8. Continent américain.

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8. Continent américain.
9. L'Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud.
1ère partie. Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales.
Etudier l'ensemble du continent américain, c'est bien sûr en étudier la diversité mais aussi
et surtout sa polarisation par les Etats-Unis. Nous avons assez vu en histoire la mainmise des EU
sur le reste du continent déjà avec la doctrine Monroe puis avec la politique du big stick dans les
Républiques bananières pour ne pas avoir à pousser plus avant la démonstration ; de même pour
la domination et la centralité économiques des EU sur le reste du monde qui a transformé l'Amérique Latine en leur arrière cour plus ou moins intégrée.
Toute la problématique du sujet est là, dans la tension qu'apporte la dépendance envers la
ère
1 puissance mondiale d'Etats peu développés aux intérêts divergents.
Après avoir décrit la gamme des stades de développement des pays américains du Nord au
Sud sous la houlette d'un pôle majeur de la Triade, nous verrons leurs différents efforts d'intégration dont le but est tout autant de favoriser le développement régional que de combattre cette
polarisation nord-américaine, avant d'expliquer les tensions nées des retards de développement et
de leur proximité avec l'Etat le plus riche du monde.
1. Puissance du Nord, affirmation du Sud ?
a. De profonds écarts de développement hérités.
A observer les niveaux de développement du continent, on serait tenté de recourir à l'archaïque "théorie des climats" (voir la carte 1 p. 214) :
- à un nord anglo-saxon et tempéré et continental qui a développé des économies et des
sociétés riches (EU et Canada frisent un PIB 50.000 $/h) ;
- s'opposent des régions intertropicales encore très indianisées malgré l'héritage hispanique
qui souffrent d'un sous développement chronique les Etats caraïbes et mésoaméricains ont des PIB de l'ordre du millier de $/h, voire moins) et d'une grande
instabilité politique ;
- et lorsque l'on rejoint les régions tempérées du cône sud, nous retrouvons des niveaux de
développement plus flatteurs (10 à 12.000$/h) et des sociétés plus européanisées ;
les capitales argentine, chilienne et uruguayenne comme celles du Sudeste brésilien
sont les répliques exactes des métropole européennes et américaines ; l'exception
bolivienne ne faisant que confirmer cette logique puisque c'est un pays qui souffre
d'un enclavement total au cœur des Andes ;
- cependant il faut nuancer ces oppositions, en particulier entre les Amériques latine et anglo-saxonne : d'une part, tout le continent connaît une américanisation de ses
modes de vie et de ses politiques économiques ; d'autre part, les mouvements migratoires ont entraîné un fort métissage des Etats du sud des EU depuis la Californie jusqu'à la Floride en passant par le Texas, c'est-à-dire l'ensemble de la Sun Belt la
plus développée du pays (voir texte 1 p. 216).
b. Pôles et périphéries, un continent entre intégration et domination.
La présence du principal pôle de la Triade sur le continent explique que s'y dessine un modèle réduit de la polarisation des périphéries.
- un pôle de la triade entre EU et Canada : insister sur l'intégration du Canada dans l'orbite
étatsunien ; forment la 1ère puissance économique de la planète : 17.000Md$ quand
l'ensemble de tous les autres Etats du continent pèse moins de 6.000Md$ ; complicité absolue des 2 pays dont la frontière est de + en + artificielle, d'autant que le
Canada "utile" se réduit à sa bordure des EU, le Grand Nord étant un espace vide,
sorte de "frontière" septentrionale ;
- une puissance émergente : Brésil (voir 3ème partie du chapitre) dont la taille (8,5M km2
contre 9,8 pour EU) et les chiffres macroéconomiques (PIB : 2.500Md$) font un
pôle concurrent émergent ; d'où sa participation au groupe informel des BRICS ;
- une autre puissance émergente mais dans une situation différente : Mexique et ses
1.160Md$ de PIB ; mais sa proximité géographique et son intégration à l'ALENA
rendent très problématique la préservation de son autonomie vis-à-vis des EU ; à
quoi s'ajoute une histoire commune faite d'humiliations nationales du Mexique ;
- des pays émergents, les "Jaguars" : Argentine, Chili et Uruguay dont le développement se
fait sous l'influence de l'école des économistes ultra-libéraux de Chicago ; leur structure économique est celle de pays industrialisés : ex du Chili : Iaire 13% de la pop. active et 4% du PIB ; IIaire 23% pop. active et 40% du PIB ;
- des pays rentiers fortement dépendants qui cherchent à s'émanciper par des politiques
hostiles au libéralisme mondialisé et de nationalisation des ressources : Venezuela
(98% des export pétrole et mines), Pérou (64% pétrole et mines, 22% agr.), Bolivie
(76 et 17%) et Cuba ; seule Colombie (62 et 15 %) reste dans l'orbite américaine.
