(2013). État des lieux et rétrospective sur la population parisienne

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(2013). État des lieux et rétrospective sur la population parisienne
État des lieux et rétrospective
sur la population parisienne de
Chouette hulotte
Juillet 2013
Pour citer ce rapport : SORDELLO R. (2013). État des lieux et rétrospective sur la population parisienne de Chouette
hulotte. Projet Hulotte parisienne. 27 pages. Disponible sur : http://www.hulotteparisienne.fr
Merci à toutes les personnes qui ont accepté de donner de leur
temps et de leur savoir pour que cette synthèse puisse voir le
jour. Et merci à tous ceux qui, de près ou de loin, contribuent au
projet Hulotte parisienne.
Projet Hulotte parisienne. État des lieux et rétrospective sur la population parisienne de Chouette hulotte. Romain Sordello. Juillet 2013. Page 2/27
I. Contexte...........................................................................................................................................4
II. Méthodologie..................................................................................................................................4
III. Résultats........................................................................................................................................6
III.1. Jeu de données rassemblé............................................................................................................................................6
III.2. Synthèse pour Paris intramuros...................................................................................................................................9
III.3. Synthèse pour le Bois de Vincennes et le Bois de Boulogne....................................................................................12
IV. Discussion....................................................................................................................................22
V. Sources d’informations...............................................................................................................25
Projet Hulotte parisienne. État des lieux et rétrospective sur la population parisienne de Chouette hulotte. Romain Sordello. Juillet 2013. Page 3/27
I. Contexte
En France, la Chouette hulotte (Strix aluco) est le rapace nocturne le plus répandu parmi les 9 espèces que l’on peut
trouver sur notre territoire. Il n’y a pas d’enjeu particulier de conservation sur cette espèce à l’échelle du pays ni de son
aire de répartition mondiale qui est également très étendue.
Cette espèce possède dans ses traits de vie de quoi s’adapter à des milieux artificialisés, urbains. La Chouette hulotte est
ainsi présente dans les villes les plus peuplées de Franc1.
Partant d’une simple curiosité pour cette espèce, Romain Sordello a commencé à s’intéresser à la situation de cette
chouette dans Paris. Rapidement, une problématique est apparue : les observations recueillies pointaient petit à petit une
raréfaction forte des données de présence et de reproduction dans Paris intramuros ou tout du moins mettaient en
évidence que la Hulotte n’était pas aussi répandue dans la capitale qu’escompté. Réel déclin, rareté ou simple
discrétion ?
Pour mieux comprendre cette situation il a initié le projet Hulotte parisienne, entièrement dédié à la population
parisienne de Chouette hulotte. Le projet se décline en différentes actions, parmi lesquelles la collecte des données
passées et présentes de hulottes à Paris s’est avérée la plus évidente, afin d’essayer de confirmer ou non l’hypothèse
d’un déclin. Pour plus d’information sur le projet : http://www.hulotteparisienne.fr
Après plus de trois premières années d’enquête, ce rapport expose les résultats obtenus.
II. Méthodologie
La recherche et la centralisation d’informations a été entamée en 2010 dès la naissance du projet.
Les sources ont été :
- des témoignages de personnes interrogées,
- des informations échangées sur la liste de diffusion Yahoo Obs IDF ou disponibles sur des blogs ornithologiques,
- les données du centre de soins de l’école vétérinaire d’Alfort (CEDAF)2,
- les données de bases existantes (INPN, Faune IDF),
- des remontées spontanées d’observations de la part de citoyens,
- la réalisation d’écoutes dédiées dans le cadre du projet Hulotte parisienne,
- des ouvrages spécialisés (atlas, guides, …).
La liste des références et des personnes est citée en fin de rapport.
Les informations ont été stockées au fil des recherches. Chaque donnée qui pouvait l’être a été saisie informatiquement
et une base en ligne a été conçue pour le projet, consultable (à l’exception des données confidentielles) sur le site
internet http://www.hulotteparisienne.fr (Fig 1). Les autres types d’informations, de l’ordre du récit ou du témoignage,
ont également été consignés.
Concernant les données informatisées, la base est renseignée selon différents champs, dans la mesure des informations
sources disponibles : date, localisation, type de donnée, type d’observation, observateur, source de la donnée, ...
Le type de donnée est l’une des caractéristiques les plus discriminantes dans le travail présenté ici. Les données ont été
séparées entre les données de présence et les données de reproduction (certaine).
La base prévoit également l’inclusion de données de type Absence permettant au final d’accéder à une pression
d’observation (données essentiellement issues pour le moment des inventaires effectués dans le cadre du projet Hulotte
parisienne lui-même afin de noter les écoutes infructueuses).
--------------------------1
Pour plus d’informations : SORDELLO. R. (2013). État des lieux concernant la Chouette hulotte (Strix aluco) dans les
neuf communes les plus peuplées de France après Paris. Projet Hulotte parisienne. 66 pages. Disponible sur :
http://www.hulotteparisienne.fr
2
Pour plus d’informations : SORDELLO. R. (2013). Compilation et traitement des données de hulottes parisiennes du
centre de soins d’Alfort. Projet Hulotte parisienne, collaboration avec le CEDAF. 10 pages. Disponible sur :
http://www.hulotteparisienne.fr
Projet Hulotte parisienne. État des lieux et rétrospective sur la population parisienne de Chouette hulotte. Romain Sordello. Juillet 2013. Page 4/27
Figure 1 : Aperçu de la base de données constituée, consultable en ligne sur http://www.hulotteparisienne.fr
Une photo aérienne de Paris a été découpée en 320 mailles (16 mailles en hauteur * 20 mailles en largeur) parmi
lesquelles 250 mailles intersectent en tout ou partie le territoire de Paris intramuros (Fig 2). Afin de faciliter les
analyses sur le jeu de données, chaque donnée a ainsi été attribuée à sa maille correspondante. Chaque maille
correspond à une portion de territoire d’environ 600 m de côté.
Figure 2 : Maillage appliqué au territoire parisien
La base de données en ligne accessible au public permet de consulter les données, faire une recherche par lieu, type ou
année, de visualiser les bilans annuels et de produire des cartes selon la volonté de l’internaute (période de temps, type
de donnée, fond d’écran).
