lettre de l`Image n°180.pub - Cinéma l`Image, Plougastel
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Sauf que, dans la nuit profonde des petites routes américaines, où les fuyards circulent tous feux éteints, rien n'est ce qu'il paraît. Pourquoi le gamin, Alton, cache-t-il son regard derrière de curieuses lunettes noires ? Et surtout, pourquoi n'a-t-il pas peur de ses ravisseurs ? Presque tout de suite, on comprend que Roy, l'un d'entre eux, fébrile mais déterminé, est son père. Pendant que l'enquête du FBI progresse (en tête, un Adam Driver à la fois perspicace et -lunaire), d'autres gens se lancent dans la traque : les membres de la secte religieuse où vivait le petit Alton. Drôle de cavale, où la mélancolie le dispute à l'action. De motels crépusculaires en cascades sur le bitume, Jeff Nichols joue sur tous les tableaux : la complexité des sentiments, autant que le vertige du spectacle. Du plus délicat au plus fracassant, des demi-teintes et demi-mots du cinéma indépendant au surgissement démesuré du merveilleux, ce film atypique change peu à peu de registre et d'ampleur : c'est une incursion très personnelle sur les terres de la science-fiction. L'enfant a des pouvoirs. Il est hanté par une force surnaturelle, écho d'un ailleurs inconnu, vers lequel le récit roule à tombeau ouvert. Pour son quatrième long métrage, le réalisateur joue avec les codes du genre, emprunte ses voies rapides — suspense, hypothèses et révélations — et ses chemins oubliés — effets spéciaux un peu « vintage », volontairement artisanaux, presque bricolo, hommage à la SF des années 70-80. Mais, au-delà des explosions de lumière, des secousses telluriques et autres bizarreries ébouriffa ntes — ne pa s manq uer l'extraordinaire chute d'un satellite sur une station-service —, Jeff Nichols poursuit les mêmes thèmes. Où l'on retrouve son acteur fétiche, le poignant et sourcilleux Michael Shannon dans le rôle du père, mais aussi ses obsessions. Comme dans Take shelter, il est question de l'amour filial, ce gouffre d'angoisses, et d'un père de famille face à la nécessité de laisser son enfant s'émanciper, malgré la violence du monde. Comme avec Matthew McConaughey, le héros idéaliste et marginal de Mud, le cinéaste fait aussi la part belle à la foi, poétique, totale, insensée. Les parents d'Alton (Kirsten Dunst, tout en retenue, joue la mère, embarquée en chemin), les membres de la secte, et même la police, tous courent vers quelque chose qui les dépasse, qui nous dépasse. Ne comptez pas sur Jeff Nichols pour dévoiler la totalité du mystère. Il l'a voulu trop grand pour ses personnages, largement ouvert à l'imagination de ses spectateurs. C'est à la fois passionnant — une espèce d'ode fervente et douloureuse à l'inconnu — et presque naïf, dans la vision finale grandiose et clinquante d'un autre monde. Un mélange de toc et de rêveuse exaltation qui rappelle à dessein un grand classique du genre signé Spielberg, Rencontres du troisième type. Cécile Mury, Télérama. Ç a démarre à peine et déjà, en sélectionnant sur notre juke-box mental un souvenir d’E.T. qui se superpose à l’introduction du jeune héros de Midnight Special, Jeff Nichols affiche ses intentions. Son quatrième film sera un hommage à l’imaginaire du Spielberg des années 70-80, plus généralement à la SF de l’époque, et même, précise le réalisateur, "aux films de coursepoursuite avec le gouvernement comme Starman, Rencontres du troisième type et E.T. l’extraterrestre." Car on apprend d’emblée qu’Alton est en cavale avec son père Roy après que ce dernier l’a soustrait au Ranch, une secte où les pouvoirs du gamin de 8 ans – son regard laser transmet la prescience d’un « outremonde » – en font une quasi-divinité. Affublé de lunettes de plongée, le fils dévore des