Matériel - Pratique des Arts

Transcription

Matériel - Pratique des Arts
Thierry Crignon
François Perego
peinture à l’huile
RECETTE MAISON
Matériel
Munissez-vous de votre
matériel de peinture habituel :
papier, tubes d’huile, pinceaux
et couteaux. Procurez-vous
également des plaques de
verre propres. Pour certains
essais, faites preuve de
patience : le temps est votre
meilleur allié pour répondre
à certaines questions !
Test pour les
plus patients
LA TENUE LUMIÈRE
Guide pratique n° 77
À DÉCOUPER SELON LES POINTILLÉS
Testez votre
Si elle est trop faible pour
l’éclairage que reçoit le
tableau, les couleurs risquent
de se modifier avec le temps.
Pour tester la tenue lumière
de vos couleurs, faites
l’expérience suivante : après
avoir dispersé des pigments
dans un liant acrylique (qui
ne fait pas écran aux UV), j’ai
appliqué mes couleurs sur
toute la surface d’une feuille
et découpé un rectangle-test
dans chacune d’entre elles.
J’ai exposé ces tests derrière
une fenêtre exposée au sud,
en gardant à l’abri de la
lumière le reste de la feuille.
Le résultat après six ans de
vieillissement est éloquent !
Le carmin véritable a
complètement pâli.
Le rouge de DPP (PR264) n’a
pas bougé. Il s’agit d’un
pigment moderne.
À quoi reconnaît-on une huile de qualité ? Quelles sont ses principales caractéristiques ?
Vitesse de séchage, transparence, pouvoir colorant… Voici toutes les astuces pour tester
vos couleurs et choisir ainsi vos produits en toute connaissance de cause.
LA PRISE D’HUILE
C’est la quantité d’huile nécessaire
pour former, avec 100 g de pigment,
une pâte ferme mais suffisamment
plastique. Trop d’huile et la pâte
sera plus fluide.
Lorsque nous pressons un tube
de peinture, il arrive qu’un peu
d’huile (le liant) s’écoule avant
la pâte elle-même. Ceci est tout à fait
normal si le tube est neuf et avec
certaines couleurs « difficiles ». Si la remontée est très importante, c’est que le fabricant n’a pas suivi le processus normal
de fabrication, qui exige de ne pas utiliser trop d’huile et de laisser décanter la préparation pendant plusieurs mois afin de
permettre à l’excès de liant de remonter. Ce procédé coûtant cher, le fabricant peut être tenté de mettre trop rapidement
la peinture en tube, ou d’ajouter un gélifiant qui interdit à l’huile excédentaire de se séparer de la peinture. Démarche
néfaste quand on sait qu’un excès d’huile est préjudiciable à la tenue de la peinture dans le temps.
LA CONSISTANCE
Le test permet de déceler la différence
de consistance entre couleurs et entre
marques. Une pâte est plus ou moins
ferme, fluide, filante, crémeuse, voire
butyreuse (ayant la consistance du
beurre). Autant de qualificatifs pour
désigner les caractères d’écoulement
d’une peinture en pâte.
Sur une feuille, je pose une noisette
des couleurs suivantes : jaune oxyde
transparent, ocre de ru, blanc de
Cremnitz (un blanc de plomb de très belle qualité) et une peinture à base de pigment organique orange très chargée.
J’appuie légèrement sur chaque couleur avec un couteau que je retire rapidement, provoquant ainsi des petits pics
dans la pâte. On observe que certaines pâtes conservent la forme donnée par le couteau, et que d’autres retombent
ou s’arrondissent.
LA GRANULOMÉTRIE
Elle mesure et quantifie la dimension
des grains d’une poudre, ici des
particules de pigment. Elle a
des conséquences directes sur
la consistance, la prise d’huile et
les caractéristiques mécaniques
et optiques du film sec.
Je pose du noir de lampe et du noir
d’ivoire. L’aspect de ces deux couleurs
très différent. Celui du noir de lampe
(à gauche) est lisse (le pigment est constitué de particules extrêmement fines), alors que la pâte de noir d’ivoire (à droite)
montre une nette granulosité (d’ailleurs, cette dernière crisse sous le couteau). Ceci n’est pas forcément un défaut :
considérons cela comme une caractéristique.
Pratique des Arts n° 77 / Décembre 2007-Janvier 2008
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Par Sandrine Panossian-Kahn. Photos : Thierry Mercier.
TEINTE ET SATURATION
La couleur regroupe les notions
de teinte, de clarté et de saturation
(pureté). Ainsi, un rouge de cadmium
pourpre a non seulement une teinte
différente d’un rouge de cadmium
moyen, mais il est plus foncé et moins
saturé. Pour des couleurs proches,
il est parfois difficile de distinguer
les différences; ce test permet de
les faire apparaître.
sur une plaque de verre trois couleurs à base
J’observe ces trois teintes par transparence en tenant
1Deuxd’Jeopose
xyde de fer : deux naturelles et une synthétique.
2
les plaques de verre à contre-jour. Les différences
de ces couleurs semblent identiques. Je les recouvre
apparaissent alors clairement.
avec une autre plaque afin de bien les étaler.
LE POUVOIR COLORANT
LA SICCATIVITÉ
C’est la capacité d’un pigment ou d’un colorant
à communiquer sa teinte à un mélange.
C’est l’aptitude d’une peinture à l’huile ou alkyde à sécher rapidement.
1deuxJedechoisis
mélanger
couleurs de
qualités différentes
(étude et extrafine)
de la même
marque et
composées du
même pigment
(rouge de
quinacridonne
PR122) avec une
quantité identique
de blanc.
La différence
2colorant
de pouvoir
entre
ces deux peintures
est flagrante.
La couleur étude
donne le mélange
le plus clair
(car elle contient
beaucoup moins
de pigment
que l’extrafine).
Voici deux oxydes de fer jaunes transparents de marques différentes : je les applique
en couche régulière et de même épaisseur. Après quelques jours, le plus foncé n’est
pas sec tandis que sur l’autre s’est formé un film.
?
Thierry Crignon : Pourquoi une peinture est-elle plus siccative qu’une
autre ? Est-ce à cause du liant, du pigment ou du support ?
François Perego : Sur un support non absorbant, la siccativité de la peinture
est fonction de la nature de l’huile et du pigment utilisés pour sa fabrication.
L’huile de lin sèche plus vite que celles d’œillette ou de carthame. Quant aux
pigments, ceux au cobalt, le blanc de plomb et les terres d’ombre véritables,
par exemple, sèchent vite, alors que le bleu d’outremer, les laques d’alizarine
et les pigments de cadmium sèchent lentement. Si le support est absorbant,
il pompe une partie de l’huile et de ce fait le film sèche plus vite (tout
au moins en surface…). Sinon, la nature des supports courants n’a aucune
incidence sur la vitesse de siccativation.
LA TRANSPARENCE
C’est la capacité d’une peinture à laisser
percevoir le support. Une couleur très
foncée ne montrera sa transparence qu’en
dégradé ou en couche très fine, tandis
qu’une couleur très claire la révélera sur
fond noir. La transparence d’une couleur
est indiquée sur le tube par un symbole
ou une lettre propre au fabricant, mais
l’estimation n’est pas toujours fiable.
J’applique 3 couleurs différentes sur un papier clair :
1 elles
laissent transparaître le support.
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Pratique des Arts n° 77 / Décembre 2007-Janvier 2008
sur un fond noir, nous ne les distinguons plus :
2parcePosées
elle sont bien transparentes. Nous ne les percevons que
qu’elles sont posées en épaisseur.