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III. Résultats
III.1. Jeu de données rassemblé
Après environ 3 années d’enquête depuis 2010, la base informatique comprend 124 données au total avec :
- 69 données de type Présence,
- 32 données de type Reproduction,
- 23 données de type Absence.
Les figures ci-après exposent quelques répartitions des données de présence et de reproduction.
Figure 3 : Répartition annuelle des données de présence et de reproduction datées, collectées pendant l’enquête.
N.B. : Année indéterminée : Présence : 19 ; Reproduction : 3
Figure 4 : Répartition des types d’observation des
données stockées dans la base
Figure 5 : Répartition mensuelle des données stockées
dans la base
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Figure 6 : Répartition annuelle des données de présence datées, collectées pendant l’enquête.
N.B. : Année indéterminée : Intramuros : 18 ; Vincennes : 1 ; Boulogne : 0
Figure 7 : Répartition géographique des données de présence collectées pendant l’enquête pour Paris intramuros.
Nombre total de mailles occupées : 38 (sur 250 mailles de Paris intramuros)
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Figure 8 : Répartition annuelle des données de reproduction datées, collectées pendant l’enquête.
N.B. : Année indéterminée : Intramuros : 3 ; Vincennes : 0 ; Boulogne : 0
Figure 9 : Répartition géographique des données de reproduction collectées pendant l’enquête pour Paris intramuros.
Nombre total de mailles avec reproduction : 6 (sur 250 mailles de Paris intramuros)
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III.2. Synthèse pour Paris intramuros
> Dans leur ouvrage Les oiseaux de la région parisienne et de Paris édité en 1977, Normand et Lesaffre indiquent pour
la Chouette hulotte qu’ « une vingtaine de couples nichent à Paris ». La précision « dans les parcs et les grands
jardins » apportée par les auteurs, laisse supposer que ces effectifs sont ceux de Paris intramuros. Par ailleurs, le terme
« nichent » évoque explicitement le caractère reproducteur des individus et non une simple présence. En revanche, les
auteurs ne donnent pas davantage de détails sur la localisation de ces couples. Cette mention reste la plus ancienne
évaluation de la population nicheuse de Chouette hulotte à Paris intramuros trouvée dans la littérature3.
En 2000, Le Maréchal et Lesaffre, dans Les oiseaux d’Île-de-France, publient une nouvelle estimation de la population
nicheuse. Les auteurs comptent « 30 à 35 couples nicheurs (intra-muros) en 1995 » en complétant simplement qu’ « on
la trouve principalement dans les parcs à grands arbres, les grands cimetières etc. » sans délivrer de localités précises.
Le Guide de la nature à Paris (Dubois & Lesaffre) publié en 1994, permet quant à lui de connaître certains lieux
d’occupation dans Paris intramuros. Sans date précise néanmoins, le guide signale la présence - ou suspecte même pour
certains sites une possible reproduction - de Chouette hulotte : à l’avenue Foch4 (« La Chouette hulotte chasse et y
niche peut-être », « chant entendu en fin d’hiver »), au Parc Monceau (« fréquenté par au moins un couple de
hulotte », « entendu aux époques favorables aux premières heures de la nuit ») et dans les espaces verts du Champ-deMars (« 1 ou 2 couples ici et dans les jardins privés alentours », « un hululement retentit la nuit »).
En ce qui concerne le Champ-de-Mars, le site internet de la Ville de Paris y indique la présence contemporaine de la
Chouette hulotte : « l'oiseau le plus célèbre du Champ-de-Mars est sans conteste la chouette hulotte » (site consulté en
2013, la date d’actualisation de la page internet n’est néanmoins pas connue).
Pour les autres espaces verts cités par Dubois & Lesaffre, que l’espèce s’y soit reproduite ou non, l’enquête n’a pas
décelé de mentions postérieures.
En 2006, dans l’Atlas de la nature à Paris (Vaquin (coord.)), Japiot et Comolet-Tirman, qui ont eu en charge les
inventaires ornithologiques pour cet ouvrage, font référence à l’évaluation de 1995 de Le Marechal et Lesaffre abordée
précédemment. L’ouvrage indique donc des effectifs de « 30 à 35 couples en intramuros » sans les actualiser. Les
auteurs citent néanmoins deux sites occupés (donc en théorie pendant les inventaires et recherches réalisés pour cet
ouvrage) en écrivant que la Chouette hulotte « trouve refuge [...] dans les parcs urbains (exemple : Jardin des plantes,
Parc Montsouris). ». Les auteurs n’incluent pas Strix aluco parmi les espèces en régression et elle n’est donc pas citée
dans les enjeux principaux pour l’avifaune parisienne.
Il faut attendre 2010 avec la parution de l’Atlas des oiseaux nicheurs de Paris (Malher et al.) pour que la première
allusion à une diminution des effectifs parisiens de Chouette hulotte apparaisse. Les auteurs indiquent que l’espèce « a
disparu de certains endroits où elle était connue dans les années 90 » en citant quant à eux plusieurs lieux :
l’Observatoire, Montsouris, le cimetière Montparnasse, l’hopital Saint-Anne, l’hopital Cochin, l’hopital
Laennec, le parc de Bercy et le Jardin des Tuileries. L’Atlas ne précise pas si une reproduction était constatée sur ces
lieux. A l’exception de l’Observatoire où une reproduction est située au début des années 2000 (cf. plus loin) et de
Montsouris évoqué ci-dessus qui semble donc encore fréquenté dans les années 2000, l’enquête n’a pas décelé
d’observations postérieures pour les autres lieux cités par Malher et al..
Pendant la durée de l’atlas (4 ans de 2005 à 2008 inclus), deux jeunes ont été trouvés (cf. plus loin) et les auteurs
estiment que la population de Paris intramuros ne dépasse pas 5 couples, en précisant qu’ « il n’est pas sûr à chaque
fois qu’il s’agisse d’un couple ».
> Des témoignages oraux viennent confirmer la fréquentation passée de certains de ces sites ou en lister de nouveaux
ayant été occupés par l’espèce. La Chouette hulotte a été présente : au Cimetière de Montparnasse (com. pers.
Patrimonio, 2011), à la Butte Montmartre (com. pers. Japiot, 2011), dans le parc de l’Hôtel Matignon (com. pers.