comics de Superman à l’arrière de la Chevrolet que Roy et son vieux copain Lucas font tracer dans le noir, vers un lieu, LE lieu, révélé par ses prophéties. Que se passera-t-il là -bas? On ne le saura qu’au terme d’un roadmovie à travers une Amérique intemporelle, -1- succession de champs de blé et de stations-service désertes où les cabines téléphoniques – à pièces – se mettent toutes à sonner en même temps. Mythologie automobile face à la puissance occulte d’un territoire monstre, émergence du surnaturel dans une Amérique où la famille nucléaire est le lien perpétuellement défait... Aux motifs spielbergiens s’attachent des citations presque directes, à Rencontres du troisième type surtout, dans lequel un autre Roy roulait aussi, sur les traces d’un lieu pressenti par des visions. Midnight Special s’offre même un personnage d’expert dont le nom a une consonance française, Paul Sevier, double du Claude Lacombe jadis interprété par François Truffaut. Mais dans Midnight Special, les échos les plus manifestes ne sonnent pas comme des clins d’œil. À la différence de J.J.Abrams dans Super8, Nichols ne laisse pas le geste mémoriel prendre le pas sur l’actualité de son regard. Ces référencesil les fond dans la matière du film, dont le cadre et la couleur restituent la sensation 80s avec une grande pureté, sans qu’il y ait besoin d’en rajouter dans le détail fétichiste. Pas d’aplomb postmoderne ni de griserie rétro : cette simplicité dans la manière de rendre hommage réduit paradoxalement la distance où devrait se loger la nostalgie. C’est ainsi que Midnight Special ressemble plus à un film des années 80 qui regarde vers aujourd’hui qu’à un film d’aujourd’hui qui se souviendrait des années 80. Une fable pour ici et maintenant, dont la clé serait prospective. "Alton est plus important", assène Roy à Lucas lorsque son ami hésite à tirer sur qui se met en travers de leur chemin. Plus important que tout, l’enfant n’est pas roi parce qu’il flatte le culte régressif des adulescents grandis sous Reagan, mais parce qu’il est celui qui, demain, emportera l’humanité loin d’un monde subclaquant. Fini les pères fondateurs, lestés par leurs corps trop lourds, place aux fils extraterrestres, de vide et de lumière. Si Midnight Special célèbre à la façon de Spielberg le pouvoir de l’enfance, c’est comme ultime recours quand il ne s’agit plus que de sauver ce qui peut encore l’être. L’âme des enfants d’abord. Caroline Veunac, Première. Semaine du 13 avril 2016 C an. (Durée : 1h43). Drame de Léa Pool avec Céline Bonnier, Lysandre Ménard, Diane Lavallée... Simone Beaulieu, devenue Mère Augustine, dirige un couvent au Québec. Passionnée, résiliente, Mère Augustine consacre son énergie et son talent de musicienne à ses élèves. Lors de son arrivée, elle prend sa nièce, Alice, une jeune pianiste prodige, sous son aile. L’école est un haut lieu musical qui rafle tous les grands prix de piano de la région. Il y résonne un flot de gammes, d’arpèges, de valses de Chopin et d’Inventions de Bach. Mais lorsque le gouvernement instaure un système d’éducation publique dans les années 60, l’avenir de Mère Augustine et de ses Sœurs est menacé. C'est la scénariste Marie Vien, elle-même pensionnaire dans un couvent quand elle était jeune, qui a écrit la première version de cette histoire. Elle a ensuite fait appel à Léa Pool pour l’aider à structurer son scénario puis le réaliser. La cinéaste a particulièrement été intéressée par le projet pour pouvoir mettre en scène la musique au sein d'un univers féminin. bâtisseuses et ont apporté beaucoup de choses au niveau social et culturel. La plupart avaient des idées de gauche, des positions très affirmées face au monde, à la pauvreté. Souvent, elles entraient en religion car elles n’avaient pas