premier numéro de la Gazette

Transcription

La Gazette d’Athéna
– n°1 –
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Athéna
Vincent Bonhomme
La soif des tannins par Thibault B ONTPART — Franceville : mosaïque de
forêt et de savane par Joa M ANGOMBI — L’électricité dans tous ses états
par Julien B RUNELLO — Du Cerro au Pisco par Jonathan P OURRIER —
Échographier la Terre par Nathalie R ASENDRA — Les cicatrices climatiques par Julie D EDERER — L’épopée verticale des laves du Maroc par
René C HAMBOREDON — Le pouvoir caché du muscle par Florian B RITTO
— L’hibiscus : boisson miraculeuse ? par André S INELA — Maghreb : trésor
de terroir par Aziza Aïcha L ADJOUZE — La Corse : l’île aux mille fromages par Melissa A ÏT M OULOUD — Le logiciel qui ne meurt jamais par
Raoul TAFFO T IAM — Jouer, rire, vieillir par Grégory B EN -S ADOUN —
La révolution silencieuse par TASNIM J EMAA — Oh punaise ! par Malal
D IOP — Les oiseaux marins, un baromètre de l’environnement de mer
par Ravichandra M ONDRETI
Ce livret compile les travaux effectués durant la formation à la vulgarisation
scientifique, que j’ai assurée à Montpellier, pour le compte du collège doctoral, les
22, 23 et 24 octobre 2013.
L’objectif de ce recueil est de présenter la production des auteurs, à l’issue de la
formation. Pour cette raison, les textes ne sont pas tous définitifs. De plus, le choix
des cibles étant libre, les formats varient.
Les textes inclus ici sont placés par leurs auteurs sous licence libre Creative
Commons by-sa. Merci à eux.
— Vincent B ONHOMME
www.vincentbonhomme.fr
Athéna - Formation à la vulgarisation • 22, 23 & 24 octobre 2013
La soif des tannins
Thibault B ONTPART
Qui n’a jamais ressenti cette étrange sensation de sécheresse du palais en croquant une pomme
trop verte ? Il s’agit de l’astringence, conférée par des molécules très réactives : les tanins condensés. Les
amateurs de vin rouge connaissent également cette sensation. Chez les plantes, "à l’origine", les tanins
condensés sont une protection contre les attaques microbiennes et l’herbivorie mais leurs propriétés
anti-oxydantes pourraient être exploitées dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires et le
cancer. In vino veritas !
Les tanins condensés ont de nombreuses vertus. On les retrouvent dans de nombreux aliments :
raisins, pommes, noix, légumes, vin, thé, etc.1 Les
cranberries (airelles ou canneberges en français),
qui ont donné leur nom à un groupe pop-rock,
comptent parmi les fruits les plus riches en tanins condensés. Leurs propriétés antioxydantes
seraient garantes d’une bonne santé. Les tanins
étaient autrefois exploitées dans l’industrie du textile pour tanner les peaux lors de la fabrication du
cuir. Ces composés très réactifs peuvent en effet
s’associer avec des protéines de la peau ou de la
salive.
Nous découvrirons dans un premier temps la
structure de ces molécules et leurs rôles biologiques chez la plante. Une fois extraites des baies
de raisins, elles contribuent à différentes propriétés d’un vin rouge : amertume, astringence, stablité de la couleur. Enfin, leurs propriétés antioxydantes intéressent les chercheurs pour lutter
contre des maladies humaines telles que le cancer
du colon.
virus et herbivores en tout genre. En s’accumulant
dans les graines, les tanins condensés favorisent
la germination. De plus, ce sont des pigments incolores qui brunissent par oxydation, conférant
de la couleur aux graines.
Dans le raisin, on retrouve une forte concentration de tanins dans les pépins et, dans une
moindre mesure, dans la pellicule. La vinification
libère ces tanins qui se retrouveront dans le vin.
In vino, les tanins condensés sont impliqués
dans plusieurs propriétés du vin rouge. En s’associant avec les molécules qui rougissent le vin,
les anthocyanes, les tanins condensés stabilisent
la couleur. Ces derniers confèrent également de
l’amertume. Leur capacité d’interaction avec nos
protéines salivaires produisent une sensation de
sécheresse du palais, c’est ce que l’on appelle l’astringence. C’est également la sensation que l’on
ressent lorsqu’un croque une pomme pas assez
mûre, un fruit riche en tanins condensés.
L UTTE CONTRE LES MALADIES HUMAINES
L ES RÔLES BIOLOGIQUES DES TANINS
CHEZ LES PLANTES
Les tanins condensés font l’objet de recherches dans la lutte contre le cancer et les malaLes tanins condensés sont retrouvés dans dif- dies cardio-vasculaires.
férents tissus de la plante où ils jouent différentes
En effet, ces composés pourraient bloquer la
fonctions : protection contre les bioagresseurs, coprolifération des cellules cancéreuses en interveloration et germination des graines.
nant sur le cycle cellulaire : in vitro, la structure
La présence de tanins permet donc à la plante chimique de ces molécules a un impact sur la prode se protéger contre les bactéries, champignons, tection des cellules animales2 .
3
Les tanins condensés sont des flavonoïdes, caVoilà pourquoi, pour ces propriétés antiractérisés par un squelette carboné de 3 cycles. oxydantes apportées par les tanins, les médecins
L’assemblage de plusieurs de ces structures de recommandent de consommer un verre de vin par
base constitue une chaîne de longueur variable jour.
que l’on appelle "tanin condensé". La longueur
de cette chaîne est définie par le taux de polymériP OUR ALLER PLUS LOIN
sation. Plus une chaîne est longue, plus son taux
de polymérisation est élevé.
1. Wikipedia, article «Tanin condensé»
Les tanins condensés peuvent comporter de
2. D. Lizarraga, C. Lozano, J. J. Briede, J. H. van
l’acide gallique sur les sous-unités de la chaîne.
Delft, S. Tourino, J. J. Centelles, J. L. Torres
Cette caractéristique permet de définir le taux de
and M. Cascante (2007). The importance of
galloylation. Plus une chaine de tanin condensé
polymerization and galloylation for the anticomporte d’acide gallique, plus son taux de galloyproliferative properties of procyanidin-rich
lation est élevé. Et les taux de polymérisation et de
natural extracts. The FEBS Journal.
galloylation ont un impact sur la protection des
cellules animales2 . Le thé vert tirerait notamment
ses vertus de l’association tanins/acide gallique.
o
Franceville : mosaïque de forêt et de savane
Joa M ANGOMBI
Franceville est une mosaïque de forêt et de savane, cet effet de lisière met en contact des espèces
habituellement séparées. Autant d’occasions de transmettre des pathogènes.
Au Gabon, la forêt équatoriale dense recouvre
la majeure partie du pays. Cependant, quelques
zones de savanes apparaissent dans la région du
Haut Ogouée. Dans cette région où la conjonction
entre géologie et climat ne permet pas le maintien
d’une quelqconque végétation, on y retrouve un
méli-mélo de de forêt et de savane. C’est le cas de
Franceville, la troisième ville du Gabon : elle est
située dans une cuvette profonde, entourée de collines. Il y règne un climat équatorial où alternent
saison des pluies et saison sèche.
vanes dans lequel s’incruste l’habitat humain. A
l’exception du centre-ville, très animé, l’habitat
est très dispersé et la végétation se compose majoritairement de graminées. Or, ce paysage atypique
augmente les contacts entre les populations animales et végétales. Ces contacts fréquents entre
l’homme, les autres espèces commensales et les
espèces favorisent la circulation et la transmission
des pathogènes à l’origine des zoonoses1 . Ainsi,
de par son organisation territoriale, Franceville regroupe les conditions propices au développement
des zoonoses.
Franceville est située dans une zone de transition entre la forêt et la savane. Plutôt qu’un bloc
Les zoonoses sont des maladies transmisesnt
de forêt ou de savane, l’ensemble de son territoire aux Hommes par les animaux ou inversement.
est constitué d’une mosaïque de forêts et de sa- Elles représentent un véritableproblème en santé
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public. En effet, près de 60% des maladies rencon- la circulation de pathogènes. Tout cela dans le but
tées actuellement sont des zoonoses et environ final de définir des espaces à risque et éventuelle70% d’entre elles proviennent de la faune sauvage. ment de proposer des méthodes de contrôle.