Lesaffre, 2013, com. pers. Senecal, 2011), au Parc Montsouris (com. pers. Zucca, 2013), dans le Jardin des Tuileries
(com. pers. Lesaffre, 2013). Ces témoignages restent la plupart du temps imprécis quant à la dernière année
d’observation et au statut de présence/reproduction de l’espèce ; en tout état de cause, ces lieux ne bénéficient plus
d’observations récentes.
En ce qui concerne précisément le Jardin des Tuileries, il semblerait que la disparition du couple fut concomitante à la
disparition de cavités naturelles : la taille des arbres sans précautions sanitaires, transmettant un pathogène de l’un
d’entre eux à plusieurs autres, a obligé au final l’abattage de tous les grands platanes (com. pers. Lesaffre, 2013).
--------------------------Un article de Guichard (1957) sur le régime alimentaire parisien de la Chouette hulotte semble indiquer que l’espèce
est arrivée dans Paris intramuros pendant l’hiver 1940-1941 en s’installant à Montparnasse, puis près du Panthéon en
1942 (in Malher et al., 2010). Cette publication n’a pas pu être trouvée au cours de l’enquête.
3
4
Voir la planche A pour situer les principaux parcs et jardins évoqués dans la synthèse.
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> Pour certains sites, l’enquête a permis de dater précisément des reproductions passées. Il est alors possible de dire que
la dernière année de reproduction connue est :
- 2011 pour le Cimetière du Père Lachaise (cf. photo Planche B) : « un jeune est observé et photographié le 8 avril
2011 sur une branche dans le cimetière » (Yves Gestraud in Oiseaux des villes) alors qu’un adulte de forme rousse
avait été observé quatre fois, de mars à avril de la même année (Oiseaux des villes),
- 2005 pour le Jardin des plantes du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) : « un jeune au Jardin
écologique du Jardin des plantes le 17 avril 2005 » (Malher et al., 2010),
- entre 2000 et 2002 pour l’Observatoire de Paris (com. pers. Lacroix, 2012). Par la suite, l’un des deux parents est
mort d’une collision contre un des bâtiment du site puis, affaibli par la tempête de 1999, l’arbre comportant la cavité a
du être abattu et le second parent a quitté les lieux (com. pers. Lacroix, 2012),
- 1984 pour le Jardin du Luxembourg : « un adulte avec un jeune dans les marronniers situés au sud-est du bassin
central à vue du Sénat au printemps 1984 ; vus pendant une semaine se déplaçant peu, le jeune n'étant pas encore
volant » (com. pers. Vignon, 2012). Les jardiniers du site témoignent aussi d’une reproduction au début des années 80.
Antérieurement à ces dernières dates évoquées, d’autres reproductions ont existé auparavant au Père Lachaise et au
Jardin des plantes.
Au Père Lachaise, une reproduction avait été connue en 2006 (9 avril) avec un jeune trouvé (Patrick DUBOIS ; cf.
photo Planche B) près de la tombe de Chopin (Malher et al., 2010). En 2010, l’espèce est notée à deux reprises sans
qu’il semble y avoir eu reproduction : un individu de forme rousse est observé en mars (B. Rogez in Liste de diffusion
Obs IDF) et un cri est entendu à l’hiver 2010 (com. pers.).
Au Jardin des plantes :
- en avril 1995, un poussin âgé est observé à l'entrée du nid (cf. photo Planche B) dans un très vieux peuplier de l'allée
qui longe la Ménagerie (com. pers. Nicolau-Guillaumet, 2013). L'arbre a été retiré depuis.
- en 1994, (Dubois & Lesaffre) indiquent que « l’espèce est possiblement visible en plein jour et que des jeunes sont
observables dès la fin d’hiver ».
- en mars 1992, 4 jeunes sortis du nid sont observés dans le Jardin alpin (com. pers. Nicolau-Guillaumet, 2013).
- en 1989, Nicolau-Guillaumet et Le Roc’h ont écrit dans Les oiseaux sauvages du jardin des plantes que la Chouette
hulotte fréquentait le « vieux lierre du jardin du Laboratoire d’Entomologie » et se demandaient « comment ces
chouettes de belle taille peuvent-elles co-habiter avec nous, s’alimenter, se reproduire dans le tissu urbain ».
Pour plusieurs sites, après la dernière reproduction constatée, l’espèce a continué d’être observée pendant plusieurs
années sans preuve nouvelle de reproduction. Ainsi :
- concernant le Cimetière du Père Lachaise : Yves Gestraud indique ne pas avoir revu de hulotte dans le Cimetière en
2012 ni en 2013 (com. pers. Gestraud, 2013). En revanche, des contacts sont établis en 2012 (com. pers. De Massol,
2013) et un contact très probable est suspecté en 2013 du fait d’un charivari de corvidés à l’entrée d’une cavité (com.
pers. Malher, 2013),
- concernant le Jardin des plantes : des cris de hulottes sont fréquemment entendus à la tombée de la nuit dans l’espace
vert de l’ilot Poliveau (55 de la rue Buffon) entre 2002 et 2004 (com. pers. Haffner, 2011) et des chouettes sont
régulièrement notées près de la Géologie et de la Cantine ainsi que près de la Phanérogamie jusqu’en 2008 (com. pers.
Erard, 2013). Jarry (com. pers., 2013) confirme avoir entendu tard le soir la hulotte chanter plusieurs fois dans l’espace
boisé en face de l'Entomologie (ilot Poliveau). Aucune observation depuis 2008 n’est rapportée par le personnel
extérieur, dont Xavier Riffet qui loge dans le Jardin des plantes. Un contact probable (cri) est néanmoins à noter lors de
la Nuit de la Chauve-souris à l’été 2011 dans le Jardin écologique (com. pers.).
Mentionnons également deux données (présence ou reproduction) situées dans le 5ème arrondissement, possiblement
donc au Jardin des plantes, référencées par l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) : le 4 octobre 1997 par
Benoît Fontaine et le 9 janvier 2002 par Patrick Haffner.
