N°102 - Unadfi

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N°102 - Unadfi
Juin 2009 - 2ème trimestre
BulleS
Justice
et sectes
N°102
La revue trimestrielle de l’UNADFI
BulleS
N°102
La revue trimestrielle de l’UNADFI
Bulletin de liaison pour l’étude des sectes
Directrice de publication : Catherine Picard
Rédigé par l’équipe de l’UNADFI - Paris
Maquette et mise en page : Nicolas Thouvenin - [email protected]
Impression : COMPEDIT BEAUREGARD S.A.
Zone industrielle Beauregard - 61600 LA FERTE MACE
Commission paritaire n°0910G87194 - ISSN 0758-3370
Numéro tiré à 4000 exemplaires
Union Nationale des Associations de Défense
des Familles et de l’Individu victimes de sectes
Centre d’accueil, d’étude et de documentation sur les mouvements sectaires
L’UNADFI est une association nationale qui informe sur le phénomène
sectaire et joue un rôle essentiel dans la prévention et l’aide aux
victimes à travers les 28 associations locales de défense des familles et
de l’individu (ADFI) et les 8 antennes.
L’UNADFI regroupe et coordonne les ADFI depuis 1982. Elle a été reconnue
d’utilité publique en 1996, et a reçu les agréments du Ministère de
l’Éducation nationale, ainsi que du Ministère de la Jeunesse, des Sports
et de la Vie associative.
L’UNADFI est membre associé de l’Union Nationale des Associations
Familiales (UNAF), membre actif de la Fédération Européenne des
Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme (FECRIS) et reste
indépendante de tout mouvement religieux, idéologique ou politique.
UNADFI - Union Nationale des Associations pour la Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes
130, rue de Clignancourt - 75018 PARIS - Tél.: 01 44 92 35 92 - Fax : 01 44 92 34 57
Siret n° : 335255956 00039
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Sommaire
2
Éditorial
3
Les difficultés de la justice face aux sectes
9
Comment la Scientologie se sert du système judiciaire des Etats-Unis à
ses propres fins
15
De la méditation à la capture de l’âme : les Brahma Kumaris
18
Que sait on de : Brahma Kumaris
20
Béatitudes : 30 ans après, une souffrance toujours vive
26
Rapport MIVILUDES 2008
32
REVUE DE PRESSE
France : Amour et Miséricorde - ADLEIF - Les Béatitudes - Coeur
douloureux et immaculé de Marie - Le Patriarche - Mouvement du GraalScientologie - Témoins de Jéhovah
Étranger : Mouvement Raëlien (Canada) - Scientologie (Belgique),
Kazakhstan, USA, Grande-Bretagne) - Solidarité et Progrès (Allemagne)
- Témoins de Jéhovah (Autriche, Irlande) - Tvind-Humana (Danemark)
Divers : Médecine Ayurvédique - Ministère de l’Evangile
41
NOUVELLES DES ADFI
ADFI Midi-Pyrénées - ADFI Nantes - ADFI Nord Pas-de-Calais Picardie
43
A SIGNALER
Voyage au coeur de la Scientologie - Aliénation et prise de conscience Lettre bimestrielle de la MIVILUDES
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1
Éditorial
Face à la détresse des familles confrontées au phénomène sectaire, certains
s’étonnent que de tels mouvements ne soient pas condamnés pour leurs atteintes
à la liberté et à la dignité d’adeptes mis et maintenus en état de sujétion. On
pense, en effet, que dans un pays de droit la loi protège les victimes et sanctionne
les auteurs d’abus frauduleux d’état de faiblesse, d’autant que la France s’est
dotée d’une loi (Loi About-Picard).
C’est compter sans la difficulté de fournir devant la justice des preuves recevables de ces abus, difficulté d’autant plus grande que les techniques de communication et d’influence, largement utilisées dans tous les domaines de la vie
publique et privée, ne cessent de gagner en subtilité… et efficacité.
C’est aussi compter sans le pouvoir et la capacité des manipulateurs (groupes ou individus) de rendre très difficile le recours à la justice de la part de leurs « adeptes ».
Il faut beaucoup de courage et de lucidité à une victime pour porter en justice
un contentieux avec une de ces sectes qui revendique à son profit le respect des
libertés qu’elle dénie à ses adeptes.
Il faut du courage à qui ose attaquer une organisation sectaire financièrement
puissante. Pour ne pas perdre, celle-ci mobilise des avocats habiles à faire traîner
la procédure, et active ses réseaux pour décourager les témoins, tenter d’influencer les experts -voire les juges, comme le rappelle à propos des USA, l’avocat
américain Graham Berry (voir p.9).
Il faut du courage à un ancien adepte pour surmonter ses sentiments de culpabilité et de honte et affronter la pression morale du groupe et du gourou qui connaît
généralement tout de lui. Il court le risque de ne pas être entendu ni compris, un
non-lieu pouvant alors représenter pour lui une deuxième peine.
Il faut du courage à un parent désireux de soustraire ses enfants à un embrigadement précoce, de la ténacité aussi, pour se faire entendre sans être accusé
d’atteinte à la liberté de croyance (voir p. 3).
Accompagnant familles et ex-adeptes depuis de longues années, nos associations
savent combien l’action de la justice est indispensable pour redonner leur dignité
aux victimes, pour mettre une limite à la toute puissance des gourous, pour protéger les personnes les plus vulnérables, tout particulièrement les enfants.
2
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L es difficultés de la justice face aux
sectes
Jean-Pierre Jougla, juriste, administrateur de l’UNADFI
Une situation juridique peut être abordée de plusieurs points de vue en fonction des conceptions propres au professionnel de justice (magistrat, avocat ou
enquêteur) et de la connaissance (ou de la méconnaissance) qu’il a du phénomène
sectaire. La question est suffisamment complexe pour qu’un rapport de « réflexion
et évaluation des dispositifs judiciaires de lutte contre les dérives sectaires » y ait
été consacré sous le titre : « La justice face aux dérives sectaires 1».
Paraphrasant le titre de ce rapport je vais illustrer, avec une pointe d’amertume, « les dérives de la justice face aux sectes » en montrant l’incompréhension de la spécificité sectaire dont font parfois montre les juges.
Cette incompréhension provient certainement d’un manque de formation. Les
juges (et les intervenants de justice au sens large) commettent trop souvent
le contresens habituellement répandu d’assimiler la question des sectes à la
question de la religion et, dans un réflexe laïque louable mais mal à propos,
considèrent qu’ils ont au premier chef à protéger la liberté fondamentale qui est
celle de croire, quelle que soit la croyance. Ce contresens fondamental a pour
conséquence que le juriste passe à côté de l’essentiel : le mécanisme d’emprise,
processus par lequel un individu va soumettre la totalité de sa personnalité à
l’autorité d’un tiers, de façon non volontaire, progressive et au terme de pratiques justifiées par une doctrine, par un projet utopique et par une mission.
Le juriste est formé à raisonner dans le cadre de la théorie du contrat qui suppose un échange de consentements libres et éclairés. Il lui est presque impossible d’accepter qu’une autre logique soit à l’œuvre, parfois même malgré l’aide d’un expert.
Pour comprendre la réalité du processus sectaire, le juriste doit aller au-delà
de la connaissance intellectuelle et extérieure du dossier et il doit, autant
faire se peut, comprendre quels sont les mécanismes en jeu dans le processus
d’emprise sectaire qui s’est mis en place de façon progressive et insidieuse.
Cette approche est d’autant plus difficile qu’elle va à l’encontre des exigences de
la logique déductive auxquelles le juriste doit répondre et à laquelle il a été for1 La justice face aux dérives sectaires, Georges Fenech, Rapport au Premier ministre, La Documentation
Française, 2008.
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mé. Il est plus facile, face à l’irrationnel le plus absolu, de se raccrocher à quelque
chose de connu plutôt que de tenter de pénétrer la réalité de l’assujettissement.
Pour illustrer les difficultés auxquelles sont confrontés les magistrats, deux
points de vue sur la question sectaire vont être abordés à partir de décisions
de justice rendues de façon diamétralement opposées dans une même affaire
de contentieux familial, par un tribunal et par une cour d’appel. Il s’agissait
d’un conflit parental réel opposant un père à une mère lors d’un divorce ; le
père voulait protéger ses enfants de l’influence de la mère Témoin de Jéhovah (en fait mettre ses enfants à l’abri de l’emprise), en demandant au juge
d’interdire à la mère de faire participer les enfants aux activités des TJ. En
première instance le père a été débouté de cette demande à laquelle la Cour
d’appel fera droit.
Le mieux est de mettre en scène, presque sous la forme de dialogue, l’argumentation retenue par le tribunal (TGI de Perpignan) pour refuser une telle
limitation et celle retenue par la cour d’appel (de Montpellier) pour faire droit
à la demande du père. Cet échange, qui reprend in extenso des extraits des
décisions rendues anonymes, regroupe les arguments autour de quelques thèmes rencontrés habituellement. J’ai simplement regroupé les développements
de chacun des magistrats par thèmes, bousculant ainsi la chronologie pour ne
retenir que le raisonnement.
Sur le périmètre des libertés respectives
Le tribunal
« Il existe entre les parents un conflit au regard de la pratique religieuse des enfants.
Le père reproche en effet à la mère son engagement religieux dans le mouvement des
TJ. Ce conflit perdure depuis l’audience de conciliation malgré les concessions de la
mère (qui ne contestait nullement le droit du père d’éduquer les enfants selon des
principes contraires à ceux des TJ).
… Au vu des conclusions particulièrement étoffées du père, il apparaît que celui-ci
s’est engagé dans une logique de vindicte personnelle visant à critiquer toutes les
croyances et pratiques de son ex-conjoint en s’appuyant notamment sur la polémique
actuelle concernant les sectes.
Nombre de griefs de portée générale, habituellement évoqués à l’occasion de tels
conflits, relèvent de l’appréciation subjective des croyances et ne résultent pas des
éléments factuels du dossier. »
4
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Commentaire 
Le juge du TGI raisonne comme si l’adepte pouvait agir de façon autonome et individuelle. Il oublie –ou
méconnaît- le fait que des consignes sont périodiquement données aux membres par les autorités TJ pour leur
indiquer une ligne de défense et de comportement à adopter devant les tribunaux*, s’ils deviennent justiciables.
Cette stratégie de « profil bas » et d’ouverture (contraire aux déclarations officielles du mouvement**), aboutit
souvent à une inversion des données : c’est le conjoint non TJ qui devient suspect de sectarisme.
* L’intérêt de l’enfant, voilà ce qui compte avant tout. L’individu trop exigeant risque de ne pas obtenir la garde
matérielle de son enfant et même de voir son droit de visite et d’hébergement soumis à restrictions. La sagesse
veut que l’on se montre pacifique, en se souvenant toujours de ces paroles de la Bible : “ Ne rendez à personne
le mal pour le mal. [...] Donnez du champ à la colère [...]. Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais continue à
vaincre le mal par le bien. ” (Romains 12:17-21). Que ce soit dans une salle de tribunal, dans un cabinet d’avocat
ou devant un enquêteur social, il faut que “ [notre] nature raisonnable soit connue de tous les hommes ”.
— Philippiens 4:5. (Réveillez-vous, 08.12.1997)
** « De toutes ces manières, nous sommes déterminés à montrer que nous ne faisons pas partie monde, et
nous le manifestons dans tous les aspects de notre vie et dans nos rapports à autrui. »
(Résolution adoptée lors des assemblées « La délivrance est proche ! », juillet 2006)
La cour
« Les enfants n’ont pas réellement le choix de ne pas accompagner leur mère
et ont une difficulté évidente à se situer de manière critique par rapport aux
croyances professées lors des enseignements religieux auxquels ils assistent.
… malgré l’opposition du père, la mère met toujours à profit l’exercice de son
droit de garde à titre principal pour impliquer ses enfants de manière très intensive dans ses propres pratiques religieuses alors qu’ils ne sont ni en âge ni en position de donner de manière libre et éclairée leur consentement sur ce point.
… nonobstant des évolutions positives, avec les réserves qui s’imposent, il existe toujours une nette tendance de la mère à confiner les enfants dans un milieu jéhoviste,
continuant ainsi à les priver progressivement et insidieusement des autres repères sociaux, culturels et religieux avec pour résultat prévisible à terme de les amener à rejeter tout ce qui ne correspondra pas aux enseignements jéhovistes et tous ceux qui ne
partagent pas les croyances jéhovistes. »
L’intérêt de l’enfant ne serait qu’un prétexte
Le tribunal
« En ce qui concerne le conflit de loyauté dont souffrent les enfants, il n’est pas
spécifique aux conflits religieux et se retrouve malheureusement de façon récurrente
dans la plupart des divorces contentieux.
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… Enfin le père entend se placer dans une perspective à long terme pour envisager
l’intérêt des enfants.
Toutefois, il convient de s’en tenir à l’analyse des pièces qui sont soumises, des considérations objectives, des éléments concrets quant à la croyance qu’adopteraient immanquablement les enfants à leur majorité.
D’abord parce que tout jugement de valeur sur « l’hypothétique » ou « future religion » des enfants serait totalement subjectif et transformerait le tribunal en censeur
des religions minoritaires ou supposées telles en France. En effet, retenir a priori qu’il
serait préjudiciable pour les enfants d’adhérer à telle ou telle religion, revient à déterminer par voie de disposition générale quelles sont les croyances qui sont « normalement » admises en France. Selon la cour européenne la prise en compte, pour apprécier l’intérêt de l’enfant, des répercussions négatives éventuelles de l’appartenance
de la mère à une communauté religieuse est contraire à la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Ensuite et surtout, si une appréciation in concreto permet de chercher l’issue de la
situation dans un avenir raisonnable, encore faut-il que l’avenir envisagé ne soit pas
totalement imaginé, mais prenne ses racines dans un présent objectif, de la sorte qu’il
s’agisse d’une prévision avec un certain degré de probabilité (relation de cause à effet
ou déterminisme) et non d’une pure conjecture.
