Le mur habité
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Le mur habité
ol e Ec Le mur habité Benjamin Laurent & Marine Puissant Janvier 2011 Séminaire Théorie et Projet - Jacques Lucan ar d' te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i -la - e llé Va Sommaire 01 02 p.04 1. Le mur massif habité p.09 2. Le mur creux continu Le dédoublement du mur Le seuil Le dédoublement de la structure 3. Le mur creux discontinu Du mur à la colonne Multiplication des degrès d’intériorité La colonne creuse 4. La masse habitée p.21 p.22 p.28 p.32 p.35 p.36 p.40 p.43 p.45 p.46 p.48 p.50 p.54 p.58 Ec ol e d' ar ch i L’épaississement maximal de la limite La dualité plein/vide La représentation de la métaphore de l’excavation Le processus de soustraction: la figure et le fond Du mur réel au mur métaphorique Conclusion Bibliographie Va -la - p.10 p.14 p.14 p.18 p.19 te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e L’enveloppe épaisse La relation espaces contenus/espaces enclos La relation intérieure/extérieure Les espaces contenus De la massivité réelle au vide technique llé e Introduction p.63 p.69 Introduction 03 04 « Le but essentiel d’un bâtiment est de fermer l’espace et Va llé e non de l’orienter, et de séparer l’intérieur de l’extérieur.»1 Robert Venturi -la - «Bref, [revenir à] des «espaces clos», en réduction que la modernité te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e a rejeté violemment au nom de la fluidité des «plans libres» qui dégageaient des espaces de circulation et des vues traversantes de part en part.»2 Pierre Boudon «A la disparition de la travée dans le vocabulaire de certains représentants ou épigones du mouvement moderne s’ajoute l’éclipse du mur porteur. Il est pourtant l’un des éléments fondamentaux du vocabulaire historique de l’architecture.»3 Patrick Mestelan Les nombreux réquisitoires des historiens contre la Modernité mettent en avant la rupture du plan libre avec la tradition de l’intérieur clos et du mur porteur. Cette modification du vocabulaire ch i architectural a pour volonté première de s’affranchir de toute limite ar physique et visuelle dans une recherche de continuité spatiale d' maximale. Elle serait une des causes de la rupture de l’urbanisme Ec ol e moderne avec la ville historique. «A l’abandon du mur correspond la négation de la rue, une des grandes structures institutionnelles de la ville historique. 1. Robert Venturi, De l’ambiguïté en architecture, ed. Dunod, 1996 2. Pierre Boudon, Le processus architectural et la question des lieux, ed. Nouveaux actes sémiotiques, 2008 3. Patrick Mestelan, «La question du mur», L’ordre et la règle, ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 L’implantation de ce modèle architectural et urbain ne pouvait que procéder de la tabula rasa pour justifier sa présence.»4 Patrick Mestelan e «La ville a toujours porté en elle sa propre mémoire […] Comment Va llé la réconcilier avec l’idée de civilisation dont elle est l’un des socles? -la - Une des réponses possibles à ces interrogations se trouve peut-être te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e […] dans la relation que nous entretenons avec le lieu d’une part et avec le bâtiment lui-même d’autre part. Le concept d’enveloppe se trouve à l’intersection de ces deux considérations. [...] Cette enveloppe peut s’incarner dans une couche, une épaisseur, un espace, qui vient s’intercaler entre l’édifice et son environnement, entre l’artificiel et le naturel.» «Il est évident que si l’on envisage l’architecture d’un point de vue élémentaire, si on la considère comme «l’art de construire des murs», alors l’enveloppe peut jouer un rôle de première importance. Quels que soient les motifs qui en justifient l’élévation […], le mur engendre la séparation – de l’interdit. Une fois cet axiome posé, le défi à relever consiste à changer ce qui sépare pour en faire Ec ol e d' ar ch i quelque chose qui relie. Nous autres, architectes, avons la charge d’imaginer des murs qui soient plus qu’eux-mêmes, c’est-à-dire de créer des lieux de transition entre le dehors et le dedans, entre le public et le privé, entre le magma urbain et la sphère de l’intime.»5 Dominique Perrault La ville contemporaine nécessite un travail majeur sur l’art de traiter 4. Patrick Mestelan, «Préliminaires à une définition spatiale», L’ordre et la règle, ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 5. Dominique Perrault Architecture, catalogue expo Beaubourg, ed. Hyx, juin 2008 la limite en architecture. Il y a un accord à trouver entre l’ouverture 05 06 totale du plan libre et l’intérieur clos traditionnel. La disparition du mur a appuyé la rupture avec le contexte et la mémoire du lieu. Le mur traditionnel, par définition, sépare deux régions. Comme e le préconisent D. Perrault comme P. Boudon, il est possible de Va -la - et ainsi créer une zone de transition. De la même manière, en llé procéder à un dédoublement du mur pour y insérer un espace te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e psychanalyse, André Green démontre que «La limite apparaît comme une zone grise entre le blanc et le noir et non pas comme une ligne de démarcation claire [...] Cette notion est paradoxale dans la mesure où elle est le lieu de l’interférence, de la superposition et de l’interpénétration de deux ou plusieurs univers disjoints et réputés distincts ou incompatibles»7. Ainsi, on comprend que cet espace d’interférence doit être inséré dans le mur, initialement considéré comme une zone de démarcation franche. Habiter le mur serait donc le moyen de traiter la question de la limite tout en renouant avec la tradition. Cette problématique a été développé par les architectes contemporains. Nous proposons ainsi d’analyser comment s’opère la résurgence du mur comme traitement de la limite aujourd’hui. ch i Autrement dit, quelles sont les différentes façons d’habiter le mur? ol e d' ar Et quels sont les enjeux spatiaux qu’elles mettent en oeuvre? Ec Louis Kahn, pourtant protagoniste de l’époque moderne, semble être le point de départ de la question du mur habité. «J’ai fait du mur un contenant au lieu d’un plein»6. Cette étude regarde la production architecturale depuis l’époque moderne, avec les travaux de Kahn, 6. «Kahn on Beaux-Arts training» dans William H. Jordy, «Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas. Library, Philips Exeter Academy, Exeter, New Hampshire», The architectural Review, vol. CLV, n°928, juin 1974, p.332 7. André Green, La folie privée, ed. Gallimard, Folio essais, 2003 jusqu’à aujourd’hui, pour identifier les différentes façons d’habiter le mur dans l’architecture contemporaine. Cette analyse a conduit à des regroupements de projets en quatre catégories: le mur massif habité, le mur creux continu, le mur creux discontinu, la masse llé est composée d’une description Va problématique. Chaque partie e habitée, qui sont autant de réponses contemporaines à cette cette identification tente de comprendre te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e L’analyse qui suit -la - du dispositif en plan, aboutissant à une définition caractéristique. pourquoi les architectes contemporains développent ce dispositif, Ec ol e d' ar ch i et comment ils le mettent en oeuvre d’un point de vue constructif. e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Ec ol e d' ar ch i Plans, château de Comlongon, Dumfies and Gallow, Ecosse. Ces plans montrant des murs épais et habités proviennent de la bibliothèque de Kahn. (Louis Kahn, Robert McCarther, ed. Phaidon, p.176 Sebastiano Serlio, églises à plan central de la Renaissance, 1547 (Les principes de l’architecture à la Renaissance, Rudolf Wittkower, ed. de la Passion, 1996 1.Le mur massif habité L’enveloppe épaisse Dans «Le projet tectonique», Pierre Boudon explique -la - Va llé e 09 10 te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e que l’épaississement des enveloppes «a facilité l’émergence de ce qu’on appelle traditionnellement un « poché», soit par la présence de parois épaisses dans lesquelles on peut creuser des poches, des alvéoles, des recoins (comme dans les architectures médiévales), soit par des espaces intercalaires qui traversent ou non la paroi.»8 En effet, plusieurs projets se développent autour d’un mur massif, contenant des espaces dans son épaisseur. La construction traditionnelle en a produit de nombreux exemples, dont le plus expressif est surement le Château écossais du Comlongan, mis en lumière par Louis Kahn. Dans cet édifice, la limite, pour des raisons défensives, est d’une épaisseur très importante, et permet d’y insérer des pièces, sans réduire pour autant la solidité ch i du mur. De plus, notons que le château de Comlongan est un mur ar habité avec une épaisseur