envie de se marier, d’avoir des enfants, de se couler dans le moule de la femme au foyer." Changement rapide Réalisation A l'origine Léa Pool avait, en 1975 pour ses études, déménagé au Québec. Sur place, elle fut fascinée par la liberté qui y régnait mais apprit que six ans plus tôt, les choses étaient bien différentes puisqu'à ce moment la religion avait encore une emprise forte sur la population (qui souffrait d’une éducation très rigide). La cinéaste a été particulièrement interpelée par la rapidité de ce changement et s'est demandée pourquoi il n’a pas encore été traité de l’intérieur via le point de vue d'une petite communauté religieuse. Léa Pool a opté pour une mise en scène proche des actrices sans pour autant filmer en trop gros plans, la cinéaste ne voulant pas faire un film trop claustrophobe. "La nature était donc importante, il fallait maximiser sa présence, en faire un espace de liberté, une ouverture conquise peu à peu par ces sœurs. J’ai été beaucoup inspirée par le peintre Jean-Paul Lemieux pour les scènes de neige. Je voulais partir de l’hiver pour aller vers un dégel progressif, jusqu’à l’éclosion du printemps. Le film raconte aussi le dégel d’une société." Casser les clichés Authenticité Les religieuses du couvent dépeintes dans La Passion d'Augustine sont pour la plupart progressistes, comme sœur Augustine qui se bat pour les valeurs mêmes qui vont mener à la perte son école. Léa Pool explique ce choix : "On tombe trop souvent dans le cliché de la religieuse rigide et rétrograde. Beaucoup d’entre elles étaient au contraire des personnes d’exception, très libres et avant-gardistes. Au Québec, les plus grands hôpitaux, en particulier les hôpitaux pour enfants ont été fondés par des sœurs. Ainsi que les grandes écoles de musique. Elles étaient des N ée en Suisse, Léa Pool arrive au Québec en 1975 et démarre sa carrière de réalisatrice dès 1979 avec Strass Café. Depuis, elle a reçu plusieurs prix et plusieurs hommages à travers le monde. Il semble pourtant que la France ne se soit jamais réellement penchée sur l’une de ses œuvres. On ne peut que le regretter au vu de la qualité de La passion d’’Augustine, une histoire née de sa rencontre avec la scénariste Marie Vien, elle-même pensionnaire dans un couvent à la fin des années soixante. A cette époque, la religion avait encore une emprise très forte sur la population, tout particulièrement au sein des écoles. Pour la plupart d’entre nous, les écoles religieuses, qu’elles se situent au Québec ou dans n’importe quelle partie du monde, symbolisent austérité et rigidité. Avec humour et fantaisie, Léa Pool nous en offre une toute autre vision, grâce à la description juste de cette communauté de femmes, aux profils divers et variés. La plus emblématique reste bien sûr sœur Augustine (Céline Bonnier, très connue au Québec), femme aux véritables valeurs humanistes qui manage « son entreprise » avec la même ardeur et la même autorité qu’un dirigeant de PME. Grâce à des flashbacks, on apprend qu’elle a eu une vie de femme avant d’entrer dans les ordres et qu’à un moment difficile de sa vie, la musique a été salvatrice pour elle. Généreuse, elle Au départ, Léa Pool a commencé par rencontrer des comédiennes qui savaient tout juste jouer au piano, mais elle s'est rapidement rendue compte qu'il allait être difficile et ennuyeux de "tricher" à l'écran en alternant avec des plans sur les mains d’une vraie pianiste. La réalisatrice a donc décidé de chercher ses comédiennes du côté des écoles de musique. Au final, aucune image n'a été doublée dans le film, même du côté des actrices professionnelles comme Céline Bonnier qui jouent réellement. souhaite qu’à leur tour ses élèves puissent s’appuyer sur la musique pour embellir leur vie, particulièrement