- concernant le Jardin du Luxembourg : au cours des années 1980 l’espèce continue d’être régulièrement entendue et
plus rarement vue le long du square qui prolonge le jardin vers le sud (com. pers., Vignon, 2012). Il n’y a ensuite pas
d’autres données dans ce jardin avant la découverte en 2009 d’un individu mort (Malher et al., 2010). Cet individu est
en toute logique le même que celui évoqué par les jardiniers lors d’une entrevue en 2013 : la chouette (individu déjà
affaibli ?) a été vue un premier jour fortement houspillée par des corvidés avant d’être trouvée morte le lendemain par
terre. L’espèce reste néanmoins mentionnée vers 2010 à proximité immédiate du Jardin (com. pers. Dutilh-Lafrance,
2013) et enfin un mâle chanteur est entendu en 2012 à plusieurs reprises dans le Jardin à l’angle rue Assas/rue
Guynemer (le 17 janvier (Patrimonio O. & Sordello R.), le 24 avril (Boissier O.), le 22 octobre (Patrimonio V.) et le 18
décembre (Patrimonio O.)).
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> Le secteur des Buttes-Chaumont bénéficie également de plusieurs données de présence et de reproduction mais la
reconstitution du nombre de couples et de leur localisation au fil des années n’est pas évidente :
- La Chouette hulotte est mentionnée dans le parc des Buttes-Chaumont par Dubois & Lesaffre (1994),
- En 2000, un jeune est trouvé dans le parc (le 15 avril) ; houspillé par des corneilles il est transporté au centre de soin
d’Alfort (Donnée CEDAF),
- Un individu a été trouvé mort en 2009 selon Malher et al. (2010) qui indiquent « une disparition semblable aux
Buttes-Chaumont » [par rapport à l’individu trouvé mort au Luxembourg] « sans que cela n’aie eu la même
conséquence », c’est-à-dire que l’espèce a vraisemblablement continué d’être détectée dans ce parc,
- En 2011, un jeune est trouvé dans le parc (le 11 mars) ; houspillé par des corneilles dans l’angle du parc côté rue
Botzaris, il est transporté au centre de soins de Châtillon (92) puis de Rambouillet (Observateurs C. ROUANET et J.-L.
SAINTMARC in Liste de diffusion Obs IDF). Une écoute le soir même n'a pas rapporté d'observation d'autres jeunes
dans cet endroit du parc (com. pers.). Quelques jours plus tard, un jeune est en revanche trouvé rue David d’Angers, une
rue proche de la frontière Ouest du Parc des Buttes-Chaumont, et il est transporté à l’école vétérinaire d’Alfort (Donnée
CEDAF). La même année un adulte sera aussi observé en octobre dans le parc des Buttes-Chaumont dans un arbre au
levé du jour (Observateur T. PUAUD in Liste de diffusion Obs IDF).
- En 2012, le secteur des Buttes-Chaumont fut l’unique le lieu de reproduction connue en intramuros (cf. plus loin).
Cette année-là, un contact (cri) est établi fin août dans le parc, près de la buvette (Observateur F. MALHER in Liste de
diffusion Obs IDF),
- Un jeune de hulotte fut aussi trouvé dans un jardin privé de la rue Clavel (date non connue) (Observateur B. COUTEL
via Granger, 2012 in Liste de diffusion Obs IDF),
- En 2013, plusieurs observations (mâle chanteur) sont effectuées en janvier dans le secteur, sans qu’aucune
reproduction ne soit constatée ensuite : Quartier d’Amérique (Observateur T. RIABI in Faune IDF), Résidence Manin
(com. pers. Dautrey).
> En dehors des sites bien identifiés (parcs et jardins) évoqués jusqu’ici, d’autres observations de Chouette hulotte ont
été collectées par l’enquête :
- à plusieurs reprises une chouette fut entendue « dans le passé » dans le Cimetière de Belleville depuis des
appartements proches du Cimetière (Observatrices : A. LASSÈRE & C. LASSÈRE via com. pers. Granger, 2012),
- une chouette hulotte a été vue et régulièrement entendue avenue Ledru Rollin (Paris 12è) entre 1991 et 1994 (com.
pers. Delattre, 2012),
- Dubois & Lesaffre (1994) mentionnent la Hulotte dans le jardin Leuwen (Paris 20è, rue Lucien Leuwen proche de la
Porte de Bagnolet),
- une hulotte fut entendue une seule fois dans le Cimetière parisien de Picpus fin des années 1990/début des années
2000 (com. pers. Conservateur du Cimetière, 2013),
- une chouette hulotte est régulièrement entendue, entre 2001 et 2006, rue Duméril (Paris 13è) (com. pers. Delattre,
2012),
- Malher écrit sur son blog en juin 2006 que « la hulotte chante tous les soirs rue d’Alençon » (Paris 15è),
- un adulte de forme rousse est trouvé rue du Faubourg Saint-Honoré (Paris 8è), piégé dans un arbre où il s’est
accroché dans une ficelle, le 18 février 2006. Il est recueilli et transféré au centre de soins d’Alfort (Donnée CEDAF),
- un adulte de forme rousse est trouvé immobile, l’œil gauche fermé, rue des Morillons (Paris 15è) (rue longeant le
square Georges Brassens), le 31 janvier 2009. Il est recueilli et transporté au centre de soins d’Alfort (Donnée CEDAF),
- Malher et al. (2010) indiquent une observation d’un individu sur une antenne de la rue Saint-Jacques (date
inconnue), sur les toits de la gare des bus de la porte d’Orléans (date inconnue) et dans le Marais en octobre 2006
(individu considéré par les auteurs comme « un cas d’erratisme hivernal »),
- un mâle, peut-être présent dans le square Trousseau, est entendu chanter un soir en 2010 ou 2011 depuis un
appartement rue Ledru Rollin, (com. pers. Naizot, 2011).
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> Concernant les années 2012 et 2013 :
En 2012, outre le Jardin du Luxembourg et le Cimetière du Père Lachaise comme indiqués plus haut, quelques secteurs
ont fait l’objet d’observations sans reproduction :
- le Jardin du Gouverneur de Paris (com. pers. Major Raty, 2013) et le Musée Rodin (com. pers. Thébault, 2012).
Ces deux derniers sites étant très proches, il pourrait s’agir du même individu. Cet endroit (Boulevard des Invalides) a
fait l’objet de plusieurs contacts cette année-là : le 9 juillet (Patrimonio O.) ; le 10 juillet (Sordello R.) ; le 22 août
(Berrod E.) et un autre individu a été contacté à Gros Caillou (le-même ?) le 08 novembre (Le Gall O.),
- un individu a été vu (donnée non confirmée) pendant une semaine dans la cour de l'Institut National d’Agronomie
fin 2012 (Observateur C. BIGARD via com. pers. Malher, 2013),
- le témoignage d’une chouette capturant un moineau au lever du jour avenue Bartholomé (Paris 15è) a été rapporté via
le site internet de la Hulotte parisienne le 9 décembre 2012, sans confirmation qu’il s’agissait bien d’une Chouette
hulotte (une improbable Chouette chevêche ou bien plutôt un rapace diurne ?).