constante, la face intérieure suivant d' toujours strictement le tracé de la face extérieure. Venturi résume: Ec ol e «On peut manifester la contradiction entre l’intérieur et l’extérieur en doublant la paroi, ce qui crée un volume supplémentaire entre cette doublure et le mur extérieur. [...] Le modèle le plus simple est exactement parallèle au contour»9. Dans les églises à plans centrés 8. Pierre Boudon, «La force architectonique du lien», Le projet tectonique, Eds. dir. J.P. Chupin et C. Simonnet, inFolio, 2005 9. Robert Venturi, «L’intérieur et l’extérieur», De l’ambiguïté en architecture, ed. Dunod, 1996 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Schéma 1 Ec ol e d' ar ch i Plans, château de Comlongon, Dumfies and Gallow, Ecosse. Ces plans montrant des murs épais et habités proviennent de la bibliothèque de Kahn. (Louis Kahn, Robert McCarther, ed. Phaidon, p.176 Plans du château d’Houdan, France, vers 1130. Kahn s’inspira du mur épais recelant des espaces plus petits et qui entoure et délimite la pièce principale et centrale. (Louis Kahn, Robert McCarther, ed. Phaidon, p.176 Schéma 2 de la Renaissance, la face extérieure du mur définit clairement 11 12 un contour tandis que la face intérieure est largement percée et sculptée, définissant une forme intérieure autre. Aussi, dans le château de Houdan, construit vers 1130, les deux e faces du mur sont clairement désolidarisées. La face extérieure Va -la - délimite une pièce qui possède sa propre géométrie. Grâce à cette llé répond à des contraintes défensives tandis que la face intérieure te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e variation, les espaces intérieurs ont une autonomie formelle sans être contraints par le contexte extérieur. Par définition, le mur massif habité serait un mur massif dans lequel on insère des espaces. De par sa grande épaisseur, il est le moyen de former une limite épaisse, une enceinte, entre le bâtiment et son environnement. Ses faces peuvent être strictement parallèles (sch.1), mais peuvent également se désolidariser pour répondre à deux environnements différents. (sch.2) Le mur massif habité a été repris par des architectes contemporains tels que Aires Mateus ou encore Herzog & De Meuron. En quoi permet-il de répondre aux problématiques actuelles? Comment ch i le mettent-ils en œuvre avec les nouvelles techniques de d' ar construction? On sait que Louis Kahn a tiré de sa référence du ol e Château écossais du Comlongan la colonne creuse, et donc la Ec distinction des espaces servants et servis : «Le poché m’a appris la différence entre mur creux et mur massif, […] j’ai fait du mur un contenant au lieu d’un plein. […] Ainsi est venue l’idée des espaces de services et des espaces servis.»10 Comme l’explique 10. «Kahn on Beaux-Arts training» dans William H. Jordy, «Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas. Library, Philips Exeter Academy, Exeter, New Hampshire», The architectural Review, vol. CLV, n°928, juin 1974, p.332 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Ec ol e d' ar ch i Aires Mateus, plan du rez-de-chaussée de la Casa em Brejos de Azeitao, Portugal, (Aires Mateus, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005) Patrick Mestelan, «Les termes servant (serving) et servi (served) expriment une hiérarchie spatiale.» 11 13 14 L’utilisation du mur massif habité par les architectes contemporains rejoint-elle strictement Va llé e cette distinction servant/servis instaurée par Louis Kahn ? -la - La relation espaces contenus / espaces enclos te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e La maison à Brejos de Azeitao, au Portugal, des architectes Aires Mateus est une reproduction quasi littérale de l’organisation spatiale du château écossais. Un mur massif habité vient enclore un espace central libéré de tout services, ces derniers étant contenus dans l’épaisseur massive du mur. Ce dispositif impose donc une hiérarchie spatiale et la distinction servant/servi par la disposition d’une pièce majeure centrale entourée d’espaces de service périphériques, par l’opposition entre l’espace enclos (par le mur) et les espaces contenus (dans le mur). Enfin, cette distinction s’exprime aussi par la forme des espaces, complexe pour les zones de services, accueillant des fonctions précises, à l’opposé de la grande pièce centrale, à la géométrie simple et rectangulaire, peu contrainte spatialement, s’ouvrant sur «l’idée d’une évolution ch i des usages»12. Le mur massif habité instaure donc une hiérarchie Ec ol e d' ar forte entre les espaces enclos et contenus. La relation intérieure/ extérieure Comme nous avons pû le le démontrer précedemment, cette volonté de rétablir des espaces clos, en opposition avec les principes de la 11. Patrick Mestelan, «La hiérarchie spatiale», L’ordre et la règle, ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 12. Aires Mateus, «Casa em Brejos de Azeitao», Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Ec ol e d' ar ch i Herzog et de Meuron, plan du rez-de-chaussée du centre du Flamenco, Jerez de la Frontera, Espagne, 2003 («La généalogie du poché», Jacques Lucan, dans Matières, 2004, n°7) modernité, est présente. Les démarches des architectes comme 15 16 Herzog & de Meuron et Aires Mateus vont également dans ce sens. Pour le projet du Centre Du Flamenco, à Jerez de la Frontera, llé -la - instaure une limite franche entre l’intérieur et l’extérieur. Elle Va enceinte entre la rue et la cour intérieure. Sa grande épaisseur e Herzog & De Meuron imaginent un mur massif habité comme une te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e s’exprime d’autant plus que les programmes contenus dans le mur communiquent uniquement avec la cour intérieure, impliquant une façade hermétique sur la rue. Les seuls lieux de franchissement sont les entrées où l’on traverse toute l’épaisseur du mur, créant ainsi un espace de seuil. La face extérieure du mur suit le tracé parcellaire, tandis que la face intérieure répond à une géométrie toute autre. De la même manière que le château de Houdan, les faces du mur massif ne sont pas parallèles. Cette désolidarisation des faces répond à la fois à des contraintes contextuelles, urbaines ou typologiques,et à des nécessités programmatiques internes. De cette manière, le mur massif habité propose de résoudre l’un des grands conflits de l’architecture présent depuis le mouvement moderne ch i jusqu’à aujourd’hui: l’affrontement d’une architecture conçue de d' ar l’intérieur vers l’extérieur (comme le font les Modernes) contre ol e une architecture contextuelle (de l’extérieur vers l’intérieur). La Ec désolidarisation des faces du mur massif introduit une forme dans la forme, solution suggérée par Venturi dans «De l’ambiguïté en architecture», permettant de traiter les préoccupations externes et internes simultanément. «Pour Venturi, c’est l’écart existant entre l’intérieur et l’extérieur qui crée, en tant que battement, une e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Ec ol e d' ar ch i Maquette du centre du Flamenco, Herzog et de Meuron, Jerez de la Frontera, Espagne, 2003, «Herzog et de Meuron 2002-2006», El Croquis n°129.130, juin 2006 Différents types de formes dans la forme, schémas, «De l’ambiguïté en architecture», Robert Venturi articulation de ces deux régions typologiques, car c’est à partir de 17 18 leur dissociation que l’on peut donner une forme à l’intérieur qui ne soit pas semblable à l’extérieur»13. Pour le centre du Flamenco d’Herzog & De Meuron comme pour la maison à Brejos de Azeitao e de Aires Mateus, le mur massif habité ne sert pas d’interface mais Va -la - te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e développant ainsi un monde intérieur isolé et contrasté. llé sépare davantage l’intérieur de l’extérieur par sa grande épaisseur Les espaces contenus Depuis les châteaux écossais jusqu’au projet d’Herzog & De Meuron, la diversité formelle des pièces contenues dans le mur massif habité est remarquable. Cette grande complexité des formes est permise par l’épaisseur massive du mur qui donne à chaque espace la possibilité de se développer en fonction des usages qu’il accueille (niches, escaliers, fenêtres etc.) sans incidence sur l’espace principal. Patrick Mastelan explique que «le mur massif est l’archétype du mur. Affilié à la longue histoire de l’architecture, il est fidèle à la vérité constructive par l’unicité ch i de son matériau. Il est, par principe, homogène.»14 C’est cette d' ar homogénéité du matériau qui vient permettre cette liberté. Quelle ol e que soit sa complexité formelle, l’espace sera unifié par son ordre Ec architectural, c’est-à-dire par la perception d’un seul élèment, le mur. Ce dispositif est d’autant plus intéressant que cette même 13. Pierre