ArsèNe weNger - AEFCA | Alliance Of European Football Coaches
Transcription
ArsèNe weNger - AEFCA | Alliance Of European Football Coaches
Numéro 394 / MAR / AVR 2014 Amicale des éducateurs de football Du côté de la FFF La DTN et les éducateurs AEF news Toute l’actualité des régions Dossier U15, la catégorie charnière La préparation physique de demain arsène wenger : « L’AEF m’inspire un profond respect » er vu de l’ ét ra ng 2 My Coach Foot, la référence le meilleur outil d’aide aux entraîneurs Bientôt disponible sur app store et android smartphone & tablette www.mycoachfoot.com Partenaire officiel 3 Football, Rugby, Tennis, Handball, Running, Sportswear Personnalisation vêtements, équipements pour: Clubs, associations, C.E.... (Flocage, broderie, sérigraphie numérique, sublimation) ir e é d it o s o m m a Le nouvel Entraîneur Français N Ces news sont l’expression de votre quotidien, de vos problèmes ou de vos réussites. ous sommes particulièrement fiers et heureux de l’accueil très positif qui a été réservé à notre journal « L’entraineur Français », nouvelle formule. Il vous appartient de nous les faire remonter. Vous serez bientôt sollicités, par la voie du net, pour désigner l’Educateur de L1 et celui de L2 qui vous semblent le mieux correspondre aux valeurs de l’AEF. Cette réussite est incontestablement due à notre partenariat avec My Coach Foot. Il s’agit d’une association et d’une coopération qui s’inscrivent dans la diversité et la complémentarité entre « L’entraineur Français », les relais internet, les réseaux sociaux et la web TV. La progression des adhérents nous conforte dans nos choix. Le mouvement est enclenché, il s’agit d’une renaissance. Ce deuxième numéro reflète bien ces nouvelles orientations avec sa Une et l’interview d’Arsène Wenger qui exprime toute la gratitude qu’il porte à l’amicale des éducateurs de football (AEF) et à ses créateurs, avec le dossier U15, les news locales, etc… A nous, avec vous, de la consolider, de l’amplifier et de la pérenniser. Le Comité Directeur de l’AEF la grande interview préparation physique 6-9 Rencontre exclusive avec Arsène Wenger 22-23 Les tendances de demain expliquées par Nicolas Dyon AEF news 10-13 L’actualité nationale et les meilleures du côté de la fff pratiques en région 24-25 Entretien avec Ludovic Debru, responsable des services administratifs de la DTN Dossier 14-20 U15, la catégorie charnière 26-29 Portrait du DTN adjoint, Patrick Pion L’avenir leur appartient Mémoires amicalistes 21 Sandra Perez, membre du bureau de l’AEF 82 30 Hommage à Jules Bigot (1915-2007) Directeur de la publication : Jean-Marie LAWNICZAK - Rédacteur en chef : Thomas DE PARIENTE - Secrétaire de rédaction : Edwige GIORDANO Comité de rédaction : Jacques BERTHOMMIER, Roger BOREY, Bernard CUREL, André MOLLE - Ont collaboré à ce numéro : Bernard MORLINO, Waren MESSINA, Tim SIFFREDI et Jordan ZABATA - Maquette : Comback, 5 rue Antoine Gautier, NICE - Photos : Thomas DE PARIENTE Impression : Indugraf Offset - N° ISSN : 0992-8960 5 t e r v ie w l a g r a n d e in Arsène wenger « J’ai un profond respect pour l’Amicale des Educateurs de Football » Il compte parmi les icônes du ballon rond. Son palmarès n’a d’égal que sa constance au plus haut niveau. De fait, Arsène Wenger dirige les Gunners d’Arsenal pour la dix-septième saison consécutive. En dépit d’un emploi du temps dantesque, le manager alsacien a bien voulu se livrer aux éducateurs de football. Parce qu’il parle leur langage et parce qu’il s’agit de L’Entraîneur Français. Arsène Wenger reste un formateur profondément respectueux de l’Amicale. L’épanouissement des talents, sa fonction de technicien et le management des hommes : voici les trois volets d’un entretien captivant, à l’attention exclusive de l’AEF. Entraîneur adjoint de Jean-Marc Guillou à Cannes en 1983/84. Où l’on reconnaît aussi Jean Fernandez, Bernard Casoni, Gilles Rampillon, Patrick Révelli, Yves Bertucci (adjoint d’Antoine Kambouaré), le CTR Aquitaine Gilles Eyquem Le secret déterré, trente ans après Les nombreuses biographies à son sujet sont formelles : Arsène Wenger a dirigé son premier match professionnel le 17 août 1984 avec l’AS Nancy-Lorraine, contre le Paris Saint-Germain, en l’emportant 4 buts à 2. Scoop de L’Entraîneur Français : c’est faux ! Son baptême du feu s’est produit incidemment la saison précédente, à Cannes, où Arsène entraînait l’équipe réserve alors en DH. Il était également l’adjoint de Jean-Marc Guillou en deuxième division. Au sortir de l’hiver 1984, Guillou et le directeur sportif de l’AS Cannes, Richard Conte, partent pour la Côte d’Ivoire recruter le diamant noir de l’ASEC Abidjan, Youssouf Fofana qui, pour la petite histoire, retrouvera plus tard Wenger à Monaco. Sur place, les négociations piétinent et le duo cannois ne peut rentrer à temps pour le 8ème de finale de Coupe de France qui oppose les azuréens au FC Sochaux (D1). Arsène Wenger prend alors place sur le banc cannois et dispute sa véritable première rencontre comme entraîneur d’une formation professionnelle. L’ASC lamine les Doubistes 3-0. Sans doute le présage d’une immense carrière, il y a trente ans au mois près… 6 Arsène Wenger ou la passion du terrain Arsène Wenger et les talents Vous avez recruté beaucoup de très jeunes joueurs français encore en formation, quelles qualités recherchezvous chez les jeunes talents ? Trois qualités dominantes : technique, intelligence et motivation. Vous semblez apprécier les profils des jeunes joueurs espagnols et allemands, est-ce parce que la formation française et/ou les qualités des jeunes Français ne correspondent pas à vos attentes ? Nous avons pour habitude d’aller sans aucun a priori vers les pays où on nous signale de jeunes talents. Il est vrai que l’Espagne et l’Allemagne ont pris la tête ces derniers temps. En France, nous avons désormais à faire face à plus de compétition avec d’autres clubs. Il y a dix ans, un Pogba serait sans doute venu chez nous. A quels signes considérez-vous qu’un très jeune joueur est apte à évoluer en équipe Une ? Un jeune est prêt quand il s’entraîne avec l’équipe première et que tout le monde lui donne spontanément le ballon. C’est le signe, cela signifie que les autres reconnaissent sa valeur. Et il arrive souvent qu’un ancien vienne me souffler à l’oreille à propos d’un jeune talent : « alors lui, là, il est bon… ». Comment identifiez-vous la marge de progression d’un footballeur et comment le faites-vous travailler pour qu’il progresse ? Au contraire, à quels signes voyez-vous qu’un joueur a atteint un plafond d’aptitudes ? Il faut d’abord identifier la qualité principale qui va permettre au jeune de s’imposer au haut niveau et la marge qu’il lui reste pour y arriver. Par exemple, un jeune peut avoir un potentiel technique élevé mais ne pas pouvoir l’exprimer en raison d’un handicap physique. Quand il aura gommé cette lacune, il sera prêt. On sera plus inquiet pour celui qui a le niveau physique mais du retard sur le plan technique. « L’éducateur domine toujours en moi » Existe-t-il à Arsenal un projet de jeu appliqué de l’école de foot à l’équipe Une ? Si oui, en quoi consiste-t-il et comment l’instaurer ? Bien sûr, notre projet de jeu est appliqué à tous les niveaux : construire de derrière avec vitesse et très grande qualité technique, à l’aide de combinaisons très rapides, travaillées dès l’école. Vous avez été formateur au début de votre carrière, est-ce un préalable que vous recommanderiez à un entraîneur ? Malgré un statut de manager international, vous considérez-vous encore un peu comme un éducateur ? Je le recommanderais forcément car je suis resté formateur toute ma vie. Même si j’ai d’autres responsabilités, l’éducateur domine toujours en moi. Et quand je ne remplis pas bien ce rôle, je me sens responsable. On a la possibilité, la chance même, de pouvoir influencer positivement la vie des gens, de nos joueurs. Et quand on n’y arrive pas, on se sent coupable. d’aujourd’hui et celui d’il y a quinze ans, c’est que, de nos jours, davantage de connaissances et d’observations objectives sont mises à sa disposition. Il lui faut donc en retenir cinq ou six, les plus importantes à ses yeux, et les confronter à ses propres subjectivités, mixer le tout et faire le tri. En tirer la quintessence pour prendre la bonne décision. Arsène Wenger dans sa fonction technique « L’usure est une explication des faibles » Quelle part de votre fonction revêt le travail de recherche et d’observation ? La recherche, à mon sens, c’est de suivre l’évolution du jeu et de s’attacher aux départements qui contribuent à l’amélioration de la performance. La différence entre l’entraîneur-manager Comment prévenir l’usure lorsque l’on reste longtemps à la tête d’une formation ? Pour moi, parler d’usure c’est évoquer un faux problème, sinon il faudrait décapiter tous ceux qui sont bons depuis longtemps… L’usure est une explication des faibles, un alibi. 7 te rv ie w la gr an de in Arsène Wenger directeur du centre de formation de l’AS Cannes en 1984 - © G. Traverso L’usure serait de ne pas arriver à diriger, à motiver les joueurs. Il y a ainsi des gens usés avant de commencer leur carrière. Il faut bannir ces clichés, apprécier la longévité et j’estime que la stabilité technique est un argument primordial dans la réussite d’un club. d’un pays, faire attention aux modes de relations qui varient parfois d’un pays à l’autre. Mais l’essentiel est dans le jeu : le football qu’on aime ne change pas en traversant les frontières. Vous formez depuis très longtemps un duo souvent méconnu avec Boro Primorac, en quoi vous complétezvous ? Boro Primorac est l’un de mes assistants. Il a un vécu et une grande connaissance du foot, comme Steve Bould. Je lui demande son avis sur certains points et cette connaissance me sert. Nous avons une confiance mutuelle, une totale complicité dans la façon de partager nos objectifs. Quels rapports humains entretenez-vous avec les joueurs ? La relation repose sur un respect, une confiance et une exigence réciproques. Le but pour l’entraîneur est d’amener le joueur à avoir foi en un projet collectif. Cela passe par beaucoup de communication. L’entraîneur est avant tout un guide pour le joueur et il ne sera efficace que dans la mesure où le joueur comprend où il doit aller et qu’il adhère aux moyens choisis par l’entraîneur pour arriver au but. Vous avez entraîné en France, au Japon et en Angleterre. Vos méthodes changent-elles au gré de la culture footballistique du pays ? Evidemment que non, la méthode ne doit pas changer. Il faut en revanche savoir s’adapter aux contingences culturelles Quel coach êtes-vous à l’entraînement ? Il y a deux parts dans mon attitude. L’une est directive, je guide l’entraînement. L’autre est ouverte : elle laisse au joueur la liberté de s’exprimer. Arsène Wenger, le meneur d’hommes 8 t e r v ie w l a g r a n d e in « Ne jamais transiger sur ce qui est indispensable à l’équilibre collectif » Comment choisissez-vous le capitaine de votre équipe ? Le capitaine, c’est le complice de l’entraîneur, celui qui renforce et solidifie son message. Il faut donc qu’il soit écouté, respecté par les autres joueurs, parce qu’il est le plus souvent titulaire et que son