Quand la commune se dotait d`un camion tribenne…

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Quand la commune se dotait d`un camion tribenne…
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Quand la commune se dotait d’un camion tribennes…
De ce temps 1978, la commune comptait moins de
deux fois notre population actuelle…C’était dire que ce village est depuis lors devenu tout
bonnement une petite ville suburbaine mais toutefois où il fait bon vivre. La problématique
municipale principale d’alors consistait à résoudre par de soi-même et avec son propre personnel, la
conduite des travaux intéressant toute la vaste domanialité communale. En particulier, les travaux
d’entretien de la voirie communale rurale relevant de sa compétence. Mais aussi, toute intervention
collective impliquant l’utilisation de la pelle mécanique propriété de l’Association Foncière de
Remembrement. Elle se trouvait mise à la disposition de la commune pour effectuer quelques
travaux d’importance sur les voies, chemins, talus et fossés bien déformés et mal en point : La
municipalité, selon la proposition émise par l’adjoint au maire chargé de la vicinalité, décida de
proposer au Conseil Municipal le principe d’acquérir un camion multi fonctionnel, de façon à ce
qu’il soit polyvalent, multi usages pour les travaux de voirie notamment et transport de matériels et
matériaux lourds. Un garagiste de Beaumont ayant alors connaissance qu’un de ses collègues
domicilié à Moirans, disposait d’un tel camion à la vente et susceptible de convenir parfaitement à
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la commune ayant ciblé de préférence un achat d’occasion. En effet, les finances de la
municipalité ne permettaient pas d’acheter un camion neuf. Alors, une délégation d’élus et
d’employés se déplaçait à Moirans en Isère pour visiter en détails ce camion dont il était dit tant de
bien et vanté les caractéristiques techniques de premier ordre.
Tel que l’avait préconisé le surveillant de travaux
de la commune, il s’agissait d’un camion tribennes de la marque « Man ». C'est-à-dire disposant
d’un mécanisme spécial hydraulique pouvant faire se baisser la belle tantôt du côté gauche, tantôt
du côté droit et aussi sur l’arrière, d’où cette dénomination bizarre mais réaliste. Je devais moimême conduire l’agent communal dans l’établissement concerné pour prendre possession de cette
acquisition, puisque l’achat avait été confirmé par le Conseil Municipal ayant émis un avis
favorable. Du reste, ce fut un camion sur le devant duquel, le maire sollicita que soit installé un
dispositif de fixation d’une étrave de chasse-neige. Ce qui fut accompli et donna entière satisfaction
pour plusieurs utilités compatibles : Les travaux d’entretien de la voirie communale en toutes
saisons ; Des travaux de goudronnage, ce qui s’accomplissait lors de tous les étés venus. En effet,
de ce temps, l’équipe des employés communaux était alors mobilisée pour cette opération lourde,
prenante et fastidieuse mais tellement utile et attendue par les usagers y portant intérêt surtout à la
sortie de l’hiver. Cependant, la commune la voulait non concédée à une entreprise privée mais
complètement maîtrisée par les élus locaux, avec la précieuse collaboration des employés
municipaux eux-mêmes, compétents, motivés pour accomplir de tels travaux salissants, fatigants et
même éreintants par temps caniculaire.
Certes, c’était le temps pendant lequel
l’administration municipale voulait minimiser les coûts d’exploitation généraux. Tout en réalisant
que : les travaux, menés à leur terme selon nos propres moyens représentaient non pas une
autosuffisance complète mais surtout une maîtrise complète et parfaite des coûts généraux devant
rester raisonnables et minimaux. Il en allait ainsi pour le creusement des sépultures au cimetière
communal. Ce camion tribennes était couramment utilisé et tous les jours se faisant. Il était aussi un
élément de fierté pour les employés communaux heureux d’être bien équipés. Pourtant, ce fut un
véhicule destiné à être continuellement stationné aux quatre vents parce que la commune ne
disposait alors pas de local technique pouvant abriter un tel véhicule lourd. Autre époque. Autre
nécessité d’investissement. Puisque ce camion devait perdre de l’intérêt au fil des années le voyant
devenir inévitablement dépassé et obsolète…Moins utilisé selon l’idée qui avait présidé à son achat.
En effet, était venu le temps de la concession de tous ces travaux, ramassage des ordures
ménagères, travaux d’entretien des voies communales, creusement des concessions au cimetière.
Cette décision entraînant de fait une perte presque totale de maîtrise de l’initiative et des coûts
devenant extrêmement élevés et même exponentiels auprès de sociétés ne demandant qu’à faire des
profits.
Ce fut de ce temps pendant lequel toute notion
d’intercommunalité n’était pas encore d’actualité. Puisque de nos jours aussi, une récente
comparaison des effectifs des employés des services techniques de la commune, par rapport à celui
d’alors, prouve qu’il est devenu cinq fois plus important qu’aujourd’hui. Etant entendu aussi que la
municipalisation des services dont il a été parlé ci-dessus n’est plus effective. Il s’agit d’une
évolution, une dérive certes que tous les villages de notre strate de population ont connues. Peut-on
aller pour autant à contre-courant de l’évolution des choses ?... Certes pas !... Mais à tout le moins
considérer que le personnel du service technique d’alors était polyvalent et opérationnel telle une
équipe très unie et solidaire et n’hésitant pas à entreprendre des travaux structurants et importants,
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ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Trente trois années après, les employés communaux de
Beaumont-lès-Valence, dans leur ensemble, procèdent à des menus travaux de faible importance
liés spécialement à l’entretien de l’existant et pas plus. C’était aussi de ce temps pendant lequel
Beaumont était un petit village mais devenu depuis une petite ville suburbaine. Toute la différence
démontrant une actualité voyant, en conséquence, la commune aujourd’hui ne pas posséder un tel
véhicule. Certainement parce que les salariés ne sont pas formés pour entreprendre les travaux tels
que ceux d’alors. La raison évidente de ne pas les doter en conséquence de tels outils dont se
trouvent possesseurs les entreprises privées travaillant pour les communes mais leur facturant ces
travaux là et à coûts importants. Parce que ce fut alors un événement d’importance à haute
résonance communale…
Quand la commune se dotait d’un camion tribennes…
Jean d’Orfeuille