Boudon, Le processus architectural et la question des lieux, ed. Nouveaux actes sémiotiques, 2008 14. Patrick Mestelan, Le mur, «L’ordre et la règle», ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 épaisseur massive règle les problèmes de relation entre chaque pièces. Leur complexité formelle n’a pas de répercussion sur les autres espaces contenus dans le mur. Ainsi, les pièces du mur massif habité sont absolument indépendantes entre elles. e Cependant, cette indépendance est vraie uniquement lorsque la Va llé forme de l’épaisseur massive n’importe pas, ce qui n’est plus tout te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e -la - à fait possible avec les techniques de construction actuelles. De la massivité réelle au vide technique Dans les exemples de constructions traditionnelles comme le Comlongan et le château de Houdan, c’est la pierre massive qui offrait cette épaisseur constructive «pochée» au mur habité. «aujourd’hui, la construction du mur porteur en pierre est, dans nos contrées, relativement limitée. Le principal problème est celui lié à son coût. Dans le cas particulier de la pierre de taille, il provient d’un travail de main-d’œuvre conséquent»15. De plus, l’évolution des techniques de construction a réduit considérablement les épaisseurs structurelles. Il est donc aujourd’hui difficile d’envisager Ec ol e d' ar ch i la même approche constructive que nos ancêtres pour construire un mur massif habité. Le projet du Centre du Flamenco de Herzog & De meuron n’a pas été poussé à un niveau de détail suffisant pour répondre cette question. Dans le cas de la maison à Brejos de Azeitao de Aires Mateus, la massivité est simulée, laissant place à des vides techniques. Ce «mensonge constructif» questionne la légitimité d’une telle démarche, où le lien avec la tradition du 15. Patrick Mestelan, Le mur, «L’ordre et la règle», ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 mur massif est en contradiction avec la réalité structurelle de notre 19 20 époque. Il est en tout cas représentatif de la nostalgie qui anime ces architectes vis-à-vis de la culture du mur traditionnel. Dénué de système constructif adéquat, le mur massif habité ne peut plus e exister en tant que tel: il nécessite, dans une logique d’économie Ec ol e d' ar ch i te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e -la - Va llé de matière, un mensonge constructif. e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i Ec ol e d' ar Mario Botta, plan du +5,50/ +7,00 de la Cathédrale d’Evry, France, 1988-1993, extrait de La cathédrale d’Evry, Mario Botta, ed. Skyra, juin 2000) 2.Le mur creux continu e 21 22 te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e espace d’un nouveau genre»16. Va «Il est possible de substituer au mur un entre-deux, un -la - llé Le dédoublement du mur Dans le projet de la cathédrale d’Evry de Mario Botta, il s’agit à nouveau de traiter la limite épaisse du bâtiment, son enceinte, mais sans l’utilisation du mur massif. Le mur est dédoublé. Il enclôt l’espace sacré et le distingue clairement de l’extérieur par son épaisseur évidée. M. Botta parle de cette zone comme «un espace de transition et de calme entre le lieu de culte et la ville»17. Dans le projet de Louis Kahn pour les dortoirs d’Erman Hall de Bryn Mawr, «les chambres individuelles [...] forment l’épais mur protecteur délimitant les espaces communs en leur centre»18. Kahn dit: «puisqu’un mur présente un visage différent à l’intérieur et à l’extérieur [...] nous sommes arrivés au point où cette claire perception peut permettre la dissociation du mur intérieur par ch i rapport au mur extérieur [...] et générer entre eux un espace qui d' ar peut être parcouru, ce qui ne saurait être réalisé avec un mur de ol e pierre massif.»19 Ec Cette entre-structure, «espace de paroi»20 ou encore mur creux, ressort de l’épaisseur structurelle. Il permet la résolution à la fois 16. Dominique Perrault Architecture, catalogue expo Beaubourg, ed. Hyx, juin 2008 17. Mario Botta, La Cathédrale d’Evry, ed. Skyra, juin 2000 18. Robert McCarter, Louis I. Kahn, ed. Phaidon Press, juin 2005 19. Louis Kahn, texte d’une conférence, transcription dactylographiée, 14 novembre 1961, cité par D.B. Brownlee, D.G. De Long, extrait de Roberto Gargiani, La colonne: nouvelle histoire de la construction, ed. Presses Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2009 20. Patrick Mestelan, «L’espace de la paroi», L’ordre et la règle, ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i ar d' ol e Ec Louis Kahn, Résidence Eleanor Donnelley Erdman Bryn Mawr College, Bryn Mawr, Pennsylvanie, 1960-1965 (Louis Kahn, Robert McCarter, ed. Phaidon, 2005) des exigences fonctionnelles, spatiales et structurelles. Cette 23 24 limite est franchissable puisqu’elle est «évidée», elle met donc en relation l’espace intérieur avec l’extérieur. e Par définition, le mur creux continu est un mur dédoublé. Le vide Va -la - te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e entre deux espaces intérieurs. llé qu’il contient est une zone de seuil entre l’intérieur et l’extérieur et Ainsi, le dédoublement du mur pose la question de l’identité de cet élèment: le mur creux continu opère un glissement entre le mur réel, construit, et le mur métaphorique (deux murs séparés par un vide qui forment un seul et même élèment). Comment peut-on encore parler d’un seul mur dédoublé et non de deux murs? A Evry, le projet de Botta se perçoit en plan et dans l’espace comme un mur réel malgré son épaisseur vide, puisque ces deux faces sont solidaires, son épaisseur est relativement faible et la matérialité de ses deux parois est similaire à l’intérieur comme à l’extérieur. De ce fait, il se lit comme un seul et même élèment. En revanche, dans les dortoirs de Bryn Mawr, la relation entre ch i les deux faces du mur est moins évidente. L’épaisseur qui les d' ar sépare est plus importante. La matérialité des deux parois diffère, ol e «la hiérarchie architectonique du bâtiment est explicitée par le Ec contraste entre les murs en béton brut des pièces centrales et les murs en maçonnerie de béton des chambres, revêtus à l’extérieur de pierre claire et de panneaux d’ardoises sombres»21. De même, il n’y a pas de lien entre l’emplacement des ouvertures 21. Robert McCarter, «Inspired compositions in the poetics of action», Louis I. Kahn, ed. Phaidon Press, juin 2005, p.226 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Ec ol e d' ar ch i Perception du mur épais comme un élèment Mario Botta, La cathédrale d’Evry, France, 1988-1993, (La cathédrale d’Evry, Mario Botta, ed. Skyra, juin 2000) Perception de masses fragmentées L. Kahn, Résidence Eleanor Donnelley Erdman Bryn Mawr College, Bryn Mawr, Pennsylvanie, 1960-1965, (Louis Kahn, Robert McCarter, ed. Phaidon, 2005) extérieures (fenêtres) et intérieures (portes). Ainsi, lorsque l’on 25 26 fait varier autant de paramètres entre les deux faces, la lecture d’un seul et même élèment est compromise. De plus, les multiples séparations présentes dans le mur (cloisons entre les chambres) e empêchent sa lisibilité lorsque l’on est entre ses deux parois. Va -la - «à distinguer chaque espace, chaque pièce, comme une entité llé Louis Kahn n’a pas cherché à exprimer un mur continu mais plutôt te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e singulière autrement que par une série de cloisons seulement»22. Ce dispositif lui permet de régler la relation du bâtiment avec son extérieur et l’organisation interne. La notion de mur creux continu est, ici, une recherche conceptuelle en plan, qui se lit différemment spatialement. Même quand cette métaphore du mur creux continu n’est pas évidente spatialement, quels rôles joue-t-elle au sein du bâtiment? Mais aussi, quelles seraient les conditions nécessaires pour parvenir à percevoir ce mur dédoublé comme un seul et même élèment? La Maison Alvalade, à Alentejo au Portugal se compose de deux types d’espaces. «Les zones de services sont construites ch i comme un mur continu et habité qui interconnectent les parties d' ar principales, configurées une par une, couvertes ou non» 23 . Il ne ol e s’agit plus ici d’habiter uniquement les limites du bâtiment mais Ec les limites de chaque pièces. Le mur creux continu a la même épaisseur quelque soient les pièces qu’il sépare. Ses deux faces sont strictement parallèles. 