DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ

Transcription

DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ
EXPOSITION / 5 DÉCEMBRE 2015 - 29 FÉVRIER 2016
DANSEZ, EMBRASSEZ
QUI VOUS VOUDREZ
Dossier de presse
sommaire
Communiqué de presse
Introduction
L’exposition
Autour de l’exposition
5
6
Note sur le titre de l’exposition
7
Avant-propos du commissaire
8
Repères historiques et biographiques
10
12
Parcours de l’exposition
13
Focus sur quelques chefs-d’œuvre
17
Liste des artistes 28
Liste des prêteurs
29
30
Catalogue de l’exposition
31
Hors-série31
Programmation culturelle
Partenaires
Informations générales
32
34
Caisse d’Epargne Nord France Europe, grand mécène de l’exposition 35
Les partenaires 35
Les expositions partenaires dans le Nord-Pas de Calais
36
37
Informations pratiques
38
Contacts presse
39
Visuels libres de droits
39
<< M
anufacture de tapisserie de Beauvais, d’après Jean-Baptiste Huët, L’Escarpolette, vers 1782-1790, laine et soie, Paris,
musée du Louvre
4
5
communiqué de presse
Exposition du 5 décembre 2015 au 29 février 2016
DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ
Fêtes et plaisirs d’amour au siècle de Madame de Pompadour
Décors champêtres, jeunes gens élégants et loisirs raffinés : l’exposition de l’hiver 2015-2016 au LouvreLens célèbre le thème de la Fête galante et de la Pastorale. Popularisés par Antoine Watteau puis François
Boucher dans la première moitié du 18e siècle, ces sujets connurent un immense succès jusqu’à la Révolution. D’abord adoptés par les peintres, ils se propagèrent rapidement à d’autres disciplines – notamment
les Arts décoratifs – et se diffusèrent à travers toute l’Europe. Grâce aux prêts exceptionnels du musée du
Louvre et d’une vingtaine d’institutions prestigieuses, l’exposition réunit 220 œuvres. Dans une scénographie bucolique, elle mêle peintures, arts graphiques, mobilier, céramiques, tapisseries ou encore costumes de scène. Depuis les sources jusqu’aux derniers développements, elle retrace la fortune d’un art
délicat et séduisant, qui enchanta l’Europe du Siècle des Lumières. Un hommage au goût français et au
bonheur de vivre !
Le 28 août 1717, Antoine Watteau (1684-1721) était reçu membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en
présentant une grande toile décrivant Le Pèlerinage à l’Isle de Cythère (Paris, musée du Louvre). Le sujet de l’œuvre
avait été laissé à son libre choix. Depuis plusieurs années, le maître avait manifesté un vif intérêt pour le thème du
pèlerinage et de l’île d’amour, support à une rêverie galante. Il donnait à cette occasion ses lettres de noblesse à un
sujet qui suscitait déjà un vif engouement et que les académiciens désignèrent alors sous le titre de « feste galante ».
Pour la première fois, le genre recevait une reconnaissance officielle.
Dans le sillage de Watteau, le thème de la Fête galante fut adopté par son élève Jean-Baptiste Pater ainsi que par ses
suiveurs Nicolas Lancret, Bonaventure de Bar ou Pierre-Antoine Quillard. Répondant à une soif de liberté et à un
assouplissement des mœurs pendant la Régence de Philippe d’Orléans (1715-1723), influencé également par le répertoire contemporain du théâtre et de l’opéra, ce thème clamait la joie de vivre, les délices de l’amour, l’alchimie des
sentiments et le besoin de paraître. D’autres maîtres en proposèrent à leur tour des variations, pastorales chez François Boucher, mélancoliques chez Jean-Honoré Fragonard ou délicatement sentimentales chez Louis-Joseph Watteau
de Lille.
La Fête galante et la Pastorale fournirent aussi un exceptionnel répertoire de sujets à la manufacture de Sèvres. Hors
des frontières, dans une Europe parlant français, nombreux furent les artistes à s’emparer du thème, l’estampe et la
circulation des œuvres favorisant amplement sa diffusion. Les manufactures allemandes de porcelaine, en particulier celle de Meissen, multiplièrent les figurines d’amoureux vêtus à la moderne, de galants de théâtre ou de bergers
transis pour de jolies bergères. Les peintres, tels Christian Wilhelm Ernst Dietrich, Cornelis Troost ou Norbert Grund,
n’hésitèrent pas à plagier ces sujets à la mode. Le sculpteur Ferdinand Tietz orna de ces mêmes figures les jardins
aristocratiques et princiers d’Allemagne.
Antoine Watteau n’était plus là pour mesurer combien son art avait conquis ses contemporains. L’Europe avait su lui
rendre hommage. À l’exemple de Madame de Pompadour, elle fredonnait un air commun à tous les peuples : « Dansez, embrassez qui vous voudrez… »
L’exposition s’articule en sept salles thématiques, dont la scénographie tente de restituer le goût de l’époque pour les
beaux paysages, notamment par des jeux de lumières colorées et des effets de feuillage au sol. La salle d’introduction
est conçue comme une bulle évoquant une clairière, animée de silhouettes en ombres chinoises, vêtues à la mode du
18e siècle. Les visiteurs y sont accueillis sur l’air de la célèbre ronde Nous n’irons plus au bois, reprise par la Pompadour
en 1753 et interprétée ici par le public du Louvre-Lens pendant les Journées européennes du patrimoine 2015.
Commissaire de l’exposition : Xavier Salmon
Directeur du département des Arts graphiques du musée du Louvre.
Exposition réalisée avec le soutien exceptionnel de la Caisse d’Epargne Nord France Europe.
<< Saxe, Manufacture de Meissen, Johann Joachim Kändler, Le Jaloux, vers 1765, porcelaine, Paris, musée Cognacq-Jay
6
7
NOTE SUR LE TITRE DE L’EXPOSITION
Par Xavier Salmon, commissaire de l’exposition
Introduction
« Dansez, embrassez qui vous voudrez »
« Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés.
La belle que voilà, la laiss’rons nous danser ?
Non, chacune à son tour, ira les ramasser.
Si la cigale y dort, ne faut pas la blesser.
(refrain)
Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse !
Sautez !
Dansez !
Embrassez qui vous voudrez !
(refrain)
La belle que voilà, la laiss’rons nous danser ?
Mais les lauriers du bois, les laiss’rons nous faner ?
Et Jeanne, la bergère, avec son blanc panier,
Allant cueillir la fraise, et la fleur d’églantier.
(refrain)
(refrain)
Mais les lauriers du bois, les laiss’rons nous faner ?
Non, chacune à son tour, ira les ramasser.
Cigale, ma cigale, allons, il faut chanter
Car les lauriers du bois, sont déjà repoussés. »
(refrain)
(refrain)
Le chant du rossignol, la viendra réveiller,
Et aussi la fauvette, avec son doux gosier.
(refrain)
On s’accorde aujourd’hui à penser que la chanson aurait été créée à la Noël 1753 par Madame de Pompadour pour les
enfants du village voisin de l’hôtel d’Evreux, actuel palais de l’Élysée. Mais il semble que la marquise se soit en fait
contentée d’adapter un texte plus ancien. La musique s’inspirerait de l’air du Kyrie grégorien de la messe De Angelis.
Les origines de la comptine remonteraient au 13e siècle.
On a en effet évoqué une chanson du temps qui stigmatisait les mariages mal assortis, la jeune épouse ne trouvant
auprès de son époux plus âgé aucune satisfaction sexuelle et se livrant à l’occasion de la fête annuelle des fous à des
relations que la morale réprouvait normalement. La bergère allait donc au bois pour cueillir les lauriers puisque chez
elle la récolte ne pouvait plus se faire. Mais elle n’y allait pas seule, car chacune à son tour les donzelles pouvaient aller
les ramasser.
Une autre interprétation avancée a été celle de l’interdiction en 1254 par Saint Louis de la prostitution en ville. Les
prostituées se réfugièrent alors dans les bois, notamment à Vincennes, utilisant les bosquets pour leurs activités.
En 1256, la prostitution fut interdite en pleine nature, les bosquets furent coupés et les dames invitées à s’établir à la
lisière des villes dans des cabanes construites en planches. Pour les distinguer des autres baraques, où l’on pratiquait
des activités plus licites, on suspendait une branche de laurier au-dessus des portes. À la fin du 17e siècle et au début
du siècle suivant, à Versailles, les maisons où commerçaient les prostituées arboraient encore en façade ces gerbes
de laurier.
Devenue l’amie du roi et non plus sa maîtresse après la cessation de leurs rapports sexuels vers 1750-1751, Madame de
Pompadour jouait peut-être d’un double langage… C’était là l’apanage du siècle, en France comme en Europe.
Cette chanson constitue l’introduction musicale de l’exposition. Dans la rotonde bucolique qui accueille les
visiteurs à l’entrée de la galerie, est diffusée une version créée à partir d’enregistrements de chanteurs-visiteurs du
Louvre-Lens pendant les Journées européennes du patrimoine 2015.
<< Pierre-Antoine Quillard, Fête campagnarde (détail), vers 1725, huile sur toile, Salzbourg, Residenzgalerie
8
9
avant-propos
Par Xavier Salmon, commissaire de l’exposition
Après les dernières années du règne de Louis XIV, sombres et rendues austères sous l’influence de la dévote Madame
de Maintenon, la France aspira à plus de liberté et de joie de vivre. Le temps de la Régence libéra les idées et les
mœurs, repensa le système de gouvernement et les finances, prit le contre-pied de la politique religieuse de Louis XIV
et renversa les alliances politiques.
Cette période de hardiesse, de gaieté et de fantaisie, voire de licence, fut aussi pour les arts un temps de nouveauté
qui irradia l’ensemble du 18e siècle en France et dans toute l’Europe au gré de la politique étrangère conduite par le
Bien aimé, le roi Louis XV.
Le 28 août 1717, Antoine Watteau était reçu membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en présentant
une grande toile décrivant Le Pèlerinage à l’isle de Cythère. Le sujet avait été laissé à son libre choix. Depuis plusieurs
années le maître manifestait un intérêt marqué pour le thème du pèlerinage, conférant de la poésie à une thématique
que les artistes nordiques avaient développée avec parfois beaucoup de crudité.
Afin d’en connaître les sources, il est important de regarder les créations d’artistes tels que David Téniers, Jan Steen
ou bien Rembrandt, ou celles de certains maîtres français tels Jacques Callot ou Abraham Bosse qui développèrent au
17e siècle pour une clientèle aristocratique ou bourgeoise un art illustrant le sentiment amoureux débridé
des classes plus populaires et rurales ou bien les usages mondains et raffinés des cours d’Europe.
Dès leur création, puis au siècle suivant, ces sujets suscitèrent un très vif engouement de la part d’une clientèle qui
rechercha avec avidité des œuvres souvent de faibles formats aptes à prendre place dans les intérieurs.
Ces œuvres et ces maîtres constituèrent indéniablement une source d’inspiration pour Antoine Watteau qui sut
renouveler la thématique en lui apportant de la poésie et un caractère idéal.