D’ailleurs le père conserve la faculté d’expliquer à ses enfants pourquoi il ne partage
pas les convictions de la mère. »
La cour
« Pour en minimiser les risques, le tribunal a relevé que le conflit de loyauté auquel
les enfants sont confrontés se trouvait classiquement dans les divorces contentieux.
De fait, dans ce cas, le conflit entre époux se calmant, plus ou moins vite, une fois le divorce prononcé, les enfants ne se trouvent plus obligés d’opérer des choix sous la pression.
Toutefois, en l’espèce, le divorce, dont le principe n’est pas remis en cause, a été prononcé
aux torts réciproques sur le double aveu des parties et ne peut être considéré comme
contentieux.
Le conflit de loyauté dont il s’agit se situe dans le contexte d’une vive opposition entre des
parties prises, non en qualité d’époux (ou désormais ex-époux), mais en qualité de parents
et concerne un aspect important du mode d’éducation donnée par la mère à ses enfants.
L’opposition des parents sur l’enseignement religieux qui leur est donné va donc perdurer
de sorte que le conflit de loyauté auquel ils sont soumis non seulement n’a aucune raison
de disparaître mais ne va faire que s’accentuer, la très relative retenue dont la mère a
fait montre durant la procédure n’ayant plus de matière à être.
Il existe un risque certain pour le père, du fait de son opposition à les voir participer aux
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pratiques religieuses de leur mère, de se voir peu à peu rejeté par ses enfants qui sont au
quotidien sous l’influence de celle-ci et de son entourage proche, essentiellement jéhoviste.
L’intérêt des enfants sur le plan éducatif étant de conserver des liens avec chacun de leurs
parents, les capacités du père sur ce point ne souffrant pas la critique, il n’est pas possible
d’attendre que ce résultat soit atteint pour en faire le constat impuissant.
La liberté de conscience et de culte concerne chacun à l’égard de lui-même et non les
tiers, serait-ce ses enfants.
Ceux-ci doivent être élevés dans le cadre de valeurs communes aux deux parents, et en
cas de désaccord, comme en l’espèce, l’intérêt de l’enfant commande l’abstention et
non le cumul de deux principes éducatifs, s’ils sont diamétralement opposés, l’éducation
ayant pour objet de définir des règles, lesquelles doivent être claires et non contradictoires, pour permettre à l’enfant de construire sa personnalité. »
Au nom de la protection de l’enfant, peut-on limiter
la liberté de l’adulte
Le tribunal…
« Le tribunal estime donc que les sujets d’inquiétude quant aux enfants sont
si infinitésimaux et hypothétiques, qu’ils ne constituent pas un but légitime ou
une justification objective et raisonnable qui fonderait une restriction imposée à la mère dans sa vie familiale et dans le droit de pratiquer le culte au sein
de son propre foyer. De même, tandis qu’il est établi que la mère n’a jamais démérité dans son rôle maternel, il serait injustifié d’entraver l’exercice de l’autorité parentale en prohibant à la mère de communiquer sa foi religieuse aux enfants.
Le père sera donc débouté de sa demande visant à ce qu’il soit fait interdiction à la
mère d’amener les enfants sur les lieux de culte des Témoins de Jéhovah ou sur les
lieux de rencontre et de pratiques ou de les associer à quelques activités que ce soit en
relation avec la doctrine de la pratique des Témoins de Jéhovah. »
La cour
« La cour ne partageant pas l’analyse faite par le tribunal des éléments du dossier qui
l’ont amené à considérer, en substance, qu’il n’existait pas de risques avérés pour le
développement psychologique et physique des enfants résultant de leur participation
aux pratiques religieuses jéhovistes de leur mère, le jugement sera réformé en ce qui
n’a pas fait droit à la demande du père de les en abstraire purement et simplement.
Il sera fait interdiction à la mère d’amener les enfants sur les lieux de culte des Témoins de
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Jéhovah ou sur les lieux de rencontre et de pratique des Témoins de Jéhovah et de les associer à quelques activités que ce soit en relation avec la doctrine où la pratique jéhoviste. »
Conclusion
Ce dialogue reconstitué, mais non dénaturé, permet de voir comment, en fonction du point de vue adopté, se mettent en place des raisonnements différents.
Il permet de voir qu’au-delà de la délicate question de la preuve, toujours
difficile à rapporter s’agissant du monde clos sectaire, le juge peut interpréter
des éléments dans le sens qui correspond à son a priori théorique.
Ce dialogue permet donc de mesurer, même s’il ne souligne pas cet aspect suffisamment, combien le débat relève d’une vision du monde au sens philosophique.
Le père, connaissant les risques découlant de l’enfermement psychologique
et social dont la doctrine et les pratiques de la secte sont porteuses, souhaite
légitimement en protéger ses enfants.
Mais le dialogue montre à quel point le juge répugne à entrer dans cette
dimension que nous savons pourtant essentielle, puisque nous savons que la
secte qui revendique à son profit le respect des libertés est en même temps le
lieu du déni de la liberté des adeptes.
Il nous appartient donc de faire comprendre à la justice, qu’elle soit justice
nationale ou justice européenne, que la secte n’a rien à voir avec la dimension religieuse mais qu’il s’agit essentiellement d’un mode archaïque et antidémocratique d’exercice du pouvoir au sein d’un territoire délimité, réel ou
symbolique. Si nous n’arrivons pas à faire triompher ce point de vue, nous
risquons fort d’être confrontés à une longue période d’obscurantisme qui n’a
pas d’équivalent avec ce que l’histoire a connu.
Notre action passe par la justice et l’analyse lucide des processus d’assujettissement.
Cette action ne peut découler que d’un long travail de formation des professionnels qui ont à voir, à un titre ou à un autre, avec la réalité sectaire. Cette
formation doit aussi être celle des associations qui doivent tendre vers un
véritable professionnalisme leur permettant d’accompagner la victime, d’anticiper les contresens habituellement commis par l’institution judiciaire et de
faciliter en définitive la compréhension de ce que sont les mécanisme d’emprise sectaire qui privent l’adepte de tout libre arbitre.
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Comment
la Scientologie se sert du
système judiciaire des Etats-Unis à
ses propres fins
A plusieurs reprises (n° 62 et 69) Bulles a déjà donné, grâce aux précieux témoignages d’avocats américains,
un aperçu de la manière dont la Scientologie exerce des pressions sur l’administration et sur la justice.
Le texte qui suit présente des extraits de la communication de Graham Berry, avocat de Los Angeles,
prononcée le 4 septembre 2008 à Hambourg (Allemagne), dans le cadre d’une conférence d’information
organisée par Ursula Caberta, chef du groupe de travail Scientologie au Bureau des affaires intérieures
de la ville de Hambourg.
Nous le remercions de nous autoriser à publier ce résumé, nous saluons son exceptionnel courage.
La version originale complète en anglais et sa traduction en français sont disponibles sur www.fecris.org/.
Il y a dix ans, j’ai fait ici à Hambourg un exposé intitulé « La face obscure de
la Scientologie ». Dans cet exposé, je disais que la Scientologie pouvait être
réduite à trois concepts fondamentaux : Pouvoir, Purge et Punition. « Pouvoir »
se réfère au but de la Scientologie de clarifier la planète et éliminer tout ce
qui s’oppose à elle. « Purge » se réfère au retrait de tous les documents et informations critiques ou négatifs des dossiers officiels ou accessibles au public.
La « Punition », disais-je, constitue le plus obscur de tous les aspects de la
Scientologie. Elle revêt deux formes : une forme interne, orwellienne, visant
à éliminer toute pensée critique ou divergente, et une forme externe visant
à punir ceux qui la critiquent et les autorités non-coopérantes en employant
systématiquement, selon leur terminologie déposée, la terreur et la psychoterreur pour manier les Personnes Suppressives (personnes qui s’opposent ou
font obstacle aux objectifs de la Scientologie). Ces principes écrits sont, en
gros, ce qui est appelé Fair Game1, ils prennent des formes diverses : renseignement, enquêtes, intimidations, poursuites judiciaires, fraudes et tromperie. Ces six formes du Fair Game scientologue sont les principaux moyens par
lesquels l’entreprise Scientologie exploite le système judiciaire américain à
ses propres fins.
L’église de Scientologie a une réputation bien méritée d’être la plus redoutable et la plus menaçante plaignante d’Amérique… Peu d’avocats acceptent de
se confronter aux tactiques criminelles que sont : le trafic d’influence, la su1 Terme scientologue qui recouvre les pratiques de « chasse aux opposants ».
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bornation, le chantage, l’extorsion, le parjure, l’obstruction faite à la justice,
la fraude, les fausses déclarations, le mensonge, la diffamation, la tromperie,
l’intimidation et la psycho-terreur. Des documents sérieux établissent bien que
ces méthodes ont été la tactique habituelle de l’église de Scientologie, de ses
avocats et de ses agents de renseignement privés. […]
The Special Zone Plan (1960)
En 1960 la Scientologie a publié le Special Zone Plan -The Scientologists
Role in Life2. Les Scientologues qui ne font pas partie du personnel de l’église
doivent réaliser la mise sous influence de l’ensemble de la société en occupant
des situations en contact avec les hautes sphères du pouvoir. « Ne vous donnez
pas la peine de vous faire élire. Trouvez un emploi de secrétaire ou de garde
du corps. »3 […]
La liste de fonctionnaires, y compris des juges, infiltrés, corrompus et compromis, est longue et criante. Des scientologues sont par exemple placés dans les
services de traitement de textes de cabinets juridiques, et au service courrier
lors de congrès, pour intercepter et faire des rapports sur des documents judiciaires et des plaintes de citoyens. […]
Office of Special Affairs (OSA)
En 1982, dans le cadre de la trompeuse et frauduleuse réorganisation interne
de la Scientologie, le Bureau des Gardiens (Scientology’s Guardians Office),
véritable agence de renseignements de l’église, a été renommé Bureau des
Affaires Spéciales ou OSA (Office of Special Affairs).
Contrairement aux déclarations sous serment auprès du Gouvernement des
Etats-Unis, de nombreux employés du Guardian’s Office ont continué à travailler pour l’OSA. Ainsi par exemple l’avocat Kendrick Moxon, dirigeant interne de l’OSA, cité dans les 266 pages de la Stipulation of Evidence [l’Enoncé des
preuves] dans l’affaire US contre Hubbard, pour avoir procuré au FBI une preuve
fabriquée. Aujourd’hui Moxon, l’avocat principal de la Scientologie continue à
fabriquer des preuves, et l’Office of Special Affairs a son QG à Hollywood et à
Gilman Hot Springs, Californie. David Miscavige, le leader totalitaire de cette
2 Plan spécial zone. - Le rôle des scientologues dans la vie : ce rôle est d’influencer les groupes et organisations.
3 Nota : Ce paragraphe est suivi de plusieurs exemples d’infiltration d’administrations et de programmes
gouvernementaux.
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secte para-militaire, vit là dans un immeuble blindé et voyage souvent dans un
véhicule blindé. Ses actions et ses ordres sont répercutés dans le monde entier,
et l’argent rentre aux Etats-Unis depuis le monde entier, ou bien rentre à flots
sur des comptes bancaires au Luxembourg ou dans les Caraïbes. […]
Le 9 octobre 2001, moins de 30 jours après les attaques d’Al Qaeda sur les
Etats-Unis, le service juridique d’OSA, connu sous le nom de Moxon & Kobrin, a
renouvelé le copyright du document de la Scientologie appelé Targets Defense
(objectifs de défense). Dans ce document sur la politique et les pratiques de
l’église, certains « objectifs vitaux » sont identifiés :
« T1, Détruire la popularité de l’ennemi jusqu’à son effacement total ;
T2, Prendre le contrôle ou obtenir l’allégeance des dirigeants ou propriétaires
de tous les médias d’information ;
T3, Prendre le contrôle ou obtenir l’allégeance des personnalités politiques clés ;
T4, prendre le contrôle ou obtenir l’allégeance de ceux qui conduisent les
finances internationales ». […]
Secret Tax Agreement (1993)
Pourquoi le nom de « Church of Scientology » serait-il suffisant pour donner
à l’entreprise de Scientologie le pouvoir de changer les lois, de déroger aux
lois, aux règlements et aux conséquences qui s’appliquent à toutes les autres
organisations, y compris à l’Eglise Catholique Romaine ? […] Peut-être est-ce
dû au Secret Tax Agreement (Accord fiscal secret) de 1993 entre l’IRS (Trésor
fédéral) et la Scientologie, qui instaure de facto la Scientologie comme la
religion officielle des Etats-Unis, en lui offrant des avantages fiscaux, une promotion mondiale et la protection d’Interpol4. Ce sont là des privilèges uniques
et une aide du gouvernement qui sont refusés à toutes les autres religions. En
février dernier, dans l’affaire « Sklar contre l’IRS », où des parents de confession juive demandaient les mêmes déductions pour l’éducation religieuse que
celles accordées exclusivement aux scientologues, un juge de la Cour d’appel de la neuvième circonscription a dit que « … le point de vue de l’IRS qui
s’autorise à violer la Constitution de manière inconstitutionnelle en traitant [la
Scientologie] plus favorablement que d’autres religions en matière de déductions… contrevient à l’Establishment Clause (clause du premier amendement à
la Constitution) ». Comment cet outrage à la Constitution s’est-il produit ?
4 Pour plus d’information sur cet accord, voir les articles du Wall Street Journal et du New York Times sur
le site de R. Gonnet : http://www.antisectes.net/irs-larry.htm#wall.
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Il y a trente ans, des agents de la Scientologie sont rentrés par effraction
et ont infiltré 135 ministères et ambassades à Washington, DC, dans le cadre de l’Operation Snow White (opération Blanche-Neige), projet permanent
de la Scientologie. La pire infiltration criminelle dans le gouvernement des
Etats-Unis dans l’histoire de notre nation, n’a été perpétrée par nul autre que
l’église de Scientologie. Onze des principaux dirigeants de la Scientologie ont
été condamnés.