comportement au quotidien est irréprochable. Il y a aussi ce que j’appellerai des capitaines techniques, ceux dont l’autorité dans le jeu les impose. Comment gérez-vous les joueurs de caractère ? On a l’impression que vous cherchez plutôt des joueurs disciplinés. Disciplinés ? J’ai eu pas mal de joueurs difficiles à gérer car parfois l’athlète de haut niveau est quelqu’un d’insatisfait, d’égocentrique. Il ne faut jamais transiger sur ce qui est indispensable à l’équilibre collectif. Je ne connais pas un entraineur au monde qui préfère les révolutionnaires aux gens disciplinés. Mais parfois les premiers vous font gagner. Alors, on les tolère plus facilement, sans pour autant les aimer. Arsène Wenger et la réponse D Que représente pour vous l’Amicale des Educateurs de Football ? L’Amicale des Educateurs de Football m’inspire un profond respect. Je dis ça en toute sincérité car j’ai connu l’époque où elle était faiblement déployée. Je suis profondément reconnaissant à des pionniers comme Georges Boulogne ou Gaby Robert qui ont su organiser, fédérer et ont fait profiter le football français de leur immense travail de structuration. Sans en avoir eu toute la reconnaissance qu’ils méritaient. D’ailleurs, si j’ai volontiers répondu à vos questions, malgré le peu de temps dont je dispose dans cette période surchargée, c’est surtout pour ça. Quelle attitude adoptez-vous en cas de conflits de vestiaire ? En cas de conflit, la seule attitude c’est de désamorcer la bombe. Cela se fait en identifiant les causes du conflit, puis en arrivant à les résoudre. Souvent par la communication, d’ailleurs. Dans notre métier, on finit toujours par résoudre les problèmes humains. Palmarès Arsène Wenger, né le 22 octobre 1949 à Duttlenheim (Bas-Rhin) Palmarès du joueur Vainqueur du Championnat de France - 1979 (Strasbourg) Palmarès de l’entraîneur Finaliste de la C1 - 2006 (Arsenal) Finaliste de la C3 - 2000 (Arsenal) Vainqueur du Championnat d’Angleterre - 1998, 2002, 2004 (Arsenal) Vainqueur de la Coupe d’Angleterre - 1998, 2002, 2003, 2005 (Arsenal) Vainqueur de la Charity Shield - 1998, 1999, 2002, 2004 (Arsenal) Vainqueur de la Supercoupe du Japon - 1996 (Nagoya Grampus) Vainqueur de la Coupe du Japon - 1995 (Nagoya Grampus) Finaliste de la C2 - 1992 (Monaco) Vainqueur de la Coupe de France - 1991 (Monaco) Vainqueur du Championnat de France - 1988 (Monaco) 9 aef news L’Amicale ou le laboratoire des bonnes pratiques en régions. Les pages AEF news ont pour objet de mettre en lumière les meilleures initiatives prises par l’Amicale nationale et les cent douze AEF locales. Pour mieux dynamiser la communauté des entraîneurs français, pour mieux vivre sa passion d’éducateur. AEF – Des séminaires riches AEF – Trio gagnant AEF – Cinq séminaires régionaux se sont déjà tenus depuis ces deux derniers mois, à Ancenis, Lyon, Sainte-Tulle, Houlgate et Montauban. Réunis du vendredi soir au samedi, les responsables d’Amicales locales planchent sur l’animation de leurs territoires. Management de projet, création d’événements, communication efficace, recrutement de nouveaux adhérents, rôle de l’association… Les participants phosphorent dans une atmosphère conviviale. Il revient à Jean-Marie Lawniczak de piloter ces séminaires, autour d’une question de fond, retranscrite telle quelle : En deux jours on ne peut pas faire de grands progrès. Comment se perfectionner après le séminaire, une fois livré à soi-même, sans le contrôle de l’animateur ? La réponse est dans l’esprit de formation. Cet esprit condamne l’idée qu’un séminaire contient des recettesmiracles qui transforment un homme d’un coup de baguette magique. Le séminaire provoque une prise de conscience, donne des outils. A vous de vous en servir ! Mois après mois, une bonne pratique émerge au sein des Amicales. Elle tient en un cocktail de trois ingrédients : 1/ un centre de formation professionnel et/ou un cadre fédéral de haut niveau qui anime une séance terrain, 2/ les adhérents de l’AEF auxquels se joignent de nombreux éducateurs intéressés par la thématique et qui sont des recrues en puissance pour l’Amicale, 3/ les caméras de l’AEF TV / My Coach TV. Montpellier Hérault, Pôle Espoirs FFF de Liévin, Stade Rennais, PSG, SCO d’Angers et prochainement FC Sochaux (30 avril) puis SC Bastia, la liste des participants s’allonge pour le plus grand plaisir des éducateurs. Notre conseil aux dirigeants des AEF françaises : organisez très vite votre prochain rassemblement. Fondée en 1947, l’Amicale n’est certes plus une jeunette mais se doit de vivre avec son temps, d’avancer, de rendre compatibles expérience et modernité. Le nouvel Entraineur Français s’arrime à cette ambition. Notre web TV mycoachtv.com et le site aefoot. com aussi. Les réseaux sociaux se développent, l’information s’accélère, les pratiques évoluent. C’est pour ces raisons que nous vous invitons à suivre l’actualité de toutes les Amicales sur nos pages Facebook et Google +, accessibles depuis aefoot.com. Infos pratiques, événements, formation : découvrez en temps réel tout ce qui se fait sur le territoire. N’hésitez pas à nous faire part des initiatives ou des projets qui font vivre le football au niveau local. Votre football. Tout peut aller plus vite, profitons-en. Grandissons ensemble, interagissons, vivons notre passion sans rien renier de ce que nous sommes. L’interaction en marche Les Amicalistes du Maine et Loire venus en nombre assister à la séance des U19 Nationaux du SCO d’Angers, consultable sur mycoachtv.com AEF – Les Amicalistes élisent le meilleur entraîneur 2013/2014 de Ligue 1 et Ligue 2 Réunis autour du Président Lawniczak, les participants au séminaire de SainteTulle (04) sont venus de l’Hérault, de Corse, du Vaucluse, des Bouches-duRhône, du Var et de Rhône-Alpes Qui mieux que les éducateurs diplômés est à même de désigner l’entraîneur professionnel le plus compétent ? Pas grand monde, en toute objectivité. C’est la raison pour laquelle l’Amicale organise dans le courant du mois de mai une grande consultation auprès de ses dix mille membres. Depuis le site aefoot.com, les adhérents de l’AEF éliront le coach sur la base de critères compatibles avec les valeurs de l’Amicale. La CRAB (Commission des Relations Avec la Base) travaille actuellement sur la constitution d’une short-list d’entraîneurs professionnels. En tout état de cause, les deux entraîneurs élus au suffrage des Amicalistes se verront remettre un prix spécial estampillé AEF. Plus de détails sur le site et par newsletter. 10 aef news AEF 13 - Thomas Fernandez à la rencontre des Amicalistes AEF 37 – Programme de gala Le CDFA du District Indre-et-Loire ne cache pas sa gratitude à l’égard de l’Amicale nationale. Guillaume Giuntini raconte que le 5 mars dernier, plusieurs membres de l’AEF 37 ont pu visiter les installations du Centre Technique National de Clairefontaine. Accompagnés par deux techniciens du District, ils ont eu le privilège d’assister à la rencontre amicale de l’Equipe de France U20 contre les Espoirs ukrainiens. La visite ne s’est pas arrêtée là puisqu’un peu plus tard dans la soirée, France-Pays Bas était au programme au Stade de France. Fidèle à ses habitudes et désireuse d’apporter des informations techniques à ses adhérents, l’Amicale des Educateurs de Provence, présidée par Louis Costantino, a reçu lundi 7 avril au District de Provence, Thomas Fernandez, directeur du centre de formation de l’Olympique de Marseille et entraîneur des U19 DH, leaders de leur championnat. L’occasion pour l’ancien joueur professionnel de Toulouse de louer la formation à la française, de partager le fonctionnement du centre avec les Amicalistes et de mettre en exergue l’organisation de l’Athletic Bilbao où il a effectué un stage d’observation. Un parallèle intéressant qui a permis de comparer les deux clubs en matière de formation des jeunes. « A Bilbao, leur nombre est réduit et d’une manière générale, les Espagnols préfèrent travailler sur une élite resserrée, contrairement à nous qui disposons d’un plus grand nombre. La formation est très importante d’autant qu’ils ne veulent, pour des raisons identitaires, recruter que des joueurs basques ou d’origine basque », explique le cadre olympien. AEF 35 – L’Amicale dote 292 AEF 13 – Le président de l’AEF Ille et Vilaine est heureux. Bernard Lebreton et son Amicale viennent d’obtenir un financement pour chaque formation U13 du District, soit 292 équipes, sous forme d’un kit d’arbitrage composé d’un drapeau, deux chasubles et un sifflet. « On a trouvé un partenaire pour pouvoir financer tout ceci, à hauteur de 6.000 €. Sur ces équipements apparaîtront le logo de l’AEF et son slogan. Cette opération est faite pour mettre en valeur l’activité de l’Amicale des éducateurs, on veut montrer à tout le monde qu’elle existe », dit-il. Il est vrai qu’avec plus de quatre cents éducateurs adhérents, l’Ille et Vilaine truste le palmarès hexagonal. Pour l’AEF de Provence les choses sont claires : toute équipe de championnat de jeunes doit avoir un éducateur responsable et titulaire du permis de conduire jeune. Louis Costantino explique : « Il y a une notation des délégués sur le comportement des éducateurs. Ce permis de conduire a 10 points. Si la note est au-dessus de la moyenne il n’y aura pas d’impact sur les points, en revanche si une note est en-dessous de la moyenne, l’éducateur perd de son crédit. L’idée est de les responsabiliser en valorisant l’exemplarité. Si un coach perd des points, il peut en racheter en arbitrant une rencontre, par exemple. Et s’il n’a plus de point sur son permis, on change l’éducateur ». équipes U13 d’Ille et Vilaine Les Amicalistes d’Indre et Loire à Clairefontaine avec Lilian Thuram 11 Permis de conduire jeune news La nouvelle filière de forma1on de a fF.F.F. ale La nouvelle filière de forma1on de la F.F.F. Quel éducateur pour demain ? Pro BEPF Samedi 1er février, le cadre technique national Franck Thivillier a proposé aux Amicalistes de la Loire une conférence La n ouvelle fi lière d e f orma1on d e l a F .F.F. d’excellente facture sur un thème passionnant : « Comment appréhender un environnement sportif et éducatif en mutation BEFF PYro outh de présenter la nouvelle en vue d’identifier le profil de l’entraineur et/ou éducateur BEPF de demain ? » Ce fut également l’occasion Cadre Technique filière de formation de la FFF que l’on peut observer ici : La nouvelle filière de forma1on DES de la F.F.F. BEFF Préparateur Physique PYAro outh BEPF Cadre Technique Gardien de But DES BEFF Préparateur Physique BEF PYA outh ro BEPF Cadre Technique BEPF BPro Futsal Gardien de But BEFF DES CadrePTechnique BEFF Préparateur hysique BEF YA outh Cadre Technique BYouth DES Futsal Santé Sécurité Préparateur Physique BMF Gardien de But DES Préparateur Physique BEF Arbitrage A BA Gardien Futsal de But Santé Sécurité Gardien de But CFF1 BMF CFF2 CFF3 CFF4 BEF BEF B Arbitrage Futsal Futsal B Futsal Santé Sécurité Handicap U9 CFF1 U11 BMF U19 U13 CFF2 U15 CFF3 Sen CFF4 Cer$ficats Cer$ficats de Cer$ficats de Cer$ficats de de spécialité spécialité spécialité spécialité Modules Modules complémentaires Modules complémentaires Modules complémentaires complémentaires Modules Certificats de complémentaires spécialité AEF 42 – Projet associa$f Projet spor$f et éduca$f Quar0ers Arbitrage Futsal Gardien Santé Sécurité Santé Sécurité Projet Projet BMF Handicap U9 CFF1 U11 BMF U19 U13 CFF2 U15 associa$f spor$f et CFF3 Sen CFF4 éduca$f Quar0ers U6-‐U7 Arbitrage Futsal Arbitrage Gardien Projet Projet Handicap U9 CFF1 U11 U19 Sen U13 U15 associa$f spor$f et CFF4 CFF1 CFF2 CFF2 CFF3 CFF3 CFF4 éduca$f Futsal Quar0ers U6-‐U7 Futsal Handicap Gardien Projet Projet Handicap Gardien U9 U11 U19 Sen U13 U15 associa$f spor$f et Projet Projet U9 U11 U13 U15 U19 Sen éduca$f Quar0ers associatif sportif et U6-‐U7 éducatif Gardien U6-U7 U6-‐U7 AEF 67-68 – L’Alsace dans les AEF 49 – L’Amicale invitée d’honneur du SCO d’Angers Le 13 juin 2014, au Parc des Expositions de Colmar, la Ligue d’Alsace de Football organise une grande soirée intitulée « Nuit des Étoiles ». Cette manifestation rassemblera toutes les familles du football (dirigeants, éducateurs, arbitres, partenaires...) pour une remise de prix. L’Amicale d’Alsace y est invitée. Ce sera l’occasion de donner plus de lustre à la traditionnelle remise des trophées Georges Boulogne et Paul Frantz. Celui-ci récompense un éducateur en seniors ou catégories jeunes pour les résultats qu’il a obtenus au cours de la saison. Samedi 15 mars dernier, l’AEF 49 a organisé un rassemblement d’envergure au stade de la Baumette à Angers, auquel les Référents Educateurs des clubs du Maine et Loire étaient également conviés. Quatrevingts éducateurs ont pu assister à la séance technique mise en place par Abdel Bouhazama, directeur du centre de formation du SCO, avec les U17 et U19 Nationaux du club. Basée sur la finition, elle est consultable sur mycoachtv.com à la rubrique « Séances d’Amicalistes ». A l’issue d’une matinée riche en échanges, les éducateurs ont pu assister au match de Ligue 2 opposant le SCO et Créteil. étoiles AEF 59-62 – Cht’ichnologie toute Conscients du coût d’impression de la revue biannuelle « Le Journal de l’Amicale », le Président André Molle et les siens ont substitué à leur revue une newsletter mensuelle dont la diffusion est favorisée par la généralisation de l’e-mail. C’est notamment André Charlet du Racing club de Lens qui a mis la lettre d’information en place depuis janvier. « Les premiers échos sont favorables », sourit le prudent André. AEF 51 – Les femmes franchissent la barrière Le CTD du District Marne Bernard Curel est un ardent défenseur de l’opération fédérale « Mesdames Franchissez la Barrière » : « Nous avons profité de la journée de la femme pour appliquer un nouveau module de formation U6-U7 réservé exclusivement au public féminin. Actuellement les clubs sont débordés en effectifs, mais beaucoup de femmes sont réticentes à se lancer. Elles considèrent que la fonction d’éducateur est plus une affaire d’hommes. On initie donc un travail de fond pour détruire ce manque de confiance. Ce module est spécifique au public féminin et on ne parle pas encore d’éducatrices mais d’accompagnatrices, car on n’aborde pas les exigences techniques. Les femmes ont des qualités à faire valoir dans l’accompagnement des 5-6 ans que les hommes ne possèdent pas forcément. 12 aef news AEF 79 – Arriba España ! Cinquante éducateurs des Deux-Sèvres ont fait le long déplacement jusqu’au Pays Basque espagnol pour assister au match entre la Real Sociedad et Valence. Jacques Richard s’en félicite : « Les déplacements à l’étranger sont difficiles mais constituent un réel plus pour les éducateurs qui découvrent une autre forme de football, sur le terrain comme au-dehors ». Et le dirigeant de l’Amicale 79 d’anticiper : « On a maintenant pour objectif de partir pour l’Angleterre ». Les Amicalistes des Deux-Sèvres et leurs accompagnateurs à San Sebastien AEF 67-68 – Une conférence façon Greys Anatomy AEF 75 - Ile de France – AEF 94 – L’Amicale d’Alsace a le privilège de compter parmi les siens un chirurgien en la personne du Professeur Christian Lutz, ancien assistant du professeur Jaeger au CHU de Strasbourg. Sa prochaine conférence à l’attention des éducateurs du Bas et Haut Rhin est prévue pour la fin de l’été. Elle portera sur la prévention des blessures et sur la traumatologie de terrain chez le footballeur. La formule plaît à Jean-Claude Daix, le Président de l’AEF d’Ile de France : « On met en place des matchs amicaux entre éducateurs. On demande aux Amicalistes de venir accompagnés d’éducateurs non adhérents, afin de leur faire découvrir notre activité dans un état d’esprit convivial et sympathique ». Pendant la Coupe du Monde, l’AEF francilienne organisera un tournoi avec des formations au profil très différent : féminines, éducateurs, arbitres et même une équipe de collaborateurs de Canal +. Daniel Broche, le Président de l’AEF du Val de Marne, explique que son Amicale a conçu un « challenge d’exemplarité ». Ce dispositif vise à éradiquer toute forme de violence autour des matchs, notamment due au fait que certains éducateurs sont incapables de gérer leur équipe. L’éducateur qui est reçu à domicile doit évaluer le comportement de son homologue avant, pendant et après le match. A la fin de la saison, est remis le prix du meilleur éducateur au plus fair-play d’entre eux, à la manière des « Coachs d’Or » du District Côte d’Azur (lire L’Entraîneur Français 393). Forte de son succès, l’opération est désormais étendue aux arbitres. Opération « Amène un ami » 13 Le challenge d’exemplarité d o s s ie r U15, la catégorie charnière Les U15 forment une catégorie charnière dans le parcours du jeune footballeur. Découverte du jeu à onze, développement des aptitudes physiques et cérébrales, les changements sont nombreux à cet âge. Ils appellent des attitudes appropriées. Quels comportements les éducateurs doivent-ils privilégier ? Quelles formes d’entraînement convient-il de favoriser ? De la base à l’élite, L’Entraîneur Français est parti à la rencontre de formateurs et de cadres techniques qui évoluent auprès des U15. Un ensemble de bonnes pratiques en découle, illustré par des fiches exercices adaptées. d o s s ie r Didier Rousson est formel, la catégorie U15 est à de nombreux égards la plus hétérogène de toutes. Parmi les critères qu’il distingue, le Conseiller Technique Départemental du District Loire met en avant les dimensions physiologiques et psychologiques inhérentes à cette classe d’âge. osseuse prend de vitesse les capacités d’adaptation du complexe musculo-tendineux, qui se retrouve dans un état de tension permanent. La raideur rencontrée chez les adolescents s’explique ainsi. Il est donc nécessaire d’étirer régulièrement le quadriceps, tout en proscrivant les exercices en flexion complète comme dans les positions accroupies. Thierry Maquet rappelle en outre le rôle-clé de l’échauffement et du renforcement musculaire pour protéger les articulations. Il recommande encore de développer les muscles du dos qui favorisent l’ouverture de la cage thoracique et permettent une allure plus équilibrée. S’agissant de la première, il considère que treize et quatorze ans sont les générations où les écarts apparaissent les plus marqués au sein des effectifs. Lui qui est chargé de repérer les meilleurs éléments de la région stéphanoise affronte d’ailleurs un problème délicat. A chaque stage de sélection, il observe aussi bien des adolescents au corps d’enfant que de jeunes hommes dont la croissance est pratiquement terminée. Il lui incombe de différencier les garçons immédiatement efficaces au plan physiologique des autres. Le joueur qui n’est pas encore apte doit être évalué en imaginant ce qu’il pourrait devenir à maturité égale. Et encore : « On est incapable de prédire à quatorze ans celui qui va percer au très haut niveau », assure-t-il. Dédramatiser la performance Hétérogénéité physiologique donc, mais également mentale. Didier Rousson explique que l’on rencontre en U15 des comportements oscillant de très enfantins à responsables. Le regard que les jeunes portent sur leur propre parcours scolaire livre un indice pertinent sur leur niveau de maturité, qui se retrouve jusque dans le jeu et leur capacité à suivre les consignes. Le CTD considère qu’un coach U15 est tenu de s’adapter aux enfants. Les causeries d’avant-match, par exemple, doivent être concises et claires. Y consacrer plus d’un quart d’heure est inefficace. L’hétérogénéité physiologique concerne les équipes de tout niveau. Pour lui faire face, il importe que les éducateurs s’adaptent. Ainsi, le club de Ligue qui place la formation au cœur de son projet sportif fera prioritairement travailler les bons joueurs avant de privilégier ceux immédiatement efficaces, parce que plus matures. Un cran plus bas, le club de District devra composer avec les écarts d’aptitudes athlétiques en proposant des entraînements adaptés à chacun, quelle que soit son efficacité du moment. C’est une tâche d’autant plus difficile que les U15 ne sont pas capables de supporter les mêmes charges de travail ni n’ont les mêmes résultats à des exercices non adaptés. En la matière, Didier Rousson souligne l’expérience menée par l’académie de Jean-Marc Guillou en Afrique : ils ne font pas s’entraîner les joueurs par catégorie d’âge mais en fonction de la taille et de leur poids. « Je trouve ce système intéressant, il change de l’ordinaire », précise-t-il. En semaine, l’éducateur qui s’appesantit trop longuement sur la mise en place des exercices risque de lasser ses joueurs. L’action prime. Tous le disent : l’entretien de la motivation est primordial chez les collégiens de 4e et 3e. Le plaisir, indispensable donc, provient de la confiance que les adolescents placent dans le coach et dans le contenu de ses entraînements. De sa compétence, en d’autres termes. Pour inspirer confiance, il doit entretenir des rapports humains à la fois fermes et bienveillants. Michel Berbèche estime que « le respect s’opère quand ils sentent qu’il y a du répondant ». La fermeté s’impose lorsque les « branchages » incessants mais normaux à cet âge, cèdent le pas à l’insulte. Avec le déploiement tous azimuts des technologies de communication, un phénomène nouveau désempare de plus en plus d’éducateurs qui peinent à juguler les provocations entre joueurs adverses sur les réseaux sociaux. Les avant-matches prennent trop souvent la forme de joutes en ligne qui dégradent le climat des compétitions, sans que les éducateurs en aient conscience. Entraîner des équipes où les disparités physiologiques sont prononcées appelle quelques principes. Le CTR de la Ligue Méditerranée, Michel Berbèche, recommande d’organiser des séances en groupes de valeur, si la taille des effectifs le permet. Son confrère de la Loire pointe la nécessité d’axer les entraînements sur le jeu et l’apprentissage, en privilégiant le plus possible la technique et la préparation athlétique sous forme jouée, pour que les licenciés trouvent au stade ce qu’ils viennent y chercher : le plaisir. Si toutefois le nombre de séances hebdomadaires est élevé, comme dans les Pôles Espoirs ou les sections Elite des meilleurs clubs, alors l’éducateur peut mettre l’accent sur le travail spécifique athlétique et la technique analytique. En contrepartie, la durée des entraînements ne doit pas excéder une heure et demie, faute de quoi on perd en qualité de