Emportés par cette poésie, les frères Goncourt avaient parfaitement compris l’essence de cet art et en avaient souligné toutes les caractéristiques. De son imagination, Watteau avait tiré des visions enchantées, un monde idéal, une
de ces patries amoureuses et lumineuses, un de ces paradis galants pour la joie délicate des vivants poétiques. Mais
il avait aussi mis en valeur toutes les séductions de la femme au repos : la langueur, la paresse, l’abandon, les adossements, les allongements, les nonchalances, la cadence des poses, l’air joli des profils penchés sur les gammes d’amour,
les retraites fuyantes des poitrines, les serpentements et les ondulations, les souplesses du corps féminin, le jeu des
doigts effilés sur le manche des éventails, les indiscrétions des hauts talons dépassant les jupes, les heureuses fortunes
du maintien, la coquetterie des gestes et le manège des épaules, soit tout ce savoir que les miroirs du 18e siècle avaient
appris à la femme, la mimique de la grâce.
Popularisée par Watteau, par les estampes qui en diffusèrent le modèle à travers toute l’Europe et jusqu’en
Chine, la Fête galante trouva ses zélateurs, les Pater, les Lancret, les Bonaventure de Bar, les Quillard, les Portail
qui tous clamèrent dans leurs œuvres la joie de vivre, les délices de l’amour, l’alchimie des sentiments, le besoin de
paraître.
Noces champêtres, bals, mascarades, fêtes inspiraient les arts, sur les chevalets, dans la littérature romanesque et
dramatique, sur la scène. La Motte, Campra, Duché, Desmarets en faisaient le sujet de leur musique, de leurs opéras,
ou de leurs ballets. De Dancourt à Marivaux, de Beaumarchais à Mozart, le sentiment amoureux, la double inconstance (1723), le jeu de l’amour et du hasard (1730), les errances de Figaro (en 1784 pour Beaumarchais, en 1786 pour
Mozart), se sont nourris des exemples picturaux et leur ont aussi fourni des modèles, à l’exemple des costumes utilisés par les invités des princes Schwartzenberg sur la scène de leur théâtre de Český Krumlov en Bohème du Sud, qui
semblent comme échappés de certaines toiles de Watteau, Pater, Lancret ou Boucher.
Les maîtres les plus fidèles à Watteau déclinèrent les sujets. Les plus audacieux en proposèrent des variations. Elles
furent rustiques et pastorales chez François Boucher. Paru de 1607 à 1627 L’Astrée d’Honoré d’Urfé donnait une
lecture idéalisée de la vie sentimentale des bergers et des bergères. Cent ans après le succès du texte ne s’était pas
démenti. En 1688, les Églogues de Bernard de Fontenelle leur disputaient cependant cet engouement. Jean-Baptiste
Rousseau, Alexis Piron, Jean-Baptiste Gresset ou Charles-Simon Favart se livraient au genre avec le même accueil
enthousiaste. Il donnait à Boucher la matière pour de nouveaux sujets. Vers 1735, Le Nid offrait une vision idyllique
de la vie à la campagne. En 1738, Le Pasteur galant et Le Pasteur complaisant peints pour l’appartement parisien du
prince Hercule-Mériadec, duc de Rohan-Rohan, à l’hôtel de Soubise, illustraient pour la première fois des bergers et
des bergères soigneusement vêtus de soie et de velours qui devaient à nouveau beaucoup au théâtre, en particulier à
celui de Favart.
Plébiscité par les amateurs, le genre fut aussi soutenu par la famille royale. Il prit alors une connotation plus politique.
La toile de Jean-Baptiste Oudry figurant une ferme est en cela exemplaire. Commandée en 1750 par le dauphin, fils de
Louis XV, l’œuvre ne devait pas simplement plaire à l’œil mais rendre hommage à la vie rustique et aux bienfaits de
l’agriculture. En offrant au pays un temps de paix par un gouvernement sage, le souverain permettait à ses sujets d’exploiter dans la quiétude la terre nourricière et favorisait par conséquent la félicité des peuples. Illustration picturale du
travail bénéfique, la toile fut nommée dès le 18e siècle La Ferme. Elle rendait hommage au gouvernement de Louis XV.
Elle délivrait un message bien différent des aimables pastorales de Boucher et de ses émules, tel Jean-Baptiste Huët.
Elle se distinguait aussi des créations de Fragonard. Les sujets amoureux de ce maître, ses scènes de jeu, ses adolescents impeccablement vêtus renouaient avec l’esprit de Watteau mais sous le signe de la jeunesse, de l’amour et de
l’insouciance. L’engouement suscité par la parution de La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau en 1761 expliquait aussi une nouvelle perception de la nature dont Fragonard donnait une image exaltée par la gaieté des
acteurs, une touche libre et nerveuse, des compositions tout en déséquilibre où la végétation semblait elle
aussi saisie d’une frénésie de plaisirs et de rire.
Chefs-d’œuvre d’un temps d’insouciance, le pèlerinage à Cythère, les bergères et les bergers, les assauts amoureux
en imposeront à leur siècle. Illustrations majeures d’un des attraits du 18e siècle, ces créations et toutes leurs déclinaisons, en particulier gravées, nourriront les arts appliqués du temps, dans les manufactures de Vincennes
et de Sèvres, celles de Beauvais, de Lille ou bien encore de Desvres, diffusant le modèle français. Hors des frontières, l’Europe parlant français, nombreux furent les artistes à s’emparer du thème et à le décliner à l’envi. À Meissen, à Ludwigsburg ou à Nymphenburg, les porcelainiers multiplièrent les figurines d’amoureux vêtus à la
moderne, de galants de théâtre ou de bergers transis pour de jolies bergères. En terres de langue allemande, Dietrich,
Platzer, ou bien encore Janneck n’hésitèrent pas à plagier ces sujets si à la mode, balançant toujours entre le modèle
parisien et le modèle nordique. Les sculpteurs aimèrent également à peupler de ces personnages les jardins aristocratiques et princiers de Franconie, de Bavière ou de Vénétie. L’influence fut si grande et si étendue, qu’elle marqua jusqu’en Espagne un géant comme Goya. Appelé à peindre des cartons pour les tapisseries destinées aux
résidences royales, le maître puisait consciemment ou non parmi les modèles français. Peinte en 1779, La Balançoire
reprenait un sujet décliné par tant d’autres avant lui. Si le génie ibérique renonçait totalement au dessin pour laisser
triompher la couleur, il le faisait non pas pour seulement illustrer un divertissement innocent, mais pour souligner le
temps qui passe, incarné par les trois âges, celui de l’enfance qui observe les fleurs, celui de l’adolescence souriante
qui se balance sur la corde, celui de l’âge mûr enfin incarné par cette maja employée à surveiller la jeunesse. La source
en avait peut-être été l’estampe de Dupuis gravée d’après le tableau de Watteau L’Occupation selon l’âge. Volontairement discrète, la connotation érotique n’en était pas non plus absente, incarnée par le regard ambigu échangé entre
la maja présentée de dos et les vachers inscrits à l’arrière-plan.
Si Watteau n’était plus là pour mesurer combien son art avait conquis son siècle, l’Europe avait su s’en emparer. C’est
parce qu’à la suite de Madame de Pompadour, elle fredonnait en cœur un air commun à tous les peuples : « Sautez,
dansez, embrassez qui vous voudrez… »
10
REPÈRES HISTORIQUES ET BIOGRAPHIQUES
La Régence, un tournant pour les arts
Très en vogue pendant tout le règne de Louis XV, le genre de la Fête galante est popularisé en France par Watteau,
dès la Régence.
Louis XIV meurt à Versailles le 1er septembre 1715. La fin de son règne est sombre, marquée par une crise économique
et financière. Le coût de la guerre de Succession d’Espagne (1701-1713) pèse sur les finances et impose une fiscalité
excessive. La famine de 1709 provoque une surmortalité et accroît la misère du peuple.
Dans un contexte d’exode massif des protestants persécutés, les dernières années de Louis XIV sont également rendues austères sous l’influence exagérément dévote de Madame de Maintenon, sa dernière épouse. Son seul fils parvenu à l’âge adulte décède en 1711, tandis que les petits-fils qui auraient pu lui succéder meurent en 1712 et 1714.
11
François Boucher
(Paris, 1703 – Paris, 1770)
Fils de peintre, François Boucher commence son apprentissage auprès de son père puis du peintre d’histoire François
Lemoyne, avant d’entrer chez un graveur. Il y est remarqué par un collectionneur qui lui commande la reproduction
d’œuvres de Watteau.
Il remporte le grand prix de l’Académie royale en 1723 et séjourne en Italie de 1727 à 1731. À son retour, il est agréé par
l’Académie, puis reçu en 1734. Commence alors une glorieuse carrière officielle : professeur puis directeur de l’Académie, inspecteur à la Manufacture des Gobelins et Premier peintre du roi Louis XV (1765).
Artiste à la mode, il obtient la faveur de Madame de Pompadour, dont il fait le portrait à plusieurs reprises, et travaille
pour de hauts personnages de la cour.
Il fournit de nombreux cartons de tapisserie aux Manufactures de Beauvais et des Gobelins ainsi que des modèles
aux Manufactures de porcelaine de Vincennes et de Sèvres. Il réalise également des décors pour le théâtre et l’opéra.
Si son style précieux et sensuel passe de mode à partir de 1760, Boucher garde une activité soutenue jusqu’à sa mort.
Arrière-petit-fils de Louis XIV, Louis XV, né le 15 février 1710, devient donc roi à l’âge de 5 ans. S’ouvre alors une période de Régence jusqu’en 1723, pendant laquelle le pouvoir est délégué à son cousin Philippe, duc d’Orléans.
Tandis que la France aspire à plus de liberté et de joie de vivre, le Régent mène des réformes novatrices sur le plan des
finances et du système gouvernemental. Il prend le contrepied de la politique religieuse de Louis XIV et conclut des
alliances favorisant la paix. Il contribue également à la libération des idées, annonçant la philosophie des Lumières.
La personnalité frivole de Philippe d’Orléans conduit à un relâchement des mœurs au sein de la cour, rapidement
gagnée par la gaieté, la légèreté, voire la licence.
La Régence est également un temps de nouveauté pour les arts. Le duc d’Orléans lui-même peint, grave et compose
deux opéras. Dans un contexte général de hardiesse et de fantaisie, le goût évolue peu à peu vers un style plus léger
et plus naturel que le classicisme Louis Quatorzien, volontiers grandiose et froid. Les intérieurs aristocratiques présentent des salons chaleureux aux décors gracieux et raffinés. Le style rocaille apparait, avant de s’affirmer pleinement sous le règne de Louis XV.
Antoine Watteau
(Valenciennes, 1684 – Nogent-sur-Marne, 1721)
Antoine Watteau commence son apprentissage vers l’âge de dix ans chez Jacques-Albert Gérin, peintre de Valenciennes, auteur de tableaux d’églises dans le goût flamand. Il s’installe à Paris en 1702 et travaille d’abord chez un
fabricant de peintures où il copie des images religieuses et tableaux de genre.
Il se lie rapidement d’amitié avec le peintre Claude Gillot et entre dans son atelier. Il n’y reste que peu de temps, mais
c’est probablement au contact de Gillot que Watteau développe son goût pour les fantaisies galantes qui feront plus
tard sa réputation.
Il travaille ensuite auprès du peintre Claude III Audran, également conservateur du Palais du Luxembourg. C’est
l’occasion pour Watteau d’admirer les grandes compositions de Rubens dans la galerie des Médicis et d’observer les
élégants en promenade dans le jardin.