La propre épouse de Hubbard a été incarcérée dans une prison fédérale. L’actuel principal avocat de la Scientologie, Kendrick Moxon, a échappé de justesse à une condamnation similaire.
Chose incroyable : le chantage criminel, l’intimidation, le terrorisme judiciaire
et le trafic d’influence ont eu comme conséquence que, le 1er octobre 1993,
le Gouvernement des Etats-Unis a accordé à l’église de Scientologie un statut
d’exemption d’impôts, comportant des privilèges fiscaux uniques, des déductions
et avantages fiscaux expressément et constitutionnellement refusés à toute autre
église tant par la loi que par l’accord secret de l’IRS avec la Scientologie.
Les agents de l’IRS et leurs familles avaient été terrorisés. Deux étaient morts
dans des circonstances suspectes. La Scientologie avait lancé plus de 2.500
procès contre l’IRS, et son avocat Kendrick Moxon avait, selon ce qui a été rapporté, payé plus d’un million de dollars aux détectives privés du Maryland pour
trouver des faits embarrassants sur les plus hauts fonctionnaires de l’IRS. Le
leader de la Scientologie a déclaré publiquement que cet accord sur l’imposition, fondé sur une demande ouvertement frauduleuse et manipulée (specially
handled), au cours d’un examen purement superficiel par l’IRS, avait épargné
à la Scientologie de verser plus d’un milliard de dollars pour retard de paiements, intérêts et amendes. […]
Les conditions du secret tax agreement ne sont pas appliquées. David Miscavige
contrôle et gère minutieusement l’ensemble de l’entreprise, en ayant seul un
contrôle exclusif sur l’organisation et sur ses avoirs. Cette église exonérée d’impôts gère l’empire et le goulag totalitaire exempt d’impôts de l’agent David
Miscavige, et celui-ci peut, quand il le veut, fuir avec tout cet argent exempté
d’impôts. Voilà ce qu’est la Scientologie en Amérique aujourd’hui, et cela affecte négativement l’image de ce pays et sa réputation dans le monde. […]
La loi et les décisions de justice disent clairement que la conduite délictueuse
d’une église, avec ou sans motif religieux, peut être traitée et punie comme
tous les autres crimes et abus. En dépit de cela, presque toutes les plaintes
concernant les crimes et les abus de la Scientologie sont ignorés par le Gouvernement fédéral et ceux des Etats et par leurs administrations. Au cours des
12
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
dix dernières années, des centaines de plaintes ont été adressées au FBI, au
Ministère de la Justice, à l’IRS et au Congrès. Toutes sont ignorées ou rejetées
sous un prétexte spécieux. Des fonctionnaires du gouvernement, outrés, enregistrent des plaintes, les introduisent, et sont stupéfaits lorsque des supérieurs bloquent toute enquête ou poursuite. C’est en partie cette inaction et
cette hypocrisie officielles qui décident des dizaines de milliers de gens dans
le monde à manifester sous une forme anonyme (Anonymous) contre ce qui est
largement reconnu comme la secte la plus dangereuse du monde. […]
La guerre de la Scientologie contre les juges
Dans les années 1980, l’American Layer Magazine a publié un article intitulé
« La guerre de la Scientologie contre les juges » ; aujourd’hui cette guerre
continue toujours. Triste à dire, je ne parle pas seulement d’un avocat laissant
un sac de papier plein d’argent dans les bureaux du juge avec pour commentaire qu’il avait l’habitude de représenter la Mafia. La Scientologie enquête en
fait sur ces juges et sur leurs assistants. On sait que les avocats de la Scientologie ont contacté ces assistants et les ont menacés. […] Des affaires ont
été réattribuées à des juges qui sont dans la poche de la Scientologie, ou qui
avaient l’habitude d’être favorables à la Scientologie, ou qui sont impliqués
sentimentalement avec un scientologue. Des employés du tribunal peuvent
être amenés à recevoir des éléments du dossier après les heures d’ouverture.
[…] Tout ceci crée un climat de psycho-terreur parmi les juges et il en résulte
des erreurs judiciaires flagrantes. Même la manipulation du jury n’est pas hors
de portée de la Scientologie, comme cela s’est produit dans un autre exemple
récent impliquant l’épouse d’un membre de l’OSA.
Des documents de politique générale de la Scientologie soutiennent que seuls
des scientologues ont des droits civils, et que ceux qui entravent, font opposition ou poursuivent la Scientologie n’ont aucun droit civil et peuvent impunément être anéantis. Un autre document scientologue ordonne au personnel
et aux avocats d’accabler jusqu’à sa soumission un plaignant opposant ou un
juge qui ne coopère pas. Avec des budgets massifs de procédure, et parfois
des centaines d’avocats, la Scientologie fait des dépositions sans fin, recueille
d’innombrables témoignages et exerce toutes les voies de recours. Le but est
de différer la résolution de l’affaire aussi longtemps que possible, de faire
totalement échouer le juge et de broyer financièrement, physiquement et
émotionnellement l’opposant jusqu’à sa (reddition) soumission. Certains plai-
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
13
gnants et leurs avocats ont développé des troubles post-traumatiques. Quand
l’affaire se termine, les documents et les preuves sont souvent mis scellés, les
témoins et les plaignants ont été contraints à des arrangements qui les musèlent, l’accès aux dossiers du greffe est bloqué et les documents disparaissent
lentement de ces dossiers.
Comme je l’ai expliqué, à mon avis, l’entreprise de racket Scientologie fait
maintenant presque tout ce qu’elle veut dans les villes de Clearwater, en Floride, et de Los Angeles et Hemet, en Californie. […] Comment est-ce possible ?
L’église de Scientologie y arrive grâce à la corruption, au chantage, au parjure,
au mensonge et à la fraude institutionnalisés et organisés. […] Le terrorisme
peut revêtir bien des formes ; il n’est pas toujours violent et spectaculaire.
Dans ces affaires notre gouvernement et nos tribunaux ont été défaillants visà-vis de nous. […]
14
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De la méditation à la capture de
l’âme : les Brahma Kumaris1
Témoignage
Le texte suivant est l’introduction d’une étude sur le mouvement des Brahma Kumaris (BK), sa doctrine
et ses pratiques, réalisée par une ancienne adepte du mouvement. A la fois témoignage et analyse, le
document entier peut être consulté sur le site de l’UNADFI, http://www.unadfi.org/.
Depuis une trentaine d’années, les personnes souhaitant donner un sens à leur vie
recherchent des voies alternatives aux religions. Avec le mouvement de sécularisation, l’expérience de Dieu prend place hors du champ social, dans la vie privée.
Le sentiment religieux se construit sur le mode de l’expérimentation. L’exotisme des pratiques rompt avec la monotonie des traditions religieuses historiques et dépasse les clivages culturels en s’adaptant au contexte de la mondialisation et des échanges internationaux.
La liberté de choix, la quête de l’expérience religieuse, d’épanouissement
personnel, de relaxation, de concentration rend l’individu vulnérable face aux
sectes. Dans une secte, il y a deux niveaux : la périphérie et le centre. Dans la
périphérie, le sympathisant a l’impression de ne tirer que des bénéfices de la
fréquentation du groupe et des pratiques prescrites. Dans le centre, les adeptes sont endoctrinés et ne sont plus maîtres d’eux-mêmes. La frontière entre
les deux est ténue.
C’est ainsi que personnellement, je suis « tombée dans la secte des Brahma
Kumaris », sans le vouloir. Au départ j’étais attirée par l’épanouissement des
membres du groupe et sa chaleur. En le fréquentant, je ressentais du bien être.
J’ai fréquenté les Brahma Kumaris durant 3 ans, plus ou moins régulièrement,
à la périphérie. J’ai été accueillie très chaleureusement dans 4 centres, 3 en
France et un à l’étranger. Au cours d’une visite que j’ai rendue à une personne
très proche, elle-même adepte, j’ai été à travers elle, « parachutée » dans le
centre de la secte, durant 3 semaines. Je suis devenue très vite endoctrinée et
j’ai eu du mal à me détacher du groupe. J’étais comme aspirée par une force
irrésistible vers le groupe. J’avais sincèrement l’impression que je serais plus
heureuse grâce à lui.
Lorsque enfin j’ai retrouvé ma lucidité et mon esprit critique, j’ai voulu comprendre ce qui s’était passé… C’est la raison de cet écrit.
1 Voir notice page 18.
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15
Les Brahma Kumaris font partie de la seconde vague de sectes, qui se développe à partir des années 60 et qui ont une empreinte orientaliste ou ésotérique, contrairement aux sectes précédentes dont beaucoup appartenaient à la
mouvance chrétienne.
Etymologiquement, une secte, du latin secare : A noter
Le Raja Yoga, également connu
couper et sequi : suivre, est la scission d’une idéosous le nom de yoga royal,
logie religieuse dominante. Mais au sens le plus
correspond au yoga décrit
courant aujourd’hui le mot secte désigne un mou- par Patanjali dans les «Yogas
vement portant atteinte à la dignité et à la liberté Sutras», textes références datant
de ses membres, dont « l’action sur l’individu est d’environ 2 à 5 siècles avant l’ère
susceptible d’entraîner des désordres physiques ou chrétienne. Il n’est pratiqué en
psychiques, réversibles ou non »1.
Inde que par les yogis de haut
La secte des Brahma Kumaris ou Brahma Kumaris niveau.
World Spiritual University a été fondée au Pakistan Selon l’auteur de ce témoignage
en 1936 par Lekh Raj qui régna de 1936 à 1969 (date (chapitres II et III de cette étude),
de sa mort) en qualité de gourou et prophète. En alors que le Raja Yoga tradi1952, suite à la partition de l’Inde et du Pakistan, tionnel de Patanjali, se réfère
au corps comme le médiateur
l’institution quitte Karachi au Pakistan pour s’insindispensable pour mener une vie
taller au Mont Abu dans le Rajasthan indien.
intérieure et relationnelle équiLe premier centre Raja Yoga BK en Occident s’ins- librée, le Raja Yoga des BK, tout
talle à Londres en 1971. C’est à partir de ce centre au contraire, diabolise le corps
que le mouvement gagnera l’Europe et l’Amérique.
physique et mental (émotions et
L’organisation affirme aujourd’hui avoir environ pensées), et invite à purifier l’âme
près d’un million de membres dans 7000 centres malade en l’en dissociant. Les
répartis dans 90 pays. Le nombre des adeptes non- pratiques génèrent en lui peur et
culpabilités, le conduisent souvent
Indiens est estimé à dix mille.
En France, il y a 19 centres de Raja Yoga BK et quel- à un enfermement psychique
ques centaines de membres actifs. Les centres sont obsessionnel, le rendent sensible
situés, entre autres, à Paris, Strasbourg, Nantes, à la suggestion et incapable de
discerner ce qui lui vient de
Bordeaux, Bayonne, Toulouse, Montpellier, Avignon,
l’intérieur ou de l’extérieur de
Marseille, Toulon, Nice, Grenoble, Lyon.
sa personne. Ses pensées et ses
Les BK sont une véritable multinationale qui a des valeurs sont alors transformées
moyens financiers énormes, une doctrine diffusée à tra- (par les révélations ou murlis),
vers des ouvrages multiples et de puissants réseaux.
jusqu’à une soumission totale,
Beaucoup de personnes, attirées par la démarche
spirituelle, suivent les cours de méditation et de
1 16
Jean-Marie Abgrall, La mécanique des sectes, Payot, 1996.
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l’annihilation du doute et l’indifférence à la critique.
Raja Yoga des Brahma Kumaris. Mais cette quête de sens est détournée par la
secte. En effet, cette dernière va récupérer l’expérience spirituelle et le lien à
l’absolu que développe le sympathisant au cours des méditations pour inoculer
des croyances qui signeront la perte de son autonomie.
La spiritualité implique un effort par lequel l’homme prend conscience de
l’absolu et accède à la libération intérieure. La métaphysique n’est pas affaire
de foi. Elle n’implique aucune croyance. Or la secte détourne l’expérience
métaphysique pour aliéner le sympathisant à la secte.
Les BK leurrent les personnes par les pratiques spirituelles dont ils se réclament.
Comment la secte parvient-elle à faire des individus dotés d’esprit critique des
pantins à son service ?
La recrue, attirée par les masques et les fausses références et séduite par le
groupe, suivra les cours de méditation du Raja Yoga BK puis les cours de Raja
Yoga BK, aux termes desquels, endoctrinée, elle laissera la secte envahir sa
sphère intime et s’isolera pour se réfugier dans sa nouvelle famille.
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
17
Les Brahma Kumaris
Que sait-on de ?
En 1936, à la suite d’une expérience spirituelle intense, (une vision de destruction du monde et un contact direct avec le dieu Shiva l’Ame Suprême) Lekh Raj
Kripalani, un riche diamantaire indien, fonda le mouvement des Brahma Kumaris
(BK). Appelé Brahma Baba par ses adeptes, Dada Lekh Raj continua à recevoir
la « connaissance » de Shiva et à en retransmettre les murlis (messages) à ses
adeptes. Il confia l’organisation du mouvement à un groupe de 9 femmes.
Depuis sa mort en 1969, deux d’entre elles, Dadi Prakashmani (« Joyaux Suprêmes ») et Dadi Janki, sont les véritables dirigeantes de cette organisation dénommée Université Spirituelle Mondiale des Brahma Kumaris (BKWSU). Elles disent
continuer à recevoir des « murlis » de Baba, mais ses instructions secrètes ne sont
en principe accessibles qu’aux membres les plus avancés spirituellement.
