Interventions psychosociales et de santé mentale en contextes d

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Interventions psychosociales et de santé mentale en contextes d
Guide méthodologique
Interventions psychosociales
et de santé mentale en contextes
d’urgence et de post-crise
Direction des Ressources Techniques
Direction de l’Action d’Urgence
Juin 2013
GM 10
Auteurs
Thomas Calvot
Guillaume Pégon
Sarah Rizk
Aleema Shivji
Contributeurs
Claire Juillard
Nathalie Herlemont Zoritchak
Jennifer Léger
Comité de lecture
Martin Bevalot
Ludovic Bourbé
Jean-Pierre Delomier
Pierre Gallien
Nathalie Herlemont Zoritchak
Édition
Stéphanie Deygas
Handicap International
Direction des Ressources Techniques
Pôle Management des Connaissances
Création graphique
IC&K, Frédérick Dubouchet
Maude Cucinotta
Mise en page
IC&K, Frédérick Dubouchet
Ce guide peut être utilisé ou reproduit
sous réserve de mentionner la source et
uniquement pour un usage non commercial.
Ce guide est destiné à tout professionnel
de Handicap International en responsabilité
de développer, mettre en œuvre ou analyser
des interventions de santé mentale
et de soutien psychosocial en contextes
d’urgence et de post-crise. Il ne s’agit en
aucun cas d’un livre de recettes mais plutôt
d’une liste d’ingrédients à « cuisiner »
à partir de la relation singulière entre des
professionnels de Handicap International et
une problématique locale. En cas de doute
concernant la déclinaison opérationnelle
de ce guide, ne pas hésiter à prendre
contact avec les Référents Techniques et
Points Focaux en Santé Mentale et Soutien
psychosocial.
Guide méthodologique
Interventions psychosociales
et de santé mentale en contextes
d’urgence et de post-crise
Avant-propos
5
Principes et repères
9
L’impact des situations d’urgence sur la santé mentale des populations
Les principes des interventions de santé mentale et / ou de soutien psychosocial
Les approches en santé mentale et / ou soutien psychosocial
Place de la santé mentale et du soutien psychosocial dans le système des clusters
Interventions de santé mentale et / ou de soutien psychosocial et les trois phases de l’urgence
10
12
14
18
21
Guide pratique
25
Évaluer
Dessiner – Définir l’intervention
Suivre et évaluer
Recruter et former
Soutenir et superviser
26
30
35
36
36
Fiches pratiques
39
Annexes
73
Acronymes
Bibliographie
Éléments de compréhension des différents types d’incapacité
Notes
74
74
75
77
« Plus de 10 % du fardeau global des
maladies dans le monde, mesuré en
espérance de vie corrigée de l’incapacité
(EVCI), correspond à des troubles
mentaux. [...] Il existe une réelle
corrélation entre certains facteurs ayant
un effet néfaste sur la santé psychologique
et la façon dont l'assistance est fournie
(exemples : sécurité alimentaire,
hébergement, eau, assainissement).
[…] Une erreur courante, lorsque sont
déployées ces interventions, consiste à
se focaliser exclusivement sur les déficits
et d’oublier le fait que les personnes
affectées disposent aussi de ressources et
d’atouts pouvant soutenir la santé mentale
et le bien-être psychosocial. […] La santé
mentale et le bien-être psychosocial
s’appuient sur un certain sens de la
normalité, et sur des mécanismes
de mobilisation communautaire et
d’entraide.” 1
Avant-propos
5
Depuis les débuts de la psychologie, à la fin du XIXe siècle, on n’ignore plus que l’individu se crée
et évolue dans un corps social qu’il impacte et qui l’impacte. Depuis les débuts de nos propres
actions sur le terrain, nous avons nous-mêmes constaté chez Handicap International combien
les situations de bouleversement, de rupture, ont des incidences fortes sur les personnes, leur
entourage, et les liens sociaux préexistants. Animés par le souci de reconstruire ces personnes,
nous avons su appréhender leurs traumatismes dans un environnement qui dépassait l’individu
pour les considérer à travers le lien social et culturel. La reconstruction personnelle comme
produit d’une interaction entre l’individu et son environnement de vie est désormais pour nous
une évidence. Or la reconstruction personnelle, si elle passe par différents supports destinés à
compenser une perte traumatique ou adapter les espaces de vie, est aussi affaire de psychisme.
Vivre Debout, c’est vivre avec soi-même en lien avec les autres. Accompagner les personnes
dans la préservation et la restauration de leur dignité, ainsi que notre déclaration de mission
nous en donne l’ambition, nous impose dès lors de nous préoccuper de formes de détresse
parfois insidieuses et plus difficilement décelables que d’autres conséquences plus flagrantes
des situations de crises. Toute personnelle qu’elle soit, cette détresse et les moyens de l’alléger
doivent s’inscrire dans un strict respect des caractéristiques culturelles locales, et demandent
par conséquent, de la part de nos équipes, curiosité, ouverture d’esprit, et prise de distance à
l’égard de schémas trop souvent intégrés dans nos cultures occidentales, mais peu opératoires
dans des systèmes de référence totalement différents. Le regard anthropologique est ainsi un
allié essentiel de la psychologie pour comprendre les formes de détresse et les perceptions de
la déficience.
L’acquisition d’une déficience, mais aussi tout traumatisme vécu dans une situation de crise
sans pour autant donner lieu à une incapacité immédiate, sont des facteurs de détresse
psychologique, elle-même élément déterminant de la vulnérabilité personnelle. Cette détresse
peut déboucher sur une dégradation durable de la santé mentale et une incapacité permanente.
Compte tenu du risque accru de manifestations de détresse psychologique dans les situations
d’urgence, les actions de santé mentale et de soutien psychosocial dans ces contextes sont
également apparues comme un axe de travail pour Handicap International. Elles correspondent
pleinement aux objectifs dessinés dans notre stratégie pluriannuelle, en matière de protection
et d’appui aux plus vulnérables. En effet, des mesures d’écoute et de premiers secours
psychologiques développées dès la phase d’urgence sont déterminantes dans la limitation
des effets de la détresse psychologique et dans la reconstruction individuelle et collective,
et, à terme, favorisent les processus de résilience personnelle et communautaire. Le contexte
d’urgence autant que le caractère délicat de telles actions imposent de s’appuyer sur des
ressources permettant d’éviter les écueils majeurs d’une démarche mal maîtrisée, afin surtout
d’éviter de potentiels effets indésirables qui pourraient aggraver la situation des personnes.
Ce guide a pour objet de répondre à cette nécessité et de préserver au sein de nos équipes et
de nos actions l’audace nécessaire pour répondre à des situations déroutantes.
Nathalie HERLEMONT ZORITCHAK
Responsable du Service Analyses et Positionnement
Avant-propos
7
Sud-Soudan, 2012
Principes et repères
L’impact des situations d’urgence sur la santé
mentale des populations
10
Les principes des interventions de santé mentale
et / ou de soutien psychosocial
12
A.
B.
C.
D.
12
13
13
14
Ne pas nuire
Le respect des droits des personnes
« Empowerment »
La participation de populations locales affectées
Les approches en santé mentale
et / ou soutien psychosocial
14
A. Approche pyramidale des services
Les services de besoins de base et de sécurité
Les services non spécialisés
Les services spécialisés
B. Approche « Twin-Track »
Approche centrée sur les personnes
Approche Plaidoyer pour l’inclusion
14
Place de la santé mentale et du soutien psychosocial
dans le système des clusters
18
Interventions de santé mentale et / ou de soutien
psychosocial et les trois phases de l’urgence
21
9
16
En matière de santé mentale et de soutien
psychosocial, Handicap International a une
expérience de terrain depuis les années
90, aussi bien en contextes d’urgence que
de post-urgence et de développement 2.
Bien que la mission initiale de Handicap
International relève de la prévention et des
soins de troubles mentaux incapacitants liés
à la guerre et aux génocides (traumatismes,
dépression, anxiété, psychoses, retard
mental), l’action a ensuite été élargie à la
prise en compte de souffrances psychiques
liées à de nombreuses problématiques
d’ordre sociopolitique (pauvreté, exclusion,
précarité liées à l’exil, la migration, la guerre,
les génocides). Aujourd’hui, Handicap
International s’intéresse, de manière générale,
à toute situation entraînant une détresse
psychologique et / ou des troubles mentaux
ou, comme le formule Jean FURTOS 3, toute
situation qui entraîne une diminution « des
capacités de vivre avec soi-même et avec
autrui ».