Alice (Lysandre Ménard), sa nièce, jeune fille rebelle et au caractère bien trempé à qui elle s’attache rapidement et dont on peut imaginer qu’elle lui rappelle celle qu’elle fut dans sa jeunesse. Et puis il y a la sœur syndicaliste, la sœur hermétique au changement mais non moins attachante et toutes les autres. Toutes ont une personnalité très marquée, toutes ont des idées bien précises qu’elles n’hésitent pas à exprimer même si elles sont en désaccord avec leurs autres. Une communauté bien soudée où le mot solidarité prend tout son sens. Elles ne sont pas entrées dans ce couvent par dépit. Elles ne souhaitaient pas se marier, avoir des enfants et se couler dans le moule de la femme au foyer. Le couvent symbolisait pour elle un lieu d’émancipation où elles pouvaient étudier, faire de la musique, faire exister les valeurs auxquelles elles étaient attachées... Pas question de n’être que des contemplatrices, elles se veulent bâtisseuses, de préférence dans la joie et la bonne humeur. La scène où une sœur extravertie fait cirer le parquet en rythme par les jeunes pensionnaires décrit avec bonheur cette ambiance perpétuelle de légèreté. Véhiculer la spiritualité non pas par la religion mais plutôt par la musique, voilà qui adoucit les mœurs, surtout quand la musique est transcendée par la magnifique prestation, entre autres, de la jeune Lysandre Ménard. Elle est avant tout une musicienne hors pair qui nous régale de morceaux classiques parfois mâtinés de jazz grâce aux prouesses du directeur musical François Dompierre. Grands moments musicaux assurés ! Et quand elle délaisse son piano, Lysandre se révèle être une fabuleuse (c’est son premier rôle au cinéma) comédienne. C’est avec une fougue plus vraie que nature qu’elle incarne cette jeune fille contrastée, assagie par les morceaux qu’elle joue et enflammée par la vie qu’on lui impose. La caméra passe avec aisance des mains aux visages des musiciennes au rythme des partitions, apportant ainsi fluidité et authenticité à leur jeu. Pour conforter cet esprit d’ouverture vers le monde, le film offre de belles images de nature. Du plan de démarrage sous la neige où n’apparaît que cette grande bâtisse aux briques rouges austères, on évolue vers l’arrivée du printemps, laissant entrevoir des prairies à l’herbe verdissante, symbole du passage d’une société ténébreuse à une époque progressiste. -2- Claudinne Levanneur, http://www.avoir-alire.com. Semaine du 20 avril 2016 F ranç. (Durée : 1h35). Comédie de Julien Rappeneau avec Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz... Vincent Machot connaît sa vie par cœur. Il la partage entre son salon de coiffure, son cousin, son chat, et sa mère bien trop envahissante. Mais la vie réserve parfois des surprises, même aux plus prudents... Il croise par hasard Rosalie Blum, une femme mystérieuse et solitaire, qu’il est convaincu d’avoir déjà rencontrée. Mais où ? Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l’espoir d’en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu’attachants. Une chose est sûre : la vie de Vincent Machot va changer… Première expérience Rosalie Blum est le premier long-métrage de Julien Rappeneau, fils du réalisateur Jean-Paul Rappeneau : "Je n'avais jamais tourné de ma vie, ni même réalisé de court métrage. J'ai donc appris en faisant. Mais je savais exactement ce que j'attendais de chaque personnage et où je voulais aller. Nous avons fait des lectures pour qu'ils apprennent à se connaître et pour que je me familiarise avec leur travail. Cette phase a permis aux acteurs d'entrer dans leurs rôles.", explique le metteur en scène à qui l'on doit les scénarios de Cloclo, Faubourg 36 ou Pars vite et reviens tard. «R OSALIE B LUM »: KYAN KHOJANDI EST «UN BOSSEUR, PAS UN GLANDEUR» RÉVÉLATION