- Les croyances, dérivées de l’hindouisme, en diffèrent sur de nombreux points
ne serait-ce que par l’interprétation des concepts de réincarnation et de karma. Elles reposent, par ailleurs, sur le channelling et la capacité de modifier
l’environnement par la pensée (qui font plutôt penser à la Théosophie et au
Nouvel Age) ; elles prétendent expliquer globalement l’univers matériel et immatériel et mettre en équation l’énergie et la conscience. Identifié comme
apocalyptique, le mouvement annonce la destruction imminente du monde,
suivie d’un Age d’or (Sat yuga) pour les BK, l’élite spirituelle : le monde physique, qui suit un cycle répétitif de 5000 ans, est actuellement à la fin d’un de
ces cycles.
- Les pratiques quotidiennes des membres sont le détachement (du corps et
des émotions), le végétarisme, la purification sous toutes ses formes (corporelle, pensées négatives), la soumission et la méditation par le « Raja Yoga ».
Par sa pratique et par son encadrement, le détachement incite le dévot à tout
quitter, ses avoirs, son confort, ses amis et ses attaches sentimentales (afin
d’avoir l’esprit libre pour naître spirituellement). La pureté devient une obsession pour faire partie de la communauté des déités (le reste des humains étant
la communauté démoniaque), la méditation cinq minutes par heure a pour but
d’être réceptif à un message spirituel que Baba pourrait leur envoyer. La coupure du monde extérieur, la fatigue, l’obéissance et la soumission conduisent
à la perte de l’esprit critique et du sens des responsabilités.
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- Le siège mondial de la BKWSU est situé au nord de l’Inde (Mont Abu, Rajasthan). Il comporte une académie « pour un Monde meilleur » (avec un campus,
un auditorium de 1600 places, 14 salles de séminaires), un hôpital « du futur » de 120 lits dont les services allient médecine moderne et traditionnelle
(inauguré en 1991 par le ministre indien de la santé), une école primaire, et
la fondation Janki pour financer divers programmes humanitaires. Son développement international passe par les centres Raja Yoga-méditation-BK dont le
bureau de coordination est basé à Londres. Les BK revendiquent aujourd’hui
près d’un million d’étudiants dans plus de 7000 centres et 90 pays.
En France, une vingtaine de centres de raja yoga ont un statut d’association
Loi 1901 sans but lucratif. Ces centres proposent des cours et des ateliers de
méditation ; les plus importants organisent des conférences et des rencontres
sur des thèmes philosophiques comme les valeurs dans l’entreprise ou dans la
publicité, médecine et spiritualité, femmes et spiritualité, etc. Des représentants des religions y sont régulièrement invités.
On ne peut qu’être frappé par l’incroyable décalage qui existe entre les
textes destinés aux membres de la communauté et ceux qui s’adressent à un
plus large public, entre la réalité de la vie des membres et la façade qu’offre
le mouvement. Car, à l’extérieur, la BKWSU se présente comme un nouveau
mouvement religieux reprenant les « valeurs morales et spirituelles les plus
élevées de l’humanité ».
D’après le site internet du mouvement, ses nombreux manifestes et autres
publications, on imagine un groupe de pensée humaniste, apolitique, oecuménique, préoccupé par les convulsions de la terre et proposant des cadres
de réflexion sur des thèmes aussi consensuels que la paix dans le monde, la
coopération globale pour un monde meilleur, etc. Des personnalités comme
Mère Térésa, le Dalaï Lama ou le Pape lui ont permis d’acquérir une certaine
respectabilité. Des initiatives louables lui ont valu d’être reconnu et apprécié
par l’UNICEF, et par l’ONU qui a décerné à la BKWSU le titre envié de « Messager de la Paix ». Aujourd’hui, cependant elle ne bénéficie plus du même crédit
à l’ONU, pour en avoir utilisé le logo abusivement. Et beaucoup d’anciens
membres dénoncent les dérives du pouvoir absolu des dirigeantes.
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Béatitudes : 30 ans après, une
souffrance toujours vive
Témoignage
Ce témoignage nous a été adressé par une personne ayant vécu une année dans la communauté du
« Lion de Juda et de l’Agneau immolé » devenue depuis Communauté des Béatitudes.
Après 30 ans de silence il me paraît urgent de pouvoir exprimer ce que j’ai
vécu dans la communauté des Béatitudes. Il y a tant à dire qui remonte à
ma mémoire et m’avait laissé doutes, contradictions, culpabilité, sentiment
d’échec important à l’époque.
Je suis ressortie assez démolie de cette communauté. Bien sûr depuis 30 ans
j’ai pris du recul, mais il m’a fallu des années pour, seule, effacer le sentiment
d’échec et de culpabilité.
Ce qui m’a amenée à écrire ce témoignage est la lecture, il y a quelques
semaines, d’un article découvert par hasard dans le journal « Aujourd’hui en
France » ; en pleine page, un article concernant Pierre-Etienne. Stupéfaction !
De plus, à côté de ce témoignage, un article évoquait les dérives sectaires de
la communauté des Béatitudes.
J’ai voulu en savoir plus. Je ne savais pas trop comment évoluait la communauté, étant coupée depuis longtemps de tout journal ou revue chrétienne
ainsi que de l’Eglise-institution.
C’est par les éditions Golias (que je ne connaissais pas) que j’ai pris connaissance du livre de Pascal Michelena « Les Marchands d’Ames ». Pour moi, les
choses arrivent au grand jour.
Je découvre que c’est pire que ce que je pensais. Ce qui me frappe c’est « le
silence des hauts responsables » sur des faits graves de pédophilie et de leurs
conséquences sur les enfants.
Ce silence (ainsi que celui de l’Eglise) indique que c’est d’abord l’image de
marque de la communauté qui comptait, qu’il fallait « sauver ».
Avant la communauté
C’était en 1979. J’avais 29 ans. Je vivais à Paris le « métro-boulot-dodo »,
dans un métier très usant nerveusement, dans une entreprise qui avait occa-
20
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
sionné d’énormes pollutions dans le Rhône, avec des conséquences désastreuses
à l’époque. D’un point de vue éthique, je ne pouvais continuer à travailler làdedans, même si l’emploi que j’occupais ne participait pas directement à cela.
J’étais aussi à une période charnière de ma vie où je découvrais le Christ et où
se creusait en moi le « comment vivre autrement concrètement ». Vivre avec
des critères qui « donnent un sens à sa vie ». J’avais été très touchée par cet
Amour fraternel qui semblait venir de plus loin.
En arrivant, j’avais une confiance quasi sans réserve dans cette communauté, qui
s’appelait à l’époque « Communauté du Lion de Juda et de l’Agneau immolé ».
Je repense à ceci : dans les rues d’Albi, avant mon entrée officielle dans la
communauté, je rencontre un homme et j’en viens à lui dire que je dois aller à Cordes dans la communauté. Il me dit « vous êtes naïve, vous vous ferez avoir ». Il n’y avait jamais mis les pieds. J’étais intérieurement vexée de
m’entendre dire cela. 30 ans après je repense à cette parole que ce monsieur
m’avait dite…
Quoi qu’il en soit, je suis entrée à la communauté en paix intérieurement.
J’y suis restée à peine un an. Mais ce fut suffisant pour une démolition en
bonne et due forme!
Un mois à Cordes
Un fait, au début de mon séjour à Cordes, m’avait posé question et mise mal
à l’aise. Lors d’une réunion dont j’ignorais qu’elle n’était pas pour les postulants1, Ephraïm (Gérard Croissant)2 insistait pour dire que les communautaires
laissent tous leurs biens à la communauté ; or, les postulants, selon les statuts,
devaient garder « l’entière propriété de leurs biens et revenus ». Il y avait peu
de monde et Ephraïm m’avait sûrement vue. Lorsqu’il en eut fini avec ce sujet
pour passer à autre chose, il me demanda de sortir, j’en fus surprise ; pourquoi
ne m’a-t-on pas demandé de sortir avant ? J’étais sortie avec un très fort malaise et des questions. Ce souvenir m’était resté, il m’avait marquée, même si
je l’avais « oublié » ensuite.
J’évoquerai quelque chose qui m’a longtemps révoltée et perturbée : j’avais
naïvement laissé à la lingerie de Cordes, qui fut ma première maison, du linge
neuf : draps, linge de toilette, etc… le lendemain de mon dépôt, tout ce linge neuf
1 Les postulants ne font pas encore véritablement partie de la communauté, contrairement aux communautaires qui ont prononcé des vœux.
2 Fondateur des Béatitudes.
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
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avait disparu ! Un peu plus tard, je me suis rendue compte que c’était la bergère
qui en avait emporté chez elle, puisque le hasard a voulu que je la voie avec une
de ces affaires. Cela m’a mise mal à l’aise, même si je n’avais rien dit.
Autre chose d’inacceptable : au moment de la vaisselle, la bergère (présente
de par son statut…) se permettait visiblement de ne pas être à la plonge. Cela
m’avait sidérée !
Il ne fallait pas se poser de question ; « tu réfléchis trop » me disait Sœur
Marie à Cordes… Selon moi, si le responsable de Cordes n’aimait pas les jésuites, qu’il dénigrait en utilisant l’ironie, c’est parce que les jésuites sont des
personnes qui réfléchissent.
Château Saint Luc
Après un mois à Cordes, je me retrouve au Château Saint Luc. Au niveau du
travail, je veux témoigner brièvement de très grands abus dont j’ai été victime.
Pour éviter, je présume, que je ne pense, réfléchisse, je n’avais pas un moment de
repos. En plus de la cuisine, je faisais toutes les énormes vaisselles qui n’en finissaient pas, je nettoyais les grosses gamelles avec un produit très décapant qui me
bousillait les mains, et me laissait la peau dans état un pitoyable (peau écorchée,
desséchée etc.) et sans remède pour la soigner. Ceci, également le dimanche.
Pendant que les uns et les autres faisaient la presque grasse matinée (les bergers
prenaient leur temps comme ils le voulaient), moi j’avais toujours l’impression de
travailler dans l’urgence. Quand il y avait des communautaires de Cordes qui venaient, pas question que l’on vienne m’aider ! Un jour d’ailleurs quelques communautaires de Cordes (dont Pierre-Etienne) étaient venus pour un repas à Saint Luc.
J’étais de cuisine, je devais continuer avec l’énorme vaisselle, et ceux de Cordes
ne se gênaient pas pour dire qu’ils n’étaient pas venus faire la plonge ! Les plats
étant servis, tout le monde était à table en train de manger ; je suis donc allée
rejoindre la tablée mais là… plus de place !!! J’en fais la remarque à la bergère,
véritablement obsédée par la « sanctification »3, qui visiblement trouve anormal
que je lui pose la question du « où vais-je me mettre ? » Elle me dit d’un ton plus
ou moins autoritaire et moraliste « qu’il faut savoir s’oublier » !!
En ce qui concerne la tenue vestimentaire, c’était normalement une jupe
bleue pour les postulantes et beige pour les autres. Je me suis trouvée un
jour avec une jupe beige sur moi (la bleue devait être au lavage). Scandale !
3 La « sanctification » à la communauté, offrant la possibilité de devenir un saint, reposait sur l’acceptation
sans rechigner des épreuves (même injustifiées) de la vie quotidienne,
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La bergère m’aborde pour m’expliquer en gros que porter une jupe beige ne
se faisait pas, car cela correspondait à un certain niveau de spiritualité etc.
Jésus-Christ ne les aurait-il pas traités de pharisiens hypocrites ?
Je vais relater un fait qui montre ce que je pense appeler un vrai conditionnement : j’avais dans mes affaires à St Luc un album de bandes dessinées dont
j’aimais l’humour, il s’agissait d’un « F’mur » qui s’intitulait « Le génie des alpages », les personnages étaient un berger, son chien et les moutons (chacun des
moutons avait sa personnalité). J’avais prêté cette BD à un communautaire qui
en avait aimé l’humour. Je ne sais plus de quelle façon, mais la femme d’un haut
responsable de la communauté était tombée dessus. Elle est venue me voir avec
réprobation, me disant que l’état d’esprit de cet album était moralement irrecevable « pour prétendre à la vie spirituelle telle que le définissait la communauté ».
Très franchement cette bande dessinée n’avait absolument rien de vulgaire, elle
était juste caustique parfois, en nous montrant les travers de la société.
Cette intervention m’apparaît aujourd’hui comme une véritable manipulation
de la conscience, visant à notre infantilisation.
Que dire quand ils ont laissé crever de faim un petit chien cocker noir de 6
mois « cadeau du seigneur », c’est-à-dire envoyé par la « Providence » ? Pourquoi ne l’ont-ils pas confié à la SPA ou à une personne de confiance de l’extérieur plutôt que de l’avoir laissé mourir de faim jour après jour?
Peu de temps avant de partir, je leur ai laissé naïvement 3000FF de mes
dernières maigres économies pour... (lisez bien !), payer la note d’électricité
de Château St Luc. Electricité qui restait en quasi-permanence allumée, alors
qu’il faisait plein soleil dans les pièces !
Je suis en colère contre moi-même d’avoir été aussi naïve et conditionnée. Ce n’était
pas un service à leur rendre, en réalité, il aurait fallu les mettre sur le chemin de la
responsabilisation, alors qu’ils disaient tout attendre de la « Divine Providence ».
Mon départ
Lorsqu’un des responsables de l’époque a décidé que je devais partir, ils
ne m’ont même pas demandé où j’allais atterrir. J’aurais eu soi-disant une
« critique » envers la communauté (chose dont je ne me souviens pas). Ce qui
comptait pour eux n’était pas l’état de souffrance dans lequel j’étais, mais la
« critique ». En entendant les dernières paroles culpabilisantes reçues au moment du départ, alors que j’étais dans un état de dépression et sans ressource
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
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(j’avais, dans mon élan d’engagement, abandonné mes droits à l’allocation
chômage), en voyant que le berger ne s’est pas inquiété de savoir où j’allais
atterrir, j’ai pensé : seul son grand orgueil, son ego a compté !!
