Arthrodèse post-traumatique du rachis cervical chez le
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Arthrodèse post-traumatique du rachis cervical chez le
Arthrodèse post-traumatique du rachis cervical chez le sportif compétiteur. Rééducation, reprise du sport et prévention L. Savalli, P.L. Puig, P. Trouve Centre Européen de Rééducation du Sportif. 83 avenue du Maréchal de Tassigny. 40 130 CAPBRETON. Introduction Le traumatisme cervical bénin exclut, par définition, l’existence d’une lésion osseuse ou discoligamentaire grave pouvant être facteur d’instabilité et susceptible de constituer une menace neurologique. Si la reprise du sport ne pose pas de problème particulier après un traumatisme cervical bénin, dans la mesure où le sportif n’a pas de douleur et a récupéré une bonne mobilité cervicale ainsi qu’une bonne tonicité musculaire, la question est plus difficile après traumatisme cervical grave, surtout dans le cadre de la pratique de sports à risque. L’objectif de cette étude est d’évaluer le devenir, à distance d’une arthodèse cervicale chez le sportif et de discuter les modalités de prise en charge du sportif blessé et les modalités de reprise du sport en fonction de sa dangerosité. Nous évoquerons par ailleurs l’importance de la prévention pour limiter l’incidence de tels accidents dans la pratique sportive et permettre la reprise des sports à risque dans les meilleures conditions. Matériel et méthode L’étude porte sur 9 dossiers de patients hospitalisés au CERS au décours d’un traumatisme cervical grave survenu entre 1996 et 2000. Les données habituelles ont été colligées à savoir, l’âge, le type de sport pratiqué et le niveau sportif, le diagnostic initial et le type d’intervention, les complications, le délai d’admission au CERS et la durée de séjour. Un questionnaire a été adressé à distance pour connaître le devenir en terme de reprise du sport, l’existence de douleurs au moment de l’enquête évaluée sur EVA, leur retentissement dans la vie sportive, professionnelle et quotidienne, la satisfaction quant à l’évolution et l’auto-évaluation de la récupération des capacités physiques, antérieures au traumatisme sur une échelle numérique de 0 à 10 (où 0 représente l’impossibilité de pratiquer du sport et 10 la récupération des capacités physiques antérieures). Le recul moyen au moment de l’enquête est de 31.8 mois +/- 17,6. L’âge moyen de la population est de 24 ans +/- 4,4. 7 sont de sexe masculin. Il s’agit de sportifs tous compétiteurs. La répartition selon le sport pratiqué s’établit de la façon suivante : Rugby (4), Karaté (1), Football (1), Tennis (1), Motocross (1), Course de moto (1). 2 sportifs pratiquent à un niveau international, 4 à un niveau national, et 3 à un niveau régional (voir tableau 1). 1 La lésion est une fracture instable dans 4 cas, une entorse grave instable dans 3 cas (accompagnée d’un déficit moteur C5C6 dans un cas), une hernie discale avec névralgie cervico-brachiale aiguë dans 2 cas (tableau 2). Concernant le mécanisme traumatique, dans 3 cas le traumatisme est lié à un accident de la voie publique. Les autres cas, sont des accidents de sport. Lorsque le traumatisme survient dans le cadre du rugby, il s’agit d’un traumatisme en flexion (2 cas) à la faveur d’un effondrement de mêlée ou d’un regroupement. Dans 1 cas, le mécanisme est celui d’un traumatisme en compression. Dans 2 cas, le traumatisme fait suite à une chute de moto sur piste ou de moto-cross. Dans un cas, la hernie discale avec névralgie cervico-brachiale survient au cours d’un exercice de Kata qui suppose des mouvements rapides et de grandes amplitudes du rachis cervical et des membres supérieurs (tableau 1). Dans les suites post-opératoires, il n’existe pas de séquelle neurologique sauf dans un cas, de façon transitoire. Tableau 1 N° Sexe Age Sport Niveau Mécanisme* Effondrement de mêlée, 1 M 26 Rugby National 2 M 18 Foot Régional AVP 3 M 22 Rugby National AVP 4 M 22 5 F 33 Tennis Régional AVP 6 M 24 Motocross Régional Accident de moto* 7 M 20 Rugby National 8 F 28 Karaté International 9 M 25 Rugby National Course de Moto International en flexion forcée* Accident de moto sur circuit* Regroupement en flexion forcée* Kata* Traumatisme axial en compression* Le traumatisme de la blessure s’inscrit dans le sport pratiqué 