la matière et le mouvement, nous fait presque toucher nos émotions. Sa maîtrise, ses choix de lumières et de couleurs servent formidablement son cliché. 2. Vintage Un univers surréaliste qui dépeint, à travers des mises en scène, l’amour, la mort, les joies, les doutes, l’humour et les craintes. Une image pop, vintage, des situations rocambolesques, du mouvement. Une imagination et une énergie que l’on devine débordantes. Une maîtrise technique évidente. Un cliché qui réveille l’esprit. Le regard se pose, la tête se tourne pour s’adapter à la proposition visuelle, Cetrobo (alias Frédéric Arnould) nous propose de voir autrement. 3. Onirique Dans cette photographie tirée de la série « Love Boat », Sebanado intègre de l’humour et de la poésie dans ce qu’il y a de plus banal. Un cadrage décalé, des couleurs saturées nous plongent dans un univers onirique, presque surréaliste. Une distorsion du réel face à laquelle on ne peut s’empêcher de s’interroger et de sourire. Un rien vintage, très novateur. L’artiste a également été publié dans « Art Actuel », « Azart Photo », « Le Monde 2 ». 4. Conceptuel Julie de Waroquier fait partie de cette vague de très jeunes photographes conceptuels autodidactes. Elle s’adonne à merveille à l’exercice périlleux de l’autoportrait, déconstruit le réel. Elle propose avec force et douceur une légèreté d’un aplomb extraordinaire. Une assurance de l’univers et du traitement qui dépasse une première impression enfantine et acidulée. 5. Graphique Lara Zankoul nous emmène dans une rêverie profonde, hors du temps. Un résultat épuré, doux et très féminin. Une simplicité qui traduit toutefois une réelle réflexion au niveau de la composition, des choix graphiques et colorimétriques, comme un instantané d’une histoire qu’il ne nous reste plus qu’à imaginer. ★ Une sérieuse tendance à la curiosité, jusqu’au 28/02, tous les jours de 10 h à 18 h, Caves des Halles Saint-Géry, 23 place Saint-Géry, 1000 Bruxelles, www.worbz.com 12 18 FÉVRIER 2012 PORTRAIT Costume et chemise, Dries Van Noten chez Stijl, 875 € et 195 €. Chapeau, My Bob chez Privejoke, 220 €. PORTRAIT 18 FÉVRIER 2012 13 SHOOTING MODE MANI, SOUL BROTHER En sanskrit, Mani signifie « le joyau ». Et là, le joyau, c’est cette voix. Hors norme. Derrière « Bang Bang », bonbon funky scotché sur toutes les ondes, Mani Hoffman cache un million de subtilités. Et une « fratitude » qu’il n’est jamais parvenu à occulter dans sa musique. Par Rafal Naczyk. Photos Nicolas Velter@C’est Chic. Stylisme Justine Lepoutère@C’est Chic. Retouches Jean-Michel Goumet. Adresses p. 56. 14 18 FÉVRIER 2012 PORTRAIT Gilet, Tommy Hilfiger Denim, 179 €. Pantalon, Paul Smith chez Balthazar, 165 €. Bottes, Diesel, 190 €. PORTRAIT 18 FÉVRIER 2012 « Heroes of today », qui donne son titre à l’album, est très énergique. Mais derrière ces mélanges de soul, d’électro et de rock, il y a un objet musical difficile à classer. Mani, c’est un groupe qui fuit les étiquettes ? C’est surtout la rencontre de cinq personnalités. Chacun de nous met son âme dans le son. Nous écrivons d’abord pour le piano et la voix, avant l’apport du sound design. Le but était moins d’avoir un son particulier qu’un son qui allait dans le sens des compositions. La base, ce sont des chansons qui tiennent avec une guitare et une voix. Quand la composition avait des accents plus dance, on superposait des sons plus électroïdes. Quand il y avait une sonorité rock, on balançait des riffs. Ce n’est pas un album de sons, mais de compos et de chansons. Nos morceaux prennent une dimension beaucoup plus humaine en live. Vos précédentes collaborations, notamment dans la scène électro house, vous ont permis de parcourir le monde. Et de vous arrêter un temps en Asie. Comment cette culture a-t-elle pu vous influencer ? Je suis parti sur la trace de mes idoles. Avec, dans mon baluchon, « Sur la route de Kerouac » et « Les Portes de la perception » d’Aldous Huxley. Et, dans les oreilles, mes héros woodstockiens : Hendrix, Led Zeppelin, les Stones… Au départ, je ne partais que pour quatre mois. En Inde. Finalement, j’y suis resté quatre ans. Vous êtes devenu un clochard céleste, perdu sur les chemins de Katmandou ? Ce qui m’a le plus marqué, c’est cette sensation de liberté. Le fait de pouvoir dormir à la belle étoile ou chez l’habitant. Sans savoir où on ira le lendemain, sans savoir qui on va rencontrer. C’était ma première quête initiatique. Une sorte de croisade psychédélique. Ça m’a permis de retrouver les réveils lumineux de l’enfance et de goûter chaque instant. Mais très rapidement, ça a engendré une véritable remise en question. Quand on vient d’Occident, on est enveloppé de convictions fortes sur des thèmes aussi classiques que la mort, le respect ou la joie. Làbas, j’ai été confronté à d’autres modes de pensée. Ça m’a chamboulé. J’ai donc fait table rase du passé. C’est un peu le sujet d’une de vos chansons, « Linger on the Road », non ? Oui, on n’est jamais seul sur la route. Nombreux sont les hommes à avoir pris ce chemin, des rêves plein la tête et des illusions plein les poches, pour se construire une vie plus belle. Chacun cherche sa route. Mais à l’arrivée, on n’est plus le même. De retour à Paris, je n’étais plus en phase avec ma vie d’antan. J’avais l’impression d’être marginalisé. Et le seul moyen que j’ai trouvé pour exprimer ça, c’est la musique. C’est par goût de la liberté que j’ai été 15 amené à faire de la musique. Et je continue à en faire, par amour de la musique. Entre les arcs-en-ciel de Mika et le réalisme désenchanté de Stromae, difficile de sortir du lot. Aujourd’hui, quelles qualités faut-il avoir pour se faire une place dans le milieu de la pop ? La pop reste une musique légère. Ce n’est pas un genre pour des paroles engagées ou pour des donneurs de leçons. On aimerait tous un monde meilleur, rencontrer de belles personnes, partager des choses simples. La pop surfe sur ces clichés. Mais, quelque part, elle ramène à l’essentiel. Dans chaque musique bruissent les murmures d’un rêve qui ne se vit qu’à l’intérieur. Vous avez fait le pari de chanter en français et en anglais. « Bang bang » a été diffusé très vite sur les ondes. Mais les radios mainstream sont obligées de respecter des quotas. On nous a fait comprendre que nos rivaux directs étaient Beyoncé, Maroon5, Pink… Et que pour tenir l’audimat, il fallait inclure des paroles en français. Sans quoi, il leur aurait été impossible de nous diffuser. Imaginez notre tête. C’était désespérant. J’ai dû mettre mon orgueil de côté et réécrire le texte. En français. C’est par goût de la liberté que j’ai été amené à faire de la musique. Votre voix sonne-t-elle différemment en français ? Je n’ai jamais supporté ma voix en français. Mais ça n’est qu’après l’enregistrement, à l’écoute, que la magie a opéré. Contrairement à moi, les autres membres du groupe ont vite été emballés. En anglais, cette chanson n’a rien de révolutionnaire. Avec le français, il y a une fraîcheur qui donne une deuxième vie au morceau. Quatre heures après le mix, la chanson était diffusée sur toutes les ondes françaises. Si cette « réadaptation » ne nous avait pas plu artistiquement, nous ne l’aurions jamais envoyée aux radios. « Bang bang » est un titre universel, un vrai bonbon funky. Le genre de morceau qui aurait très bien pu se retrouver en téléchargement sur Megaupload… Que pensez-vous de la fermeture du site ? Je suis un très mauvais élève… Quitte à se tirer une balle dans le pied, je ne suis pas contre le téléchargement. C’est important de faire voyager la musique, de la rendre accessible à ceux qui n’ont pas forcément les moyens d’acheter un album. Ils peuvent toujours se rattraper en venant voir les groupes sur scène. En ce qui me concerne, j’ai un rapport très physique à la musique. Je ne télécharge même pas sur iTunes. J’ai besoin de toucher le disque, de voir la 16 18 FÉVRIER 2012 PORTRAIT pochette, de lire les gars qui remercient Dieu comme le guitariste de notre groupe… Avant de bénéficier d’un contrat de distribution auprès d’une major, vous avez fait appel au « crowdfunding », via My major company. Ce sont les internautes qui ont produit votre album. Estce qu’aujourd’hui, le meilleur moyen d’échapper à la crise de l’industrie du disque, c’est d’impliquer l’internaute dans le processus créatif ? Je crois très fort au modèle communautaire. Au plan marketing, c’est très efficace. Mais ce qui m’a le plus séduit, c’est d’avoir la sentence du public avant la sortie du disque. Ce n’est pas juste du crowdfunding. En tant qu’artiste, on se sent soutenu, porté et responsable vis-à-vis de ses producteurs. Les internautes sont intégrés à la construction de l’album. Et deviennent le sixième membre du groupe. Mais je garde toute ma liberté artistique. La création d’un album, c’est un processus très long. Et pour moi, ça n’a jamais été une histoire de pistolero, d’auteur isolé dans sa tour d’ivoire. Un album, c’est une histoire de clan. Quand des gens te disent que ta musique les fait sourire, alors que toi-même, tu as l’impression d’être au fond du trou, ça te donne l’envie de déplacer des montagnes. ★ QUI ? De l’électro à la pop, il n’y a parfois qu’un pas. Mais ce sont des sentiers beaucoup plus contrastés qu’a empruntés Mani Hoffman. Sa participation au carton mondial électro de 2002, Starlight, avec les Supermen Lovers, l’a sorti de l’ombre. Et rapproché de Toby Smith, fondateur du groupe Jamiroquai. Avec lui, il compose des titres pour « Pop Idol », version british de la « Nouvelle Star ». Mais c’est sa rencontre avec le producteur et compositeur Antoine Le Guern, lui aussi issu du milieu electro, qui crée le son et la vibration Mani. Quelque part entre Cee Lo Green, Stevie Wonder, Donny Hathaway, Maroon5 et Pink, Mani livre un premier opus teinté d’un funk généreux, d’un rock électrisant et d’une soul euphorisante. Le single « Bang bang » se hisse déjà en tête des charts européens. En provoquant, au passage, quelques sourires ravis. QUOI ? Heroes of Today, Mani, My Major Company, album 12 titres, disponible dans les bacs et sur les plateformes de téléchargement. QUAND ? Le 04/05 à l’Inc’Rock Festival, www.incrockfestival.be Veste en cuir, Diesel, 739,95 €. Pull et jegging, Acne chez Own, 150 € et 95 €. © 2012 VANCE - VAN HAMME – DARGAUD BENELUX (Dargaud-Lombard s.a.) Dès le 10/02 l’édition spéciale 12,90€* le double album avec bonu bonus!! + 8 pages exclusives Du 10 février au 6 avril, découvrez l’édition spéciale de XIII en 9 diptyques. Chacun de ces volumes reprend l’intégralité des albums de XIII créés par Vance et Van Hamme. Un supplément de 8 pages sur les sources d’inspiration de XIII avec des croquis et des dessins originaux vient compléter cette offre exceptionnelle!! Pour obtenir ces albums luxueux (dos toilé) au prix de 12,90"€*/pièce, remettez à votre libraire votre bon découpé dans Le Soir. * Hors prix du journal, hors grandes surfaces. Suivant disponibilités. ON AURA TOUJOURS RAISON DE L’OUVRIR 18 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER JEUX DE RÔLES De la galère ordinaire à l’exception « bankable », de la voix off au face caméra, de la pub à la scène, le comédien jongle avec les rôles, y compris dans les coulisses. Lever de rideau sur un métier qui se veut d’artiste – et pas seulement dans le statut. DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 19 Profession acteur, p. 20 Premier rôle, seconde vie, p. 34 Mises en scène, p. 42 20 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 21 PROFESSION ACTEUR Vous êtes venus faire du théâtre mais, maintenant, une question : pour quoi faire ?, demandait Bertolt Brecht. Il y a mille raisons, bien mystérieuses, de vouloir être comédien. Et mille autres raisons, tout aussi insaisissables, de vouloir le rester, envers et contre tous les paradoxes d’un art qui est aussi métier, d’un fauxsemblant qui quête le vrai, d’un geste désintéressé qui est aussi volonté d’insertion, voire de reconnaissance. Par Julie Luong et Sophie Schneider (portraits). Illustration Émilie Seron. Photos Filip Vanzieleghem. 