Après son échec au grand prix de l’Académie royale en 1709, il retourne quelques temps à Valenciennes, où il réalise
principalement des scènes militaires.
C’est à son retour à Paris, en 1712, que le succès arrive avec de nombreuses commandes de scènes galantes de la part
de collectionneurs. Parmi eux, Pierre Crozat lui ouvre les portes de son hôtel particulier renfermant une importante
collection de peinture vénitienne incluant des œuvres de Titien et Véronèse. La même année, il est agréé par l’Académie. Il présentera son tableau de réception cinq ans plus tard, le célèbre Pèlerinage à l’île de Cythère (1717, musée du
Louvre).
En 1719, malade, il entreprend un voyage à Londres pour consulter de docteur Mead, médecin et collectionneur. Son
travail y est très apprécié.
De retour en France, il peint son dernier chef-d’œuvre, L’Enseigne de Gersaint, destiné à servir d’enseigne à la boutique
de son ami marchand de tableaux (1720, Berlin, château de Charlottenburg).
Il s’éteint en pleine gloire en 1721, à l’âge de 36 ans.
François Boucher, Jeune homme assis à terre, sanguine et lavis de sanguine, Paris, musée du Louvre
12
13
parcours de l’exposition
Salle d’introduction
« Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés ».
La chanson sonne encore à nos oreilles. Elle aurait été créée en 1753, pour
les enfants, par Madame de Pompadour. En fait, il semble que la marquise
se soit contentée d’adapter un texte plus ancien qui évoquait l’interdiction
aux prostituées d’exercer dans les bois et les invitait à commercer dans des
cabanes signalées par un rameau de laurier. La favorite de Louis XV le savait-elle ? Avait-elle joué d’un double langage ? La question demeure.
Après les dernières années du règne de Louis XIV, marquées par la dévotion
et l’austérité, la Régence libère les idées et les mœurs. Ce fut une époque de
hardiesse et de fantaisie, et pour les arts un temps de nouveauté. Le 28 août
1717, Antoine Watteau entrait à l’Académie royale de peinture et de sculpture
grâce à son tableau Le Pèlerinage à l’isle de Cythère. Le sujet avait été laissé à
son libre choix. Les académiciens le désignèrent sous le titre de « feste galante ». Pour la première fois, le thème était officiellement reconnu. Il témoignait d’un besoin de liberté et faisait écho aux distractions de l’aristocratie et
au répertoire contemporain du théâtre, de l’opéra et du ballet. Le sujet s’imposa rapidement et se diffusa à travers toute l’Europe, l’estampe et la circulation des œuvres aidant amplement à son succès.
Popularisée par Watteau et ses suiveurs, la fête galante clamait la joie de
vivre, l’alchimie des sentiments, le besoin de paraître. Elle conduisit d’autres
maîtres à en proposer des variations, pastorales chez François Boucher, idylliques chez Jean-Baptiste Oudry, exubérantes chez Fragonard, vertueuses et
laborieuses chez Louis-Joseph Watteau de Lille. Elle fournit également aux
manufactures de porcelaine, de faïence et de tapisserie un exceptionnel répertoire de sujets.
Hors de France, nombreux furent ceux à s’emparer du thème et à le décliner.
De Suisse en Suède, d’Italie en Espagne, des Provinces Unies en terres de
langue allemande, ces sujets étaient à la mode. Maîtres et artisans s’appliquèrent à répondre à la demande, en plagiant les modèles français, en les
adaptant ou en les renouvelant au gré de leur propre sensibilité et de celle de
leurs clients.
Mais Antoine Watteau n’était plus là pour mesurer combien son art avait
conquis ses contemporains.
L’exposition
La salle d’introduction est conçue comme une bulle évoquant une clairière,
animée de silhouettes en ombres chinoises, vêtues à la mode du 18e siècle.
Les visiteurs y sont accueillis sur l’air de la chanson Nous n’irons plus au bois,
interprétée par le public du Louvre-Lens pendant les Journées européennes
du patrimoine 2015.
Salle 1
Sujets de convivialité et d’amour. Antécédents nordiques et français
Les représentations des divertissements en plein air de la haute
société se multiplient en Flandre, en Hollande et en France dès la
première moitié du 17e siècle. Ces compositions étaient alors appelées
« Conversations » ou « Assemblées ». Le thème développé est celui de la
cour amoureuse que favorisent la musique et une nature harmonieuse. Les
codes de sociabilité sont ceux qui régissent les élites – l’aristocratie et la haute
bourgeoisie – et que résume le terme de « galanterie », un idéal de comportement social suivi dans l’Europe entière. Le « galant » homme est, au 17e
siècle comme au siècle suivant, celui qui sait plaire en société par l’élégance
de son allure, la politesse raffinée de ses manières et sa finesse d’esprit.
Avec les images idéalisées de la vie paysanne, kermesses, foires, contrats
<< Antoine Watteau, Pèlerinage à l’île de Cythère (détail), 1717, huile sur toile, Paris, musée du Louvre
14
15
s’étaient fait une spécialité, François Boucher compose à partir des années 1730 une Arcadie rurale où la jeunesse se veut insouciante et enjouée. Écho populaire à la vision aristocratique et théâtrale de Watteau et de
ses suiveurs, les sujets de Boucher connurent un immense succès.
En 1737-1738, pour l’hôtel Soubise à Paris, l’artiste s’exerça à une variante
des sujets champêtres. Il créait alors un thème nouveau, celui de la
Pastorale. Toujours rurale, la scène réunissait des bergers et des bergères
qui paraissaient vêtus comme des seigneurs et semblaient insensibles aux
dures conditions de la vie à la campagne. L’échange entre les pasteurs et leurs
compagnes se voulait galant mais n’était pas toujours sans équivoque. Il appelait clairement à des sous-entendus à caractère sexuel. Boucher rendait
alors hommage au genre littéraire de la poésie bucolique et des héros sentimentaux du théâtre de la foire, en particulier à ceux de son ami Charles-Simon Favart.
À l’exemple du maître, de nombreux autres artistes illustrèrent la thématique. À la demande du Dauphin, fils de Louis XV, Jean-Baptiste Oudry imagina même une campagne heureuse et productive qui témoignait des effets
du bon gouvernement (La France ou L’Agriculture, 1750, Paris, musée du
Louvre).
de mariage et noces villageoises, autres thématiques affectionnées par les
peintres nordiques, les sujets de divertissements mondains constituèrent une
source d’inspiration pour les artistes français du 18e siècle. Rubens ou Téniers
furent particulièrement recherchés par les amateurs. Exposées dans leurs cabinets et abondamment reproduites par l’estampe, leurs œuvres furent alors
aisément accessibles et contribuèrent à nourrir en France l’art des maîtres de
la Fête galante et de la Pastorale.
Salle 2
Watteau et la fête galante
Peint en 1717, Le Pèlerinage à Cythère illustre un thème pictural auquel Watteau
et d’autres maîtres s’étaient déjà livrés, mais qui n’avait jamais été jusqu’alors
le sujet d’un morceau de réception pour entrer à l’Académie royale. Probablement conçue comme un tableau d’histoire moderne, et non pas seulement comme l’illustration d’une pratique sociale, l’œuvre refuse l’anecdote,
non seulement en usant de l’allégorie et du symbole comme le faisaient les
peintres d’histoire, mais en magnifiant aussi les relations amoureuses et en
jouant de la modernité des habits et de l’intemporalité du lieu.
Admirablement maîtrisée par Watteau, grâce à l’étude attentive de la réalité
par le dessin, cette science dans la description des attitudes et des regards du sentiment amoureux demeura inégalée. S’ils popularisèrent la
fête galante en multipliant les œuvres, Pater, Lancret, Bonaventure de Bar
ou bien encore Quillard contribuèrent à faire glisser le thème vers la peinture de genre, en faisant un sujet de vie quotidienne. La fête galante associa
presque systématiquement le paysage, souvent de fantaisie, les costumes à
la moderne, les activités de personnes distinguées étrangères au labeur, et
les joies du sentiment amoureux ou les inconstances et les chagrins du cœur.
Salle 3
Dans cette salle de l’exposition, un dispositif audiovisuel diffuse des extraits
de théâtre et d’opéra du 18e siècle.
L’amour à la campagne. Pastorales et sujets rustiques
Influencé par Watteau, par son expérience du paysage italien, par le goût
de la clientèle pour la veine rustique naturaliste dont les maîtres nordiques
Fragonard contre Rousseau
Loin de s’émousser avec les décennies, l’intérêt pour les sujets galants et
pastoraux conduisit la clientèle à les demander aux artistes pratiquement
jusqu’à la fin du 18e siècle. Formé par Boucher, Jean-Honoré Fragonard s’illustra rapidement dans la thématique, mais avec plus de fougue, de spontanéité et de lyrisme dans sa description du sentiment amoureux. Exécutée en
1767, la toile illustrant les hasards heureux de l’escarpolette (ici figurée par la
gravure) en constitue un exemple délicieusement licencieux.
Avec les années et l’évolution du goût, l’exubérance de Fragonard sembla
quelque peu dépassée. L’amour de l’antique invitait la fête galante et la pastorale à évoluer vers plus de noblesse. Sous l’influence des textes de JeanJacques Rousseau et des travaux des physiocrates, savants théoriciens, qui,
dans le respect des lois naturelles donnaient la prépondérance à l’agriculture,
le monde rural fut perçu d’une manière moins idéalisée et artificielle. Aux
bergers et bergères amoureux et enrubannés, les artistes préférèrent
le paysan décrit dans le labeur productif et utile à la nation. Monde
simple, libre et vertueux, les campagnes invitèrent à une douceur de vivre
qui ne résultait plus de la chimie des sentiments, mais des bienfaits de l’agriculture et des joies simples de la vie rustique.
Le cœur en scène
Située dans les îles Ioniennes, Cythère s’imposait dans les esprits cultivés des
contemporains de Watteau comme le lieu idyllique des plaisirs et de l’amour
depuis que, tout juste sortie de l’écume de la mer, Vénus y avait été conduite
par les Zéphyrs, petits amours ailés.
Entre 1710 et 1715, donc dans les années qui précédèrent l’exécution du tableau de Watteau, les scènes de l’Opéra, du Palais-Royal ou des foires parisiennes accordèrent une place de choix au thème. En 1713 au Palais-Royal
avec Les Amours déguisés mis en musique par Bourgeois, et à la foire SaintLaurent avec Les Pèlerins de Cythère en 1714, à l’Opéra avec le prologue
d’Arion sur une partition de Matho, la Cythère imaginée par Fuzelier, auteur
du livret, accueillait les amants et abritait l’infidélité conjugale et la passade.
Données dans les mêmes années lors des foires Saint-Laurent et Saint-Germain, ainsi qu’à l’Opéra, Les Pèlerins de Cythère de Letellier, Les Amours de
Cythère de Charpentier, Les Fêtes de l’Été de Pellegrin purent également inspirer Watteau. De Dancourt à Marivaux, de Beaumarchais à Mozart, le
sentiment amoureux, la double inconstance, le jeu de l’amour et du
hasard, les errances du cœur avaient fourni des modèles aux peintres
qui avaient à leur tour inspiré les créations des poètes, des écrivains
et des musiciens.