10
Dans cette perspective, une santé mentale
suffisamment bonne peut être définie comme
suit :
« La capacité de vivre avec soi-même et
avec autrui, dans la recherche du plaisir,
du bonheur et du sens de la vie, dans un
environnement donné mais non immuable,
transformable par l’activité des hommes
et des groupes humains, sans destructivité
mais non sans révolte, soit la capacité de dire
« non » à ce qui s’oppose aux besoins et au
respect de la vie individuelle et collective,
ce qui permet le « oui », ce qui implique
la capacité de souffrir en restant vivant,
connecté avec soi-même et avec autrui. » 4
L’impact des
situations d’urgence
sur la santé mentale
des populations
Les situations de crise, telles que les
catastrophes naturelles et les conflits,
provoquent des perturbations importantes
sur l’ensemble d’une population affectée.
Elles peuvent potentiellement générer
des problèmes de santé mentale liés à
différents types de pertes. D’abord, ces
situations provoquent des pertes matérielles
importantes, notamment au niveau des
infrastructures routières et sanitaires, des
bâtiments, de la nourriture, des sources
d’énergies. On observe également des pertes
économiques souvent colossales touchant
tous les secteurs (primaires, secondaires et
tertiaires). Les moyens de subsistance et
l’emploi sont rarement épargnés par la crise.
Le bilan de la perte humaine est souvent très
lourd. Plusieurs individus perdent la vie ou
sont portés disparus, certains se retrouvent
blessés et gardent parfois des séquelles
physiques invalidantes, d’autres sont séparés
de leur entourage.
Ces pertes ébranlent les ressorts de la vie
en communauté et les ressources internes
des familles et des personnes exposées.
Ces mécanismes sont d’autant plus affaiblis
quand les personnes présentent déjà des
vulnérabilités avant l’événement en question
(vulnérabilités liées à l’âge, au genre, aux
incapacités et déficiences, à la situation
socioéconomique, etc.). L’ensemble du tissu
social peut être affecté et déstructuré,
entraînant un état de souffrance inhabituel
chez les individus qui le composent. Cela peut
s’exprimer par une détresse psychologique
ou, d’une manière plus invalidante, par des
troubles mentaux.
La détresse psychologique « est un état de
mal-être qui n’est pas forcément révélateur
d’une pathologie ou d’un trouble mental.
Elle indique la présence de symptômes
anxieux et dépressifs, peu intenses ou
passagers, ne correspondant pas à des
critères diagnostiques de troubles mentaux
et qui peuvent être réactionnels à des
situations éprouvantes (migration, exil,
catastrophe naturelle pouvant entraîner une
symptomatologie relevant du traumatisme
psychologique) et à des difficultés
existentielles. […] Si la détresse psychologique
est temporaire et fait suite à un événement
stressant, on la considère comme une réaction
adaptative normale. En revanche, lorsqu’elle
devient intense et perdure, elle peut constituer
l’indicateur d’un trouble [mental]. » 5
Les troubles mentaux sont diagnostiqués à
partir de manuels de référence (DSM IV – TR 6 – CIM 10 / 10 7). Ils renvoient à des critères ciblés
qui sont de durées variables et qui peuvent
être plus ou moins sévères et invalidants.
Parmi les troubles mentaux, Handicap
International s’intéresse aux troubles suivants,
car ils sont lourds de conséquences en termes
de mortalité, de morbidité et d’invalidité :
les troubles psychotiques (schizophrénie,
psychose maniacodépressive, délire
chronique),
les troubles dépressifs caractérisés
(dépression, dysthymie),
les troubles anxieux (syndromes
traumatiques, phobies, trouble
obsessionnel compulsif),
les troubles de l’usage de substances
psycho-actives (alcool, drogues et
médicaments),
les troubles de la personnalité (dont les
personnalités antisociales),
les troubles du développement liés à une
maladie chromosomique ou génétique
(syndrome de Down – trisomie 21, X fragile,
syndrome de Prader-Willi, syndrome de
Smith-Magenis, syndrome de Williams),
les troubles envahissants du développement
(troubles autistiques, syndrome de Rett,
syndrome désintégratif de l’enfance,
syndrome d’Asperger, trouble envahissant
du développement non spécifié).
Suite à une situation de crise à grande
échelle, une action s’appuyant sur des
interventions de santé mentale et / ou de
soutien psychosocial (SMSP) est nécessaire
pour accompagner les personnes sujettes
à ces problèmes de santé mentale afin
de prévenir leurs risques d’apparition,
de les accompagner le cas échéant.
Pour Handicap International, il ne s’agira
pas de prendre en charge médicalement
les personnes nécessitant une prise en charge
médicamenteuse, mais de les orienter vers les
services existants pré-identifiés.
L’action menée doit être attentive aux
besoins spécifiques des populations les
plus vulnérables, notamment à celles
qui sont en situation de handicap. Parmi
ces populations, on retrouve ceux qui
présentent des incapacités physiques,
sensorielles, intellectuelles, ceux qui vivent
avec des troubles mentaux et autres
maladies invalidantes (cf. annexe) et aussi
les personnes âgées, les enfants et les
femmes. Les projets SMSP dans les contextes
d’urgence et de post-crise n’ont pas pour
objectif de « traiter » les causes des différents
types d’incapacités, mais d’accompagner les
individus vers un mieux-être.
Ce guide est destiné à tout professionnel
de Handicap International en responsabilité
de développer, mettre en œuvre ou analyser
des interventions SMSP en contextes
d’urgence et de post-crise : chefs de projet et
conseillers techniques en psychosocial / santé
mentale / protection ; psychologues,
ergothérapeutes et travailleurs sociaux ;
anthropologues, sociologues, médecins de
santé publique ou évaluateurs de projet.
La mise en œuvre des activités proposées
dans ce guide nécessite des connaissances
préalables en termes de pratiques de relation
d’aide et de soutien psychosocial. Ce guide
seul ne suffit pas à assurer la qualité des
interventions déployées sur le terrain.
Un accompagnement par des supervisions
techniques et cliniques garantira un dispositif
efficace à la fois pour les populations
bénéficiaires et pour les équipes qui le
déploient.
Principes .
et repères .
11
Les principes des
interventions de
santé mentale
et / ou de soutien
psychosocial
Les principes des interventions SMSP sont
tirés des principes généraux d’intervention
de Handicap International et en grande
partie des directives du Comité Permanent
Inter-organisations (CPI) 8 concernant la santé
mentale et le soutien psychosocial dans les
situations d’urgence. Ces principes forment
le cadre de toute aide humanitaire.
A
Ne pas nuire
12
L’aide humanitaire est un moyen essentiel
de secourir les personnes touchées par
des crises. Mais l’aide peut aussi s’avérer
involontairement nuisible 9. L’intervention
SMSP peut éventuellement causer un
préjudice, car elle s’occupe de questions
très délicates qui touchent à l’intimité de la
communauté et des gens qui la composent,
leurs cultures et habitudes de vie, leur
conception de la place de l’homme dans la
société, leurs politiques.
Le principe de ne pas porter préjudice peut
être mis en œuvre à plusieurs niveaux :
1. Le premier niveau se situe autour de la
construction de la logique d’intervention.
L’analyse des déterminants socioculturels
de la zone touchée par la crise donne des
indications sur les modalités d’intervention
possibles, car elle apporte des
éclaircissements nécessaires autour des
concepts d’homme, de femme, de famille
et de communauté. Les activités qui sont
mises en place doivent être respectueuses
de ces déterminants.
2.Le second niveau se situe autour de la
programmation et du suivi du projet. Les
potentiels impacts négatifs et positifs
d’une activité doivent être anticipés avant
la mise en œuvre de celle-ci. Les aléas qui
pourraient survenir au cours du projet
doivent également être envisagés.
Ces projections peuvent aider à réduire
le préjudice des actions.
Par ailleurs, les outils de suivi, d’évaluation
externes et internes et de supervision
sont des éléments essentiels dans cette
perspective de « ne pas nuire ». Ils
permettent aux acteurs d’avoir des faits
objectifs et de porter un regard critique
sur leurs actions et de l’affiner.