En raison de l’importante diversité d’espèces affectées et des pertes enregistrées, ces maladies
P OUR ALLER PLUS LOIN
font l’objet d’une attention particulière. C’est le
cas des rongeurs qui hébergent de nombreux virus, appartenant à plusieurs familles virales2 . Ce
1. Kate E. Jones, Nikkita G. Patel, Marc A. Levy,
sont des hôtes naturels des arénavirus responAdam Storeygard, Deborah Balk, John L. Gitsables de la fièvre de Lassa en Afrique et de plutleman & Peter Daszak (2008). Global trends
sieurs autres fièvres hémorragiques rencontrés
in emerging infectious deseases. Nature 451,
en Amérique latine. Ils véhiculent de nombreuses
990-993
maladies en pleine récrudescences aujourdhui : la
2. Mills JN & Childs JE., 1998. Ecologic studies
borreliose, les schistosomes des arboviroses, etc.
of rodent reservoirs : their relevance for huMes travaux consistent à évaluer, dans un tel
man health. Emerging Infectious Diseases
environnement, les risques que représentent les
1998 ; 4 : 529-37
rongeurs. Ils portent sur la circulation des patho3. Ebang Ella G.W., 2011, Les Muridés hôtes de
gènes dans l’agglomération de Franceville. En efvirus pathogènes pour l’homme dans la ville
fet, Franceville avec son climat, les zones de lide Franceville, Gabon : inventaire, écologie,
sières et la diversité de rongeurs rencontrés2 , recriblage viral. Mémoire de Master 2, Uniprésente un bon modèle d’étude.Il serait dans ce
versité Sciences et techniques de Masuku,
cas interessant de déterminer les espèces de ronFranceville (Gabon)
geurs en présence, celles des pathogènes, de déterminer la prévalence des pathogènes et ainsi de
réaliser un mécanisme qui permet de comprendre
o
L’électricité dans tous ses états
Julien B RUNELLO
L’électricité est une énergie présente partout autour de nous. Elle est aussi bien à l’origine du
fonctionnement d’une ampoule, qu’au c ?ur du réacteur d’un avion. Cependant, suivant les appareils
qu’elle alimente et les contraintes technologiques, sa forme peut être amenée à changer. Ce changement
de forme est opéré grâce à l’électronique de puissance.
L’électricité est une énergie qui peut se transformer avec une multitude de possibilités. Afin
de comprendre quelles sont les composantes de
l’électricité, nous allons comparer ce phénomène
à des personnes effectuant un déménagement.
En effet, les déménageurs forment une chaine
humaine et doivent se passer les paquets d’un
étage à un autre afin de vider un appartement. Les
paquets représentent le courant électrique et la
tension représente la vitesse avec laquelle les paquets sont envoyés d’un déménageur à un autre,
5
depuis l’appartement jusqu’au camion. L’appartement est la « source » des paquets et le camion
le « récepteur ». Finalement, la puissance est la
rapidité à laquelle s’effectue le déménagement, il
s’agit donc de l’énergie avec laquelle les déménageurs s’emploient pour vider au plus vite l’appartement. De fait, la puissance peut être augmentée
de deux façons : soit en augmentant le nombre
des paquets (le courant), soit en augmentant la
vitesse de circulation des paquets (la tension).
dues au transport était alors d’augmenter la tension de la source d’électricité. Cependant, les
moyens technologiques du XVIIIème siècle ne permettant pas d’élever la tension continue, la seule
solution possible était d’utiliser des transformateurs de tension qui ne fonctionnaient qu’avec le
courant alternatif.
Cette innovation technologique trancha le débat entre les deux formes d’électricité et c’est ainsi
que le courant alternatif s’imposa comme source
Il existe une multitude de manières de dé- principale.
ménager l’appartement tout comme il existe plusieurs formes de courant électrique.
L’ ADAPTATION DU COURANT ALTERNATIF
GRÂCE À L’ ÉLECTRONIQUE DE PUISSANCE
L A NAISSANCE DE L’ ÉLECTRICITÉ ET LA
L’énergie électrique alternative doit être transformée pour s’adapter à des charges très variées.
Micro-onde, téléphone portable, avion ou encore
satellite, tous ces appareils ont besoin d’adapLe courant électrique s’exprime sous deux
ter la forme de leur source d’énergie électrique
formes : le courant continu et le courant de forme
(batterie, alternateur, panneaux photovoltaïque,
sinusoïdale, dit alternatif.
éoliennes,etc.)1 . Ils disposent de récepteurs qui
C’est en 1789 que le premier combat de l’élec- ont des conditions de fonctionnement qui nécestricité prend place. Thomas Edison avait au préa- sitent un niveau de tension et une forme de coulable posé les bases du courant continu, tandis rant qui leurs sont propres. Pour cela il leur faut
que Nicolas Tesla et Georges Weslington avaient effectuer une transformation entre le courant aldéveloppé le courant alternatif. Jusque-là, chacun ternatif et leurs contraintes de fonctionnement.
de ces scientifiques défendaient leur invention.
Ce passage intermédiaire est appelé système de
A cette époque, l’un des défis majeurs était conversion d’énergie, et c’est le domaine de l’élecl’alimentation en électricité des grandes villes tronique de puissance.
américaines. Compte tenu de l’immensité du territoire, les distances entre les sources d’électricité
et les villes représentaient au minimum une centaine de kilomètres. Or, le transport de l’électricité
1. Luc Lasne. Electronique de puissance, Dudepuis sa source vers les villes consommatrices
nod
impliquait nécessairement une perte d’énergie à
laquelle il fallait pallier.
PRÉDOMINANCE DU COURANT
ALTERNATIF
Une solution simple pour diminuer les pertes
o
6
Du Cerro au Pisco
Jonathan P OURRIER
L’étude des processus d’interaction entre les masses d’eau permet d’améliorer les méthodes d’évaluation de la disponibilité et de la vulnérabilité de la ressource, dans le but d’optimiser son utilisation.
L’aventure de l’eau débute au pieds des sommets des Andes, aussi appelés Cerros, pour nous emmener jusqu’au Pisco, alcool local a base de raisin. Mais le périple sera jalonné d’obstacles semés par
l’industrie minière, les exploitations agricoles et les populations, mettant cette ressource sous pression.
Entre mer et montagne, à la frontière sud du
désert de l’Atacama, 400 km au nord de Santiago
du Chili se trouve la vallée l’Elqui. Sa population
est majoritairement concentrée sur la côte Pacifique (80%1 ) mais on rencontre des Pueblos, petits
villages retirés, jusqu’à 2000m d’altitude. Son économie est basée sur la culture du raisin, qui sera
exporté ou transformé en Pisco, et sur l’industrie
minière. Ces deux domaines sont de forts consommateurs d’eau, en compétition permanente mais
devant s’adapter à la rareté de la ressource dans la
vallée2 .
Soumise à un climat semi-aride, les précipitations moyennes y sont inférieures à 70 mm/an en
vallée. Cependant, en haute altitude (3000 à 6200
mètres) les cumuls de précipitations peuvent être
6 fois plus importants. A cela s’ajoute une contribution par la fonte des glaciers qui peut atteindre
15% de la quantité d’eau produite au dessus de
3000 mètres d’altitude3 .
L’eau voyage ensuite en direction de l’océan
Pacifique par des cours d’eau ou des nappes souterraines. Les interactions entre la surface et le milieu souterrain sont particulièrement importantes
car elles jouent un rôle dans la vitesse d’écoulement de l’eau, sa disponibilité et sa vulnérabilité.
Pour améliorer la gestion de la ressource en eau,
nous cherchons à améliorer les connaissances de
ces processus d’interaction.
U SAGES DE L’ EAU ET CONSÉQUENCES SUR
LA RESSOURCE
Les usages de l’eau dans la vallée de l’Elqui
sont à la fois consommateurs de la ressource et
source de pollution. Les villes ou villages ont un
impact sur la ressource de deux manières : les prélèvements réalisés dans les nappes souterraines
et les rejets d’eaux usées, rarement traitées, dans
les cours d’eau.
L’agriculture, très développée dans la vallée,
nécessite une quantité importante d’eau pour l’irrigation, prélevée dans les rivières. Ces prélèvements sont limités en fonction de la ressource disponible, cependant le fleuve Elqui a un débit quasiment nul à son embouchure. L’utilisation d’engrais et de pesticide est une source potentielle de
pollution des masses d’eau.
L’industrie minière est une des sources d’impact la plus importante dans la vallée de l’Elqui.
Les dépôts particulièrement riches en métaux précieux comme l’or, le cuivre mais aussi dangereux
comme l’arsenic sont naturellement à l’origine
d’une acidification des masses d’eau ainsi que
d’une augmentation de leur minéralisation.
L’activité minière augmente considérablement ces impacts en mettant à l’air libre des quantité importantes de ces roches. Une importante rivière de la vallée présente par exemple une acidité
proche de celle du vinaigre et draine plusieurs centaines de kilos de cuivres et plusieurs dizaines de
kilos d’arsenic par jour. D’autre part le processus
industriel de traitement du minerai est un grand
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consommateur d’eau.
affecté et les interactions qu’il peut avoir avec
d’autres compartiments également.
I NTERACTIONS ENTRE LES MASSES D ’ EAU
Pour bien saisir l’importance de l’étude des
processus d’interactions entre masses d’eau, il
faut avoir à l’esprit que l’eau sera plus ou moins
disponible et vulnérable selon le compartiment
dans lequel elle sera contenue. Par exemple, la rivière contient de l’eau facilement accessible mais
ne la stocke pratiquement pas. Ainsi cette eau
peut être facilement atteinte par une pollution
mais elle pourra aussi la transférer rapidement.
Contrairement, une nappe souterraine à une capacité de stockage et une capacité de protection
de la ressource bien plus importante, mais l’eau
est moins accessible.
A MELIORER LA GESTION DE LA RESSOURCE
PAR L’ ÉTUDE DES INTERACTIONS ENTRE
MASSES D ’ EAU
Comme expliqué précédemment, les processus de transfert et d’interactions entre compartiments vont influer sur la disponibilité de l’eau et
sa vulnérabilité. En effet dans le cas d’un transfert d’eau, un compartiment peut voir varier ses
ressources disponibles. Un transfert d’eau entre
compartiments est également un très bon moyen
de transport pour un polluant.
