Projet pédagogique : ébauche

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Projet pédagogique : ébauche
CEFEDEM Bretagne - Pays de La Loire
Projet d’enseignement
Anaëlle Jolly
Diplôme d’Etat
Professeur de musique
Flûte traversière
Formation initiale
Promotion 2010-2012
Session Juin 2012
0
SOMMAIRE
Introduction
p.2
I) La formation de la personne musicienne : l’élève est un musicien en devenir p.4
A) L’enseignement en Cycle 1 de flûte traversière : une approche sensorielle
et corporelle.
p.4
B) Les modalités pédagogiques en cycle 1 : cycle de la découverte et de la
motivation
p.5
II) L’approfondissement des connaissances dans le second cycle
A)
B)
C)
D)
E)
F)
Développer la personnalité artistique de l’élève
La musique à l’adolescence : la pratique d’ensemble
Un autre public spécifique : les adultes
Les évolutions attendues en cycles 2
L’organisation du cours : les modalités pédagogiques
L’évaluation
III) Favoriser la transversalité des arts
A) Rappel des notions
B) Situation dans l’enseignement artistique : musique et danse
IV) Cycle 3 : le cycle de l’autonomie et de l’émancipation
p.7
p.7
p.9
p.9
p.10
p.11
p.12
p.13
p.13
p.13
p.14
A) Diffuser les pratiques artistiques des élèves et favoriser les projets,
répondre à une demande sociale et à des attentes politiques
p.14
B) Développer un projet personnel
p.15
C) Les compétences en cycle 3
p.16
Conclusion
p.16
Annexes
p.17
1
Introduction :
La réalisation d’un projet d’enseignement implique une longue réflexion,
un regard sur mon expérience antérieure et actuelle, une étude approfondie des
objectifs, des contenus et des moyens permettant l’aboutissement de ce type de
projet.
La notion de projet nous renseigne sur le caractère évolutif d’une pensée
pédagogique, sur la notion de changement. C’est la construction d’une réflexion
sur l’enseignement en s’imaginant dans l’avenir.
« Le projet pédagogique peut renvoyer à deux notions : une réalisation concrète, collective
programmée à une date précise avec un dispositif pédagogique spécifique ; mais c’est aussi
l’énoncé des objectifs généraux, des valeurs qui déterminent globalement l’action d’un
enseignant »1
Les fonctions de l’enseignement musical concernent l’enseignement, la
diffusion, la création, la sensibilisation, l’animation. Les domaines d’action sont ;
la danse, le théâtre, la musique dans des esthétiques les plus diverses.
La démarche du projet d’enseignement que je souhaite mettre en œuvre
s’appuie sur l’idée de former un musicien amateur qui continue une pratique
artistique en dehors de l’établissement et après la formation au sein de l’école.
C’est mettre en œuvre une démarche pédagogique axée sur l’ouverture à des
styles et pratiques diversifiées.
Nous sommes amenés à travailler avec tous les publics. L’aspect du
relationnel est fondamental pour mettre en valeur la singularité de chacun et
développer une personnalité artistique dans une formation globale : enseigner
pour qu’ils jouent avec d’autres musiciens par la pratique d’ensemble et qu’ils
s’émancipent dans leur pratique artistique.
Notre rôle est, par exemple, de transmettre les moyens techniques,
artistique pour jouer dans différents contextes : pratique collective, projet de
musique de chambre. À travers la pratique d’ensemble et le résultat par la
diffusion, je vise les apports pédagogiques et artistiques et l’émancipation pour
chacun quel que soit le profil d’élève (adultes, enfants débutants, élèves confirmés
etc.) Il s’agit de fédérer les personnes autour d’un projet de groupe quelque soit
1
Eric Sprogis, Collectivités locales et enseignement artistique, Enjeux pédagogiques, culturelles et
politiques, Editorial éditions, 2010.
2
l’âge, le niveau. Permettre à chacun d’avoir les moyens de continuer la musique
en dehors de la structure d’enseignement.
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I) La formation de la personne musicienne : l’élève est un musicien en
devenir
A) L’enseignement en Cycle 1 de flûte traversière : une approche sensorielle
et corporelle
 La nature des apprentissages :
L’apprentissage instrumental concerne la relation corps/instrument, la
motricité, la technique instrumentale.
C’est l’enseignement musical par les codes du langage musical.
L’enseignement instrumental est une forme d’éducation artistique où il est
question des enjeux esthétiques.
Il s’agit aussi d’un accompagnement culturel et social. L’action de
l’enseignement contribue à la formation du citoyen.
