«Gefco ne lâche pas la messagerie»

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«Gefco ne lâche pas la messagerie»
14 france
INTERVIEW I MARC CAHINGT
PRÉSIDENT DE GEFCO FRANCE
« Gefco ne lâche
pas la messagerie »
Gefco n'est plus seulement un spécialiste de l'automobile et
tient à le faire savoir. La filiale française pilotée par Marc cahingt
peaufine sa réorganisation dans la messagerie.
n L’Officiel des Transporteurs : Quel
est le périmètre de GefcO france ?
nQuelle est votre politique à l’international ?
Gefco france réalise
1,7 Md€ sur les opérations 3 PL. ce périmètre recouvre les activités de la route (messagerie et lot complet/partiel), mais également toutes les autres activités présentes
dans l’offre Gefco : entreposage, maritime,
aérien, logistique véhicules, opérations de
douane et de représentation fiscale. Une
part importante de nos activités reste dédiée au secteur automobile, notre ADN historique. cependant, nous avons fortement
diversifié notre portefeuille de clients avec,
aujourd’hui, un panel important de clients
qui appartiennent à d’autres secteurs industriels que l’automobile.
M. c. : L’international pèse environ un tiers de
nos volumes. Le Groupe Gefco dispose
d’un réseau international en propre de
44 filiales soutenu par des outils informatiques totalement intégrés. Nous sommes en
mesure également de proposer des solutions
multimodales qui combinent la route, le
train, le maritime et l’aérien. La plus-value
spécifique de Gefco est d’apporter une offre
intégrée de porte à porte, optimisant les supply-chains complexes, dans une économie
toujours plus mondialisée.
Marc cahingt :
n Vous avez réduit la « PSa dépendance » ?
M. c. : oui, nous sommes descendus à 50 %
de nos volumes en france. La part de PSA,
d’année en année, se réduit. en contrepartie, nous avons élargi notre portefeuille à
des clients comme Renault ou Toyota, à des
équipementiers comme faurecia ou Valeo,
ou encore à des entreprises de secteurs variés comme Alstom, caterpillar, Safran, Sagem, Ikea, L’oréal, celio. Bref, nous
sommes présents dans beaucoup de secteurs, avec des profils allant des grands
groupes aux PMe. Notre objectif est de nous
développer sur les secteurs où notre savoirfaire, acquis dans l’automobile, peut être
utile à d’autres marchés. en particulier, ceux
qui ont des flux réguliers, de masse, et qui
ont besoin à la fois de moyens importants
et d’une grande rigueur d’exécution.
n comment se segmente le chiffre
d’affaires de 1,7 Md€ de GefcO
france ?
L’activité de logistique véhicule
contribue à hauteur de 600 M€. Le solde de
1,1 Md€ est apporté par les autres activités :
la route, l’entreposage, le maritime, l’aérien
et la douane. Gefco france emploie près
de 4 000 salariés dans l’Hexagone.
M. c. :
l’officiel des transporteurs − n° 2791 du 26 juin 2015
n et la messagerie à l’international ?
M. c. : Gefco france enregistre des résultats
satisfaisants en termes d’exportations grâce à
notre réseau européen de messagerie intégrée. Nous avons la capacité de mobiliser des
flottes importantes, en france mais également dans nos filiales étrangères.
Notre projet est de continuer d’accompagner,
depuis la france, les entreprises françaises
dans leurs flux d’exportation ainsi que les entreprises de distribution dans leurs flux d’importation. Par ailleurs, nous sommes mobilisés sur l’accompagnement des industriels
locaux, français ou non, dans leurs exportations un peu partout dans le monde.
nPeut-on dire que GefcO est droit dans
ses bottes par rapport à la directive Travailleurs détachés et donc à l’emploi de
conducteurs étrangers ?
M. c. : oui, totalement. Nous respectons la réglementation.
nous revient de faire vivre ce contrat dans
l’intérêt des deux parties, ce que nous faisons.
n comment se comporte votre nouvel
actionnaire russe ?
M. c. : Je dirais que, dans l’organisation, no-
tre actionnaire nous laisse une totale autonomie. Il nous offre des moyens supplémentaires dans notre développement sur le
marché russe, un marché compliqué en
termes d’organisation de flux et de
contraintes douanières. Par ailleurs, nous
cherchons à développer, avec son aide, les
flux ferroviaires entre l’Asie et l’europe.
n GefcO est en phase de redéploiement sur le marché français. Quelle
est votre nouveau périmètre depuis
l’annonce d’un PSe au début du printemps dernier ?