travail et de concentration. Autre facteur décourageant, une équipe qui accumule les défaites est susceptible de voir ses troupes déserter. Si une mauvaise série se prolonge durablement, il convient alors de motiver les joueurs sur le contenu des rencontres, en évaluant les progrès qu’ils accomplissent plutôt qu’en restant braqué sur le nombre de points grappillés en championnat. « Les faire s’accrocher est essentiel », témoigne Michel Berbèche, « il faut définir un objectif auquel se référer ». A titre indicatif, le coach fera travailler les phases qui ne vont peutêtre pas immédiatement améliorer les résultats mais bonifieront le contenu des matchs. Il lui faudra notamment prouver que l’équipe parvient à s’améliorer dans sa capacité défensive, sa possession de balle ou tout autre critère quantifiable. Didier Rousson juge indispensable de dédramatiser la performance. Le scientifique Thierry Maquet fait remarquer que de treize à quinze ans chez les garçons, il se produit une accélération significative de la poussée en longueur du squelette. Cela se traduit par un gain de taille moyen de 10,5 cm en un an. Ces transformations influent sur la souplesse car la croissance 15 d o s s ie r Le contexte des rencontres influe aussi sur la volonté des adolescents. Un coach qui crie de manière inconsidérée, des parents bruyants ou des supporters plus ou moins bienveillants génèrent autant de traumatismes non-dits chez les joueurs. Mathieu, U14 dans le District Côte d’Azur, témoigne ainsi : « Ce que je ressens lorsque l’un des parents ou mon entraîneur s’énerve, c’est du doute. Les disputes et les cris, ce sont des choses qui me font un peu peur ». La victoire à tout prix forme un credo absurde qui incite les instances fédérales à s’interroger sur le maintien de la forme pyramidale des championnats. Pour Didier Rousson, le problème ne tient pas dans la compétition, qu’il juge saine. Que tout acteur désire gagner le match disputé relève de l’évidence. Le hiatus provient de ce qu’en fait l’environnement : les éducateurs qui n’ont pas une attitude correcte vis-à-vis du résultat et les parents qui ne jurent que par la performance. Savoir reconnaître la valeur de l’adversaire est essentiel. La relation à l’arbitre l’est également. En formation d’entraîneurs, le CTD de la Loire martèle que la seule attitude recevable est l’exemplarité. Il s’agit de rester calme et serein même lorsque la décision paraît injuste. C’est encore plus indispensable en U15, juge Didier Rousson qui ajoute : « Les enfants sont des éponges, un coach véhément avec l’arbitre aura des joueurs véhéments. En tout état de cause, le plus important est de donner confiance aux joueurs. Il en va de leur investissement individuel et collectif ». doute à cause du fait qu’ils ont encore le rêve de devenir professionnels. Ils passent d’un terrain réduit au vrai foot à onze, ils font le parallèle quand on leur parle de tactique avec les pros et ce qu’ils voient à la télé ». A Saint-Emilion près de Bordeaux, Patrick Rossignol a un avis plus nuancé. Le membre du Comité Directeur de l’AEF note que : « le comportement des gamins a complètement changé. Avec la croissance du nombre de divorces, de plus en plus de joueurs ne sont disponibles qu’un week-end sur deux. Quand il y a des gamins un peu plus turbulents, il faut savoir les occuper, ne pas les mettre en situation de conflit. Nous sommes plus devenus des éducateurs que des entraîneurs ». Si le contexte est mouvant, il reste que U14 et U15 sont la classe d’âge à partir de laquelle les joueurs disposent des facultés cérébrales qui leur permettent de travailler tous les aspects défensifs et offensifs du jeu, ainsi que les transitions. Michel Berbèche parle ainsi d’une « catégorie charnière pour les jeunes, en termes de vie sociale et de football, parce qu’elle est la clé pour rentrer dans le processus de formation du joueur ». Pour Didier Rousson, la limite rencontrée est principalement liée aux aptitudes physiologiques, sachant que les joueurs les moins matures éprouvent des difficultés dans le jeu long. Certains aspects tactiques, tels que fixer d’un côté pour jouer de l’autre rapidement, sont difficiles à mettre en place faute de pouvoir réaliser une transversale. Les adolescents sont également appelés à jouer plus longtemps et dans un espace plus vaste. Communiquer avec les joueurs En ce sens, la qualité de vie en groupe est prépondérante. Tout comme Michel Berbèche, Jonathan Correia, qui coordonne les U15 du FC Cergy-Pontoise (District Val d’Oise), note la solidarité si caractéristique de la catégorie : « Ils posent beaucoup de questions à cet âge. On essaie de mettre un cadre en place et s’il n’est pas respecté les jeunes viennent nous interroger ». Dans un club marqué par une forte mixité ethnique et sociale, l’éducateur désigne les différences comme « une véritable chance pour tous. Bien sûr, il y a toujours des gamins difficiles dans un groupe mais dès que leur nombre n’excède pas deux ou trois joueurs par équipe c’est relativement facile à gérer, on peut agir au cas par cas. Il faut savoir se faire comprendre en communiquant énormément ». Dans le même District, Marin Colic entraîne les U15 DHR d’Argenteuil. Il trouve les joueurs « super à l’écoute et captivés par ce que l’on dit, sans Le passage au foot à onze peut dérouter certains éducateurs, notamment ceux qui découvrent la catégorie. Ainsi Stéphane Porato, l’ancien gardien international qui a désormais la responsabilité des U15 DH à l’AS Monaco : « Le gros souci c’est l’occupation du terrain. Lors des premiers entraînements que j’ai effectués, j’avais l’impression d’avoir des poussins en face de moi. Ils ne se soucient que du ballon et pas de l’espace autour d’eux. Au-delà des carences tactiques, Patrick Rossignol déplore que « trop de joueurs montent en U15 dépourvus des fondamentaux techniques, comme savoir jongler ou faire un contrôle. On est sensé commencer à parler tactique et souvent on doit parfaire leur formation technique. Je constate lors des différentes confrontations que les autres clubs du District se retrouvent dans la même configuration ». 16 d o s s ie r Privilégier le jeu demande au groupe qui possède le ballon de l’amener vers une autre partie du terrain. Les conseillers techniques préconisent de travailler l’occupation de l’espace en priorité, quitte à quadriller l’espace de jeu afin que les joueurs ne courent pas inutilement dans tous les sens mais comprennent la manière dont ils doivent se déplacer. Les phases offensives consisteront souvent en combinaisons de type dédoublement, appuis et remise, tandis que l’aspect défensif favorisera moins le geste que le déplacement. Les cadres fédéraux interrogés insistent sur la forme des entraînements qu’il convient de privilégier. Michel Berbèche explique que « comme on est sur l’apprentissage du jeu à onze, c’est en jouant qu’on apprend à jouer, tout ce qui a trait à l’apprentissage de l’espace va passer par le jeu et des matches amicaux pour prendre pleinement conscience du nouvel espace ». Les séances doivent favoriser l’alternance de jeux à effectif réduit pour travailler techniquement et toucher le ballon et le travail à distances augmentées, pour chercher à travailler plus sur la longueur du terrain. Des huit contre huit sur les troisquarts de terrain constituent une forme intéressante. L’objet est de mettre en place des situations à problèmes, afin que les joueurs réfléchissent et trouvent les solutions par euxmêmes, guidés en ce sens par leur coach, et sans que celuici dicte ce qu’il convient de faire. Didier Rousson apprécie notamment les oppositions à quatre contre trois, où l’on Enfin, s’agissant des transitions, l’objet est de savoir où l’on se place et comment on agit en fonction de la situation. L’éducateur proposera des exercices qui tournent autour d’un temps donné au moment de la perte de balle. On peut notamment imaginer une situation à trois touches où pendant les cinq secondes qui suivent la récupération, l’équipe attaquante devient libre de consignes pour se projeter vite vers l’avant en se simplifiant la tâche. Les fiches techniques En lien avec le dossier de L’Entraîneur Français, Michel Berbèche et Didier Rousson proposent trois exercices spécifiques. Deux traitent de la récupération collective du ballon en situation d’infériorité, un du changement de statut. Thème : récupération collective du ballon en situation d’infériorité ORGANISATION ORGANISATION 3 équipes de 2 joueurs. 6 contre 6 + 2 jokers à l’intérieur – 4 appuis. OBJECTIFS OBJECTIFS Récupération du ballon en infériorité numérique. Notion de transition OffDéf / Déf-Off Récupération du ballon en infériorité numérique. Notion de transition Off- Déf / Déf-Off REGLES Conserver le ballon. 4 contre 2. Si un des 2 « défenseurs » touche le ballon = les joueurs qui se sont fait intercepter passent en position défensive. BUT Récupérer le ballon ensemble. REGLES Jeu de conservation, les 2 jokers jouent avec l’équipe qui possède le ballon. Les appuis jouent à une touche de balle. CRITERES DE REALISAtion CRITERES DE REALISATION Aide au pressing – Ne pas rester sur la même base. Se placer par rapport à son partenaire – isoler le porteur (couper les passes) – se servir des limites du terrain- rechercher l’erreur technique. Occupation de l’espace. Pressing collectif (déclencheur ?) avec fermeture de solution de passes. Coordination des déplacements de l’équipe. CRITERES DE REUSSITE CRITERES DE REUSSITE Être capable de récupérer le ballon collectivement en position d’infériorité. Notion de transition Off- Déf / Déf-Off Récupérer le ballon dans de bonnes conditions. Maitrise des techniques défensives. VARIABLES Jeu à 2 touches de balles puis à une touche. TEMPS : 20 minutes 17 d o s s ie r Changement de statut Tache Situation But Marquer lors d’un match 7c7 à 11c11 sur terrain adapté Règles 3 touches en zone offensive A la récupération du ballon, pendant 5’’ jeu libre + but qui vaut 3 points Variable Si l’équipe qui défend encaisse un but alors que les joueurs ne sont pas revenus dans leur camp, elle perd un point Comportements attendus sur transition off/def 1. Le joueur le plus proche cadre le porteur 2. Les partenaires se replacent sur l’axe ballon/but en fonction de leurs postes Comportements attendus sur transition def/off Etre capable d’identifier s’il faut : 1. Vite jouer vers l’avant 2. Conserver pour préparer une attaque placée 18 d o s s ie r Focus sur le Stade Rennais Yannick Menu : l’excellence pour leitmotiv De l’école de foot à l’élite, le Stade Rennais mise sur l’excellence. L’Entraîneur Français s’est entretenu avec le directeur adjoint du centre de formation qui explique le rôle spécifique tenu par la catégorie U15. Rencontre avec un technicien pétri de valeurs et de convictions. les situations de match. C’est une catégorie très importante qui nous permet de déceler ceux qui rentreront au centre de formation. Quels sont les critères attendus par le stade Rennais pour y parvenir ? D’abord la capacité à s’entraîner, par la répétition de l’effort. Ensuite par la mentalité requise, à savoir l’enthousiasme, l’humilité, avoir un goût pour l’effort. On rentre là dans la capacité de travail. Yannick, quel est le sceau