3.Les politiques internes des ressources
humaines sur la protection de l’enfance,
la prévention de l’exploitation et de
l’abus sexuel, ainsi que la politique genre,
constituent également des éléments
indispensables pour optimiser une action
non préjudiciable. L’ensemble des acteurs
de Handicap International doivent être
sensibilisés aux politiques de l’organisation.
Un code de conduite doit être élaboré et
signé par l’ensemble de l’équipe. Il doit
également être affiché sur les lieux de
travail de l’organisation. Les politiques
de l’organisation ainsi que le code de
conduite doivent également être connus
par les bénéficiaires et les partenaires.
Pour les contextes où les risques de
violences sexuelles sont présents, il faut
penser à mettre en place un mécanisme
de signalement anonyme accessible aux
membres de l’équipe, mais surtout aux
bénéficiaires.
4.Enfin, le dernier niveau est celui de la
coordination et du partage d’expériences
entre les acteurs de l’organisation et les
acteurs externes, qui permettent une
meilleure orchestration des actions.
B
Le respect des droits des personnes
Handicap International promeut les droits
des personnes et le traitement équitable
de tous les individus qui courent un risque
de violation de leurs droits. Les conventions
internationales 10 constituent des éléments
de référence pour nos interventions.
Dans les contextes de crise, les droits
des personnes avec des incapacités
psychosociales et / ou des troubles
psychopathologiques ne sont pas
suffisamment pris en compte. Les projets
SMSP cherchent à promouvoir les droits des
personnes avec des incapacités psychiques
et leur intégration dans la communauté.
Certains articles de la Convention relative
aux Droits des Personnes Handicapées
(CRPD) rappellent :
Le droit à un niveau de vie adéquat ainsi
qu’à une protection sociale (article 28),
des services de santé de qualité et
accessibles (article 25),
Le droit à la liberté et la sécurité
(articles 12 et 14),
Le droit de ne pas être soumis à la torture
ni à des peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants (articles 15 et 16),
Le droit à être incluses dans la société et
être autonomes (article 19).
Les actions mises en place doivent être
impartiales, ceci quels que soient le sexe,
l’âge, l’appartenance linguistique, ethnique,
religieuse et le lieu de résidence des
intéressés, en fonction des besoins recensés.
Du fait de la grande vulnérabilité des
personnes vivant avec des incapacités
psychosociales ou psychiques aux violences
et abus, notamment sexuels, il est essentiel
de s’assurer que tout projet SMSP développe
préalablement à la mise en œuvre des
activités les mécanismes proposés dans
les politiques de protection de l’enfance
et la politique de prévention contre les
abus et l’exploitation sexuelle. Pour rappel,
ces politiques ont pour objectifs de poser
un cadre qui prévient et au pire limite
l’occurrence de ces incidents de protection
à travers :
Des formations des équipes de Handicap
International sur le contenu des politiques ;
La mise en place d’un code de conduite
élaboré et signé par l’ensemble de l’équipe,
affiché sur les lieux de travail ;
La mise en place des mécanismes de
signalement anonymes accessibles aux
bénéficiaires et aux membres de l’équipe ;
La sensibilisation des bénéficiaires et
des partenaires sur les mécanismes de
protection existants.
C
« Empowerment »
Ce troisième principe de l’intervention
psychosociale dans l’urgence vise à rendre
les personnes en détresse psychologique ou
vivant avec un trouble mental autonomes,
actrices de leur vie. C’est ce que nous
appelons l’empowerment 11. C’est un processus
complexe de réappropriation du pouvoir
interne qui émerge à partir d’une relation
à une ou plusieurs personnes.
L’empowerment a plusieurs objectifs parmi
lesquels :
Permettre à une personne ou un groupe
de renforcer son pouvoir créateur qui
le motive à accomplir quelque chose et
s’émanciper dans son environnement
social,
Permettre à une personne ou un groupe
d’analyser les contraintes de sa propre
situation et de s’en libérer, d’influer sur
son existence, d’agir et en changer le cours,
Permettre de réaliser que l’on n’est pas
seul, que l’on fait partie d’un groupe et
qu’on peut changer sa situation en agissant
et interagissant avec la communauté.
Principes .
et repères .
13
D
La participation des populations
locales affectées
14
La participation des populations affectées
dans la réponse humanitaire fait partie
du processus d’empowerment décrit
précédemment. Elle constitue un des
garants de la réussite d’un projet. Elle
permet d’améliorer la pertinence, l’impact, la
flexibilité, l’adaptation à l’environnement local
et la durabilité des projets. La participation
offre à la population la possibilité de garder
ou de reprendre le contrôle des décisions qui
la concernent et de se sentir partie prenante
des interventions.
Dans la plupart des situations d’urgence, un
pourcentage non négligeable de la population
est suffisamment résiliant pour être en
mesure de participer aux efforts déployés
dans la phase d’urgence, de post-urgence et
de reconstruction.
La participation doit être représentative
de l’ensemble de la population sur la zone
en crise (réfugiés, personnes déplacées,
population hôte, autorités, professionnels et
parties prenantes…) en respectant le genre,
l’âge, le handicap. Elle est constituée de
plusieurs groupes qui, par ailleurs, peuvent
entrer en concurrence.
Bon nombre de dispositifs SMSP sont mis
en œuvre par les communautés affectées
elles-mêmes, et non par des acteurs
extérieurs.
Dès les toutes premières phases d’une
situation d’urgence, la participation suppose :
L’implication de la population locale,
dans la plus grande mesure possible,
au diagnostic des besoins, à la conception,
à la mise en œuvre, au suivi et à
l’évaluation finale de l’assistance,
De rétablir des capacités locales, soutenir
les capacités d’entraide et renforcer les
ressources existantes,
Là où c’est possible et approprié, de
renforcer de façon simultanée les capacités
du gouvernement et de la société civile.
Les approches en
santé mentale et / ou
soutien psychosocial
Dans la programmation et la mise en
œuvre de ses activités SMSP, Handicap
International s’appuie sur des approches
opérationnelles reconnues et mises en
cohérence. La détermination du niveau de
besoins et des services à mettre en place
ou à soutenir s’appuie sur une approche
pyramidale. Le développement de l’activité
est ensuite conçu suivant l’approche twin
track, afin d’orienter l’intervention à la fois
vers les besoins spécifiques de la personne,
et l’amélioration de sa prise en compte
dans son environnement global. Enfin, nos
activités s’inscrivent dans un cadre global de
coordination mis en place par la communauté
internationale pour les situations d’urgence :
le système des clusters.
A
Approche pyramidale des services
Lors de l’organisation des interventions SMSP,
l’analyse, la conception et la mise en œuvre
des interventions doivent reposer sur un
système à étage de services complémentaires,
lesquels répondent aux besoins des différents
groupes selon la phase d’urgence. Ce système
peut être représenté par une pyramide des
services. Par souci de clarté, la pyramide des
interventions proposées par le CPI 12 a été
adaptée et réduite à trois niveaux de services.
Services
spécialisés
Services
non spécialisés
Services de besoins
de base et de sécurité
Les services de besoins de base
et de sécurité
Le bien-être de tous doit être sauvegardé
par l’établissement ou le rétablissement
de la sécurité, par une bonne gouvernance
et des services permettant de faire face
aux besoins physiologiques et matériels
de base (alimentation, logement, eau, soins
de santé de base, contrôle des maladies
transmissibles). Généralement, dans la plupart
des crises humanitaires, des spécialistes dans
les différents domaines d’urgence fournissent
les services de base.
Une réponse SMSP aux besoins de services
de base et de sécurité peut inclure de :
Faire l’inventaire des services des besoins
de base existants,
Informer la population de l’existence des
services de base, et comment y accéder,
Diffuser des informations sur l’impact
de ces services sur la santé mentale et
le bien-être de la population,
Sensibiliser sur le fait que ces services
soient mis en place par des acteurs
responsables,
Influencer les acteurs humanitaires afin
que ces services soient accessibles à tous
et élaborés dans l’optique de promouvoir la
santé mentale et le bien-être psychosocial.
Ces services de base doivent être mis en
place d’une façon participative, sûre et
socialement appropriée qui respecte la
dignité de la population locale, renforce les
dispositifs de soutien social locaux et mobilise
les réseaux.