2 Tableau 2 N° Diagnostic Intervention 1 Entorse grave avec paralysie C5C6 Décompression médullaire antérieure avec corporectomie C6 et greffon 2 Entorse grave C5C6 + fracture massif art C5C6 droit Fracture-Luxation avec horizontalisation du massif articulaire C6 gauche et déplacement de C6 sur C7 Fracture corporéale C7 avec instabilité C6C7 liée à l'atteinte discale Fracture déplacée de l'axis intéressant les 2 pédicules et le corps sans signe neurologique Fracture-Tassement corporéal C4 avec déformation importante sans s neurologique Hernie discale C4C5 et cyphose C4C5 évolutive>20° Ablation disque C5C6.Greffon cortico-spongieux Ostéosynthèse plaque Orion 3 4 5 6 7 ArthrodèseC6C7 avec greffon (abord antérieur) Excision du disque C6C7 et arthrodèse antérieure par cage intersomatique ACROMED avec greffon osseux iliaque Arthrodèse C1-C3 Arthrodèse postérieure de C2 à C5 par plaque axis Réduction cyphose discectomie C4C5. Plaque cage avec greffon osseux 8 NCB C5C6 Discectomie voie antérieure. Greffe intersomatique C5C6 9 NCB droite C5C6 Intervention de Robinson Résultats (Tableau 3 et 4) Concernant le taux de réponse, 8 patients sur 9 ont répondu au questionnaire dont 1 après relance téléphonique. Tous les patients ont repris une activité sportive. 3 ont repris leur sport antérieur à la blessure (moto sur piste, karaté, foot), et 5 ont changé de sport (les 3 rugbymen, le pratiquant de moto-cross et la joueuse de tennis). Dans un cas le changement de sport (tennis) est sans rapport avec l’histoire cervicale. 6 patients se disent très satisfaits de l’évolution et 2 assez satisfaits. Au moment de l’enquête, la douleur est évaluée sur l’échelle visuelle analogique à 2,66 +/- 1,75, avec des extrêmes compris entre 0 et 5. 3 sportifs ne présentent aucune douleur cervicale. 2 sportifs estiment que les douleurs ont des répercussions importantes dans la pratique sportive, contre 1 seul dans la pratique professionnelle. Il n’existe que peu ou pas de retentissement des douleurs dans la vie de loisir ou dans la vie quotidienne. La récupération des capacités antérieures est évaluée à 8,4/10 en moyenne. 4 estiment avoir totalement récupéré les capacités physiques antérieures 3 Tableau 3 Sport Recul au N° moment de l’enquête 1 26 mois 2 38 mois 3 60 mois 4 38 mois 5 18 mois 6 55 mois 7 11 mois 8 11 mois Reprise Motif de la baisse de Niveau de Récupération de la niveau ou du satisfaction des capacités compétition changement de sport du sportif antérieures Non Non Blessure AS 5 Oui Oui - TS 10 Oui Non Blessure TS 10 Oui Oui - TS 10 Non Non Sans relation TS 10 Oui Non Blessure AS 5 Non Non Blessure TS 8 Oui Non Sans relation (grossesse) TS 9 pratiqué au Reprise des moment de entraînements l’enquête Changement de sport Sport antérieur (même niveau) Changement de sport Sport antérieur (même niveau) Changement de sport Changement de sport Changement de sport Sport antérieur Tableau 4 N° 1 2 3 4 5 6 7 8 Douleur Retentissement des Retentissement des Retentissement des Retentissement des à douleurs sur le douleurs sur la douleurs sur les douleurs sur la vie au distance sport profession loisirs quotidien 5 beaucoup moyennement Un peu peu 4 Un peu beaucoup Un peu non 0 - - - - 2,5 Un peu Un peu Un peu non 0 - - - - 3 beaucoup Un peu Un peu peu 2 Un peu Un peu Non peu 0 - - - - 4 Discussion Le mécanisme traumatique. Dans 5 cas le traumatisme cervical s’inscrit dans le cadre d’un accident impliquant un véhicule motorisé, dont 2 correspondent à une chute de moto en compétition. L’importance des forces de décélération inhérente aux accidents sur véhicules motorisés, avec le classique « whishplasch » des anglo-saxons, ou improprement «coup du lapin», explique le mécanisme traumatique, relativement univoque, des lésions du rachis cervical, rencontrées dans le cadre des accidents de la voie publique. A contrario, le mécanisme traumatique conséquence d’une chute de moto peut revêtir de multiples formes. Après les accidents de la voie publique, les sports entraînant des collisions comme le football américain et le hockey sur glace, et plus spécifique à l’Europe (ou l’hémisphère sud), le rugby, sont particulièrement impliqués dans les traumatismes graves du rachis cervical chez le sportif [3, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 15]. Les situations