22 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER La passion, plus lucide qu’aveugle, justifie souvent l’obstination communicative des acteurs. Dans la réalité, on est loin de l’image du comédien qui baguenaude, c’est souvent dur de s’en sortir, mais c’est le plus beau métier du monde !, résume Sophie Schneider, comédienne et chroniqueuse pour Victoire (voir p. 9). Écoles et buissonnières Passion qui explique que chaque année, des dizaines de jeunes comédiens sortent de nos cinq grandes écoles francophones d’art dramatique – Insas, IAD, Conservatoire royal de Bruxelles, Conservatoire royal de Mons et Conservatoire Royal de Liège, aujourd’hui rebaptisé Esact (École supérieure d’acteurs cinéma-théâtre) – et se lancent dans la course aux castings, auditions, collaborations incertaines, projets attendant preneurs. Jungle où, selon l’adage, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Certains lâcheront d’ailleurs en cours de route. Selon les données recueillies, dans les années qui suivent leur sortie de l’école, de nombreux comédiens se réorientent, du moins « partiellement », faute de s’être fait une place, de pouvoir s’assurer un train de vie décent ou parce que la réalité du terrain se révèle tout simplement incompatible avec le pacte de base : de l’art, de l’air. D’autres rejoindront les rangs avec, en poche, non pas un premier prix, mais l’arme secrète des électrons libres : un rien d’audace et une faculté de travail hors du commun. De Bouli Lanners à François Damiens, pour ne citer qu’eux, le paysage belge ne manque pas d’autodidactes aujourd’hui fameux ni de conversion tardive, ainsi de la comédienne Nicole Shirer qui a débuté dans l’enseignement avant de convertir en profession sa passion amateur et d’être engagée, à l’année, au Théâtre des Galeries. Pour les comédiens comme pour les réalisateurs, il n’y a pas de voie toute tracée, commente Frédéric Sojcher, réalisateur belge et professeur de cinéma à la Sorbonne. Même si moi-même, j’ai fait l’Insas et même si j’enseigne aujourd’hui le cinéma, je suis le premier à dire qu’il y a de grands réalisateurs et de grands comédiens qui peuvent émerger sans avoir été dans une école… Mais si ces talents peuvent émerger, c’est grâce au travail. C’est parce qu’ils croisent sur leur route des metteurs en scène exigeants, qui les font travailler pendant des mois. Un coup de baguette magique ne permet pas de briller tout à coup de mille talents devant la caméra ou sur une scène… Et il y a évidemment une part mystérieuse qu’on appelle le charisme : pourquoi certains l’ont et d’autres pas ? Je n’ai pas de réponse. Il y a évidemment une part mystérieuse qu’on appelle le charisme. LA PASSIONNÉE DE PARTAGES JANINE GODINAS 70 ANS Ils sont rares ceux qui savent et veulent encore apprendre ! Intelligente et passionnée, sereine et pourtant pleine d’appétit, Janine Godinas est une comédienne incontournable. Malgré un refus au Conservatoire de Bruxelles, sa carrière – continue et exemplaire – a rebondi au fil des rencontres. Impossible de lister tous les metteurs en scène qui l’ont dirigée ni les pièces qu’elle a elle-même conduites ! Pointons vingt ans d’enseignement, deux Ève du théâtre et des collaborations récurrentes avec Philippe Sireuil, comme dans « Les Reines ». Son travail Je n’ai pas choisi ce métier, c’est lui qui m’a choisie : j’ai commencé à 18 ans et je continuerai tant que j’aurai la tête et l’énergie. Je ne vis que de ça ! J’ai toujours travaillé, même quand, vers 40 ans, j’ai eu le désir d’arrêter, Gildas Bourdet m’a engagée, en France, pendant dix ans. C’est une question de chance : de qui on rencontre, à quel moment ! Il y a des comédiens de talent qui travaillent très peu et d’autres, moins talentueux, qui travaillent beaucoup. L’argent On s’est battus à une époque avec le syndicat pour qu’on nous paie nos répétitions, qu’il y ait des périodes de répétitions plus longues, une reconnaissance, un statut… Aujourd’ hui, tout ça est remis en cause, il y a du théâtre qui se fait presque gratuitement. Les salaires ont diminué : je gagnais mieux ma vie, il y a vingt ans. C’est dramatique, ce manque de crédits pour la culture et pour la recherche d’ailleurs. C’est difficile de faire de la création quand il y a obligation de remplir les salles… Ce manque d’argent oblige à être tout le temps dans la création, la production : c’est usant. Le métier C’est un métier qui enrichit l’esprit et le corps. C’est un métier public, ça rend narcissique, mais on doit lutter contre notre ego. Ça, les écoles l’oublient trop souvent : elles poussent, ne disent pas la difficulté. Il y a des illusions qui s’installent. Les jeunes sont très vite aigris. Je n’ai pas eu de période creuse, mais je me plie à tout, j’accepte même les petits rôles. C’est très rare d’avoir le choix. Son actu Les Reines, du 02/03 au 30/03, Théâtre des Martyrs, 22 place des Martyrs, 1000 Bruxelles, T. 02 223 32 08, www.theatredesmartyrs.be DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 23 24 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 LE CHERCHEUR PRATIQUANT PATRICK BRÜLL 44 ANS Pour lui, l’acte de jouer est une question ! Pour autant, Patrick Brüll n’est pas un théoricien, mais un pratiquant actif… Depuis son premier prix au Conservatoire de Liège en 1990, il a arpenté quasiment toutes les scènes : du NTB au Parc (« L’Ange Bleu ») en passant par le Public, les Martyrs (« Milarepa »), voguant de maisons estampillées grand public en collectifs de recherche plus pointus, comme l’Infini Théâtre. Si son nom ne vous dit rien, sa voix, elle, vous la connaissez : voix promo de la RTBF, publicités, doublages, documentaires… Son timbre grave et suave fait partie de notre paysage auditif. Le métier Une profession, c’est l’exercice d’une pratique qui prend du temps et est rémunéré pour nous faire vivre. On n’en est plus là. Quand je négocie mes contrats, je demande à garder du temps pour pouvoir continuer à gagner ma vie ! On peut parler d’une semiprofessionnalisation du théâtre en Belgique car, même quand les cachets sont respectables, ils ne permettent pas de vivre. Quand j’ai voulu inscrire ma réussite professionnelle en quelque chose de matériel, comme acheter une maison, les banques m’ont ri au nez ! Son travail J’ai la chance d’avoir une voix qui passe bien. Je donne des cours au Conservatoire de Mons, ça s’inscrit dans ma démarche de comédien : je partage avec mes étudiants les projets sur lesquels je suis en train de travailler. J’ai commencé à gagner mieux ma vie. Le paradoxe, c’est que quand je joue, je gagne moins : je dois « m’offrir » de jouer. Son but Avec mes petits moyens, mettre tout en œuvre pour qu’à chaque fois, le théâtre – la rencontre magique qui fait que nous avons choisi ce métier et que le public se déplace – ait lieu. Cette magie n’est pas uniquement liée à l’argent, mais si on fait du théâtre un lieu d’exploitation de l’homme par l’homme en visant le résultat plutôt que le chemin, elle est mise en péril. Son actu L’Auberge du cheval blanc, mise en scène de Dominique Serron, les 03/03, 04/03 et 06/03, PBA, 1 Place du Manège, 6000 Charleroi, T. 071 31 12 12, www.charleroi-culture.be et du 16/03 au 18/03, Opéra royal de Wallonie, Palais opéra, bd de la constitution, 4020 Liège T. 04 221 47 22, www.operaliege.be/fr Les Femmes savantes, du 16/04 au 29/04, Atelier théâtre Jean Vilar, Place Rabelais, 1348 Louvain-la-Neuve, T. 0800 25 325, www.atjv.be 25 Corps d’acteurs L’importance incontestable de ce « mystère », de ce je-ne-sais-quoi, ne saurait nous dispenser, il est vrai, des questions très pragmatiques que pose l’insertion professionnelle des comédiens, avec ses propres règles, ses propres habitudes et ses propres stratégies, comme le souligne Jean-François Orianne, sociologue du travail à l’Institut de sciences humaines et sociales (ISHS) de Liège, qui a dirigé, à la demande de Théâtre et Publics, une étude sur l’insertion professionnelle des jeunes comédiens à la sortie du Conservatoire de Liège (1). Cette étude a montré qu’il s’agissait d’un segment assez spécifique sur le marché du travail. Deux conventions principales président à l’engagement des comédiens. La convention de réseau : on engage beaucoup sur une réputation, le carnet d’adresses détermine en grande partie les possibilités d’embauches. Et la convention qu’on a appelée « naturaliste » : on peut être engagé pour un rôle parce qu’on est petit, grand, blond, vieux, noir… La concurrence n’est donc pas totale : on est en concurrence avec ceux qui ont le même type de physionomie. Cette dernière convention, bien connue, n’est pourtant pas sans violence. Et pose évidemment la question des rôles proposés. Une jeune et jolie femme aura l’occasion de répondre à de multiples annonces de casting, mais la concurrence sera rude. À l’inverse, une comédienne expérimentée mais plus âgée verra ses occasions de jouer – et ses espoirs de premiers rôles – se réduire comme peau de chagrin. Et que d’un dire d’un comédien noir qui rêve de jouer Hamlet ? Faudra-t-il, pour cela, qu’il travaille avec des personnalités aux choix de mise en scène radicaux ? La problématique de la « discrimination ordinaire » prend dans le milieu du théâtre et du cinéma une tout autre dimension car, jusqu’à un certain point, une discipline qui met au centre le corps est discriminatoire. Elle l’est d’autant plus lorsque, font remarquer certains comédiens, les metteurs en scène manquent d’imagination… Une discipline qui met au centre le corps est discriminatoire. Trois ans pour « faire son trou » Si l’on se penche sur l’autre convention spécifique du métier – la convention de réseau – on remarque là encore qu’entre le professionnel et le personnel, la frontière est mince, pour le pire comme pour le meilleur. On ne fait pas du cinéma ou du théâtre seul : il faut cet esprit de troupe, cet esprit générationnel, souligne Frédéric Sojcher. En ce sens, c’est parfois un gain de temps de passer par une école car on va se créer un terreau de relations. Bien heureusement, certaines structures permettent aujourd’hui de faciliter la mise en réseau au-delà de la scolarité, comme le CAS (Centre des arts scéniques), version belge 26 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER du Jeune