steve howe

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steve howe
1975.12 - Rock & Folk n° 107 : Critique «Beginnings»
STEVE HOWE
BEGINNINGS
Atlantic 50 151 (dist. WEA)
Ne vous fiez pas aux apparences,
ce n’est pas un album de Yes
sous un camouflage. Méfiezvous de vos attentes ou vous
serez déçus, car tout ici est endeçà de ce que l’on était en droit
d’espérer d’un musicien tel que
Steve Howe. Il tombe dans tous
les pièges qu’un Steve Hackett,
dans la même situation, avait
su éviter. Le problème est que,
lorsqu’il fait du Yes, c’est moins
bon que Yes, et que lorsqu’il
n’en fait pas, cela tend à devenir
franchement mauvais. Steve
Howe chante mal, et il ne doit
pas l’ignorer ; non pas qu’il
chante faux, mais sa voix est
non seulement désagréable,
mais totalement inexpressive.
Donc, comme il n’y a que
trois instrumentaux sur neuf
morceaux, il chante trop. Mais
n’allez pas croire que l’on puisse
se rabattre sur ces dierniers en
bloc, car il y a là «Beginnings»,
une petite œuvrette merdique
où Steve Howe et Patrick Moraz
(ce qui pourrait bien être un
très mauvais présage en ce qui
concerne son propre album solo)
se prennent pour les Haendel
en herbe. L’archétype de ce
qu’il ne faut pas faire, surtout
quand on fait partie d’un groupe
qui a si bien su s’en préserver.
À croire que Steve Howe, un de
plus, serait lui aussi un frustré
de «Klassik». Sur «Doors Of
Sleep», on a l’impression que
Howe a trop écouté Refugee
(le groupe de Moraz avant Yes),
et qu’il lui a emprunté quelques
plans. «Will O’The Wisp» souffre
terriblement de l’absence de
Jon Anderson et, moindrement,
de Chris Squire ; la batterie,
comme en d’autres morceaux,
est mixée trop fort, et l’ensemble
est lourd, voire pataud. «Ram»
est une belle démonstration de
technique vistuose genre «Mood
For A Day» ou «The Clap»,
avec banjo en plus ; excellent.
Par contre, «Pleasure Stole The
Night» et «Break Away From It
All» sont ordinaires malgré la
présence à la batterie de Bill
Bruford, moins envahissant
qu’Alan White qui ne semble
pas ici au mieux de sa forme.
Heureusement qu’il reste les
trois quarts d’un face pour nous
consoler, avec «Australia» qui
a, malgré la voix de Howe, la
marque du grand Yes ; un beau
thème suivi immédiatement du
meilleur morceau de l’album,
«The Nature Of The Sea», un
instrumental dont le son est un
mélange de Yes et de Oldfield
et pour lequel Steve Howe est
accompagné par Graeme Taylor
(gt), Malcolm Bennett (basse)
et David Oberle (batterie).
«Lost Symphony» clôt la face,
la troisième réelle réussite d’un
album où Steve Howe ne prouve
rien que nous ne sachions déjà :
à savoir qu’il est un grand
guitariste au style original et
un membre influent au sein de
Yes. Mais ce n’est plus de lui
qu’il faut attendre de grands
changements. Dommage.
JEAN-MARC BAILLEUX