à risque pour le rachis cervical sont essentiellement représentées par les placages (ou le « plaqué » est aussi souvent concerné que le « plaqueur »), les mêlées effondrées ou tournées, les regroupements. Lorsqu’il s’agit d’un accident de mêlée les premières lignes (piliers et talonneurs) sont les premières concernées. Les forces générées par les 2 packs lors de la mêlée peuvent, en effet, atteindre jusqu’à 1 tonne et demi [11] ce qui explique la fréquence des traumatismes cervicaux. Lorsqu’ il s’agit d’un mécanisme en effondrement de la mêlée, le traumatisme cervical se produit habituellement en extension cervicale [6]. Les traumatismes en hyperflexion se rencontrent habituellement à la faveur d’un relever de la mêlée, mais ce type de traumatisme peut aussi se voir lors d’un effondrement de mêlée ou sur un regroupement [13] (2 cas dans notre étude).. Selon Sénégas, un traumatisme en rectitude, lors d’une entrée en mêlée ou sur un placage entraîne souvent une lésion en extension qui peut secondairement se déplacer en flexion. Nous pouvons noter dans notre série, un traumatisme en compression, à l’origine d’une fracture déplacée de l’axis, rarement rencontrées dans la pratique du rugby. Warren classe les lésions selon 3 catégories. Le type I correspond à une lésion médullaire permanente. Le type II regroupe les déficits neurologiques transitoires régressifs en quelques minutes ou quelques heures. Le « burning hands syndrome » à l’origine de paresthésies C5 C6, associées à une faiblesse du membre supérieur et de la main en est un exemple. Il se produit à la suite d’une chute, à la faveur d’un mécanisme en inclinaison cervicale forcée avec abaissement du moignon de l’épaule, entraînant un étirement du plexus brachial supérieur.Le type III associe des traumatismes correspondant à des lésions purement radiographiques, à savoir fractures, fractures-dislocations, entorses , hernies discales. La rééducation : Comme à l’étage dorsal ou lombaire, la rééducation du rachis cervical arthrodésé comporte, chez le sportif, 3 phases qui se succèdent. 5 La première phase correspond à la consolidation osseuse et à la cicatrisation capsulo-ligamentaire. Elle s’étale sur une période d’environ 3 mois. La deuxième phase correspond au sevrage de la contention et à la récupération des qualités analytiques du rachis cervical, de façon à recouvrer une activité normale au quotidien et de permettre la reprise des sports à dangerosité faible ou modérée. La troisième phase vise à préparer le sportif au retour sur le terrain, en cas de sport à risque. Durant la première phase le rachis cervical fait habituellement l’objet d’une immobilisation dont la durée et la qualité, sont fonction de la gravité du traumatisme initial et de la nature du traitement. Durant cette période la rééducation se limite, essentiellement à un travail statique, infra-douloureux, contre résistance manuelle des muscles cervicaux 4 faces. Un travail cervical des membres supérieurs peu également être envisagé, à faible résistance en l’absence de lésion grave du rachis cervical inférieur. Il est en revanche plus facile de proposer un programme d’entretien global des membres inférieurs et des muscles du rachis dorso-lombaire d’autant qu’il existe une contention du rachis cervical. La mise en œuvre d’un programme d’entretien cardio-vasculaire sur cyclo-ergomètre ou sur stepper est également utile. Au décours de cette phase qui peut s’étaler de quelques semaines jusqu’à 3 à 4 mois en cas de fracture de l’arc postérieur, la consolidation osseuse est acquise. La deuxième phase de sevrage de la contention et de récupération des qualités analytiques du rachis cervical peut débuter après contrôle radiographique et avec l’autorisation du chirurgien. Le sevrage de la contention doit être progressif et doit avoir lieu en situation contrôlée durant les séances de kinésithérapie puis déborde progressivement sur la vie quotidienne. Lorsque le sevrage est réalisé trop rapidement, il peut s’en suivre des douleurs d’origine musculaire conséquences du déconditionnement, plus ou moins important, qui suit l’immobilisation. Le problème principal qui se pose à ce stade est celui de la raideur cervicale, dont l’importance dépend de la nature des lésions initiales et du traitement chirurgical ainsi que du