22. Robert McCarter, «Inspired compositions in the poetics of action», Louis I. Kahn, ed. Phaidon Press, juin 2005, p.226 23. Aires Mateus, «Casa em Alvalade, Alentejo», Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i ar d' ol e Ec Aires Mateus, Plans (poché/mur/sol) de la Casa em Alvalade, Alentejo, Portugal (Aires Mateus, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005) 27 28 Le seuil Le mur dédoublé contient les «zones de service»24 (stockages, salles de bain, circulations), représentées par un poché (espaces contenus), et les «parties principales»24 (salons, cuisines, -la - Dans le catalogue de l’exposition intitulé «The Void» au centre Va llé e chambres et patios), non pochées (espaces enclos). te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e culturel de Belem, Delfim Sardo, critique d’art et commissaire d’exposition portugais, analyse le travail de Aires Mateus. Il emploie le terme «liminal» (empruntée à Victor Turner) en parlant des «circulations dans l’interstice»25 de ce projet, concept qui renvoie à la notion de seuil. Le mur habité, dans ce cas, n’est plus une limite infranchissable mais un lieu de transition. «Quels que soient les motifs qui en justifient l’élèvation, qu’il s’agisse de délimiter, de protéger ou d’isoler, le mur engendre la séparation de l’interdit. Une fois cet axiome posé, le défi à relever consiste à changer ce qui sépare pour en faire quelque chose qui relie»26. «L’architecture devrait être conçue comme un assemblage d’espaces intermédiaires clairement délimités. Cela n’implique ch i pas nécessairement une transition perpétuelle ou une hésitation d' ar permanente sur le lieu et le moment. Au contraire, cela signifie ol e une rupture avec la conception contemporaine (disons la maladie) Ec de la continuité spatiale et avec la tendance à effacer toute articulationsentre les espaces, c’est-à-dire entre l’intérieur et l’extérieur, entre un espace et un autre (entre une réalité et une 24. Aires Mateus, «Casa em Alvalade, Alentejo», Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 25.Aires Mateus, «Liminal» article écrit par Delfim Sardo, présentant le travail de Gonçalo Byrne et d’Aires Mateus à l’exposition «The Void» au centre culturel de Belem à Lisbonne en 2007, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 26. Dominique Perrault Architecture, catalogue expo Beaubourg, ed. Hyx, juin 2008 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Schéma 2 Ec ol e d' ar ch i Schéma 1 L’autonomie des espaces et le dédoublement structurel en regard du plan libre. Patrick Mestelan, «L’espace de la paroi», L’ordre et la règle, ed. PPUR, 2006 autre). Au lieu de cela, la transition doit être articulée en utilisant 29 30 des espaces intercalaires bien définis, permettant de prendre simultanément conscience de ce qui caractérise chaque côté. Dans cette optique, un espace intercalaire fournit le terrain commun e grâce auquel des extrèmes incompatibles peuvent encore devenir -la - Ainsi, l’un des principaux enjeux du mur creux continu est d’instaurer Va llé des phénomènes jumeaux». 27 te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e un espace de seuil. Patrick Mestelan dans «L’ordre et la règle» le nomme «l’espace de la paroi». Il affirme que «l’espace de la paroi n’est pas uniquement propre à la constitution de la façade. Il concerne également le rapport entre deux espaces internes, entre deux échelles spatiales du même ordre.[...] Il permet de mieux préserver l’intimité des espaces tout en les reliant. Il marque le seuil par un traitement plus ou moins opaque ou ouvert. Il clôt l’espace en laissant le passage alors qu’il exprime une continuité visuelle tout en procurant aux espaces leur autonomie.» 28 Ainsi, le mur creux continu met à disposition cette zone de seuil qui offre la transition entre deux espaces de natures différentes. Il est le troisième espace nécessaire à la cohabitation d’entités diverses, «l’entre-deux» («in-between»29) dont parle Van Eyck, la ch i «zone grise» développée par la psychanalyse.(sch1) d' ar Lorsqu’une seule des deux parois est poreuse, comme dans le cas ol e des dortoirs de Bryn Mawr de Kahn, le mur creux continu forme Ec à nouveau une limite épaisse (de la même manière que pour un mur massif habité) où seules les entrées marquent une zone de seuil.(sch2) 27. Robert Venturi, De l’ambiguïté en architecture, citation d’Aldo Van Eyck à propos du «inbetween» 28. Patrick Mestelan, «L’espace de la paroi», L’ordre et la règle, ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 29. Robert Venturi, De l’ambiguïté en architecture, citation d’Aldo Van Eyck à propos du «inbetween» e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i ar d' ol e Ec Sanaa, plan du 21st Century Museum of Contemporary Art, Kanazawa, Japon, 2006, extrait de «Sanaa Sejima Nishizawa», El Croquis n°139, avr. 2008 Les conditions nécessaires à la lisibilité du mur dédoublé comme 31 32 un seul élèment évidé dépendent de certains paramètres. Dans le projet d’Aires Mateus, les faces sont solidaires, de même matérialité, elles suivent un parcours d’une épaisseur constante e et les percements sont identiques de part et d’autre du mur. Va -la - assemblage de pièces séparées par un vide. llé Cette relation forte entre les deux parois empêche la lecture d’un te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Dans le projet du musée de Kanazawa de Sanaa, l’espace entre les pièces est un espace de seuil. Pourtant, il s’agit d’un assemblage de pièces singulières et, ne peut être lu comme un mur creux continu. En effet, les pièces ont des formes géométriques définies, tandis que l’espace de seuil a une forme résultante. Les parois des pièces ne se répondent pas, tant par leur matérialité que par leurs percements. De plus, la forme du vide varie au profit de la géométrie des pièces, ce qui le donne à lire comme un fond et non comme une figure. Ainsi, on peut affirmer que les paramètres qui permettent d’exprimer le mur dédoublé comme un seul élément sont principalement sa matérialité, ses deux parois solidaires et de même épaisseur constructive, et le traitement de ses percements (qui ne donnent à ol e d' ar ch i lire qu’une seule et même ouverture). Ec Le dédoublement de la structure «J’ai simplement ôté l’intérieur du mur, je l’ai annulé et j’ai utilisé l’exterieur qui est de toute façon la seule partie utile de la structure»30. Selon Kahn, la conception spatiale qu’entraîne le mur 30. «Kahn on Beaux-Arts training» dans William H. Jordy, «Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas. Library, Philips Exeter Academy, Exeter, New Hampshire», The architectural Review, vol. CLV, n°928, juin 1974, p.332 creux est la résultante d’une opération structurelle consistant à dédoubler les élèments de construction traditionnelle. Si l’on regarde le projet de la maison à Alvalade d’Aires Mateus d’un point de vue structurel, chaque pièce est délimitée par un e mur qui lui est propre. En cela, la structure devrait être adaptée de Va llé façon similaire à celle de Kanazawa, c’est-à-dire que chaque pièce -la - aurait sa propre structure. Même si dans la conception, il s’agit d’un te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e seul élèment dédoublé, constructivement, il paraîtrait logique que l’épaisseur de chacun des murs varie en fonction des dimensions et donc de la portée de la couverture de chaque pièce. On note que, dans le projet d’Aires Mateus, ce n’est pas le cas, toutes les épaisseurs de murs sont identiques. Cela pose la question de faire valoir la conception, métaphorique, ou la réalité constructive de ces projets. Autrement dit, il apparaît une opposition entre la conception et la construction, à l’inverse du développement de la Ec ol e d' ar ch i colonne creuse de Kahn, où les deux aspects se répondaient. e -la - Va llé Plan de la synagogue d’Hurva, montrant l’entrée aisni que le sanctuaire au rez-de-chaussée, premier projet, définitif, 1967-1969 (Louis Kahn, Robert McCarter, ed. Phaidon, 2005) Ec ol e d' ar ch i te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Reconstitution du temple de Salomon, Jérusalem, d’après James Ferdusson, History of Architecture, 1883 (Louis Kahn, Robert McCarter, ed. Phaidon, 2005) Maquette de la synagogue d’Hurva, montrant la colonnade limitant le bâtiment premier projet, définitif, 1967-1969 (Louis Kahn, Robert McCarter, ed. Phaidon, 2005) Le mur creux discontinu 35 36 llé Pour développer le projet de la Synagogue d’Hurva à Va e Du mur à la colonne -la - Jérusalem, Louis Kahn s’inspire du temple de Salomon où l’espace te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e central de célébration est délimité par un mur d’enceinte habité, partitionné à l’intérieur mais lu comme un seul élèment continu. A Hurva, Louis Kahn transpose ces réflexions du mur à la colonne, cheminement qui renvoie directement aux écrits d’ Alberti. En effet, il définit la colonne comme étant «la plus noble partie du mur»31 et la colonnade, «un mur percé et ouvert en plusieurs endroits»31. Il précise que le mur doit se conformer à la colonne et à ses différentes parties. Ainsi, en redivisant le contour du