Cette année 2012, une seule reproduction est rapportée et confirmée en intramuros. Celle-ci a pu être connue grâce à
des particuliers (Raphaël VIDECOQ & Emma NEFZI) ayant pris contact en avril via le site internet du projet Hulotte
parisienne afin de signaler la présence de Chouette dans le jardin de leur immeuble rue Manin (Paris 19è, proche des
Buttes-Chaumont). Un jeune en émancipation (cf. photo Planche B), peut-être deux, sont finalement observés (com.
pers.). Les adultes sont visibles à plusieurs reprises, parfois en retour de chasse (cf. photo planche C). La reproduction a
eu lieu dans un trou de peuplier. La superficie du jardin est de 1 500 m² et on n’y compte quelques arbres seulement (cf.
photo planche C).
Une autre reproduction, non confirmée, pourrait avoir eu lieu rue David d'Angers où une jeune chouette aurait été
trouvée sur le trottoir, ramassée et relâchée à la campagne d’après un témoignage de seconde main (com. pers. Granger,
2012).
En 2013, aucune reproduction n’a été connue en intramuros. Néanmoins, quelques observations sont effectuées :
- la Chouette hulotte est restée présente en début d’année dans le secteur des Buttes-Chaumont et au cimetière du
père Lachaise comme indiqué précédemment. La reproduction constatée en 2012 ne s’est pas renouvelée en 2013 dans
le jardin de la résidence Manin. Les peupliers ont été sévèrement rabattus à l’automne 2012 ce qui peut expliquer cette
désertification. Dans le cadre du projet Hulotte parisienne, un nichoir a été posé en substitution dans le jardin mais
l’installation n’a pu avoir lieu que fin janvier et un contrôle effectué en mars n’a montré aucune trace d’occupation,
- depuis la pose d’un nichoir en janvier 2013 dans le cadre du projet Hulotte parisienne, sur le site du Club Med Gym
des Champs-Elysées (Paris 8è), la Chouette hulotte y a été observée à plusieurs reprises. En mars, une scène de chasse
a été visualisée sur un pigeon (com. pers. Joncquières, 2013), en avril une plumée de pigeon (cf. photo planche C) était
encore dans le fond du jardin (com. pers.) et en juin une chouette a été vue près du nichoir (com. pers. Joncquières,
2013),
- une plumée de pigeon trouvée en juillet 2013 dans l’espace vert de l’hopital Salpétrière (com. pers.) laisse suspecter
une possible hulotte, qui pourrait s’être installée depuis la pose du nichoir sur ce site en début d’année,
- au printemps 2013, l’espèce est également entendue dans le parc de l’Hotel de Roquelaure (Ministère de l’écologie,
du développement durable et de l’énergie) (com. pers. Aubel).
III.3. Synthèse pour le Bois de Vincennes et le Bois de Boulogne
Les Bois de Vincennes et de Boulogne ne semblent pas avoir fait l’objet d’inventaires dédiés concernant la Chouette
hulotte (ils n’ont pas été concernés par l’Atlas des oiseaux nicheurs de Paris par exemple). Par ailleurs, lorsque ces deux
bois sont abordés dans certains ouvrages, les informations disponibles restent peu précises.
Dans l’Atlas de la nature à Paris (Vaquin (coord.), 2006), la Chouette hulotte est citée pour le Bois de Boulogne parmi
les espèces de peuplements forestiers âgés, de milieux ouverts de prairies, de lisières et de pré-bois, avec le Pic vert et le
Pouillot siffleur. Pour le Bois de Vincennes, les auteurs écrivent que « les caractéristiques du bois sont favorables pour
accueillir une forte population de chouettes hulottes » (Vaquin (coord.), 2006).
En revanche, on peut noter une estimation précise des effectifs pour l’un des bois par Le Marechal et Lesaffre (2000)
qui écrivent que la Chouette hulotte « niche également dans les bois périphériques » de Paris et comptent « 20 couples
nicheurs au bois de Vincennes ».
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Par ailleurs, le Bois de Vincennes et de Boulogne constituent la grande majorité des arrivées de chouettes parisiennes au
centre de soins d’Alfort (Sordello, 2013). La plupart des données récoltées concernant ces deux bois pendant l’enquête
proviennent donc de cette source.
Une autre partie des données récoltées pendant l’enquête vient de témoignages recueillis. Plusieurs personnes,
naturalistes et/ou photographes, sillonnent les Bois et constituent ainsi des observateurs réguliers précieux de Chouette
hulotte. Certains se sont manifestés spontanément pour faire remonter leurs observations.
Par exemple, en 2012, Catherine Patron, photographe naturaliste habituée du Bois de Vincennes, a pris contact avec le
projet Hulotte parisienne et a transmis plusieurs de ses photos. Catherine Patron suit depuis 2007 un couple de Chouette
hulotte dans le Sud du Bois côté Saint-Maurice, au niveau de la route Aimable. Au moins un individu est
systématiquement visible y compris en journée, alors qu’il est parfois accompagné d’un deuxième dans un arbre à
double cavité (cf. photo planche D).
D’autres chouettes extrêmement fidèles à leur arbre seraient connues dans le Bois de Vincennes (com. pers. Neff,
2013).
Enfin, à l’automne 2012, des écoutes avec utilisation (raisonnée) de la repasse dans le Bois de Boulogne et de
Vincennes ont également été effectuées. Elles ont permis de contacter plusieurs individus au cours d’une même nuit,
respectivement 5 à Boulogne (Sordello, Berrod & Granier) puis 12 à Vincennes (Sordello & Berrod). Malgré leur
contact au cours d’une même nuit, il faut rester très prudent quant à l’individualisation de ces oiseaux en l’absence de
marquage. Ces résultats ne peuvent de toutes les façons pas constituer un inventaire exhaustif.
Au final, l’ensemble des données rassemblées montrent que la reproduction dans ces deux Bois n’est pas occasionnelle.