Le créateur de «Bref» démontre son talent de comédien dans l'excellente comédie de Julien Rappeneau, «Rosalie Blum»… Adaptation de BD Rosalie Blum est l'adaptation de la bandedessinée du même nom créée par Camille Jourdy et parue pour la première fois en 2007. Le réalisateur Julien Rappeneau a découvert la BD à la parution de son 3ème tome en 2009 et a tout de suite été touché par les personnages : "La transposition de cette histoire m'est alors apparue comme une évidence. Comme si cette Rosalie, qui correspondait si bien à ma sensibilité, avait infusé en moi. Je me suis d'autant plus enthousiasmé pour ce projet qu'il y avait là une vraie singularité et que je pouvais y injecter des choses personnelles", explique le cinéaste. Découpage Julien Rappeneau a choisi de découper le film en 3 parties, à la manière des 3 tomes déjà parus. Pour ce faire, il est parti s'isoler en Bretagne afin de travailler sereinement : "Dès le départ, j’ai pensé le film comme un triptyque en utilisant des cartons avec le nom des personnages. Le roman graphique est luimême en trois volumes, mais ils ne sont pas intitulés de la même façon. J'ai lu et relu la BD pour bien m'imprégner de son esprit, puis je l'ai refermée pour l'adapter", raconte le metteur en scène. Casting Pour le rôle de Vincent, Julien Rappeneau a très vite pensé à Kyan Khojandi qu'il avait découvert dans Bref sur Canal+ : "Je trouve qu’il dégage beaucoup d’empathie. Il a un côté maladroit et beaucoup de charme", affirme le cinéaste. Concernant Noémie Lvovsky, le metteur en scène trouvait qu'elle pourrait dégager le désarroi dans lequel vit Rosalie Blum. Il a donc apporté personnellement le scénario à l'actrice chez elle. Cette dernière a rappelé le lendemain en acceptant le rôle. Pour incarner Aude, Rappeneau a pensé à Alice Isaaz en visionnant La Crème de la crème : "J'ai trouvé qu'elle était très jolie, excellente actrice. J’aimais notamment beaucoup sa voix grave qui tranche avec son physique. On s'est rencontrés et je l'ai choisie rapidement. J'ai découvert sur le tournage à quel point elle a une vraie capacité émotionnelle." Et si Kyan Khojandi était un excellent acteur ? Sa prestation dans Rosalie Blum, premier film de Julien Rappeneau le donne à penser. Le co-créateur des séries Bref et Bloqués émeut dans la peau d’un solitaire qui change de vie en rencontrant une femme étrange incarnée par la toujours parfaite Noémie Lvovsky. Cette comédie rend justice à la bande dessinée de Camille Jourdy (éditions Actes Sud) dont elle retrouve la liberté de ton. Kyan Khojandi s’est confié à 20 Minutes avant de repartir sur la scène de L’Européen (Paris, 17e) où il joue Pulsions, son one-man-show qui sera bientôt en tournée. Le cinéma, c’était une matière obligatoire pour vous ? En fait, c’est ce que j’ai toujours voulu faire. J’ai grandi avec un rêve de cinéma. J’ai juste pensé longtemps que c’était impossible. Les opportunités sont venues petit à petit avec des films comme Lou, journal infime (Julien Neel, 2014) Casse-tête chinois (Cédric Klapisch, 2013) ou Rosalie Blum qui m’offre mon premier grand rôle. Pourquoi impossible ? Cela paraissait réservé aux gens qui ont des relations et des cheveux ! C’est pour cela que j’ai commencé à réaliser et à monter des sketches tout gamin avec ma petite caméra. Je viens d’une génération qui n’est pas passée par la case « court-métrage » ou par les écoles de cinéma, mais qui a mis tout de suite la main à la pâte. Quand vous parlez de « génération », vous pensez à des gens comme Franck Gastambide ? Exactement et aussi à Orelsan avec qui je bosse sur Bloqués. Nous sommes un petit nombre à avoir eu des parcours similaires, passant par la case web et le désir de faire des choses par nous-mêmes, sans attendre que quelqu’un