de la formation au Stade Rennais ? La formation rennaise existe depuis 1987, c’était l’une des premières en France avec des clubs comme Nantes et Auxerre. Il s’agit à la fois d’une organisation et d’une exigence. Nous distinguons la formation éducative de l’individu à travers ses valeurs et son parcours scolaire et la formation sportive. On est à la recherche de l’excellence au quotidien car l’éducation exige de la constance. Si nos joueurs n’ont pas une capacité de travail et une éducation conformes à nos valeurs, ce sont nous les adultes, les formateurs encadrants et entraînants qui en sommes responsables. « Nos joueurs doivent être attractifs » Existe-t-il une marque de fabrique du stade Rennais ? Oui, car la réussite ne se programme pas, elle se construit. Nous partons du principe que nos joueurs doivent être attractifs. Le football est un spectacle auquel les gens assistent pour vivre une émotion. Il y a moins d’actions décisives au football qu’au hand ou au basket, car la construction est plus longue. Il faut donc former des joueurs attractifs, positifs qui prennent des initiatives, soient créatifs et tournés vers leur équipe. Mais ces joueurs positifs, il faut encore qu’ils soient fiables. L’adolescent doit être fiable pour assurer un niveau de performance constant à son entraîneur, son équipe et son club. Nous avons la conviction qu’un joueur attractif évoluera dans une équipe attractive. Nous partons donc du principe que nos équipes doivent posséder le ballon et le travail est prioritairement axé sur ce principe. Viennent ensuite les phases de transition : nous venons de perdre le ballon, quel est notre mode réaction ? Nous le récupérons, comment déséquilibrer notre adversaire ? Tout ceci est coiffé par un système de valeurs sportives, j’entends par là des valeurs d’engagement et de responsabilité. Nos contenus d’entraînement sont orientés vers ça. Combien de joueurs intègrent le centre de formation ? Nous faisons le choix d’en avoir très peu. Il y en a quarante et nous souhaitons ramener ce nombre à trente-cinq voire trente, parce que nous privilégions la qualité. Moins on a de joueurs et plus on est précis dans leur accompagnement sportif, scolaire, éducatif. On sait qui ils sont. Comment va-t-on chercher ces joueurs ? Prioritairement dans notre école de foot, c’est-à-dire dès l’âge de six ans. Avant d’aller voir ailleurs, notre recrutement local prime dans la mesure où il garantit l’appartenance au club et au maillot. A partir de la 6e, nous avons créé une structure de préformation qui passe par une convention avec le collège Claunet, dont 20 % de l’effectif est constitué de licenciés du Stade Rennais. Ils disposent d’horaires aménagés, avec deux parcours distincts : celui de 6e – 5e, dit « Football pour tous » et celui de 4e – 3e, plus élitiste, correspondant à la catégorie U15. Après la 3e, nous continuons de proposer une section sportive de second cycle de type « Football pour tous » pour les garçons qui ont eu une maturation tardive. Ils ne sont pas internes au centre de formation mais jouent avec les équipes du club. Et ils s’entraînent de façon quotidienne. Certains intègrent ensuite le parcours de haut niveau. La désignation d’un éducateur est primordiale pour un responsable de centre de formation, comment le recrutet-on ? Le premier critère est la diversité de l’équipe. Nous recrutons par exemple d’anciens joueurs du club en Ligue 1 et Ligue 2. Ensuite, nous choisissons des garçons qui ont eu un parcours de formation mais n’ont pas fait carrière et qui ont eu davantage un parcours universitaire. La loyauté est un critère, pour ma part, primordial. La stabilité professionnelle et personnelle est importante. La loyauté se détecte tous les jours, sur des attitudes, des comportements, des initiatives. Il ne faut pas oublier aussi la capacité à travailler en équipe. Les U14-U15 sont une catégorie charnière, comment la voyez-vous ? Le premier objectif de cette catégorie est l’éducation, on est dans les attitudes, le comportement qu’il faut avoir sur le terrain et en dehors. Après, viennent les premiers apprentissages avec le renforcement de la technique, les bases du jeu et Qu’est-ce qu’un bon éducateur en U15 pour le stade Rennais ? Il faut qu’il s’inscrive dans le projet du club et soit capable de faire parler ses valeurs sportives, techniques et tactiques. Il doit susciter beaucoup d’enthousiasme, être rigoureux et éduquer les jeunes à l’effort, à l’assiduité, aux valeurs fondamentales. 19 d o s s ie r Est-ce que les joueurs en préformation (U14-U15) ressemblent à ce qu’est Rennes ? Oui, car quand on parle de recrutement, on choisit le joueur, donc notre recrutement est sur la base du choix, ce n’est pas un recrutement qui est subi. Quand le joueur arrive chez nous, l’éducateur ne le découvre pas, il le connaît déjà depuis bien longtemps. Quand il est détecté, observé, il y a toute une méthodologie que nous mettons en place et les entraîneurs formateurs sont impliqués. Quand on a un doute sur un garçon, on s’abstient, c’est très important. Comment un éducateur dans cette catégorie sait qu’un aussi jeune pourra tenir la pression, la charge de travail et la difficulté d’un parcours de formation ? Il faut laisser le temps au temps. On veut trop souvent des joueurs matures très vite, en oubliant qu’à 14-15 ans, un joueur a besoin d’accompagnement, de rigueur et de discipline. Or, tout ceci se forge avec le temps. Les garçons sont multiples et leurs besoins ne sont pas les mêmes. C’est aussi la capacité de l’entraineur à mesurer tout ça et à répondre au besoin pédagogique de ces joueurs-là. Un centre de formation constitue une bonne école de la vie, il fait grandir les joueurs. Formateur au Stade Rennais, l’expert My Coach Foot, Romain Ferrier livre à l’Entraîneur Français quelquesunes des fiches exercices U15 qu’il a créées en ligne. Une séance filmée est également consultable sur mycoachtv.com, rubrique « Séance d’Amicalistes ». Jeu combiné avec finition frappe Toro Villareal Thème secondaire Technicité Objectif de l’exercice Conservation + progression Effectif 18 joueurs Dimensions 6m X 6m, 1m de rivière, 6m X 6m Matériel coupelles, chasubles, ballons Appui remise profondeur pour 3e joueur côté. Une/deux ou une/deux/profondeur dans l’axe Effectif 20 joueurs 2 touches, 3 passes pour changer de carré de toro Matériel 6 Mannequins, plots, ballons. Mise en place 5 contre 2 dans un carré de 6m X 6m. Au bout de 3 passes, possibilité de déplacer le 5 contre 2 dans un autre carré avec 2 joueurs en attente. 2 touches. Durée de l’exercice Intensité de l’exercice Nature de la récupération Durée de l’exercice Intensité de l’exercice 30 minutes Léger Passive 20 minutes Soutenue Récupération collective du ballon en situation d’infériorité Coerver Thème secondaire qualité de prise de balle Objectif de l’exercice Récupération du ballon en infériorité numérique. Notion de transition Off-Déf/Déf-Off Effectif 18 joueurs Dimensions Triangle de 6 mètres de largeur. Porte de 2 mètres de largeur. Coerver passe et suit. Redoublement de passe sur les triangles Durée de l’exercice 30 minutes Intensité de l’exercice Léger Effectif 3 équipes de 2 joueurs Matériel 6 plots, 4 constri-foot, coupelles, 15 ballons Mise en place Echauffement avec mobilisation générale, on monte en intensité gestuelle et de conduite. Sur les triangles : - Prise de confort (éliminer le plot sur la prise) - Prise d’attaque (on avance vers le ballon en passant devant le plot) Redoublement dans les triangles, on élimine le plot par un “une/deux” On ajoute la communication. En fonction de l’information donnée (seul ou ça vient) le joueur rend le ballon ou oriente le ballon grâce à sa prise. Sur les portes latérales : - course incurvées, sollicitation dans la porte. - en place dans la porte, prise de balle orientée. 20 Matériel 4 plots 2 chasubles de 3 couleurs différentes Durée de l’exercice 20 minutes Mise en place Conserver le ballon. 4 contre 2. Si un des 2 \”défenseurs\” touche le ballon = les joueurs qui se sont fait intercepter passent en position défensive. Aide au pressing - Ne pas rester sur la même base. Se placer par rapport à son partenaire - isoler le porteur (couper les passes) - se servir des limites du terrain rechercher l’erreur technique. nt u r a p pa r t ie l’av e n ir l e Rencontre avec Sandra Perez, 47 ans, membre du bureau de l’AEF du Tarn et Garonne Ils incarnent le renouveau. Engagés, curieux et technophiles, tout en demeurant fidèles aux valeurs de l’Amicale. Leur engagement bouscule autant les idées reçues qu’il dépoussière l’image de l’association. Conscients de la difficulté de mobiliser les éducateurs, ils foncent. Ces Amicalistes d’un nouveau genre font l’avenir. « Partout la passion me guide » collectif. Nous bossons ensemble pour proposer à nos Amicalistes différentes activités. On tente de dynamiser l’Amicale en étant à l’écoute des attentes exprimées par les éducateurs. Sandra, comment êtes-vous entrée dans le monde du football ? Je suis d’abord une supportrice dans l’âme. Toute jeune, je partais en vélo pour voir les matchs de mon frère dans le club de Castelsarrasin. J’ai vraiment cette passion du foot en moi. C’est pourquoi, avec l’aide de ma meilleure amie, j’ai créé une section féminine. Je garde un merveilleux souvenir de cette période même si ça n’a pas duré très longtemps (de 1983 à 1985). En tant que dirigeante, j’ai commencé dans les années 80. J’encadrais l’équipe Une de Castelsarrasin. Je devais recevoir les arbitres, faire la feuille de match et en plus j’occupais le poste de soigneuse. Ces différentes activités ont duré jusqu’à la naissance de ma fille en 1998. Au fil du temps, j’ai été éducatrice dans différentes catégories, de U9 à U13. Désormais, j’ai d’autres responsabilités. J’encadre l’équipe départementale des filles en U12-U15 dans le cadre du challenge régional. Je suis aussi membre de la commission régionale sur la féminisation et au bureau de l’AEF 82. Partout la passion me guide. Comment jugez-vous le développement du football féminin dans votre District ? Le développement du football féminin est une priorité. Le travail de l’Amicale commence à porter ses fruits car il y a beaucoup plus de dirigeantes, de joueuses et d’éducatrices que par le passé. Notre District met en avant le travail des femmes, notamment lors d’une remise des récompenses décernée exclusivement aux bénévoles féminines. Je pense que les différents clubs du Tarnet-Garonne doivent donner à ces femmes la possibilité d’exister. Elles ont les capacités pour occuper des fonctions importantes. Etes-vous de ceux qui considèrent que l’Amicale a besoin de se moderniser ? Oui, et ce sur plusieurs points. On travaille pour que plus de femmes soient représentées à l’AEF. On a aussi mis en place un site Internet plus attrayant. Il sera plus facile d’accès pour nos Amicalistes. Il faut faire également de la publicité pour attirer de nouveaux adhérents, distribuer des flyers, faire des parrainages et, je le répète, être à l’écoute de tous les éducateurs. Avez-vous évolué dans votre manière d’entraîner ? Lorsqu’on m’a proposé de coacher une équipe dans le club de ma fille et de mon fils, à la JEM (Jeunes Espoirs Montalbanais), j’ai