Concernant la disponibilité de la ressource,
on distingue la ressource souterraine, dans les
Dans la zone montagneuse les glaciers jouent
nappes, de la ressource de surface, dans les riplusieurs rôles. Ils sont à la fois à l’origine d’une
vières. Dans la vallée de l’Elqui l’agriculture est
production ponctuelle d’eau de fonte importante
généralement alimenté par les rivières alors que la
et comme les nappes souterraines, d’un stockage
population est alimentée grâce aux APR (Agua Potemporaire. Ce stockage permet d’étaler la redistable Rural), pompages réalisés dans les nappes
tribution de l’eau au cours de l’été vers les cours
souterraines. Dans les lieux ou la nappe souterd’eau et les nappes souterraines.
raine et la rivière sont connectés, et peuvent donc
Entre les rivières et les nappes souterraines il échanger de l’eau, une surconsommation par la
peut exister des échanges verticaux. Ces échanges population ou l’agriculture peut affecter la resverticaux sont très important car la nappe peut source dans son ensemble (surface + souterrain).
avoir un rôle de soutient de la rivière en lui ap- Par exemple dans le cas ou la nappe souterraine
portant de l’eau et la situation inverse peut aussi serais trop sollicitée, on peut très bien s’attendre
arriver, la rivière rechargeant la nappe. L’une ou à une diminution du débit de la rivière qui s’infill’autre des situations pouvant entrainer un trans- trera pour combler le manque d’eau souterraine,
fert de polluant ou faire varier la disponibilité de plutôt que de s’écouler en surface. Ce scénario
la ressource souterraine ou de surface.
devient problématique pour les agriculteurs qui
de leur coté ont besoin de l’eau des rivières pour
Le climat et ses variations joue un rôle dans la
alimenter les canaux et irriguer leurs cultures.
façon dont se déroule les transferts. Par exemple
une augmentation des précipitations peut mener
En reprenant l’exemple précédent d’une
à une augmentation de l’eau produite à la fonte nappe d’eau souterraine surexploitée et alimendes neiges, une augmentation du débit des cours tée par la rivière on se rend facilement compte
d’eau ou une augmentation de l’infiltration dans de l’importance de comprendre les interactions
la nappe souterraine. A l’inverse une diminution entre compartiments dans le cadre de leur prodes précipitations ou une augmentation de la tem- tection contre des pollutions. Imaginons qu’un
pérature peuvent mener à une diminution de l’ali- agriculteur provoque une pollution de la rivière
mentation des glaciers en neiges et des rivières et par des engrais ou des pesticides. Si la rivière n’innappes en pluie. En conséquences le comporte- teragit pas avec la nappe le polluant sera transféré
ment hydrodynamique du compartiment va être rapidement vers l’aval. Par contre si comme dans
8
notre exemple une partie de l’eau de la rivière à long terme s’annonce complexe face aux varias’infiltre dans la nappe, le polluant le fera très cer- tions climatiques, à la pression économique, et à
tainement aussi. Le problème est que l’eau d’une l’augmentation de la demande.
nappe s’écoule beaucoup moins rapidement vers
l’aval. La pollution est donc susceptible d’affecter
la masse d’eau durant une plus longue période.
Pire, les populations alimentées par cette nappe
1. www.icarito.cl - Universidad de Chile.
risque de ne plus pouvoir consommer cette eau
http ://tinyurl.com/qe8t4sn
au risque de s’empoisonner. Enfin si le transfert
entre la nappe et la rivière s’inverse plus en aval,
2. Oyarzún, J. & Oyarzún, R. (2011). Sustaic’est à dire si la nappe est saturée et qu’une partie
nable development threats, inter-sector
de son eau rejoint la rivière, la pollution évoquée
conflicts and environmental policy requiprécédemment peut rejoindre la rivière de façon
rements in the arid, mining rich, northern
plus diffuse et ainsi affecter la rivière à plus long
Chile territory. Sustainable Development,
terme. Le même scenario est envisageable suite à
19(4) : 263-274.
une pollution minière.
3. Pourrier J. et al. (2013). Glacier meltwater
L’étude des processus d’interaction entre
flow paths and storage in a geomorphologimasses d’eau, et du controle du climat sur ces procally complex glacial foreland : the case of
cessus, apportera les informations nécessaire à
the Tapado glacier, dry Andes of Chile (30°S).
l’amélioration de la gestion de l’eau dans la vallée
Submitted in Journal of Hydrology.
de l’Elqui.
Cependant, la préservation de cette ressource
o
Échographier la Terre
Nathalie R ASENDRA
Les séismes et les éruptions volcaniques sont des phénomènes naturels à risques pour les hommes.
Pour prévenir ces risques, nous devons comprendre les origines de ces phénomènes. Ainsi, échographier
la Terre nous aide à obtenir une image de la gestation de la Terre. Petit voyage au centre de la Terre.
La Terre est en perpétuel mouvement, c’est la
tectonique des plaques1 . Prenons l’image de bateaux qui dérivent sur l’eau. Divisons la Terre en
plusieurs parties en mouvement les unes par rapport aux autres : ce sont les plaques tectoniques.
Lorsque deux plaques tectoniques, deux de nos
bateaux, se rencontrent, elles vont être secouées
et un séisme ou une irruption volcanique peut se
produire.
Les séismes et les éruptions volcaniques sont
des risques naturels majeurs pour les hommes. Ils
détruisent les bâtiments, les maisons, les routes,
etc. Ces phénomènes naturels peuvent aussi causer des victimes voire des morts.
Imaginez : vous ouvrez le robinet du tuyau
d’arrosage que vous tenez entre vos mains. Le
tuyau vibrera dans vos mains comme lors d’un
9
séisme. La même chose se produit lorsqu’une
éruption volcanique se produit.
Etudier ces deux configurations de plaques
dans ces deux pays nous permet de mieux comprendre comment les plaques se comportent
Nous devons donc surveiller la Terre comme
entre elles et créent ou non des séismes et des
une maman surveille son bébé à l’échographie.
éruptions.
C’est ce que nous faisons au Canada et en Tanzanie. Nous y avons installé des instruments qui
enregistrent les séismes.
Au pays du sirop d’érable, les deux plaques
tectoniques glissent l’une contre l’autre et des
1. Wegener, A. (1912). Die entstehung der konséismes se déclenchent. Au pays des zèbres, des
tinente. Geologische Rundschau,3(4), 276éléphants et des lions, les deux plaques tecto292.
niques s’éloignent l’une de l’autre. Pourtant, des
séismes et des éruptions volcaniques surviennent
aussi.
o
Les cicatrices climatiques
Julie D EDERER
Apparemment fixes et immuables, les chaînes de montagnes sont pourtant en constante évolution. Elles sont fortement influencées par le climat, en surface mais aussi en profondeur, créant des
situations géologiques très différentes.
Bien qu’on ne puisse pas s’en rendre compte
à l’échelle d’une vie humaine, la Terre se remodèle sans cesse. Les continents dérivent, ils se déplacent les uns par rapport aux autres. Lorsque les
plaques qui les portent entrent en collision, l’une
des manifestations terrestres les plus imposantes
apparaît : les chaînes de montagnes. Ces chaînes
de montagnes sont constituées de couches de
roches pliées et fracturées pendant la collision,
comme la carrosserie de deux voitures après un
accident. L’empilement d’écailles de roches les
unes sur les autres crée un relief montagneux ; la
déformation des roches dépend des paramètres
de la collision, de la tectonique des plaques. Or, la
tectonique et le climat sont liés : ils agissent l’un
sur l’autre. Découvrons comment.
sphériques et météorologiques, comme la force
et la direction des vents, la pluviosité, la température, la pression, etc. Les processus qui se déroulent à la surface de la Terre dépendent de ces
phénomènes et redistribuent la matière à la surface de la terre. On en dénombre trois : l’érosion
par le vent, la pluie et les rivières ; le transport de
matière des hautes vers les basses altitudes ; et la
sédimentation qui dépose les particules dans un
bassin d’accueil.
Le climat, via les processus de surface, et la
tectonique agissent l’un sur l’autre : on dit qu’ils
sont couplés.
Prenons un exemple : la tectonique modifie
directement l’action des processus de surface par
la croissance du relief. Un changement de pente
Le climat regroupe des phénomènes atmomodifie l’érosion et le transport : plus un versant
10
est pentu, plus des glissements de terrain risquent
de se déclencher. La tectonique met également à
nu des roches de résistances variables, donc plus
ou moins facilement érodables.
la tectonique et le climat.
L’île de Taiwan illustre parfaitement le couplage entre la tectonique et le climat. Elle fait partie d’un des contextes géologiques les plus comLa tectonique perturbe également les circu- pliqués au monde : elle est au centre de la converlations atmosphériques en créant une barrière gence de trois plaques tectoniques. Le climat tromontagneuse. Ainsi de nombreuses chaînes de pical comprend une période de mousson, des tymontagnes comprennent un versant sec et un ver- phons. Les processus de surface sont très forts :
sant humide, car les nuages chargés d’humidité se les rivières en crue peuvent charrier des blocs
retrouvent bloqués par la hauteur de la chaîne et de plusieurs mètres de diamètre, des glissements
déversent leur pluie sur le seul versant accessible. de terrain peuvent ensevelir des villages entiers.