bâtiment, Kahn met en place une colonnade dont chaque élément est évidé de sa matière (son épaisseur) pour accueillir du programme et dessiné, en volume, de manière à réceptionner de la lumière. «La colonne n’est pas ch i considérée comme un solide plein, mais comme un corps creux»32. ar L’autonomie acquérie par «la colonne creuse» lui confère un rôle d' précis de composant dans un dispositif d’ensemble. En effet, dans ol e le projet de la Synagogue, c’est cette colonnade qui forme la limite Ec du bâtiment. A l’intérieur de l’édifice, Kahn dispose quatre piliers qui organisent l’espace central sacré et portent la toiture. Ainsi, il affirme: «J’ai imaginé le support comme étant une colonne creuse 31. Leon Battista Alberti, «Lineamenta et Structura» L’art d’édifier, ed. Seuil, sept. 2004 32. Louis Kahn, extrait de John W. Cook, Heinrich Klotz, Questions aux architectes, BruxellesLiège, Pierre Mardaga, 1974 (traduction de Conversations with Architects, New York, Washington, Praeger Publishers, 1973) e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i ar d' ol e Ec Louis Kahn, Théorie du mur, figure extraite de Progressive Architecture, avril 1961 Louis Kahn, théorie de la colonne creuse, figure extraite de Perspecta - The Yale Architectural Journal, n°9-10, 1965 qui puisse être utilisée. [...] Ainsi, la source du support, la colonne, est devenue l’endroit qui abritait les services du bâtiment.» 33 37 38 Ce concept apparaît au cours de l’élaboration du projet du Centre pour la communauté juive à Trenton, et en particulier lors de la e réalisation du pavillon des bains de la fin des années 1950. Pour Va -la - d’espaces servants au programme sacré, «comme le résultat d’une llé la synagogue d’Hurva, Kahn adapte le principe d’espaces servis et te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e recherche de régle compositive entre des petits et des grands espaces»34. Ainsi, ces petits et grands espaces entretiennent une relation d’interdépendance: sur le plan fonctionnel, les petits espaces accueillent des activités secondaires (chapelles) mais essentielles au bon usage de l’espace majeur (lieu sacré commun). «Sur le plan spatial, ils sont assignés à l’ordre structurel définissant leur propre spatialité conjointement à celle de l’espace majeur.»35 Par définition, le mur creux discontinu est un élément ponctuel que l’on peut tarduire comme le résultat de la dislocation d’un mur en une colonnade. En s’additionnant, ils forment un ensemble de piles habitées, autonomes, organisant un vide continu. ch i Dans les précédents projets, il s’agissait d’un retour affirmé à d' ar l’intérieur clos. Ici, le mur creux discontinu implique un vide continu. ol e Quelle est la relation entre l’espace contenu dans le mur et le vide Ec continu? Et comment ce mur discontinu l’organise-t-il? 33. Louis Kahn, extrait de John W. Cook, Heinrich Klotz, Questions aux architectes, BruxellesLiège, Pierre Mardaga, 1974 (traduction de Conversations with Architects, New York, Washington, Praeger Publishers, 1973) 34. Patrick Mestelan, «La hierarchie spatiale», L’ordre et la règle, ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 35. Patrick Mestelan, «La hierarchie spatiale», L’ordre et la règle, ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Ec ol e d' ar ch i Plan du niveau des bains, Peter Zumthor, Plan des Thermes de Vals, Suisse, 1996, (Therme Vals, Peter Zumthor, ed. InFolio, 2007) Photographie depuis l’espace de seuil, resséré entre les piles, Peter Zumthor, Plan des Thermes de Vals, Suisse, 1996, (Therme Vals, Peter Zumthor, ed. InFolio, 2007) Multiplication des degrès d’intériorité 39 40 Dans le projet de Peter Zumthor pour les Thermes de Vals, l’espace est organisé par des «piles creuses». Il s’agit de «tables de pierre, des cavernes fermées et entre les tables, un vaste espace vide llé -la - creux ponctuels contiennent, ici, des programmes autonomes. Il Va de la distinction servant/servi établie par Louis Kahn, les murs e s’ouvrant à la fois vers le ciel et sur la vue de la vallée»36. A l’instar te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e s’agit d’une oppostion entre les programmes de petites dimensions et les programmes qui nécessitent un espace plus généreux. Ainsi, en se distinguant du mur creux continu (ordre fermé), le mur creux discontinu génère un ordre ouvert. Ces piles deviennent des élèments indépendants les uns des autres, des objets autonomes dont la multiplication ainsi que leur disposition délimitent l’espace. «Le seuil, exprimé par une colonnade, répond à une volonté d’ériger une limite plus ou moins permissive»37. Le resserrement de ces piles crée un espace de seuil sans entraver la continuité spatiale. De plus, l’emplacement des murs creux empêche une perception continue de l’ensemble du bâtiment. En effet, les piles sont disposées de façon à définir visuellement des espaces. A l’inverse, à l’intérieur des murs creux, il s’agit de recréer des petits ch i espaces entièrement clos. L’entrée de chaque pile est étroite et d' ar permet à la fois la création d’un seuil et la lecture de leur massivité. ol e Ces dispositifs garantissent le contrôle de la privacité et développent Ec différent degrés d’intériorité, par la création de seuils multiples et par le passage dans des espaces de plus en plus confinés. Les architectes Aires Mateus ont aussi travaillé sur ce principe 36. Peter Zumthor, Thermes Vals, Scheidegger & Spiess, 2007 37. Patrick Mestelan, «Le seuil ou le dessin de l’ouverture», L’ordre et la règle, ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i ar Ec ol e d' Plan de la Casa em Serra de Mira de Aire, Porto, Portugal, 2001, Aires Mateus, (Aires Mateus, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005) dans le projet de la Maison à Serra de Mira de Aire à Porto de 41 42 Mos. Ils décrivent l’organisation du bâtiment comme «des espaces ouverts et un amas de matière»38. Ainsi, la distinction de deux types d’espaces s’établit: les parties privatives sont confinées à l’intérieur llé -la - des murs creux discontinus. De même, l’espace du vide est la Va sont logées entre les volumes, limitées par les surfaces extérieures e des volumes en béton apparent tandis que les parties publiques te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e résultante de la disposition et de la matérialité des masses. Ce sont les murs creux qui dessinent un intérieur entre les limites. Ce sont eux aussi qui construisent un intérieur dans les limites. Le dispositif en plan permet une distinction entre deux types d’espaces dans une continuité spatiale. En effet, le vide qui contient ces élèments offre le lieu de mouvement nécessaire à l’organisation du bâtiment et préserve les «piles» du passage. Spatialement, la matérialité de ces composants est traitée de manière unitaire ce qui brouille la différenciation entre l’espace clos et l’espace fluide. En effet, dans les piles creuses des thermes, les parois intérieures et extérieures ont la même matérialité. Il y a donc une ambiguité spatiale qui s’opère. La tension que les ch i élèments entretiennent entre eux, leur similitude, leur dimension d' ar ainsi que leur matérialité, permet de procurer des perceptions ol e ambiguës. La multiplication du même élément crée un espace Ec très dense et la répétition du mur creux ponctuel lui confère une dimension labyrinthique, où la matérialité similaire des surfaces provoque une perte de repère. Pourtant, rappelons qu’il s’agit d’une conception par assemblage opposant des espaces enclos à 38. Aires Mateus, «Casa em Serra de Mira de Aire», Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 un espace ouvert. L’espace est ainsi pris comme un tout grâce à la composition des élèments par un seul matériau, de façon à ne pas llé e altérer la perception d’une condition unitaire. -la - Va La colonne creuse te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e La construction du mur creux discontinu consiste à décomposer un élèment structurel qui forme traditionnellement un tout: une colonne. Kahn répond à ce sujet à John W. Cook et Heinrich Klotz dans «Questions aux architectes». Il affirme à propos de la colonne creuse qu’il l’a imaginée comme un support. «On savait que la masse n’était au fond pas nécessaire, parce que seul le pourtour de la masse soutenait la construction, et non la masse elle-même.»39 Ainsi, un ordre structurel clair est mis en place dans le projet de la Synaguoge d’Hurva. Les quatres piles creuses centrales portent la toiture. La disposition structurelle est interdépendante des enjeux spatiaux. En revanche, dans les projets contemporains, de Aires Mateus et de Peter Zumthor, les murs creux discontinus sont disposés à des fins spatiales. L’objectif premier est l’organisation Ec ol e d' ar ch i spatiale, qui s’établit par le dialogue entre la forme et la matérialité des élèments qui composent le bâtiment. L’implantation des éléments structurels dépend alors de l’organisation spatiale, ce qui implique de fortes contraintes structurelles. 