eu l’opportunité de suivre les formations dispensées par le District du Tarn et Garonne. Je n’ai pas hésité car il me semblait nécessaire de disposer d’une compétence spécifique enfants. Pourquoi certains éducateurs hésitent-ils à adhérer ? Lors de la dernière présentation de l’AEF, j’ai eu l’occasion de parler avec un bon nombre d’éducateurs. Malheureusement, Ils n’ont souvent pas le temps ou le réflexe d’adhérer. La principale crainte est d’avoir une charge de travail trop importante. C’est dommage car l’AEF met en avant la convivialité, l’amitié et le respect. Je crois fermement en l’avenir de l’Amicale. Quel rôle occupez-vous au sein de l’AEF 82 ? Je suis secrétaire adjointe. A l’AEF 82, comme dans toutes les autres associations, on effectue essentiellement un travail 21 p r é pa r at io n p h y s iq u e Les tendances de demain décryptées par Nicolas Dyon Nicolas Dyon est depuis plus de dix ans le préparateur physique attitré de Frédéric Antonetti. Pour L’Entraîneur Français, il décrypte les grandes tendances de la préparation physique de demain, du niveau professionnel jusqu’au monde amateur. Prophétie experte. La précédente édition de L’Entraîneur Français avait mis en lumière le rôle majeur que la préparation physico-médicale est appelé à jouer au cours des prochaines années. Gérard Houllier anticipait d’ailleurs que le vainqueur de la Coupe du Monde au Brésil serait la sélection qui, parmi les principaux favoris, optimiserait ce facteur. Interrogé sur le futur de la préparation athlétique, Nicolas Dyon décline une analyse autour de trois aspects : les ressources humaines mobilisées par les clubs, les moyens matériels et technologiques dont ils disposeront et, surtout, les nouvelles méthodologies employées. staffs analyseront en temps réel toute information sur les urines, la salive ou le sang, eux-mêmes prélevés de façon moins contraignante. 3. Mais c’est surtout en termes méthodologiques que l’adjoint de Frédéric Antonetti pressent le plus grand nombre d’évolutions. Il en recense cinq principales. La première, pour partie évoquée plus haut, tient dans l’accompagnement personnalisé du joueur. Pour illustrer ceci, Dyon expose que la récupération d’un attaquant doit différer de celle d’un défenseur parce qu’ils ne fournissent pas la même typologie d’efforts. L’enjeu est conséquent dans la mesure où la principale qualité physique d’un footballeur moderne consiste en sa capacité à répéter des efforts à haute intensité, c’est-à-dire toutes les courses supérieures à 24 km/h. L’expert note qu’au cours des quinze dernières années, les distances parcourues en matchs ont moins progressé que la proportion des sprints. Certains joueurs parviennent à réaliser cinq cents voire six cents mètres par rencontre à plus de 24 km/h. 1. Au plan humain, le spécialiste estime que l’ensemble des clubs professionnels va suivre le mouvement à l’œuvre au sein des plus grandes formations européennes, avec la constitution de véritables staffs dédiés. Sous l’autorité d’un préparateur en chef, une équipe sera chargée qui de la réathlétisation, qui de la musculation, de la vitesse… Il y aura d’un côté les spécialistes voués à la récupération post matchs et entraînements, les « recovery fitness coachs », et de l’autre, ceux centrés sur la prévention des risques musculaires et des blessures. Le préparateur physique en chef chapeautera pour sa part l’équipe mise en place, en assurant l’opérationnel sur le terrain. Nicolas Dyon explique cette tendance par la nécessité d’individualiser les entraînements. Dans les faits, si cette évolution émerge moins rapidement en Ligue 1 qu’à l’étranger, l’arrivée d’entraîneurs exigeants, tels Claudio Ranieri ou Carlo Ancelotti, initie ces changements. Le partage des rôles s’observe notamment au Paris Saint-Germain où trois préparateurs interviennent, dont le très réputé Philippe Lambert. A ces spécialistes s’ajoute un « sport scientist » qui analyse les données GPS et dicte la ligne de conduite nutritionnelle à observer. Certes, en avance, compte tenu des moyens dont ils disposent, les mastodontes de Ligue 1 n’en tracent pas moins un sillon que les autres clubs emprunteront à coup sûr dans les prochaines saisons. 2. Au niveau matériel, Nicolas Dyon juge les structures professionnelles et amateurs de mieux en mieux équipées, avec la prolifération de cardio-GPS ou de logiciels de tracking (Amisco, Pro-zone). Les technologies de demain présenteront l’avantage d’être moins encombrantes. Apposer chaque jour des cardio-fréquencemètres aux joueurs est contraignant. Aussi les clubs professionnels et amateurs bénéficieront-ils à moyen terme de tenues intelligentes, capables de révéler, entre autres données, les distances parcourues et la répétition des efforts. A titre d’expérimentation, les rugbymen du Castres Olympiques testent actuellement un maillot prototype conçu par Almérys, la filiale sport et santé d’Orange. Du prototype à la généralisation bon marché, l’histoire économique enseigne qu’un petit nombre d’années suffit. En outre, les progrès de la technologie permettront de recourir à une nouvelle gamme d’outils d’aide à la performance. Conséquence prévisible, les 22 p r é pa r at io n p h y s iq u e Favoriser la récupération incomplète sur les états individuels de forme, de fatigue ou de stress. L’objet n’est pas de compiler des statistiques sans fin mais de se montrer plus précis sur la quantification de la charge d’entraînement. Il convient donc de se référer à des critères scientifiques, en particulier l’échelle de Hooper et la méthode du RPE (Rate of Perception Exercise, ou la sensation de fatigue liée à l’intensité de l’entraînement, graduée sur une échelle de 0 à 10). Nicolas Dyon se montre formel lorsqu’il prédit que l’utilisation du RPE se généralisera à tous les footballeurs, professionnels et amateurs. Justement, et c’est le deuxième point, cette aptitude nécessite un entraînement qualitatif basé sur le RSA (Repetition Sprint Ability). Cette méthode privilégie la notion d’accélération à la vitesse pure, elle se définit comme la capacité à changer de rythme sur un temps très bref. Le footballeur qui effectue le plus souvent des sprints courts, inférieurs à vingt mètres, doit développer cette qualité pour faire la différence. Concrètement, il convient de travailler cet aspect à J-3/J-4, car les efforts demandés sont coûteux en énergie. Il s’agit de jouer sur la durée de récupération entre les sprints en favorisant les récupérations incomplètes qui, elles-mêmes, correspondent à ce que les athlètes vivent en match. Les séances de RSA prennent la forme d’exercices de sprints courts (cinq secondes) avec des temps de récupération décroissants (de vingt à cinq secondes), sur des blocs de trois fois huit minutes, entrecoupés d’exercices de conservation du ballon ou de perfectionnement technique. Il reste un point crucial. Les effets de ces nouvelles méthodes demeureront vains si la préparation invisible promue par les clubs ne progresse pas. Il juge sévèrement l’attitude de nombreux professionnels et suggère deux pistes : soit s’inspirer des grands clubs qui imposent à leurs joueurs de se tenir à disposition du club toute la journée, soit mieux enseigner ce qu’est la préparation invisible et ce, dès l’âge de la formation. Du reste, et à tous les niveaux, la longévité d’un joueur fournit un excellent indicateur de sa préparation invisible. En troisième lieu, ce n’est pas parce que le groupe travaille sur le RSA qu’il doit négliger l’aérobie et l’endurance générale, bien au contraire même. Nicolas Dyon juge indispensable de préparer le terrain physiologique avant la capacité à répéter les sprints. Il faut améliorer à la fois le transport de l’oxygène au muscle et l’utilisation que le muscle en fait. Cela permet une bonne récupération entre les sprints, mais aussi après les séances ou les compétitions. L’ancien cadre du Stade Rennais anticipe encore que les préparateurs multiplieront les exercices de prévention des blessures musculaires. C’est une certitude pour lui, la lésion musculaire des ischio-jambiers à différents seuils de gravité est, et restera, la blessure du footballeur moderne, qu’il soit champion du monde ou amateur. Il est impératif d’organiser chaque semaine des sessions d’exercices sur la chaîne musculaire postérieure : dorsaux, fessiers, ischio-jambiers, puisque ces muscles travaillent en synergie. Le gainage, les exercices Hamstring Exercise Nordic, dont l’efficacité est scientifiquement prouvée, et la proprioception doivent être sollicités. Last but not least, les staffs techniques sont continuellement en train de prendre des décisions sur le contenu des entraînements et la gestion des joueurs. Ils ont besoin d’informations sans cesse renouvelées le gainage pour prévenir la lésion musculaire des ischio-jambiers ©Stade Rennais 23 la fff d u côt é d e Ludovic Debru : « un éducateur, une équipe » En qualité de responsable des services administratifs, Ludovic Debru figure en troisième position dans l’organigramme de la Direction Technique Nationale de la FFF, après François Blaquart et Patrick Pion. Ce titre générique cache une fonction riche. Pour L’Entraîneur Français, il dresse le panorama des missions dévolues à la DTN puis s’attarde sur l’un des nombreux atouts du football hexagonal : façonner des joueurs de talent. Ludovic Debru revient également sur la formation des cadres et sur les dispositions prises pour favoriser l’accès aux diplômes. Ailleurs, il existe une spécificité intéressante dans les clubs proches du modèle lyonnais. Pratiquement 80 % de leurs pros sont issus du centre, Lyon est le 3e club formateur européen derrière le Real Madrid et FC Barcelone. Sur le plan des valeurs, ce modèle engendre une forte identification au club. Economiquement, c’est intéressant et sportivement cela permet de travailler sur le long terme avec les joueurs, ce qui est un facteur de réussite. En définitive, la question que doit se poser un club professionnel est de savoir 1/ pourquoi former, 2/ savoir si les joueurs formés correspondent à ses besoins. Quel regard portez-vous sur les partenariats locaux entre clubs professionnels et amateurs ? C’est discutable dans le sens où des clubs en pros en reviennent. Il y a un intérêt à faire du partenariat local, c’est une évidence, mais de façon intelligente. Voyez ceci : dans la classe d’âge des dix-onze ans, on recense à peu près 90.000 licenciés. Parmi eux, 600 à 700 intégreront un centre de formation et 250 seront sous contrat. Sur ces 250, 80 jeunes vont réussir, ce qui fait 2 par club puisque l’on compte 40 centres. On est dans une logique de besoin, pas de stratégie, donc quoi qu’il se passe les centres de formation sont une variable d’ajustement. A l’échelle d’un partenariat, le taux de réussite est extrêmement faible. Il n y a pas d’intérêt à les formaliser outre mesure. A l’inverse, un club qui met en place une cellule de détection a intérêt à aller au contact. Sur un rayon de 50 km c’est valable de mettre en place des relations particulières, au-delà de ce rayon cela n’a plus de sens. Beaucoup de clubs pros qui recrutaient en masse vers Paris ont abandonné ce système. Ludovic, quels sont les rôles impartis à la DTN ? Il y a cinq