La perturbation des courants atmosphériques due L’érosion est si importante qu’elle décape verticaà la tectonique peut se répercuter sur de grandes lement 2 à 3 mm de roche par an. Les zones de
masses d’air, et donc impacter durablement sur le forte érosion sont également les zones où la déforclimat.
mation se concentre sur de grandes failles, alors
qu’elle est pratiquement inexistante par ailleurs
A l’inverse, le climat contre également les effets de la tectonique. Grâce aux processus de surComprendre les couplages est important pour
face, il aplanit le relief montagneux. Il impacte prévenir les risques. Comme dans le cas de Taisur la déformation de la chaîne, parfois jusqu’à wan, plusieurs endroits du monde risquent d’être
15km de profondeur. Les roches ne peuvent pas soumis à des crues, des glissements de terrain. Ces
se fracturer, si le poids des roches au-dessus est évènements naturels entraînent des coûts et des
trop lourd : elles sont trop comprimées pour pou- conséquences humaines et matérielles. Protéger
voir bouger. L’érosion, en retirant du poids, favo- les populations et les infrastructures est un enrise la déformation en dessous de la zone sur la- jeu majeur dans la compréhension des couplages
quelle elle agit, la sédimentation inhibe la défor- entre la tectonique et le climat dans les chaînes de
mation en ajoutant du poids. Un cycle s’instaure, montagnes.
où l’érosion encourage la déformation, qui ellemême crée du relief et entraîne une augmentation
de l’érosion. Ce sont les bases du couplage entre
o
L’épopée verticale des laves du Maroc
René C HAMBOREDON
En observant les laves, nous pouvons comprendre les étapes de leur évolution à travers la croûte
terrestre. Dans le cas particulier des laves du Maroc, nous cherchons à comprendre pourquoi elles
présentent des caractéristiques inhabituelles en domaine continental. Pour cela, nous étudions les gaz
piégés dans les minéraux afin de reconstituer les étapes de l’ascension de la lave.
11
Lorsqu’on nous parle de lave, la première
chose qui vient à l’esprit est cette rivière de roche
en fusion qui s’écoule sur les flancs d’un volcan. Mais comment cette lave s’est-elle formée ? Il
existe en profondeur des zones où les conditions
de température et de pression sont plus favorables
à la fusion. La densité de la roche fondue diminue,
et elle commence à remonter en suivant le même
principe que l’huile qui vient flotter sur l’eau.
trouve dans les caractéristiques de la lave finale
que l’on peut échantillonner en surface. La lave
peut cependant s’arrêter plusieurs fois en chemin,
et former plusieurs chambres magmatiques dans
lesquelles elle va subir différentes transformations
à chaque fois.
mesure que les minéraux cristallisent. La cristallisation entraîne notamment une diminution de la
densité de la lave, ce qui lui permet de reprendre
son ascension et de sortir en surface en formant
un volcan.
Une zone de subduction représente la limite
entre deux plaques, où une plaque océanique s’enfonce sous une plaque continentale. La plaque
océanique contenant des sédiments marins hydratés se réchauffe et fond en profondeur pour
donner un volcanisme riche en eau et en éléments
gazeux (Cl, F, H2 O, CO2 , SO2 , H2 S). On retrouve ces
éléments dans le réseau cristallin (organisation
des atomes entre eux) de minéraux particuliers
qui ne cristallisent que dans ce type de contexte.
Or nous retrouvons certains de ces minéraux dans
les laves du sud du Maroc, ce qui nous suggère
l’intervention complexe de différents processus
lors de leur remontée.
Le géologue est capable de reconstituer et de
replacer dans le temps les différentes étapes de
la transformation de la lave et son état initial, en
Lorsque la lave remonte et se retrouve blo- l’observant elle et les minéraux qu’elle contient
quée, par exemple lorsqu’elle traverse des milieux au microscope, et en analysant leur composition
moins denses qu’elle, elle s’accumule et crée une chimique.
chambre magmatique. La lave qui reste dans la
chambre magmatique subit d’importantes transformations physico-chimiques, principalement
sous l’effet de son refroidissement. On assiste notamment à la cristallisation des minéraux. Cette L E CAS DES LAVES DE L’ATLAS MAROCAIN
cristallisation est dite fractionnée car les minéraux
n’ont pas la même composition que le magma,
Les laves du Maroc, issues d’un volcanisme dit
c’est-à-dire qu’ils n’utilisent qu’une fraction des
éléments chimiques de la lave pour se former. «intra-continental», s’apparentent plutôt à celles
Ainsi, la composition de la lave évolue au fur et à produites par les volcans en zone de subduction.
Le géologue retrouve les processus qui ont modifié la lave
Au cours de son séjour dans la chambre magmatique, une lave peut être modifiée par différents processus, en plus de la cristallisation des
minéraux :
– une nouvelle arrivée de lave identique à la
première dans la chambre, qui va augmenter la température et enrichir la lave déjà
présente en éléments qui ont été « consommés » par la cristallisation des minéraux ;
– l’arrivée d’une lave différente qui va se mélanger et modifier la composition de celle
qui est dans la chambre magmatique ;
– la fusion et le mélange de la roche « encaissante », c’est-à dire celle qui forme les parois
de la chambre magmatique, qui va modifier
la composition chimique de la lave.
La somme de toutes ces modifications se re-
La présence d’éléments gazeux dans les minéraux ne nous permet pas de reconstituer correctement l’histoire géologique du volcanisme sudmarocain. Du moins, si l’on se limite à l’observation et à l’analyse chimique de la lave et des
minéraux qu’elle contient.
C’est la raison pour laquelle nous allons nous
lancer dans une approche relativement peu utilisée, parce que difficile à mettre en place, mais qui
a déjà prouvé sa pertinence1,2 .
12
L ES INCLUSIONS : TRÈS PETITES MAIS
Si la lave s’est arrêtée dans plusieurs chambres
magmatiques,
les inclusions piégées dans les miTRÈS IMPORTANTES
néraux qui ont cristallisé dans ces différentes
chambres permettent de retrouver les conditions
La capacité d’un élément volatil à rester dans
physico-chimiques de chacune des chambres. Il
la lave, et donc à ne pas s’échapper sous forme de
devient ainsi possible de reconstituer l’histoire
bulle, diminue fortement avec la pression. Ceci
géologique de la lave. Nous avons pu observer
signifie que la majeure partie de ces éléments est
de nombreuses inclusions dans les minéraux des
perdue lorsque la lave arrive en surface. Le géolaves sud-marocaines, et leur analyse s’inscrit
logue ne peut donc pas retrouver les conditions
dans un projet en cours de réalisation.
(température, pression et composition chimique
de la lave) qui régnaient lors de la cristallisation
des minéraux. Il devient alors difficile de reconstiP OUR ALLER PLUS LOIN
tuer l’histoire géologique de la lave.
Les inclusions de gaz (« fluid inclusions »1 ) et
de liquide basaltique (« melt inclusions »2 ) représentent les gaz ou le liquide basaltique présents
au moment de la cristallisation des minéraux dans
la chambre magmatique. Elles sont sous la forme
de bulles microscopiques (quelques centièmes
de millimètre) piégées dans les minéraux. Ceuxci les ont donc protégées des changements de
conditions physico-chimiques. En les analysant,
on peut déterminer la température, la pression
et la composition de la lave au moment où ces
inclusions ont été piégées.
1. Hansteen and Klugel, 2008, Fluid Inclusion
Thermobarometry as a Tracer for Magmatic
Processes. Reviews in Mineralogy and Geochemistry.
2. Métrich and Wallace, 2008, Volatile abundances in basaltic magmas and their degassing paths tracked by melt inclusions. Reviews in Mineralogy and Geochemistry.
o
Le pouvoir caché du muscle
Florian B RITTO
De nombreuses pathologies sont associées à une perte de masse musculaire ce qui est directement
relié à la mortalité des patients. La compréhension des mécanismes impliqués dans le contrôle de la
masse musculaire se révèle être un enjeu pour la santé publique.
Avec le vieillissement de la population, les maladies chroniques ont gagné du terrain et représentent désormais la première cause de décès en
France, La dimension chronique de ces pathologies entraîne une prise en charge coûteuse des
patients. Ces maladies sont souvent associées à
une perte de masse musculaire ce qui est directement liée à la baisse de la qualité de vie et à la
mortalité des patients. Outre son rôle moteur, le
muscle semble donc être indispensable à la vie ; la
compréhension des mécanismes impliqués dans
le contrôle de la masse musculaire pourrait être
13
un enjeu de santé publique important dans les
années à venir.
cès des patients. Prenons l’exemple des maladies
auto-immunes et inflammatoires chroniques. Ces
deux types de maladies peuvent entraîner l’atroLe corps humain comprend 656 muscles qui
phie musculaire en affectant la balance protéique,
représentent 45% de la masse corporelle et la
de plus les traitements aux glucocorticoïdes né1ere réserve énergétique de l’organisme. Voir, sencessaires pour soigner ses pathologies accélairent
tir, toucher, parler, rire et même respirer autant
le processus d’atrophie (Goldberg et al., 1980). la
d’actions qui nécessitent la contraction d’un ou
compréhension des mécanismes impliqués dans
plusieurs muscles du corps humain. La fonction
la diminution de la protéosynthèse et l’augmentacontractile musculaire est assurée par diverses
tion de la protéolyse pourrait permettre de réduire
protéines agencées entre-elles pour former une
le nombre d’hospitalisation et ainsi de réduire la
structure complexe, le muscle étant composé à
mortalité et le cout de la prise en charge des pa80% de protéines, sa masse est étroitement liée à
tients atteints de maladies chroniques.
sa fonction.