 Les flûtistes débutants : un contexte particulier
Il convient, dans un premier temps, de prendre un temps d’observation en
proposant des activités sous forme de jeu, pour découvrir les ressources de
l’élève :
-jeu sur la pulsation : je joue une mélodie improvisée et je demande à
l’élève de trouver la pulsation en marchant. Cette idée est pensée pour les jeunes
flûtistes (6-9 ans).
Les apports concernent l’occupation de l’espace, la mise en mouvement de
l’élève dans un contexte musical, et un dialogue s’installe avec le professeur dans
une atmosphère ludique.
Un autre exemple peut être :
-l’élève chante une comptine : en préambule aux premiers cours de flûte
(avec l’embouchure), je propose de faire chanter l’élève sur une comptine ou une
chanson qu’il connaît.
-Pour l’élève, c’est un moyen de s’exprimer musicalement et cela favorise
aussi la communication et un rapport de confiance avec l’enseignant. Ce peut être
un moyen faire le lien avec le contexte familiale.
-Pour l’enseignant, on peut observer les capacités à reproduire une mélodie
et observer les réactions de l’élève, son caractère, ses aptitudes.
4
-Aborder le jeu à l’aide du support de la méthode :
Pour cet exemple, je citerai la méthode de Nicolas Brochot2 que j’utilise
dans mon enseignement : cette méthode laisse libre cours à l’imagination de
l’élève et on l’utilise principalement en cours de groupe : le jeu du labyrinthe.
Les apports : c’est un exercice très ludique. Les enfants l’apprécient
beaucoup. On aborde l’idée du phrasé, avec un point de départ et une arrivée
clairement exprimée par l’idée du labyrinthe, les premiers sons, graves médiums
et aigus sont exploités dans ce jeu.
Ces quelques exemples me sont très utiles lors des premiers cours. Il
importe de se concerter avec les parents pour évoquer les grands axes du projet
d’établissement ou les priorités choisies et les axes du projet d’enseignement.
L’enfant n’est pas indépendant, il faut intégrer les parents dans l’accompagnement
de l’apprentissage.
 Fixer les objectifs pour l’année par une approche sensorielle et corporelle
On se doit d’adapter notre pédagogie selon l’âge, les capacités physiques,
la concentration, la personnalité, et les goûts de l’élève. Les étapes sont
hiérarchisées.
Mes objectifs en cycle 1 :
-découvrir et s’approprier la flûte, la formation du son (au préalable à
l’embouchure seule), une posture stable et équilibrée, poser les bases du ressenti
de la pulsation, développer l’écoute intérieur par l’usage du chant. C’est découvrir
et jouer des œuvres de styles et d’époques différentes
B) Les modalités pédagogiques en cycle 1 : cycle de la découverte et de la
motivation
Mon rôle est d’aider l’élève à construire des objectifs personnels et lui
donner les moyens et la méthode pour y parvenir.
Je tenterai de proposer un enseignement axé sur la découverte et sur
l’ouverture. On utilise toutes les ressources de notre parcours de formation : le
parcours antérieur à travers les rencontres de professeurs et l’observation de
2
Les cahiers de la flûte, Nicolas Brochot, Salabert, 1985
5
démarches pédagogiques différentes et tous les apports de la formation
professionnelle CEFEDEM.
Toutes ces rencontres constituent une expérience que je tenterai
d’alimenter par le travail en équipe, les partenariats, les projets en réseaux.
Ma formation me permet aussi d’évoluer au niveau des moyens matériels :
l’utilisation de logiciel pour l’arrangement, l’initiation à la composition, à la
direction.
 Faire découvrir l’instrument et susciter la motivation : les moyens
La pratique d’ensemble dès le premier cycle est envisageable à travers le jeu
instrumental vocal et corporel, l’échange verbal et non-verbal. Il importe de varier
les activités et faire des changements de dynamique dans le temps de cours.
Le professeur collecte, recherche, arrange des pièces pour les élèves du duo
au petit ensemble.
Exemple de pièce de musique d’ensemble pour le cycle 1 : Les cahiers de la flûte
de Nicolas Brochot (cinquième cahier), pour la classe entière : Trois fables de
Monsieur de la Fontaine pour ensembles de flûtes de Pascal Proust.
 L’organisation du cours de flûte
Pour les jeunes flûtistes entre 6 et 8 ans, je pense qu’il est préférable de
grouper les élèves par trois. La pédagogie de groupe à plusieurs intérêts. On
sollicite leur capacité d’écoute, d’observation, d’échange, on joue pour soi, pour
les autres. L’enseignant n’est plus le seul repère. Le jeu collectif est très
enrichissant, faire de la musique ensemble entretient la motivation. Les points
forts d’un élève deviennent souvent un moteur pour l’autre.