39. Louis Kahn, extrait de John W. Cook, Heinrich Klotz, Questions aux architectes, BruxellesLiège, Pierre Mardaga, 1974 (traduction de Conversations with Architects, New York, Washington, Praeger Publishers, 1973) e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i ar d' ol e Ec Plan du rez-de-chaussée de la Casa em Melides, Protugal, représenté de deux manières: (en haut) murs réels, (en bas) mur métaphorique, Aires Mateus, (Aires Mateus, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005) 45 46 llé e 4.La masse habitée -la - Va L’épaississement maximal de la limite Dans La maison à Melides, construite en 2005 au te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Portugal, Aires Mateus basent l’organisation spatiale du projet sur l’épaisseur de sa limite. «Les espaces auxiliaires sont installés en façade, compressés et regroupés en deux bandes construites d’épaisseur variable. Entre elles, de part et d’autre de la maison, deux entrées couvertes garantissent l’accès à l’espace principal. Le séjour occupe une position centrale, divisé en deux par un patio intérieur qui amène de la lumière indirecte. Cet espace s’organise en fonction de la lumière, des vues et des programmes. C’est l’espace secondaire de la maison, de prime abord perçu par ses limites épaisses, qui l’enveloppent et expriment un volume pur à l’extérieur.»40 De la même manière que les maisons individuelles présentées précédemment, Aires Mateus représentent les «bandes ch i construites» en noir, en référence immédiate au poché. La limite d' ar épaisse du bâtiment serait donc un mur évidé. Ainsi, Lorsque l’on ol e met en parallèle ce plan avec un plan non poché, on comprend que Ec le mur extérieur et le mur intérieur cherchent à s’exprimer comme un seul et même élément évidé. Cependant, la paroi intérieure est déformée par les programmes contenus, et n’est donc pas solidaire de la paroi extérieure définissant un carré. De plus, les 40. Aires Mateus, Casa em Melides, «Aires Mateus», edicoes Almenida, 2005 espaces contenus ne sont pas des espaces de passage, servant de seuil, comme dans le cas mur creux continu. Le mur semble exprimer une nouvelle nécessité. e Lorsque le mur habité, limite du bâtiment, s’épaissit grandement, Va llé il arrive un point où l’on ne peut plus proprement parler de «mur -la - dédoublé», mais davantage de «masse habitée». Cette rupture te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e s’opère par la désolidarisation des parois et leur éloignement. De plus, l’épaississement grandissant de la limite entraine un nouveau phénomène: l’espace contenu dans le mur devient au moins équivalent à celui enclos par le mur. Apparaît alors une dualité entre les espaces enclos et contenus. Comme nous l’avons vu, la masse habitée n’existe que si ces murs s’expriment comme un seul et même élément. Cette lecture est de l’ordre de la perception et puisqu’elle ne peut pas, à priori, être construite en un seul élément massif que l’on viendrait creuser. Elle est donc, dans sa conception, métaphorique. Cette nouvelle dimension est souvent rapportée à l’image excavation, le bâtiment étant une masse, limite maximale, dans laquelle on viendrait Ec ol e d' ar ch i creuser des espaces. Par définition, la masse habitée est une conception métaphorique qui consiste à organiser des espaces vides «creusés» dans une masse d’espaces «pleins». L’évolution du mur traditionnel jusqu’à la métaphore de la masse habitée est récente. Dans la «généalogie du poché»41, Jacques 41. Jacques Lucan, «De l’espace au vide», Généalogie du poché, Matières n°7, 2004 Lucan explique que l’évolution de la question du poché a conduit 47 48 à une conception des espaces basée sur le vide. Pourquoi les architectes contemporains ont adopté ce nouveau mode de reflexion? La métaphore de l’excavation est-elle liée à une te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e -la - Va llé e conception basée sur le mur? La dualité plein/vide Dans toutes les familles que nous avons identifiées, l’enjeu majeur est le traitement des limites par la transformation du mur. Habiter le mur signifie épaissir la limite pour lui donner une nouvelle dimension spatiale. La métaphore de la masse habitée est entièrement basée sur ce travail. Concevoir le bâtiment comme une masse, c’est élargir sa limite -traditionnellement incarnée par l’enveloppe- à l’entièreté de sa volumétrie. Le processus de projet consiste ensuite, métaphoriquement, à venir y creuser des espaces, créant ainsi une dualité entre les espaces contenus -dans la limite- et les espaces enclos -par la limite-. ch i C’est d’ailleurs un des intérêts principaux de la masse habitée: d' ar elle résoud la cohabitation entre deux types d’espaces pouvant ol e être fortement contrastés, notion que Venturi avait déploré durant Ec l’époque moderne: «notre architecture récente a supprimé les dualités» par «la tendance à réformer les programmes et à détruire la composition, afin de camoufler la dualité»42. Il n’y a plus de hiérarchisation spatiale comme dans la conception du mur massif 42. Robert Venturi, La contradiction adaptée, «De l’ambiguïté en architecture», ed. Dunod, 1996 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Ec ol e d' ar ch i Photo de maquette de la Nouvelle Synagogue d’Amsterdam. Le vide est l’espace sacré, s’opposant au plein des espaces banals, C3 architectes Croquis représentant «la stratégie du vide» mise en oeuvre pour le projet de la BNF où des vides sont creusés, «like an ice-cream» R. Koolhaas habité et des murs creux précédemment analysés. Le contraste 49 50 entre le plein et le vide est une condition nécessaire à la constitution de la masse habitée. De plus, elle ne nécessite pas d’espace de transition entre le noir et le blanc, entre le plein est le vide. Elle met e en jeu une opposition binaire résolue. La masse habitée permet Va -la - deux régions contrastées aux surfaces proches ou équivalentes, llé donc de distinguer deux types d’espaces sans hiérarchie, de définir te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e s’éloignant ainsi de la distinction servant/servi de Kahn. Aires Mateus, comme l’explique Delfim Sardo, posent une nouvelle distinction spatiale: les espaces contenus dans le mur sont des espaces de permanence «spaces of permanence»43, spatialement figés. A l’inverse, ils conçoivent l’espace enclos comme un espace changeant, de fonction indéterminée ou peu déterminée. C’est par exemple le cas dans la maison à Melides et au centre culturel de Sines. De la même manière, le projet de la Nouvelle Synagogue d’Amsterdam, de C3 architectes, est conçu comme un bâtiment de volumétrie et de programme banal, dans lequel l’espace de célèbration est excavé. Le vide sacré s’oppose ainsi au plein banal, et apparaît en façade pour donner son identité au bâtiment. Le projet pour la Bibliothèque Nationale de France de Koolhaas, ch i en 1989, oppose le «massif d’information» plein, au vide creusé Ec ol e d' ar des espaces publics. La représentation de la métaphore de l’excavation La dualité forte établie par la métaphore de l’excavation est généralement exprimée par les architectes à l’aide d’un mode de 43. Aires Mateus, «Liminal» article écrit par Delfim Sardo, présentant le travail de Gonçalo Byrne et d’Aires Mateus à l’exposition «The Void» au centre culturel de Belem à Lisbonne en 2007, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i ar d' ol e Ec «Extension de la notion de poché, accès et escaliers du théâtre de Bordeaux, figures extraites de G. Gromort, Essai sur la théorie de l’architecture, 1942. La représentation du théâtre de Bordeaux de Victor Louis fait apparaître les accès et les espaces majeurs, le poché grisant le reste du plan», extraite de Généalogie du poché, Jacques Lucan, Matières n°7, 2004 représentation particulier: les espaces symbolisant le plein sont 51 52 représentés en négatif, en poché, et contrastent donc fortement avec les espaces vides, creusés, représentés en blanc. Cela renforce ainsi la lecture binaire de ces deux régions. Jaques llé -la - des beaux-arts de Paris, mais aussi que c’était une notion d’atelier Va «On sait que le mot [poché] était couramment employé à l’Ecole e Lucan, dans la «généalogie du poché», débute son analyse par te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e qui désignait ce qui n’avait pas besoin d’être précisément explicité, parce que ne possédant pas de dimension théorique particulière.»44 Il ajoute des propos de Louis Kahn: «le sens de la structure apparaît dans le poché»45. L’utilisation originale du poché est donc liée à l’expression d’une épaisseur constructive coupée, et suggère donc un plein, la section d’une matière. La représentation des espaces «pleins» en poché par les architectes travaillant la masse habitée est en lien direct avec cette idée de section dans une matière massive, mais cette fois-ci de manière métaphorique. Selon Delfim Sardo, Aires Mateus utilisent ce mode de représentation pour deux raisons: premièrement, il met en valeur leur mode de conception, donc la métaphore de l’excavation, ainsi ch i que la «méthodologie de l’espace». D’autre part, il permettrait de d' ar s’ouvrir sur un monde de références, en renouant avec l’expressivité ol e des plans de la Renaissance et redonne à lire une massivité propre Ec à la construction traditionnelle. 