Depuis que le muscle a été identifié comme
La masse musculaire est finement régulée par
un organe indispensable à la survie des patients
la balance entre la production et la dégradation
atteints de maladies chroniques ; la recherche
de protéines (respectivement protéosynthèse et
se concentre sur un facteur clef du contrôle
protéolyse). La balance entre ces deux phénode la masse musculaire (le complexe protéique
mènes permet de réaliser le roulement protéique
MTORC1) (Bodine et al., 2001) . Dans la majorité
et permet de remplacer les vieilles protéines par
des pathologies associées à une perte de masse
de nouvelles protéines fonctionnelles. Certains
musculaire l’activité de ce facteur est diminuée
stress vont faire pencher la balance du côté de
(Favier et al., 2010) (Toth et al.,2011) (Langen et al.,
la protéosynthèse et induire une augmentation
2013). Le but des recherches actuelles est d’idende masse musculaire, une hypertrophie, comme
tifier les protéines coupables de la baisse d’actipar exemple les facteurs de croissance ou les
vité du facteur MTORC1 . Contrôler l’activité du
contraintes mécaniques imposées sans cesse aux
facteur MTOR en jouant sur ses protéines régumuscles (Jaafar et al., 2013). A l’inverse, un séjour
latrices montre de bons résultats sur le modèle
en altitude ou un jeûne vont induire une baisse
animal notamment pour les traitements aux glude la masse musculaire appelée atrophie, en faicocorticoide (personnal data) et le diabète de type
sant pencher la balance du côté de la protéolyse
1 (Lambertucci et al., 2012) . Cette technique est
(Favier et al., 2010).
donc prometteuse pour maintenir le muscle en
Certaines pathologies chroniques vont induire bonne santé ce qui semble être un facteur détermidirectement ou indirectement une atrophie du nant à la survie des patients atteints de maladies
muscle, ce qui à pour effet de réduire la qualité de chroniques.
vie (Muscaritoli et al., 2010), avec une augmentation des hospitalisations, et conduit in fine au déo
14
L’hibiscus : boisson miraculeuse ?
André S INELA
Les attirantes fleurs rouges foncés de l’hibiscus ont des proprietés thérapeutiques utilisées dans
l’industrie pharmaceutique et des colorants naturels utilisés dans l’industrie agroalimentaire.
Elles sont connues sous différentes appella- cardio-vasculaire, anticancéreuse, anti-âge natutions telles que : «flores de Jamaica», «groseille de rel etc. ]à la santé. Sa préparation facile et sa
Noël», «sorrel», «bissap» et « rosele» [1].
conservation permettent de maintenir leurs caracteristiques physico-chimiques durant une longue
Pour obtenir un jus bien coloré, les fleurs sont
période.
décortiquées et sechées, après un trempage dans
l’eau chaude pendant une trentaine de minutes.
Qui goûte cette miraculeuse boisson, à la fois
Suit un filtrage et une mise en bouteille. Les bou- belle et bonne, ne l’oublie jamais !
teilles seront par la suite pasteurisées pour éliminer l’activité des microorganismes et enzymes.
Les anthocyanes, les responsables de la couleur rouge du jus, se dégradent très rapidement
1. Cissé 2010 La production du bissap (Hibisen présence de l’oxygène, lumière et surtout de la
cus sabdariffa L.) au Sénégal. Fruits, 64, 2,
température ambiante (25°C dans des pays tropi111-124.
caux).
2. Sinela (2012), Etude des cinétiques de dégraPour maintenir les caractéristiques physicodation des Anthocyanes durant le stockage
chimiques du jus d’hibiscus, il est nécessaire de le
d’extraits d’Hibiscus Sabdariffa L. pasteuriconserver à l’abri de la lumière, au réfrigérateur.
sés. Master NAVAL, Université Montpellier
Cela permet une durée de limite de consommaSupAgro, 34p.
tion optimale (DLCO) de 4 mois.
La consommation de cette rafaichissante boisson proccure plusieurs bénéfices [protecteur
o
15
Maghreb : trésor de terroir
Aziza Aïcha L ADJOUZE
Cinq pays, cinq histoires, cinq cultures et une multitude de terroirs aussi variés qu’exceptionnels.
Un voyage gustatif qui réveillera et stimulera tous vos sens. Une explosion de saveurs et une aquarelle
de couleurs. Au-delà des clichés et des idées reçues, une vraie découverte de ces pays et de leurs terroirs
aux portes de l’Europe.
Quand on pense au Maghreb, on ne pense souvent qu’au soleil, aux chameaux et aux étendues
désertiques. Et combien savent que le Maghreb
porte le nom de grand Maghreb ou grand Maghreb
uni, et qu’il est composé de cinq pays : la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye.
Le Maghreb, qui porte aussi le nom de grand
Maghreb ou grand Maghreb uni, est composé de
cinq pays : la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Le Maghreb est la région d’Afrique
du nord comprise entre la mer Méditerranée au
nord, le Sahara au sud, l’océan Atlantique à l’ouest
et l’Egypte à l’est. Son nom vient de l’arabe ElMaghrib qui signifie couchant ou occident (relativement à l’orient). Sa superficie est estimée à 5
millions de km2 , le Sahara recouvrant la majorité
de son territoire. La langue arabe est la langue officielle pour la plupart de ces pays, mis à part l’Algérie et le Maroc où le berbère s’ajoute à l’arabe.
Si l’islam est la religion principale dans les cinq
pays, il existe toutefois des communautés juives
(au Maroc, Algérie et Tunisie) et chrétiennes (en
Algérie et Libye) très présentes et ancrées.
Le Maghreb est marqué par les influences
historiques des colonies qui se succédèrent (romaine, otomane, arabe, byzantine, phénicienne,
etc.) et les plus récentes colonisations françaises,
italiennes et espagnoles qui ont contribué à façonner la culture et les modes de vie maghrébins,
très différents d’un pays à un autre. En plus de
l’histoire, les différents reliefs et la géologie changeante du Maghreb lui confèrent une multitude
de terroirs aussi variés qu’exceptionnels, encore
enrichis par la diversité culturelle et ethnique. A
table !
– Le couscous est souvent le représentant le
plus connu au Maghreb, pourtant c’est un
plat propre à l’Algérie, au Maroc et à la Tunisie ; sachant qu’il y a divers types de couscous dans chacun de ces pays (couscous au
poisson, couscous aux dattes, couscous aux
raisins secs, au poulet, etc.).
– Les merguez dont le nom vient du berbere
am argaz (comme un homme) créées par les
juifs d’Algérie dans les années 1920, puis importées dans le monde entier par les pieds
noirs et les français.
– Le beurre de karité, utilisé en Mauritanie
dans la cuisine locale et très prisé dans des
produits cosmétiques traditionnels.
– Le Guedj (un plat à base de poisson) et le
niébé (haricots) sont les plats nationaux
mauritaniens et s’accompagnent très bien
du pain traditionnel cuit au charbon de
bois.
– Les amandes lybiennes croquantes et leurs
senteurs vous projettent directement dans
les plaines de Libye.
– Les dattes Deglet nour (datte de lumière) et
Majhoul (inconnu) font les beaux jours des
soirées Ramadhanesques, accompagnées
de petit lait L’ben où fourrées aux amandes,
beurre, où noix leurs fondants et leurs saveurs de miel vous transportent au monde
des milles et une nuit.
– L’huile d’olive est une autre perle du terroir
maghrébin, présente aussi bien en cuisine
qu’en cosmétique.
– Le miel des ruches des massifs montagneux
maghrébins orne les petits gâteaux aux saveurs multiples.
16
Le Maghreb est un grenier de saveurs et son
terroir vous donne un avant-goût du voyage. Des
senteurs venues d’ailleurs qui vous portent et
transportent dans des pays aux mille facettes.
o
La Corse : l’île aux mille fromages
Melissa A ÏT M OULOUD
Tout le monde connait la Corse pour son soleil, ses plages et ses montagnes majestueuses. Cependant, elle a longtemps été considérée comme une île de bergers. La production de fromages était
l’activité principale de ses habitants. Entre la tomme Sartinese, le Bastelicaccia, le Calensana, le
Niulincu et le Venachese, les touristes ne savent plus où donner de la tête. Mais d’ou vient le goût si
particulier de ces fromages ?
