Textes exposition Memory Lab III – Traces FR

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Textes exposition Memory Lab III – Traces FR
Tania Boukal
Née en 1976 en Autriche, vit et travaille à Vienne, Autriche
www.boukal.at
Dans nos régions, nous associons volontairement la laine ou le tricot au bien-être, à la chaleur que
fournit un environnement protégé.
La tapisserie est présente dans nos sociétés depuis l’antiquité, on en garnissait les murs, pas seulement
pour qu’elle nous préserve du froid et du bruit, mais aussi pour documenter ou éduquer moralement
ses habitants. Alors que les tapisseries du Moyen Age mettaient fréquemment en image le paradis, les
œuvres de Tanja Boukal renvoient à la réalité des immigrants quand ils se décident de venir s’installer
chez nous et se retrouvent dans ce qui est bien souvent tout le contraire d’un environnement
paradisiaque. Les images montrent des êtres qui vivent en marge de la société. Ils luttent pour
préserver leur dignité, aspirent à une vie meilleure pour eux-mêmes ou leur famille et se résignent, en
échange, à la prostitution ou la haine de l’étranger.
Tania Boukal
All that Glitter and Gold series, 2010
Knitted fabric on frame
Memory Lab III - Traces I 25.04.2015-05.07.2015 I
Mois Européen de la Photographie I Cercle Cité
I 1 I
Jonathan Olley
Né en 1967 au Royaume-Uni, vit et travaille à Londres, Royaume-Uni
www.jonathanolley.com
Le travail photographique de Jonathan Olley relève de la photographie documentaire.
Olley donne à voir la réalité, présente les choses telles qu’elles sont.
Bien qu’il soit en mesure d’aller au-delà de la pure photographie de reportage
à travers le choix du motif et de son regard personnel, il devient évident que son approche
esthétique est particulière. Olley considère toujours aussi la topographie; son travail s’inscrit dans
le temps, étant donné qu’il explore le contexte tant historique, social et culturel des endroits ou
environnements qu’il a choisis.
La Forêt interdite (2009) expose les effets à long terme de la guerre. Les images montrent la bataille
de Verdun, dans le nord-est de la France, une zone d’environ 1200 km2 et dont l’accès reste interdit
à la majorité des gens et ceci depuis l’armistice de 1919. Pendant la guerre de 14-18, cette zone a
été soumise à un bombardement constant, d’une intensité jamais connue avant et jamais reproduite
depuis. La vieille forêt de hêtres a vu une des plus féroces batailles de la guerre ; pas moins de 150
obus sont tombés ici par m2 sur ce champ de bataille.
Ce ne fut pas seulement la plus longue bataille de la Grande Guerre, ce fut aussi - parmi d’autres
ignominies - le premier champ d’expérimentation du massacre à l’échelle industrielle.
Jonathan Ollay
The Forbidden Forect series, 2009
Photographs
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Mois Européen de la Photographie I Cercle Cité
I 2 I
Henning Rogge
Né en 1977 en Allemagne, vit et travaille en Alemagne
www.henningrogge.de
Le travail photographique de Henning Rogge, 70 ans après la 2ème guerre mondiale, apporte la
preuve que les traumatismes de la guerre n’appartiennent pas au passé. Equipé de son appareil
photographique, de guides ou de GPS, il parcourt les provinces allemandes, traverse prairies et
forêts. En prenant appui sur des photos aériennes, il est à la recherche de ces endroits où bombes et
grenades ont creusé la terre. Sa photographie est silencieuse, rien n’y bouge, elle véhicule l’aura des
temps passés. En prenant en photo un paysage d’une apparente banalité, il leur rend une dignité
insoupçonnée. Son approche relève d’une grande rigueur formelle. Le spectateur plane au-dessus
de la scène et ne peut ni avancer ni reculer.
Henning Rogge
#45 (Bulau), 2013
Bombenkrater series
Analogue C-print
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Mois Européen de la Photographie I Cercle Cité
I 3 I
Attila Floszmann
Né en 1982 en Hongrie, vit et travaille à Budapest, Hongrie
La série Silence after the revolution (2011) d’Attila Floszmann consiste en 24 images prises avec
un vieux Polaroid SX-70 ou Polaroid 600 et qui réagissent de manière particulière aux conditions
météorologiques qui règnent dans le désert.
L’aspect quelque peu plat de l’image et le grain du film construisent une sorte d’intimité qu’il fallait selon le photographe - absolument préserver vu qu’elles
étaient prises dans un environnement ou` les blessures de l’âme n’avaient pas eu le temps de
cicatriser. Pour cette raison aussi les images ne reflètent pas le fait que le photographe a risqué sa
vie pour prendre ces images dans des territoires où des factions rivales continuaient à s’affronter.
C’est ainsi que seul son passeport hongrois lui a permis d’échapper de justesse à une exécution sur le
champ.
Attila Floszmann
Silence after the Revolution series
Framed Polaroid
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Mois Européen de la Photographie I Cercle Cité
I 4 I
Sarah Schönfeld
Née en 1979 en Allemagne, vit et travaille à Berlin, Allemagne
www.sarahschoenfeld.de
Dans la série Envoie-moi une carte postale (2003), Sarah Schönfeld présente des photos qui la
montrent comme touriste à Auschwitz. Elle commente ce travail de façon très personnelle dans un
e-mail.
«Personne ne peut vraiment parler d’Auschwitz; toute approche se révélera comme inappropriée
ou grotesque. Et elle soulève une question essentielle par rapport au tourisme qui touche aux sites
historiques. Y a-t-il une obligation morale à préserver Auschwitz de la profanation par les touristes, de
considérer comme totalement inacceptable l’idée de la rénovation du site, la reconstruction même
du camp de concentration ? Ou est-ce un ulcère que l’on ne saura faire disparai^tre de sorte que
tout le monde puisse continuer à aller le contempler ? En installant des stands de hot-dogs ou des
chiottes amovibles, on affaiblit le côté menaçant, sa puissance. Le monstre est apprivoisé, ce qui,
finalement, nous permettra de voir le côté obscur de l’existence humaine.»
Sarah Schönfeld
Send me a Postcard series, 2003
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Mois Européen de la Photographie I Cercle Cité
I 5 I
Tatiana Lecomte
Née en 1971 en France, vit et travaille à Vienne, Autriche
www.lecomte.mur.at
Le travail photographique de Tatiana Lecomte est traversé par une préoccupation fondamentale.
Dans quelle mesure la photographie est-elle capable de donner à lire un événement historique ? Elle
remet en question la prétention de la photographie à être une évidence et soumet à notre réflexion
critique le rôle du document qu’est une photo. De quelle manière cette image participe-t-elle à la
constitution de la narration historique, dans quelle mesure permet-elle la construction de l’histoire ?
Elle part très souvent d’images trouvées ou d’images d’archive. Elle se rend aussi sur les lieux - dans
notre cas Oradour – où la Gestapo, vers la fin de la guerre, a brûlé tout un village, ses habitants
enfermés dans l’église – pour photographiquement partir à la recherche des traces qui pointent vers
le comportement criminel. Le flou de la photo ou l’élimination de référents précis oblige le spectateur
à s’investir autrement, au point que l’émotion suscitée par l’image contribue davantage à l’effet de
mémoire que la photographie documentaire peut exprimer.
Tatiana Lecomte est la lauréate du «EUROPEAN MONTH OF PHOTOGRAPHY ARENDT Award2015».
Tatiana Lecomte
Oradour series, 2007-2009
C-print
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Mois Européen de la Photographie I Cercle Cité
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