nous produise. Même si je donne l’impression du contraire, je suis un bosseur pas un glandeur. Quelle a été le plus difficile pour vous sur Rosalie Blum ? Apprendre à faire confiance. J’ai le défaut des gens qui se sont faits seuls, celui d’avoir envie de tout contrôler. La qualité du scénario, tout en tendresse, et le talent de Julien Rappeneau m’ont permis de me laisser aller. J’ai découvert le plaisir de n’avoir qu’à jouer la comédie sans m’occuper du reste. Cela vous est-il facile ? Pas forcément, car je suis un grand traqueur et ça ne s’arrange pas en vieillissant. C’est bizarre de voir comme on prend conscience des choses en devenant adulte. Enfant, je n’avais pas peur de me produire avec mon violon ou de jouer dans un spectacle à l’école… Comment voyez-vous l’avenir ? Le plus dur, c’est de se renouveler car je m’ennuie vite. Dès que je sais faire quelque chose, cela cesse de m’intéresser. Là, je joue dans le nouveau film d’Albert Dupontel, Au revoir là-haut. Les tournages sont une école précieuse qui m’apprend à penser davantage visuellement sans avoir à passer par le dialogue. J’aimerais réaliser un long-métrage. Ce sera une comédie ? Je voudrais bien le savoir ! J’attends d’avoir l’idée d’une bonne histoire et je prends des cours de scénario notamment avec le script doctor John Truby. Je n’ai jamais cherché la drôlerie à tout prix. J’ai envie de faire partager des émotions que tout le monde a pu ressentir ce qui explique Drôle, touchant et intelligent, le sans doute la diversité de mes fans. Les Fiches du Cinéma premier film de Rappeneau fils est une franche réussite. -3- Caroline Vié , 20 minutes. Semaine du 27 avril 2016 Mardi 3 mai à 14h00. F ranç. (Durée : 1h56). Drame d'André Téchiné avec Kacey Mottet Klein, Corentin Fila, Sandrine Kiberlain... Damien, 17 ans, fils de militaire, vit avec sa mère médecin, pendant que son père est en mission. Au lycée, il est malmené par un garçon, Tom. La violence dont Damien et Tom font preuve l’un envers l’autre va évoluer quand la mère de Damien décide de recueillir Tom sous leur toit. Bande de garçons Pour écrire le scénario de Quand on a 17 ans, André Téchiné a collaboré avec une spécialiste des affres de l'adolescence, Céline Sciamma : "André et moi avons travaillé ensemble, à la table, sur le séquencier. Je lui ai ensuite livré une première continuité dialoguée – une sorte de réinterprétation de ce que nous avions écrit. Il a repris le texte seul puis nous avons retravaillé ensemble", analyse Céline. On doit notamment à la cinéaste Naissance des pieuvres avec Adèle Haenel, mettant en scène la relation trouble entre deux jeunes filles et Bande de filles, relatant l'histoire d'un groupe de jeunes adolescentes. Cette fois, l'artiste s'est attaquée à un récit mettant en scène deux ados qui se déchirent et qui n'assument pas leur attirance. À noter que Téchiné avait déjà mis en scène l'adolescence dans Les Roseaux sauvages en 1994, récompensé notamment par le César du Meilleur Film. O n le croyait perdu... André Téchiné revient avec une histoire d'amour magnifique. Coup de coeur. EN 1994 sortait Les roseaux sauvages, film générationnel d'André Téchiné, amour adolescent, histoire de corps et de nature, de peau et de chagrin. Depuis, le cinéaste n'a pas fait mieux. Il a réussi quelques belles choses (Les temps qui changent) mais a plus souvent été en demi-teinte, quand il ne s'est pas totalement fourvoyé, comme pour Impardonnables. La critique continuait à soutenir, parfois du bout du clavier, un auteur important (Hôtel des Amériques, Barocco, deux chefs-d'oeuvre) mais le public boudait - à raison. Il faut donc le dire d'emblée: Quand on a 17 ans est ce qu'il a fait de mieux depuis... Les roseaux sauvages. Il y est aussi question d'amour adolescent, de