 Les supports pour le premier cycle3
 Les apports artistiques concernent l’écoute, l’imagination, l’expression, la
sensibilité, la notion de phrasé, de mélodie, la construction d’une pièce, et jouer
avec piano ou autres instruments et l’inciter régulièrement à jouer en public.
 Les apports techniques peuvent être : connaissances des doigtés, la stabilité du
son, la sensibilisation à la justesse par rapport à un autre instrument, utiliser les
articulations, les modes de jeux contemporains, la sollicitation de la mémoire.
3
Voir Annexes
6
II) L’approfondissement des connaissances dans le second cycle
A) Développer la personnalité artistique de l’élève
Dans l’enseignement instrumental il est important de fédérer le groupe
autour d’un projet commun où chacun s’investie individuellement. La dimension
sociale et humaine consiste à rassembler tous les élèves à un moment du projet et
aussi les groupes de plus petit effectif. Cela concerne les enfants comme les
adultes. En mettant l’accent sur la singularité des élèves, il importe donc,
d’intégrer les adultes au projet d’enseignement.
 Favoriser la pratique d’ensemble
Pour une large part, l’enseignant forme des musiciens amateurs. La
formation artistique est globale ; chaque cycle constitue un ensemble cohérent de
connaissances et de savoir-faire validés par l’évaluation du projet de l’élève et des
objectifs fixés par l’équipe pédagogique.
Dans le cas d’une première année d’apprentissage, il me semble possible
d’envisager, par l’enfant et l’adulte, de se produire en public. Souvent, l’adulte est
réticent à l’idée de jouer en public : « on pense trop qu’on n’a pas le droit à
l’erreur en public, c’est déstabilisant, stressant, je suis mal à l’aise etc. ». L’enfant
est plus insouciant, il se pose moins de questions sur les gens qui l’écoutent. Il
convient aussi d’évoquer les aspects positifs de la prestation musicale et le stress
positif que cela engendre. C’est un moment qui marque la finalité d’un travail sur
un programme, le partage d’un moment musical, une démarche personnelle
symbolique. Le témoignage d’un musicien explique que le regard des autres est de
plus en plus important, comme un indice et un guide dans la qualité d’attention et
d’intérêt qu’on a suscité. Les regards de gens différents sont importants ; amis ou
inconnus, adultes et enfants, professionnels ou non.
La prestation musicale constitue un aspect du projet d’enseignement. Je
tenterai de proposer différentes formes de prestations musicales. Dans le souci
d’enrichir mes connaissances, et pour alimenter mes propos, je me suis appuyée
sur les réflexions de la flûtiste et pédagogue Arlette Biget4 .
4
Arlette Biget, Pratique de la pédagogie de groupe dans l’enseignement instrumental, collection
points de vue, Cité de la musique, 2000
7
Il convient de laisser le choix, aux élèves, de la forme du concert. Ils se
chargent (individuellement ou en groupe) par exemple de trouver les partenaires et
proposent un choix de programme qui peut être une thématique : un compositeur,
un courant musical. Cela peut être un point de départ à un projet personnel qui
mettra en valeur la singularité de l’élève. Il peut s’agir d’un projet interclasse ou
interdisciplinaire. L’interdisciplinarité développe les points communs entre les
disciplines et le cours spécifique. Elle enrichie le travail individuel, complète la
spécialisation et aide à construire un apprentissage global.
Le professeur accompagne l’élève dans ses choix et favorise la
transversalité5 des arts à travers la littérature, la peinture, le cinéma.
À long terme, l’idée serait d’intégrer le groupe classe aux manifestations à
plus grande échelle. Par exemple, ce peut être une rencontre avec un autre
professeur d’une autre école de musique ou faire un concert dans une autre
structure.
Il importe de favoriser les rencontres, la connexion avec d’autres
instruments. Le travail en équipe permet la réalisation de ce type de projet pour
décloisonner le cours instrumental individuel.
 La communication avec les élèves : favoriser le lien intergénérationnel et la
mixité autour de la pratique d’ensemble
« Notre professeur nous a mélangé. Le démarrage avec des jeunes enfants était
difficile. Le décalage de génération est difficile au début mais avec du recul, je
comprends la démarche et je suis content de l’avoir vécu. La barrière due à l’âge
s’étiole avec le temps6. »
Dans le groupe classe, l’interaction entre les élèves est primordiale. Les
projets collectifs apportent beaucoup au niveau artistique et sociologique. Savoir
construire un projet suppose des conditions sociologiques en participant à d’autres
projets menés par d’autres élèves. On se socialise à une démarche de projet,
guidée par le professeur ou les élèves plus avancés, habitués à ce type de projet.