Les services non spécialisés
La plupart des situations d’urgence
entraînent des bouleversements dans les
familles et les réseaux communautaires
en raison d’une modification de l’intégrité
individuelle, de la structure familiale, sociale
et environnementale, à travers des décès,
des déplacements, des blessures invalidantes,
des séparations familiales ou l’apparition
de peurs et de méfiance au sein des
communautés. La population affectée
pourrait alors bénéficier d’un renforcement
des réseaux communautaires. Les réponses
utiles à ce niveau d’intervention incluent la
recherche et la réunification des familles,
des cérémonies collectives de deuil, des
cérémonies communautaires de conciliation,
la diffusion d’informations sur les stratégies
d’ajustement, des programmes consacrés
au rôle des parents, un accès renforcé à
une éducation non formelle et formelle
protectrice et adaptée, et la mobilisation
de dispositifs de soutien social et
communautaire.
À ce niveau, les groupes de personnes les plus
affectées par la situation peuvent également
être accompagnés grâce à des activités
spécifiques (médiation familiale, groupes de
discussion, premiers secours psychologiques,
espaces sûrs…) mises en œuvre par
des personnes qualifiées (médecins,
psychologues, travailleurs sociaux diplômés)
et supervisées. Les victimes de violence
liée au genre peuvent par exemple avoir
besoin d’être soutenues par des travailleurs
communautaires à la fois d’un point de
vue moral et d’un point de vue matériel
pour assurer leur subsistance. Quant aux
personnes amputées, elles peuvent bénéficier
d’un groupe de soutien psychologique pour
appréhender leur nouvelle situation. Ce
« stade » comprend également les premiers
secours psychologiques et les soins de santé
mentale de base administrés par des agents
de santé primaire et des travailleurs sociaux.
Les services spécialisés
Au sommet de la pyramide se trouve le
soutien supplémentaire à apporter à la
population générale dont la pathologie,
en dépit des dispositifs de soutien
Principes .
et repères .
15
16
mentionnés précédemment, empêche les
personnes d’être en lien avec elles-mêmes
et avec autrui. Cette assistance comporte un
soutien psychologique ou psychiatrique pour
les personnes souffrant de troubles mentaux
graves, diagnostiqués par des spécialistes,
lorsque les services existants de soins de
santé primaire ne sont pas en mesure de
répondre à leurs besoins. Ces problèmes
exigent soit une orientation vers des services
spécialisés, soit la mise en place d’une
formation et d’une supervision des agents de
soins de santé primaire ou de santé générale.
Les services spécialisés ne s’imposent que
pour un faible pourcentage de la population,
mais dans la plupart des situations d’urgence
de grande ampleur, ce groupe représente
des milliers de personnes. Il arrive que dans
certaines situations d’urgence, ces services
spécialisés ne soient pas en capacité de
répondre à l’ensemble des besoins. Par
exemple en Haïti, suite au tremblement
de terre de janvier 2010, le nombre de
psychiatres et psychologues nationaux était
insuffisant pour contenir la demande des
personnes en détresse, d’autant plus que les
hôpitaux psychiatriques s’étaient effondrés
au moment de la catastrophe. Dans d’autres
pays, les services spécialisés ne sont pas
du tout présents.
Dans les situations d’urgence, il s’agira
d’abord de répertorier les services
spécialisés existants (psychiatrie, soutien
psychothérapeutique…) pour comprendre les
besoins sur le terrain et décider des activités
à mettre en place.
B
Approche « Twin-Track »
Handicap International promeut l’approche
« twin-track » pour assurer l’égalité des
droits et des opportunités pour les personnes
les plus vulnérables. Selon cette « double
approche », les actions sont orientées d’une
part directement vers les personnes les plus
vulnérables, et en particulier les personnes
handicapées, et d’autre part vers les autres
acteurs de la réponse pour qu’ils deviennent
attentifs et donc inclusifs aux besoins des
populations les plus vulnérables.
Approche Twin-Track
Supporter des initiatives spécifiques
afin de renforcer l’empowerment des
personnes les plus vulnérables
Prendre en compte les inégalités entre
les personnes les plus vulnérables et
la population générale dans tous les
champs d’intervention
Égalité des droits et des opportunités
pour les personnes les plus
vulnérables
Approche centrée sur les personnes
L’action directe vers les personnes affectées
a pour but d’accompagner les personnes en
grande souffrance psychologique, surtout
quand un pronostic vital est engagé. En ce
qui concerne les personnes handicapées en
particulier, elles ne sont pas toujours incluses
par les acteurs de l’action humanitaire dans
leurs projets de SMSP, car l’intervention
demande une adaptation des moyens.
Les personnes vivant avec des incapacités
intellectuelles ou sensorielles communiquant
autrement, leur souffrance psychologique
s’exprime différemment. Il importe de mettre
en place des activités SMSP adaptées aux
besoins de ces personnes.
Ces personnes particulièrement vulnérables
sont souvent dans une relative situation
d’exclusion, y compris au cours d’une phase
de réponse d’urgence. Elles sont souvent
« invisibles » aux yeux des répondants,
peuvent souffrir d’une mobilité limitée,
d’un accès insuffisant à l’information, etc.
Les actions de Handicap International,
en direction « de tous », doivent prendre
en compte les besoins spécifiques des
personnes exclues, que ce soit au niveau
de la conception ou au niveau du suivi des
différents projets, notamment ceux relatifs
à la restauration de l’accès aux besoins
de base, à la santé en général, à la santé
mentale, au support psychosocial et à la
protection.
Approche Plaidoyer pour l’inclusion
Pour tenir compte des besoins spécifiques
de ces personnes exclues, il est primordial
d’inclure des questions qui portent sur les
besoins des individus vulnérables dans les
diverses évaluations faites par d’autres
acteurs. Pour cela, il est très important
de plaider auprès des acteurs clés, de les
sensibiliser sur l’importance de l’intégration
des problématiques touchant les personnes
vulnérables et exclues dans leur stratégie
d’intervention. Dans les réunions de
coordination inter-acteurs, Handicap
International peut par exemple inciter les
intervenants à ajouter certaines questions
dans leurs formulaires d’évaluation ou inclure
des personnes handicapées dans leur équipe
d’intervention.
Quelques exemples de questions :
Y a-t-il des personnes en situation de
vulnérabilité dans les sites ?
Combien sont-elles ?
Sont-elles accompagnées ?
Ont-elles un aidant ?
Ont-elles le matériel nécessaire pour
pouvoir se déplacer et avoir accès aux
divers services ?
Y a-t-il un dispositif prévu pour
enregistrer ces personnes et leurs besoins
particuliers ?
Y a-t-il des équipes mobiles proposant un
support psychosocial pour les personnes
qui ne peuvent pas se déplacer ?
Existe-t-il des mécanismes d’évaluation
des besoins des personnes en situation
de vulnérabilité conduits par des
volontaires ?
Y-a-t-il des services spécifiques offerts
à certains groupes vulnérables ?
Si oui, quelle est la population cible ?
Quels sont les besoins exprimés par les
différents groupes vulnérables ?
La collecte de ces données offre des
informations précises sur la situation des
personnes vulnérables. Elle permet ainsi
d’élaborer des recommandations et des
suggestions pour l’inclusion de ces personnes
dans la stratégie d’intervention auprès des
acteurs externes ainsi que ceux de Handicap
International.
Ces recommandations doivent être
accompagnées de formations pour
transmettre aux professionnels les diverses
techniques d’accompagnement des personnes
handicapées. Cela permet de réduire les peurs
ou les appréhensions des uns et des autres
quant à la prise en charge de ces personnes.
Les sessions de formation les plus réussies
sont souvent celles qui combinent des parties
théoriques et pratiques. Les intervenants ont
fréquemment besoin de se sentir « armés »
et d’avoir des outils pratiques en fin de
session pour les appliquer sur le terrain.
Principes .
et repères .
17
Les questions les plus récurrentes sont les
suivantes : « Comment rend-on une activité
inclusive ? Quels sont les aménagements
nécessaires à mettre en place ? Comment
accompagnons-nous des personnes
handicapées ? Âgées ? Comment s’entretenir
avec un enfant ayant une incapacité
intellectuelle… ? ».
Or, vu la complexité des situations d’urgence
et dans le souci d’assurer un bon transfert
de compétences et un accompagnement
sur le terrain de qualité entre les acteurs
de Handicap International et les acteurs
externes, il semble important de désigner
un point focal dans chaque organisation.