Salle 4
Salle 5
Salle 6
À la conquête des arts décoratifs
En 1744, le marchand Edme-François Gersaint soulignait combien rien
n’était plus propre à former le goût que les estampes. Elles permettaient de
connaître les tableaux. Quand on voulait les examiner avec attention, elles
faisaient facilement découvrir le style de chaque école et de chaque maître.
Aussi furent-elles particulièrement recherchées des artistes et des artisans et
elles formèrent un précieux répertoire de modèles.
Dans toute l’Europe, porcelaines, faïences, tapisseries, tabatières,
objets de luxe ou du quotidien, aidèrent par leurs décors à populariser la fête galante, la pastorale et la scène rustique. Amoureux fabriqués à Meissen, bergères produites à Chelsea, petits sujets de table ou pièces
de vaisselle, les modèles furent innombrables et leurs décors permirent à
d’autres d’y trouver l’inspiration de leurs propres sujets. Les moins talentueux
se contentèrent de reproduire avec plus ou moins de bonheur les images
dont ils disposaient. Les plus habiles s’en inspirèrent et réinterprétèrent les
thèmes à leur manière.
16
17
Salle 7
Lorsque l’Europe chantait à l’unisson l’amour et la fête
Portés par la France, les sujets de fêtes galantes, de pastorales et de
scènes rustiques connurent un immense succès en Europe. De nombreux collectionneurs, souverains ou amateurs fortunés, recherchaient les
œuvres des maîtres les plus célèbres, Watteau, Pater, Lancret ou bien encore
Boucher. La renommée de ces derniers était telle que certains étrangers n’hésitèrent pas à leur passer directement commande, firent appel à leurs élèves
ou à leurs suiveurs, ou bien encore sollicitèrent des peintres afin d’obtenir des
copies de leurs œuvres.
Particulièrement florissant, le marché de l’estampe aida aussi à considérablement populariser leurs créations et les rendit accessibles au plus grand
nombre. En fonction du goût des commanditaires, en fonction également de
la localisation en Europe, les artistes rendirent hommage aux créations parisiennes ou se tournèrent vers les exemples nordiques, David Téniers disputant à Watteau le talent des sujets champêtres et galants. L’Europe de la fête
galante et de la pastorale fut, naturellement, celle des sensibilités diverses.
Tout arbitraire qu’il soit, le choix d’œuvres réunies à l’occasion de l’exposition n’a pour autre but que de le souligner.
Thomas Gainsborough,
Conversation dans un
parc, vers 1746-1747,
huile sur toile,
Paris, musée du Louvre
FOCUS SUR QUELQUES
CHEFS-D’ŒUVRE
Hieronymus Janssens (Anvers, 1624 - Anvers, 1693)
Le Jeu de la main chaude. Vers 1665-1670
Huile sur toile
H. 0,58 m ; L. 0,83 m
Paris, musée du Louvre
Surnommé « le Danseur » pour ses nombreux tableaux de bal, l’Anversois
Hieronymus Janssens se spécialisa dans la peinture des loisirs de la haute société. Caractéristique de son abondante et répétitive production, cette élégante composition doit beaucoup au Jardin d’amour de Rubens : devant un
portique italianisant, une assemblée somptueusement vêtue et coiffée à la
dernière mode (ce qui permet de la situer vers 1665-1670, par comparaison
avec d’autres tableaux signés de l’artiste) converse galamment au son du luth,
sous les figures tutélaires de Vénus et de l’amour. Mais le ton est ici moins
à la rêverie poétique qu’au divertissement mondain, autour de la table de
tric-trac ou du jeu de la main chaude. Le visage enfoui dans un mouchoir, la
tête sur les genoux de son « confesseur », l’un des participants présente une
main derrière le dos, la paume vers l’extérieur, tandis que les autres joueurs
le frappent à tour de rôle jusqu’à ce qu’il devine le nom de son assaillant. Janssens représenta à maintes reprises le « frappe-main » (une variante de notre
composition est conservée aux musées royaux des Beaux-Arts de Belgique),
initiant le retour aux origines médiévales et aristocratiques de ce jeu que ses
contemporains préféraient représenter dans un contexte populaire. Il sera
suivi dans cette voie par les artistes français du siècle suivant, tels
Watteau et Fragonard, qui ont peut-être admiré dans les collections
royales ce tableau aux tonalités délicates et à la touche vaporeuse.
Olivia Savatier
18
19
Antoine Watteau (Valenciennes, 1684 - Nogent-sur-Seine, 1721)
Pèlerinage à l’île de Cythère. 1717
Huile sur toile
H. 1,29 m ; L. 1,94 m
Paris, musée du Louvre
Le 30 juillet 1712, Watteau se présenta à l’Académie royale de peinture et
de sculpture afin de montrer plusieurs de ses ouvrages et d’être ainsi agréé.
Après avoir voté, la Compagnie considéra que l’artiste avait fait ses preuves.
Dans un premier temps, il fut décidé que le directeur de l’Académie, Van
Clève, donnerait le sujet du morceau de réception. Puis, rapidement, on pensa qu’il était plus approprié de laisser à Watteau le choix de traiter le thème
qui lui plairait. Le 28 août 1717, Antoine Watteau apportait enfin le tableau lui
permettant d’être reçu au sein de la prestigieuse compagnie. Ce jour-là, sur
le registre de l’Académie, l’œuvre était désignée comme Le pèlerinage à l’isle
de Cithère. Peu de temps après, ce titre était biffé au profit de celui de Feste
galante. Exposée au palais du Louvre, la toile était inventoriée par Chardin en
1775 sous le titre Un embarquement pour Cithère.
Pour Watteau, le sujet était familier. Il l’avait déjà illustré, au moins à deux
reprises, dès 1709-1710. Le jeune peintre ne faisait d’ailleurs pas là acte de
grande originalité. Non seulement Bernard Picart en avait auparavant donné
une image dont l’estampe de Duflos avait aidé à la diffusion, mais la littérature et le théâtre s’étaient emparés du thème et l’avaient mis furieusement à
la mode. Située à l’extrême sud des îles Ioniennes, Cythère s’imposait dans
les esprits cultivés en lieu idyllique des plaisirs et de l’amour depuis que, tout
juste sortie de l’écume de la mer, Vénus y avait été conduite par les Zéphyrs.
Aussi, de nombreux auteurs en avaient-ils fait une destination de prédilection. En choisissant le pèlerinage pour sujet de son morceau de réception,
Watteau faisait donc écho à une mode qui connut son apogée dans les années
1710-1716.
Exercice contraint, le morceau de réception lui permit de suivre les règles
tout en les transgressant. La toile emprunte son format à la peinture d’histoire
et fait appel à plusieurs personnages de la mythologie : le terme de Vénus à
droite, figure de pierre inanimée qui pourrait être seulement un élément du
décor, mais aussi les nuées d’amours ailés, de chair et de sang, tout comme
les deux nautoniers dénudés à l’aspect de divinités antiques conduisant la nacelle, et un Cupidon aux épaules couvertes d’une chemise et d’un mantelet de
pèlerin. Ces êtres d’invention se mêlent à huit couples contemporains.
C’est là toute l’originalité de la composition, hommage au monde du
théâtre et de l’opéra qui, lui aussi, n’hésita pas à mêler la fable au réel en
un curieux assortiment de costumes auquel Watteau ne demeura assurément pas insensible. Sans doute les académiciens en avaient-ils été surpris.
Confrontés à une telle nouveauté picturale, appelés à la caractériser et surtout familiers du répertoire et de la littérature comme des idées nouvelles
louant la vie champêtre et les jeux de la galanterie, loisir noble par excellence, ils avaient légitimement conclu qu’il s’agissait d’une « feste galante ».
La toile en présentait toutes les caractéristiques. Six couples appartiennent à
l’évidence à la classe des honnêtes gens. Avec élégance, ils sont vêtus d’atours
qui évoquent soit la mode contemporaine, soit celle du théâtre. Le bourdon,
la gourde ou le mantelet témoignent de leur condition de pèlerins. Situés au
centre de la composition, deux autres couples portent des tenues plus populaires. Le délassement figuré n’est donc peut-être pas apanage de caste. Six
de ces couples ont déjà pris le chemin de la nacelle, le septième s’apprête à en
faire de même, le huitième est encore assis dans l’échange amoureux. Cupidon et Vénus ferment la farandole. Le divin gamin n’utilise pas ses flèches,
soigneusement rangées dans le carquois sur lequel il est assis, mais il tire
sur la jupe de la jeune femme et échange avec elle un regard, comme s’il la
conviait à répondre à l’invitation du galant qui la presse à rejoindre la joyeuse
cohorte. Gamme amoureuse décomposant le geste et donnant presque le
sentiment que Watteau tourne autour d’un couple afin d’en multiplier les
points de vue, ainsi qu’il le faisait aussi sur certains de ses dessins, la toile
suggère trois temps dans l’évolution du sentiment amoureux, ceux
de la persuasion, du consentement et de l’harmonie par l’union. Nul
regret ne semble affecter les visages. Encore moins l’hésitation. Départ vers
Cythère ou bien retour de Cythère, c’est là toute l’ambiguïté de la toile. On
s’étonne que cela ait pu susciter autant d’interrogations. Avant ou après, la
joie demeure. Avant 1829, Dominique Vivant Denon, homme du 18e siècle, se
contentait de souligner au sujet du tableau que l’empire de l’Amour s’exerçait
sur tous les caractères. La femme prude, la coquette et la sensible cédaient,
chacune à sa manière, à l’entraînement général. Tout respirait l’amour, l’air
en était empreint. C’est lui qui enflait les voiles des bâtiments qui allaient
conduire les amants dans l’empire de ce despote destructeur. N’avait-il pas
raison ?
Demeurée dans les collections de l’Académie royale de peinture et
de sculpture, cette œuvre intégra le musée du Louvre en 1793. À l’exception du prêt pour la rétrospective « Antoine Watteau » à Paris au
Grand Palais en 1985, ce tableau n’avait jamais quitté le Louvre avant
l’exposition au Louvre-Lens.
Xavier Salmon
20
21
Pierre Antoine Quillard
(Paris, 1700 - Lisbonne, 1733)
Fête campagnarde. Vers 1725
Huile sur toile
H. 0,47 m. ; L. 0,56 m
Salzbourg, Residenzgalerie
« Comme Bonaventure de Bar et
Philippe Mercier, avec plus de talent
qu’eux cependant, il a cherché souvent son inspiration dans un souvenir, une réminiscence, un souffle du
grand Watteau ». C’est en ces termes
que Jean Guiffrey concluait en 1929
l’article qu’il avait dédié dans la Gazette des Beaux-arts à Pierre-Antoine Quillard.