Tout se construit dans une démarche collective, une dynamique, négociée par le
5
Transversalité : c’est le projet de l’interdisciplinarité, elle permet de développer des compétences
entre la danse, la musique et les autres arts.
6
Propos d’un musicien de l’orchestre adulte de Saint-Herblain sur la situation de cours
instrumental
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groupe. Le projet collectif est l’expression d’une participation à une collectivité,
d’une relation intergénérationnelle, d’une adhésion à un groupe. L’action, le projet
s’enracinent dans le social, le collectif et sont interdépendants.
B) La musique à l’adolescence : la pratique d’ensemble
L’élève du second cycle est le plus souvent adolescent. C’est un âge de
questionnement et de transformation. La musique peut être un élément de
structuration de la personne. Notre rôle est d’aider l’élève à prendre conscience de
ses sensations afin qu’il puisse les affiner.
 Développer la pratique d’ensemble pour mettre en pratique les aspects
techniques et artistiques du cours individuel.
Les adolescents aiment partager avec leurs camarades, il importe de les
faire travailler ensemble en adaptant par exemple les pièces de musique
d’ensemble autour d’une thématique. Souvent c’est une période où l’on
approfondi le ressenti de la pulsation, la mise en place rythmique. Ce peut être un
partenariat avec la classe de percussion autour de pièces telles que les duos, trios
ou quatuors d’Enzo Gieco que j’ai pu réaliser lors d’un concert dans l’école où
j’enseigne. C’est aussi la pratique de l’orchestre, de la musique de chambre.
Les rencontres inter-école sont très importantes et suffisent parfois à
nourrir une motivation qui faiblit.
Un projet interclasse que je mets en pratique, concerne la collaboration
avec la classe d’éveil autour d’un conte musical que les enfants chantent et un
petit ensemble de flûte composé d’élèves de cycle 1 et 2 qui les accompagnent.
C) Un autre public spécifique : les adultes
Faire acte d’apprentissage découle d’une envie, de l’élaboration d’un
projet, d’un besoin de changement en débutant une activité.
J’enseigne dans une structure associative où tout public quelque soit l’âge
peut débuter un instrument. Chaque année, des adultes viennent se renseigner
pour prendre des cours d’instrument. Dès la première rencontre, le contacte
s’établit plus rapidement qu’avec l’enfant. Les envies et les attentes sont
rapidement cernées vu que l’élève peut les exprimer directement et plus ou moins
précisément avec l’enseignant. Dans les situations où je suis en cours avec un
9
adulte, les souhaits tendent vers l’envie d’apprendre à jouer en groupe. La
pratique collective est source de motivation dans l’apprentissage.
Une des premières démarches pédagogiques de l’enseignant peut être de
présenter les différents axes du projet d’établissement ou les priorités choisies : la
musique de chambre, les ensembles instrumentaux, l’orchestre d’harmonie ou
symphonique, parallèlement au cours individuel.
Lors de ces rencontres, j’ai pu remarquer une grande implication et une
forte volonté d’apprendre. Certains étaient très exigeants dans la musique qu’ils
produisaient. Un musicien de l’ensemble instrumental adulte de Saint-Herblain,
explique que l’adulte à des représentations concrètes de se qu’il produit ou de ce
qu’il souhaite et a une image déjà faite de la musique par rapport à ce qu’il a
entendu dans le passé. Cela rejoint l’idée que l’adulte procède par l’analyse et
l’intellectualisation des choses.
La situation d’apprenant permet de développer un sentiment de
satisfaction que procure l’apprentissage d’un instrument. Le fait d’apprendre est
valorisant, cela suscite l’envie de se dépasser et permet de dissiper certaines
inhibitions ; la peur de mal faire, le regard des autres, se produire en public etc. La
mise en confiance chez l’adulte peut être plus longue. Les idées reçues peuvent
créer un déséquilibre. Il semble être rapidement dans l’idée de jugement, soumis
au regard d’autrui ou de soi.
D) Les évolutions attendues en cycle 2 :
Le cycle 2 prolonge et approfondit ce qui a été vu en cycle 1 en favorisant
le sens critique, la prise d’initiatives. Notre rôle est de le rendre acteur de son
apprentissage par le jeu d’improvisation ou la pratique orale qui font partie
intégrante du cours.