c. Les marges de la mondialisation.
Des espaces et des sociétés restent à l'écart des bénéfices du développement économique
mondialisé et n'intéressent leurs voisions que comme fournisseurs de matières 1ères.
- Caraïbes et Amérique centrale, c'est la région des "républiques bananières" : pays prisonniers de matières 1ères et agricoles à faible valeur ajoutée (90% des export au Nicaragua et 74% au Panama), et avec la persistance des dominations coloniales ; Haïti, un
des pays les + pauvres de la planète avec un PIB 1.200$/h ;
- en règle générale des sociétés indiennes en marge dans leurs propres pays et souvent confinées aux régions enclavées : voire le Chiapas au Mexique (48% de la population en
dessous du seuil de pauvreté pour 6% pour Mexico DF), le Nordeste (50% pour
20% dans le Sudeste) et l'Amazonie brésilienne ou encore l'exemple de la Bolivie
des Andes et de la plaine amazonienne ;
2. Les modèles divergents d'intégration régionale du continent.
(Voir la carte 2 p. 215)
La contiguïté d'espaces aussi différents entraîne des flux d'échanges humains, commerciaux
et financiers dans les 2 sens. Les Etats américains ont essayé d'organiser ces flux pour pallier les
tensions qu'ils entraînent (ou qu'ils révèlent). D'une certaine façon, ces flux et ces organisations
régionales sont la suite directe des formes qu'ont prises les indépendances entre le XVIII° et
XIX° siècles et les guerres qui s'en sont suivies : par exemple, les tentatives d'organisation des
pays latins est une réponse à l'éclatement de l'empire espagnol que Bolivar avait voulu empêcher.
a. L'intensification des flux.
Entre tous ces flux et ces organisations, le continent est-il en voie d'intégration ou bien plutôt d'éclatement ?
- le marqueur des flux humains (voir carte 3 p. 217) : un classique mouvement Sud-Nord à
destination des EU mais aussi d'Europe ; permet de solder le différentiel démographique et économique, quand ils ne sont pas le sismographe des soubresauts politiques comme pour les Cubains ; entraîne un métissage très fort des Etats du Sud
des EU (espagnol langue officielle du Nouveau Mexique ave l'Anglais) ; entraîne
aussi une forme d'intégration économique diffuse par les transferts des émigrés, +
importants que les flux d'IDE et d'aides au développement des EU(texte 4 p. 217) ;
- mais aussi tourisme (graphique 5 p. 217) : en sens inverse mais avec même caractère de
transfert monétaire du Nord au Sud ; Etats très dépendants de cette activité, surtout
pour les voisins des EU ; cette activité concerne tout autant voire + les Etats tels
que la Floride qui en vit essentiellement (88 M de touristes) et Miami est le 1er port
de croisière du monde ; le PIB des Bahamas ou de la Rép Dominicaine vient à 60%
du tourisme ;
- flux de matières 1èreset agricoles essentiels pour les 2 parties du continent, comme ressource et comme ravitaillement ; importance des ressources hydrocarbures : gaz bolivien nationalisé en 2005 fourni à 85% au Brésil ; pétrole canadien à 99%1 pour EU
et mexicain à 87% ; effort de diversification du pétrole Vénézuélien, que 60% pour
EU, mais aussi du Canada qui construit des oléoducs vers le Pacifique ;
2 compagnies agro-alimentaires américaines dominent le marché des fruits tropicaux : Chiquita (ex United Fruits, CA 4.650 Md$) de Cincinnati pour les bananes et
Coca Cola d'Atlanta) pour les agrumes ; commerce du café complétement aux
mains des EU ;
b. La tentation du libre-échange venue du Nord : ALENA, ZLEA, …
Face à la question du sous-développement et de la question agraire, face aussi à la tentation
de recourir à des solutions socialistes à ces questions, les EU ont favorisé une politique ultralibérale dont les effets sont spectaculaires mais contradictoires sur les plans macroéconomique et
social.