corps et de nature, de peau et de chagrin. Mais pas de redites pour autant: à chaque film son époque, ses comédiens, ses couleurs, ses humeurs. L'arrivée de Céline Sciamma comme coscénariste (Naissance des pieuvres, Tomboy, Bande de filles) a sûrement été déterminante; elle a apporté l'acuité d'un regard sur cet âge mouvant et bouleversant, également sa faculté à mettre du romanesque dans l'intime et de l'émotion dans la trivialité. Du réalisme brut à l'intimité des draps Damien (fils unique) et Tom (fils adopté métis) sont dans la même classe d'un lycée, au pied des Pyrénées. Regards volés, gestes agressifs, silence de feu: l'amour naît dans cette rage à ne pas exprimer ses sentiments. L'intelligence du récit est d'avoir inclus à ce duo la mère de Damien, médecin généreuse, épouse d'un militaire, femme (souvent) seule et copine, qui aimerait tant prendre sa vie à son compte sans devoir la subir. Le film oscille ainsi d'un point de vue à un autre. Du coup, tout y est incarné. Quand on a 17 ans passe du réalisme brut à l'intimité des draps. C'est un mélo qui se coltine le quotidien, une histoire d'amour qui n'évacue jamais le temps présent; la mort, le travail, le repas du soir à préparer, la clôture à réparer. Mais sur cette nécessité à vivre, souffle la rage d'aimer. Le mélange est casse-gueule; qu'il soit réussi élève le film vers les sommets. Sandrine Kiberlain lui apporte sa classe et sa droiture qui déjoue le pathos d'un oeil espiègle, Kacey Mottet Klein et Corentin Fila tiennent la note jusqu'au bout, comme si la difficulté des comédiens à se jeter corps et âme dans cette histoire donnait à leur personnage la force émotive nécessaire. Sous influence Pour cette "aventure des sentiments", André Téchiné avait en tête le roman d'Emily Brontë, Les Hauts de HurleVent. Dans ce classique de la littérature anglaise, Heathcliff, le personnage principal, est lui aussi métissé et adopté. Comme Tom. Studio Ciné Live. : Programme des Court-Métrages du mois du mois, en partenariat avec Semaine du 6 avril : 3D No Glasses de Luis Garone. Animation. (Durée : 1min55). Explication d'un nouveau procédé bio-techno pour voir le relief 'sans lunettes'. Semaine du 13 avril : Aubade de Mauro Carraro. Animation. (Durée : 5min25). Un soleil noir se lève sur le lac Léman. Dans un surréaliste contre-jour, plusieurs baigneurs et oiseaux aquatiques assistent au spectacle de l'aube, hypnotisés par la musique d'un contrebassiste. Semaine du 20 avril : A la française de Morrigane Boyer, Julien Hazebroucq, Ren-Hsien Hsu, Emmanuelle Leleu et William Lorton. Animation. (Durée : 7min). C'est un après-midi à Versailles, du temps de Louis XIV. Semaine du 27 avril : Le Plongeon de Delphine Le Courtois. Ficton. (Durée : 9min54). Treize ans, au bord du précipice de l'âge adulte, un garçon sur un plongeoir fait face à l'abysse. Prochainement sur nos écrans : Les visiteurs : La révolution Comédie de Jean-Marie Poiré avec Jean Reno, Christian Clavier, Marie-Anne Chazel ... (en sortie nationale, à partir de 8/9 ans) Le livre de la jungle Film d'aventure de Jon Favreau avec Neel Sethi, Ritesh Rajan, Sara Arrington... (en sortie nationale, à partir de 8/9 ans) Captain America : civil war Film fantstique d'Anthony et Joe Russo avec Chris Evans, Robert Downey Jr., Scarlett Johansson... (en sortie nationale, en 2D et 3D) Robinson Crusoë Film d'animation de Vincent Kesteloot avec les voix de Matthias Schweighöfer, Kaya Yanar, Dieter Hallervorden ... (à partir de 6 ans, en 2D et 3D) Les malheurs de Sophie Comédie dramatique de Christophe Honoré avec Anaïs Demoustier, Golshifteh Farahani, Muriel Robin... (à partir de 8 ans) -4- P o u r p l u s d’information sur la programmation du cinéma Image, consultez son site internet : www.imagecinema.org