Cela facilite la coordination et la mise en place
de recommandations.
18
Place de la santé
mentale et du soutien
psychosocial dans le
système des clusters
Le système des clusters, ou système de
responsabilité sectorielle, est introduit en
2005 par les Nations Unies. Il a pour objectif
de renforcer la prévisibilité de la réponse
humanitaire en introduisant un système
destiné à organiser la coordination sectorielle
et intersectorielle entre les différents acteurs.
Les clusters fournissent un cadre permettant
en principe aux acteurs engagés dans des
réponses sectorielles de :
Répondre conjointement aux besoins
qui ont été identifiés en commun,
Développer des plans de réponse
stratégiques avec des objectifs partagés,
Coordonner plus efficacement les réponses
entre les acteurs,
Partager les informations et les bonnes
pratiques au niveau national et au niveau
régional,
Renforcer les capacités des acteurs.
Le système des clusters a été mis en place
à un niveau global (« clusters globaux ») et
est décliné sur le terrain suivant le même
modèle. L’ensemble du système est placé
sous l’autorité du Coordinateur Humanitaire
général, sur mandat du CPI, et piloté par
OCHA.
Les groupes sectoriels sont formés
d’organisations humanitaires et d’autres
parties prenantes dont les organisations
des Nations Unies, les organisations non
gouvernementales et sur le terrain les
représentants des autorités locales ainsi
que les organisations de la société civile.
Il y a 11 clusters 13 au total intervenant dans
des domaines différents, avec des mandats
très spécifiques approuvés par le Comité
Permanent Inter-organisations (CPI).
Sur le terrain, chaque cluster est dirigé par
un chef de file désigné : une organisation des
Nations Unies avec dans certains cas l’appui
d’une organisation non gouvernementale.
Il arrive également qu’un co-pilotage des
clusters soit organisé entre une agence
des Nations Unies et les autorités locales.
L’ensemble des clusters est dirigé par un
Coordinateur Humanitaire (CH) responsable
de la coordination inter-clusters et de la prise
en compte des thématiques transversales
(genre, âge, VIH / Sida, handicap…).
L’ensemble des clusters n’est toutefois pas
systématiquement activé sur le terrain, en
fonction de la crise considérée.
La mise en œuvre et le fonctionnement du
système restent également variables, d’un
pays à l’autre, et très dépendantes de la
personnalité et de l’autorité du Coordinateur
Humanitaire.
Par ailleurs, on observe fréquemment la
mise en place de groupes de travail sur des
thématiques spécifiques et transversales aux
clusters existants (le groupe de référence
SMSP en est un exemple). Ces groupes de
travail, également portés par le CPI, viennent
en appui aux autres clusters tels que :
Éducation, Eau hygiène et Assainissement,
Abri, etc. pour les accompagner dans
l’adaptation de leur stratégie d’intervention.
En Haïti par exemple, un groupe de travail
a pu partager avec les clusters Santé mais
aussi Eau Hygiène et Assainissement
sa compréhension de la perception des
Haïtiens vis-à-vis du choléra, et adapter en
conséquence la stratégie de lutte contre
l’épidémie.
En Haïti également, suite au tremblement
de terre de janvier 2010, Handicap
International, CBM et le gouvernement
haïtien ont créé un sous-groupe au sein du
cluster santé, s’intéressant spécifiquement à
la prise en charge des blessés.
Au Pakistan, dans le cadre de la gestion des
inondations de 2011, Handicap International
et HelpAge ont créé une task force sur
l’âge et le handicap rattachée au cluster
Protection, afin de favoriser une meilleure
prise en compte des besoins spécifiques liés
à l’âge et au handicap dans la réponse des
acteurs humanitaires.
Principes .
et repères .
19
Coordinateur humanitaire – OCHA
Télécommunication – PAM Domaine
de service
commun
Logistique – PAM
Relèvement précoce – PNUD
Violences liées
au genre
Protection – UNHCR
Protection
de l'enfance
Le schéma ci-dessus représente l’organisation
globale du système des clusters et les chefs de
file respectifs.
Coordination et gestion des
camps – UNHRC (conflit)/OIM
(catastrophe)
Éducation
UNICEF/Save The Children
Domaine interdisciplinaire
Sécurité alimentaire – PAM/FAO
Abris d'urgence – UNHCR/CICR
Eau et assainissement – UNICEF
Santé – OMS
Nutrition – UNICEF
Domaine technique
Groupe de
référence
SMSP
Positionnement de Handicap International
lié au système des clusters
20
Le système des clusters présente à la
fois des avantages et des inconvénients
pour une organisation telle que Handicap
International. Il permet en effet de
rassembler les acteurs de l’aide, et offre
ainsi une voie aisée pour le partage
de l’information et la sensibilisation.
Cependant, la sectorisation de l’aide induit
aussi des effets pervers, les enjeux liés
aux plus vulnérables devant en général
être portés dans tous les clusters, ce qui
induit une démarche chronophage. Par
ailleurs, la constitution de sous-groupes
ou sous-clusters a tendance à enfermer
la problématique considérée dans le
cadre d’un seul cluster, suivant le point de
rattachement du sous-groupe, ce qui par la
suite ne facilite pas toujours l’implication
des autres clusters, ces derniers considérant
la thématique comme couverte. Néanmoins,
sans renoncer à son analyse critique du
système, Handicap International a choisi
d’y participer, considérant que l’objectif
d’inclusion des publics vulnérables dans
l’aide humanitaire imposait de contribuer
au mécanisme de coordination mis en
place. Ainsi, dans tous les pays où Handicap
International intervient, l’équipe programme
est tenue de connaître les modalités
de coordination mises en place, afin de
sélectionner les clusters dans lesquels une
implication apparaît prioritaire en fonction
des projets portés par l’organisation. Eu
égard aux activités de support psychosocial,
l’organisation cible particulièrement les
clusters Protection et Santé ainsi que les
groupes de travail Protection de l’enfance et
SMSP.
Il s’agit spécifiquement de :
Participer aux réunions,
Partager les informations sur le
programme,
Contribuer à la base de données « qui fait
quoi et où »,
Contribuer à l’évaluation des besoins,
à la planification et à la mise en œuvre
de la réponse,
Assurer le suivi de la mise en œuvre,
Partager les bonnes pratiques avec les
autres acteurs et promouvoir les guides
de référence SMSP,
Sensibiliser les autres acteurs locaux
et internationaux pour rendre leurs
interventions accessibles aux besoins
des personnes handicapées,
Proposer des formations si nécessaire sur
la question du handicap et de l’adaptation
des interventions aux besoins spécifiques
des populations,
Faire remonter les besoins ressentis / inquiétudes qui viennent du terrain.
Interventions
de santé mentale
et / ou de soutien
psychosocial et
les trois phases
de l’urgence
L’intervention en urgence, pour en décrire
les ressorts et les spécificités, a souvent
été modélisée en fonction de moments
chronologiques. Suivant cette conception
chronologique, dans la phase d’urgence
aiguë, l’action se fait selon une logique de
réponse directe aux besoins essentiels, dont
la couverture est mise en danger par la
crise, et au cours de laquelle la population
sera, de fait, peu participante. En effet, si
le déploiement d’une réponse de première
intention permet la consultation des
populations affectées, elle ne repose pas, le
plus souvent, sur des modèles participatifs
élaborés, en raison notamment d’une
exigence de rapidité. Cette phase est censée
progressivement évoluer vers la phase dite de
post-urgence qui verra une consultation plus
accentuée de la population et une meilleure
précision dans la réponse aux besoins
(refined response). Celle-ci va à son tour
progresser vers une phase de réhabilitation
ou encore recouvrement / relèvement
précoce, phase qui comprendra l’installation
progressive de stratégies participatives et
de partenariats, avec une implication de plus
en plus prégnante des populations dans la
conception, la mise en place et l’évaluation
de l’action humanitaire. Dans cette phase,
l’accent est mis sur l’appui aux initiatives
spontanées de restauration des capacités,
en préparant, lorsqu’un environnement
stable le permet, une dynamique susceptible
de faire passer les acteurs internationaux
d’acteurs directs à acteurs indirects de
l’action humanitaire, en devenant notamment
partenaires d’acteurs locaux qui sont en
soutien direct des populations affectées par
la crise.