Bien que la carrière de Quillard ait
été fort brève, l’artiste semble avoir
bénéficié d’une certaine renommée
de son vivant. À deux reprises, en
1723 et 1724, il avait obtenu le second prix au concours du prix de
Rome. Même s’il avait dû s’effacer
devant Boucher, puis Carle Vanloo, Quillard manifestait alors déjà beaucoup de qualités. Peut-être les avait-il développées auprès de Watteau, dans
l’atelier duquel il semble être passé vers 1712-1715, copiant alors les dessins
et les tableaux du maître. En 1726, il accompagnait au Portugal le médecin
suisse Charles Frederick Merveilleux afin de lui donner les dessins destinés
à illustrer l’ouvrage que celui-ci avait décidé de dédier à l’histoire naturelle
du pays. Très vite il se fit de nouveau remarquer et fut nommé peintre officiel du roi Jean V en 1727. Pendant les six années qui suivirent, jusqu’à son
décès, l’artiste continua à peindre les sujets de fêtes galantes et de pastorales
qui l’avaient fait connaître, mais il fut aussi sollicité pour des portraits officiels, des plafonds, des retables, l’ornementation de carrosses et des dessins
destinés à être gravés, en particulier pour certaines pompes funèbres. Tout
au long du 18e siècle, ses œuvres furent recherchées par les amateurs. Elles
apparaissent dans de nombreux catalogues de vente, qui les désignent alors
comme des amusements ou des bambochades champêtres, des paysages
agréables dont on loue la jolie couleur, l’effet piquant, le pinceau léger, la
touche spirituelle, l’assez bonne couleur et les compositions pleines de variété. On souligne parfois que tel tableau « tient au reflet et à la couleur de
Watteau », ou bien encore que l’œuvre « peut entrer en parallèle avec les plus
beaux ouvrages de Watteau ». Certains sujets lui sont d’ailleurs directement
empruntés, à l’exemple du Débarquement dans l’Isle de Cythère. Cependant
Quillard ne doit pas être reconnu uniquement comme un suiveur servile. Il
se distingue par le type de ses figures, allongées, aux visages poupins ou aux
traits aigus qui peuvent être reprises d’une composition à l’autre. Souvent
les personnages forment des groupes, s’adossant les uns aux autres, constituant des petites îles humaines. Ils peuvent avoir la raideur d’une poupée ou
l’agitation d’un acteur de la Commedia dell’Arte. Ils prennent place dans des
paysages où les arbres se tordent et se penchent et où la lumière aime à jouer
des contrastes comme si elle filtrait au travers des frondaisons par un jour
de grand soleil. Donnant avec les années une gamme plus blonde à sa peinture et, conférant à ses figures des silhouettes plus épanouies, le tableau de
Salzbourg en témoigne parfaitement, Quillard sut à la fois préserver l’esprit de Watteau et de Lancret tout en regardant la peinture nordique,
tout particulièrement celle des tavernes et des danses populaires de
Téniers le jeune. Il leur emprunte cette atmosphère festive et paysanne
où se mélangent les classes sociales, les âges, les caractères et les tempéraments. Il en illustre aussi les débordements, mais en convoquant toujours la
musique, la danse et le théâtre, comme si Watteau était toujours demeuré
vivant dans ses pensées.
Xavier Salmon
François Boucher (Paris, 1703 - Paris, 1770)
Le Pasteur complaisant. Vers 1738
Huile sur toile
H. 1,42 m ; L. 1,89 m
Paris, Archives Nationales, Hôtel de Soubise
Après le décès de sa première épouse, Hercule-Mériadec de Rohan se remaria en 1732, à l’âge de soixante ans, avec la jeune Marie Sophie de Courcillon,
âgée de dix-neuf ans. Afin de plaire à sa nouvelle épouse, le duc souhaita transformer à partir de 1735 les appartements qu’ils occupaient à l’hôtel de Soubise. Le chantier permit de faire appel aux meilleurs artistes, tels que Pierre
Charles Trémolières, Carle Vanloo, Charles Joseph Natoire et François Boucher. Pour l’essentiel, les tableaux avaient pours sujets des divinités, l’histoire
de Psyché ou des allégories. Seuls Trémolières et Boucher avaient été invités
à peindre des toiles n’illustrant pas le grand genre. Pour la salle d’audience de
l’appartement du prince, Boucher réalisa trois tapisseries illustrant des scènes
de vie à la campagne et deux dessus-de-porte aux sujets nouveaux. Dans ces
deux toiles, Le Pasteur galant et Le Pasteur complaisant, Alastair Laing a en
effet reconnu en 1986 les tout premiers exemples conservés de Pastorales, soit des épisodes idéalisés de la vie sentimentale des bergers et
des bergères. En 1753, l’abbé Jean-Bernard Le Blanc désignait clairement
Boucher comme le créateur du genre. L’artiste avait trouvé une grande part
de son inspiration dans le répertoire de la poésie, du théâtre et de l’opéra comique. Paru de 1607 à 1627, L’Astrée d’Honoré d’Urfé connaissait encore un
immense succès cent ans après. Les églogues de Bernard de Fontenelle (1688)
leur disputaient cet engouement. Jean-Baptiste Rousseau, Piron, Gresset ou Favart
se livraient au genre avec le
même accueil enthousiaste
de la part d’un public toujours
enclin à goûter les idylles de la
pastorale. Boucher connaissait certains de ces auteurs.
Avec leurs bergers, soigneusement vêtus de soie et de
velours, qui cherchent à obtenir le consentement de leurs
belles par quelque guirlande
de fleurs fraîchement coupées
ou un oiseau capturé, les deux
tableaux de l’hôtel de Soubise
illustraient par l’image ce que
la poésie donnait à voir par les
mots et ce que le théâtre invitait à connaître le temps d’une
représentation.
Xavier Salmon
22
23
Jean-Baptiste Oudry
(Paris, 1686 - Paris, 1755)
L’Odorat. 1749
Huile sur toile
H. 1,443 m ; L. 0,66 m
Jean-Baptiste Oudry (Paris, 1686 - Beauvais, 1755)
La France ou L’Agriculture. 1750
Huile sur toile
H. 1,30 m ; L. 2,12 m
Paris, musée du Louvre
Le 17 juin 1751, Oudry rédigeait le mémoire nécessaire au paiement du tableau : « Livré pour Monseigneur le Dauphin un tableau de 6 pieds et demi
de long sur 4 pieds de haut représentant à un costé du tableau une ferme,
une grange à costé, une charrette attelée de deux chevaux pleine de foin,
deux hommes qui le sert [serrent] dans laditte grande [grange] ; devant la
ferme une femme qui file, une autre avec un enfant, un homme qui dort ; à
l’autre costé dudit tableau, une femme qui tire de l’eau. Sur le devant dudit
tableau, une mare, sur le bord de laquelle il y a un chien qui tient un canard,
des cannes avec leurs petits qui s’enfuyent dans la mare et, à l’autre bord, des
vaches, des chèvres et des moutons. Sur le second plan un laboureur avec sa
charüe, un autre qui sème derrière, un berger avec son troupeau, une rivière,
un pont et un lointain considérable. C’est ainsy que Monseigneur le Dauphin
l’a dicté audit sieur Oudry, et en a fait faire l’esquisse devant luy. Ce tableau
est des plus fins ; il a tenu à faire plus de quatre mois audit sieur Oudry, sans
l’esquisse, les voyages et le temps perdu. »
Le document est d’importance car il témoigne combien le prince avait été
directif dans le choix de l’iconographie. Il ne s’agissait pas alors de plaire
uniquement à l’œil, mais de rendre hommage à la vie rustique et aux bienfaits de l’agriculture. En offrant au pays un temps de paix par un gouvernement sage, le souverain permettait à ses sujets d’exploiter dans
la quiétude la terre nourricière et favorisait par conséquent la félicité
des peuples. Illustration picturale du travail bénéfique, la toile qui fut nommée au 18e siècle sous les titres de La France ou de L’Agriculture, entendait délivrer un message bien différent de celui des aimables pastorales de Boucher.
Xavier Salmon
Tout comme son époux Louis XV,
et avec la complicité de la direction
des Bâtiments du Roi, Marie Leszczyńska aima à introduire des
sujets de pastorales dans le décor de ses appartements privés.
Souvent inscrits dans de lumineux
paysages, ces sujets venaient égayer
de petites pièces où la souveraine aimait à s’isoler d’une vie de cour trop
contraignante.
Ainsi, après des artistes tels que
Lancret, Boucher ou Natoire,
Jean-Baptiste Oudry fut-il sollicité en 1749 afin de peindre cinq tableaux pour le petit cabinet de la
reine au château de Versailles. Dans
ce cycle illustrant les cinq sens, chacune des toiles accordait une place
de choix à un grand ciel lumineux
et donnait aux personnages des dimensions plus réduites. Dans l’exposition, les allégories de l’Odorat et
de l’Ouïe développent la thématique
de l’offrande des fleurs et celle de la
danse et de la musique. Ces plaisirs
où la galanterie le disputait aux joies
simples de la vie avaient assurément
su plaire à la souveraine.
Xavier Salmon
24
25
Louis Watteau (Valenciennes, 1731 - Lille, 1798)
Le Midi ou Le Repos et le dîner des ouvriers travaillant aux foins. 1774
Huile sur toile
H. 0,651 m ; L. 0,836 m
Valenciennes, Musée des Beaux-Arts
Manufacture de porcelaine de Vincennes
L’Agréable leçon. 1752
Porcelaine tendre
H. 23 ; L. 24,5 ; Pr. 15 cm
Paris, musée du Louvre
Cette œuvre témoigne parfaitement de la diffusion de la pastorale et des sujets champêtres dans tous les grands centres artistiques régionaux. Recherchés à Paris par les amateurs, ces sujets l’étaient tout autant dans le nord de
la France où ils assurèrent le succès de Louis Watteau, neveu d’Antoine Watteau, qui s’en était fait une spécialité. L’allégorie du Midi célèbre une paysannerie heureuse et laborieuse dont les vertus furent particulièrement soulignées à partir des années 1750. Par sa volonté de vraisemblance et son
souci du détail juste, elle se distingue de la fiction théâtrale et amoureuse longtemps proposée par François Boucher.
Après une formation à l’Académie royale de peinture et de sculpture à Paris
au début des années 1750, l’artiste s’était établi comme peintre en 1756 dans
sa cité natale, à Valenciennes. Cependant c’est à Lille, à partir de 1765, que
ses œuvres avaient été surtout recherchées. Grâce aux commandes du banquier et négociant de dentelles Charles Lenglart, grand amateur de peintures
nordiques, grâce aussi à sa position officielle d’adjoint à professeur à l’école
de dessin de Lille de 1771 à 1778, puis comme professeur, grâce enfin aux Salons de sa ville d’adoption où il exposa à partir de 1773, Louis Watteau parvint
rapidement à se faire connaître. Sollicité par les communautés religieuses
pour peindre quelques grands sujets religieux non dépourvus de maladresse,
l’artiste fut avant tout recherché par la clientèle des notables de sa région
pour ses divertissements militaires, ses bivouacs et ses haltes d’auberge où
les danses et les beuveries étaient encouragées par la présence féminine,
et pour ses sujets paysans décrivant des campagnes marquées par la joie de
vivre et les bonheurs simples. D’inspiration française et de coloris flamands,
les tableaux faisaient écho sans volonté moralisatrice aux œuvres de David
Téniers le jeune dont le succès ne connaissait aucune éclipse et se propageait
à l’aide de l’estampe.
Xavier Salmon
Au Salon de 1748, Boucher expose un tableau intitulé Un Berger qui montre à
jouer de la flûte à sa Bergère. La peinture illustre une scène des Vendanges de
Tempé, pantomime qui connut un grand succès en 1745. L’auteur en était le
dramaturge Charles Simon Favart, directeur de l’Opéra Comique et ami de
Boucher, qui conçut pour lui des costumes et des décors.