Associé au métier de berger, les fromages
de Corse bénéficient d’une image très favorable
auprès de la société corse. Leur notoriété est
une bonne expression des beautés dont s’enorgueillissent les insulaires. Les parfums du maquis,
les parcours herbagés, de plaine, de piémont et
de montagne sont autant d’attributs prêtés aux
fromages insulaires. Ils symbolisent la richesse
d’un patrimoine légué par une société pastorale
encore présente dans les mémoires, et véhiculent
à eux seuls tout un pan de la culture Corse. Ils fournissent également une référence vivante à une
agriculture paysanne et familiale ancienne.
déplacements sur des zones difficiles et accidentées. Sa mamelle est développée et conformée en
« pis de chèvre » ce qui lui confère une facilité de
traite toute particulière. Sa laine est jarreuse, et
recouvre en longue mèche la totalité de son corps,
ce qui lui permet de rester en plein air toute l’année. Bien qu’elle ait une production plus modeste
que celle de ses voisines sardes et lacaunes, c’est
une très bonne laitière compte tenu de son petit
format. Cette moindre production est, en partie,
compensée par un lait très riche de l’ordre de 132
g/l de MSU (Matière Sèche utile). C’est une brebis
rustique et une bonne marcheuse ; qualité importante pour l’utilisation des zones de parcours et
de transhumance. Amandina quant à elle est une
R ENCONTRE AVEC LA BREBIS ET LA
chèvre qui se caractérise par sa rusticité, ses facultés d’adaptation à l’environnement corse et son
CHÈVRE CORSES
aptitude à valoriser les terrains difficiles. Elle pèse
A pâte dure ou à pâte molle, l’originalité des en moyenne entre 35 et 45 kg, elle fait attention à
fromages de Corse tient en partie à la race locale sa ligne ! Sa tête est fine avec de petites oreilles et
des chèvres et brebis corses. Antonia la brebis son poil est long, uniforme noir bariolé de blanc.
corse se caractérise par son petit format 55 cm
et son poids réduit 37Kg vif et un poids de carcasse de 17Kg. Elle a une tête très fine, avec une
face longue et un chanfrein plat, avec présence
de cornes, ce qui la rend élégante. Ses membres
sont remarquablement fins, et adaptés à de longs
17
U NE PRODUCTION ISSUE DES SYSTÈMES
D ’ ÉLEVAGE PASTORAUX
les saisons. L’utilisation du lait cru non pasteurisé
permet de garder les caractéristiques du lait Corse
en maintenant toute la flore qui peut exister et
qui arrive dans le lait au moment de la traite. Il
L’alimentation des animaux influe directegarde aussi toute la richesse et la spécificité du
ment sur le goût et l’arôme du fromage. La Corse
lait lié aux pratiques d’élevage. Cette richesse va
préserve la qualité de ces fromages grâce à une aliêtre transmise ensuite au fromage et va contribuer
mentation des brebis et des chèvres exempte de
à son goût. C’est donc la qualité du lait cru qui
toute pollution et particulièrement saine. Le lait
dicte celle des fromages fermiers. Les fromages se
ainsi produit est d’une grande richesse et d’une
déclinent aussi selon le tour de main de chaque
qualité exceptionnelle. Les laits corses sont des
berger-fromager. Il s’agit effectivement de tirer
laits de pâturage issu d’élevages pastoraux qui se
profit des caractéristiques du lait cru (flore natufondent sur des races locales de chèvres et de brerelle et richesse nutritionnelle) pour les combiner
bis encore très présentes dans les troupeaux et sur
à l’ambiance de chaque fromagerie pour fournir
l’utilisation des ressources spontanées (plantes
des produits uniques et de qualité. Les fermiers
aromatiques, fleurs, végétation du maquis). Cet
possèdent en effet chacun un savoir-faire de proélevage peut faire valoir une forte originalité de ses
duction et d’affinage spécifique. Ce savoir-faire se
modes de conduite. Aussi, en corse on pratique
transmet de père en fils. C’est le mode d’affinage
la transhumance estivale. Elle permet de palier
et la durée de l’affinage qui donne le caractère fila sécheresse qui sévit l’été et jaunit les maigres
nal du fromage. Et comme disent les corses : "le
pâturages des plaines. Dès le mois de juin, les
fromage est l’âge adulte du lait" !
troupeaux gagnent alors les montagnes les plus
proches, où l’herbe renaît après la fonte des neiges.
Ils en reviendront entre septembre et novembre,
U N FROMAGE POUR CHAQUE COIN DE
avant que la neige ne les recouvre de nouveau.
L’ ÎLE
Ces dernières années, la pratique de la transhumance tend à se perdre, mais dans tous les cas, le
pâturage est à la base de l’alimentation des animaux. La complémentation y est faible et généralement constituée de céréales, de foin ou d’aliments déshydratés. Ce lien fort à l’environnement
fait de la production fermière une production saisonnière par nature.
D U LAIT DOUX AU FROMAGE DE
CARACTÈRE
La particularité des fromages de Corse est fondée sur la variété et la diversité des formes, des
aspects, des textures et des goûts. Ce sont des fromages caillés à base de lait cru, autrement dit, qui
n’a pas subi de traitement thermique au-delà de
40°C. Les fermiers n’ajoutent que de la présure,
du sel et éventuellement des ferments lactiques.
Les laits crus expriment des qualités organoleptiques spécifiques liées à l’alimentation naturelle
et variée des animaux selon les territoires et aussi
Les fromages de Corse sont à classer dans la
catégorie des pâtes molles (70%) en Haute Corse,
et des pâtes pressées en Corse du Sud. Traditionnellement, ce sont de gros fromages qui pèsent
entre 400 et 500g et pouvant aller jusqu’à 2 à 3 Kg.
Ce sont des fromages gras : le taux de matières
grasses dépasse généralement 50%. Habituellement se sont des fromages salés, ce qui permet
une conservation plus facile, notamment pour ces
conditions de fabrication traditionnelles. La star
des fromages de Corse est le Brocciu. C’est un fromage de lactosérum fabriqué à partir du petit lait
de chèvre et/ou de brebis récupéré après la fabrication fromagère. Il est aussi le seul fromage
de l’île à posèder une AOC. Mise à part le Brocciu, cinq types de fromages traditionnels ont été
définis à l’initiative de « A fiera di u casgiu », l’association des producteurs fermiers ainsi que les
chambres d’agriculture. Ils répondent aux dénominations et aux descriptions suivantes :
– La tomme sartinese : c’est un fromage de
18
–
–
–
–
garde à pâte pressée et ferme, affiné plusieurs mois et consommé à partir d’un mois
et demi. Elle est fabriquée dans l’extrêmesud de l’île.
Le bastelicaccia : il s’agit d’une pâte molle
à croûte fleurie, et d’affinage court (20 à 30
jours). Il est fabriqué dans la région d’Ajaccio et dans l’ouest de l’île.
Le venachese : c’est un fromage à pâte
molle à croûte lavée, et d’affinage moyen (45
jours). Il est fabriqué au centre de la Corse,
dans le village de Venaco.
Le niulincu : un fromage à pâte molle et
croûte raclée, salée et longuement affiné (90
jours). Il est fabriqué au centre-west de la
Corse.
Le calinzana : c’est un fromage à pâte molle
et à croûte raclée. Il est fortement salé au dé-
but pour permettre un affinage long (entre
4 et 12 mois). Il est fabriqué au nord ouest
de la Corse.
Pour apporter une touche corse aux plaisirs
de la table, vos convives seront heureux de se voir
proposer un plateau de fromages composé des
meilleurs fromages de Corse. Ce type de plateau
donnera un côté éducatif et généreux à votre table.
Et pour le servir, choisissez un support en matière naturelle comme le verre, l’osier ou le bois.
Le fromage de Corse ne présentant pas un goût
uniforme dans toute sa masse, n’oubliez pas de
toujours le découpez de façon à réunir le c ?ur et
la croûte.
Bon apétit !
o
Le logiciel qui ne meurt jamais
Raoul TAFFO T IAM
La réutilisation de la production logicielle est un levier majeur de la compétitivité des entreprises :
plutôt que de réinventer la roue à chaque fois, essayons d’être malins
.
Une étude de (Clements, 2003) montre que la
courbe des coûts s’inverse dès le troisième produit quand la famille de logiciels est initialement
modélisée. Dès lors, l’enjeu de cette compétitivité réside dans la maximisation de la réutilisation
pour redonner continuellement vie aux composants logiciels.
tionnalités du produit restent les mêmes et seuls
les besoins techniques changent, donc il serait
profitable de réutiliser les composants fonctionnels existants s’ils sont initialement bien conçus.
Analogiquement, les entreprises vont avoir des
besoins identiques, similaires ou spécifiques, auxquels il faudra répondre en tenant compte du marché concurrentiel. Dès lors, l’objectif principal est
celui de la maximisation de la réutilisation pour
être compétitif tout en garantissant la qualité et la
rentabilité.
Réutiliser des composants logiciels est une nécessité pour accroître la compétitivité chez les éditeurs. Considérons une entreprise qui sollicite un
Les deux concepts fondamentaux pour ratiologiciel de gestion pour l’utiliser sur plateformes
naliser et automatiser une chaîne de fabrication
Web classiques et qui ensuite, souhaite que son
logicielle sont la généricité et réutilisation. Nous
produit s’utilise sur plateformes mobiles. Les foncsaurons bientôt comment ces deux notions, la gé19
néricité ou développement pour la réutilisation et
le développement par la réutilisation, permettent
de rester compétitifs.