De plus, que de mal ai-je eu à récupérer mes quelques meubles comme un
lit, une petite armoire et un bureau en bois ! Il y a d’abord eu un refus de la
part de la femme d’un des membres « importants » de la communauté qui, au
téléphone, a fait preuve de mépris. Je me souviendrai de sa phrase alors que
j’étais véritablement en détresse psychologique : « on n’a pas de temps à perdre avec toi, d’autant que l’Evêque du Maroc arrive d’un moment à l’autre »,
ajouté à « de toute façon tu étais une malade » ; l’accueil de cet évêque était
plus important que l’écoute de la personne dont ils avaient brisé l’intérieur. En
entrant à la communauté je n’étais absolument pas « malade », je suis entrée
de mon propre chef et intérieurement en paix. Par contre, il est certain que
quand je suis sortie, j’étais quelque part « malade »…
Après la communauté : une ferme d’accueil
Je suis sortie de la communauté dans un état de délabrement psychologique que je
n’arrive pas à décrire, tellement les mots me manquent. Je pleurais tout le temps.
Comme si cela n’était pas suffisant, il y eut les paroles d’un des responsables
pour enfoncer le clou : « tu es passée à côté de quelque chose ». J’ai traîné
un sentiment d’échec comme un boulet pendant longtemps. Il n’existe plus,
bien sûr, maintenant. Mais ce sentiment d’avoir été trompée par rapport aux
motivations pour lesquelles j’étais entrée, existe toujours, lui.
A ma sortie, la femme du responsable de Château Saint Luc a eu l’idée de m’emmener dans une ferme d’accueil qu’elle connaissait dans les Pyrénées. Je n’avais
pas de lieu personnel où aller, et j’avais laissé pratiquement tout le peu d’argent
que j’avais à la communauté, alors que je n’y avais vécu que huit ou neuf mois et
que je n’étais pas engagée. Je suis restée dans cette ferme quelques années.
Une anecdote concernant cette ferme : la propriétaire avait donné à la maison de
Nay (de la communauté), comme elle l’aurait fait à des enfants gâtés, un ou deux
magnifiques poneys en pleine santé. Lorsque, au bout d’un certain temps, je suis
retournée dans cette maison avec la responsable de la ferme, j’ai été atterrée de
constater l’état des poneys. Ils n’avaient plus que la peau sur les os ! C’était impressionnant ! L’idée n’était même pas venue aux responsables, s’ils ne pouvaient
pas subvenir aux besoins des animaux, de les remettre en pension à la ferme…
Personnellement je ne me suis jamais fait aider sur le plan thérapeutique. A
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l’époque je n’en avais même pas l’idée, j’étais seule, un peu paumée, souffrante. Dans cette ferme d’accueil, le contact simple avec la nature, les bêtes,
les personnes de passage venant pour un temps de retraite, des conditions de
travail correctes etc. m’ont permis de me remettre peu à peu.
Une guérison à Ars ?
Il y a un fait que je veux évoquer aussi. Il y a bien des années à Ars, quelque
temps après ma sortie de la communauté, il y a eu une session (animée par les Béatitudes) avec cette ambiance particulière qui attire du monde. J’y rencontre par
hasard une amie de Paris, sur son fauteuil roulant. Peu à peu une maladie l’avait
amenée à cet état. Le lendemain de la soirée « Prières de guérison », surprise,
elle était « guérie ». Effectivement elle marchait seule, pas très bien mais enfin…
Plus tard Fernand Sanchez4 relate dans la revue du mouvement « Feu et Lumière »
cette guérison, spectaculaire en effet. Alors que dans la réalité, une fois rentrée
à Paris, mon amie était de nouveau dans son fauteuil, paralysée, sa maladie évoluant (une autre amie me tenait au courant…) et cela jusqu’à son décès.
De très nombreuses personnes auront lu cet article, croyant en cette guérison, alors qu’il n’en était rien. Comme cette communauté était reconnue par
l’Eglise Catholique, elle était intouchable.
Les conséquences sur ma vie
Avec le recul du temps, et vivant dans un autre contexte, m’apparaissent des
aspects sectaires et fermés dans cette communauté. Restent ce sentiment d’injustice, d’échec, de n’avoir pas été comprise, mais aussi une autre vision de Dieu.
Ils ont détruit quelque chose de ma vie intérieure de l’époque. Bien entendu,
30 ans après, quand j’apprends les horreurs qui s’y sont passées, je me dis que
c’est bien d’être partie, même pour une soi-disant critique !
La ferme d’accueil a été momentanément ma planche de salut, mais après, la
recherche d’un travail, d’un logement, ont été des situations de grand stress.
Je voudrais dire aussi que j’ai définitivement coupé avec toute Eglise quelle
qu’elle soit. Je ne lis plus aucune revue ou journaux chrétiens depuis cinq ou six
ans. J’ai été frappée par la façon de s’approprier le monopole de la vérité.
4 Un des responsables des Béatitudes.
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
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R apport MIVILUDES 2008
Le rapport 2008 de la MIVILUDES a été remis au Premier ministre le 20 mai 2009. Ce document est le
sixième depuis la création de la Mission en décembre 2002.
Rapport de « transition », à l’image de l’année 2008, ce rapport qui s’inscrit dans la continuité du rapport 2007 développe dans la première partie la
thématique du risque sectaire dans le secteur de l’emploi et de la formation
professionnelle, puis approfondit l’étude du satanisme. Il analyse la « démultiplication » du risque sectaire par le biais d’internet puis étudie les stratégies
du lobbying à l’international des mouvements présentant des risques de dérives sectaires.
Dans sa seconde partie, le rapport expose les nouvelles méthodes de lutte
contre les dérives sectaires.
Dans sa troisième partie, il présente un dossier central axé sur le risque
santé, dossier prolongé par un exposé de la Direction générale de la santé.
Enfin, dans la quatrième partie, il fait le point sur les activités administratives des ministères et de la MIVILUDES elle-même.
Le risque sectaire
La MIVILUDES reprend des informations communiquées par la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle, soulignant que les actions
de « développement personnel » n’entrent généralement pas dans le champ de
la formation professionnelle continue. Pourtant, certaines prestations affichent
des dimensions comportementales avec parfois une vocation thérapeutique.
Une enquête a été réalisée auprès des services régionaux de contrôle « pour
mieux identifier la réalité de ces formations et de leurs prestataires ». Les difficultés tiennent au caractère souvent flou des actions envisagées qui peuvent
notamment, dans le domaine de la santé ou de la psychologie, préconiser des
techniques ou des méthodes non éprouvées ou non reconnues par des autorités compétentes. Si la catégorie de prestataires douteux ne constitue qu’une
minorité de l’ensemble des organismes proposant des formations comporte-
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BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
mentales, c’est là que l’on trouve des pratiques ésotériques charlatanesques,
pouvant également conduire les bénéficiaires à l’exercice illégal de profession
médicale règlementée. « 90 % des régions déclarent avoir été confrontées à
des dossiers présentant un risque sérieux de charlatanisme et/ou de dérives
sectaires ». Pour pallier ce risque, une réforme de la formation professionnelle
est prévue. Trois groupes de travail ont d’ores et déjà été constitués.
Le rapport développe ensuite le thème du satanisme déjà évoqué dans les
rapports précédents, présentant la « contribution » du ministère de l’Intérieur.
Il rappelle en préambule que ce sont les Services départementaux de l’information générale (SDIG) qui ont pris le relais des missions exercées antérieurement par les renseignements généraux en matière de lutte contre les dérives
sectaires et contre les déviances sataniques.
Le phénomène du satanisme demeure multiforme et le nombre total d’adeptes reste difficile à évaluer. Sa progression en France est loin d’atteindre celle,
inquiétante, de l’Italie et du Brésil. En Europe, la mouvance est variable selon
les Etats.
La MIVILUDES consacre plusieurs pages au Web. En effet, les Etats de droit se
doivent d’exercer une vigilance accrue pour contrer l’émergence de la menace
sectaire sur la Toile. Les mouvements sectaires ont « un temps d’avance » par
rapport à ceux qui ont mission de faire appliquer le droit « et plus encore de
détecter des zones de non-droit créées par ces mouvements ». Malgré tout,
cette menace est contrebalancée par des observateurs critiques, qui sont parfois d’anciens adeptes, et par les services spécialisés de renseignements.
Le dernier chapitre est consacré aux stratégies d’influence à l’international en prenant l’exemple des agissements de la mouvance sectaire à l’ONU.
Depuis une douzaine d’années, les critiques énoncées vis à vis de la politique
française contre les dérives sectaires, se répètent comme en écho sur la scène
internationale, grâce à l’implication de quelques lobbyistes dont le discours
se place volontairement sur le terrain de la liberté religieuse et des droits de
l’Homme. Ils se sont engouffrés dans la possibilité offerte à la société civile
de s’exprimer au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Les critiques sont
reprises à l’OSCE et au Conseil de l’Europe et figurent ensuite dans les rapports
annuels du Département d’Etat américain. Les mouvements ou leurs « faux
nez » à l’origine de ces critiques sont d’ailleurs parfaitement identifiés. Pour
les mouvements sectaires, tout dépôt de plainte est immédiatement exploité
et présenté dans leurs « organes de propagande » comme la « condamnation
déjà acquise de la France », même si aucune suite n’est donnée à des démar-
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
27
ches qui s’analysent « comme de purs effets d’annonce ». Au final, la France
n’est « critiquée » au sein de ces instances que par la mouvance pro-sectaire
elle-même. Le plus souvent, ces critiques n’ont jamais été jugées recevables.
Le processus de désinformation porte parfois ses fruits, il en ressort des informations erronées que nos ambassadeurs et représentants auprès de l’ONU, de
l’OSCE ou du Conseil de l’Europe font rectifier.
La lutte contre les dérives sectaires
La MIVILUDES reprend la « contribution » de la Gendarmerie nationale (ministère de l’Intérieur) et répercute les suggestions émises pour améliorer le
suivi des dérives sectaires. Les enquêteurs constatent être parfois confrontés
à un déficit d’informations sur les milieux fermés de type sectaire « au sein
desquels ils ne peuvent légalement intervenir ».
Dans l’étude qui suit sur « le dispositif d’assistance aux victimes sectaires
en Europe », la MIVILUDES a cette fois aussi interrogé les postes diplomatiques
des pays européens « sur la perception » qu’ont les victimes, puis elle inventorie les structures d’aide. Aucun des pays étudiés ne dispose d’une structure
comparable à la MIVILUDES même si les principes directeurs se retrouvent souvent pour l’essentiel dans d’autres pays. Certains pays européens comme la
Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la Pologne partagent « dans leurs
grandes lignes » l’approche française. Dans d’autres pays, la lutte contre les
dérives sectaires est prise en charge par les religions elles-mêmes ou par des
institutions indépendantes. En Europe, de nombreuses associations unissent
leur expérience dans le cadre de la Fédération européenne des centres de
recherche et d’information sur le sectarisme (FECRIS) qui compte à ce jour 45
associations et qui jouit du statut d’OING(organisation internationale non gouvernementale) participatif auprès du Conseil de l’Europe. Le rapport s’intéresse par ailleurs aux différentes associations françaises : l’UNADFI, le CCMM,
ISSUE (Info-Sectes universités et écoles) qui a maintenant rejoint le CISRA
(Centre d’Information sectes Rhône-Alpes) en partenariat avec le CCMM, puis
enfin, Vigi-Sectes et le CIMES (Cellule d’intervention mobile sur l’emprise sectaire). Après avoir passé en revue les étapes de l’assistance aux victimes des
dérives sectaires par les pouvoirs publics, la MIVILUDES s’attarde ensuite sur la
finalité de l’INAVEM, « tête de pont » d’un réseau de 150 associations d’aide
aux victimes puis sur celle de la Délégation aux Victimes (DAV) du ministère de
l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire.
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BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
Face aux différences d’approche du phénomène sectaire et de l’aide aux
victimes, une coopération judiciaire européenne renforcée doit être encouragée comme le préconise Georges Fenech dans son rapport « La justice face
aux dérives sectaires : réflexion et évaluation des dispositifs judiciaires de
lutte contre les dérives sectaires ». Cette volonté a déjà été exprimée à plusieurs reprises par le Parlement européen et par l’assemblée parlementaire du
Conseil de l’Europe.
La France pourrait proposer à ses partenaires de créer un espace juridique
européen, doté d’un cadre législatif visant les activités illégales des organisations à caractère sectaire, l’élaboration d’un code européen de règles déontologiques applicables à toute association ou communauté à but non lucratif,
la création d’un Observatoire européen sur les sectes, chargé de contrôler le
respect de ces règles communes, l’institution d’un organe permanent d’harmonisation des jurisprudences des Etats membres au sein de la Communauté
juridique des droits de l’Homme du Parlement européen.
Le risque santé 
La MIVILUDES explore le dévoiement des pratiques psychothérapeutiques à des
fins sectaires. L’explosion de la bulle « psy » très insuffisamment maîtrisée par
les différents acteurs publics, professionnels et associatifs, inquiète par les nombreuses déviances qui l’accompagnent. Parmi celles-ci, les dérives à caractère
sectaire arrivent en bonne place, d’autant que la mouvance sectaire investit largement le champ de la santé. L’offre psychothérapeutique s’élargit encore avec
l’apparition d’une « nouvelle prestation », le ticket psy, destiné aux salariés en
souffrance et financé par l’employeur à hauteur de 100 à 120 euros.
Enfin, la diversité et la prolifération des approches rendent difficile pour les
institutions, mais plus encore pour les particuliers, de faire un choix éclairé
de la technique et du praticien. Le rapport se réfère à la Fédération française
de psychothérapie et de psychanalyse (FF2P) et au site internet Mieux-être.
org pour recenser 176 méthodes ! Quant aux 15.000 psychothérapeutes, 25 à
30 % d’entre eux se réclament « de disciplines diverses et avec des parcours de
formation hétérogènes ». Or l’encadrement du titre de psychothérapeute voit
son dispositif toujours inachevé. Ce texte constitue pourtant un « immense espoir » pour les victimes, les familles, les associations de défense et les professionnels qui constatent les dégâts de groupes ou d’individus « de la mouvance
sectaire ». Dans un tel contexte, la protection de l’usager, l’identification de
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
29
thérapeutes fiables et la prévention du risque de manipulation à l’origine de
préjudices majeurs directs ou indirects, semblent aléatoires même si la majorité des psychothérapeutes « exercent leur art de manière satisfaisante ».
