savon de marseille juliette raynal

Transcription

savon de marseille juliette raynal
Entre tradition et tendance, le savon de Marseille glisse
sur une nouvelle vague
Alors que le savon de Marseille a été utilisé pendant de nombreuses années par tous les
ménages que ce soit pour la toilette ou la lessive. La savonnette a été quelque peu mise
sur le banc de touche lorsque dans les années 70, les gels douche envahissent le marché.
Il semble toutefois que depuis peu le savon de Marseille à de nouveau le vent en poupe. Il
ne rime plus alors avec tradition mais tendance. Encore faut-il, distinguer le vrai du
faux dans les rayons de supermarchés, ce qui peut relever du défit.
Un savon qui sait se mettre sur son 31
Dorénavant ce n’est plus la simple ménagère qui fait l’acquisition du célèbre savon, « la
plupart de notre clientèle ne vient pas ici pour répondre à un besoin, mais plus pour s’accorder
un petit plaisir, et surtout pour offrir, » explique Bastien, vendeur depuis quelques mois dans
la boutique « La Compagnie de Provence » d’Aix en Provence.
Le profil type est donc la femme d’une trentaine d’années, issue d’une CSP plus. « Il y a
également de nombreux touristes », ajoute-il.
D’ailleurs lorsque l’on interroge une cliente pour obtenir quelques renseignements sur ses
intentions d’achat, cette dernière n’hésite pas une seconde : « Je m’arrête régulièrement dans
cette boutique, elle est vraiment très sympa. J’aime cet esthétisme, du coup je viens ici
lorsque j’ai besoin de faire un cadeau, car à coup sûr cela plaît. Le seul ennui peut être c’est
de me décider, j’ai tout le temps du mal à choisir. Dommage que ce soit aussi cher sinon je
prendrais tout !».
Effectivement, La Compagnie de Provence a mis les bouchées doubles sur le packaging. Dans
la boutique, la ligne reste épurée pour rappeler le côté ancien. Les produits eux, sont disposés
par gammes de couleurs : du vert olive au rouge corail : les savons sont déclinés sous sept
parfums et tons différents. Il y en a pour tous les goûts. Du simple cube de savon, aux
bouteilles « spéciale édition ». Du linge de maison aux accessoires : le choix est vaste. L’offre
est soignée, diversifiée. La facture elle, est salée.
En effet, il relève du challenge de trouver de quoi offrir pour moins de 12 euros. D’ailleurs la
ticket moyen s’élève à environ une quinzaine d’euros par client. Le savon liquide de 500 ml
est à 15euros90, la bougie parfumée à 18euros90, le pack de 3 savons de 100g , lui est à
11euros 90. Le savon de Marseille n’est donc plus un bien commun, mais bien un de luxe !
C’est une certitude.
Toutefois, si le savon de Marseille est passé d’un usage traditionnel à un achat tendance, une
chose demeure : la qualité. C’est en tout cas le choix de La Compagnie de Provence qui ne
présente que des savons de Marseille issus d’une fabrication authentique.
Un choix qui, justifie donc peut être ces tarifs élevés. Lorsqu’on sait que la plupart des
savons, vendus sous l’intitulé de « savons de Marseille » n’en sont pas réellement, et coûtent
par conséquent presque deux fois moins chers.
Juliette Raynal
La Compagnie des Détergents passe un savon aux concurrents
Il fait sombre, l’odeur d’huile d’olives est saisissante, Emilie m’avertit des risques de
glissade, nous sommes dans l’une des dernières savonneries de Marseille en France. Nous
sommes au 66 chemin de Sainte-Marthe au cœur de la Compagnie des Détergents et de
Savons de Marseille.
Les cuves, en briques réfractaires d’une tonne sont d’origine, et si à présent l’alimentation
s’est modernisée, l’inox ayant remplacé le charbon, tout le reste est authentique.
« En France, il n’y a plus que nous qui fabriquons des savons de Marseille selon les procédés
traditionnels. Il y a deux autres petites fabriques aux alentours mais leur activité relève
davantage de l’artisanat. Du coup nous sommes le fournisseur officiel de nombreuses
boutiques de la région. La compagnie produit chaque année près de 3000 tonnes de
savon. Cela représente environ un tiers de notre chiffre d’affaire. Et une part notable est
destinée à l’exportation.»
Pourtant, même si la Compagnie des Détergents est l’un des seuls producteurs, la concurrence
est rude. En effet, dans les rayons des supermarchés nombre sont, les savons où la
dénomination « Savon de Marseille » est apposée. Et pour cause, cette appellation n’est pas
brevetée, il s’agit là d’une technique de production et non d’une marque. Elle est donc libre
d’usage. « C’est donc pourquoi certains savons affichent des prix nettement inférieurs à nos
produits, parfois moitié moins chers. Ces savons viennent de Turquie ou encore de Malaisie.
Les producteurs y ajoutent « savon de Marseille » car cela a un fort impact marketing. Mais
en réalité, ce ne sont pas de véritables savons de Marseille, il y a de nombreux additifs »,
nous explique Emilie, responsable Marketing de la Compagnie des Détergents.
« Nous sommes donc victimes de cette situation, mais nous sommes loin d’être les seuls. Les
premiers concernés sont les consommateurs qui sont la plupart du temps leurrés. Certains par
exemple, achètent un savon (qu’il pense de Marseille) car il est censé ne pas y avoir de
graisses animales dedans. Or, à l’œil nu on ne peut faire la différence entre le vrai du faux.»
Les temps ont cependant été plus durs pour la savonnette marseillaise. Car depuis peu, avec la
vague bio, et les préoccupations écologiques, les acheteurs sont beaucoup plus attentifs à la
composition du savon.
Il y a donc un véritable travail de communication à réaliser en ce sens, pour que le savon
phocéen parvienne à se faufiler au premier rang.
Juliette Raynal
La fabrication du savon par saponification (ou de Marseille) se fait
selon 2 stades distincts comprenant 5 étapes traditionnelles, et se déroule
sur une dizaine de jours.
Premier stade : Décoloration et épuration des matières premières
Il s'agit d'un blanchiment physique des corps gras, par une terre
décolorante. Celle-ci a la propriété de fixer les impuretés; après filtration,
les corps gras sont prêts à être saponifiés.
Deuxième stade : Saponification en chaudron (à l'ancienne)
Empatage : On porte à ébullition le mélange de soude et d'huile en
chauffant avec les serpentins dans lesquels circule la vapeur.
Relargage : On débarrasse la pâte de l'excès d'eau, des impuretés de
matières grasses et de la glycérine, en arrêtant l'ébullition
Cuisson : Le savon contenant encore des matières grasses qui n'ont pas
réagi, est chauffé de nouveau en rajoutant de la soude. Puis on le laisse
décanter pour séparer le savon
des " lessives ". Le savon est maintenant terminé.
Liquidation : elle consiste à faire bouillir à gros bouillons une dernière
fois en arrosant à l'eau pure, pour précipiter au fond du chaudron, les
dernières matières étrangères et colorantes qui vont former le "gras".