La généricité en génie logiciel est une réponse
au besoin sans cesse croissant d’agilité pour maîtriser la complexité des systèmes modernes et
la dynamique des marchés correspondants, en
prônant l’utilisation systématique de modèles. Il
s’agit alors de produire des modèles logiques qui
soient suffisamment précis pour être utilisés lors
de l’implémentation : développer pour la réutilisation. Les ingrédients de la généricité sont :
– l’abstraction : qui facilite la compréhension,
simplifie l’analyse et la conception, pérennise les connaissances et améliore la qualité
du logiciel ;
– la séparation des préoccupations : qui permet la maîtrise de la complexité du logiciel
et l’agilité fonctionnelle ou technologique ;
– la productivité des modèles.
Imaginons des produits logiciels qui fournissent tous des fonctionnalités d’agenda, mais
dont la granularité du calendrier diffère (semaine,
mois, année) : c’est la variabilité. L’identification
et la représentation de cette variabilité doit permettre de réutiliser le composant logiciel de planning dans ces différents produits : c’est la réutilisation. Elle trouve son réel essor au sein des familles
de systèmes logiciels partageant un ensemble de
propriétés communes et satisfaisant des besoins
spécifiques pour un domaine particulier. D’où
l’un des principaux enjeux se trouve être la traçabilité entre les besoins et les produits logiciels,
pour systématiser la réutilisation.
Comme il est possible de développer pour
et par la réutilisation, maximiser la réutilisation
consiste à combiner les deux approches. Ainsi,
chaque itération du développement logiciel produit des composants génériques réutilisables, tout
en utilisant les composants conçus lors de l’itération précédente.
Les exemples d’applications de lignes de produits logiciels se multiplient et proviennent d’entreprises renommées telles que Thales et IBM.
La démarche que nous proposons est destinée à accroitre la compétitivité des éditeurs logiciels. Grâce à la maximisation de la réutilisation ils
pourront obtenir des gains de temps et coûts de
développement, garantir et maintenir la qualité
du logiciel, puis capitaliser le savoir-faire. Les problématiques sont toutefois loin d’être élucidées.
En effet, il est complexe de gérer la variabilité au
sein des lignes de produits du fait du nombre potentiellement exponentiel des configurations.
Nos recherches actuelles consistent alors à
pouvoir utiliser l’abstraction des modèles pour réduire cette complexité, en même temps que nous
introduisons et spécifions la traçabilité pour faciliter la réutilisation.
1. Clements, P., 2003. Software Product Line
Payoff Point. Software Engineering Institute
(SEI).
2. Yu, Y., 2005. Software Reuse. Toronto, Spring
(Software Engineering II).
3. Jézéquel, J.-M., 2012. Model-Driven Engineering for Software Product Lines. ISRN
Software Engineering.
4. Krueger, C. & Clements, P., 2013. Systems
and Software Product Line Engineering. s.l.,
In Proceedings of the 17th International
Software Product Line Conference (SPLC).
o
20
Jouer, rire, vieillir
Grégory B EN -S ADOUN
Nos cerveaux vieillissent. Contrairement aux idées reçues, notre cerveau est capable de se régénérer
et de progresser tout au long de la vie. Il suffit qu’il reste actif. Loin des stéréotypes, les jeux vidéo
permettent aussi de stimuler notre cerveau de façon aussi originale qu’efficace.
Bien souvent, un cerveau qui vieillit est un cerveau qui rétrécit. De manière générale, et surtout
au-delà de 60 ans, certaines parties de notre cerveau peuvent perdre jusqu’à 2% de leur taille par
an1 . D’un point de vue biologique, cette perte se
caractérise par deux phénomènes. D’une part, nos
neurones (cellules du cerveau qui assurent son
fonctionnement) voient leur taille et leur nombre
diminuer. D’autre part, les vaisseaux sanguins du
cerveau (apportant aux neurones les nutriments
nécessaires pour leur survie) rétrécissent, voire
disparaissent. D’un point de vue psychologique,
ces pertes s’associent à une diminution de nos
facultés intellectuelles (raisonnement, organisation, mémoire), notre comportement (humeur et
personnalité) et nos facultés physiques (vitesse et
précision des mouvements).
Une question se pose : comment stimuler efficacement notre cerveau pour qu’il puisse progresser ? Il existe aujourd’hui de nombreuses méthodes. L’activité physique d’endurance est aussi
surprenante qu’efficace. A partir d’une intensité d’effort modérée (comme la course à pied
pour les adultes ou la marche rapide pour les
personnes âgées), l’exercice d’endurance active
le c ?ur, lequel va battre plus vite, plus fort et
amener en grande quantité le sang au cerveau.
De ce fait, la répétition dans le temps d’exercices d’endurance maintiendra son fonctionnement biologique, condition suffisante pour son
développement3 .
Une autre méthode stimulante consiste à combiner une activité physique à une activité intellectuelle dans une interaction sociale. En effet, plus
une activité est riche, plus elle a un impact positif sur le cerveau. C’est d’ailleurs de cette manière que nos enfants se développent. Prenons
l’exemple du jeu cache-cache. Lorsque nous nous
cachons, nous nous déplaçons rapidement pour
atteindre une cachette (comme courir et grimper à un arbre). Nous devons aussi réfléchir. Suisje non visible (facultés visuelles) ? Est-ce que le
compteur connaît cette cachette (mémoire) ? Et
suis-je caché plus loin que les autres par rapport
à la position du compteur (raisonnement) ? Enfin, nous jouons à plusieurs, échangeons nos rôles
et expériences. Les zones nécessaires pour cette
tâche vont donc être stimulées et se développer.
Le rétrécissement du cerveau dans le temps
dépend de facteurs qui nous sont propres (patrimoine génétique) mais aussi de facteurs dits
environnementaux (comportements). Ces derniers rendent notre cerveau plastique, c’est-à-dire
modulable. Effectivement, tout ce que nous faisons au quotidien, de la naissance à nos derniers
instants, a des effets sur la structure et le fonctionnement de notre cerveau2 . Par exemple, un
comportement sédentaire, faible en stimulations
physiques, intellectuelles et sociales, accélère la
perte du volume de notre cerveau et donc, son
vieillissement. A l’inverse, un comportement actif, ouvert à de nouvelles expériences, stimule le
cerveau et augmente son activité biologique. En
Si l’exercice d’endurance et l’activité combiconséquence, le cerveau créé d’avantages de neunée sont appréciés et faciles à organiser pour
rones, améliore leurs connections et augmente
nos enfants et les jeunes adultes, leurs utilisason nombre de vaisseaux sanguins. Plus simpletions restent limitées chez les personnes âgées.
ment, il va progresser.
Par exemple, l’exercice d’endurance est un exer-
21
cice monotone, long (30 à 45 minutes minimum)
et souvent pratiqué dans des endroits inadaptés
(bord de route). Ces aspects peuvent, à terme, générer des contraintes, de l’ennui et diminuer notre
motivation. Pour l’activité combinée, il existe très
peu d’activités adaptées aux personnes âgées pouvant combiner simultanément un challenge physique, intellectuel et social. De plus, les personnes
âgées, du fait de leur état de santé, présentent certaines difficultés pour organiser ce genre d’activité
(diminution de l’utilisation de la voiture, habitat
souvent éloigné des réseaux de transport en communs, vieillissement physique). En conséquence,
l’entrée dans l’âge avancé rime souvent avec sédentarité.
De ce constat, l’idéal serait de proposer une
activité stimulante pour notre cerveau, motivante,
facile d’organisation, guidée et accessible. Loin
des stéréotypes, les jeux vidéo peuvent proposer
ce type d’activité. De manière générale, ces jeux
associent une activité attractive (par le jeu), avec
une activité motivante (par l’enjeu). De plus, le
scénario de jeu nous guide et nous donne des retours d’informations sur nos actions (bonus, malus, score, victoire, défaites et scores). Enfin, la
jouabilité et le niveau de difficulté peuvent être
adaptés, notamment aux personnes âgées (remplacement de la manette par notre propre corps
par exemple).
Toutefois, en quoi les jeux vidéo sont stimulants pour notre cerveau ? D’une part, ils stimulent
notre intellect. En effet, les jeux vidéo proposent
des challenges intellectuels capables de développer le cerveau, même chez les personnes âgées.
D’autre part, les manettes traditionnelles ne sont
plus indispensables de nos jours. Nous pouvons
jouer avec tout notre corps (sytèmes WiiTM et KinectTM) et donc faire de l’exercice physique. Par
exemple, si nous devons sauter dans le jeu, nous
sautons ; se baisser, nous nous baissons. Plus surprenant, nous pouvons remplacer les manettes
par des vélos, rameurs ou tapis de course pour
intégrer de l’exercice d’endurance au jeu. C’est
le cas du jeu de course de vélo Cybercyle4 conçu
pour les personnes âgées et qui nécessite un vélo
d’intérieur spécifique pour évoluer dans le jeu. Enfin, les jeux vidéo rassemblent, soit dans la même
pièce, soit à différents endroits grâce au réseau
internet.
Un cerveau qui vieillit est un cerveau qui rétrécit. Ce rétrécissement dans le temps dépend de
qui nous sommes et ce que nous faisons. Si l’exercice d’endurance et l’activité combinée sont bénéfiques pour notre cerveau, appréciés et faciles
à organiser pour les jeunes générations, leurs utilisations restent limitées chez les personnes âgées.