Depuis 2007, le ministère de la Santé a mis en place un plan comportant la
création d’un outil de veille. Compte tenu des caractéristiques d’un certain
nombre de pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (PNCAVT), un
rapprochement sera désormais établi entre « la lutte contre les dérives sectaires dans le champ de la santé et celle contre les dérives thérapeutiques liées
aux PNCAVT, qu’elles soient ou non exercées en milieu sectaire ». Un groupe
d’appui technique (GAT) placé auprès de la Direction Générale de la Santé a
ainsi été mis en place. Durant l’année 2008, plusieurs réunions préparatoires
ont eu lieu avec les diverses institutions pressenties pour y participer.
Activités administratives 2008
Chaque ministère présente son compte rendu annuel d’activité ainsi que ses
objectifs de travail en matière de politique de vigilance et de lutte contre les
dérives sectaires. En particulier, le ministère de l’Education Nationale précise
porter son effort en 2009 sur « la réalité de l’instruction à domicile ». De son
côté, le ministère de la Justice développera la formation continue des magistrats et des agents de la protection judiciaire de la jeunesse et de l’administration pénitentiaire.
La MIVILUDES livre ensuite son bilan 2008 : mise en place d’un logiciel de
gestion de bibliothèque, fonctionnement du site internet avec une nouvelle
maquette et une mise en ligne importante de documents électroniques puis
participation à des tables rondes ou des colloques à Rijeka (Croatie), au Québec, à Sofia (Bulgarie), à Pise (Italie), à Hambourg (Allemagne), à Varsovie
(Pologne), à Bruxelles (Belgique) et à Wendgräben (Allemagne).
Tout en annonçant une réforme statutaire, la MIVILUDES signale deux axes
de travail prioritaires à venir : les mineurs et « la dimension économique du
phénomène sectaire ». Il s’agit là d’un chantier pour les prochaines années à
venir, avec notamment la perspective d’une conférence internationale sur le
thème « Dérives sectaires et circuits financiers ».
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BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
Conclusion
Dans sa conclusion, Georges Fenech revient sur son déplacement à Chaussin dans la Communauté « Amour et Miséricorde », qui a inauguré un nouveau
mode d’intervention de la MIVILUDES sur le terrain. Depuis l’année 2002, des
faits concernant cette communauté étaient dénoncés à la fois par des courriers
et par des démarches individuelles de particuliers et de familles « inquiètes,
voire désemparées ». Seule la Mission a ensuite été en mesure de collecter et
de centraliser les éléments disséminés sur tout le territoire français.
Au final, cette initiative, placée « sous le signe de la bonne volonté et de la
concertation » aura sans doute contribué à « éclairer d’un jour nouveau les possibilités d’action des victimes et de leurs familles, des médias, des diverses autorités et des pouvoirs publics en matière de lutte contre les dérives sectaires. »
En annexe : un texte législatif relatif au statut des témoins, deux circulaires du
Ministère de l’Intérieur et enfin, reflétant les activités parlementaires, une sélection de questions écrites et de réponses présentant un « intérêt innovant ».
Dans la presse
MIVILUDES/Les Béatitudes
Georges Fenech s’est déplacé dans la Communauté des Béatitudes
Le président de la MIVILUDES, Georges Fenech, et deux conseillers se sont rendus
au siège national et international des Béatitudes à Blagnac où ils ont rencontré le
modérateur général François-Xavier Wallays, son adjoint et plusieurs membres.
Par ailleurs, des membres des Béatitudes
de Bonnecombe se sont déplacés à Toulouse où ils ont été entendus par les représentants de la Mission. Ces derniers ont
également entendu le maire de Blagnac et
deux conseillers municipaux, des familles
de victimes ainsi que Mgr Legall, archevêque de Toulouse.
Désormais, la MIVILUDES va à la rencontre
de communautés faisant l’objet de signalements. Deux visites surprise ont déjà eu
lieu : « Les Apôtres de l’amour infini » en
Guadeloupe et « Amour et Miséricorde »
en Bourgogne…
(Source : La Dépêche du Midi, BH et SP, 20.02.2009
& Le Figaro, Angélique Négroni, 20.02 2009)
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Revue de presse
En France
Amour et Miséricorde
La justice relance l’affaire
La Cour d’appel de Dijon vient de renvoyer à l’instruction l’affaire concernant la communauté « Amour et Miséricorde », installée depuis 2001 à Chaussin dans le Jura et
soupçonnée de « dérives sectaires ».
Père et époux de deux membres faisant partie de ce groupe de prière, Pierre BoucherDoigneau avait fait appel du non-lieu prononcé en juillet 2008 par un juge d’instruction
de Dijon. La Chambre d’instruction de la cour d’appel a donc pris en compte ses arguments comme le souhaitait d’ailleurs le parquet général.
Joint au téléphone, Pierre Boucher-Doigneau souligne que l’accusation va s’appuyer sur
la loi About-Picard. Son avocat dijonnais, Me Loïc Duchanoy, reconnaît qu’il s’agit d’un
« dossier délicat et compliqué ». Des pistes n’ont pas été suivies, notamment « des actes d’instruction financière » refusés par le premier juge en charge de l’affaire.
(Source : Le Bien Public, Franck Bassoleil, 16.04.2009)
Association de Défense des Libertés d’Expression dans
l’Institution Française
Un « gourou » poursuivi pour viols
Fondateur des associations : « Travail
dans l’organisation de l’Amour du Christ »
(TOAC) et de « Défense des libertés d’expression dans l’Institution française » qui
figurent dans le rapport parlementaire sur
les sectes de 1995, Robert Lé-Dinh, dit
« Tang », 50 ans, est poursuivi pour viols
et agressions sexuelles « sur personnes
32
vulnérables », ainsi que pour « extorsion
de fonds ». Six femmes ont déposé plainte contre lui pour des faits remontant à
l’année 1997. Un comité de soutien pour
défendre Robert Lé-Dinh s’est créé en
2008, soutenant que les victimes « étaient
consentantes au moment des faits »… Pour
le président de l’ADFI Midi-Pyrénées, ce
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
cas est « révélateur de l’état d’assujettissement d’un groupe et de ses adeptes ».
L’association nationale envisage d’ailleurs
de se porter partie civile aux côtés de cinq
victimes ou de leurs proches qui ont déposé plainte.
Aujourd’hui, le dossier est toujours à l’instruction, ce qui « n’est pas si long », compte tenu de l’épaisseur du dossier en question : six tomes, regroupant plus de 1.200
pièces. « Tang » se trouve toujours dans la
prison de Seysses (Lot et Garonne).
[Au début des années 80, « Tang » vivait dans
les environs d’Agen. « Fils spirituel de Dieu », il
pensait « avoir des relations privilégiées avec le
Christ ». Une dizaine de jeunes majeurs seront
séduits « par son discours et son charisme ».
Ils partageront alors une vie communautaire.]
(Source : www.ladepeche.fr, Stéphane Bersauter, 22.04.2009 & AriegeNews TV, 2009)
Les Béatitudes
Démission dans la communauté
Trois membres de la communauté des Béatitudes de Bonnecombe : le père Jean-Baptiste Tison, Cyril et Naomi ont envoyé leur lettre de démission à leur hiérarchie. Depuis
mai 2008, celle-ci les avait suspendus de leurs droits pour avoir communiqué dans les
médias sur l’affaire Pierre-Etienne Albert, accusé d’agressions sexuelles sur mineurs.
(Source : www.ladepeche.fr, 11.05.2009)
Coeur douloureux et immaculé de Marie
La Réunion/Evasion spectaculaire d’une prison
Juliano Verbard dit Petit Lys d’Amour, chef
de la secte « Cœur Douloureux et Immaculé
de Marie », s’est évadé… en hélicoptère du
centre pénitentiaire de Domenjod, accompagné de deux adeptes. Après 10 jours de
cavale, les trois évadés ont finalement été
arrêtés. Ils ont été mis en examen pour évasion et séquestration en bande organisée.
Les trois membres du commando qui
avaient permis leur évasion ont, quant à
eux, été présentés au palais de justice,
mis en examen et écroués. Enfin, trois
femmes qui avaient apporté une aide aux
fugitifs pendant leur cavale ont, elles aussi, été placées en détention provisoire.
(Source : AFP, 08.05.2009)
[En août 2007, Juliano Verbard avait défrayé la chronique et (déjà) mis La Réunion « en émoi ». Il avait fait
enlever et séquestrer un adolescent, Alexandre, dont il souhaitait faire le nouvel « élu » de sa secte. L’adolescent avait été libéré sain et sauf et le gourou avait été arrêté. En plus de sa mise en examen dans ce dossier
d’enlèvement, Juliano Verbard et son complice Fabrice Michel sont mis en cause pour des viols en réunion
sur mineur de moins de 15 ans. Juliano Verbard avait créé sa secte en 2002 « après avoir convaincu des
centaines de fidèles que la Vierge lui apparaissait chaque mois ». Cette dernière, affirmait-t-il, l’appelait « Petit
Lys d’Amour ». Quant à la secte « Cœur douloureux et immaculé de Marie », elle avait été dissoute par le
ministère de l’Intérieur après l’enlèvement du jeune Alexandre. (Source : Clicanoo.com & AFP, 27.04.2009)]
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
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Le Patriarche
L’ancien député condamné définitivement
L’ancien député-maire de Bessières, « ex-Monsieur Drogue » du gouvernement (dans
les années 90), Jean-Paul Séguéla, vient d’être condamné définitivement dans l’affaire
du Patriarche, l’association toulousaine d’aide aux toxicomanes, mise en cause « pour
ses méthodes sectaires » et des détournements de fonds. La Chambre criminelle de la
Cour de cassation vient ainsi de rejeter le pourvoi que J.P. Séguéla avait formé, ainsi
que celui de quatre autres condamnés. L’ancien député-maire est condamné à trois ans
de prison, dont un avec sursis, 50.000 euros d’amende et quatre ans de privation de
droits civiques. Le tribunal l’avait reconnu coupable d’avoir profité « des largesses » de
l’association ainsi que de trafic d’influence.
En janvier 2007, le « gourou », fondateur du Patriarche, Lucien Engelmajer, avait été condamné à cinq ans d’emprisonnement. En fuite au Bélize, il y était décédé en août 2007.
L’association Le Patriarche, créée en France au début des années 70, fut dans les années 1980-90 la principale structure d’accueil des toxicomanes. Elle se révéla être
« une secte » qui exploitait ses pensionnaires. Elle avait construit un véritable « empire » avec des ramifications dans de nombreux pays. (Source : AFP, 27.05.2009)
Mouvement du Graal
Le Docteur Guéniot blanchi par la cour d’appel de Douai
Après douze ans de procédure, la relaxe
a été prononcée par la cour d’appel de
Douai pour Gérard Guéniot. La justice a
estimé qu’il n’était pas responsable de
la mort d’Evelyne Marsaleix décédée en
1997, à 31 ans, d’un cancer du sein. En
première instance le médecin avait été
condamné pour non-assistance à personne
en danger. Ancien membre du Mouvement du
Graal (classé comme sectaire dans le rapport
parlementaire de 1995), le Dr Guéniot prônait « les médecines parallèles ». L’ADFI Nord
Pas-de-Calais Picardie qui s’était constituée
partie civile dans cette affaire, a vivement
regretté la relaxe de Gérard Guéniot.
(Source : Nord Eclair, 18.02.2009)
[« La Lettre bimestrielle de la MIVILUDES » d’avril
2009 replace l’arrêt de la relaxe du Dr Guéniot
34
« dans son contexte ». Le médecin traitant de Mme
Marsaleix, le Dr Saint-Omer a été condamné pour
s’être volontairement abstenu de porter assistance
à sa patiente décédée d’un cancer.
Quant au Dr Guéniot, « théoricien du Mouvement du
Graal » il avait reçu une fois Mme Marsaleix en consultation, « détenait son dossier médical à son cabinet » et
avait des échanges téléphoniques à son sujet avec le Dr
Saint-Omer. « Le traitement reprenait d’ailleurs point
par point les méthodes thérapeutiques préconisées
par le Dr Guéniot », y compris les produits vétérinaires prescrits ( !!). Le tribunal d’instance avait d’abord
considéré que le Dr Guéniot aurait pu agir. Mais comme
il s’en était abstenu, le tribunal le condamnait. Le Dr
Guéniot faisait alors fait appel. Mais le 17 février 2009, la
cour d’appel prononçait la relaxe du Dr Guéniot. Selon
elle « il est possible » qu’il ait eu « un ascendant sur le
Dr Saint-Omer mais pas au point de faire perdre à ce
dernier son autonomie de médecin traitant ». Rien ne
prouve que le Dr Guéniot « ait collaboré au traitement
au sens du code de déontologie médicale ». N’étant
pas le médecin traitant, « il ne peut se voir reprocher
personnellement d’abstention coupable ».]
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
Scientologie
Le non-lieu pour la Scientologie confirmé en appel
La chambre de l’instruction de la cour
d’appel de Paris a confirmé le 27 mars 2009
un non-lieu en faveur de la Scientologie
dans le dossier qui visait des faits « d’escroquerie, d’extorsion de fonds et d’exercice illégal de la médecine », déclarant
irrecevable l’appel interjeté par l’UNADFI.
La Chambre de l’instruction a également
déclaré irrecevable la constitution de partie civile de l’UNADFI, seule partie civile
de ce dossier ouvert depuis 1989. Les deux
autres parties civiles, des personnes physiques, se sont désistées après avoir trouvé
« un accord » avec la Scientologie.