1 Aujourd'hui
40% du pétrole canadien viennent des sables bitumineux, 60% en 2020 et 75% en 2040 ; 3ème réserve
mondiale ; et 2ème producteur de gaz au monde, ressources en gaz de schiste ; exploitation des pétroles et gaz non
conventionnels extrêmement polluante, d'où le retrait du Canada du protocole de Kyoto. - flux financiers (graphique 11 p. 219) ; comment peut-on expliquer les variations des aides
d'une années sur l'autre ? formes de pression politique dans la guerre contre la
drogue ? voir aussi la carte n°2 p. 223 : quel rapport peut-on établir entre importance du commerce extérieur et IDE ? en fait un certain abandon de l'Am Lat endehors de l'ALENA et des paradis fiscaux ;
- dossier pp. 218 et 220 sur l'intégration du Mexique et du Canada dans l'ALENA (NAFTA) depuis 94 ; voir les graphiques 7 ; tentative de ZELEA en sommeil : réaliser le
libre échange à l'échelle du continent ;
- des regroupements régionaux plus ou moins achevés pour échapper à l'influence des EU :
Mercosur depuis 91 : libre échange et coopération économique, Brésil, Argentine,
Uruguay, Paraguay et Venezuela + associée à la Communauté andine (Equateur,
Colombie, Pérou, Bolivie et Chili) ; échanges intra-zones passés de 4 à 30 Md$ ; en
revanche échec du vieux MCCA (années 60) et même du CARICOM (années 70)
pour les îles anglophones + Haïti ;
c. Des infrastructures de transport panaméricaines déficientes.
Ces accords et intégrations se heurtent à une réalité physique, celle de la déficience des infrastructures de transport panaméricaines.
- Absence de réseaux Nord-Sud complets : la "panaméricaine" de la Terre de Feu au Grand
Nord s'interrompt entre Panama et Colombie dans la jungle ; pas de pipe-lines non
plus du Sud au Nord ; réseaux ferrés déficients et quasi abandonnés durant les politiques néo-libérales des années 2000 ;
- grands projets transnationaux pour faciliter les flux d'est en ouest ; un symbole : canal de
Panama qui coupe le continent ; transamazonienne ;
- ou la production et transport d'énergie : les 2 grands barrages transfrontaliers sur le Parana (Itaipu) ; les pipe-lines est-ouest entre Bolivie et Brésil et Argentine ;
3. Un continent sous tension.
Le voisinage de niveaux de vie et de puissance aussi contrastés ne peut qu'entraîner des
tensions et des conflits, souvent hérités de l'histoire comme les disputes territoriales (entre Bolivie
et Chili ou entre Argentine et Chili) ou nationalistes (guerres du football entre le Honduras et le
Salvador en 69). Mais l'essentiel des tensions provient de l'ingérence nord-américaine.
a. Les plaies de la métropolisation galopante :
Comme dans tout pays neuf construit à partir d'une immigration massive et récente, la population s'est installée en priorité dans les villes au milieu de campagnes désertes et lentement
conquises.
- la plupart des Etats a des taux d'urbanisation de + de 80% ; sur les 10 + grandes mégapoles mondiales, 4 sont américaines (Mexico, New-York, Sao Paulo et Los Angeles)
; constitution de mégalopoles +ou – achevées : Pugetopolis, Mainstreet et Boswash ; Californie et Texas ; Sudeste brésilien ;
- villes morcelées en quartiers réservés et favelas, criminalité élevée, enlèvements contre rançons ; mais aussi problèmes sanitaires liés à l'eau et aux ordures ;
- à côté des campagnes vides voire des régions désertiques : Grand Nord canadien (3 territoires administrés par Ottawa en + des 10 Etats qui bordent les EU), Rocheuses et
Andes, Bassin amazonien, Pampa et Terre de Feu ; grave déséquilibre régional ;
b. Les risques environnementaux graves :
L'ensemble du continent est soumis à des conditions naturelles parfois extrêmes, climatiques comme sismiques ou autres ; mais leur gestion est très différente entre le Nord et le Sud
bien + démuni.