degré et de la durée de la contention. Quelque soit son importance, la récupération de la mobilité cervicale doit se faire de façon douce et progressive par des mouvements cervicaux actifs, de préférence couplés à une activité oculaire selon la technique de la rééducation oculo-cervicale bien connue des rééducateurs. Le travail de tonification des muscles cervicaux 4 faces en statique peut être intensifié et un travail de gainage en co-contraction des fléchisseurs-extenseurs peut être progressivement introduit concomitamment à la mise en place d’un travail proprioceptif. Le travail des muscles de la ceinture scapulaire et du tronc peut être intensifié. Au décours de cette phase le patient a recouvré une mobilité cervicale et un contrôle musculaire satisfaisants compatibles avec le retour à une vie quotidienne normale. La phase trois n’a de mise que chez le sportif chez lequel la récupération d’un excellent tonus musculaire cervical est essentielle. Cette troisième phase n’est donc qu’une intensification du programme de renforcement musculaire et de rééducation neuro-motrice initiés durant la phase précédente. Elle est orientée sur trois axes : 6 - le travail musculaire cervical analytique - le gainage en co-contraction et contrôle neuro-moteur - le renforcement de la ceinture scapulaire La mise en œuvre d’un programme d’entretien du rachis cervical, après la reprise d’un sport à risque, est indispensable (voir tableau 5 et 6). Les critères de reprise du sport Si la reprise des sports n’impliquant pas l’existence de contraintes élevées sur le rachis cervical reste possible, dans la mesure ou le sportif ne présente pas de douleur et a récupéré une mobilité cervicale satisfaisante, il n’en est pas de même lorsque la pratique concerne celle d’un sport réputé comme contraignant pour le rachis cervical. Il importe, dans ce cas, de discuter cette reprise avec l’intéressé en fonction d’un certains nombre de critères, en exposant clairement les risques encourus. - Le type de sport pratiqué Il constitue un élément déterminant dans le retour à l’activité sportive. Morganti classe les sports en 5 catégories en fonction de leur dangerosité [9]. Plus simplement, on peut classer les sports en 3 catégories. a) - les sports impliquant des collisions, comme le football américain, le rugby, le hockey sur glace constituent des sports à dangerosité élevé. b) - les sports à dangerosité modérée, susceptibles de provoquer des chutes potentiellement traumatisantes pour le rachis cervical comme la lutte, la gymnastique ou comme certains sports de vitesse (snow-board) ou exposant le rachis cervical à des micro-traumatismes répétés (plongeon). c) - les sports à faibles dangerosités sont représentés par les sports, à la fois peu contraignant pour le rachis cervical et où le risque de chute est exceptionnel. - Le type de lésion Pour J. Sénégas [13], la fusion sur 1 niveau ne constitue pas une contre-indication à la reprise du rugby, contrairement aux fusions sur 2 niveaux ou plus. Lorsque la fusion concerne l’étage C1C2 ou C2C3, il s’agit d’une contre-indication. [4]. - Une séquelle neurologique L’existence d’une lésion médullaire séquellaire constitue pour cet auteur une contre-indication absolue, 7 - Des lésions dégénératives L’existence d’une sténose canalaire, telle qu’elle peut se rencontrer chez le rugbyman représente, lorsqu’elle s’associe à un antécédent de neurapraxie ou d’accident médullaire régressif, une contreindication absolue, en raison du risque d’accident médullaire irréversible. L’indice de Torg, rapport entre le diamètre sagittal du canal cervical et le diamètre sagittal du corps vertébral, est précieux pour dépister une sténose canalaire. On considère que le canal cervical est étroit si cet indice est inférieur ou égal à 0.8. Il faut alors étudier le rapport médullo-canalaire (RMC) par IRM qui correspond au rapport du diamètre médullaire sur le diamètre du canal cervical. Ce rapport est normalement de 0.5. Il devient pathologique au delà de 0.7 [2, 6]. Certaines études ont montré que l’indice de Torg diminue proportionnellement à l’âge et au niveau sportif chez le rugbyman de première ligne, comparativement à une population de sujets témoins, tandis que le RMC varie inversement [1]. Cette sténose canalaire dégénérative liée à la