Loin des stéréotypes, les jeux vidéo peuvent proposer ces types d’activités, notamment pour les
personnes âgées. De par ses propriétés, cette technologie propose une activité intellectuelle, physique, sociale, à la fois motivante et accessible.
D’ailleurs l’utilisation du jeu vidéo comme aide
à la prise en charge des personnes âgées et / ou
fragilisées présente un intérêt croissant dans la
recherche scientifique. Rappelons finalement que
le jeu vidéo est le premier bien culturel en France.
L’âge moyen des joueurs est en constante augmentation : 35 ans en 2012, avec une progression pour
les 35 - 49 ans et un doublement pour les plus de
50 ans [5].
A vous de jouer !
1. Etude d’Erikson et al., 2011
2. Revue de Hertzog et al., 2008
3. Etude de Dustman et al., 1994
4. Etude de Anderson-Hanley et al., 2012 ;
5. Source du Syndicat National du Jeu
Video (SNJV) http://www.snjv.org/
fr/industrie-francaise-jeu-video/
sociologie-joueurs.html
o
22
La révolution silencieuse
Tasnim J EMAA
L’élevage des petits ruminants reste encore une activité dominante dans le centre de la Tunisie.
Les variations climatiques et les évolutions socioéconomiques ont, depuis les années 1970, induit des
changements dans les systèmes d’élevage en milieu steppique. Notre questionnement porte sur les
voies d’adaptation des éleveurs aux contraintes et perturbations rencontrées.
Le pastoralisme, bien qu’étant une très ancienne activité agricole au Maghreb, garde encore
une place importante. Les parcours de la Tunisie
couvrent 5,5 millions d’hectares (Ben Rhouma et
Souissi, 2004). Cette vaste superficie en parcours
naturels n’a pas comme seul enjeu de produire
une végétation fourragère, un autre enjeu d’importance porte sur la protection contre l’érosion
et le maintien de la biodiversité en évitant le développement de plantes envahissantes (Aidoud et
al, 2006).
En 1965, les parcours couvraient 65% des besoins alimentaires des cheptels tunisiens, actuellement ce taux est estimé à 10-20% (Banque Mondiale, 1995 in Elloumi et al., 2001). Leur surface
diminue fortement en raison de la forte extension
des cultures. Pourtant, la taille des cheptels au niveau national a plutôt tendance à augmenter. Parcours qui diminuent, cheptels qui augmentent :
un système en mutation.
On compte trois grands systèmes d’élevage :
– Le système pastoral extensif : Ces systèmes
sont basés sur l’utilisation des parcours
moyennant des déplacements aléatoires ou
réguliers des troupeaux à la recherche des
meilleurs pâturages. Un appui plus important doit être consacré aux agriculteurséleveurs pour l’amélioration des parcours
ou ce qu’il en reste. (Rekik M et al, 2000).
– Le système intensif intégré à l’agriculture et
organisé : C’est un système où l’intégration
agriculture et élevage est élevé (pâturage sur
chaume, et prairie semée). Il concerne les
grandes exploitations du nord (de céréaliculture et de cultures fourragères) et partiellement du Centre qui font de l’arboriculture
et du maraîchage.
– Le système intensif semi intégré ou non intégré : Il concerne les petites et moyennes
exploitations du Nord et dans les zones irriguées de Nord-Est et du Cap Bon. L’élevage est rarement intégré à l’agriculture,
mais son fonctionnement repose sur l’achat
conséquent d’alimentation complémentaire.
C OMMENT CARACTÉRISER LES SYSTÈMES
D ’ ÉLEVAGE ?
Des enquêtes auprès des éleveurs de la Tunisie
centrale ont été réalisées pour apprécier l’importance du pâturage et élaborer une typologie de
systèmes d’élevage. Les enquêtes ont été réalisées
dans deux différentes saisons : le printemps et
l’été et dans des endroits différents.
Nous avons utilisé les variables suivantes : effectif du troupeau, sexe de l’animal, nature de parcours, nature de la terre louée pour le pâturage,
complémentation période, problèmes d’élevage
rencontrés, nature de l’animal, profession principale, nature de complémentation, allotement,
vente, lieux de vente, pratique ou non des techniques d’élevage, abreuvement en stabulation et
abreuvement au pâturage.
Notre objectif est de classer les exploitations
d’élevage selon ces variables et d’identifier les
points communs et les différences entre les différents systèmes.
o
23
Oh punaise !
Malal D IOP
Les punaises de lit sont des insectes nuisibles qui infestent régulièrement les habitations. Elles
sucent le sang et provoquent des inflammations à la surface de la peau. L’étude de l’interaction
homme-punaise a permis d’identifier des substances chimiques volatiles qui interviennent dans le
comportement de choix d’un hôte humain. Ces substances chimiques, appelées kairomones, peuvent
être utilisées dans une nouvelle stratégie de lutte contre les punaises en les associant à des insecticides,
le Push-Pull.
Les punaises constituent un problème de
santé publique. Les punaises sont distribuées
dans les zones colonisées par l’homme1 . Leur infestation des habitations provoque des réactions
inflammatoires (irritation de la peau) et un stress
chez certaines personnes2 .
L’ approche expérimentale a permis d’identifier les molécules chimiques grâce à des techniques avancées de chimie analytique. Par la suite,
nous avons identifié ces molécules chimiques produites par l’homme. Ces molécules ont été testées
individuellement puis en combinaison dans des
bio-essais pour évaluer la réponse comportemenLa lutte chimique contre les punaises est metale des punaises.
4
nacée par la résistance aux insecticides . Actuellement, les chercheurs en santé publique observent
Cette expérience a permis d’identifier les moune adaptation physiologique et comportemen- lécules qui auraient une propriété attractive ou rétale des punaises aux insecticides. Cette adapta- pulsive chez la punaise de lit. Dans le but d’améliotion pourrait constituer un obstacle à l’efficacité rer nos outils de lutte contre les insectes nuisibles,
des outils de lutte contre les punaises.
il s’avère nécessaire d’approfondir nos connaissances sur la biologie, le comportement et l’écoloDans les interactions homme-insecte, les mégie chimique de la punaise.
diateurs chimiques appelés kairomones, qui sont
des molécules volatiles, jouent un rôle important
dans le comportement de recherche de l’hôte huP OUR ALLER PLUS LOIN
main chez la punaise.
Ce comportement est contrôlé aussi par des
facteurs intrinsèques (état nutritionnel, physiologie, rythme circadien) et extrinsèques (chaleur,
humidité).
1. Hwang S. W., Svoboda T. J., De Jong I. J., Kabasele K. J., & Gogosis E. (2005) Bed bug infestations in an urban environment. Emerging infectious diseases, 11(4), 533.
Le Push-Pull est une nouvelle stratégie de lutte
contre les insectes. Il contribue à la gestion de la
résistance aux insecticides. Le principe est d’attirer les insectes sur un leurre et de les tuer au
contact de l’insecticide4 .
2. Goddard J and de Shazo R (2009). Bed bugs
(Cimex lectularius)and the clinical consequences of their bites. J Am Med Assoc
301 :1358 ?1366
L’idée derrière notre approche expérimentale
est de pouvoir développer des pièges à odeurs
combinés à des insecticides toxiques, afin d’éloigner les punaises de lit des habitations.
3. Myamba J., Maxwell C. A., Asidi A., & Curtis
C. F. (2002). Pyrethroid resistance in tropical bedbugs, Cimex hemipterus, associated
with use of treated bednets. Medical and veterinary entomology, 16(4), 448-451.
4. Cook S. M., Khan Z. R., and Pickett J. A.
24
(2007). The use of push-pull strategies in integrated pest management. Annu. Rev. Entomol., 52, 375-400.
o
Les oiseaux marins, un baromètre de
l’environnement de mer
Ravichandra M ONDRETI
Les oiseaux marins peuvent jouer un rôle d’espèces sentinelles, spectateurs des modifications
environnementales, d’origine naturelle ou anthropique qui effectuent leurs milieux de vie.
Les oiseaux marins passent 90% de leur temps
à la recherche de nourriture et ne viennent à
terre que pour se reproduire. Puisqu’ils sont très
sensibles aux changements de leur environnement, ils doivent pouvoir permettre de les détecter. Et complér utilement les campagnes océanographiques, non seulement très coûteuses mais
aussi limitées dans l’espace et le temps.
cause sont les engrais agricoles, les métaux lourds
et les polluants organiques rémanents tels que les
pesticides et les plastiques.
Les oiseaux marins, du fait de leur position
élevée dans les réseaux trophiques (la chaîne alimentaire), intègrent les contaminants tout au long
de leur vie suite aux processus de bioaccumulation. Ils sont donc considérés comme de bons bioLa pollution des océans est un des problèmes indicateurs de l’état de contamination des écosysmajeurs du XXIe siècle. Jusqu’à 80% de la conta- tèmes et des changements environnementaux.
mination des océans proviennent des activités
humaines terrestres et les principaux facteurs en
o
25
*
Athéna
Vincent Bonhomme
*

premier numéro de la Gazette

Transcription

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