- risques sismiques majeurs sur la façade pacifique depuis l'Alaska jusqu'au Chili le long de
la ceinture de feu du Pacifique ; en 2010, faille de San Andréas près de San Francisco, 2 morts et 100 blessés pour intensité de 7,2 ; 300.000 morts et 300.000 blessés à
Haïti et sa région pour même intensité et 525 morts au Chili pour magnitude 8,8 ;
- cyclones dans toute la zone intertropicale : 2005, ouragan Katrina sur Louisiane, presque
2000 morts et plus de 100.000Md$ de dégâts ; chaque année, une vingtaine frappe
la région intertropicale des Amériques ;
- barrages fluviaux gigantesques ; déforestation en Amazonie ; désertification au Chili et
Argentine comme au Mexique et Nouveau-Mexique ;
c. La persistance de guérillas :
Les tensions sociales débouchent sur des mouvements de guérillas agraires qui ont été politisés dans les années 50-60 sous l'influence du marxisme cubain.
- liées à la question indienne et foncière ; exemple du mouvement "zapatiste" du souscommandant Marcos et de la guerre qu'il a lancé contre Mexico qu'il a forcé à négocier un cessez-le-feu en 1995 ;
- on peut en arriver à des formes de sécession territoriale entre régions indiennes et européennes dont les niveaux de vie et d'intégration à l'économie mondiale divergent totalement ; ainsi en Bolivie où les plaines amazoniennes les + riches et les + européanisées refusent la politique de La Paz depuis l'élection d'un président d'origine
indienne issu des Andes (Evo Morales) ;
- drogue et criminalité ; "guerre contre la drogue" impose au Mexique des opérations militaires qui ont provoqué 120.000 morts depuis 2006 ; voir carte n°16, p. 221 ; les EU
consomment 1/3 de la cocaïne mondiale, produite dans les Andes ; d'où développement des cartels mexicains à la frontière ;
d. Mais aussi un héritage bolivarien de refus de l'impérialisme nord américain :
Bien entendu, la politique permanente du big stick des EU et leur soutien aux pires dictatures dans le continent ne pouvait qu'aggraver ces tensions politiques.
- pratiques très intrusives des EU dans la vie politique de ces pays pour préserver leurs intérêts : cf. création du programme Convivir en Colombie qui a financé des groupes terroristes paramilitaires d'extrême droite pour protéger en particulier les bananeraies
de Chiquita ;
- la rétrocession du canal de Panama n'a eu lieu qu'en 1999 après un renversement de Noriega sous pression des EU ;
- tentatives de déstabilisation du régime socialiste de Chavez au Venezuela en 2002, comme
ce fut le cas envers Cuba dans les années 60 ou au Chili en 73 ; invasion de La Grenade en 83 pour faire tomber son gouvernement procubain ;
2ème partie. Etats-Unis-Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales.
(pp. 226-247)
Tel quel, le sujet est absurde. Il n'est évidemment pas question de comparer ces deux pays,
bien trop disproportionnés pour permettre une comparaison valable. De +, le rôle mondial des
EU a été déjà abondamment vu dans le cours pour qu'il y ait un intérêt à le reprendre ici. Demandons-nous plutôt pourquoi nous a été demandée cette "comparaison". Il s'agit peut-être
d'une part de faire un parallélisme entre deux Etats-continents issus de l'immigration européenne
et d'autre part d'étudier comment le Brésil se ménage une place dans les interstices de la puissance des EU malgré leur grande proximité géographique.