Les aspects techniques concernent l’intégration du geste de la respiration
et son implication sur le jeu instrumental. C’est l’aptitude à mettre en adéquation
la respiration physique et la respiration musicale. L’élève possède une aisance de
jeu dans toute la tessiture de la flûte et adapte la justesse par rapport à un autre
instrument par exemple lors d’une répétition avec un pianiste accompagnateur.
Un aspect pédagogique est d’acquérir une méthode de travail. C’est la
capacité à évaluer les difficultés dans un morceau et à mettre en œuvre les outils
pour les dépasser.
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Les aspects artistiques : avoir une approche analytique des œuvres à l’aide
de références musicales et culturelles, se forger un sens critique, remettre l’œuvre
dans un contexte historique, faire entendre le sens de la mélodie, le phrasé, les
nuances, et jouer avec un accompagnateur pour développer l’oreille harmonique.
Comme à tout moment dans l’apprentissage, il importe de solliciter les
élèves, musicalement, intellectuellement et instrumentalement.
E) L’organisation du cours : les modalités d’actions pédagogiques
En second cycle, le temps de cours est prolongé, le cours à plusieurs est
source de motivation à ce stade où beaucoup d’enfants se posent des questions et
sont parfois moins motivés.
 Favoriser la pédagogie de groupe
- Les apports7 : la formation de l’écoute de l’écoute intérieure
L’oreille est sollicitée pour commenter, évaluer, imiter ou argumenter. On
apprend à écouter les autres. On distingue l’oreille mélodique, harmonique ou
qualitative afin d’apprécier les nuances, les phrasés, les articulations, les timbres.
Le travail de l’oreille est nécessaire au niveau du rythme pour apprendre à
structurer les durées, c'est-à-dire les différencier et les organiser. Pour les
différencier, il convient de s’intéresser au début et fin des sons par le jeu en relai
ou simultané à plusieurs.
L’écoute intérieure permet d’affiner les dynamiques. Tout d’abord, on
apprend à les différencier et faire découvrir la relativité d’un piano ou d’un forte.
En l’éprouvant concrètement, on apprend qu’une nuance ne peut s’établir que par
rapport à une autre.
Le groupe offre la possibilité d’écouter des propositions diverses, de les
comparer, les reconnaître et de parvenir à définir ce qu’est le timbre. Cet élément
essentiel du son, sera employé par l’instrumentiste pour affirmer son identité, son
individualité.
7
Arlette Biget, Pratique de la pédagogie de groupe dans l’enseignement instrumental, collection
points de vue, Cité de la musique, 2000
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Construire l’interprétation à partir de la lecture analytique de la partition.
Cette lecture permet de faire des choix que l’élève osera exprimer et défendre. Le
professeur doit accompagner les choix de l’élève.
L’organisation du cours peut être basée sur l’idée du parcours individualisé
plus souple, en module et sur contrat, idéal pour les adultes.
F) L’évaluation
Elle fait l’objet d’une concertation en équipe, c’est un outil et pas une fin
en soi. C’est aussi une rencontre entre les professionnels pour définir les critères,
et mettre l’accent sur le fait que c’est une rencontre humaine avant tout.
 Cycle 1 et 2 : les possibilités
Comment : Par le contrôle continu et l’examen de fin de cycle, une auditionconcert, par la pratique d’ensemble, une pièce avec accompagnement, par la
validation d’un niveau similaire en Formation Musicale, par la création d’une
pièce basée sur une écriture contemporaine.
Avec qui : La classe, les projets en réseau, lors d’une rencontre pédagogique,
présence d’un jury extérieure.
Quoi : Les acquis par cycle, le contrôle continu qui nous renseigne sur l’évolution
de l’élève pendant l’année sur ; la qualité d’interprétation, la méthodologie, le
travail personnel, l’assiduité, le dynamisme, l’autonomie, la technique, la gestion
du trac, l’investissement dans le projet de classe, l’investissement dans la vie de
l’école. En second cycle, c’est une étape importante dans le cursus. C’est
l’acquisition d’une formation de base qui permet à l’élève de tenir sa place dans
une pratique amateur.
L’évaluation finale s’appuie sur les objectifs fixés par l’équipe
pédagogique dans le cadre des orientations induites par le schéma d’orientation
pédagogique (2008).
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III) Favoriser la transversalité des arts
A) Rappel des notions :
La multidisciplinarité : plusieurs disciplines dans une même entité.
La pluridisciplinarité : pratique de plusieurs disciplines spécifiques dans une
même structure.
En tant qu’enseignante, un des objectifs serait de développer les points
communs entre les disciplines et le cours spécifique : l’interdisciplinarité. La
transversalité est le projet de l’interdisciplinarité, elle permet de développer des
compétences entre la danse et la musique.