théâtre national français, qui facilite les rencontres entre comédiens et metteurs en scène, regroupe les offres d’embauches, encourage l’échange de compétences et favorise pendant trois ans l’engagement à moindre coût des jeunes comédiens diplômés. Un système qui a aussi ses défauts – les comédiens qui ne bénéficient pas ou plus des services du CAS sont défavorisés car ils « coûtent » plus chers – mais qui permet aussi d’inscrire les comédiens dans une certaine temporalité, comme le souligne Rachel Brahy, doctorante à l’ISHS et coauteur de l’étude sur les comédiens liégeois. Ayant droit pendant un temps limité aux services du CAS, les jeunes diplômés savent qu’ils doivent mettre cette période à profit pour engranger le maximum d’expériences et, plus prosaïquement, pour « cachetonner » suffisamment en vue de l’obtention du mal nommé « statut d’artiste » (voir p. 33). Au fil du temps, on constate d’ailleurs que la notion d’« intermittence » qui caractérise le métier correspond moins à un papillonnage au sein d’une sphère professionnelle élargie qu’à des collaborations récurrentes, avec un nombre d’employeurs restreints, exactement comme on l’observe dans la presse, où les pigistes, théoriquement disponibles pour tous les journaux, collaborent, parfois tout au long de leur carrière, avec les mêmes éditeurs. Une fois lancé, le comédien peut ainsi compter en général sur quelques unions, certes libres, mais relativement « fidèles », selon le modèle de la « flexsécurité », par ailleurs de plus en plus répandu dans nos sociétés. Les frottages de manches ne se font ni sans fatigue ni sans scrupules. Comédie humaine Pour autant, les comédiens ne sont pas dispensés d’entretenir leurs réseaux informels, même si les mondanités, frottages de manches et autres léchages de bottes ne se font ni sans fatigue ni sans scrupules. La nécessité de « se placer », le sentiment constant de dépendre du désir de l’autre – ce metteur en scène qui vous élira entre tous – est à la fois inhérent au métier et intenable à bien des égards. Certains comédiens se mettent expressément à fréquenter certains cafés, déménagent à Bruxelles afin de croiser les bonnes personnes, pour, comme ils le disent parfois un peu brutalement, « faire sa pute », commente Rachel Brahy. En même temps, ils restent convaincus qu’un artiste se doit d’avoir de « vraies » relations, ce qui génère d’importantes tensions identitaires. Lorsqu’ils évoquent leur parcours, la plupart intègrent ces tensions en évoquant la chance ou le hasard des rencontres, ce qui leur permet aussi de ne pas dévoiler leurs stratégies, lesquelles vont à l’encontre de la figure de l’artiste. Pour de nombreux comédiens, l’arrivée sur le marché LA NOTE TRIBULATRICE MURIEL LEGRAND 30 ANS La musique fait partie de Muriel Legrand, elle aime faire chanter les gens. Nominée au Prix de la critique 2011 pour ses interprétations dans « Hêtre », « Bête de style » et « Où les hommes mourraient encore », on a pu la voir cette année dans « L’Opéra du pauvre ». Chanteuse, musicienne (premier prix de la Biennale de la chanson française 2008 avec Alain Eloy pour « Oxymore ») comédienne et curieuse, l’artiste, coach vocal, donne également cours au Conservatoire de Mons et est membre du groupe féminin a capella Tibidi. Son métier Ce métier, j’en vis. J’ai de la chance, je n’ai pas encore dû faire de concessions alimentaires : dans chaque projet, je me retrouve, tant dans de grandes structures avec des metteurs en scène reconnus qu’avec des gens de mon âge moins assurés. L’argent Il ne fait pas le bonheur, mais son absence pose question ! Dans le travail, quand une demande de subvention est refusée et qu’on s’est déjà tellement impliqué dans le projet… Et puis au quotidien, pour l’avenir : Est-ce que je vais toujours courir comme ça, de cachet en cachet ? Je réalise que ça ne peut durer qu’un temps ! Créer une famille, avec ce métier, certains y arrivent, moi ça m’effraie. Ayant vu mes parents musiciens, je savais qu’il faudrait mouliner, le prendre à bras-le-corps, que le tout n’est pas d’y arriver, mais d’y rester, de ne pas se décourager. On a rarement ce qu’on imagine, c’est la multiplicité des projets qui me fait vivre. Ses choix Je vais partir huit mois au Québec, travailler avec le metteur en scène et scénographe Denis Marleau. Une telle opportunité et un aussi long contrat, c’est extrêmement rare. Mais ça implique de « disparaître » ici et, dans ce métier où on vous demande parfois vos disponibilités deux ans à l’avance... que vais-je trouver à mon retour ? Je ne veux pas conquérir l’Amérique : juste aller voir ce qui se passe pour revenir, remplie d’expériences. Si je pouvais continuer à voir ailleurs ce qui se fait, je serais heureuse. Son actu Hêtre, mise en scène de Céline Delbecq, le 29/02, Centre culturel, 31 rue d’Ath, 7900 Leuze-enHainaut, T. 069 66 24 67, http://cultureleuze.be/ccl/ Tibidi, du 01/03 au 03/03, La Samaritaine, 16 rue de la Samaritaine, 1000 Bruxelles, T. 02 511 33 95, www.lasamaritaine.be DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 27 28 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 LE CRÉATEUR INDÉPENDANT JOSSE DE PAUW 59 ANS Josse de Pauw est grave et léger, juste, à sa place… Résumer sa carrière est forcément réducteur ! De Radeis, théâtre de rue, avec lequel il fit le tour du monde, en passant par le Kaaitheater, le cinéma, l’écriture, la musique et tous les chemins de traverse explorés, il se paye aujourd’hui le luxe d’être suivi par six institutions respectables, parmi lesquelles il choisit, pour chaque projet, celle qui sera à même de le produire au mieux. Un créateur, indépendant dans tous les sens du terme. L’argent C’est possible de vivre de ce métier si l’accent n’est pas mis sur combien on gagne. Moi j’aime les livres, bien manger, le vin… Je n’en ai pas manqué ! Quand j’ai commencé, c’était déjà un miracle de pouvoir faire ce que l’on avait envie de faire. Mais ces dernières années, je suis un homme bien payé. Je suis mon propre concurrent : difficile de programmer deux fois du Josse de Pauw dans la même saison… Parfois, je dois faire des spectacles dans lesquels je ne joue pas, mais j’aime être sur scène ! Les gens n’aiment pas qu’on fasse des choses différentes. Heureusement pour moi le terrain de travail s’est agrandi : la France, la Scandinavie. Le star-système flamand Je n’en fais pas partie. Quand mon nom est la réponse dans un quiz télé, c’est une question difficile ! C’est vrai que la célébrité aide, mais ça ne dure pas. J’aime convaincre un public sur mon travail pas sur mon nom. Le métier Je n’ai jamais pensé en terme de métier, je vise une démarche artistique. Quoi que l’on joue, on doit chercher son plaisir dans le jeu et le partager. Mon parcours me ressemble. Je n’ai jamais eu de rêves, mais ma vie, artistique et personnelle, m’appartient et j’espère que ça va continuer. Un conseil C’est délicat, les jeunes connaissent mieux leur époque que moi ! Il faut être prêt à souffrir un peu pour vivre la vie qui est la sienne. Il y a plus de requins aujourd’hui, on fait des spectacles pour de l’argent et quand le théâtre sert à gagner du fric, ça mène juste à la solitude et la tristesse. Son actu Raymond, inspiré par Raymond Goethals, de Thomas Gunzig du 25/02 au 10/03, au KVS, 7-9 quai aux Pierres de Taille, 1000 Bruxelles, T. 02 210 11 12, www.kvs.be du travail représente, il est vrai – ce qu’on constate par ailleurs dans d’autres professions « à forte déontologie » et de plus en plus largement dans le monde de l’entreprise – un dilemme moral. Quelles concessions s’autoriser pour « réussir » ? Faut-il choisir entre réussite professionnelle et intégrité artistique ? Les compromis sont-ils possibles aux passionnés ? Dans un texte intitulé « Explorer avec l’acteur tout ce qu’il ne sait pas qu’il sait », Max Parfondry, ancien professeur du Conservatoire royal de Liège, décédé en 2002, exprimait ainsi le paradoxe selon lequel un acteur ne peut – ne doit – jamais être prêt à affronter la réalité telle qu’elle lui est proposée. Une formation professionnelle, si elle veut être légitime, doit conduire chaque étudiant qui se forme aux débouchés de la profession telle qu’elle existe. Mais il ne s’agit là que d’une branche de l’alternative ou, si l’on veut, du dilemme éthique qui se pose à nous, car il y a dilemme […] Dès lors, nous ne pensons pas que nous pouvons former des étudiants, nous pensons que nous pouvons tenter de commencer à former des artistes, en l’occurrence des acteurs, d’abord en leur transmettant des rêves - au sens noble si l’on veut, mais au sens concret aussi - qui les rendent assez peu prêts à s’adapter à la profession telle qu’elle est. Valeur de polyvalence Le comédien doit être prêt à s’insérer dans plusieurs secteurs. La question du rôle social de l’acteur se pose plus cruellement encore à l’heure de la « semiprofessionnalisation » du métier qui amène quasi tous les comédiens à faire autre chose que de la comédie… L’insertion se caractérise par le caractère plurisectoriel et plurivalent du comédien, observe Jean-François Orianne. Le comédien doit être prêt à s’insérer dans plusieurs secteurs : le théâtre, le cinéma mais aussi des secteurs plus marginaux comme la publicité, la postsynchronisation, le doublage, voire des secteurs périphériques comme l’animation, l’enseignement, la formation à la prise de parole en entreprise ou encore des secteurs tout à fait extérieurs… Or, pour beaucoup de comédiens, cette nécessité de se frotter à des activités annexes agit à la fois comme une contrainte et comme un apport. Contrainte car c’est souvent le seul moyen de joindre les deux bouts et de capitaliser, en début de carrière, suffisamment d’heures de prestation. Beaucoup de comédiens interrogés décriaient la publicité, ajoute Rachel Brahy. Puis-je faire tout et n’importe quoi pour « faire du cachet » ? La question revient souvent. Apport parce que dans les arts scéniques, comme dans l’art en général, rien n’est jamais perdu : toute expérience, même ingrate, pouvant venir enrichir un futur rôle, toute réalité approchée pouvant – un jour qui sait – être recyclée en créativité. Les grands comédiens, ceux que j’ai eu la 29 30 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER chance d’approcher, ont tous un point commun : un don d’observation extraordinaire, confie Frédéric Sojcher. Ils interprètent non pas seulement en fonction de leurs propres émotions, mais des personnes qu’ils ont vu agir. Quand un comédien a une autre activité, ça va enrichir sa culture, ses observations, sa connaissance de la vie et donc, indirectement, l’interprétation qu’il pourra donner. Si l’argument console les comédiens débordés ou tiraillés, cette nécessité de dispersion, portée à un certain degré, peut aussi éloigner définitivement du but initial. Quand tu ne joues pas beaucoup, on a tendance à croire que tu ne joues plus du tout, commente Sophie Schneider. Et moins on te voit, moins tu as de chance de jouer… C’est un cercle vicieux. Viens voir les comédiens Du reste, la haute opinion du métier que se font les comédiens – et que renforcent, avec quelque légitimité, les écoles