ARMENTIÈRES - La fabrique des quartiers

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ARMENTIÈRES - La fabrique des quartiers
LA VOIX DU NORD
DIMANCHE 25 AOÛT 2013
ARMENTIÈRES
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AUJOURD’HUI
BONJOUR V Nuances de gris
Fête du cheval à PérenchiesVerlinghem V Spectacle de
voltige, pony-games, carrousel, baptêmes à poneys, etc.
Gratuit. À partir de 14 h, base
de loisirs du Fort, 70 route de
Pérenchies.✆ 09 77 78 48 36. ■
Ni tout noir, ni tout blanc, le problème des marchands de sommeil
est bien plus compliqué qu’il n’y
paraît. M. Bessa a été condamné,
mais il se trouve lui aussi « victime » de locataires (lire ci-dessous). Certains diront « bien fait »,
d’autres analyseront que c’est une
bonne illustration du problème du
logement. Quand les bailleurs sociaux saturent, des personnes aux
parcours de vie compliqués finissent pas s’endormir dans l’insa-
PENSEZ-Y !
lubrité. Pour avoir un toit. Mais défier les normes, c’est aussi défier
la vie, tous les jours. Intoxications
au monoxyde de carbone, saturnisme lié aux peintures anciennes
à base de plomb, des dangers qui
guettent les plus pauvres. ■ P. R.
Inauguration du stade Auguste-Salmon V À partir de
15 h, matchs amicaux ; à
17 h 30, inauguration officielle
du stade. Samedi 31, à 17 h 30,
rue de la Briqueterie à Saillysur-la-Lys. ■
ON EN PARLE
Logements insalubres dans l’Armentiérois :
marchands de sommeil ou précarité ?
respecter le règlement sanitaire
départemental, « créé dans les années 1960, mis à jour en 2002 »,
précise-t-il.
« Depuis 2009, l’insalubrité augmente sensiblement, ajoute l’inspecteur. La crise crée des situations
de précarité énergétique. » Avant
chaque hiver, la municipalité essaie de sensibiliser au problème
du monoxyde de carbone. En
Armentières comme Houplines
sont des villes où le logement
ancien a la part belle. Mais ces
belles façades cachent parfois
des logements qui sont loin des
normes de salubrité. Par la
faute de propriétaires
négligents, mal renseignés, ou
de locataires peu scrupuleux.
Depuis quelques années, les
pouvoirs publics prennent le
problème à bras-le-corps.
«Depuis 2009, l’insalubrité
augmente sensiblement.
La crise crée des situations
de précarité énergétique.»
PAR PLANA RADENOVIC
[email protected]
PHOTO « LA VOIX »
Sur un panneau de liège à l’entrée de la mairie d’Armentières,
une dizaine d’arrêtés d’insalubrité s’étalent. Olivier Deturck, inspecteur de l’environnement urbain, rigole : « Je n’ai plus beaucoup
de place… » Parmi ces logements
diagnostiqués comme ne correspondant pas aux normes, une
adresse, rue des Déportés.
Nous nous y rendons, et tombons
sur… Antonio Moreira Bessa, en
train de peindre un mur.
L’homme de 56 ans avait fait
beaucoup parler de lui en 2009,
lorsqu’il avait été condamné à de
la prison avec sursis, assorti
d’une conséquente amende, pour
avoir loué un logement insalubre
des années, au-dessus du café
qu’il tenait près de la mairie
d’Houplines.
Là, Antonio est en pleins travaux.
Ses locataires ont, selon lui, filé
sans payer les 6 000 € de loyer
qu’ils lui devaient. Et au passage,
Antonio Moreira Bessa retape un appartement laissé en piteux état par des locataires.
en saccageant l’appartement.
Pour preuve, il nous montre les
tags au mur, les prises arrachées… Le marchand de sommeil
se serait-il fait à son tour enfumer ? En tout cas, malgré sa
condamnation, il possède encore
« une vingtaine d’appartements à
Houplines et Armentières », qu’il
continue de louer.
À Houplines, l’affaire Bessa avait
fait l’effet d’une bombe. L’évacuation des logements situés au-dessus du café était « la première opé-
« S’il y avait eu le feu, il y
aurait eu des cadavres »,
Léon Cnockaert, adjoint à
Houplines.
ration de cette envergure dans le
Nord-Pas-de-Calais », se souvient
Léon Cnockaert, adjoint au maire
chargé de l’action sociale. Tout
était parti d’un Houplinois qui
s’était plaint lors d’une perma-
nence : son logement avait été reloué pendant qu’il était hospitalisé. « Il n’y avait pas de fenêtres, pas
de toilettes. S’il y avait eu le feu, il y
aurait eu des cadavres », lâche Léon
Cnockaert.
Toujours est-il que ce précédent a
poussé les communes à s’attaquer au problème du logement
insalubre. Armentières a créé le
poste d’inspecteur de l’environnement urbain en 2009. Olivier Deturck, qui était auparavant responsable de l’éclairage public, fait
moyenne, Olivier Deturck fait un
ou deux signalements par mois à
l’Agence régionale de santé
(ARS), qui ensuite diagnostique
l’insalubrité, ou non, du logement. Les locataires qui pensent
vivre dans l’insalubrité sont invités à se signaler en mairie.
L’insalubrité d’un logement n’est
pas toujours le fait d’un locataire.
« Parfois, ils ne font pas le nécessaire, commente Léon Cnockaert.
J’ai déjà retrouvé dans un appartement un moteur démonté sur la
table. » Houplines a cinq arrêtés
d’insalubrité en cours. En général, les propriétaires, par peur
d’une sanction judiciaire, font les
travaux demandés. Mais le maire
Jean-François Legrand reste « vigilant » lorsqu‘il se promène. Il a
déjà vu « un trou entre deux étages.
Un locataire voyait celui du dessous. » ■
Insalubrité rime avec précarité
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Au-delà des marchands de sommeil, minoritaires, le problème des
logements insalubres est souvent
lié à de petits propriétaires qui
n’ont pas les moyens d’investir
dans de gros travaux, ou à des locataires précarisés, qui ont tellement peur de dormir dehors
qu’ils n’osent se plaindre. Pour
ces personnes exclues du marché
privé, le comité armentiérois
d’aide au logement propose des
solutions.
Cette
association
achète « des maisons en mauvais
état, au prix le plus bas possible »,
renseigne sa présidente Marie-Rita Loridan, pour les louer pas
cher à des personnes précaires.
Sinon, restent les logements so-
MR Loridan, présidente du Comité armentiérois au logement.
ciaux. Armentières est largement
au-dessus des quotas imposés,
avec plus de 1300. Et, dans les
1070 logements neufs construits
au cours du mandat, 623 seront
sociaux et 447 en accession à la
propriété. Il n’empêche que la demande est plus forte que l’offre.
560 dossiers sont actuellement
en cours d’instruction à la mairie.
Houplines, de son côté, n’est qu’à
14 % de logements sociaux (+3 %
depuis 2009), au lieu des 30 %
imposés par la loi SRU. Le maire
met en avant la « mixité sociale »
de sa ville, qui compte 65 % de
propriétaires, dont beaucoup de
« petits propriétaires occupants ». ■
P. R.