44. Jacques Lucan, «Qu’est-ce que le poché?», Généalogie du poché, Matières n°7, 2004 45. «Kahn on Beaux-Arts training» dans William H. Jordy, «Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas. Library, Philips Exeter Academy, Exeter, New Hampshire», The architectural Review, vol. CLV, n°928, juin 1974, p.332 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i ar d' ol e Ec Théo Van Doesburg, Composition IX, 1917, figure extraite de De Stilj, catalogue de l’exposition, ed. Centre Pompidou, 2010 Le processus de soustraction: la figure et le fond 53 54 On comprend donc le lien entre le mode de représentation par le poché et la métaphore de la masse habitée. Cependant, il brouille la lecture du plan par l’équivalence permanente entre les deux entités llé -la - Mondiale par le mouvement artistique De Stijl. Lors de l’exposition Va Ce phénomène a été expérimenté à la fin de la première Guerre e noire et blanche, créant une ambiguïté entre la figure et le fond. te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e «Mondrian–De Stijl» au Centre Georges Pompidou en 2010, Frédéric Migayrou, commissaire d’exposition, analyse Composition IX, d’après les Joueurs de cartes, tableau peint en 1917 par Théo Van Doesburg. Il explique que «Le tableau est une exploration de la relation entre figure et fond. Ici, le principe traditionnel de dissociation entre le sujet du tableau – la figure représentée – et son arrière-plan – son fond – n’est pas opérant: les éléments géométriques blancs viennent-ils au-dessus d’un aplat noir ou estce le contraire ? […] Il ne s’agit pas d’une représentation, mais bien de l’interaction entre la perception (acte de voir) et la cognition (acte de comprendre).»46 De plus, Venturi, dans «De l’ambiguïté en architecture», écrit : «La complexité et la contradiction résultent de la juxtaposition de l’image et de ce qu’elle représente: ce que ch i Joseph Albers appelle « la discordance entre le fait matériel et son d' ar impact psychologique»47. En effet, ce mode de représentation par ol e le poché, dans la métaphore de l’excavation, génère une ambiguïté Ec entre la figure et le fond. Ainsi, dans les projets d’Aires Mateus, comme par exemple la maison à Melides, il est possible de lire le vide du séjour tant comme une figure que comme un fond. 46. Article de Frederic Migayrou, à propos de Composition IX de T. Van Doesburg de 1917, 44. 47. Robert Venturi, «La contradiction juxtaposée», De l’ambiguïté en architecture, ed. Dunod, 1996 e llé Va -la - Rachel Whiteread, Ghost, 1990, rendre plein le vide dans l’objet, sculpture du vide d’une pièce, figure extraite de Rachel Whiteread, Transcient Spaces, ed. Guggeinheim Museum Publications, 2001 Ec ol e d' ar ch i te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Marcel Duchamps, Feuille de vigne femelle «female feag life», 1950, en plâtre galvanisé, rendre plein le vide autour de l’objet. Maquette de volumétries des pleins et des vides de la Casa em Alcacer Do Sal, Portugal, 2003, Aires Mateus, figure extraite de Aires Mateus, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 Cette ambiguïté, présente tant dans la représentation que dans la 55 56 conception, implique de regarder la forme du vide autant que la forme du plein, la forme du noir autant que la forme du blanc. llé Va Duchamps intitulée «Feuille de vigne femelle» de 1950. Cette e Pour décrire cela, Delfim Sardo fait référence à l’oeuvre de Marcel -la - sculpture en plâtre galvanisé semble être, de toute évidence, te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e l’empreinte d’une aine féminine. Il explique que cette sculpture représente l’espace du vide, c’est-à-dire l’air, qui devient alors consistant: l’air devient matière. Cette sculpture parle de notre capacité à reconstruire mentalement un objet à partir de son moule. De même, l’artiste anglaise Rachel Whiteread rapproche cette notion de l’architecture, dans son oeuvre «Ghost», en moulant littéralement l’air contenu dans une pièce, pour lui donner de la matière. Elle travaille ainsi sur «la perception de l’espace comme lieu de tension entre le plein (la forme), le contour (le mur, c’est-àdire le moule) et le vide (l’air).»48 Ces œuvres contemporaines soulignent l’importance du vide devant le plein et insistent sur notre capacité à en percevoir sa forme, sa «matière». Il n’y a plus d’ambiguïté comme dans Composition IX de Théo Van Doesburg. d' ar ch i Ces œuvres opèrent une inversion claire entre la figure et le fond. ol e Dans le projet pour la maison à Alcacer Do Sal, Aires Mateus opèrent Ec cette inversion: ils évident dans une masse bâtie des «volumes vernaculaires archétypaux»49, qui renvoient à l’histoire du site et organisent le rapport entre la maison et l’extérieur. Cette démarche 48. Rachel Whiteread, Transcient Spaces, ed. Guggeinheim Museum Publications, 2001 49. Aires Mateus, «Casa em Alcacer Do Sal», Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e ch i ar d' ol e Ec Coupes de la Bibliothèque Nationale de France, application de la «stratégie du vide»: «les espaces publics sont définis comme des absences de bâti, vide creusés dans le massif d’information», OMA, 1989, figures extraites de El Croquis, n°53 («OMA/Rem Koolhaas 1987-1992») sculpturale basée sur le vide implique une forme du plein résiduelle 57 58 et altère la dualité entre ces deux entités. Il s’opère un glissement entre une conception à partir du plein, depuis le mur traditionnel jusqu’au mur habité, vers une conception à partir du vide dans la e masse habitée. Rem Koolhaas, dans le projet de la BNF, en fait le Va -la - figure-fond. Prenant le vide donc le fond comme figure [...] il s’avéra llé manifeste. Il explique que «c’est un renversement de la relation te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e que des espaces absolument impossibles à imaginer comme des formes construites étaient tout à fait réalisables si on les imaginait tout simplement comme une absence de construction.»50 Par cette démarche, la masse habitée n’est plus pensée de la même manière que la construction traditionnelle, conçue comme un processus d’addition. A l’inverse, le travail du vide met en œuvre un processus de soustraction, une «absence de construction» dans une masse bâtie. Ce faisant, R. Koolhaas pose en arrière-plan une question majeure sur l’aspect paradoxal d’une telle démarche. Comment peuton construire des «espaces absolument impossibles à imaginer ol e d' ar ch i comme des formes construites»51 ? Ec Du mur réel au mur métaphorique Le projet de OMA pour la BNF n’apporte pas d’élément de réponse puisque le projet n’a pas été poussé à un niveau de détail suffisant. Les murs du projet de la maison à Alcacer Do Sal d’Aires Mateus 50. Rem Koolhaas: «Strategy of the void», extrait de Généalogie du poché, Textes relevés par Jacques Lucan, Matières n°7, 2004 51. Ibidem. e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Ec ol e d' ar ch i Coupe sur la Casa em Alcacer Do Sal, Portugal, 2003, Aires Mateus, figure extraite de Aires Mateus, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 Coupe longitudinale sur le Centre culturel de Sines, Portugal, 2001, Aires Mateus, figure extraite de Aires Mateus, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 sont en béton armé. Les formes «vernaculaires archétypales»52 59 60 sont construites par un faux plafond. De la même manière que dans les projets de murs massif habités, la massivité est simulée et n’est pas liée à une réalité constructive particulière. Cela pose e à nouveau la question de la pertinence d’une telle démarche, Va -la - système constructif. llé sculpturale et abstraite, qui s’affaiblit lorsqu’on la confronte à un te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Lors du projet pour le centre culturel de Sines, en 2001, Aires Mateus apportent un nouvel élément dans leur démarche, pour répondre à cette problématique. Emilio Tuñon, dans «No