d’art dramatique – ne fait souvent que souligner, pour celui qui débute, les défauts du système. En premier lieu, bien sûr, la prégnance de plus en plus forte des logiques ACTEURSRÉALISATEURS : L’AMOUR VACHE Deux questions à Frédéric Sojcher , réalisateur belge et professeur de cinéma à la Sorbonne à Paris. Peut-on parler de « direction » d’acteur ? Pour tous les metteurs en scène, le choix des comédiens est quelque chose de très important. Si le comédien n’est pas bon, s’il ne correspond pas au rôle, le reste ne fonctionne pas. Les réalisateurs et metteurs en scène sont en général d’accord pour dire qu’on devrait davantage parler d’« accompagnement » plutôt que de « direction » d’acteur : comment un metteur en scène peut amener un acteur à être meilleur, un peu comme un coach avec un sportif ? Comment l’amener à se dépasser lui-même ? C’est ici toute la question du rapport de confiance qui se pose puisque, même si l’acteur compose un rôle, il va chercher des émotions qui lui appartiennent : il y a forcément une part de dévoilement. Or, on n’a pas envie de se dévoiler devant n’importe qui. C’est quelque chose de très intime. Ce rapport de confiance est d’autant plus nécessaire au cinéma, puisque la manière dont un acteur est perçu dépend très fort du montage. Au théâtre, un acteur sait exactement quand il entre et quand il sort de scène, mais dans un film, le choix des plans, des scènes peut tout changer. L’acteur peut-il « prendre le pouvoir » ? Le « star-system » peut complètement biaiser le rapport entre réalisateurs et comédiens. Il est ainsi connu que Tom Cruise impose sa mise en scène, notamment le nombre de gros plans qu’il y a sur lui. Certains acteurs ont cet ego surdimensionné et sont – au-delà de la composition – dans une sorte de prise de pouvoir. Évidemment, ça peut avoir des incidences sur la mise en scène… pour le pire comme pour le meilleur. Lors du tournage d’« Autant en emporte le vent », Georges Cukor, très grand réalisateur, s’est ainsi fait viré du plateau parce qu’il ne s’entendait pas avec Clark Gable, la star du film… À l’inverse, quand Jean-Pierre Jeunet a tourné « Alien 4 » aux États-Unis et que les studios ont voulu changer le montage, Sigourney Weaver, qui était la star du film et s’était très bien entendue avec Jeunet, a exigé qu’on garde la version initiale. Les studios ont dit oui, non pas pour faire plaisir à Jeunet mais pour éviter le conflit avec la star qui ferait ensuite la promotion du film… * La direction d’acteurs, Frédéric Sojcher (coordonné par), éd. Klincksieck/ Archimbaud, 2011 (deuxième édition, augmentée). L’INCASABLE SANS PRÉTENTION GISÈLE MARIETTE 48 ANS Oui, on peut vivre du théâtre hors de Bruxelles. Gisèle Mariette en est la preuve ! Depuis onze ans, son « Remets ta robe » tourne en Wallonie. Il sera bientôt à Lille et un metteur en scène parisien cherche LA comédienne pour le monter. Mais ce n’est pas son unique œuvre, depuis son premier prix au conservatoire de Liège en 85, Gisèle joue – avec une justesse rare –, dirige, anime et écrit – une quinzaine de spectacles – sans limites de genres : pièces sociales, à sketches, seule–en–scène (« Commamandienne ») théâtre, café-théâtre et théâtre jeune public. Le métier J’en vis ! Je joue, et pas que dans mes pièces, je suis correctement payée. Je suis jouée, certaines de mes pièces sont subventionnées et je touche des droits d’auteurs. Mon père (Mitteï, dessinateur et scénariste B.D.) vivait comme ça ! J’ai de la chance. J’ai eu quelques revers, mais j’ai une maison à moi et mes enfants n’ont jamais manqué de rien. Le statut de l’artiste Nous sommes trop complexés ! Je milite pour une journée sans artistes, histoire que les gens se rendent compte à quel point on est présents dans cette société : pas de télé, de radio ou alors juste les JT sans jingle, pas de musique, de pub, retourner les posters au mur, pas de livres, de magazines, de musées… Je crois qu’après ça, plus personne ne remettrait en doute notre utilité. Sans artistes, on se flingue ! Ses regrets J’aurais aimé jouer avec Isabelle Pousseur. Je suis triste que cela ne se soit pas fait. J’ai envoyé des textes à un théâtre à Bruxelles, je n’ai même pas eu droit à une réponse ! Le café-théâtre est déconsidéré. Je pense que tout est imbriqué, ce qui importe, ce n’est pas ce que l’on joue, mais comment ! J’ai la naïveté de croire que si on est bon et qu’on a des choses à dire, on est un artiste. Si je n’ai pas la carrière dont je rêvais, aujourd’ hui ma vie s’approche de celle que je voulais. Son actu Les Voisins 2, du 01/03 au 31/03, La Bouch’rit, 161 rue Saint-Gilles, 4000 Liège, T. 04 223 12 00, www.bouchrit.be DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 31 32 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER économiques auxquelles n’échappent ni le théâtre ni le cinéma. Remplir les salles, envers et contre tout, grâce à des têtes d’affiches médiatiques, puisées dans une « short-list » toujours plus short. De plus en plus, les financements se font sur des acteurs dits – le terme est horrible – « bankable » et donc le côté économique du cinéma prend parfois le pas sur le côté artistique, commente Frédéric Sojcher. Beaucoup de réalisateurs semblent obligés de choisir des comédiens avec une notoriété suffisamment grande pour obtenir des financements, notamment auprès des chaînes de télévision. Parce que la Belgique, avec son mode de fonctionnement artisanal, échappe encore à cette logique stricte de rentabilité, elle constitue cependant une niche où un acteur conserve une chance de travailler, même s’il était, hier encore, un parfait inconnu. Il faut saluer les frères Dardenne, qui sont les premiers à avoir fait changer les choses. Pendant très longtemps, quand on voulait faire des films en Belgique francophone, une coproduction avec la France était nécessaire. Il y La culture du théâtre n’est pas très développée en Belgique. avait donc une quasi-obligation de tourner avec des acteurs français, connus en France, si on voulait trouver du financement. Dès leur troisième long métrage, les Dardenne ont confié les premiers rôles à Jérémie Renier et Olivier Gourmet, complètement inconnus à l’époque. Ils ont prouvé qu’on pouvait tourner en Belgique avec de grands acteurs belges. Aujourd’hui, il y a une telle pépinière de talents qu’on entend certains dire, sous forme de boutade, que tous les acteurs français intéressants sont belges… La preuve ? En 2011, lors de la 25e cérémonie des Molières, Christian Hecq, comédien belge formé à l’Insas et pensionnaire de la Comédie française, a remporté le Molière du comédien pour sa prestation dans « Un fil à la patte » de Feydeau. Une consécration passée quasi inaperçue ici, ou presque. Au cours de la même soirée, la Belge Michèle Nguyen est repartie avec le Molière du spectacle jeune public, pour son spectacle « Vy ». Malgré cette reconnaissance, le public autochtone ne suit pas toujours, a fortiori quand il s’agit de théâtre. La culture du théâtre n’est pas très développée en Belgique, commente Sophie Schneider. Il y a une création belge jeune public formidable, mais les enfants qui vont aujourd’hui au théâtre iront-ils une DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 fois adultes ? Car au-delà du cas particulier de notre pays - et de sa tendance déjà maintes fois éprouvée à l’autodénigration - le théâtre s’accorde mal à une époque qui déteste l’imprévu. Au cinéma, on sait ce qu’on va voir, poursuit Sophie Schneider. Au théâtre, il y a toujours le risque d’être surpris… Pour Nathanaël Harcq, directeur adjoint du Conservatoire royal de Liège, cet enjeu contemporain est aussi aux mains des comédiens. Le théâtre touche trop peu de monde, écrit-il. Nous sommes bien conscients que notre monde est saturé de culture, mais de culture émancipatrice certainement pas. Nous cherchons résolument à former des acteurs aptes et disponibles à répondre aux exigences les plus élevées du théâtre et du cinéma actuels, mais il est également nécessaire pour nous qu’ils soient partiellement insatisfaits du théâtre tel qu’il se pratique aujourd’hui, notamment dans sa relation aux publics. Nous rêvons d’acteurs cherchant par leurs actes artistiques à agir sur le monde (2). La route est longue. Mais certes pas déserte. ★ 33 STATUT, L’ARTISTE ! « Boîtes de facturation » Dans le milieu du spectacle, le CDI est un mot quasi inconnu. Un comédien peut être engagé, mais souvent sur de courtes périodes. La plupart du temps, les théâtres et producteurs n’engagent tout simplement pas et demandent aux artistes de facturer leurs prestations. Or, peu d’entre eux – il y en a néanmoins – peuvent se permettre d’être indépendants, entendez : plus de 600 € de cotisations sociales par trimestre et aucune aide sociale. C’est pourquoi le système de « portage salarial », assuré par des ASBL comme Smart ou Merveille, s’est largement répandu dans le milieu. Ces « boîtes de facturation », comme disent les artistes, jouent les intermédiaires entre « prestataire » et « donneur d’ordre », en produisant des contrats de travail qui permettent à l’artiste d’être assimilé, même pour une très courte période, à un salarié. Les comédiens peuvent ainsi travailler dans la légalité vis-à-vis de l’Onem, tout en continuant à toucher leurs allocations de chômage les jours où ils ne travaillent pas. Les désavantages de la formule existent et sont régulièrement pointés par les syndicats : une partie de la rémunération est empochée par la boîte intermédiaire, les garanties sociales sont moindres que pour un salarié ordinaire, les liens de subordination sont flous et le système, dans son ensemble, n’encourage pas l’embauche. Un statut qui n’en est pas un Problème : pour avoir droit à des indemnités de chômage complètes, un travailleur de moins de 36 ans doit aligner 312 jours de travail salarié sur une période de 18 mois. Une condition quasi impossible à remplir pour les « intermittents » du spectacle, soumis au rythme des tournées et des « saisons » et dont les répétitions ne sont pas toujours comptabilisées comme jours de travail. En 2002, la « règle du cachet » a donc été mise en place. Elle permet aux artistes interprètes (comédiens et musiciens) de convertir leur rémunération brute en jours de travail d’après un salaire journalier de référence (actuellement 37,70 €). Le compte est donc généralement plus vite atteint. Ensuite, pour maintenir leurs allocations de chômage dans le temps, sans dégressivité, les artistes devront prouver au minimum une prestation artistique de courte durée par an. Ils pourront aussi refuser un emploi « non artistique », s’ils peuvent prouver 156 jours de travail artistique (également soumis à la règle du cachet) au cours des 18 derniers mois. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le « statut d’artiste » qui, on le voit, n’en est pas un. En Belgique, l’artiste est aujourd’hui assimilé le plus souvent à un chômeur, jouissant d’un statut « relativement » protégé. Malgré ses défauts, ce « statut », régulièrement remis en cause, est farouchement défendu par les comédiens pour qui il représente actuellement la seule alternative viable. À LIRE (1) L’insertion professionnelle des comédiens. Étude de cas à la sortie du Conservatoire royal de Liège, Jean-François Orianne (dir.), éd. de l’Université de Liège, 2010. (2) Un espace de recherche et de création, In Prospero European Review Theatre and Research, Nathanaël Harcq. À VOIR Vy, Michèle Nguyen, 28/02, à 18 h, Centre culturel Jacques Franck, 94 chaussée de Waterloo, 1060 Bruxelles, T. 02 538 90 20, http://lejacquesfranck.be Entrée : 12 €, 8 €, 1,25 €. Un laboratoire pour penser la protection sociale ? Le nombre de personnes ayant obtenu une indemnité en tant qu’artiste a doublé depuis 2004, passant de 4705 à 8367 personnes. Trop, aux yeux de l’Onem, qui entend restreindre les conditions d’accès à ce « statut ». En réalité, l’augmentation de ces bénéficiaires est sans doute imputable à une meilleure connaissance des règles en vigueur, mais aussi à certains abus dans l’application de la règle du cachet, étendue à des secteurs non artistiques, avec la complicité des boîtes de facturation. Si les comédiens s’inquiètent de la situation, ce dernier soubresaut a cependant le mérite d’attirer l’attention sur une autre difficulté : dans un contexte socioéconomique bouleversé, caractérisé par la « flexsécurité » et la paupérisation, la mobilité et l’intermittence sont-elles encore l’apanage exclusif de l’« artiste interprète » ? Que dire de la masse des intérimaires « non artistes » ? Que dire des « intellos précaires » ? Quel sort réserve-t-on aux chercheurs, journalistes, écrivains, artistes plasticiens ? Plutôt que de se constituer chasse gardée, le « statut » de l’artiste ne doit-il pas être pensé comme un laboratoire pour mettre en place d’autres protections sociales ? La question, soulevée par le sociologue Pierre-Michel Menger dans « Portrait de l’artiste en travailleur » (éd. Seuil, 2003), mérite d’être posée. La culture est sans frontières et doit être défendue comme telle. 34 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER PREMIER RÔLE, SECONDE VIE Un jour, j’ai croisé Hannibal Lecter dans une friterie. Le cinéma, ça ne payait plus. Il en avait connu des succès… Ça n’a pas suffi. On ne parlait plus vraiment de lui. Photos Nicolas Velter, assisté par Karim Nuyttens et Jonathan Du Mortier. Stylisme Sandra Herzman. Coiffure et maquillage Edith Carpentier. Tous@C’est Chic. Retouches Jean-Michel Goumet. Mannequins Michel A., Ronald F., Yvette D. et Daniel D.@Wantedd et Boris Messenger. Merci à Jean-Marie Segaert, Recyclart, Picard, Tavernier et KBR. Adresses p. 56. DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 Jo Klet Costume, Maghet, 75 €, en location. 35 36 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER Kill Sybille Perfecto, Maghet, en location. Pull, Petit Bateau, 28,30 €. Pantalon, Épisode, 25 €. Chaussures, H&M, 29,95 €. DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 James Connery 37 Smoking et nœud papillon, Café Costume, 650 € et 65 €. Chemise de smoking vintage, Yves Saint Laurent chez Ramon et Valy, 50 €. 38 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 39 Hanni Ballekes Combinaison de peintre, Le Palais du cache-poussière, 33 €. T-shirt, H&M, 4,95 €. 40 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 Superbide 41 Costume, Maghet, 75 €, en location. 42 18 FÉVRIER 2012 DOSSIER MISES EN SCÈNE Dans les années 80, Thierry Mugler et Montana orchestrent des défilés futuristes. Fin de la décennie 90, explosion, la mode est un show total : Galliano chez Dior, McQueen chez Givenchy ou Lagerfeld chez Chanel font dans l’hyper-spectacle. Aujourd’hui on revient aux choses simples ? Pas toujours. Prêt-à-porter et haute couture se mettent encore en scène avec brio. Pointant des univers forts. Une mode absolue. Par Amandine Maziers. Photos AFP, AP et DR. L’ÉCLAIRÉE Iris Van Herpen est la révélation haute couture de ces dernières saisons. Un univers extrême, hyper-technique et sans filiation. De la poésie futuriste qui s’expose. Explose. Le fanfaron Thom Browne, c’est le New-Yorkais déluré qui bouscule Paris et la mode masculine depuis trois saisons. Le créateur a démarré en trombe en imposant son costard impeccable mais raccourci. Chevilles apparentes et veste trop courte. Et chacun de ses défilés est un spectacle provoc’ et amusé. De l’hyper-show et il l’assume comme tel. Avec ses excès. Pas du commercial mais de l’image donc. Pour l’hiver 20122013, qu’il vient de faire défiler dans la galerie de minéralogie du Jardin des plantes, à Paris, le Requiem de Mozart résonnait comme une grosse machine et ces messieurs paradaient avec des allures mi-Frankenstein mi-footballeurs américains. Épaulettes démesurées, pantalons rembourrés, rose et vert pétants, masques de catch, jupes, habituels carreaux et imprimés délurés, yeux maquillés, clous, cagoules. Ses inspirations sont multiples, bien balancées et le travail sur les proportions permanent. Certains crient à l’horreur, d’autres au miracle. Reste que le créateur assume. Tempère. Il défile pour l’émulation. L’important, c’était la beauté de l’imagerie. Et j’aime que chacun l’interprète à sa manière, confiait-il à « Télérama » deux jours après son défilé. Applaudissez. La prêtresse Le Superbowl est une grand-messe. Le 5 février dernier, Madonna faisait son show sur scène entièrement habillée par Riccardo Tisci pour Givenchy. Trois pièces haute couture imaginées spécialement pour la chanteuse. Qui ont déjà fait le tour du monde. La preuve que le défilé est partout. DOSSIER 18 FÉVRIER 2012 43 Le machiniste L’électron libre Chanel n’a peur de rien. Pour sa dernière collection Paris-Bombay, qui met en valeur le travail des artisans et métiers d’art de la maison, les mannequins défilaient autour d’un immense buffet de 40 m de long où les pâtisseries, bonbons et guirlandes de fleurs s’étalaient en abondance sous d’immenses lustres en cristal. Avec deux cents invités, à table, triés sur le volet. Un mois plus tard, pour la haute couture de l’été 2012, la maison de la rue Cambon case ses invités dans un intérieur d’avion nouvelle génération. Peur de rien on vous a dit. Et les moyens de tout. Il ne fait pas de la mode, il fait de l’art. Voilà tout. Ses défilés ont plus à voir avec la performance que le rituel va-et-vient sur podium. Qu’importe. Ou tant mieux. L’Allemand Bernhard Willhelm, formé à l’Académie d’Anvers, est un anticonformiste bienheureux. Dans le Trianon, à Paris, ses hommes paradaient - ou militaient - dans des vêtements manifestes aux influences ethniques et aux messages radicaux. Inspirés. L’illusionniste Dries Van Noten est un magicien. Ses défilés sont à coup sûr des modèles de poésie et d’inventivité. On l’a déjà vu faisant parader ses mannequins devant un mur démesuré de boules à facettes ou ouvrant la marche avec un framboisier à dévorer de plusieurs dizaines de mètres de long. Cette fois-ci, sa collection défile le long d’une fresque peinte en live par les artistes Job Wouters et Gijs Frieling, aidés par leurs assistants. Mais la poésie, elle, est encore ailleurs. Façon copier-coller. Les costards reprenaient des imprimés peints par les artistes à la fois sur le mur et sur le tissu. Magique. L’OVNI Le vestiaire de l’Anversois Walter Van Beirendonck suffit à montrer sa force mais le créateur aime aller plus loin, transformant ses mannequins en vrais héros d’un autre monde. Cette fois-ci, ils sont tous noirs, portant des masques-chapeaux melon curieux qui leur dessinent une moustache féline. Les couleurs claquent entre l’orange vif et le vert sapin, l’ethnique est omniprésent avec ses imprimés ou des cannes dogons et les costumes prennent d’autres proportions avec des jeux de couleurs et de patchwork en trompe l’œil. Une claque. 18 FÉVRIER 2012 TENDANCE © LOUIS VUITTON 44 CECI N’EST PAS UN LUXE L’ÉTOILE FAIT SON CINÉMA La culture n’a pas de prix, mais elle a un coût. Au XXIe siècle, un nouveau genre de mécènes a fait son apparition. La preuve par Vuitton, qui se penche sur le cas cinéma. Par Julie Luong. Photos DR. Quel est point commun entre le cinéma, la mode et l’architecture ? La réponse a été donnée – et il sait de quoi il parle – par l’architecte américain Peter Marino à l’occasion de l’ouverture de la Maison Étoile Louis Vuitton à Rome le 29 janvier dernier : ce sont des disciplines où, qui que vous soyez, vous ne pourrez rien faire seul. Des arts qui engagent plus que l’artiste. Des sports d’équipe, qui accumulent les étapes entre l’idée et le résultat – et donc les intermédiaires, collaborateurs, passeurs. Leçon d’humilité disent certains, où l’équilibre entre l’exigence créatrice et la soumission aux contraintes pratiques et économiques est parfois maintenu dans la douleur, souvent dans l’ivresse du défi. Secteurs donc où l’œuvre ne va pas sans beaucoup, beaucoup d’argent. Mais qui continuent de penser que le beau n’est pas un luxe. Bagages et cinéma Louis Vuitton et l’art, c’est une vieille histoire. Et Yves Carcelles, PDG de Louis Vuitton et futur 45 © LOUIS VUITTON TENDANCE 18 FÉVRIER 2012 président de la Fondation Louis Vuitton pour la création et l’art contemporain, n’a pas manqué de rappeler, lors de l’ouverture de la Maison Étoile, que Vuitton avait toujours eu beaucoup d’artistes comme amis, honorant depuis le début du XXe siècle diverses commandes spéciales pour des icônes du septième art : Mary Pickford et Douglas Fairbanks, Yvonne Printemps et Sacha Guitry, et – plus proches de nous – Catherine Deneuve, Nadine Labaki, actrice et réalisatrice du film « Caramel », mais aussi Wes Anderson dont le « Darjeeling Limited » immortalise une série de bagages conçus pour l’occasion par le maroquinier français. En 2009, Louis Vuitton a fait un pas de plus avec les Journeys Awards, concours international de courts métrages parrainé par le Hongkongais Wong Kar-wai, pas moins, et placé, pour l’édition 2012, sous l’égide de l’Italien Luca Guadagnino, réalisateur du remarqué « Amore », avec Tilda Swinton. Lors de ce concours, de jeunes cinéastes sont invités à donner leur vision du voyage au sens large – Life is a jouney – dont Vuitton s’est fait une spécialité, à travers des campagnes de pub mettant en scène Sean Connery, Keith Richards ou encore Mikhaïl Gorbatchev. À la clé ? Deux prix de 25.000 $, joli coup de pouce pour les jeunes réalisateurs qui peinent souvent à trouver un financement. Et parce que Vuitton sait qu’on ne fait fructifier un héritage qu’en le confiant à la jeune génération, il vient aussi de lancer un partenariat de trois ans avec le Centro Sperimentale di Cinematografia, l’une des plus anciennes écoles de cinéma au monde (fondée en 1935), dirigée en son temps par Roberto Rossellini, scellant ici son attachement aux valeurs de transmission et d’excellence de tous les savoir-faire. Il faut dire que l’ouverture de la Maison Étoile à Rome était l’occasion rêvée pour Vuitton de mettre à l’honneur le cinéma italien. Érigée Piazza San Lorenzo in Lucina, en lieu et place du cinéma Étoile, salle bien connue des Romains, qui avait fermé ses portes en 1991 après presque un siècle d’existence, la luxueuse boutique a été entièrement conçue en « hommage » à Cinecittà. Derrière la façade d’origine à peine liftée, le