grands métiers à la DTN, qui concernent le joueur, l’entraîneur, la pratique du football, les sélections nationales et la formation des cadres. Au regard de ces fonctions, il se dessine une organisation administrative et une organisation technique. Depuis son sommet, cette dernière est constituée d’entraîneurs nationaux puis elle se décline en régions et dans les départements avec les cadres techniques, du CTR au CDFA. En plus de ces métiers, il y a à Clairefontaine un pôle audiovisuel au service des entraîneurs nationaux. S’ajoutent enfin le Pôle France et les Pôles Espoirs qui sont conventionnés avec les Ligues régionales. Le rôle de la DTN vis-à-vis des éducateurs concerne toute la réglementation adaptée et ses contractualisations. On entend par là l’homologation et les enregistrements des contrats d’entraîneurs, à peu près un millier par an. On intervient du CFA2 jusqu’à la Ligue 1. Avec la réforme des diplômes, nous assurons la gestion du système d’équivalences avec les anciennes certifications de type BE1 etc… auxquelles s’ajoutent les équivalences UEFA. Sur la partie joueurs, il nous faut concevoir le Parcours d’Excellence Sportif de la FFF. Cela consiste à imaginer le parcours d’un joueur depuis sa 1ère toute première licence jusqu’à sa sélection en équipe de France A. On doit à la fois imaginer le parcours, les structures et mettre en place une politique de formation. Nous agréons en particulier les centres de formation des clubs professionnels auxquels nous garantissons un accompagnement permanent. Nous avons décerné sept labellisations de centres sur les trois dernières années. Trente-sept clubs sont actuellement labellisés. Quel est donc pour vous le profil de jeunes joueurs qu’un club doit recruter ? Je recommande de recruter le plus tard et le plus près possible du club. Pourquoi plus tard ? Parce qu’à treize-quatorze ans, on ne sait absolument rien d’un joueur. Si les clubs recrutent aussi tôt, c’est parce que la réglementation conventionnelle leur permet de faire signer un accord de non sollicitation au 1er janvier de l’année des U13. Il s’agit en fait de la ligne de départ, et tout le monde veut être sur la ligne de départ. C’est un domaine d’ultra concurrence où les clubs lancent une pièce en l’air. Parmi les trente-sept centres labellisés, en est-il de remarquables ? Un bon centre est une structure qui forme des joueurs de moins de vingt-cinq ans et qui les fait jouer. En termes de stratégie, on peut avoir des centres qui fonctionnent très bien comme le PSG par exemple, qui a les meilleurs joueurs en sélection, mais pour qui il est plus compliqué de sortir. Aujourd’hui, comment définissez-vous la politique sportive de la fédération ? La politique de base c’est « un éducateur, une équipe ». Ce que l’on souhaite généraliser, c’est le fait que tout pratiquant soit entraîné par quelqu’un de formé à cet effet. C’est un axe général au niveau des entraîneurs. Nous menons aussi une réflexion sur le fait que tout joueur doit pouvoir trouver 24 la fff d u côt é d e à proximité de son domicile une structure qui lui permette d’évoluer en fonction de son objectif. S’il vise l’excellence, on doit lui proposer le dispositif de section sportive qui est inclus dans le Parcours d’Excellence Sportif. Ensuite, pour ce qui est de l’élite, notre objectif est de laisser le plus longtemps possible le joueur dans son milieu familial. Notre ambition est aussi de promouvoir les pratiques, avec le développement du futsal qui est un très bon exercice. Le passage du futsal au football à onze est très intéressant. Le beach soccer n’en est qu’à ses débuts mais nous travaillons sur son essor. En termes de pratiques techniques, le projet « Horizon Bleu » 2016 envisage la refonte du système de compétitions. recevoir une formation en seize heures, proche de chez lui, voire même sur site. Si elle veut parler du jeu, il faut que la personne soit formée sur les principes de base. La vraie révolution c’est qu’on a créé le contact direct avec l’entraîneur. Au-delà de l’aspect pédagogique, en seize heures, l’intéressé reçoit un mode d’emploi comprenant la planification de son année, et ce pour un tarif très abordable (50€). Quelle a été la genèse de cette approche ? Tout part d’une réflexion sur l’offre de formation et la pédagogie, c’est-à-dire comment répondre au besoin de celui qui veut commencer à entraîner mais ne fera pas l’effort de passer les diplômes actuels. L’idée est d’aller au-devant de ses attentes et de lui offrir une pédagogie adaptée. A un niveau plus élevé, nos formations ont également été repensées, avec des passerelles en termes de diplômes professionnels. La formation des cadres occupe un pan important de vos missions… En effet, nous en faisons l’une des pierres angulaires de notre stratégie. Dorénavant celui qui a la vocation d’entraîner peut La direction technique nationale En complément de l’interview que Ludovic Debru a donnée à l’Entraîneur Français, retrouvez en exclusivité sur aefoot.com les principales conclusions de la DTN sur l’efficacité de la formation française. 25 la fff d u côt é d e Patrick Pion, au nom des éducateurs La trajectoire du Directeur Technique National Adjoint est aussi rectiligne que le chemin de Montgivray à Paris. De son Indre natale au Boulevard de Grenelle, Patrick Pion est la preuve qu’un éducateur précoce, obsédé par le beau jeu, peut gravir tous les échelons fédéraux. Portrait. Patrick Pion sur le terrain couvert de Clairefontaine avec le DTN François Blaquart Patrick Pion est un homme fidèle, au football, à la fédération, à la fonction d’éducateur, à ses convictions, surtout. Né il y a cinquante-cinq ans non loin de Châteauroux, son parcours initial est indéfectiblement lié à Montgivray, une petite commune d’à peine mille cinq cents âmes. Les frères Bijotat comptent parmi elles. Passionné de football, il passe toute sa jeunesse dans le club local qui participe aux championnats de la Ligue du Centre. En parallèle, Patrick s’occupe très tôt des enfants de l’école de foot. L’éducation est chez lui davantage qu’une vocation. Pour preuve, il est nommé instituteur à dix-neuf ans. Comprendre l’état d’esprit du DTNA suppose de s’attarder sur cette période faite d’expériences et de projets tous azimuts. Ce projet vise deux objectifs : faire en sorte que les jeunes du milieu rural aient les mêmes chances que ceux des villes et privilégier la qualité du jeu. Un leitmotiv dont l’adjoint de François Blaquart ne s’est jamais départi. A une époque où le Minitel n’existe que dans les rêves des ingénieurs, les supports didactiques manquent cruellement. L’un d’eux, pourtant, tient lieu de référence. Il s’agit de « Contre-Pied », un journal que Patrick Pion désigne comme le berceau de ses pensées. Les siennes et celles d’un certain Christian Gourcuff. Le Berrichon veut transcender les guerres de clocher qui prévalent entre hameaux. Sous son impulsion, les ententes sportives entre micro-clubs se déploient plus sûrement que la Guerre des Boutons, plusieurs décennies avant les rapprochements intercommunaux désormais à l’œuvre. Sorties de nulle part, des équipes du cru rivalisent avec les meilleures entités de la région, Châteauroux, Bourges ou Tours. Pion Il enclenche avec trois collègues enseignants une dynamique novatrice, favorisant la création d’écoles de foot en milieu rural. Sept voient le jour dans des villages dépeuplés. Le label « Ecole de Foot » est né, il sera repris plus tard par la Fédération. 26 la fff d u côt é d e d’idées s’affirment sans salamalecs, certaines montent très fort dans les aigus. Le respect mutuel répare tout. évoque cet âge libre avec énergie, jugeant qu’un juste mélange de passion, de temps et de réflexion peut garantir la pérennité du football dans les campagnes. Son goût pour l’initiative ne se substitue pas au terrain, son territoire de prédilection. De dix-neuf à vingt-huit ans, Patrick dirige jusqu’à dix séances hebdomadaires. Sa boulimie autant que ses méthodes de travail suscitent l’intérêt des formations phares de la Ligue. Le FC Bourges, alors en deuxième division, lui offre une place. Mais, Alain Michel et Patrick Trotignon ne parviennent pas à le convaincre. Ni même Guy Roux qui lui propose de s’occuper des jeunes à l’AJ Auxerre. L’attachement à sa terre, conjugué à la crainte de quitter l’Education Nationale, est plus fort. L’homme de Montgivray a toutefois conscience qu’il est temps de donner un nouvel élan à sa carrière. Une Ligue de football, ce sont deux vocations. La première tient dans la déclinaison et la coordination de la politique fédérale au sein des Districts. La seconde consiste en l’éclosion des meilleures pratiques. Ce laboratoire à ciel ouvert réclame de solides aptitudes au management et à la méthodologie de projets. A Orléans, le bagage du CTR s’enrichit dans ces deux domaines. Gérer les hommes galvanise Patrick Pion. Il se comporte davantage en manager persuasif que participatif, pour reprendre la nomenclature des consultants. Cela signifie qu’il n’impose pas ses idées mais argumente sans relâche pour les faire triompher. Et pour tout dire, le management directif lui 36, 37… L’opportunité émane du département voisin. En septembre 1988, Patrick Pion quitte l’Indre pour l’Indre et Loire, paré du titre de Conseiller Technique Départemental, une fonction qu’il méconnaît. Les douze années passées à Tours forment de son aveu une aventure extraordinaire. Il estime avoir pratiquement tout appris dans un District aussi enclin que lui à promouvoir la qualité du football. Les bases cultivées à Montgivray vont trouver un prolongement institutionnel. De fait, les commissions d’éducateurs qu’il met en place s’entendent pour diffuser une philosophie singulière pour l’époque. Il s’agit de systématiser le jeu au sol et d’évoluer exclusivement en passes, au cœur d’un système où le dribble n’est toléré que s’il devient une arme collective. Dans cette acception, toutes les formes d’entraînement sont basées sur le jeu, préparation athlétique incluse. Ce parti pris vise à répondre aux attentes concrètes d’un joueur amateur qui signe une licence avant tout pour jouer. Plusieurs indicateurs permettent d’évaluer le bilan de Patrick Pion en tant que CTD. L’évolution des effectifs de l’Amicale a sa préférence. Les sessions de formation ne désemplissent pas. Ceci suggère que les clubs veulent progresser en s’appuyant prioritairement sur les compétences des éducateurs. Le deuxième indicateur relève plus de la sensation. Pion carbure à l’énergie de la relation humaine. La fréquence des réunions de travail et l’implication résolue des acteurs du football d’Indre et Loire témoignent de ce que tout le département adhère à la vision promue par son Conseiller Technique. Alors, forcément, le souvenir de cette période lui procure d’envoutantes sensations. … 45 … Performant à Tours, le CTD est sollicité par le Président de la Ligue du Centre pour en assumer la direction technique régionale. 