répétition des microtraumatismes accroît le risque d’accident médullaire. - Des séquelles douloureuses, une raideur cervicale, une récupération musculaire incomplètes. Il s’agit d’une contre-indication à la reprise d’un sport à risque en raison du risque accrue de blessure itérative. Sur une série de 5 cas d’entorses graves du rachis cervical inférieur opérés suivis entre 1 et 4 ans, Lapporte [5] fait état du résultat suivant : Les douleurs sont absentes à très modérées, la reprise du sport intervient dans un délai moyen de 4 mois. 4 ont repris le sport dont 2 au niveau antérieur, 1 n’a pas repris en raison d’une tétraplégie non régressive. Sénégas [13] nous fait part de son expérience sur 111 cas de traumatismes cervicaux graves survenus chez des rugbymen entre 1972-96 : 50 (45%) ne présentent aucune séquelle parmi lesquels 11 (10% de la population totale) ont repris le rugby. 37 (33%) conservent des séquelles mineures mais pour 16 d’entres eux (14%) la reprise du rugby s’est avérée possible. 22 (20%) ont gardé des séquelles majeures, parmi lesquels 15 sont en fauteuil roulant. 2 sont décédés (2%). Dans notre étude aucun des rugbymen n’a repris le sport antérieur. Mais Lorsque la reprise d’un sport à risque, comme le rugby, est contre-indiquée, la pratique d’un sport à risque faible ou modéré reste, bien entendu, tout à fait possible, même à un niveau élevé (cf tableau 3) La prévention La prévention d’un accident traumatique cervical repose sur une sensibilisation des entraîneurs et des préparateurs physiques à l’égard du risque traumatique cervical inhérent à la pratique de certains sports, à risque élevé comme le rugby. Il faut insister, tout d’abord, sur l’importance d’une bonne préparation 8 physique destinée à renforcer la musculature rachidienne et de la ceinture scapulaire et sur l’utilité de développer les mécanismes de protection neuro-musculaire. Il importe également, de réaliser des exercices d’échauffement et d’assouplissement des muscles cervicaux avant l’entrée sur le terrain. Ces mesures concernent tous les sports entraînant des contraintes mécaniques élevées sur le rachis cervical. A cet égard, nous avons réalisé, avec la participation de nos préparateurs physique, un programme de prévention primaire et secondaire des blessures du rachis cervical, avec 2 niveaux de difficultés (voir tableau 5 et 6). Rappelons également l’intérêt de certaines mesures préventives concernant certains sports comme le rugby, à savoir l’éviction de la poussée en mêlée des sujets trop jeunes, l’importance de proposer lors de la mêlée un engagement séquentiel ligne par ligne, dos à l’horizontale et de sanctionner les placages hauts et les mêlées écroulées. Quant aux mêlées tournées, elles sont interdites pour les moins de 19 ans. Il faut, en outre, éviter d’avoir recours à un joueur de 3ème ligne pour suppléer l’absence d’un joueur de 1ère ligne. Ce remplacement n’est d’ailleurs autorisé que si 2 joueurs de première ligne sont à leur poste. Les sports de combats susceptibles d’entraîner des chutes avec traumatisme cervical, requièrent l’apprentissage et la maîtrise des techniques de chute. Conclusion Au total, la survenue d’une arthrodèse cervicale après un grave traumatisme, chez le sportif jeune, peut signifier l’arrêt du sport pratiqué si celui-ci est potentiellement à risque. En revanche la poursuite ou la reconversion vers un sport peu ou pas dangereux demeure possible, même à un niveau élevé. Il faut insister, en cas de pratique d’un sport à dangerosité élevée, sur l’importance de la prévention des blessures du rachis cervical dans la pratique sportive, qu’il s’agisse d’une prévention primaire chez le sportif indemne de toute blessure ou d’une prévention secondaire chez le sportif ayant présenté un antécédent traumatique cervical. 