visiteur est accueilli par une œuvre de l’artiste Jiri-Georg Dokoupil, gigantesque mosaïque réalisée à partir de pellicules de film. Au premier étage, un écran de cinéma, surmonté de l’arcade d’origine, devrait accueillir, chaque mois, une sélection de courts métrages autour d’un thème choisi. Un coin librairie spécialisée septième art est également prévu. Derrière, les créations de Marc Jacobs s’alignent sur des portants, aux côtés des malles mythiques. Non loin de là, une œuvre du Brésilien Vic Muniz revisite « La Création d’Adam » de Michel-Ange. Boutique ? Musée ? Cinéma ? Lorsqu’on sait, comme l’a rappelé Peter Marino, qu’un client peut facilement passer une heure et demie dans une boutique Vuitton, cette confusion des genres ne semble pas si saugrenue. La façade du cinéma Etoile, qui date du début du XXe siècle a été entièrement conservée. Mais aujourd’hui, sacs et vêtements sont à l’affiche. L’entièreté des lieux a été pensée en hommage au cinéma Étoile, jusque dans l’emplacement de l’écran. Le genre de défi que j’adore, a déclaré Peter Marino. © LOUIS VUITTON 18 FÉVRIER 2012 TENDANCE © LOUIS VUITTON 46 Vuittonisme Temple du luxe, Vuitton se verrait bien aussi temple de la culture. Il faut dire que le bénéfice est triple : ancrer la marque dans un imaginaire noble, abolir les frontières entre l’art et l’artisanat de haute voltige dans lequel le maroquinier s’est illustré, mais aussi tenter les noces, parfois arrangées, de la profondeur (dont l’art se gausse) et de la superficialité (dont est accusé le luxe). À l’heure où le désir de consommation côtoie toujours de près la quête d’identité, Vuitton a compris qu’il ne pouvait se passer des artistes, de leur créativité tout comme de la marque d’authenticité qu’ils apposent à son logo. Mais alors, devons-nous vraiment compter sur les marques pour faire vivre la culture ? Première constatation : le mécénat d’entreprise s’est certes répandu au cours des dernières années, mais il a du mal à suivre. Selon l’enquête sur le mécénat d’entreprise de 2010, menée par l’ADMICAL-CSA, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se consacrer au mécénat (+ 17 % depuis 2008), mais la baisse des sommes allouées est substantielle (– 20 %). En dépit de la loi Aillagon de 2003, qui octroie aux entreprises françaises d’importants avantages fiscaux en cas de mécénat, la crise a poussé les PME à revoir leur mise. Reste donc les industries du luxe qui, on le sait, sortent aujourd’hui leur épingle du jeu, notamment grâce à leur implantation dans les pays émergents, friands de luxe à la française. Après l’Église, après l’État, les artistes doivent donc désormais composer avec les Cartier et les Vuitton. Le projet de la Fondation Louis Vuitton pour la création et l’art contemporain, lancé en 2006 par Bernard Arnault, première fortune de France et patron du groupe LVHM (dans lequel le maroquinier tient une place centrale), est à ce titre emblématique. Réunissant une partie de la collection privée de Bernard Arnault, la Fondation devrait prendre ses quartiers dans un bâtiment conçu par l’architecte Frank Gehry fin 2013, dans le bois de Boulogne, aux portes de Paris. Il pourrait bien devenir un lieu central pour l’art contemporain, même si Vuitton n’a pas que des amis dans ce milieu. Depuis plusieurs années, la jeune artiste danoise Nadia Plesner est ainsi en conflit avec le maroquinier en raison de son « Darfurnica », qui met en scène un enfant africain affublé d’un petit chien très « parishiltonien » et d’un sac ressemblant furieusement à un produit Vuitton, voulant ainsi, dit-elle, questionner le rôle des médias qui parlent tant des stars et pas du tout de la situation au Darfour. Attaquée en justice par Vuitton, l’artiste a perdu le procès, malgré les arguments de son avocat qui a rappelé qu’Andy Warhol avait bien été libre de dessiner dans ses œuvres de la soupe Campbell et du Coca-Cola comme signes de son époque. À tout le moins, Vuitton ne peut nier que le détournement constant dont ses produits font l’objet n’est qu’un des effets secondaires de son incroyable empire : aussi connu que le plus connu des sodas, son logo fait aujourd’hui le tour du monde, pénètre les écrans et entre dans les musées. Parfois sans sa permission. De préférence avec son soutien. ★ OÙ ? Maison Louis Vuitton Étoile, 36 Piazza San Lorenzo in Lucina, Rome, www.louisvuitton.fr Plus de 1000 carcasses de chaises en stock! Tables de salle à manger, consoles, cheminées..... et un grand choix de Lin Libeco. Profitez de nos fins de rouleaux à 10 ` le mètre (plus de 500 rouleaux). Journées d’achats dans nos ateliers les 18, 20, 21 22, 23 et 24/02 de 10h à 17h. Finition et garnissage au choix du client (réalisés dans nos ateliers). 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Faites revenir l’oignon et les carottes dans un peu d’huile pendant 10 min jusqu’à ce qu’ils soient fondants, ajoutez le jambon et poivrez généreusement. • Confectionnez la farce : mélangez la chair de saucisse avec le jambon, les carottes, les oignons, l’œuf, les herbes, la mie de pain et rectifiez l’assaisonnement. • Blanchissez les feuilles de chou en les trempant 5 min dans de l’eau bouillante salée. Refroidissez-les dans de l’eau glacée. Enlevez les côtes. • Disposez chaque feuille devant vous, placez au centre 2 c. à s. bien remplies de farce et rabattez les côtés. Ficelez façon « paquet cadeau ». • Chauffez 2 cm de bouillon de légumes et 10 cl de vin blanc dans une cocotte. Placez-y les farcis, couvrez et laissez cuire 15 min à petit feu en les arrosant régulièrement. • Accompagnez de pommes de terre grenailles sautées. VARIATIONS GOURMANDES AUTOUR DE LA FARCE PLUTÔT QUE DE LA SAUCISSE, choisissez du haché de veau que vous mélangerez avec de la pancetta grillée, des pignons de pin, des feuilles de sauge frites et un reste de potimarron cuit. Vous pouvez également hacher un reste de gigot d’agneau à mélanger avec des tomates confites hachées, des petites lamelles d’artichauts grillés, des olives noires et 1 c. à s. de ricotta. En version poisson, du saumon cru coupé en petits dés, des lardons fumés rôtis avec des oignons doux et des épinards. Ajoutez toujours un œuf et un peu de mie de pain. CUISINE 18 FÉVRIER 2012 Dessert GÂTEAU AUX ORANGES SANGUINES Pour 4 personnes • 2 oranges sanguines Sirop • 200 g de sucre • 100 ml d’eau Pâte • 200 g de sucre • 4 œufs • 240 g de farine • 1 c. à c. de levure chimique • 150 g de beurre + 40 g en copeaux • 1 moule de 22 cm de diamètre • papier sulfurisé • Épluchez les oranges à vif, coupez-les en tranches de 0,5 cm. • Confectionnez un sirop en portant à ébullition l’eau et le sucre. Laissez frémir 10-15 min. Placez les oranges dans le sirop encore chaud et laissez tiédir. • Préchauffez le four à 150 ºC. Battez le sucre et les œufs jusqu’à ce que le mélange blanchisse et triple de volume. Ajoutez la farine et la levure en pluie, mélangez délicatement ensuite le beurre fondu. • Chemisez le moule de papier sulfurisé et garnissez-le des tranches d’oranges. Ajoutez 2 c. à s. de sirop et les copeaux de beurre. Glissez la pâte par-dessus et enfournez pendant environ 40 min jusqu’à ce que le gâteau soit cuit. • Démoulez et laissez refroidir. Dégustez avec de la crème épaisse nature bien froide. POUR RENDRE UN CAKE MOELLEUX, battez les blancs en neige ou ajoutez de la levure chimique en fonction du poids de farine. On peut également remplacer une partie de la farine par de la poudre d’amandes, de pistaches ou de noisettes. Et pour un résultat bluffant, ajoutez également un légume doux râpé finement : carotte, potimarron, courgette ou betterave. 49 50 18 FÉVRIER 2012 CUISINE vez Retrou oduits, p es r Line, s stuces, ses a tes de cet ses re n sur saiso g.be oirema t ic .v www Avec une orange sanguine... VINAIGRETTE À L’ORANGE ET À L’ESTRAGON • Le zeste blanchi d’une orange sanguine mélangé à son jus, un trait de vinaigre doux (balsamique blanc par exemple), 1/2 c. à s. de moutarde de Meaux, deux fois plus d’huile d’olive extra-fruitée que de jus, du sel et de l’estragon finement ciselé. Voilà une vinaigrette parfumée pour arroser un fenouil cru coupé finement ou un blanc de volaille. • L’orange sanguine est douce, un poil amer et, à l’œil nu, on ne la différencie pas de sa classique cousine. À y regarder de plus près, elle est à peine tachetée de minuscules points rouges. Elle est récoltée au sommet de sa maturité en janvier et en février. Sa couleur hypersexy en fait l’alliée d’une cuisine inventive. MI-FÉVRIER Il y a tant de saveurs et seulement quatre goûts : sucré, salé, amer, acide. Le premier, enjôleur, est le plus universel car déjà présent dans le lait maternel. Le second, exhausteur, met en relief toutes les saveurs. Le troisième, malaimé, est à apprivoiser mais une fois son équilibre trouvé, donne énormément de caractère à un plat. Enfin, l’acidité donne du relief et du peps, et réveille la moindre assiette, du simple plat de spaghettis au citron, au pecorino et au poivre en passant par la fameuse tarte meringuée ou le magnifique accord orange et chocolat noir. Tout simplement, on peut aussi presser une orange sanguine et y glisser une boule d’excellente glace vanille. Top. GPS - À LA CARTE 18 FÉVRIER 2012 51 Le retour des anciens Par Olivier Frey. Photos DR. victoiremag.be ★ Après des années d’errance et de technologie culinaire des plus fantasques, certaines maisons ont traversé les tempêtes en évitant même les creux, grâce à leur culture gastronomique et à la virtuosité de leur barreur. Étoilé Cela fait douze ans qu’Alain Troubat, Don Quichotte de la vraie bouffe, a déposé ses valises à Bruxelles. Son étoile, le Stirwen, brille de mille feux. Ici, pas de chichis, mais la vérité du goût, résultat d’années de travail allant à l’essentiel des recettes. En saison, son lièvre à la royale fait courir toute l’Europe, mais ses chipirons sautés aux artichauts barigoule (22 €), sa salade de sot-l’y-laisse de pintade et ris de veau aux girolles et parmesan (22 €) ou sa tête de veau à la française sauce ravigote (28 €) sont autant de plats qui font l’histoire de la cuisine de tradition. Le Stirwen, 15-17 chaussée Saint-Pierre, 1040 Bruxelles, T. 02 640 85 41, www.stirwen.be Fermé samedi et dimanche. Delicious Ce resto de quartier à la cuisine ouverte et au poêle à gaz comme unique source de chaleur est un véritable théâtre des saveurs d’antan. Jean-Yves Pletsier partage depuis dix ans sa passion pour la bonne bouffe et, en général, des produits de saison. Ces plats prennent au corps et font plaisir à l’esprit : cassoulet toulousain (21 €), garbure, groin de cochon vinaigrette à la française (16 €), tripes… Côté pinards, bravo pour le choix et la qualité ! Le Coin des Artistes, 5 rue du Couloir, 1050 Bruxelles, T. 02 647 34 32, www.lecoindesartistes.be Ouvert du lundi au vendredi, fermé samedi midi et dimanche. Tradition Cette belle bâtisse fut érigée en 1958 expressément pour être un restaurant... une première en Belgique ! Maison de qualité et de bouche. L’intérieur cosy et un peu suranné sert de cocon aux plats de tradition. Alain Deluc, assisté de son fils Olivier, ne rechigne pas à proposer des recettes