Cette notion du continuum entre ces trois
phases, même si aisément compréhensible,
reste toutefois peu opératoire dans les
faits. On lui préfèrera celle de contiguum,
qui reflète mieux la réalité. En effet,
se côtoient souvent programmes de
développement (dans les zones ou secteurs
humanitaires stabilisés, où l’autorité et les
opportunités / capacités locales et nationales
se restaurent), et aide d’urgence (dans
les zones ou secteurs dans lesquels elle
est encore nécessaire ou le redevient),
avec encore des zones ou secteurs en
transition (alliant vulnérabilité et volatilité
avec quelques éléments plus optimistes de
restauration de l’état antérieur). La notion
de contiguum renvoie également au fait que
dans un contexte donné, il n’y a pas toujours
succession d’une phase à l’autre mais il
peut y avoir des aller-retour, par exemple
de l’urgence aiguë au post-urgence, puis du
post-urgence à l’urgence aiguë.
Le schéma de la page suivante résume
les caractéristiques spécifiques de ces
« phases d’urgence » ainsi que des précisions
concernant les populations cibles et les
principes de réponse.
Principes .
et repères .
21
Phases
Caractéristiques
Sauver les vies
Couvrir les besoins
physiologiques et
sécuritaires
Assurer une couverture
holistique des besoins
fondamentaux des
personnes et familles
Empêcher
l’apparition / l’aggravation
immédiate
Prendre en charge
les besoins spécifiques
liés à la crise
Urgence aiguë
1er mois
Post-urgence
2 à 6 mois
Permettre l’autonomie
des personnes, familles,
communautés
Restaurer les capacités
des communautés
Relèvement précoce
+ 6 mois
(Passage au développement)
Couverture des besoins
fondamentaux et spécifiques
Implication
des bénéficiaires et acteurs
Actions directes
22
Population ciblée
1er mois
2 à 6 mois
Zones et communautés affectées
de manière plus ciblée, selon
activités
Zones et communautés
affectées
Populations
affectées en
général, incluant
les personnes
vulnérables
Foyers & individus
vulnérables affectés (accès
aux besoins de base &
besoins spécifiques)
Déploiement
d’une réponse en
1re intention (basée
sur l’expérience)
Principes de réponse
+ 6 mois
Recherche de
l'efficacité directe
Diagnostic de
situation en
parallèle
Consultation
a minima des
bénéficiaires et
acteurs locaux
Affinage des actions en
fonction du diagnostic
initial
Foyers & individus vulnérables
affectés (accès aux besoins de
base & besoins spécifiques) de
manière plus ciblée, selon activités
Associations locales, société civile,
acteurs gouvernementaux
Implication des populations
affectées et acteurs locaux
Notion de pérennité ou de
stratégie de sortie
Flexibilité / évolutivité
Couverture holistique des
besoins
Préparation des éléments
nécessaires pour le passage
au développement
Prise en compte de l'avis / la
perception des populations
affectées
Mise en place de la préparation
et de la réduction des risques de
désastre
Principes .
et repères .
23
Haïti,
242010
Guide pratique
ÉVALUER
26
A. Population cible
B. Principes d’une évaluation
C. Spécificités des évaluations menées auprès des personnes handicapées
D. Types d’informations à recueillir et de méthodologies
26
27
27
29
Dessiner – Définir l’intervention
30
Suivre et évaluer
35
Recruter et former
36
Soutenir et superviser
36
25
Évaluer
Une intervention psychosociale peut
rapidement se mettre en place après les
premières heures d’une urgence, par exemple
à travers des actions d’écoute et de premiers
secours psychologiques (cf. fiches pratiques).
Ces actions sont relativement simples, elles
ne nécessitent pas une technicité poussée
mais une sensibilisation aux principes
d’accompagnement et à leurs pratiques.
Les services de soins médicauxpsychologiques doivent être repérés par
les intervenants de Handicap International
afin d’orienter les personnes en grande
souffrance psychologique qui ont besoin
d’un accompagnement psychiatrique. Pour
cela, les intervenants doivent être capables
d’identifier certaines manifestations
psychologiques (désorientation, dissociation,
décompensation, idées suicidaires…) chez ces
personnes qui nécessitent un référencement
vers des structures spécialisées.
Parallèlement, pour dessiner un modèle
d’interventions SMSP, un diagnostic de
situation du contexte local et une étude des
ressources et besoins liés au psychosocial
doivent être menés.
26
L’évaluation doit donner un niveau
d’information suffisant concernant l’état
de la population en termes de santé mentale
et de besoins en soutien psychosocial pour
pouvoir mettre en place une stratégie
d’interventions adaptée à ceux-ci mais aussi
en fonction des ressources intrinsèques
spécifiques et variables des populations,
et à la culture locale. À noter également
que la réponse aux besoins doit tenir compte
de l’âge et du genre des personnes affectées,
ainsi que les rapports familiaux, sociaux et
ethniques.
A
Population cible
Handicap International soutient en priorité
les populations les plus vulnérables et
isolées n’ayant pas suffisamment d’appui ou
de support. La vulnérabilité est un concept
dynamique qui dépend de l’interaction
des facteurs personnels des individus et
des éléments de leur environnement. Les
personnes handicapées sont très souvent
vulnérables dans les situations de crise, une
attention particulière leur est donc accordée.
Parmi les populations vulnérables, nous
retrouvons les personnes handicapées,
blessées et déplacées, les personnes
âgées, les enfants non accompagnés et les
personnes souffrant de maladies chroniques
dont les personnes avec des troubles
mentaux, qui pourraient ne pas chercher
l’aide dont elles ont besoin à cause de leur
particularité physique ou psychique et de
la déstructuration de l’environnement.
Ces perturbations physiques, sociales
et environnementales déstabilisent les
personnes dépendantes et peuvent être
sources d’angoisse. Une personne souffrant
de trouble mental peut présenter une
augmentation des manifestations de
détresse parce qu’elle n’a plus accès à ses
médicaments ; une personne aveugle peut
se sentir démunie et vulnérable parce
qu’elle ne reconnaît plus son environnement
habituel. Par ailleurs, les pairs-aidants ne
devraient pas être oubliés parmi la population
cible. Ce sont des personnes ressources
dans la vie des individus vulnérables et
elles représentent des leviers d’intervention
vis-à-vis d’eux. Leur engagement et leurs
responsabilités peuvent les entraîner
parfois vers un épuisement personnel qui
se manifeste quelquefois par une irritabilité,
une négligence, un désintérêt et une
maltraitance envers soi ou envers les autres.
Il est donc important de mettre en place des
dispositifs de soutien pour ces personnes,
que ces dispositifs soient institutionnalisés
via des groupes d’entraide, des séances de
supervisions, ou non.
Les données recueillies seront à rapprocher
de la pyramide d’intervention (mentionnée
dans la partie Principes et repères) : services
de besoins de base, services non spécialisés,
services spécialisés.
B
Principes d’une évaluation
Voici quelques principes de base pour mener
un diagnostic de situation dans les contextes
d’urgence :
1. Les évaluations doivent se faire dans
un processus participatif et concerté
incluant si possible le gouvernement, les
organisations non gouvernementales
(locales et internationales), les
organisations communautaires et
religieuses. La participation se fait de
manière volontaire. Il est également
important de demander aux participants
d’indiquer ce qu’ils pensent des résultats
et du processus d’évaluation.
2.La population affectée doit être associée
à la définition du bien-être et de la
détresse, et de manière générale à toutes
les différentes typologies qui structurent
l’évaluation (typologies du handicap,
de la vulnérabilité, des troubles mentaux,
des services formels et informels, des liens
de solidarité, etc.).
3.L’évaluation doit porter sur plusieurs
groupes de la population affectée, ce qui
inclut par exemple la désagrégation des
données par types d’incapacités ou encore
l’adaptation des entretiens d’évaluation
à chaque type d’incapacités (cf. partie C :
Spécificités).
4.Si possible inclure des personnes ayant
des besoins spécifiques dans l’équipe
d’évaluation.
5.Dans un contexte de conflit, il est important
d’identifier les parties liées au conflit
et leurs dynamiques. Les évaluateurs
doivent conserver une impartialité et une
indépendance pour éviter les tensions
sociales ou la mise en danger des membres
de la communauté ou du personnel.
Ils doivent aussi prendre conscience des
divergences d’intérêts qui pourraient
impacter l’évaluation.