1. Des dynamiques territoriales divergentes malgré des défis semblables.
Brésil et EU sont tous 2 héritiers du mouvement de colonisation des Amériques par les
Européens à partir du XVIème siècle, l'un par les Portugais, l'autre par les Européens du Nord et
en particulier les Anglais. Très vite leurs destinées divergèrent : la décolonisation fut + précoce
aux EU, la conquête de l'Ouest + complète ; et la constitution du capitalisme moderne au Nord
distança le système agraire hérité des plantations coloniales. De ce passé, les 2 pays tirent des aspects communs, comme l'importance de leur européanisation, et contrastés, comme leur violent
contraste de richesse et de puissance économique.
a. La conquête du far-west de populations européennes immigrées.
L'histoire coloniale de ces deux ensembles continentaux offre des similitudes mais leur
marche à l'indépendance a déjà marque leurs différences.
- les colonies originelles sur les façades atlantiques au XVIème et XVIIème ; les 13 colonies
anglaises, les capitaineries et vice-royautés portugaises de l'autre ; indépendance en
1783 pour les 13 colonies après une guerre longue, fondation d'une république fédérale ; indépendance en 1822 sans combat sous le pouvoir d'un prince de Portugal
devenu empereur, empire aboli en 1889 juste après l'abolition de l'esclavage, régime
oligarchique qui sera remplacé par la démocratie en 1930, avant de retomber dans
une dictature militaire de 1964 à 85 ;
une conquête de l'Ouest (voir cartes pp. 234-5) : un même mobile, la recherche de
l'or et de terres ; achevée par le chemin de fer aux EU dans années 1890 ; + hésitante au Brésil, qui n'a encore que 17 M d'habitants en 1900 quand les EU en ont
déjà 76 ; désertique Mato Grosso et jungle amazonienne restent des frontières vides
et enclavées ; pour y remédier création d'une capitale nouvelle sur les plateaux centraux en 1960, Brasilia ; lancement de la route transamazonienne en 70, avec installation de colons tout au long (500.000) ; d'où un mythe de la frontière et un esprit
pionnier important dans ces 2 pays ; dans un climat de violence et de mépris des
Indiens ;
- des melting-pots très différents : à côté des25 M d'immigrés aux EU, de 1820 à 1926 au
Brésil à peine + de 4 M d'immigrés (dont 1,5 Italiens et 1,2 Portugais) ; actuellement 47% de blancs, 43% de métis, 7,5% de noirs et seulement 700.000 indiens
non assimilés ; donc pas la même élimination du peuplement indien et forts mélanges ; violence des inégalités sociales au Brésil avec une violence forte comme réponse, en particulier dans les campagnes avec le problème des paysans sans terre ;
présidence de Lula puis Roussef a permis une diminution de la pauvreté ;
- un peuplement inégal et métropolisé : aux EU, la ½ des habitants à l'Est du Mississipi,
grands vides centraux ; au Brésil, 70% dans Sudeste et Nordeste ; urbanisation à 80 %
dans les 2 cas ; de fortes traditions de mobilité ; Sao Paulo : 11 M, mais 20 dans
l'agglomération (photo 2, p. 205) ; Rio : 6 M ;
b. L'immensité des territoires et des ressources. (voir cartes pp. 234-5)
La diversité des espace et climats (surfaces gigantesques : 9,6 et 8,5 Mkm2) sont en même
temps source de richesse et défi à l'aménagement.
- immensité et richesse des espaces agricoles :
aux EU, les grandes plaines (The Prairy), la ½ du territoire est cultivable ; au Brésil, 90M
ha de SAU, autant que toutes les terres à céréales des EU ; d'où leur double puissance
agricole : exemple du soja : 1er EU avec 35% du monde, 2ème Brésil avec 26% (puis Argentine avec 20%) et du maïs : 1er EU avec 37% et Brésil 3ème avec 7% ; ainsi ils sont les
deux 1ers producteurs de bio-carburants au monde ; bœuf, 3ème EU, 1er Brésil ;
- ressources minières et énergétiques : aux EU, charbon (Appalaches et Rocheuses, 2ème
au monde) et pétrole (Alaska, Texas et Golfe du Mexique) ; minerais dans l'ensemble
abondant ; au Brésil, fer et bauxite, mais aussi découverte récente de pétrole ; et surtout
1ère ressource forestière au monde ;
c. Divergence des dynamiques territoriales (cartes pp.244-5).