d’école à l’instar du perdreau qui traverse la salle en sifflant ou du homard en chemise sauce au beurre Barbizon (70 €). Le Barbizon, 95 Welriekendedreef, 3090 Overijse, T. 02 657 04 62, www.barbizon.be Ouvert du jeudi au lundi. Classique Cette maison bourgeoise entourée d’étangs abrite une institution. Passons la déco. Ici, on « dépote » de la qualité autour de deux produits inscrits dans l’ADN du gastronome belge : l’anguille au vert (25 €) et la fameuse côte à l’os (au poids ± 25 €). Particularité du Tissens, on n’y propose que ces deux options en plat de résistance. La cohérence va jusqu’aux desserts, avec la dame blanche (5 €), le soufflé au Grand Marnier (7 €) ou l’irish coffee (7 €). Tissens, 105 Groenendaalsesteenweg, 1560 Hoeilaart, T. 02 657 04 09, www.tissens.be Fermé mercredi et jeudi. LADY CHEF 2012 Cocorico ! Lisa Calcus vient de se voir décerner le 22e titre de Lady Chef 2012. À une époque où les femmes sont de plus en plus derrière les fourneaux, « Victoire » avait eu du nez en vous la présentant avec la nouvelle génération de chefs dont elle était la seule représentante féminine ! À près de 40 printemps, cette native du Hainaut, formée à l’école hôtelière de Namur, exerce ses talents dans son restaurant Les Gribaumonts à Mons, aux côtés de son époux en salle, Nicolas Campus, passionné par le monde de Dionysos. Les Gribaumonts, 95 rue Havré , 7000 Mons, T. 065 75 04 55. Fermé : samedi midi, dimanche et lundi, www.restaurantlesgribaumonts.be découvrez les Figurines Tintin la collection officielle 12,99€* © Hergé / Moulinsart 2011 Une création Moulinsart / TF1 Entreprises la figurine + le livret + le passeport Le Soir et Le Soir magazine présentent la collection officielle des figurines de Tintin. Une collection inédite de figurines en résine de 12 cm. Chaque personnage est accompagné d’un livret d’identité et d’un passeport numéroté, véritable certificat d’authenticité. Pour obtenir ces figurines, découpez votre bon dans Le Soir ou Le Soir magazine et remettez-le à votre libraire. *Hors prix du journal Le Soir ou du Soir magazine. Hors grandes surfaces et suivant disponibilités. Une figurine tous les 15 jours chez votre libraire ! UNE CRÉATION ORIGINALE MOULINSART-TF1 DISTRIBUÉE EXCLUSIVEMENT PAR LE SOIR ET LE SOIR MAGAZINE AIR DE FAMILLES 18 FÉVRIER 2012 53 À bras ouverts ? Entrer à la crèche ou chez l’accueillante à domicile, ça se prépare. On appelle ça la familiarisation… Par Sophie Schneider. Photo DR. Illustrations Aurore de Boncourt. Retrouvez une coproduction / Rencontre avec Lucia Pereira, conseillère pédagogique à l’ONE. ★ À la télé : tous les jours sur la Une et la à la Deux, tous les jours à 12 h 12 et 17 h 12 sur , en direct, ★ En radio sur chaque mois, de 14 h à 15 h 30, dans l’émission « La Vie du Bon Côté » de Sylvie Honoré. ★ Sur internet : www.one.be toutes les émissions, les spécialistes et les infos pratiques. Pourquoi préparer l’enfant ? À cet âge, il est « adaptable », non ? On pensait que plus les enfants étaient petits, plus ils étaient « adaptables ». Nous savons aujourd’hui que les changements et les séparations ne se font pas sans difficulté, voire souffrance pour eux. Les bébés sont dans la dépendance psychique et physique de leurs parents et c’est à travers eux qu’ils perçoivent et décodent le monde. Toute séparation, non préparée, pourra être ressentie comme un abandon - douloureux, difficile - et demandera des efforts à l’enfant. Les enfants ont un potentiel d’énergie limité dont ils ont besoin pour se développer, exprimer la faim, le besoin de sommeil, se défendre contre les maladies… Lors d’une séparation abrupte, le bébé va dépenser cette énergie, soit à pleurer toute la journée, soit à s’endormir pour s’enfuir et parfois développer des symptômes inquiétants comme le refus de boire, de manger, des troubles du sommeil… Que faire ? Au-delà des réponses aux questions des parents et des choses qu’ils ont à communiquer au professionnel concernant l’enfant, la période de familiarisation consiste en des rencontres entre la famille et un(e) accueillant(e). Il ne s’agit pas d’un dispositif technique. Ces rencontres auront lieu dans des conditions permettant le tissage des liens et l’instauration d’une relation de confiance au sein de laquelle l’enfant pourra se séparer de ses parents en sécurité pendant quelques heures – condition de son épanouissement . Les parents, de leur côté, pourront s’autoriser à confier leur enfant pour la journée et le professionnel pourra apprendre comment répondre de façon adéquate aux besoins de chaque enfant. En fait la familiarisation sert aussi à rassurer les parents ? Et c’est nécessaire puisque l’enfant se construit à travers sa relation avec ses parents ainsi que dans la relation que ses parents entretiennent autour de lui avec d’autres adultes. La confiance que les parents font au professionnel est perçue par l’enfant. L’investissement du professionnel, le temps vu comme un processus et le respect de la place et de la fonction de chaque adulte vis-à-vis de l’enfant sont des facteurs qui favorisent et permettent à l’enfant de se sentir enveloppé par le lien de confiance entre les adultes. Il peut ainsi progressivement passer des bras de ses parents aux bras de la personne qui va l’accueillir, se séparer dans une toile de liens tissée par les adultes qui lui permettent de s’attacher petit à petit à d’autres adultes. Ça se passe comment ? Les milieux d’accueil proposent aux parents un cadre de base, fortement soutenu par l’ONE, qui devrait être ajusté d’après les besoins et possibilités de chaque famille (moment de la journée, jours de la semaine, présence du même professionnel qui va accueillir la famille…). Une série de rencontres entre les parents, l’accueillant et l’enfant. Après quelques jours, l’enfant restera seul à partir d’une décision concertée entre les parents et les professionnels. ★ Expliquer Répondre Par l’exemple La crèche est un endroit important : on s’y sent chez soi, mais on ne peut pas tout faire comme à la maison ! Comme toujours, des mots simples et justes pour expliquer le monde aux enfants. La journée, pendant que les parents travaillent, que font les enfants à la crèche ? Un livre pour apprendre comment se séparer en douceur pour mieux savourer les retrouvailles du soir. Bébé Koala a des journées chargées à la garderie : bricolages, jeux, sieste, histoire… sans parler des copains ! On ne voit pas le temps passer quand on est si bien entouré. À la crèche, Catherine Dolto, Colline FaurePoirée, éd. Gallimard Jeunesse, Giboulées Dolto-Tovich, 6 €. Dès la naissance. À ce soir, Jeanne Ashbé, éd. L’École des loisirs, Lutin poche, 5,50 €. Dès la naissance. À la garderie, Nadia Berkane, Alexis Nesme, éd. Hachette Jeunesse, Les petites histoires de bébé Kola, 2,25 €. Dès 2 ans. N O U VE AU GPS - PAGE 69 18 FÉVRIER 2012 55 Sexe-art Par Didier Dillen. Si les artistes ont toujours su tirer parti des vertus subversives ou aguichantes de l’obscénité, les créateurs qui se servent de l’acte sexuel, voire de leur corps, comme mode d’expression sont plus rares. Ce sont des sexe-artistes ! AU TOP Les artistes connus ontils plus de partenaires sexuels que les autres ? Des chercheurs britanniques pensent que oui. Après avoir soumis un questionnaire à 236 artistes visuels (85 hommes et 151 femmes), ils ont constaté que les plus en vogue s’envoyaient plus souvent en l’air avec de nouveaux partenaires que les autres. Mais ce ne serait vrai que pour les hommes. Certains ont déclaré jusqu’à 250 conquêtes ! Picasso, lui, était réputé pour changer de maîtresse ou d’épouse chaque fois qu’il changeait de style. Il y en a qui construisent des marionnettes avec de la ficelle et du papier. Il y en a d’autres qui n’ont même pas besoin de ces accessoires pour improviser un spectacle hilarant : une paire de couilles extensibles, une verge, et le tour est joué ! Depuis 1997, Simon Morley et David Friend, deux Australiens passablement burnés, sillonnent le monde avec leur show baptisé « Puppetry of the penis » (Les marionnettes du pénis). Leurs accessoires : une sacrée dose d’humour et un service trois pièces en parfait état de marche, qu’ils plient, étendent, déforment, contorsionnent… jusqu’à les transformer en parachute, en Tour Eiffel, en hamburger ou en monstre du Loch Ness ! Tout ça sur scène, tout nus et devant un public mixte, lui aussi, généralement plié en quatre. Joué devant les plus grandes vedettes (Hugh Grant, Naomi Campbell, Elton John, Bono et les Beckham), le spectacle a tellement de succès que plusieurs équipes de performers ont été recrutées par le duo. Est-ce de l’art ou du cochon ? Les avis sont partagés. Les deux créateurs comparent quant à eux leur travail à une forme d’origami génital. Les cocottes étant ici remplacées par des quéquettes. Que les spectateurs du dernier rang se rassurent cependant, un écran géant leur permet de suivre sans jumelles ce théâtre de guignol d’un genre un peu particulier. Art pénien Dans un registre plus pictural et plus modeste, l’Australien Tim Patch, alias Pricasso (traduisez « Bitcasso »), n’est pas mal non plus. L’homme a troqué le pinceau ou la spatule au profit de son sexe. Il lui arrive cependant aussi de peindre avec ses testicules ou ses fesses, selon les… effets qu’il souhaite créer. Pour le reste, Tim Patch procède comme n’importe quel artiste peintre. Il exécute d’abord une esquisse à petits coups de phallus étonnamment précis, puis applique les différentes couleurs. Sans oublier de rincer l’instrument entre chaque teinte ! À défaut de se prendre trop au sérieux ni d’atteindre au grand dard, Pricasso possède un certain sens du portrait. On peut le voir sur la Toile s’activer en public tantôt sur la caricature d’une personnalité (Obama, Tony Blair, la reine d’Angleterre…) tantôt sur celle d’un quidam. C’est d’ailleurs de ce genre de portraits de commande qu’il vit. Pas si bien que cela, puisqu’il ne lui est pas possible de frotter trop souvent son pinceau contre une toile : son pénis ne le supporterait pas ! On veut bien le croire. One sex show Mais certains artistes revendiquent aussi leurs parties intimes comme véritables modes d’expression ou de revendication. Le sexe est subversif. Ce n’est pas pour rien que toutes les cultures ont tenté avec plus ou moins de succès d’en contrôler les représentations. Récemment, l’artiste chinois Cheng Li a ainsi été envoyé pour un an dans un camp de travail pour avoir fait l’amour en public lors d’une de ses audacieuses expositions. Dans les années 70, des artistes comme Vito Acconci et Valie Export partiront en guerre contre les conventions sociales, les tabous sexuels ou le statut de femmes de l’époque. Cela donnera lieu à des représentations pour le moins assez originales et radicales. En 1968, Valie Export déambulera, par exemple, dans les rues de Vienne, les seins nus recouverts d’une sorte de boîte ajourée, tout en invitant le public à venir les lui palper. En 1972, Vito Acconci se cachera quant à lui nu sous le parquet d’une galerie d’art pour se caresser et se masturber. Sa voix diffusée par haut-parleur encourageait le public à lui marcher dessus pour l’amener au plaisir ! ★ www.puppetryofthepenis.com, www.pricasso.com 56 18 FÉVRIER 2012 INFOS 1 © VERBEKE FOUNDATION. Et la semaine prochaine ? SPÉCIAL DESIGN Décryptage d’une nouvelle architecture, entre nomadisme et provisoire qui dure. 2 Plongée belge dans cette archi hors normes avec un loft cube ou une maison-conteneur. 