6.Les méthodes d’évaluation doivent être
sensibles aux différences culturelles et au
contexte local pour éviter la stigmatisation.
Elles doivent être également adaptées aux
particularités de chaque population (âge,
sexe, incapacités / besoins spécifiques).
7. Respecter les principes de la déontologie
au moment de l’évaluation :
a.Respecter la vie privée et l’intérêt
des personnes interrogées,
b.Éviter les questions indiscrètes non
nécessaires au diagnostic.
8.Les équipes d’évaluation doivent avoir
reçu une formation sur les principes
de déontologie et doivent avoir les
compétences pour mener des entretiens.
9.L’évaluation doit être suffisamment rapide
pour que les réponses alimentent la
planification des programmes d’urgence.
C
Spécificités des évaluations menées
auprès des personnes handicapées
Guide .
pratique .
27
Le lecteur est invité à consulter le
guide méthodologique « La pratique du
témoignage : étayer nos démarches de
dénonciation et d’influence » produit par
Handicap International en 2012, et qui
reprend les spécificités de la réalisation d’une
interview auprès d’une personne handicapée
ainsi que les règles de consentement.
L’extrait ci-dessous donne un aperçu de ces
spécificités, qui sont valables pour toutes les
interventions directes menées auprès
de personnes handicapées.
« Les paragraphes suivants présentent des
conseils orientés selon le type d’incapacité
de la personne interviewée. Toutefois,
ces conseils demeurent généraux et ne
prétendent pas à l’exhaustivité : ils ne
couvrent pas tous les types d’incapacité,
et il existe de nombreux types et degrés
d’incapacité. Il est important de s’adapter à
chaque personne.
Conduire un entretien avec une personne
ayant une incapacité physique ou motrice
Pour faciliter les conditions d’entretien, il
est préférable que le lieu de la discussion
soit facile d’accès (absence d’escaliers, seuils
de portes mis à niveau et passages larges).
Si la personne éprouve des difficultés à se
déplacer, l’interviewer peut proposer son
aide, et dans tous les cas, il doit essayer
d’aménager un lieu d’entretien qui nécessite
le minimum de déplacements. Si la personne
évolue en fauteuil roulant, utilise un dispositif
à roulettes ou tout autre mécanisme, il
est important de l’aborder à sa hauteur :
se baisser pour l’écouter, lui parler ou lui
présenter des objets à portée du regard ou
des mains.
28
Conduire un entretien avec une personne
ayant une incapacité auditive ou une
surdité
Pour faciliter la compréhension des
messages, l’interviewer doit veiller à parler
simplement, sans lever la voix, dans un
endroit bien éclairé et en faisant face à la
personne. Il doit se placer à proximité de la
personne pour maximiser la communication.
Les phrases employées ne doivent pas être
trop longues et les consignes simples. Des
éléments écrits, visuels (images, photos,
dessins) peuvent éventuellement être utilisés
pour faciliter la communication et la prise
de parole. Les gestes et l’expressivité aident
également à la compréhension.
Faire appel à un interprète en langage des
signes lorsque cela s’avère nécessaire.
Conduire un entretien avec une personne
ayant une incapacité visuelle ou une cécité
Les personnes présentant une incapacité
visuelle ou une cécité peuvent avoir besoin
de temps pour apprivoiser un nouvel
environnement. En outre, découvrir un nouvel
environnement ou de nouvelles personnes
demande une concentration importante et
peut générer de la fatigue.
Pour faciliter la reconnaissance des
personnes et de l’environnement au cours de
l’entretien :
Dans la mesure du possible, il est
préférable d’organiser l’entretien dans un
milieu familier pour la personne,
L’interviewer doit signaler sa présence,
rappeler son identité,
Il doit également signaler ses mouvements
(changement de place, sortie de la pièce…),
Mettre les objets directement dans la main
de la personne,
Signaler les objets à proximité et que la
personne risque de faire tomber ou qui
risquent de gêner ses déplacements,
Demander le consentement de la personne
avant de faire quelque chose pour elle ou à
sa place.
Les personnes vivant avec une incapacité
visuelle ou une cécité peuvent avoir besoin
d’une tierce personne pour se déplacer,
notamment en dehors des pièces fermées.
Ne pas hésiter le cas échéant à demander
à la personne comment elle souhaite
être guidée pour ses déplacements (être
positionnée derrière ou à côté, tenir le coude,
l’épaule, etc.). Elle peut avoir l’habitude de
se déplacer toujours avec le même guide
et éventuellement avec d’autres personnes
ayant besoin de ce guide (déplacement en
groupe).
Conduire un entretien avec une personne
ayant une incapacité intellectuelle
Les personnes vivant avec une incapacité
intellectuelle peuvent rencontrer une ou
plusieurs des difficultés suivantes : difficulté
à communiquer ce qu’il s’est passé, à se
remémorer l’ordre précis des événements,
à nommer les gens, les endroits, les dates,
difficulté à fournir un témoignage cohérent.
Néanmoins, les personnes souffrant d’une
incapacité intellectuelle doivent être
considérées comme des témoins pertinents.
Il est toutefois nécessaire de prendre
des précautions particulières (de façon
complémentaire aux dispositions générales
évoquées précédemment [dans le document
cité]).
Conduire un entretien avec une personne
présentant des incapacités psychiques
Les incapacités psychiques n’impliquent pas
une déficience intellectuelle. La majorité des
personnes atteintes par ce type de troubles
peuvent être « stabilisées » sur le plan
médical (médicaments, thérapie), mais elles
gardent parfois des séquelles psychologiques
profondes qui peuvent être exacerbées à
tout moment, et notamment au cours d’un
entretien.
L’interviewer doit être attentif au
comportement et à tout changement
d’humeur de la personne. Il ne doit pas
insister sur un événement qui semble
bouleverser la personne. Durant une crise,
il est important d’aider la personne à se
mettre hors de danger et de la confier à des
personnes compétentes : médecin, psychiatre,
psychologue. » 14
D
Types d’informations à recueillir
et de méthodologies
L’évaluation doit fournir un nombre
d’informations suffisant pour définir
plus précisément la population cible à
accompagner, puis mettre en place une
approche appropriée en fonction des besoins
ressentis, des ressources locales, de la culture,
du contexte et des services présents.
Il est vital d’arriver à constituer une base
de données initiale relevant les principaux
éléments chiffrés et constats de la situation
lors des évaluations.
Sans celle-ci, nous ne pourrons pas nous
assurer des progrès réalisés, ni évaluer nos
actions, ni même simplement rendre des
comptes.
Notons qu’il est utile et nécessaire de mettre
à disposition les résultats de l’intervention.
D’une part, cela permet d’éviter la
multiplication des évaluations. D’autre part,
cela aide les autres organisations à prendre
en compte les besoins des populations
vulnérables. On optimise ainsi le travail de
coordination avec les autres intervenants sur
le terrain, et on ne fatigue pas davantage les
populations déjà affaiblies et en attente de
soutien avec des questions répétitives sur
leurs besoins.
Le manuel de référence concernant
l’évaluation des besoins et des ressources
dans les champs de la santé mentale et du
soutien psychosocial (Assessing mental
health and psychosocial needs and resources:
Toolkit for humanitarian settings) est
accessible à partir du lien suivant (en anglais
uniquement pour l’instant) :
http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/7679
6/1/9789241548533_eng.pdf
L’outil Who is Where, When, doing What
(4Ws) in Mental Health and Psychosocial
Support est également pertinent et est l’outil
actuellement le plus utilisé par les groupes de
travail SMSP au niveau national (en anglais
uniquement pour l’instant) :
http://www.who.int/mental_health/
publications/iasc_4ws.pdf
D’autres outils d’évaluation en anglais sont
disponibles sur le site de Mental Health and
Psychosocial Support Network :
http://mhpss.net/resources/assessmentmonitoring-evaluation-and-research
Guide .
pratique .
29
Dessiner – Définir
l’intervention
30
Après avoir recueilli et hiérarchisé les besoins
sur le terrain, les activités peuvent s’orienter
soit vers une intervention de soutien
psychosocial et de santé mentale directe, soit
vers une intervention de soutien aux autres
organisations non gouvernementales, locales
ou internationales.
Les activités de soutien à une autre
organisation dépendent des besoins
identifiés par les deux partenaires.
Elles peuvent essentiellement porter
sur un renforcement des capacités à
travers un système de formation et
d’accompagnement, et éventuellement
un appui matériel financier ponctuel.