L’histoire d’amour entre un petit berger (dont on ne connaît pas le nom) et Lisette sert de fondement au récit. Dans la cinquième scène, le berger montre
à Lisette comment jouer de la flûte. Tandis qu’il tient son instrument, Lisette
souffle dedans. Ce mélange de sentimentalisme et de symbolique érotique à
peine voilée se retrouve dans nombre de pastorales de Boucher.
Boucher livra des dessins à la manufacture de Vincennes à partir de la fin
des années 1740. On peut supposer qu’il soumit un dessin d’après sa peinture
aux sculpteurs de la manufacture, pour qu’ils le reproduisent. Ce groupe
fut l’une des sculptures les plus populaires du 18e siècle. Madame de
Pompadour en détenait plusieurs exemplaires et l’objet servit également de cadeau diplomatique.
Selma Schwartz
Manufacture de porcelaine de Chelsea
La Leçon de musique. Vers 1765
Porcelaine tendre
H. 38,9 ; L. 33,9 ; Pr. 22,3 cm
Londres, Victoria and Albert Museum
Gravée d’après la peinture de Boucher, l’estampe de L’Agréable leçon par René
Gaillard (vers 1719 – 1790) fut commercialisée en 1758. Elle devint l’une
des compositions les plus influentes de Boucher sur les arts décoratifs européens. Elle se retrouve peinte sur de la porcelaine (Sèvres, Chelsea,
Copenhague), sous forme de petits groupes sculptés (Chelsea, Frankenthal,
Lunéville), sur l’ornementation émaillée d’une montre ou encore comme
motif sur un coton imprimé à Nantes à la manière de la toile de Jouy.
La Leçon de musique est un chef-d’œuvre de sculpture en porcelaine de Chelsea, réalisé à l’époque où la manufacture est fortement influencée par la production de Sèvres. La pièce reste pourtant indéniablement britannique, avec
sa base rococo sophistiquée, la peinture complexe des motifs sur les vêtements et le bocage typiquement anglais – un buisson d’aubépine en fleur – enveloppant les deux sujets. Le modèle en a été exécuté par le sculpteur Joseph
Willems (vers 1715 – 1766), l’un des modeleurs, originaire de Bruxelles, qui
travaillaient pour l’industrie de la porcelaine britannique. Il était également
réputé en dehors de la manufacture, enseignant le dessin et la sculpture à
Londres et exposant ses œuvres à la Society of Artists.
Selma Schwartz
26
27
Norbert Grund
(Prague, 1717 - Prague, 1767)
La Balançoire
Huile sur bois
H. 0,272 m ; L. 0,220 m
Prague, Galerie nationale
Avec les décors de František Jakub
Prokyš peints en 1756-1757 sur les
murs du pavillon de Bellaria au château de Český Krumlov, l’œuvre de
Norbert Grund est assurément le
plus bel hommage qui ait été rendu au genre de la fête galante en
Bohême.
Grund a surtout travaillé le petit format, répondant en cela à la demande
d’une clientèle essentiellement
bourgeoise. Marqué par la guerre,
le règne de Marie-Thérèse (17401780) fut pour la Bohême un temps
de rupture artistique. Tandis que la
noblesse se retirait sur ses terres,
les classes moyennes se laissaient bercer par la mode et préféraient
aux scènes religieuses de la Contre-Réforme, les sujets décrivant une
société heureuse à l’atmosphère idyllique. Formé par son père Kristian,
Norbert Grund poursuivit son apprentissage à Vienne à partir de 1737, où il
fut particulièrement influencé par les paysages de Franz de Paula Ferg. Si ses
biographes ont régulièrement évoqué un voyage dans le nord de l’Italie et
en Allemagne, aucun document d’archives ne vient le confirmer. Peut-être
Grund eut-il cependant le loisir de venir jusqu’à Wurtzbourg car son frère y
travaillait comme harpiste. Le peintre y découvrit alors la peinture vénitienne
par l’intermédiaire des décors et des toiles de Giambattista Tiepolo. De retour
à Prague, il fut reçu en 1753 au sein de la corporation des peintres et ouvrit son
propre atelier. Sa connaissance des œuvres des écoles européennes continua dès lors à se développer au sein des collections, en particulier la collection Nostitz. Toutes ces sources visuelles, ainsi que l’estampe, peuvent sans
doute expliquer les influences dont témoigne l’œuvre de Norbert Grund. Ses
scènes de port évoquent les modèles des védutistes vénitiens. Ses sujets de
danse populaire rappellent les maîtres flamands. Ses paysages rendent hommage à ceux de Zaïs et de Zuccarelli. Ses petits tableaux figurant des galants
et des élégantes abandonnés aux joies de l’escarpolette, aux plaisirs de la
promenade et aux excitations de la musique ou de la boisson appartiennent
au genre de la fête galante. Touchée du bout du pinceau en de merveilleux
petits empâtements qui forment un visage, jouent avec les frondaisons, et
donnent aux compositions un caractère ludique, chacune de ses œuvres
appartient à un univers de rêve cristallin imprégné de poésie rococo.
Contrairement à certains de ses contemporains, Norbert Grund ne se veut
aucunement un plagieur. Il ne cherche ni à reprendre, ni à adapter pour son
propre compte telle composition ou telle attitude gravée d’après Watteau, Pater, Lancret ou bien encore Boucher. Lyriques et souriantes, d’une luminosité
vibrante, ses créations à l’écriture menue et libre sont marquées d’une originalité toute personnelle qui fut goûtée de la clientèle et conduisit le maître et
ses imitateurs à multiplier les variantes.
Xavier Salmon
Francisco José de Goya y Lucientes
(Fuendetodos, Saragosse, 1746 - Bordeaux, 1828)
La Balançoire ou L’Escarpolette. 1779
Huile sur toile
H. 2,60 m ; L. 1,65 m
Madrid, Museo del Prado
Lorsque Goya commença à peindre à Madrid à partir de janvier 1775 les cartons qui devaient être tissés à la manufacture royale de tapisserie de Santa
Barbara, fut-il influencé par les nombreux exemples français ? La question
demeure aujourd’hui sans véritable réponse.
Sur le chemin de Rome, au début de l’année 1770, l’artiste était passé par Perpignan, Narbonne, Montpellier, Nîmes, Marseille, Toulon et Antibes. À cette
occasion, il lui avait été certainement possible de voir certaines œuvres figurant des fêtes galantes et des pastorales ou bien encore leurs reproductions
gravées. À Madrid les sujets populaires peints par David Téniers et par Lorenzo Tiepolo, comme ceux exécutés par Michel-Ange Houasse pour Philippe V
pouvaient également avoir attiré son attention, tout comme les nombreuses
estampes qui diffusaient en Europe les créations des maîtres français. Aussi
lorsqu’il fut invité à peindre ses premiers cartons sur le thème des costumes et
des divertissements proposé par Anton Raphaël
Mengs avec l’accord du roi Charles III, la culture
visuelle de Goya n’était-elle probablement pas
vierge d’exemples français.
Cette toile est un travail préparatoire à la série
de tapisseries exécutées pour l’antichambre du
prince des Asturies au Palais du Pardo, représentant des types folkloriques. Le premier carton
de cette série reprenait le thème si français de la
Balançoire. Peinte avec une grande liberté de facture qui renonçait totalement au dessin pour laisser triompher la couleur, la toile réunit trois majas
veillant sur des enfants de l’aristocratie richement vêtus à la française. La joyeuse assemblée
a quitté Madrid pour profiter des plaisirs simples
de la campagne. La voiture attend à l’arrière-plan.
À la mode, le sujet aurait pu n’être que l’illustration d’un divertissement innocent. Il
a pourtant suscité quelques interprétations.
En 1993, Janis Tomlinson y reconnaissait une allégorie des trois âges rappelant l’estampe de Dupuis gravée d’après le tableau de Watteau, L’Occupation selon l’âge. À chaque âge correspondait une
activité et une attitude. Les enfants observaient
les fleurs. La coquette en mouvement sur la corde
manifestait sa joie d’adolescente en souriant. La
maja d’âge mur veillait à ce que le plus jeune des
bambins ne s’échappe pas et en contemplant les
deux âges précédents témoignait du temps qui
passe. Tomlinson soulignait aussi le caractère
plus ambigu du regard échangé entre la maja de
dos et les vachers situés à l’arrière-plan. Peut-être
voulue par Goya, cette connotation érotique demeurait cependant discrète. Trop explicite elle
n’aurait certainement pas répondu aux critères
de bienséance de la commande royale.
Xavier Salmon
28
29
liste des artistes
liste des prêteurs
ANGILLIS Pierre
OUDRY Jean-Baptiste
BAR (DE) Bonaventure
BERCHEM Nicolaes
BISON Giuseppe Bernardino
BLOEMAERT Abraham
BONNET Louis-Marin
BOSSE Abraham
BOUCHER François
BRENTEL Friedrich
PAGANO Michele
PARROCEL Joseph
PATER Jean-Baptiste
PESNE Antoine
PIERRE Jean-Baptiste Marie
PLATZER Johann Georg
PORTAIL Jacques-André
CALLOT Jacques
CAZES Pierre-Jacques
CHANTEREAU Jérôme François
CLOUWET Peter
DIETRICH Christian Wilhelm Ernst
FALENS (VAN) Carel
FRAGONARD Jean-Honoré
GAINSBOROUGH Thomas
GAREMIJN Jan Antoon
GOYA (DE) Francisco
GRIMOU Alexis
GRUND Norbert
GUÉRIN Louis
HILAIRE Jean-Baptiste
HOndius Hendrick
HOREMANS Peter Jacob
HUET Jean-Baptiste
JANNECK Franz Christoph
JANSEN Johann Matthias
JANSSENS Hieronymus
QUILLARD Pierre-Antoine
REMBRANDT (Rembrandt Harmenszoon van Rijn, dit)
Sadeler Raphaël
Scheyndel (van) Gillis
SILVESTRE (DE) Nicolas Charles
STEEN Jan
TÉNIERS David
TIETZ Ferdinand
TRINQUESSE Louis Roland
TROOST Cornelis
VANLOO Jean-Baptiste
VELDE (VAN DE) Esaïas (Gillis van
Scheyndel, d’après)
VIGÉE Louis
VINCKBOONS David
VOS (DE) Maarten (Raphaël Sadeler, d’après)
KÄNDLER Johann Joachim
WATTEAU Antoine
WATTEAU Louis Joseph
WILDENS Jan (Hendrick Hondius,
d’après)
WOUWERMAN Philips
LANCRET Nicolas
YPEREN (VAN) Jan Thomas
Mercier Philippe
MILLOT Henri
MUTSCHELE Bonaventura Joseph
(attribué à)
ZAÏS Giuseppe
ZUCCARELLI Francesco
Allemagne
Augsbourg, Städtische Kunstsammlungen, Barock-Galerie
Berlin, Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie
Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Alte Pinakothek
Munich, Städtische Galerie im Lenbachhaus
Nuremberg, Germaniches Nationalmuseum
Autriche
Salzbourg, Residenzgalerie
Espagne
Madrid, Museo Nacional del Prado
France
Barly, collection Didier Cramoisan
Bordeaux, Musée des Beaux-Arts
Caen, Musée des Beaux-Arts
Desvres, Musée de la céramique
Douai, Musée de la Chartreuse
Fontainebleau, Musée national du château
Gravelines, Musée du dessin et de l’estampe originale
Lille, Musée de l’Hospice Comtesse
Lille, Palais des Beaux-Arts
Paris, Archives nationales
Paris, collection privée
Paris, Comédie-Française
Paris, École nationale supérieure des beaux-arts
Paris, Fondation Custodia, collection Frits Lugt
Paris, galerie Frederick Chanoit
Paris, Musée Cognacq-Jay
Paris, Musée du Louvre
Paris, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Rennes, Musée des Beaux-Arts
Saint-Omer, Musée de l’hôtel Sandelin
Sèvres, Cité de la Céramique - Sèvres et Limoges
Valenciennes, Musée des Beaux-Arts
Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Pays-Bas
Amsterdam, Rijksmuseum
Leyde, Museum De Lakenhal
Rotterdam, Museum Boymans Van Beuningen
République Tchèque
Český Krumlov, Château, Institut National du Patrimoine, Gestion des Sites
Historiques Régionaux de České Budějovice
Prague, Národni galerie
Royaume-Uni
Londres, Belvedere collection
Londres, Victoria and Albert Museum
Waddesdon, The Rothschild collection
30
31
Catalogue de l’exposition
Autour de l’exposition
au siècle de Madame de Pompadour
Les sujets de fêtes galantes et pastorales ont été popularisés par Antoine
Watteau puis François Boucher dans la première moitié du XVIIIe siècle. Ils
connurent un immense succès jusqu’à la Révolution. D’abord adoptés par
les peintres, ils se propagèrent rapidement, en particulier grâce à l’estampe
et à d’autres disciplines, et se diffusèrent à travers toute l’Europe. Les
arts décoratifs, avec notamment les manufactures de Sèvres, de Meissen,
ou bien encore de Beauvais, s’emparèrent de ces thèmes et multiplièrent
les figurines d’amoureux vêtus à la moderne, de galants de théâtre ou
de bergers transis pour de jolies bergères. Depuis les sources jusqu’aux
derniers développements, l’ouvrage retrace la fortune d’un genre délicat et
séduisant, qui enchanta l’Europe du Siècle des lumières. Un hommage au
goût français et au bonheur de vivre !