Une reproduction au moins est notée :
- en 1994, 1997, 1998, 1999, 2005, 2010, 2012 pour le Bois de Vincennes. Catherine Patron transmet en avril 2012 des
photos d’une reproduction ayant eu lieu près du Château de Vincennes (cf. photo planche D),
- en 2003, 2004, 2006, 2007, 2010, 2011 pour le Bois de Boulogne.
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Planche A : Principaux parcs et jardins évoqués dans la synthèse et leur localisation
Jardin des Tuileries (Paris 1er)
Photo Romain Sordello
Jardin des plantes du Muséum national d’Histoire naturelle
(Paris 5è)
Photo Romain Sordello
Jardin du Luxembourg (Paris 6è)
Photo Romain Sordello
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Champ-de-Mars (Paris 7è)
Photo Romain Sordello
Musée Rodin (Paris 7è)
Photo Romain Sordello
Parc Monceau (Paris 8è)
Photo Romain Sordello
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Parc de Bercy (Paris 12è)
Photo Romain Sordello
Cimetière Montparnasse (Paris 14è)
Photo Romain Sordello
Observatoire de Paris (Paris 14è)
Photo Romain Sordello
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Parc Montsouris (Paris 14è)
Photo Romain Sordello
Avenue Foch (Paris 16è)
Photo Romain Sordello
Parc des Buttes-Chaumont (Paris 19è)
Photo Romain Sordello
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Cimetière du Père Lachaise (Paris 20è)
Photo Romain Sordello
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Planche B : Quelques jeunes photographiés dans Paris intramuros
Cimetière du Père Lachaise. Jeune observé dans un
arbre avec un adulte en 2011.
Cimetière du Père Lachaise. Jeune observé sur une
branche en 2006.
Photo Yves Gestraud
Photo Patrick Dubois
Jardin des plantes du MNHN. Un jeune à la sortie de
son nid est observé en avril 1995.
Un jeune est visible dans un arbre du jardin de la
résidence Manin (Paris 19è) en 2012.
Photo Inconnu
Photo Romain Sordello
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Planche C : Quelques observations dans Paris intramuros
Jardin de la résidence Manin (Paris 19è) où une
reproduction fut constatée en 2012.
Un adulte observé en retour de chasse dans le jardin de la
résidence Manin (Paris 19è) en 2012.
Photo Romain Sordello
Photo Emma Nefzi
Pelote retrouvée au Père Lachaise (Paris 20è) en 2011 au
pied de l’arbre hébergeant un jeune et son parent.
Photo Yves Gestraud
Plumée de pigeon trouvée en 2013 dans le jardin du Club
Med Gym des Champs Élysées (Paris 8è) après la pose
d’un nichoir.
Photo Romain Sordello
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Planche D : Quelques observations au Bois de Vincennes
Une Chouette fidèle à son arbre dans le Bois de
Vincennes en 2009.
Trois jeunes observés en avril 2012 proches du
Château de Vincennes.
Photo Catherine Patron
Photo Catherine Patron
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IV. Discussion
Le rapport présenté ici s’inscrit dans le cadre de l’action du projet Hulotte parisienne ayant pour objectif de centraliser
la connaissance disponible et accessible concernant la présence et la reproduction de la Chouette hulotte à Paris. En
cela, ce travail est une première étape qui fournit une base au lecteur intéressée par cette espèce.
Sur la durée de l’enquête, en termes de reproduction dans Paris intramuros :
- aucune n’est enregistrée en 2010,
- 3 jeunes sont notés en 2011 sur 3 localités (Père Lachaise, Parc des Buttes Chaumont, Rue David d’Angers),
- 1 à 2 jeunes sont notés en 2012 sur une localité (Résidence Manin, Paris 19è),
- aucune n’est rapportée en 2013.
En termes de présence, la Chouette hulotte est détectée, directement ou indirectement, dans 3 à 8 mailles chaque année
sur la période de 2010 à 2013 (Fig. 10). Au final, les données recueillies par l’enquête comptabilisent pour Paris
intramuros entre 0 et 13 données de présence par an et entre 0 et 3 reproductions par an.
Ces constats convergent vers la description d’une espèce rare dans Paris intramuros.
2010
2011
2012
2013
Figure 10 : Données de présence de 2010 à 2013.
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L’analyse de toutes les informations collectées par l’enquête devait en outre permettre de vérifier l’hypothèse d’un
déclin de ce rapace nocturne dans la capitale, en reconstituant l’évolution passée de sa population. Ce type de démarche
est par définition un acte scientifiquement délicat. Dans le cas particulier, la difficulté est d’autant plus grande qu’au
final, les informations rassemblées pendant les 3 années d’enquête, déjà pourtant relativement denses pour une seule et
même espèce, restent encore peu exploitables pour retracer précisément une évolution.
La plupart des données recueillies, dans la mesure où elles ne sont pas nécessairement issues d’inventaires standardisés,
sont hétérogènes dans leur forme (renseignements rattachés) et par conséquent peu comparables entre elles. Lorsque
celles-ci ont pu être datées et/ou localisées, la majorité étant effectuées à l’opportunité et par des observateurs distincts,
elles restent éparses dans le temps, ce qui ne permet pas de conclure à une véritable absence de l’espèce pendant les
périodes vides. A ce titre, des améliorations sont certainement à apporter concernant le traitement des données et les
aspects cartographiques (maillage, sémiologie, ...) de cette étude. Le jeu de données possède indubitablement d’autres
informations à délivrer.
Les deux évaluations de 1977 par Normand et Lesaffre (1977) et de 1955 par Le Maréchal et Lesaffre (2000)
constituent les repères historiques les plus importants pour comparer la population intramuros passée et actuelle de
Chouette hulotte. Sur la base de ces informations et par rapport à la situation contemporaine décrite ci-dessus (3 couples
nicheurs maximum par an), le déclin de la population parisienne de Chouette hulotte semble clairement vérifié. Le
Guide de la nature à Paris amène également à conclure en ce sens : l’avenue Foch, le Parc Monceau, le Jardin des
plantes, le jardin de Leuwen cités comme occupés dans cet ouvrage ne comportent plus de mention contemporaine. Le
parc de Montsouris, le cimetière Montparnasse, l’hopital Saint-Anne, l’hopital Cochin, l’hopital Laennec, le parc de
Bercy et le Jardin des Tuileries, cités comme ayant été désertés par la Chouette hulotte dans l’Atlas des oiseaux
nicheurs de Paris n’ont effectivement pas fait l’objet d’observations postérieures.