C’est au terme de 25 années de procédure
que le juge d’instruction Jean-Christophe
Hullin avait rendu, courant octobre 2007,
ce non-lieu estimant qu’il ne résultait pas
de l’information judiciaire « de charge
contre quiconque d’avoir commis les infractions visées ».
Le plaignant à l’origine de la procédure,
Juan Esteban Cordero (décédé depuis),
« un jeune pianiste aux parents fortunés »
avait versé en 1988 plus d’un million de
francs (150.000 euros) à la Scientologie.
Il accusait cette dernière de « conditionnement mental progressif ». Au total, 21
membres de la Scientologie seront mis en
examen dans cette procédure qui aura
connu de nombreuses péripéties dont celle de la disparition d’un tome et demi du
dossier d’instruction de la juge de l’époque, Marie-Paule Moracchini.
(Source : AP, AFP & nouvelobs.com, 27.03.2009)
Procès de la Scientologie pour escroquerie
Le procès s’est ouvert le 25 mai 2009 devant le tribunal correctionnel de Paris.
Il doit s’achever le 17 juin 2009 et le jugement sera mis en délibéré. C’est la première fois
que la Scientologie est renvoyée en correctionnelle pour escroquerie en bande organisée,
rappelait l’avocat des plaignants, Me Olivier Morice.
Outre l’Association Spirituelle de Scientologie (ASES-CC – Celebrity Centre) et sa librairie, la SEL, basées rue Legendre dans le 17e arrondissement de Paris, comparaissent
sept scientologues. Ils font face à trois plaignants : deux ex-adeptes et l’Ordre des
Pharmaciens. En effet, certaines des personnes physiques sont, quant à elles, poursuivies pour « exercice illégal de la pharmacie ». Elles encourent jusqu’à 10 ans de prison
et un million d’euros d’amende. Les personnes morales encourent une amende cinq
fois supérieure et l’Association Spirituelle de Scientologie risque la dissolution en cas
de condamnation.
Ce procès intervient 12 ans après la première plainte d’une adepte dénonçant les pratiques de la Scientologie. Le parquet de Paris avait d’abord requis un non-lieu pour
les prévenus mais le juge d’instruction n’avait pas suivi son analyse, décidant de les
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
35
renvoyer devant le tribunal.
A l’ouverture de l’audience, le ministère public s’est prononcé pour l’admission de
l’UNADFI en tant que partie civile.
(Source : L’Express.fr, Reuters & AFP, 25.05.2009)
CCDH (Scientologie)
Un DVD reçu par des médecins
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins signale dans « Le Bulletin de l’Ordre des
Médecins » de mars 2009 que de nombreux médecins ont reçu une lettre du président de
la Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme (CCDH), une association liée à
la Scientologie. A cette lettre était joint un DVD : « Profits macabres –L’histoire cachée
des drogues psychiatriques » qui défend la thèse « que la maladie mentale n’existe
pas », que ce sont les médecins qui, en donnant des médicaments « la créent ».
La MIVILUDES a été alertée de cet envoi. (Source : Bulletin de l’Ordre des Médecins, mars 2009)
Témoins de Jéhovah
Deux frères aux assises
Le procès s’est ouvert devant la cour d’assises de mineurs à Evreux (Eure). Deux frères,
âgés aujourd’hui de 36 ans et 38 ans, comparaissaient libres pour des viols présumés
sur l’une de leurs sœurs, Claire. Les faits
s’étaient déroulés à Gisors de fin 1988 (alors
qu’elle était âgée de 13 ans) à 1991.
Claire a mis des années avant de pouvoir
porter plainte. A 27 ans, elle accuse son
père et ses frères. Le père reconnaît la
quasi-totalité des faits « en expliquant
que ses cours d’éducation sexuelle ont
fait place à des pulsions incontrôlées ».
Malheureusement, les faits concernant le
père sont prescrits et le juge d’instruction
n’a pu mettre en examen que les deux frères de Claire. Ces deux derniers, « après
avoir plus ou moins reconnu les faits »,
36
contestent désormais les viols, « évoquant
même le consentement de leur sœur » !1
Toute la famille était membre des Témoins
de Jéhovah. Claire a toujours affirmé que
plusieurs membres du mouvement avaient
eu connaissance des faits sans les dénoncer. Selon la jeune fille, le comité judiciaire, un conseil composé d’Anciens Témoins
de Jéhovah, était lui aussi informé. « Sans
ce silence, le père aurait pu être poursuivi à l’époque », observe son avocat, Me
Jean-Philippe Roman.
Quant à la mère de Claire, alertée, elle
avait refusé de dénoncer son mari.
(Source : Le Parisien, Geoffroy Tomasovitch,
25.03.2009)
1 Le pseudo consentement de la victime est un
grand classique dans les affaires de viol.
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
A l’étranger
Le Mouvement Raëlien
Canada/ Sun Media et le Journal de Montréal condamnés
La Cour du Québec a reconnu le journal du groupe Quebecor et Sun Media coupables
« d’intrusion dans la vie privée » et les a condamnés à payer des dommages et intérêts
de 10.000 dollars. En 2003, les journalistes Brigitte Mc Cann et Chantal Poirier avaient
infiltré le Mouvement Raëlien, prenant des centaines de photos clandestinement. Une
série d’articles avaient ensuite été publiés dans « Le Journal de Montréal » et « Le
Journal de Québec ». (Source : www.radio-canada.ca, 11.05.2009)
Scientologie
Belgique/ L’examen du dossier accablant la
Scientologie reporté
Kazakhstan/ Un
caractère commercial
La Chambre du Conseil de Bruxelles a reporté à une date
indéterminée les débats sur le règlement de la procédure
impliquant la Scientologie. En effet, la défense de plusieurs
inculpés a demandé « neuf devoirs d’enquête complémentaire »… L’enquête avait été ouverte en 1997 suite à une
plainte de deux anciens adeptes au Parquet de Bruxelles.
Deux ans plus tard, le juge d’instruction, Jean-Claude Van
Espen ordonnait 25 perquisitions dans différentes associations de l’organisation. Cette action avait conduit le parquet
fédéral à demander en 2007 le renvoi pour des faits « d’escroquerie, d’exercice illégal de la médecine, d’infraction
aux pratiques de commerce et d’organisation criminelle »
de douze personnes physiques et de deux personnes morales : « l’Eglise de Scientologie de Belgique » et le « Bureau
des droits de l’Homme de l’Eglise de Scientologie ».
Le Centre administratif de
la région de Karaganda au
Kazakhstan vient d’interdire
la Scientologie. Le tribunal
a ordonné sa liquidation en
raison de son caractère à
but commercial et lucratif. Il
s’avère en effet que la Scientologie a gagné beaucoup
d’argent au cours des dernières années dans la région.
(Source : RTL.info.be, 12.05.2009)
(Source : www.interfax-religion.com, 16.02.2009, d’après
traduction de « Kazakh court
bans Scientology organization
in Karaganda region »)
USA/ En Floride, Un centre Narconon sur la sellette
En septembre 2008, un homme dépendant à la cocaïne, Pablo Mendoza, a suivi un traitement
de désintoxication au Centre Narconon (lié à la Scientologie) de Newport Beach situé en
Floride. Le frère de Pablo, Adonis Mendoza, avait versé la somme de 29.000 dollars pour ce
traitement. Or, il s’est avéré qu’en guise de traitement, Pablo a été agressé, forcé à prendre
des pilules « indéterminées » qui l’ont rendu malade, et contraint à nettoyer la vaisselle. Il a
en outre été agressé sexuellement. Enfin, les représentants Narconon ont refusé de le laisser
utiliser le téléphone. Pour éviter un procès, Narconon a préféré rembourser intégralement
Adonis Mendoza. (Source : D’après traduction de « Narconon settles lawsuit with full refund »,
Daily Pilot, Brianna Bailey, 13.03.2009)
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
37
USA/ Laura Decrescenzo a déposé plainte contre la Scientologie
Jonny Jacobsen, un journaliste écossais basé
à Paris prépare actuellement un ouvrage sur
la Scientologie. Sur son site internet, il présente des témoignages d’anciens membres et
notamment de ceux qui ont déposé plainte
pour des faits de violence et d’abus qui se
sont déroulés en Californie (à l’International
Base) : Laura Decrescenzo se trouve dans ce
cas, rejoignant ainsi Claire Headley et son
mari Marc Headley qui avaient déposé plainte
auparavant. Un procureur, Barry Van Sickle,
s’occupe des trois plaignants. Le procès de
Laura Decrescenzo a eu lieu devant les tribunaux de Los Angeles le 2 avril 2009. Les parents de Laura sont scientologues. Elle a donc
grandi au sein du mouvement et travaillait dès
l’âge de 9 ans pour la Scientologie. En 1991,
à l’âge de 12 ans, elle a quitté sa famille au
Nouveau Mexique pour rejoindre Los Angeles.
Après avoir signé un contrat de travail d’un
milliard d’années ( !), elle a travaillé jusqu’en
2004 dans le corps d’élite de la Scientologie,
la Sea Org. Mariée à l’âge de 16 ans, elle est
tombée enceinte à 17 ans. Mais avoir des enfants était contre « les diktats de la haute
direction » et elle a été obligée d’avorter. Déterminée à quitter la Scientologie à tout prix,
Laura a ingurgité de l’eau de javel pour se
faire passer pour « suicidaire ». Elle a pu quitter la Scientologie tout en étant contrainte
de signer une série de documents mettant en
évidence ses soi-disant « crimes » et révélant
des informations « confidentielles » la concernant. Laura est censée devoir 120.000 dollars pour la « formation » qu’elle a reçue de
la Scientologie depuis l’âge de 12 ans. Outre
la menace d’utiliser des informations confidentielles, ce qui s’appelle du « chantage »,
retenons la violation des droits du travail en
Californie puisqu’aucun salaire n’était versé
aux employés, puis enfin l’obligation d’avorter. Les différentes plaintes, coordonnées par
le procureur mentionné ci-dessus, Barry Van
Sickle, mettent différents éléments en exergue. Parmi eux : les contrôles effectués sur
les employés de la Scientologie à l’aide de
l’électromètre (qualifié de détecteur de mensonge primitif) et qui constituent une atteinte
aux lois fédérales de l’Etat ainsi qu’une grave
atteinte à la vie privée. De plus, selon Claire
Headley, devoir avorter est une pratique courante. Elle a eu connaissance d’une vingtaine
de cas d’avortements forcés…
(Source : Traduction d’après http://infinitecomplacency.blogspot.com/2009/04/14-laura-decrescenzos-lawsuit.html)
Grande Bretagne/ « Protection juridique » pour la Scientologie
Le « Crown Prosecution Service » (CPS) a décidé que toute personne qui s’attaque à
la Scientologie peut être poursuivie en vertu des lois sur la « faith hate » (haine de
la foi). Cette décision devrait sans nul doute encourager l’organisation scientologue
à faire pression pour sa reconnaissance officielle en Grande-Bretagne. Elle fait suite à
l’arrestation, lors d’une manifestation devant le siège londonien de la Scientologie, du
jeune homme âgé de 15 ans, interpellé pour avoir dit que la Scientologie était « une
secte dangereuse ». Rappelons qu’en juillet 1968 lors d’une séance au Parlement, un
ministre du gouvernement avait décrit la Scientologie comme une organisation qui est
une « menace potentielle pour les personnes » !...
(Source : http://www.dailymail.co.uk/news/article-1160263/CPS-gives-Scientologists-legal-protection-mainstream-religions.html, 07.03.2009)
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BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
Solidarité et Progrès
Conférence de Wiesbaden
Le 27 mars 2009, date du 6ème anniversaire de la mort de Jeremiah Duggan, ses
parents, Erica et Hugo Duggan ont organisé une conférence publique à Wiesbaden,
ville du siège du Schiller Institute, créé
par Lyndon Larouche et sa femme Helga
Zepp-Larouche. La famille Duggan voit
toujours bloquée sa demande d’ouverture d’une nouvelle enquête sur la mort
de Jeremiah.
Cette conférence a rassemblé d’anciens
membres du mouvement, qui ont pu ainsi
apporter leur témoignage sur les méthodes d’endoctrinement du mouvement.
Il a été rappelé que la dernière conférence
organisée par le Schiller Institute a eu lieu
à Russelsheim, non loin de Wiesbaden, le
17 février 2009 et que ces manifestations
« larouchistes » sont l’occasion, à chaque
fois, de faire de nouvelles recrues.
[Le procureur général, malgré ses promesses, a
refusé d’ouvrir une nouvelle enquête qui aurait
permis de recueillir des informations concernant
la mort de Jeremiah Duggan auprès des autorités
allemandes. Rappelons que Jeremiah Duggan venu
assister, le 27 mars 2003, à une conférence « pacifiste » à Wiesbaden en Allemagne, organisée par
l’Institut Schiller [lié aux mouvements Solidarité
et Progrès et au Parti Ouvrier Européen (POE)]
mourait mystérieusement. Sans relâche la famille
de Jeremiah demande la réouverture de l’enquête
pour connaître la vérité. http://justiceforjeremiahcampaignupdate.blogspot.com/
Pour plus d’informations, consulter le site :
http://www.unadfi.com/spip.php?rubrique61]
Témoins de Jéhovah
Autriche/ Deux jugements de la Cour Européenne des Droits de l’Homme
Le Ministère de l’Education et des Cultes annonce que le mouvement des Témoins de Jéhovah
vient d’obtenir le statut officiel de religion en Autriche, suite à un jugement de la Cour européenne des droits de l’homme. Un autre jugement concerne trois membres des Témoins de
Jéhovah qui devront être libérés de leur obligation de service militaire et de service civil « en
raison de leur statut religieux » suite encore à une décision de cette même Cour européenne
des droits de l’homme. Plus de 21.000 Témoins de Jéhovah vivent en Autriche.