- poids des façades maritimes similaires : Atlantique reste le cœur des 2 pays, Sudeste = 60%
de la richesse du Brésil et ses métropoles ; EU, Manufacturing Belt, Main Street et Mégalopole ;
- mais une différence : Brésil coupé du Pacifique par cul-de-sac amazonien et andin alors
qu'EU ont créé un 2ème centre avec Californie et Washington ; des périphéries + ou
– intégrées ;
- une maîtrise inégale des territoires : dynamique aux EU du Vieux Sud, lieu de la décentralisation du Nord Est, et dynamique high tech de la Sun Belt ;
- des interfaces continentales aux marges de leur puissance permettent des recompositions
de l'espace national : voir le Brésil avec Argentine et Uruguay/Paraguay, dans cadre
du Mercosur, axes routiers désenclavant ; et la constitution d'une Mexamérique aux
EU ainsi que le développement de la frontière canadienne ;
2. L'émergence du Brésil dans les interstices de la domination des EU.
L'inégalité fondamentale des 2 puissances devrait interdire toute comparaison sérieuse. Estil utile de rappeler les éléments de la puissance des EU dans le monde ? Cependant certains aspects les rapprochent, comme leur commune origine immigrée européenne, mais aussi une certaine ambition mondiale, dont le drapeau brésilien témoigne (voir la devise "Ordre et Progrès").
a. Construire une économie moderne pour échapper à la puissance économique des EU.
EU : 1er PIB mondial, Brésil 6ème; mais 9ème en 2006 ; les taux de croissance annuelle sont
bien + forts au Brésil qu'aux EU. Phénomène de rattrapage.
- Adoption du libéralisme et du libre-échange : ils sont le 5ème pays d'accueil
d'IDE ; Conversion à une agriculture capitalistique exportatrice : voir la
place des agro-carburants ; 40% des export sont dans l'agro-alimentaires ;
- Création de grands groupes internationaux : seulement 7 FTN parmi les
500 1ères (133 pour EU), mais Petrobas de la 125ème à la 34ème place de 2005 à
2011 ; Banco do Brasil de la 419ème à la 117ème ; et surtout Embraer 3ème constructeur aéronautique mondial ;
- Favoriser les liens économiques avec le voisinage : rôle de l'intégration dans
le Mercosur ;
Principaux partenaires commerciaux du Brésil en %
Clients : UE 22 ; Chine 15,5 ; Etats-Unis 10 ; Argentine 10 ; Japon 3,6 ;
Fournisseurs : UE 21 ; États-Unis 15 ; Chine 14 ; Argentine 8 ; CoréeS 4,5 ;
b. Développer une diplomatie de rupture avec l'alignement envers les EU.
Compenser une réelle infériorité militaire et diplomatique par un très fort activisme et des
alliances de contournement. Voir la carte n°1 p. 231, pour la compléter et la modifier.
- La constitution des BRICS.
- Les aires d'influence : la Lusitanie et les voisinage en Amérique Latine, les
voyages présidentiels en Afrique.
- Inégalité reste fondamentale cependant ; voir la puissance militaire des EU,
mais Brésil + gros contributeur aux opérations de l'ONU ;
c. Combattre le soft power et l'américanisation rampante.
- Influence de l'American Way of Life au Brésil, mais faveur des modes brésiliennes à travers le monde.
- 1er pays catholique du monde, mais concurrence des évangélistes.
- quelle place réelle face au soft power des EU ? voir les telenovelas contre Hollywood ; Coupe du monde de foot en 2014 et JO en 2016 ;
Etude de cas : Le bassin Caraïbe : interface américaine, interface mondiale.
Evidemment, cette étude est reliée à l’ensemble du chapitre sur les Amériques : par sa position centrale, l’espace caraïbe est la zone de contact entre deux espaces contrastés, traversée par la
limite Nord-Sud, ce qui est l’exacte définition d’une interface. Par ailleurs, cet espace centré sur
une mer est une « méditerranée », concept géographique que nous avons déjà vu à propos des
mers du japon et de Chine.