B) Situation dans l’enseignement artistique : projet musique et danse.
Une proposition de jeu consisterait à créer un déplacement avec l’idée
d’un personnage sur une musique. À un signal sonore, s’arrêter et changer
l’identité du personnage et reprendre une improvisation libre.
Les compétences mises en jeu ; accepter de jouer un rôle, savoir évoluer
dans l’espace, coordonner ses mouvements, respecter les consignes et les
contraintes, développer sa motricité, exprimer corporellement un état, réagir à un
signal, se repérer dans l’espace, découvrir différentes modes de déplacements,
adapter son déplacement, opérer un choix, provoquer une action.
C’est la capacité de ; construire un résultat, explorer plusieurs possibilités
dans une situation donnée, d’imaginer ce qu’on ne peut observer directement et
donc à anticiper, faculté qui se développe en interaction étroite avec la confiance
en soi et la capacité d’expression personnelle, faire preuve d’originalité qui est
essentielle à la construction de la personnalité.
C’est l’aptitude à, rester concentré sur une consigne, le goût de l’effort et
rendre communicable l’expression.
D’autres aspects pédagogiques concernent la responsabilité individuelle et
collective. Chaque élève a un rôle pour faire progresser le groupe, la mise en
situation direct des élèves et proposer une interprétation. C’est une réflexion
collective. L’élève est au centre du projet : susciter l’envie, le plaisir de jouer,
générer une émotion individuelle ou collective. C’est une autre situation de
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groupe qui met en avant la notion de jeu avec un autre élève et l’enseignant, la
découverte de l’autre, organiser sa pensée pour se faire comprendre de tous,
trouver l’idée qui permet de travailler avec une matière simple et efficace pour
faire progresser le groupe, l’élève participe et est acteur du groupe, chacun
s’écoute et favorise le dialogue, cela demande un effort de réflexion autre que sur
son jeu instrumental.
Les apports de la transversalité dans l’enseignement artistique :
C’est la découverte d’une nouvelle structure musicale, un rythme, une idée
esthétique, une idée d’improvisation. On favorise le rapport au corps, la
responsabilité individuelle et dans le groupe, l’imagination, la communication, le
développement de la personnalité, ses aptitudes individuelles au service du
groupe.
IV) Cycle 3 : le cycle de l’autonomie et de l’émancipation
C’est le cycle de formation à la pratique amateur. Il est plus autonome, la
musique continue à faire partie intégrante de sa vie. L’ensemble des compétences
validées permet l’obtention du CEM.
A) Diffuser les projets artistiques des élèves : favoriser les projets, répondre à une
demande sociale et à des attentes politiques.
Dans l’école associative où je travaille, j’ai eu l’occasion d’élaborer un
projet musical avec cinq flûtistes autour des Tango Etudes d’Astor Piazzolla.
- L’organisation du projet : le travail en groupe :
Chacun a profité de l’écoute de l’autre pour progresser au niveau de
l’esthétique et sur les aspects spécifiques à la flûte qui se retrouvaient dans chaque
morceau. Ce projet s’est déroulé sur un trimestre, d’octobre à décembre 2008. Il
était intéressant de faire entendre l’intégralité de l’œuvre. Pour cela, et pour ne pas
trop surcharger les élèves, j’ai participé également aux deux concerts en jouant
avec eux. Le premier a eu lieu au sein de l’école de musique avec, au final, un
enregistrement que l’on a donné aux élèves et le second lors d’un spectacle avec
des danseurs de tango organisé par une autre école associative où je travaillais à
cette période.
- Les apports du projet :
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Cette expérience a demandé à tous un investissement sur un projet à long
terme, une capacité à communiquer avec les autres, à se rendre disponible pour
jouer en dehors de l’école, faire de nouvelles rencontres. Il a été très bénéfique de
faire deux concerts autour de cette musique. Les flûtistes se sentaient plus à l’aise
lors du deuxième concert, une mise en confiance s’est installée ainsi que la
présence sonore et scénique était mieux gérée.
A travers cet exemple, on remarque que le concert est un moment où
l’élève va communiquer une impression, une sensation, un plaisir.
Ce type de projet permet de faire naître un esprit de classe où chacun fait
partie intégrante d’un groupe, de la structure au-delà du cours individuel.
B) Développer un projet personnel :
L’élève développe un projet artistique personnel en s’orientant vers une
pratique musicale amateur.