3 Toutes les semaines, retrouvez les coulisses du magazine, les vidéos des shootings et des cadeaux (beaux !) à gagner sur www.victoiremag.be Pour nous contacter : [email protected] Et virée à Helsinki, capitale mondiale du design 2012, avec quatre de ses talents hyper-prisés. Carnet d’adresses Au lit avec Bernard Yerlès, p. 04 Balthazar, T. 02 647 77 37, www.balthazarstore.com Diesel, T. 03 608 40 55, www.diesel.com Own, T. 02 217 95 71, www.own.be Éditeur responsable Patrick Hurbain, 100 rue Royale, 1000 Bruxelles Administrateur délégué Bernard Marchant Directeur général Didier Hamann Responsable marketing et communication Sabine Lévy victoire Directrice de publication Anne Pochet Coordinatrice de rédaction Julie Rouffiange Coordinatrice de production Amandine Maziers Product Manager Isabelle Roche, T. 02 225 53 03 Conception graphique Donuts Photogravure Prépresse Rossel Mise en pages Christophe Coppens, Cécile Heere, Carine Scailquin. Journalistes Gilles Bechet, Catherine Callico, Line Couvreur, Didier Dillen, Vincent Engel, Sandra Evrard, Olivier Frey, Julie Luong, Rafal Naczyk, Sophie Schneider. Photographes Julie Calbert, Frédéric Raevens, Filip Vanzieleghem, Nicolas Velter. Illustrations Aurore de Boncourt, Émilie Seron. Régie Publicitaire Rossel Advertising Account manager Malika Afkir T. 02 225 57 30, [email protected] Assistante commerciale Nadine Haenecour T. 02 225 52 86 Imprimerie Remy Roto à Beauraing. Café Costume, T. 02 213 54 44, www.cafecostume.be Épisode, T. 02 513 36 53, www.episode.eu H&M, T. 02 210 00 00, www.hm.com Le Palais du cache-poussière, T. 02 218 02 71, www.palaisducachepoussiere.com Maghet, T. 02 514 08 58, www.costumier.be Petit Bateau, T. 02 545 76 50, www.petit-bateau.com Ramon et Valy, T. 02 511 05 10. OFFRES D’ABONNEMENT victoire Je m’abonne en surfant sur www.victoiremag.be ou via le coupon ci-dessous, à renvoyer à Rédaction Victoire, 100 rue Royale, 1000 Bruxelles. Références. le magazine de votre carrière je m’abonne le samedi… = 1,30 € PREMIER EMPLOI BOULI LANNERS ACTEUR ET RÉALISATEUR + par semaine ❏ Je m’abonne pour 12 mois au Soir du samedi avec victoire (41 nº par an) et Références, au prix de 67,60 € (code 3877) au lieu de 78 €. … et plus si j’en ai envie ! 11.02 SAMEDI 18 FÉVRIER 2012 MAGAZINE N° 234 DES CASTINGS GALÈRES AUX TÊTES D’AFFICHES, COMMENT VIVENT LES COMÉDIENS BELGES ? JEUX DE TÉMOIGNAGE TRAVAILLER EN CHINE... UN RÊVE ? PARTIR POUR OUR UR MIEUX MIEUX REVENIR R E EVE VENIR V NIR SAMEDI ET DIMANCHE 27 et 28 août 2011 /Edition Périphérie / Quotidien / No 199 / EUR 1,50 / 02 225 55 55 CDH UN EMPLO EMPLOYEUR OYEEUR SU SUR UR QQUATRE, UATRE, DANS LE MONDE, RECRUTE HORS DE SES L’EXPATRIATION, ES FRONTIÈRES. FROONTIIÈREES. LL’E EXPATRIATION, UN PLUS POUR LE CV ? Benoît Lutgen, un président sans belle-mère 13 365 EMPLOIS RÔLES LE SOIR DU SAMEDI + 2 JOURS AU CHOIX = 3€ 30 AST FAIRE UCES POU LA R EN TEM DIFFÉRENCE PS DE 3 E VOLE CRISE T P. 4 SUR REFERENCES.BE Que vous permet votre salaire ? CAHIER ÉTÉ David Da Van Reybrouck Va «N Nous sommes devenus du bétail de de vote » P. 23 & 24 NOTRE SÉRIE VINS DE CHEZ NOUS Les vins chaleureux de la Mazelle P. 26 & 27 LA BELGIQUE EXPLIQUÉE À VOS VOISINS DE PLAGE P. 25 D’Ambrosio, l’attraction du GP de Belgique P.37, 40 & 41 lesoir.be PHOTO : NICOLAS VELTER. Premier rôle, seconde vie, p. 34 Mani, soul brother, p. 12 victoire, magazine du journal Le Soir Rédaction Privejoke, T. 02 502 63 67, www.privejoke.com Stijl, T. 02 512 03 13. Tommy Hilfiger Denim, www.tommy.com Bibliothèque des Arts du spectacle, T. 02 513 81 02, www.webopac.cfwb/ bibliothequeservicetheatrelabellone Hom par Alexis Mabille, T. 02 270 21 31, www.hom.com Ikea, T. 02 719 19 33, www.ikea.com La Bellone, T. 02 513 33 33, www.bellone.be Maison du Monde, T. 02 217 66 41, www.maisondumonde.com par semaine ❏ Je m’abonne pour 12 mois au Soir du samedi avec victoire (41 nº par an) et Références + 2 jours au choix, au prix de 156 € (code 3877) au lieu de 252,2 €. Cochez les 2 jours : ❏ Lundi, les sports ❏ Mardi ❏ Mercredi, MAD ❏ Jeudi, L’Immo ❏ Vendredi, ZAP NOM ......................................................................... PRÉNOM ................................................................. RUE/AVENUE ........................................................................................................Nº .............. BTE ............ 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Le traitement de vos données personnelles par ROSSEL S.A., pour gestion de clientèle et le cas échéant, transfert à des tiers, est soumis à la loi sur la protection de la vie privée, autorisant notamment la consultation du registre public. Vous avez libre accès à ces données pour en demander, si nécessaire, la rectification ou la suppression. Parfois nous permettons à certaines sociétés de vous envoyer des offres susceptibles de vous intéresser. Si vous ne souhaitez pas les recevoir, merci de cocher cette case. ❏ PHILIPPE GELUCK 18 FÉVRIER 2012 57 58 18 FÉVRIER 2012 JO LONDON 2012 JO - 160 jours Chaque semaine, le portrait d’un athlète belge sélectionné pour les JO de Londres. Par Philippe Vande Weyer, journaliste au Soir, http://blog.lesoir.be/jo2012 Photo Filip Vanzieleghem. JEAN-MICHEL SAIVE En juillet, il participera à ses septièmes Jeux olympiques consécutifs. À 42 ans, le pongiste liégeois n’est plus à un record près. C’est une scène qu’il a vécue mille fois – Monsieur Saive, il me semblait bien que c’était vous, mais je n’osais pas… Je peux avoir un autographe pour mon fils ? Lui aussi, il joue au tennis de table ! Et une demande qu’il exécute avec le sourire et la force de l’habitude. À 42 ans, son image est indélébile dans le paysage sportif belge. Comme s’il avait été toujours là. Pour le grand public, mon nom est désormais au-dessus de mon palmarès. Avant, ça m’agaçait un peu, maintenant, je profite. Il sait que ses plus belles années à la table, ces « nineties » où il a notamment atteint la place de nº1 mondial, été sacré champion d’Europe et vicechampion du monde, sont derrière lui. Mais JeanMichel Saive continue, malgré tout, à se démener, fidèle à son image de battant. Pour le plaisir qu’il ressent encore quand il remonte le short. Et contre la banalisation ou le non-intérêt des performances de Villette Charleroi, ce club dont il porte toujours le maillot après vingt-deux ans de bons et loyaux services. Malgré les dix-huit mois de salaire qu’on lui doit et dont il ne verra, il s’en est fait une religion, jamais la couleur après la mise en faillite de l’ASBL qui gérait la section professionnelle. Si j’y suis resté, c’est pour que le club continue à vivre, assure-t-il en regrettant ces soirées d’antan où le Spiroudôme faisait le plein là où, aujourd’hui, ils sont à peine deux cents pour assister aux matchs européens. Il ne faut pas vivre avec le passé, mais bon… Je me dis parfois qu’il vaudrait peut-être mieux que l’on reparte dans une autre salle, plus petite. Que l’on coupe. Que l’on redynamise. Il y a quatre ans, après Pékin, il a cru que sa carrière allait gentiment s’étioler. Un matériel inadapté au moment de l’instauration des nouveaux règlements sur les revêtements des palettes l’avait, l’espace de quelques mois dégoûté. Je n’avais pas les bons pneus (sic) et, à cause d’une obligation contractuelle, je devais fermer ma g… Puis, peu après son changement d’équipementier, le mirage londonien est apparu là-bas, dans le brouillard. Et, avec lui, la perspective d’une septième participation consécutive aux Jeux, record de Belgique du tireur François Lafortune (de 1952 à 1976) égalé. Un moteur pour « Jean-Mi », le dingue de stats. J’ai commencé à y croire début 2010 quand j’ai vu mon classement, raconte-t-il. Lors des Mondiaux de Moscou, en mai, beaucoup de résultats ont joué en ma faveur. À partir de là, j’ai commencé à calculer, à faire le tour du monde pour aller chercher avec mes tripes des résultats dans des tournois intéressants pour moi, en Inde et en Égypte notamment. Et j’y suis arrivé lors des Mondiaux de Rotterdam, en mai 2011. Peu de temps après sa qualification, qui a reboosté son image, Saive est allé rendre visite à Lafortune. Un moment d’intense émotion qui lui procure la chair de poule chaque fois qu’il y repense. Son record, je ne l’égalerai que quand je serai à Londres ! Même si le temps passe vite, je voudrais déjà y être… Le Liégeois est conscient qu’il y a plus de chances qu’il y passe à la trappe d’entrée de jeu, comme en 2004 et 2008, qu’il n’y réussisse un exploit. Me faire sortir au premier match me rendrait sans doute moins malade qu’à Athènes et à Pékin. En revanche, ce qui me ferait mal, ce serait de passer complètement à travers. Pour éviter toute déconvenue, il fait attention à tout, à commencer par son alimentation, lui qui, avec l’âge, grossit plus facilement qu’avant. Il note consciencieusement tous les jours ce qu’il mange et l’envoie à son médecin. Rien que le fait de le faire m’a déjà fait perdre 1 ou 2 kg ! Il sait aussi que, quoi qu’il arrive après les JO, il ne connaîtra pas le trou noir. Il a préparé ses arrières en s’investissant dans la direction du sport depuis plusieurs années. Administrateur du COIB, membre de sa commission des athlètes et de celle de la Fédération internationale de tennis de table – où il a été battu pour la présidence par le Biélorusse Vladimir Samsonov… au jet de la pièce après être arrivé à égalité avec lui aux élections –, consultant du directeur technique de sa ligue, sa voix de sage est de plus en plus écoutée. Après Londres, j’aurai encore un défi, révèle-t-il pourtant. Juin 2014. Ce mois-là, je fêterai mes 30 ans de présence ininterrompue au poste de nº1 belge du tennis de table. Inoxydable « Jean-Mi »… ★ La semaine prochaine : Xavier Reckinger, hockeyeur. J.O. LONDON 2012 18 FÉVRIER 2012 QUI ? Naissance de Jean-Michel Saive le 17 novembre 1969, à Liège. Taille 1,81 m. Poids 78 kg. Résidence Crisnée. Discipline Tennis de table. Club Villette Charleroi. Entraîneur Martin Bratanov. Passé olympique 1988, 1992, 1996, 2000, 2004, 2008. 59 RENAULT SCÉNIC COLLECTION 2012. SI SOBRE QU’ON OUBLIE OÙ SE TROUVE LE RÉSERVOIR. D’OÙ SA COULEUR EN OPTION. IL Y A DÉJÀ UN RENAULT SCÉNIC COLLECTION 2012 À PARTIR DE € 15.590 *. RENAULT SCÉNIC COLLECTION 2012. 4,1 L /100 KM, LE MONOSPACE LE PLUS SOBRE DU MARCHÉ. Nouveau moteur Diesel Energy dCi 110 avec système Stop & Start (105 G CO 2 /KM). Nouveau design avec éclairage LED. Nouvelles technologies avec Visio System® pour une sécurité accrue. Et en option, un autocollant coloré pour retrouver le clapet du réservoir, vu les rares pleins que vous ferez. * Scénic Authentique dCi 95. Prix TVAc, remise, prime de recyclage, et prime Renault ECO2 déduites. 4,1 - 7,7 L/100 KM. 105 - 184 G CO2/KM. Informations environnementales [A.R. 19.03.2004] sur www.renault.be.