Sous la direction de Xavier Salmon, conservateur général du patrimoine
Sommaire
Avant-propos
• « Dansez, embrassez qui vous voudrez », par Xavier Salmon
Fêtes et plaisirs d’amour
DANSEZ, EMBRASSEZ
QUI VOUS VOUDREZ
au siècle de Madame de Pompadour
Sujets de convivialité et d’amour. Antécédents nordiques et
français
• Scènes de convivialité et d’amour dans l’art flamand et hollandais :
réflexions sur les sources des peintres de fêtes galantes, par Olivia
Savatier
€ 39,00
louvrelens.fr
silvanaeditoriale.it
DANSEZ, EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ
Fêtes et plaisirs d’amour
DANSEZ, EMBRASSEZ
QUI VOUS VOUDREZ
Fêtes et plaisirs d’amour au siècle de Madame de Pompadour
Dansez, embrassez qui vous voudrez
Sous la direction de Xavier Salmon, commissaire de l’exposition
DANSEZ COUV BAT.indd 1
13/11/15 09:19
Le temps de Watteau
• Watteau et la fête galante, par Xavier Salmon
Le cœur en scène
• La fête galante dans le répertoire théâtral du 18e siècle, par Agathe
Sanjuan
• L’opéra et la fête galante, par Mathias Auclair
• Sous l’habit du pèlerin, par Xavier Salmon
Boucher et les amours à la campagne
• L’amour à la campagne. Pastorales et sujets rustiques, par Xavier
Salmon
• Le « petit goût » en exemple, par Xavier Salmon
Sentiments, félicité et harmonie
• Redécouvrir le monde des campagnes, par Xavier Salmon
À la conquête des arts décoratifs
• De la fête galante aux amours pastorales : le langage international
des gravures, par Selma Schwartz
Lorsque l’Europe chantait à l’unisson l’amour et la fête
• La France pour modèle, par Xavier Salmon
Auteurs
Mathias Auclair, Kateřina Cichrová, Stéphane Loire, Xavier Salmon, Agathe
Sanjuan, Olivia Savatier Sjöholm, Selma Schwartz.
Informations pratiques
• Coéditeurs : Louvre-Lens / Silvana Editoriale
• Format : 23 x 29 cm
• 3 20 pages, 280 illustrations couleurs
• Prix public : 39 €
hors-série
Hors-série du magazine L’Objet d’Art
Coordination par Myriam Escard-Bugat
• 48 pages
• Prix public : 9 €
<< François Boucher, Le Nid ou Le Présent du berger (détail), huile sur toile, Paris, musée du Louvre
32
33
programmation culturelle
Conférence
Samedi 5 décembre à 17h
Avant Watteau : sujets de convivialité et d’amour dans les Écoles du Nord
Par Olivia Savatier, musée du Louvre.
Banquet littéraire
Vendredi 15 janvier à 18h30 et 20h
Arlequin et la Commedia dell’Arte
Par Didier Galas, en partenariat avec le chef lensois Jean-Claude Jeanson.
Musique
Samedi 5 décembre à 20h30
Concert de l’orchestre de Douai
Concerto pour flûte et harpe de Mozart et Le Tombeau de Couperin de Ravel.
Direction Philippe Bernold.
Conférence + cinéma
Jeudi 21 janvier à 18h
Fêtes galantes et Pastorales, de Bohême en Vénétie
Par Xavier Salmon, musée du Louvre. Suivie de la projection du film La Nuit
de Varennes d’Ettore Scola (1982).
Conférence
Lundi 7 décembre à 18h
Présentation de l’exposition
Par Xavier Salmon, musée du Louvre.
Projection
Dimanche 24 janvier à 15h
Les Noces de Figaro
Projection de l’opéra filmé de Mozart d’après Beaumarchais, mis en scène à
l’Opéra de Paris par Giorgio Strehler.
Conférence + cinéma
Mercredi 9 décembre à 18h
À la rencontre d’une œuvre : Pèlerinage à l’île de Cythère de Watteau
Par Florence Raymond, Palais des Beaux-Arts de Lille. Suivie de la projection
du film Que la fête commence de Bertrand Tavernier (1975).
Musique
Samedi 12 décembre à 19h
Conversations galantes et amusantes
Musique du 18e siècle par les solistes du Concert d’Astrée (flûte, violon, violoncelle et clavecin).
Théâtre musical jeune public
Vendredi 18 décembre à 10h et 14h30
Samedi 19 décembre à 18h
La Belle Escampette
Deux voix et un violoncelle pour un spectacle poétique, à partir de 3 ans.
Musique
Dimanche 20 décembre à 11h, 14h30, 16h et 17h
Opérabus : l’opéra au 18e siècle
Dans le quartier de la Grande Résidence à Lens, opéra miniature dans un bus.
Conférence
Jeudi 7 janvier à 18h
L’opéra au 18e siècle
Par Mathias Auclair, Bibliothèque nationale de France.
Conférence
Samedi 9 janvier à 15h30
Watteau et l’histoire du goût au 18e siècle
Par Guillaume Glorieux, université de Rennes.
Danse
Samedi 9 janvier à 19h
Que ma joie demeure
Par la compagnie Fêtes galantes / Béatrice Massin, sur les concertos brandebourgeois de Bach.
Conférence
Mercredi 27 janvier à 18h
La mode au 18e siècle
Par Pascale Gorguet-Ballesteros, Palais Galliera – musée de la mode de la
Ville de Paris.
Conférence
Samedi 30 janvier à 15h30
La fête galante et sa diffusion par la gravure dans l’Europe du 18e siècle
Par Gaëtane Maës, université de Lille III.
Bal costumé
Vendredi 5 février à 20h30
Les fastueuses fêtes galantes du 18e siècle !
Bal costumé animé par la compagnie Fêtes galantes / Béatrice Massin.
Conférence
Mercredi 24 février à 18h
Le théâtre et la Comédie-Française au 18e siècle
Par Agathe Sanjuan, bibliothèque-musée de la Comédie-Française.
Théâtre
Jeudi 25 février à 19h
Le Petit Maître corrigé de Marivaux
Lecture spatialisée dirigée par Clément Hervieu-Léger, sociétaire de la
Comédie-Française.
Conférence
Samedi 27 février à 15h30
Watteau dessinateur, tout un monde en quelques traits
Par Sophie Raux, université de Lille III.
34
35
Caisse d’Epargne
Nord France Europe,
grand mécène
de l’exposition
Partenaires
La Caisse d’Epargne Nord France Europe, banque coopérative régionale
de proximité, forte de ses 1,8 million de clients, 343 000 sociétaires et 2340
collaborateurs, est pleinement engagée dans le développement économique
et culturel de la région Nord-Pas de Calais.
Grand Mécène Bâtisseur du Louvre-Lens, la Caisse d’Epargne Nord France
Europe accompagne, depuis son ouverture, le Louvre-Lens dans ses projets
culturels d’envergure. Elle a fait le choix d’être mécène de l’exposition
« Dansez, embrassez qui vous voudrez. Fêtes et plaisirs d’amour au siècle de
Madame de Pompadour ».
Rappelons que la Caisse d’Epargne Nord France Europe avait été mécène en
2013 de la première exposition internationale du Louvre-Lens, « L’Europe de
Rubens » puis de l’exposition « 30 ans d’acquisitions en Nord-Pas de Calais.
Carte blanche aux musées de la région » présentée du 28 mai 2014 au 1er juin
2015 dans le Pavillon de verre. La Caisse d’Epargne Nord France Europe est
également mécène des réserves visitables du musée.
La Caisse d’Epargne Nord France Europe, un grand mécène régional
La Caisse d’Epargne Nord France Europe est partenaire officiel de lille3000
et, dans le cadre de Renaissance, elle est mécène de l’exposition « Joie de
Vivre » au Palais des Beaux-Arts de Lille.
La Caisse d’Epargne Nord France Europe soutient l’Orchestre National de
Lille et s’investit au sein de l’association Arpège. Dans le domaine musical,
elle accompagne également l’Orchestre de Douai, l’ensemble vocal de la
Chapelle du Hainaut, Jazz en Nord et propose, au travers de son site « Esprit
Musique », de nombreuses offres et concerts au public de la région.
Dans la perspective de l’ouverture en 2016 du futur musée-atelier
départemental du verre de Sars-Poteries, la Caisse d’Epargne Nord France
Europe facilite, depuis plusieurs années, l’acquisition d’œuvres ou la
réalisation de travaux par des publics en difficulté, fidèle à sa politique
de soutien à la lutte contre la précarité, l’exclusion, le handicap et pour
encourager l’insertion, qu’elle anime par le biais de sa fondation « Agir et
Réussir ensemble».