36, 37… 45. L’année 2001 marque le début de l’odyssée orléanaise de Patrick Pion. Le tandem qu’il forme avec Christian Teinturier érige la prospective en règle de fonctionnement. Leur complémentarité fonctionne. La conception des projets incombe au technicien, tandis que le dirigeant mobilise les ressources nécessaires à leur réalisation. Pratique du football à huit chez les benjamins -devenus U13-, arbitrage des rencontres de jeunes par les joueurs, création d’une école féminine de foot… Le territoire favorise les expérimentations avant-gardistes. L’obsession de la qualité des éducateurs prime tant qu’un cadre est exclusivement détaché à leur formation. Et comme dans l’Indre et Loire, la technique constitue la pierre angulaire du plan régional. Au quotidien, Teinturier et Pion collaborent tels qu’ils sont, en individus entiers. Les oppositions 27 la fff d u côt é d e sur la dédramatisation des compétitions, la reprise du plan beach soccer, le déploiement du futsal et du football féminin. La tâche est vaste et le vigile de nuit de la FFF, boulevard de Grenelle, reconnaît parfaitement la silhouette du DTNA. Désormais, il travaille sans filet. sied bien aussi. Pion sait jongler entre les modes, au gré des objectifs qu’il poursuit. L’année 2006 marque l’amorce d’un virage. Le Président troyen, Thierry Gomez, l’appelle pour rejoindre l’encadrement du club en lui proposant de choisir entre la direction sportive et la responsabilité du centre de formation. Patrick Pion s’en trouve flatté mais il ne cède toujours pas aux sirènes des clubs professionnels. Il est écrit qu’il demeurera fidèle à la FFF. Une fédération où son travail est discrètement scruté. Aimé Jacquet l’informe que l’on pense à lui pour intégrer la DTN. La décision est suspendue aux performances françaises à la Coupe du Monde. Zinedine Zidane, en état de grâce, le prive bien malgré lui d’une promotion annoncée. Une philosophie d’ensemble est exhortée qui tient en une formule simple : donner du sens. Il s’agit de raccrocher tous les éléments les uns aux autres comme autant de pièces d’un puzzle, promouvoir les valeurs éducatives dans chaque segment d’activité du football. Le prochain Projet Educatif Fédéral est conçu pour répondre à cette attente. Le parcours de Patrick Pion l’incarne. … Paris Montgivray, Tours, Orléans, la dernière ligne droite jusqu’à Paris approche. Le pas vers la DTN est franchi fin 2009 à la demande de Gérard Houllier. Patrick est promu au rang d’entraîneur national, lui qui n’a jamais évolué au-dessus du niveau Ligue lorsqu’il était joueur. Au siège de la FFF, d’aucuns le regardent avec curiosité, interrogent sa légitimité. Il démontre sans mal n’empiéter sur les plates-bandes de personne, en qualité de responsable du football d’animation. Et puis, la question de son recrutement peut être renversée. Qui ne s’est jamais demandé pourquoi la DTN avait fait appel à un cadre technique sans réel vécu de footballeur pour assumer une telle mission ? Pion s’installe à peine dans ses nouvelles fonctions qu’on le charge de coordonner le plan d’action futsal. Une discipline dont il n’est pas spécialiste, mais qui évoque le jeu au sol de Montgivray. Il est également invité à diriger la sélection Espoirs U21. Il ignore que cette expérience d’à peine trente mois le marquera à vie. Il fait équipe avec Mohamed Belkacemi. Un entraîneur peu conventionnel, parfois difficile à appréhender, doublé d’un être riche, attachant, engagé. Là aussi, le duo fonctionne. Patrick Pion le rural est amené à travailler auprès de jeunes issus des banlieues urbaines. Le mélange insolite va produire le meilleur cocktail. Il faut d’abord s’affranchir de tous les clichés qui collent aux semelles des footballeurs des quartiers. Lorsqu’un international U21 l’interpelle d’un « Coach, vous n’êtes pas raciste au moins ? », il se sent obligé d’exhiber le portrait de sa fille vietnamienne adoptée. Le magazine entier ne suffirait pas à décrire les émotions qu’ont provoquées deux ans et demi passés avec la sélection. Pour faire très court, il a plus que jamais foi dans la jeunesse. Et pour ne pas déborder du cadre sportif, il retient en particulier du futsal qu’il impose de jouer à fond les phases offensives et défensives. En France, la discipline est encore en friche par comparaison avec les pays slaves et latins, mais il faut compter sur Patrick Pion pour en stimuler l’essor. Car l’éducateur de Montgivray est désormais Directeur Technique National adjoint. Gérard Houllier parti pour Aston Villa, François Blaquart pense immédiatement à lui. Les deux hommes se sont découverts et appréciés pendant la Coupe du Monde en Corée du Sud. Lorsque le DTN le sollicite, Patrick Pion se demande si cette promotion ne survient pas prématurément. Mais comment ne pas saisir une telle opportunité ? Il se voit confier l’animation et le développement des pratiques du football amateur ainsi que la coordination des cadres techniques. Au cas particulier, il planche à la fois 28 la fff d u côt é d e Patrick Pion et les éducateurs en deux questions Un entretien avec L’Entraîneur Français ne saurait omettre le rôle que la Direction Technique Nationale impartit aux éducateurs, en général et à l’AEF, en particulier. Les deux questions qui suivent forment un constat et une feuille de route pour qui veut s’y référer. Quelles mesures ont été prises par la Fédération en faveur des éducateurs ? La première d’entre elles tient dans la réforme des architectures afin que les éducateurs s’orientent le plus vite possible vers les formations dont ils ont besoin, c’est-à-dire recevoir des formations peu onéreuses et facilement accessibles. Le contenu importe tout autant. Il s’agit donc de proposer des approches interactives par lesquelles l’éducateur en formation est véritablement l’acteur de sa formation et non pas seulement un récepteur d’informations. On développe ce que l’on appelle un climat, à savoir ce que l’éducateur va faire passer comme message au joueur, lui apporter comme compétences techniques et tactiques. Mais, il y a aussi la façon dont le joueur va s’épanouir dans son apprentissage. Il faut avoir un œil beaucoup plus interrogatif et participatif pour que le climat ou l’atmosphère soit propice au respect de l’être humain. Notre objectif est de favoriser la communication entre les joueurs. En ce sens, il faut que les encouragements, les conseils techniques et tactiques dispensés révèlent le vrai langage de l’équipe. C’est malheureusement très sous-estimé dans le football français. Les éducateurs doivent donner les clés de la communication. C’est un enjeu appelé à consolider l’essence collective du football. Cette évolution culturelle du rôle de l’éducateur est nécessaire et féconde. syndicale s’est greffée sur l’Amicale. Cela a pu modifier son image, notamment dans les territoires des Districts. L’Amicale, c’est la réunion de personnes qui ont un diplôme et veulent échanger et se rencontrer. C’est d’abord cela, avant la défense de la fonction. A notre passif, il est vrai que certains cadres techniques ont moins participé à l’animation des Amicales. Il convient de déterminer ensemble un champ d’action précis pour que l’AEF trouve toute sa place. Le tutorat des éducateurs au terme de leur formation devrait s’opérer avec le soutien d’un Amicaliste. Nous pourrions instituer l’équivalent d’un parrainage. Ce soutien pourrait non seulement créer du réseau, mais également compléter le travail réalisé en formation. Ensuite, le Programme Educatif de la Fédération pourrait très bien être dévolu pour partie à l’Amicale. Dans le cadre de ce projet, nous allons par exemple développer une action qui s’intitule le « carton vert ». Cette opération a été initiée chez les U13. Elle valorise les beaux gestes ou les meilleurs comportements des jeunes sur un terrain. A la fin d’un match, on attribue ce carton vert en fonction du comportement positif d’un joueur de chaque équipe. Le cumul des cartons verts se calcule au fur et à mesure de la saison. Nous souhaitons étendre cette action aux championnats traditionnels, notamment en catégories sensibles U15 et U17 où il convient de valoriser les comportements. Cette action menée de front avec l’AEF soulignerait autant sa mission éducative qu’elle servirait concrètement sur les terrains. Quelle place l’Amicale des Educateurs tient-elle dans vos plans ? J’ai un sentiment mitigé sur l’AEF. Je pense que la perception qu’en ont ses adhérents a un peu bougé depuis que la balance 29 m ic a l is t e m é m o ir e s a Jules s (1915-2007) Bigot La loyauté pour morale Par Bernard Morlino Jules Bigot, Eduquer, transmettre, entraîner, voilà les trois verbes qui résument la vie de Jules Bigot. Après ses débuts dans les équipes de l’US Bully, Jules Bigot rejoint l’Olympique Lillois à l’âge de 17 ans. A Lille qui venait d’accéder au statut professionnel, le milieu offensif devint le plus jeune joueur professionnel de France. Très adroit, vif et plein d’audace, Bigot fait valoir ses qualités de travailleur infatigable. Appelé à vivre une grande carrière internationale, il est sélectionné en 1936, à 21 ans, mais le conflit mondial brise tous ses espoirs. Il fera ses adieux à la sélection en 1945, avec à peine six matchs avec les Bleus. Le soldat Bigot participe aux combats contre les Allemands dans les Ardennes. Après l’armistice, il joue à Saint-Etienne dans la zone non occupée. En 1943, il revient dans son Nord natal pour rejouer au sein du nouveau LOSC né de la fusion de l’Olympique Lillois et du SC Fives. Les Lillois sont composés de plusieurs très bons joueurs : Bourbotte, Somerlink, Roger Vandooren, Baratte, Bihel… Les Dogues dominent le football français et réalisent le doublé historique de 1946, mais Bigot ne dispute pas la finale de la Coupe de France qu’il avait perdu l’année précédente. En 1947, le stratège sera nommé capitaine de Lille qu’il amena vers d’autres triomphes. A Lille, l’élément majeur joua 189 matches et marqua 64 buts. né le 22 octobre 1915 à Bully- les-Mines Palmarès du joueur (1933-1951) 6 sélections en Equipe de France (1 but) Champion de France 1946 avec Lille Coupe de France 1947 et 1948 avec Lille Palmarès de l’entraîneur (1950-1971) Coupe de France 1957 avec Toulouse Coupe Drago 1960 avec Lens Champion de Division 2 1964 avec Lille Quand il décide de raccrocher les crampons, il devient entraîneur-joueur au Havre. Auparavant, il a obtenu avec brio ses galons de coach, major de sa promotion. Jules Bigot communique sa rigueur à ses joueurs auxquels il demande de toujours jouer la tête haute, d’afficher la fierté des couleurs. Coach Bigot fut approché par Paul Nicolas, le patron des Bleus, pour s’occuper des Tricolores, au terme de leur piètre Coupe du Monde 1954, mais l’entraîneur s’éclipsa au profit d’Albert Batteux car il voulait être au quotidien sur le terrain. Il entraîna successivement Rouen, Toulouse, Lens, Lille, la Gantoise, Bruges et Mouscron. Dès sa première saison au HAC, il accède à la D1, terminant à la 2e place de D2 en 1950. Coach de Rouen il rejoint le Toulouse FC, en 1953, pour le faire remonter aussitôt en D1. Avec le Téfécé, il renoue avec la victoire en finale de la Coupe de France 1957 contre Angers, battu 6-3. La boucle sera bouclée avec son retour à Lille où il finit en beauté avec le titre de D2. Toujours serviteur du football, il sera nommé membre du Conseil Fédéral de la FFF. Le champion s’éteint à Lille le 24 octobre 2007, deux jours après son 92e anniversaire. 30 31 en t u r a ppa r ti l’av en ir le