(Source : « bonnenouvelle.ch », 30.03.2009 & AFP, 07.05.2009)
Irlande/ Des Témoins de Jéhovah acceptent secrètement des transfusions
Selon un hématologue, le Dr Emer Lawlor,
les choses sont en train de changer et certains adeptes seraient enclins à accepter des
transfusions sanguines à condition que cela
demeure confidentiel. Selon le médecin,
il existerait une faction du mouvement qui
contesterait l’interdiction de la transfusion.
Dans certains cas, notamment l’obstétrique,
la transfusion reste la seule alternative.
(Source : Traduction d’après « Jehovah Witnesses
likely to accept transfusions confidentially », Irish
Medical News, Lloyd, 22.04.2009)
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
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Tvind Humana
Danemark/ Condamnation du porte-parole
La Cour d’appel de Aarhus a condamné le 20 janvier 2009, Poul Jörgensen, le porte-parole de Tvind-Humana à deux ans et demi de prison au motif principal de détournement
de fonds. Reste pour lui la possibilité de faire appel à la Cour Suprême.
(Source : Politiken, 21.01.2009, traduction du danois par Jacques Richard)
A lire pour sur Tvind-Humana : Bulles n°94 p.8, ainsi que « Un empire corrompu sous couvert de charité »
sur http://www.prevensectes.com/rev0404.htm#1 et le site critique en anglais : http://www.tvindalert.com.
Divers
Médecine Ayurvédique
Belgique/ Un guérisseur condamné pour empoisonnement
Ragubir K., un « maître de l’ayurveda » vient de se voir condamner par le tribunal correctionnel d’Anvers à trois mois de prison avec sursis et 16.500 euros d’amende pour « empoisonnement involontaire » de plusieurs « patients ». Il leur avait prescrit des pilules qui
contenaient une trop forte concentration de plomb. L’une des patientes qui avait pris quatre
pilules par jour a été ensuite incapable de travailler durant quatre mois, souffrant de douleurs au dos, au bassin et à la nuque, de crampes à l’estomac et de douleurs musculaires.
Le guérisseur a été condamné à payer 4.243 euros de dédommagement à cette patiente. Six
autres victimes souffrant des mêmes symptômes se sont fait connaître auprès de l’Agence
fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire. (Source : 7sur7.be, 21.04.2009)
Ministère de l’Evangile
Le pasteur mis en examen et écroué
Marcel Kouamenan, pasteur pentecôtiste,
fondateur du Ministère de l’Evangile, a été
mis en examen et placé en détention provisoire « pour abus de confiance et abus de
faiblesse ». D’origine ivoirienne, il a créé
plusieurs « assemblées » en Europe, plus
deux « églises » en Guadeloupe, deux en
Martinique et une en Guyane. Il a été interpellé en Guadeloupe avec huit autres membres de son mouvement, dont son épouse.
La Direction centrale de la police judiciaire
40
(DCPJ), rattachée au Ministère de l’Intérieur,
en collaboration avec le Groupe d’Intervention Régional (GIR) avait organisé cette opération suite à la plainte d’une femme dont
la fille avait été « spoliée » par le pasteur.
Les enquêteurs estiment le préjudice déjà
établi à 800.000 euros. Il est en outre reproché au pasteur « d’avoir usé de pratiques
psychologiques d’endoctrinement ».
(Source : www.continentalnews.fr, 05.04.2009)
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
Nouvelles des Adfi
ADFI Midi-Pyrénées
Le 21 avril 2009, l’ADFI Midi-Pyrénées intervenait à Villefranche de Rouergue
(Aveyron) à l’invitation de la section locale de La Ligue des Droits de l’Homme.
En collaboration avec La Ligue, trois interventions se sont successivement déroulées :
deux destinées aux élèves de terminale dans deux lycées de la ville, puis, en soirée,
une destinée aux adultes. Ces interventions ont sensibilisé les différents publics aux
dangers sectaires et elles ont permis de toucher quelque 120 personnes. Le succès de
cette journée a conduit à un engagement mutuel à renouveler l’expérience.
(Source : ADFI Midi-Pyrénées, 23.04.2009)
Le 18 mai 2009, le président de l’ADFI Midi-Pyrénées a diffusé largement auprès
des personnalités locales un communiqué intitulé « Réaction citoyenne » dans
lequel il relaie les appels de nombreux citoyens toulousains pour s’étonner que, dans le
cadre d’une « éco-foire citoyenne et décomplexée » consacrée à la promotion du développement durable, des participants fortement controversés aient été présents. Ainsi une
organisation épinglée dans différents rapports parlementaires sur les sectes avait réussi à
s’introduire dans cette manifestation où il était fait également la « promotion » de pratiques problématiques et de « mystérieuses techniques énergétiques »…
Le 6 juin 2009, l’Assemblée Générale de l’Union des Associations Familiales
de la Haute Garonne a décerné à l’ADFI Midi-Pyrénées la médaille UDAF31
« pour son engagement dans le mouvement associatif ». L’ADFI Midi-Pyrénées a été fort
honorée.
ADFI Nantes
Infiltration dans une manifestation commerciale
La Scientologie avait loué un stand à la Foire Internationale de Nantes, sous le couvert
de sa librairie, la S.E.L. (Scientologie espace liberté). Celle-ci vendait un seul et unique
ouvrage, la Dianétique de Ron Hubbard et proposait des tests gratuits pour mesurer le
stress ! Des exposants ont réagi auprès de la direction. Divers médias ont relayé l’infor-
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
41
mation et Dominique Hubert, présidente de l’ADFI Nantes, sollicitée pour s’exprimer, a
ainsi pu mettre le public en garde.
(Source : Ouest-France, 24.05.2009)
ADFI Nord Pas-de-Calais Picardie
Le 28 mars 2009, L’Assemblée Générale de l’ADFI Nord Pas-de-Calais Picardie
se déroulait à Lille. A l’issue de cette Assemblée, la présidente de l’AFSI (Association
Française des Faux Souvenirs Induits), Claude Delpech, a donné une conférence.
Rappelons que l’AFSI a été créée en juillet 2005 et que la MIVILUDES présentait l’association dans son rapport 2007. En septembre 2008, Claude Delpech était auditionnée
par la « Commission d’enquête parlementaire relative à l’influence des mouvements
à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et
mentale des mineurs ». En outre son passage à l’émission « Les Infiltrés » a permis à de
nombreuses familles de trouver une association qui les aide.
La conférence aura permis d’expliquer ce qu’est le « syndrome des faux souvenirs induits » avec tout le processus au cours duquel des jeunes femmes (en général) victimes
de pseudo-thérapeutes accusent leurs parents ou des proches d’avoir commis des abus
sexuels à leur encontre dans leur prime enfance.
42
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
à signaler
STOFFEN Alain, Voyage au cœur de la Scientologie, Editions Privé, 2009
Récit qui fait œuvre de thérapie selon le pianiste, Alain Stoffen. Au fil de quelque
280 pages, il retranscrit son expérience de 15 années passées dans l’organisation
française de la Scientologie. Approché par une école de musique « qui prétendait travailler
sur des méthodes propres à Chick Corea », pianiste qu’il admirait tout particulièrement,
il ignorait alors que cette école n’était autre qu’une cellule de recrutement. Embrigadé,
Alain Stoffen est contraint de débourser de plus en plus d’argent, le nerf de la guerre dans
cette organisation bien rodée qui annihile chez lui tout libre arbitre et tout sens critique. Il
n’a qu’une obsession, celle d’accéder à l’état de « clair », le passage obligé en Scientologie qui lui permettra de « chasser ses peurs, ses anxiétés et ses pensées irrationnelles »...
L’auteur évoque aussi des aspects moins connus du public en décrivant brièvement une
entreprise de services en informatique dans laquelle un poste est offert à son épouse. Cette
société compte parmi ses dirigeants un certain nombre de scientologues de haut niveau
qui, contrairement à Alain Stoffen et à beaucoup d’adeptes, « vivent tous très confortablement » et génèrent tellement d’argent que, pour eux, accéder au niveau ultime de la
Scientologie « est un jeu d’enfant ». Par la suite, la situation se dégrade peu à peu pour
Alain Stoffen et son mariage bat de l’aile et pour cause ! Un jour il se trouve par hasard
en possession d’un dossier confidentiel qui le concerne. Il constate alors avec effroi que la
Scientologie s’est immiscée dans sa vie intime et que son épouse n’a cessé d’adresser des
« rapports de délation » à son sujet. La mécanique à rebours s’enclenche et Alain Stoffen
quitte la Scientologie. En 2001, il porte plainte.
COQUANT Jean-Pierre, Aliénation et prises de conscience, 2009
L’ouvrage décrit comment l’organisation des Témoins de Jéhovah siégeant à
New York est arrivée « à faire abstraction du facteur humain ».
Pour toute information sur cet ouvrage, s’adresser à : ADFI Nord Pas de Calais Picardie.
Téléphone : 03 20 57 26 77.
La Lettre bimestrielle de la MIVILUDES, avril 2009
Avec une fréquence bimestrielle calquée sur le rythme des réunions du Comité exécutif de pilotage opérationnel et du Conseil d’Orientation, la MIVILUDES publiera une
information sur ses activités. Destinée autant aux pouvoirs publics nationaux et locaux,
qu’aux associations et à l’ensemble de nos concitoyens, elle se veut brève et synthétique, offrant un éclairage sur son activité. Elle est consultable sur son site internet :
http://www.miviludes.gouv.fr
BulleS - N°102 - 2ème trimestre 2009
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Associations membres de l’UNADFI
Vous pouvez soutenir notre action en adhérant à l’ADFI de votre région
ADFI Alpes Maritimes : L’adriatic - 81, rue de France - 06000 Nice
adfi ALSACE : ourrier, Maison des Associations - 1A, rue des Orphelins - 67000 Strasbourg
ADFI aube : 8, rue de la Mission - BP 103 - 10003 Troyes Cedex
adfi aude : Rue Jacques de Vaucanson - BP 1022 - 11850 Carcassonne Cedex 9
adfi 63 AUVERGNE : Maison des asso - 2, boulevard Trudaine - 63000 Clermont-Ferrand
adfi bordeaux : 31, rue de Cursol - 33000 Bordeaux
Ant. Périgueux : Maison dép. de la vie sociale - 2, Cour Fénelon, 24000 Périgueux
adfi Bretagne sud : C/O UDAF - 2, rue du Professeur Mazé - 56100 Lorient
adfi Champagne ardenne sud lorraine : BP 108 - 52103 St Dizier Cedex
adfi gard : BP 93083 - 30703 Uzes Cedex
Adfi haute bretagne - mayenne : BP 10421 - 35003 Rennes Cedex
adfi hérault : 85, rue Passereaux - 34000 Montpellier
adfi loire : 25, rue Gouttebarge - 42000 St Étienne
adfi lot & garonne : BP 80146 - 47004 Agen Cedex
adfi lyon : Palais de la mutualité - 1bis, place Antonin Jutard - 69003 Lyon
Ant. Dijon : Maison des associations - 2, rue des Corroyeurs - Boîte U3 - 21000 Dijon
adfi martinique : Cité bon Air - Route des Religieuses - 97200 Fort de France Cedex
adfi midi-pyrénées : 57, rue Bayard - 31000 Toulouse
Ant. Tarn - Aveyron : Place de l’Église - 81100 Burlats
adfi nantes : BP 88723 - 44187 Nantes Cedex 4
Ant. Maine et Loire : 9, rue Chateau d’Orgemont - 49100 Angers
Ant. La Rochelle : 13, rue Jean-Baptiste Charcot - 17000 La Rochelle
adfi nord pas de calais - picardie : 19, place Sébastopol - 59800 Lille
adfi normandie : 92, rue du Général Moulin - BP 6298 - 14067 Caen Cedex
Ant. Haute Normandie : Maison des associations - 11, avenue Pasteur - 76000 Rouen
adfi Paris : 130, rue de Clignancourt - 75018 Paris
ADFI Poitou : UDAF - 24, rue de la Garenne - 86000 Poitiers
adfi provence : Le Ligourès - Place Romée de Villeneuve - 13090 Aix-en-Provence
adfi pyrénées atlantiques : Villa Ducontenia - 12, av. Ithurralde - 64500 St Jean de Luz
Ant. Pau : 3, rue Léon Daran - 64000 Pau
adfi pyrénées orientales : UDAF - rue Déodat de Severac - 66000 Perpignan
adfi sarthe : UDAF - 67, boulevard Winston Churchill - 72019 Le Mans Cedex 2
adfi deux savoie - isère : Maison des asso. - 67, rue St François de Sales - 73000 Chambéry
adfi touraine : 9, rue Chanoine Dalmas - 37000 Tours
Ant.Loiret : 1, Cloître St Pierre Le Puellier - 45000 Orléans
adfi yvelines : Maison de la Famille - 14, rue du Parc de Clagny - 78000 Versailles
sofi : UDAF - 3, av. Charles de Gaulles - 94470 Boissy Saint léger
ème
BulleSBulleS- N°102
- N°102- 2-ème 2trimestre
trimestre
20092009
04 93 82 34 81
06 12 40 87 47
06 78 07 46 27
04 68 47 72 00
04 73 90 03 69
05 56 52 15 04
05 56 52 15 04
02 97 87 59 00
03 25 05 78 26
04 66 22 27 93
02 23 48 27 67
04 67 79 70 68
04 77 38 99 07
05 53 69 37 75
04 78 62 33 49
03 80 41 80 65
05 96 71 67 07
05 34 41 44 95
05 63 51 64 48
02 51 88 95 20
02 41 87 44 03
05 46 52 28 95
03 20 57 26 77
02 31 74 48 48
06 33 85 35 06
01 44 92 30 14
05 49 37 37 18
04 42 17 97 96
05 59 43 72 26
05 59 98 02 01
04 68 52 74 22
02 43 61 48 11
04 79 33 96 14
02 47 38 32 48
02 38 42 79 30
01 39 50 85 67
06 87 57 02 09
44
BulleS
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prétextes pour abandonner les individus sans information
et sans défense à des organisations spécialisées dans la
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