A ce niveau, il est souhaitable que l’élève ou les adultes rejoignent, si
possible, une pratique musicale amateur, dans une structure de la ville ce qui lui
permet de participer activement à la vie musicale de la cité. Notre rôle est de
l’accompagner dans cette démarche parfois extérieure à l’école de musique. La
pratique des autres instruments de la famille de la flûte traversière : le piccolo, la
flûte en sol et la flûte basse doivent être abordé au plus tard au cours du cycle 3
Les établissements d’enseignement musical et les pratiques collectives en
amateur ont une coexistence historique. À plus forte raison dans le milieu rural,
chacun a besoin de l’autre et se définit souvent par rapport à l’autre. L’offre de
formation est importante. Une grande place est donnée au sein des établissements
à l’accueil des pratiques amateurs.
En tant qu’adulte apprenant, je remarque la richesse de la pratique
d’ensemble pour progresser dans la technique instrumentale. Je pratique depuis
novembre 2011 le trombone. Je souhaitais vivement mettre en application mes
nouvelles connaissances de cet instrument. À l’école de musique de SaintHerblain (44), je découvre l’ensemble adulte cycle 1. Les musiciens sont motivés,
se rendent disponibles et sont assidus. Cet ensemble joue régulièrement en
concert.
Le dialogue est très interactif entre le chef et les musiciens. La direction
est assurée par deux professeurs, un professeur de contrebasse et un professeur de
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flûte. Dans ce groupe, on perçoit une reconnaissance du travail de tous. Une des
méthodes utilisée pour faire avancer le groupe est l’arrangement. Cela est
nécessaire pour servir tout le monde, simplifier en fonction de l’effectif
instrumental (soin des tonalités) et respecter un temps de repos pour les
musiciens. Un des objectifs pour les enseignantes de cet orchestre est de former
les musiciens dans une exigence de qualité, avec simplicité et toujours dans un
rapport d’échange et de plaisir de jouer.
C) Les compétences en cycle 3
L’élève doit être autonome dans son travail et doit s’appuyer sur l’analyse
de l’œuvre pour construire sa propre interprétation. Par exemple, dans l’étude
d’un concerto, l’élève doit pouvoir écrire sa propre cadence. Il doit être capable de
réaliser une ornementation dans une œuvre baroque.
Avoir une maîtrise totale de tous les doigtés (y compris trilles et doigtés
spéciaux, modes de jeux contemporains) et de leur enchaînement. Développer une
résistance certaine dans la vélocité.
Maîtriser la sonorité et toute sa palette de couleurs et de nuances sur toute
la tessiture et la maîtrise de tous les détachés avec précision, rapidité et endurance.
C’est jouer juste dans tous les contextes (même les nuances extrêmes), et
dans toutes les formations.
Il doit être capable de tenir une partie au sein d’un ensemble de musique
de chambre ou d’un orchestre et jouer le plus souvent possible en publique.
Conclusion :
Le projet d’enseignement est en constante évolution. En tant
qu’enseignante, il importe de cerner les aptitudes des élèves pour adapter au
mieux notre pédagogie. La concertation avec l’équipe pédagogique et de direction
permet une plus grande liberté d’action.
16
Annexes
Définir les objectifs spécifiques de son enseignement et l’adapter en fonction
des profils des élèves (d’après le Schéma national d’orientation pédagogique)
Je souhaite mettre en valeur à travers ces objectifs par cycle, les
paramètres physiques (surtout pour le premier cycle), techniques, psychiques,
socioculturels et artistiques.
J’expose ici un bilan que l’on pourra détailler au fur et à mesure de l’avancement
du projet.
A) cycle 1 :
L’élève : Découverte de la culture artistique : le répertoire, l’instrument : se
l’approprier, développer la création du son, un nouvel environnement social.
Favoriser la concentration, l’écoute, la communication et l’expression artistique
L’enseignant : créer une relation de confiance, susciter l’envie et la motivation.
Identifier les aptitudes et ressources, l’environnement familial et culturel.
Hiérarchiser les étapes en prenant compte des attentes et des capacités des élèves
Paramètres
-Physique-Posture : stabilité du corps et de l’embouchure, bonne position des
mains sur la flûte, position face au pupitre, procéder par étape et fixer les idées
-Respiration : objectif des premières années : créer la mémoire des sensations
-Sonorité : chercher l’homogénéité du son
-Psychique : Justesse, ébauche de l’écoute intérieure, formation auditive,
utilisation du chant à travers des éléments simples et connus de l’élève (chansons
populaires, comptines)
-Méthode de travail : comprendre la nécessité du travail régulier, du travail du
geste de la répétition du geste musical.