Contact presse : Gonzague Mannessiez
T : +33 (0)3 20 66 67 19 / +33 (0)6 81 06 97 56
[email protected]
le printemps lille,
partenaire de l’exposition
partenaires médias
<< Nicolas Lancret, Le Baisser de rideau, dit aussi Acteurs de la Comédie italienne ou Le Théâtre italien, huile sur bois,
Paris, musée du Louvre
36
37
Les expositions partenaires
dans le Nord-Pas de Calais
EXPOSITION - ÉVÉNEMENT
LE CHÂTEAU DE VERSAILLES
E N 10 0 C H E F S - D ʼ Œ U V R E
LE CHÂTEAU DE VERSAILLES EN 100 CHEFS-D’ŒUVRE
Musée des Beaux-Arts d’Arras
Jusqu’au 20.03.2016
Après le succès de « Roulez carrosses ! », le musée accueille à nouveau le
château de Versailles. Pour cette exposition une centaine de chefs-d’œuvre
des collections du château de Versailles, dont certains jamais encore prêtés,
sont présentés à Arras. Les visiteurs découvrent des œuvres exécutées par les
plus grands artistes du temps, dans les matériaux les plus précieux : le buste
de Louis XIV de l’ancien Escalier des Ambassadeurs, les monumentales
tapisseries des Gobelins, le bureau du grand Dauphin, la statue du bassin
de Latone, ou encore les porcelaines de Marie-Antoinette. Rendez-vous à
Versailles, à la découverte de l’excellence des métiers d’art français, ceux
d’hier comme ceux d’aujourd’hui.
• Billet couplé avec l’exposition du Louvre-Lens : 10 €.
RÊVERIES ITALIENNES
Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
Jusqu’au 17.01.2016
L’exposition dans la ville natale de l’artiste étudie les emprunts qu’Antoine
Watteau fit tout au long de sa carrière au modèle italien. Autour d’un ensemble
prestigieux de peintures et de dessins du maître, des œuvres des 16e, 17e et
18e siècles montrent comment il puisa dans la culture artistique européenne
pour créer des œuvres qui allaient ouvrir la voie à une nouvelle école de
paysage. Dans le sillage de Watteau, Nicolas Vleughels, Charles Joseph
Natoire, François Boucher et Hubert Robert se montrèrent en effet captivés
par la douceur des sites italiens. À partir de ces rêveries italiennes, l’exposition
explore un modèle artistique qui mena à l’éclosion du Romantisme.
• Billet couplé avec l’exposition du Louvre-Lens : 11 €.
Nicolas de Launay d’après Jean-Honoré Fragonard, Les Hasards heureux de l’escarpolette,
1782, eau forte et burin, Paris, musée du Louvre >>
Informations générales
38
39
Informations pratiques
Contacts presse
Dates de l’exposition
5 décembre 2015 – 29 février 2016
Presse nationale et internationale
Claudine Colin Communication
Diane Junqua
T : +33 (0)1 42 72 60 01 / +33 (0)6 45 03 16 89 [email protected]
Horaires d’ouverture
Tous les jours de 10h à 18h, fermé le mardi, le 25 décembre et le 1er janvier.
Nocturne exceptionnelle jusqu’à minuit le samedi 5 décembre.
Presse régionale et belge
Musée du Louvre-Lens
Bruno Cappelle
T : +33 (0)3 21 18 62 13
[email protected]
Tarifs de l’exposition
(grille tarifaire 2016)
• Tarif plein : 10 €.
• Tarif jeunes (18-25 ans) : 5 €.
• Gratuit pour les moins de 18 ans et les demandeurs d’emploi
(liste complète des exonérations sur www.louvrelens.fr).
• Gratuité exceptionnelle pour tous les 5 et 6 décembre.
Pour accompagner la découverte
• Visite guidée tous les mercredis, jeudis, vendredis à 14h30 ; le
samedi à 12h et 15h30 ; le dimanche à 12h et 14h30. Durée : 1h.
Tarifs : 6 / 4 €.
• Repérage tous les lundis, mercredis, jeudis, vendredis et dimanches
à 11h30 et 15h30 ; le samedi à 11h30. Durée : 15 min. Gratuit.
• Guide multimédia disponible en français, anglais et néerlandais.
• Livret-jeux gratuit pour les enfants de 7 à 12 ans.
• Ateliers thématiques pour les enfants, les adultes et les familles :
programme détaillé sur www.louvrelens.fr.
À voir également…
Exposition « Métamorphoses » dans le Pavillon de verre jusqu’au 21 mars
2016 (gratuit).
Prochaine exposition
Charles Le Brun (18 mai - 29 août 2016).
Adresse
Musée du Louvre-Lens
99 rue Paul Bert
62300 Lens
Renseignements
T : +33 (0)3 21 18 62 62
www.louvrelens.fr
Facebook : MuseeLouvreLens
Twitter : @MuseeLouvreLens
Visuels libres de droits
CONDITIONS GÉNÉRALES D’UTILISATION :
• Ces images sont exclusivement destinées à la promotion de l’exposition
présentée au musée du Louvre-Lens du 5 décembre 2015 au 29 février 2016.
• L’article doit préciser au minimum le nom du musée, le titre et les dates de
l’exposition.
• Toutes les images utilisées doivent porter, en plus du crédit photographique,
la mention Service presse/Musée du Louvre-Lens.
• Les crédits et mentions obligatoires doivent figurer près de la reproduction.
• Merci de bien vouloir adresser un justificatif à [email protected]
Conditions particulières aux visuels rmn :
• Chaque média peut reproduire gratuitement 4 images RMN maximum.
Au-delà, contacter [email protected].
• Toute reproduction d’image RMN ne peut excéder le format ¼ de page.
Au-delà, contacter [email protected].
Pour accéder au téléchargement de ces images, merci de contacter
Bruno Cappelle (presse régionale et presse belge) ou Diane Junqua
(presse nationale et internationale).
40
41
Salle 1. Sujets de convivialité et d’amour. Antécédents nordiques et français
Salle 3. Le cœur en scène
8. Nicolas Lancret, Le Baisser de rideau, dit aussi Acteurs de la Comédie
italienne ou Le Théâtre italien, huile sur bois, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle
1. Hieronymus Janssens, Le Jeu de la main chaude, vers 1665-1670, huile
sur toile, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Franck Raux
9. Philippe Mercier d’après Antoine Watteau, La Troupe italienne en vacances, burin et eau-forte, Paris, musée du Louvre
© Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Angèle Dequier
1
2. Rembrandt, Le Joueur de flûte ou L’Espiègle, 1642, eau-forte et pointe
sèche, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Tony Querrec
3. Nicolaes Berchem, Bétail à l’abreuvoir, avec un berger et quatre bergères, 1679, plume et encre brune, lavis brun, Paris, musée du Petit Palais
© Petit Palais / Roger-Viollet
10. Bohême ou Autriche, Veste de Pierrot, 18e siècle, tissu de laine, toile
cirée, Český Krumlov (République tchèque), château
© Droits réservés
8
11. Bohême ou Autriche, Veste masculine avec miroirs, 18e siècle, tissu de
laine, miroirs, Český Krumlov (République tchèque), château
© Droits réservés
Salle 2. Watteau et la fête galante
2
4. Antoine Watteau, Pèlerinage à l’île de Cythère, 1717, huile sur toile,
Paris, musée du Louvre
© Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Angèle Dequier
12. Bohême ou Autriche, Costume masculin « der Hanswurst », 18e siècle,
velours de soie, taffetas de soie, passementerie d’argent, Český Krumlov
(République tchèque), château
© Droits réservés
9
Salle 4. L’Amour à la campagne. Pastorales et sujets rustiques
5. Antoine Watteau, Huit études de têtes de femme et une tête d’homme,
pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Thierry Le Mage
13. F
rançois Boucher, Le Nid ou Le Présent du berger, vers 1740, huile sur
toile, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Droits réservés
3
6. Jean-Baptiste Pater, Réjouissance de soldats, 1728, huile sur toile, Paris,
musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda
10
11
14. François Boucher, Le Pasteur complaisant, vers 1738, huile sur toile,
Paris, Archives nationales, Hôtel de Soubise
© RMN-GP / Droits réservés
15. François Boucher, Jeune homme assis à terre, sanguine et lavis de sanguine, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Gérard Blot
7. Pierre-Antoine Quillard, Fête campagnarde, vers 1725, huile sur toile,
Salzbourg, Residenzgalerie
© Fotostudio Ulrich Ghezzi, Oberalm
4
12
5
6
7
13
14
15
42
16
16. Jean-Baptiste Oudry, La France ou L’Agriculture, 1750, huile sur toile,
Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau
24. Manufacture de Beauvais et Louis Delanois, Fauteuil à la Reine du château de Gâtelier, noyer doré, laine et soie, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda
17. Jean-Baptiste Oudry, L’Odorat, 1749, huile sur toile, Versailles, musée
national des châteaux de Versailles et de Trianon
© RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
25. S
axe, Manufacture de Meissen, Johann Joachim Kändler, La Cueillette
des cerises, 1765, porcelaine, Paris, musée du Louvre
© Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Thierry Ollivier
Salle 5. Fragonard contre Rousseau
26. P
ays-Bas, Delft, Manufacture indéterminée, Plaque à bord chantourné
avec un couple dans un paysage, 1776, faïence à décor de grand feu,
Saint-Omer, musée de l’hôtel Sandelin
© Musées de Saint-Omer
18. Nicolas de Launay d’après Jean-Honoré Fragonard, Les Hasards heureux de l’escarpolette, 1782, eau forte et burin, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Thierry Le Mage
17
24
27. M
anufacture de tapisserie de Beauvais, d’après Jean-Baptiste Huët, L’Escarpolette, vers 1782-1790, laine et soie, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Droits réservés
19. Louis Watteau, Le Midi ou Le Repos et le dîner des ouvriers travaillant aux foins, 1774, huile sur toile, Valenciennes, musées des beauxarts
© RMN-GP (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda
Salle 7. Lorsque l’Europe chantait à l’unisson l’amour et la fête
Salle 6. À la conquête des arts décoratifs
20. Attribué à Jean-Baptiste Devos, Tabatière, 1738-1739, or et diamants
« taille brillants », Paris, musée Cognacq-Jay
© Fr. Cochennec et C. Rabourdin / Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet
28. Thomas Gainsborough, Conversation dans un parc, vers 1746-1747,
huile sur toile, Paris, musée du Louvre
© RMN-GP (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi
29. Norbert Grund, La Balançoire, huile sur bois de tilleul, Prague, Galerie
nationale
© National Gallery in Prague 2015
25
21. Saxe, Manufacture de Meissen, Johann Joachim Kändler, Le Jaloux, vers
1765, porcelaine, Paris, musée Cognacq-Jay
© Eric Emo / Musée Cognacq-Jay / Roger-Viollet
30. Francisco de Goya, La Balançoire ou L’Escarpolette, 1779, huile sur
toile, Madrid, Museo del Prado
© Madrid, Museo Nacional del Prado
18
22. Manufacture de Vincennes, L’agréable leçon, 1752, biscuit de porcelaine
tendre, Paris, musée du Louvre
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle
23. Grande-Bretagne, Manufacture de Chelsea, La leçon de musique, vers
1765, porcelaine, Londres, Victoria and Albert Museum
© Victoria and Albert Museum
26
19
20
21
22
23
27
28
29
30
Grand mécène
Partenaire
Partenaires médias
Antoine Watteau, Pèlerinage à l’île de Cythère (détail), Paris, musée du Louvre © Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Angèle Dequier - agencemixte.com
Partenaires institutionnels