string attached», met en valeur six points de l’architecture d’Aires Mateus. Il identifie que la «condition unitaire» de leur projet ne peut exister qu’en cas d’«unité constructive totale» («total constructive unity»).53 Aires Mateus expliquent que, puisque les techniques de constructions actuelles ne permettent pas d’avoir un bâtiment qui soit un seul et même élément massif évidé, ils conçoivent la structure du bâtiment pour que chaque élément constructif soit interdépendant. Le centre culturel de Sines est construit selon cette démarche. A l’éxtérieur, il s’exprime par quatre blocs massifs, quatres «stone ch i boxes»54, séparés par des patios extérieurs et une rue piétonne. d' ar L’espace public est suspendus à ces blocs, qui eux-même reposent ol e sur des murs en béton armé situés en bordure parcellaire. De cette Ec manière, chaque élément est structurellement interdépendant. On trouve donc un accord entre la logique structurelle et la conception métaphorique d’un tout que l’on aurait évidé. Pourtant, les quatre 52. Aires Mateus,»Casa em Alcacer Do Sal», Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 53. Article No string attached, de Emilo Tunon, extraite de Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 54. Aires Mateus, «Centre culturel de Sines», Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 «stone boxes» sont construites en poutres et planchers acier, portés par un mur de béton armé. L’ensemble est revêtu d’une pierre locale, venant unifier le tout pour exprimer l’idée de «stone boxes». Cette démarche apporte un lien entre la structure et la e conception du mur habité, mais pose une nouvelle question : parle- Ec ol e d' ar ch i -la - te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e d’un parement? Va llé t-on pour autant du mur lorsque la structure est en acier, revêtue Conclusion En fin de compte, il existerait quatres manières principales llé e ou comment s’opère la résurgence du mur dans l’architecture comtemporaine comme traitement de la limite? te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e de la limite se dégagent et s’opposent. -la - Va d’habiter le mur. Dans les projets analysés, deux types de traitement Habiter le mur crée par définition une zone grise entre deux régions: intérieur/extérieur ou intérieur/intérieur. C’est le traitement de sa perméabilité qui lui confère soit un statut de limite étanche, soit un statut d’interface. On peut donc voir dans la limite étanche un retour à l’intérieur clos traditionnel. «Pour mettre en évidence le centre d’un espace, nous devons donner forme aux limites, non comme une identité indépendante, mais comme l’élément central du projet.»55 A l’inverse, une zone grise perméable devient un lieu d’échange entre deux régions, le seuil suggéré par Van Eyck, offrant «le terrain commun grâce auquel des extrêmes incompatibles peuvent encore devenir des phénomènes jumeaux»56. Et ainsi juxtaposer deux types d’espaces contrastés ou encore protéger «la sphère de Ec ol e d' ar ch i l’intime» du «magma urbain»57. Les apports contemporains autour de la distinctions servants/servis de Louis Kahn par le mur habité sont conséquents. L’épaississement du mur habité, initialement développé pour établir une hiérarchie 55. Aires Mateus, Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 56. Robert Venturi, citation de Aldo Van Eyck, De l’ambiguïté en architecture, ed. Dunod, 1996 57. Dominique Perrault Architecture, catalogue expo Beaubourg, ed. Hyx, juin 2008 58. Patrick Mestelan, «La hiérachie spatiale», L’ordre et la règle, ed. Press Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR), 2006 spatiale, a conduit à la mise en place d’une dualité forte entre deux 63 64 types d’espaces opposés. L’espace contenu dans le mur n’est plus conçu comme servant, comme l’explique P. Mestelan «L’origine du mot servir (to serve) exprime un asservissement, une soumission, llé Va deux types d’espaces interdépendants. Apparait ainsi une liberté e donc une hiérarchie sociale.»58 mais comme un équilibre entre -la - dans la distinction de chacun de ces espaces, des oppositions te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e telles que sacré/banal, petits programmes/grands programmes, collectif/individuel, changeant/permanent. Cependant l’évolution du mur habité au regard des enjeux spatiaux n’a pû s’opérer qu’en s’affranchissant de certaines contraintes constructives. Kahn a inséré un espace dans la colonne, sans pour autant affaiblir son intérêt constructif. «J’ai simplement ôté l’intérieur du mur, je l’ai annulé et j’ai utilisé l’exterieur qui est de toute façon la seule partie utile de la structure.»59. En développant les qualités spatiales du mur, les architectes contemporains ont remis en question sa réalité constructive. Les techniques de construction actuelles ne nécessitent plus de travailler avec d’importantes épaisseurs pour exprimer la massivité traditionnelle. La présence ch i de vides techniques, de structures mixtes, de parements sont d' ar autant de faiblesses constructives dont le but est l’expression du ol e mur comme élèment singulier et fondateur de tous ces projets. Ec L’«unité constructive totale»60 mise en place par Aires Mateus tend à nouveau à développer une réponse constructive en accord avec 59. «Kahn on Beaux-Arts training» dans William H. Jordy, «Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas. Library, Philips Exeter Academy, Exeter, New Hampshire», The architectural Review, vol. CLV, n°928, juin 1974 60. Aires Mateus, «Centre culturel de Sines», Aires Mateus, edicoes Almenida, 2005 e llé Va -la te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Ec ol e d' ar ch i Photographie du pavillon de verre à Tolède, depuis l’espace de seuil, Japon, SANAA, 2000, «Sanaa Sejima Nishizawa», El Croquis n°139, avr. 2008 Plan du pavillon de verre à Tolède, depuis l’espace de seuil, Japon, SANAA, 2000, «Sanaa Sejima Nishizawa», El Croquis n°139, avr. 2008 la métaphore du mur habité. Cependant, il n’y a plus aucun rapport 65 66 structurel avec le mur traditionnel mais simplement avec son image conceptuelle. La définition du mur est alors réduite à une matérialité, la perception llé Va Tolède, Sejima et Nishizawa réduisent d’avantage la définition du e d’une épaisseur et à un rôle spatial. Dans le pavillon du verre de -la - mur en supprimant sa consistance. Ils réussissent le tour de force te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e de définir un vide contenu entre deux parois de verre comme étant un mur, délimitant, isolant et séparant les espaces du musée. Ils évoquent ainsi la présence du mur par ses caratéristiques spatiales mais le remplacent par du vide. La volonté de parler du mur est poussée à son paroxysme. Les projets sont basés sur l’expression d’un élèment constructif chargé d’histoire, le mur, en ne le construisant plus. C’est un langage où la lecture spatiale et la perception prime sur la réalité constructive. Peut-on encore parler du mur quand on ne le construit pas? L’enjeu n’est plus la reproduction de techniques constructives passées mais l’évocation de l’histoire de la construction par un langage architectural contemporain. On est proche de la notion ch i de régionalisme critique développée par Kenneth frampton, qui d' ar «promeut une culture qui se veut à la fois contemporaine et ancrées ol e dans le local, sans tomber dans l’hermétisme (qu’il soit de nature Ec formelle ou technique)»61. Paradoxalement, en voulant traiter la question de la limite en 61. Kenneth Frampton, «Pour un régionalisme critique et une architecture et une architecture de résistance», L’Architecture moderne - Une histoire critique, ed. Thames & Hudson, 2006, p.66 modifiant le mur, les travaux contemporains ont entrainé un glissement du mur réel vers un mur métaphorique. Le mur est devenu un outils conceptuel permettant de créer de nouveaux types d’espaces tout en conservant les valeurs traditionnelles et Ec ol e d' ar ch i te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e -la - Va llé e le langage architectural qu’il porte. Bibliographie llé Va BOTTA, Mario, La Cathédrale d’Evry, ed. Skyra, juin 2000 e AIRES MATEUS, Aires Mateus, edicoes almenida, 2005 -la - CHUPIN, Jean pierre, SIMONNET Cyrille, Le projet tectonique, te ct D ure oc d um e en la v t s ille ou & m d is es au te dr rrit oi oi t d re 'a s à ut eu Ma r rn e Folio, 2005 COOK, John W.,KLOTZ, Heinrich, Questions aux architectes, Mardaga, 2001 ed. ed. Creative Perspective in Architecture, ed. C3 Topic, sept. 2008 DEPLAZES, Andrea, Construire l’architecture du matériau brut à l’édifice, Birkhäuser Architecture, 2008 GARGIANI, Roberto, La colonne: nouvelle histoire de la construction, ed. 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