Ces différentes sources mettant en évidence plus de 10 sites désertés au cours des deux dernières décennies, il est
incontestable sur ces informations que la population parisienne de Chouette hulotte a diminué pendant cette
période.
Néanmoins, si ces différents ouvrages apportent chacun des informations précieuses sur le passé de la population
parisienne de hulottes, leur recoupement et une vraie comparaison avec les données contemporaines restent délicats.
Les effectifs avancés par Normand et Lesaffre (1977) et par Le Maréchal et Lesaffre (2000) ne sont pas détaillés ni
localisés ce qui limite l’exploitation de ces références. Quant au Guide de la nature à Paris il est précis sur la
localisation mais ne l’est pas sur la datation : la Chouette hulotte se serait-elle reproduite chaque année sur les espaces
cités ou bien à l’autre extrême l’espèce y aurait-elle été simplement vue ? La question est la même quant à l’Atlas des
oiseaux nicheurs de Paris : disparition signifie-t-il que l’espèce se reproduisait (régulièrement ou non) auparavant sur
les sites listés ? La fourchette d’incertitude est large car elle pourrait aller finalement de 30 à 35 couples se reproduisant
chaque année à 30 à 35 sites fréquentés occasionnellement.
Il fut étonnant de constater que plusieurs écrits peuvent s’avérer parfois plus détaillés concernant la Chouette chevêche
ou la Chouette effraie que concernant la Chouette hulotte : peu d’observations existent à Paris pour les deux premières
espèces mais celles-ci peuvent être très précisément documentées (date et lieu notamment).
L’abondance réelle ou pressentie de la Chouette hulotte aurait-elle amené à ce que ses cas de présence et de
reproduction soient plus approximativement notés que pour d’autres nocturnes plus originaux dans Paris ?
Il est vrai que toutes les hypothèses doivent être envisagées, y compris celle d’une surestimation des effectifs parisiens
de Chouette hulotte dans les écrits historiques. Le fait que l’effectif nicheur avancé pour Paris intramuros (pour rappel :
« 30 à 35 couples ») dans Les oiseaux d’Île-de-France soit supérieur à celui indiqué pour le Bois de Vincennes (« 20
couples nicheurs ») dans le même ouvrage intrigue. Par ailleurs, cette estimation en 1995 met donc en évidence une
augmentation des effectifs nicheurs dans Paris intramuros entre 1977 et 1995 qui reste inexpliquée.
Sur l’ensemble des données localisables rassemblées par l’enquête, 40 lieux distincts ayant hébergé au moins une
présence se dégagent pour Paris intramuros (38 mailles exactement dont certaines avec deux lieux proches).
Toutefois, il est difficile d’attribuer systématiquement ces observations à des individus installés sur un territoire, et
encore plus périlleux d’en déduire des couples nicheurs. Par ailleurs, la variabilité annuelle de ces observations ne
permet pas de dire que tous ces secteurs sont régulièrement fréquentés. Enfin, si l’on discrimine les lieux avec
reproduction certaine, sur l’ensemble des données localisables rassemblées par l’enquête, 9 localités différentes
seulement ressortent (6 mailles exactement dont certaines avec plusieurs lieux de nidifications proches), ce qui est très
inférieur aux effectifs évalués dans les années 77 et 95 (mais ce qui est similaire au maximum de 5 couples nicheurs
donné par l’Atlas).
Certes, le travail présenté ici a souhaité privilégier la prudence en ne sur-interprêtant pas les informations collectées
(notamment historiques) quant à leur datation, leur fréquence ou leur caractère reproducteur. Mais si les effectifs
historiques ont peut-être été surestimés dans les écrits, il est certain que les données contemporaines connues, elles,
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sous-estiment les effectifs nicheurs actuels. Il ne faut pas négliger en effet le caractère cryptique de la Chouette hulotte
(espèce nocturne et qui chanterait peu en ville, ...) et les conditions d’inventaire médiocres en milieu urbain dense (bruit
ambiant, inaccessibilité aux parcs la nuit, ...) qui ne facilitent pas le repérage des couples. Par ailleurs, le projet Hulotte
parisienne a bien permis d’initier une dynamique autour de cette espèce, y compris auprès des citoyens parisiens. Par
exemple, la connaissance récente, grâce au projet, de nouvelles localités de présence comme le jardin du Club Med
Gym des Champs Élysées, laisse penser que d’autres sites de fréquentation peuvent rester inconnus pour le moment
encore, faute de prospection ou de personnes relais. Également, la reproduction 2012 au sein de la Résidence Manin
montre des capacités d’adaptation de l’espèce importantes en termes de superficie, de fragmentation, de proximité avec
les humains (passage, bruit, lumière) qui sont même contradictoires avec le déclin mis en évidence à l’échelle de Paris.
Tout se passe comme si l’espèce avait déserté de grands parcs tout en s’étant maintenue/ou en ayant colonisé des
espaces interstitiels du tissu urbain (jardins de résidences par exemple). Si tel est le cas, des effectifs potentiellement
bien plus élevés que ceux présentés ici sont possibles.
Pour toutes ces raisons, ce rendu offre donc sans doute une estimation basse d’effectifs nicheurs dont le lecteur doit
tenir compte pour sa conclusion.
Dans le même temps, plusieurs sites dont les données de reproductions passées sont datées n’ont pas vu se renouveler
de reproduction depuis plusieurs années : aucune reproduction n’est connue au Jardin des plantes depuis 7 ans, à
l’Observatoire de Paris depuis au moins 10 ans, ni au Jardin du Luxembourg depuis 29 ans. L’historique du
Jardin des plantes étant bien documenté il est possible d’affirmer particulièrement pour ce site que la reproduction était
régulière dans le passé (années 1990) et que la période contemporaine est donc mauvaise pour la Chouette hulotte, alors
même que ce Jardin est l’un des plus riches en espèces de tout Partis intramuros. Néanmoins, cette conclusion ne peut
pas être généralisée par simple intuition pour l’ensemble de Paris sans davantage de données tangibles.