M. c. : Nous restons présents dans ce secteur
et nous ne réduisons ni notre offre, ni le
nombre de nos agences. Le marché de la
messagerie est difficile pour tous les acteurs, y compris pour les plus grosses entreprises. La disparition de plusieurs acteurs
n’a pas encore contribué à l’assainir. Pour
autant, nous percevons des signes de la part
de nos concurrents – nous sommes également dans cette logique – de revenir à des
pratiques moins suicidaires en termes de
prix. Pour notre part, nous nous adaptons à
ce contexte difficile. Je dois toutefois souligner que, dans notre approche, nous ne séparons pas la messagerie des autres activités, étant entendu que notre objectif est de
proposer une offre globale à nos clients.
nQuid de vos moyens roulants ?
M. c. : Le groupe gère directement 2 300 ca-
mions à nos couleurs, dont 700 en france.
cette flotte est majoritairement concentrée
sur les activités de messagerie et de lots.
n comment évoluent vos liens avec
PSa, votre ancienne maison-mère ?
M. c. : Le contrat de cession à RZD a encadré
nos relations sur une période de 10 ans. Il
Groupe GeFCo :
4,1 Md€ en 2014
présent dans
150 pays
aveC un réseau
de 44 Filiales.
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Marc Cahingt et GeFCo France veulent muscler leurs positions dans d’autres secteurs que l’automobile.
n comment évolue votre politique tarifaire ?
M. c. : Nous nous sommes engagés dans une
politique de revalorisation tarifaire auprès
de certains clients du secteur de la messagerie, dont le niveau de prix n’était objectivement pas suffisant. Je pense que cette stratégie est nécessaire sur ce marché. Par
ailleurs, Gefco n’avait pas encore effectué
tout le travail d’optimisation de ces processus d’exploitation. Nous le faisons désormais depuis deux ans et avons réduit nos
coûts.
n Sur quels leviers avez-vous agi ?
M. c. : Nous avons agi sur notre organisation
de quais, sur nos processus administratifs,
sur l’optimisation de nos tournées de camionnage, et sur notre plan de transport qui
a été complètement refondu. Nous l’avons
fait avec une attention particulière pour la
qualité de service. Malgré ces efforts, nous
avons réalisé qu’il fallait franchir une étape
supplémentaire.
n c’est-à-dire ?
M. c. : Je
pense à la mise à disposition de
nouveaux outils informatiques et à certains
changements d’organisation liés notamment à la gestion administrative. Nous
continuons de nous appuyer sur le même
nombre d’agences (36 pour la messagerie
sur un total de 70). Nous considérons que
nous possédons le bon maillage. et nous
jouons sur les solutions alternatives dans les
régions où nous sommes un peu éloignés de
certains centres.
n Où en est le PSe ?
M. c. : Il a été engagé en février. Nous avons
l’organisation de notre activité camionnage
(en s’appuyant notamment sur la soustraitance). La messagerie est une brique
dans notre offre ; ce n’est pas la seule mais
elle est essentielle.
n Quelle est la place du lot chez GefcO.
ce secteur est sinistré dans le complet
chez les français. et pour GefcO ?
eu des discussions extrêmement nourries
avec les partenaires sociaux. Nous avons fait
le choix de négocier un accord, ce qui prend
plus de temps. Nous travaillons sur des solutions de reclassement et d’accompagnement à l’extérieur. Les discussions ont bien
avancé, Gefco est un groupe responsable
et nos partenaires le sont également. Nous
devrions aboutir à un accord courant juillet
pour une mise en application à l’automne.
car nous faisons partie du top 3 français.
Nous avons une capacité à mobiliser de
nombreux camions et à optimiser les flux,
en assurant les retours grâce à notre réseau
international. Il faut noter que le PSe ne
touche pas la partie lot. J’ajouterais que nous
sommes davantage engagés sur le développement de la commission de transport que
sur des prestations en propre.
n Le périmètre de réorganisation est-il
toujours le même ?
n GefcO a un savoir-faire dans d’autres
domaines et doit donc le faire savoir…
M. c. : Globalement oui, nous sommes sur
un solde net de moins de 400 personnes, incluant un peu moins de 500 suppressions et
près d’une centaine de créations de postes.
M. c. : Notre image sur le marché est encore
n Y compris pour la messagerie ?
M. c. : Gefco ne lâche pas la messagerie, au
contraire. Nous préparons d’ailleurs un élargissement de notre offre, tout en repensant
M. c. : Sur le lot, notre activité est importante
très associée à l’offre automobile. Nous
avons la volonté de promouvoir nos offres
pour les autres secteurs d’activité, ainsi que
sur les axes géographiques comme la
Russie, la chine, l’europe de l’est, le Maghreb. Notre communication commerciale
s’amplifie donc dans cette direction.u
propos recueillis par sliMane Boukezzoula
l’officiel des transporteurs − n° 2791 du 26 juin 2015