-Mémoire : rôle primordial de l’oralité : utiliser différentes mémoires : visuelle,
tactile, auditive et analytique
-Technique-ambitus et doigtés : mémorisation des doigtés et les enchaîner
-Articulation : varier les articulations et les détachés à travers différents styles du
répertoire
-Vélocité : jouer dans un tempo fixe et le maintenir. Au préalable, faire ressentir la
pulsation dès les premières semaines.
-Fonctionnement : entretenir et prendre soin de sa flûte, expliquer la structure et
son vocabulaire spécifique, et élargir ses connaissances sur l’histoire et la facture
de la flûte
-Socioculturels et artistiques : ouvrir l’élève à d’autres notations et esthétiques, jeu
individuel et collectif, découverte des différents styles du répertoire, l’amener au
concert, diffusion artistique des élèves dans l’établissement et sur le territoire.
-Interprétation : faire jouer l’élève assez tôt en public, développer l’expression
artistique
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B) cycle 2
Approfondissement et prolongement des objectifs du premier cycle. Favoriser le
sens critique, la prise d’initiatives, une expression artistique plus développée
(ouverture sur d’autres esthétiques, improvisation) dans un souci de réalité locale.
Le public concerne majoritairement les adolescents. Période de questionnement,
et d’évolution, l’expression artistique aide à structurer la personne.
Paramètres :
-Physique- posture-prendre conscience que la position du corps joue sur la qualité
du jeu : relation entre son/technique/virtuosité/corps
- respiration : développer les capacités respiratoires : une implication
physique induit une meilleure sonorité donc virtuosité
- sonorité : mise en pratique et conscience affinée des notions de soutien, de
vitesse d’air.
- L’acquisition de ces paramètres permet une meilleure projection du son,
un développement de la sonorité : timbre, vibrato contrôlé, homogénéité
du son dans les registres.
-Psychique : écoute intérieure affinée
Méthode de travail : déchiffrer une partition, utiliser la partie de piano, structurer
son chemin d’apprentissage dans le morceau, avoir du recul sur la partition, aller
aux concerts, analyser la partition
Mémoire : se libérer de la partition : acquisitions techniques et expressives.
-Ambitus et doigtés : aisance d’enchaînement dans les registres : mécanisme des
doigts souple et rapide
Articulation : adapter les différents détachés selon le style
Vélocité : augmenter progressivement la vitesse de détaché et legato selon le
morceau, garder le tempo et l’endurance
Fonctionnement : savoir présenter les grandes lignes historiques de son
instrument.
-Artistique : jouer différents styles : l’ornementation baroque, comprendre et
interpréter les effets les plus courants dans le répertoire contemporain
-Interprétation, faire des choix d’interprétation, jouer avec des formations diverses
selon les moyens de l’établissement, présenter une interprétation claire et
comprise
C) Cycle 3
-plus de liberté
-répertoire, endurance, résistance, virtuosité
-trouver des sonorités adaptées à la musique interprétée
-acteur de leur apprentissage
-expression de la personnalité
-s’appuyer sur l’analyse de l’œuvre pour construire son interprétation : écrire sa
cadence, réaliser une ornementation dans une œuvre baroque
-Maîtriser la sonorité et toute sa palette de couleurs et de nuances sur toute la
tessiture
Justesse, développer l’oreille interne
-tenir sa partie au sein d’un ensemble de musique de chambre ou orchestre
-Jouer le plus souvent en public
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Pièces de fin de 1°cycle :
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“Prélude et Danse” de Pascal Proust, éditions Billaudot.
“L’oiseleur” de Claude-Henri Joubert, éditions Zurfluh.
“Piazza Navona à Roma” de Raymond Guiot, éditions Martin.
“Le petit âne blanc” de Jacques Ibert, éditions Leduc.
“L'oiseau-malice” de Jean Sichler, éditions Combre.
Pièces de fin de 2°cycle :
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“Staccato Fantaisie” de W. Popp, éditions Billaudot.
“Oiseaux d’argent” de Klauss Huber. (Pièce d’écriture contemporaine)
“Jeux” de Jacques Ibert, éditions Leduc.
“Concerto en Sol Majeur” de Giovanni Baptista Pergolesi, éditions
Boosey & Hawkes.
Pièces de fin de 3°cycle amateur :
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“Cantabile et Presto” de Georges Enesco, éditions Enoch.
“Densité 21.5” d’Edgar Varèse, éditions Colfranc.
“Fantaisie Pastorale Hongroise” de Franz Doppler, éditions Billaudot.
“Concertos n°1, en Sol Majeur, K313 et n°2, en Ré Majeur, K314” de
Wolfgang Amadeus Mozart, éditions Henle ou Bärenreiter.
“Itinérant” de Toru Takemitsu, éditions Schott.
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