Tel qu’il est posé, le sujet vous commande de faire bien attention aux deux aspects régionaux et mondiaux, en gros ici les deux axes méridiens et parallèles. Je veux dire que si naturellement vous allez penser à traiter des relations entre Amériques du Nord et du Sud, il ne vous faudrait pas oublier les flux transversaux par le canal de Panama ni les relations des Antilles avec
leurs métropoles européennes.
Enfin, c’est un espace que vous avez à étudier et non une simple frontière ou limite entre
deux espaces. C’est-à-dire que les transitions, les flux et les contrastes créent non une séparation
nette et franche mais un espace qui a ses caractéristiques propres et qui est le sujet de votre étude.
Et ainsi vous y intégrerez le sud des Etats-Unis qui participent de ce monde bien que faisant partie du pôle de la Triade.
Pour la définition du plan, il est très simple de faire comme d’habitude pour ce genre de sujet : les espaces contrastés, les flux de relation entre ces espaces et enfin les polarisations qui introduisent des dynamiques mais aussi des tensions. De toute façon, quelque soit le plan défini,
vous devez retrouver ces différents éléments.
1. Un espace typique du Tiers Monde marqué encore par la colonisation.
Traiter de l'espace caraïbe comme une interface, c'est-à-dire comme une ligne de partage ne
doit pas nous conduire à négliger ce qui fait de cet espace une réalité avec ses propres caractéristiques, sa réalité aussi bien naturelle que culturelle et économique.
a. Créolité et métissages :
- présence persistante de l'héritage colonial européen (français, anglais et
néerlandais), des sociétés créoles au lourd passé de l'esclavage des noirs (+
de 80% de la pop. des îles en général;
- une forte présence indienne sur le continent, un métissage important, les
restes des empires aztèques et mayas : 50% de la pop. du Guatémala est
métissée de maya, par ex ;
- une hispanité conquérante y compris dans les Etats du Sud des EU, la
"Mexamérique" ;
b. Pauvreté et sous-développement :
- bien sûr cas de Haïti, mais aussi l'ensemble des petites et grandes Antilles ;
- mais aussi des pays sous perfusion : les RUP de l'UE ou les paradis fiscaux
britanniques ou encore les paradis touristiques américains ;
- cas exceptionnel de Cuba et du Venezuela et de leur développement socialiste ;
c. Des économies dominées :
- une économie de plantations aux mains des multinationales nordaméricaines ;
-
une activité touristique focalisée sur certains "paradis", activité très fortement dépendante du Nord ;
des ressources pétrolières et minières exploitées pour fournir le Nord ;
2. Une interface continentale et mondiale.
a. Un passage Est-Ouest.
- aimantation humaine et économique de l'UE et de l'hispanophonie ;
- un canal essentiel dans les flux du commerce mondial : 15.000 navires/an,
5% du trafic mondial ;
b. Des échanges humains très actifs.
- les migrations hispaniques vers les Etats Unis ;
- les échanges entre îles selon les degrés de développement : depuis Haïti vers
St Domingue ou ; vers les Antilles françaises aussi ;
- les flux touristiques majeurs : depuis Miami vers les îles, le Yucatan et le Belize ou le Costa Rica ;
c. Des flux financiers et commerciaux classiques.
- flux de matières 1ères agricoles et de produits miniers ou d'hydrocarbures ;
- IDE contre "transferts" ;
- Des flux illégaux et criminels exponentiels : drogue, paradis fiscaux ;
3. Un espace de tensions entre pôles.
a. Omniprésence des Etats Unis et de leurs intérêts.
- ALENA pour neutraliser le Mexique ;
- présence militaire et maritime permanente : Honduras, Guantanamo, PortoRico ; embargo cubain persistant ;
- interventions militaires contre les régimes ennemis et pour protéger les intérêts US : La Grenade, Panama, Guatemala ;
b. Des tentatives d'organisation régionales.
- limites du Mercosur au sud dans l'orbite brésilien ;
- CARICOM ;
- MCCA et son échec, AEC ;
c. Des contestations + ou – violentes.
- rôle de Cuba ;
- rôle du Venezuela ;
- mouvements de contestation dans les Antilles française ;