Ils ont quitté le privé pour enseigner
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Ils ont quitté le privé pour enseigner
Ils ont quitté le privé pour enseigner Par Alexia Eychenne, publié le 04/09/2012 à 09:12, mis à jour le 07/09/2012 à 15:11 Chaque année, quelques centaines de salariés en quête de sens ou de stabilité quittent le privé pour une reconversion dans l'enseignement. L'Education nationale s'adapte peu à peu à ces nouveaux venus. EDUCATION - Quelques centaines de salariés quittent chaque année le privé pour l'enseignement. Ce mardi comme chaque année, les jeunes profs tout juste sortis de la fac ne seront pas les seuls à vivre le stress de leur première rentrée. A leurs côtés, l'Education nationale devrait compter plusieurs centaines de salariés aux CV déjà bien fournis. Ingénieurs quinqua, consultants trentenaires... Les profils de ces salariés reconvertis dans l'enseignement varient, mais leurs motivations se recoupent souvent. "Il y a ceux qui ont toujours voulu enseigner mais ont vu leur vocation contrariée pour des raisons conjoncturelles ou familiales, ceux lassés par certaines pratiques des entreprises, et un public plus féminin en reprise d'activité, souvent après la naissance d'un enfant", observe Philippe Meirieu, professeur en sciences de l'éducation à l'université Lumière-Lyon 2. Beaucoup de salariés du privé ont l'impression de n'être que le maillon d'une immense chaîne "Beaucoup de salariés ont l'impression de n'être que le maillon d'une immense chaîne, complète Patrick Foglia, fondateur de la prépa privée ForProf, qui a vu défiler dans ses formations des ingénieurs, des avocats "et même une policière". Ils sont excédés par la recherche de rentabilité ou le stress de leur travail, où ils ne trouvent pas la notion d'utilité, même si l'enseignement n'est pas un métier de planqué." Une reconversion de plus en plus balisée A mi-carrière, dans un contexte économique chaotique, la stabilité du métier d'enseignant en attire aussi certains. "Lorsque j'ai failli être mis sur le carreau il y a deux ans, j'ai connu une grosse remise en question, témoigne un cadre informatique de 47 ans sur le forum NeoProfs. J'ai autrefois donné des cours de maths et y trouvais beaucoup de plaisir, alors lorsque j'ai entendu que le nombre de candidats au Capes de maths était en forte baisse, je me suis dit: c'est peut-être le moment!" Aujourd'hui, le "troisième concours" permet aux salariés qui témoignent d'au moins cinq ans d'activité de tenter sans condition de diplôme le CERPE, le concours de recrutement des professeurs des écoles, et le Capes dans certaines disciplines. 1725 candidats ont passé le concours du premier degré pour la session 2011, et 102 ont été admis. 35 ans d'âge moyen, 78% de femmes Leur profil type? 35 ans d'âge moyen, à 78% des femmes. Les 49 admis au concours du second degré étaient eux légèrement plus âgés -39,8 ans en moyenne- les femmes ne formant "que" 61% des effectifs. 23% des admis au CERPE étaient sans emploi, soit un point de plus que les salariés du secteur tertiaire, et deux fois plus que les cadres du secteur privé. Dans le second degré par contre, 18% étaient cadres, même s'ils ne sont pas les plus nombreux à tenter le concours. Pression des parents, enfants difficiles... C'est un métier où l'on donne, pas un choix de confort "Se retrouver novice alors que l'on était expert est toujours risqué. C'est près de 18 mois d'efforts", rappelle Patrick Foglia. Et les conditions de travail, une fois en poste, n'ont rien d'idylliques non plus. "Pression des parents, enfants difficiles... énumère-t-il. C'est un métier où l'on donne, pas vraiment un choix de confort, même s'il permet pour certains une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie de famille." Sans compter que beaucoup voient leur salaire divisé par deux, voire trois. Soit un changement de niveau de vie radical pour qui n'a pas le soutien financier d'un conjoint. "L'Education nationale y a tout intérêt" Consciente de ces enjeux, l'Education nationale se préoccupe de plus en plus de ces reconvertis, notamment sur la question de la prise en compte de l'ancienneté, encore pénalisante pour le calcul des retraites. "Elle y a tout intérêt, tant sur le plan quantitatif que qualitatif", plaide Philippe Meirieu.