9 Tableau 5 : PROGRAMME DE NIVEAU I Echauffement Flexions-Extensions Inclinaisons droite et gauche Rotations droite et gauche Circumduction du rachis cervical droite et gauche alternée (photo 1) Circumduction du moignon des épaules 10 répétitions 10 répétitions 10 répétitions 10 répétitions 10 répétitions Renforcement musculaire de la ceinture scapulaire1 Trapèzes (photo 2) Stabilisateurs d’omoplates (photo 3) Grands Dorsaux (photo 4) Pompes sur plan incliné ou au sol Avec élastique Avec élastique Avec élastique 3 séries de 10 à 20 répétitions Renforcement musculaire du rachis cervical Extenseurs en isométrique en position assise (photo 5) Fléchisseurs en isométrique en position assise (photo 6) Gainage sur plan stable en appui frontal (photo 7) Gainage sur plan stable en appui occipital (photo 8) Gainage sur plan stable en appui pariétal droit et gauche (photo9) 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 10 sec de repos 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 10 sec de repos 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 10 sec de repos 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 10 sec de repos 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 10 sec de repos Relâchement - Détente Grands-Pectoraux Circumduction du rachis cervical droite et gauche alternée 10 sec d’étirement 1 En cas de douleur ou de fatigabilité cervicale par surentraînement le protocole doit être adapté au profit par exemple d’un travail avec élastique. 10 Tableau 6 PROGRAMME DE NIVEAU II Echauffement Flexions-Extensions Inclinaisons droite et gauche Rotations droite et gauche Circumduction du rachis cervical droite et gauche alternée Circumduction du moignon des épaules 10 répétitions 10 répétitions 10 répétitions 10 répétitions 10 répétitions Renforcement musculaire de la ceinture scapulaire2 Trapèzes Fixateurs d’omoplates en décubitus ventral (photo 10) Grands Dorsaux (Photo 11) Pompes sur plan incliné ou au sol 3 séries de 10 répétitions à 50% à 70% de la 10 RM 3 séries de 10 répétitions à 50% à 70% de la 10 RM 3 séries de 10 répétitions à 50% à 70% de la 10 RM 3 séries de 10 à 20 répétitions Renforcement musculaire du rachis cervical Gainage en ponté-occipital (photo 12) Gainage en ponté-frontal (photo 13) Gainage sur plan instable appui frontal (photo 14) Gainage sur plan instable appui occipital (photo 15) Gainage sur plan instable appui pariétal droit et gauche Travail des fléchisseurs en statique à différents angles de travail puis en dynamique lent sur de courte amplitudes (photo 16 et 17) Travail des extenseurs en statique à différents angles de travail puis en dynamique lent sur de courte amplitudes (photo 18) 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 15 sec de repos 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 15 sec de repos 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 10 sec de repos 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 10 sec de repos 5 séries de 10 répétitions de 10 sec de travail, 10 sec de repos Casque avec élastique ou charge additionnelle. Casque avec élastique ou charge additionnelle. Relâchement - Détente Grands-Pectoraux Circumduction du rachis cervical droite et gauche alternée 10 sec d’étirement 2 En cas de douleur ou de fatigabilité cervicale par surentraînement le protocole doit être adapté et revenir à un travail plus doux, avec élastique par exemple. 11 Photo 1 : Circumduction du rachis cervical Photo 2 : Renforcement des Trapèzes Photo 3 : Renforcement des fixateurs d’omoplate Photo 4 : Renforcement des Grands-Dorsaux Photo 5 : Renforcement des extenseurs en isométrique Photo 6 :Renforcement des fléchisseurs en isométrique Photo 7 : Gainage sur plan stable en appui frontal Photo 8 : Gainage sur plan stable en appui occipital Photo 9 : Photo 8 : Gainage sur plan stable en appui pariétal Photo 10 : Renforcement des fixateurs d’omoplate. Photo 11 : Renforcement des Grands-Dorsaux Photo 12 : Gainage en pontéoccipital Photo 15 : Gainage sur plan instable appui frontal Photo 16 : Renforcement des fléchisseurs avec casque et élastique Photo 13 : Gainage en ponté- Photo 14 : Gainage sur plan frontal instable appui frontal Photo 17 : Renforcement des fléchisseurs avec casque et Photo 18 : Renforcement des charge additionnelle extenseurs avec casque 12 Bibliographie : [1] – Berge J, Marque B, Vital JM, Senegas J, Caille JM. Age-related changes in the cervical spines of front-line rugby players. Am J Sports Med 1999, 27, 422-9 [2] - Berge J. Prise en charge radiologique d’un traumatisme du rachis cervical chez le rugbyman. Sport Med 1997, 92, 40-42. [3] - Bottini E, Poggi EJ, Luzuriaga F, Secin FP.Incidence and nature of the most common rugby injuries sustained in Argentina (1991-1997). 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