Les graphiques de répartition en fonction des années des données collectées et informatisées (Fig. 3, 6 et 8) affichent un
nombre d’observations et de reproduction croissant jusqu’à nos jours mais le lecteur ne doit pas s’y tromper. Comme
cela est souvent le cas lorsqu’une étude est lancée, le projet Hulotte parisienne a provoqué la remontée de plusieurs
données contemporaines et la centralisation systématiques de toutes les observations désormais connues. Le
développement des réseaux naturalistes et des bases de données informatiques a d’une manière générale facilité le
stockage et l’échange d’information. A contrario des années 1970 à 2000, les informations devaient être plus
difficilement partagées et informatisées ce qui peut expliquer que des traces précises d’observations anciennes soient
plus rares. Ces pentes positives sur les courbes des graphiques ne sont donc pas antinomiques avec un déclin de la
population parisienne de hulottes.
En réalité, sur les 39 mailles comportant au moins une donnée de présence ou de reproduction, aucune
observation n’a été renouvelée (Fig. 11) :
- pour 20 de ces mailles (soit 53%) depuis 2010 inclus,
- pour 25 de ces mailles (soit 65%) depuis 2011 inclus,
- pour 25 de ces mailles (soit 65%) depuis 2012 inclus,
- pour 32 de ces mailles (soit 82%) depuis 2013 inclus (année en cours cependant).
En conclusion, il ressort de cette synthèse, réalisée sur la base de la connaissance disponible et accessible, que la
Chouette hulotte (Strix aluco) est un oiseau rare dans Paris intramuros (observations et reproductions irrégulières et
localisées). Le faisceau de témoignages et d’écrits constitué converge vers un déclin fort de l’espèce dans la capitale
pendant les deux dernières décennies. Les données collectées et informatisées permettent également de le mettre en
lumière et de commencer à le quantifier. Le manque de précisions sur les observations historiques (localisation,
datation, fréquence) empêche à ce stade d’aller plus loin et de le situer plus finement dans le temps.
L’enquête doit donc se poursuivre. D’autres sources de données existent certainement et il faut espérer que cette
première étape les fasse émerger. Cette synthèse est un premier rendu qui pourra être réactualisé et complété selon la
découverte de nouvelles informations.
Au-delà de confirmer le déclin, l’enjeu est également de l’expliquer. Plusieurs hypothèses ont d’ores et déjà été posées
(régime alimentaire, fragmentation des habitats, offre en cavités naturelles, pollutions (lumineuse, sonore, métaux
lourds)). Les autres actions du projet Hulotte parisienne doivent contribuer à cet objectif, chacune dans son domaine.
Citons par exemple la pose de nichoirs (17 actuellement) dans les musées, hôpitaux, institutions et autres espaces verts
sur le territoire de Paris.
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Avant et après 2010
Avant et après 2011
Avant et après 2012
Avant et après 2013
Figure 11 : Évolution des mailles occupées (présence et reproduction).
V. Sources des informations
Littérature consultée
DUBOIS J.-P. & LESAFFRE G. (1994). Guide de la nature - Paris et banlieue. Éditions Parigramme/CPL. 227 pages.
LE MARECHAL P. & LESAFFRE G. (2000). Les oiseaux d'Île-de-France. Éditions Delachaux & Niestlé. 343 pages.
MALHER F., LESAFFRE G., ZUCCA M. & COATMEUR J. (2010). Oiseaux nicheurs de Paris. Un atlas urbain.
Centre ornithologique d'Île-de-France. Éditions Delachaux & Niestlé. Paris. 239 pages.
NICOLAU-GUILLAUMET P. & LE ROC'H P. (1989). Les oiseaux sauvages du jardin des plantes. Muséum national
d'histoire naturelle, Paris. 16 pages.
NORMAND N. & LESAFFRE G. (1977). Les oiseaux de la région parisienne et de Paris. Éditions APO. 156 pages.
VAQUIN J.-B. (coord.) (2006). Atlas de la nature à Paris. Éditions Le Passage. 287 pages.
Projet Hulotte parisienne. État des lieux et rétrospective sur la population parisienne de Chouette hulotte. Romain Sordello. Juillet 2013. Page 25/27
Bases existantes
Faune Île-de-France (Ligue de protection des oiseaux), http://www.faune-iledefrance.org/
Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum national d’Histoire naturelle), http://inpn.mnhn.fr/
Autres sources
Données du centre de soins de la faune sauvage de l’École nationale vétérinaire d’Alfort. Responsable : Jean-François
Courreau.
Liste de diffusion Yahoo Obs IDF
Personnes citées (observateurs, témoins)
Christophe Aubel, Humanité et Biodiversité
Conservateur du Cimetière parisien de Picpus
Emmanuel Berrod
Olivier Boissier
Camille Dautrey
François Delattre
Isabelle Dutilh-Lafrance, Radio Fip
Christian Erard, Muséum national d’Histoire naturelle
Yves Gestraud
Michel Granger
Patrick Haffner, Muséum national d’Histoire naturelle
Xavier Japiot, Ville de Paris
Jardinier du Jardin du Luxembourg
Guy Jarry, Muséum national d’Histoire naturelle
Géraldine Joncquières, Club Med Gym des Champs-Elysées
Vincent Lacroix, Observatoire de Paris
Olivier Legall
Guilhem Lesaffre, Centre ornithologique d’Île-de-France
Frédéric Malher, Centre ornithologique d’Île-de-France
Florence de Massol, Adjointe à la Mairie du 20è
Thierry Naizot
Michel Neff, Forestier du Bois de Vincennes
Emma Nefzi
Pierre Nicollau-Guillaumet, Société d'études ornithologiques de France
Olivier Patrimonio, Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie d’Île-de-France
Valérie Patrimonio
Catherine Patron
Major Raty, Jardin du Gouverneur de Paris
Tarik Riabi
Xavier Riffet, Muséum national d’Histoire naturelle
Claude Rouanet
Jean-Luc Saintmarc
Didier Sénécal
Brigitte Thébault, Musée Rodin
Raphaël Videcoq
Vincent Vignon
Maxime Zucca, NatureParif
Blogs et sites internet
Les oiseaux en ville, par Frédéric Malher, http://lesoiseauxenville.skynetblogs.be/
Le Moineau de Paris, par Patrick Dubois, http://moineaudeparis.com/
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Ingénieur expert biodiversité
Paris, FRANCE
Tel. : 06 62 06 85 19
Mail : contact [at] romain-sordello.fr
Site internet : http://www.romain-sordello.fr

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