Au Lapin agile où débutait Nougaro

Dépêche du Midi
Au Lapin agile
où débutait Nougaro
Il ne le montre jamais mais il y a quand même un
petit peu d’émotion dans la voix de Claude
Nougaro quand il vous rappelle ses débuts sur
scène. Et notamment quand il parle de toutes ces
chansons du début du siècle dernier que l’on
égrenait sur la scène du lapin Agile, à Paris. “Des
chansons admirables, dit-il, poètiques aussi.
Touchantes, pures, vraies. Alors que maintenant,
il y a beaucoup de cuisiniers qui font la cuisine à
la mode, des chansons immédiatement jetables.”
Cette époque, c’est en 1955. L’année où, pour la
première fois, Claude Nougaro ouvrait la porte de
ce lieu que fréquentait son père Pierre, le chanteur d’opéra. “J’écris des poèmes et comme mon
père m’avait dit qu’au Lapin Agile, on écoutait
encore la poésie, j’ai eu l’idée de me présenter”.
Et c’est là, trois ans après y avoir récité des poèmes, que le chanteur toulousain commençait à
chanter ses propres oeuvres. C’est là encore,
dans cette “France de Jean-Roger caussimon, de
Bruant, de Carco, de Paulo, d’Yvonne Darle...”,
qu’il a tenu à recevoir bien plus tard la médaille de
l’Ordre national du mérite. Une belle occasion
pour lui de s’y offrir à nouveau un brin de poésie
(“J’ai choisi le Lapin”) et de chanson(“Le plus
vieux des vagabonds”) que l’on peut aujourd’hui
retrouver dans un coffret. Une véritable merveille!
Soit quatre albums rassemblant tous les souvenirs du Lapin agile enregistrés “en live” comme on
dit aujourd’hui. Avec, outre les voix citées ci-dessus, celles, alors débutantes elles aussi, de Rina
Ketty, de Pierre Brasseur, de Jack Mirois (“Le
patois de chez nous”), d’Yves Mathieu (“La
Garonne”) et de tant d’autres... Avec, en prime
également, un livret de 36 pages pour nous faire
mieux connaitre encore le doyen des cabarets de
Montmartre.
Bernard Lescure