Quand l’intervention est directement
portée par Handicap International, les
activités mises en place dépendront des
besoins sur le terrain. L’intervention peut
être faite dans une logique d’approche
territoriale, partant du postulat que toutes
les personnes d’une même zone ont
souffert d’une détresse psychologique.
Sinon, l’intervention peut se faire dans
une logique sectorielle, les activités
SMSP se greffant aux services médicaux,
socio-économiques déjà existants,
développés par Handicap International ou
par d’autres ONG locales et internationales.
Dans certaines situations, l’intervention peut
comprendre les deux volets, dans une logique
de complémentation et d’optimisation des
actions déjà mises en œuvre.
Cependant, comme abordé précédemment,
dans le cas d’une intervention directe, il
est nécessaire de penser à l’impact de
l’intervention avant même la mise en place
d’une activité. En effet, les personnes
vulnérables sont souvent dépendantes et
fragiles. La relation dissymétrique entre le
« soignant » (qui a le pouvoir de soigner)
et le « bénéficiaire » peut renforcer cette
dépendance, jusqu’à aggraver l’état
psychologique initial de la personne si la
relation de dépendance venait à s’arrêter
brutalement. En cela, le passage nécessaire
du statut d’aidé à celui d’acteur est un pas
essentiel dans l’affranchissement vis-à-vis de
cette dépendance.
Points de vigilance pour éviter la
dépendance des personnes affectées
Impliquer les « bénéficiaires » autant
que possible dans l’élaboration, la mise
en place et l’évaluation des activités de
SMSP. Cela leur permettra de s’approprier
le projet et d’en devenir les « acteurs »,
Donner des responsabilités de mise
en œuvre et de suivi du projet à des
personnes locales en capacité de le faire,
Être clair avec les personnes concernées
sur la durée potentielle du projet. Donner
la date de fin si possible.
Rappel des objectifs principaux
de l’intervention de SMSP
Promouvoir le bien-être des personnes
vulnérables :
• Proposer des activités de relaxation
et de support psychologique,
• Mettre en place des activités de
médiation thérapeutique,
• Favoriser le retour aux activités de la vie
quotidienne (retour à l’école, retour au
travail…) ; retrouver une routine de vie,
• Éviter l’institutionnalisation des
personnes avec des troubles
mentaux en dehors des crises
psychopathologiques sévères,
• Proposer des activités pratiques aux
personnes en détresse pour contrôler
leur angoisse (exemple : expliquer aux
personnes qui ont connu un cyclone
comment faire pour protéger leurs
proches, leurs biens, etc.).
Informer les personnes vulnérables
des différents services accessibles.
S’assurer que les activités proposées sont
accessibles et adaptées aux besoins :
• Utiliser des moyens de communication
accessibles aux personnes handicapées,
• Trouver des solutions alternatives pour
les personnes qui ne peuvent pas du
tout se déplacer,
• Mettre en place des activités adaptées
aux différentes spécificités des
populations affectées.
Renforcer le lien communautaire :
• Favoriser la mise en place d’activités
accessibles aux personnes handicapées
pour renforcer le lien social (exemple :
espaces sûrs et inclusifs pour les
enfants 15),
• Favoriser l’inclusion des personnes
vulnérables, en particulier les personnes
handicapées (dont les personnes
souffrant de troubles mentaux) dans
la communauté.
Le plus tôt possible, s’assurer de la
participation et de l’implication des
associations communautaires ainsi que des
organisations de personnes handicapées
dans la mise en place des activités pour
assurer la pérennité de l’action.
Niveaux
Les activités psychosociales peuvent être
également un lieu pour promouvoir les droits
des personnes et sensibiliser les populations
cibles sur différentes thématiques
importantes (par exemple, la compréhension
et la représentation sociale du handicap).
Ci-dessous une liste exhaustive des activités
à mettre potentiellement en place dans une
situation d’urgence. Elles se rapportent aux
différents niveaux de services et tiennent
compte de la phase d’intervention.
À noter qu’une fiche pratique est proposée
dans la dernière partie de ce guide pour
l’opérationnalisation de chaque activité.
Par ailleurs, il est important de noter que toutes
les activités peuvent ne pas être intégrées dans
un projet. En effet, cela dépend du contexte,
de la situation et des services existants.
La déclinaison par phase reste une suggestion,
la stratégie et les activités à mettre en place
vont être tributaires de chaque situation.
Activités
1er mois
2 – 6 mois
+ 6 mois
(urgence
(post-urgence)
(relèvement
aiguë)
Services
besoins
de base et
sécurité
précoce)
Sensibilisation et diffusion d’information
Identification et accompagnement de la
couverture des besoins de base
Plaidoyer
Kits protections et aménagements
Services
non
spécialisés
Médiations familiales
Groupe de discussion
Groupe de parole
Groupe de guidance parentale
Formation des personnes ressources
Espaces sûrs
Premiers secours psychologiques
Référencement
Services
spécialisés
Guide .
pratique .
Groupe d’entraide communautaire
Réunion d’équipe pluridisciplinaire
Supervision clinique
Analyse de la pratique professionnelle
Entretien individuel / familial
Accompagnement social personnalisé
31
Par ailleurs, il existe deux activités
transversales primordiales qui s’inscrivent
à chaque niveau de l’intervention et
aux diverses phases de l’urgence :
le référencement (cf. fiche pratique)
et l’approche Plaidoyer pour l’inclusion
(cf. 1re partie).
Activités transversales
Phase 1
Phase 2
Phase 3
Référencement
Plaidoyer pour l’inclusion
Ce sont des activités clés. Il est important de
prendre le temps de revoir les liens expliquant
le déroulement de ces activités.
Le tableau suivant explore la déclinaison
possible des objectifs de chaque activité en
fonction des différentes phases de l’urgence.
32
Services besoins de base et sécurité
Niveaux
Tableau récapitulatif des objectifs spécifiques associés aux activités en fonction des trois
phases d’urgence et par typologie de services
Activités
Objectifs spécifiques
Phase 1
Phase 2
Phase 3
Diffusion
— Informer la population des
d’informations IEC services disponibles (nourriture,
et sensibilisation
santé, abri, eau...).
— Mettre en place des moyens
pour favoriser le regroupement
des familles.
— Informer la
population des
services disponibles
(nourriture, santé,
abri, eau...).
— Sensibiliser les
populations sur
les manifestations
de détresse
possibles suite
à un événement
traumatisant et les
moyens de les gérer.
— Sensibiliser la
communauté sur
les moyens de
protection possible.
— Améliorer
durablement les
conditions de
protection et de
sécurité par une
conscientisation
plus large des
risques rencontrés
par certaines
personnes.
— Renforcer
l’inclusion des
personnes
vulnérables et
isolées dans leur
communauté.
Identification des
besoins de base
— Mettre en place un système
d’identification des besoins
de base qui prend en compte
le contexte, la culture et les
spécificités des personnes
vulnérables et isolées, en
particulier les personnes
handicapées.
— Vérifier que les besoins de base des
personnes les plus vulnérables et isolées
sont couverts.
Accompagnement
de la couverture
des besoins de
base
— Identifier les éléments
importants de la culture à prendre
en compte dans la distribution ou
autres services disponibles.
— Référer les personnes les plus
vulnérables vers les points de
distribution.
— Accompagnement des acteurs
pendant les distributions pour
s’assurer que les personnes les
plus vulnérables ont accès aux
services.
— Accompagner les acteurs des services
des besoins de base sur le terrain et
être attentif aux besoins spécifiques
des individus. Les orienter vers d’autres
services si besoin.
— Être attentif au mauvais usage de l’aide
apportée, au risque d’abus et de violence
(par exemple, échange de la ration
alimentaire contre un rapport sexuel).
Niveaux
Activités
Objectifs spécifiques
Phase 1
— Distribuer des
kits de protection
et sensibiliser la
population à leur
utilisation.
Kits protections et
Services besoins de base et sécurité
aménagements
Phase 3
— Proposer des
aménagements
pour réduire
l’isolement et la
vulnérabilité des
individus.
Documentation
— S’informer sur les procédures
et les moyens de récupérer des
documents légaux perdus ou les
documents nécessaires pour avoir
accès à l’aide humanitaire.
— Informer les personnes sur les
moyens de protéger leurs biens.
— Informer la population sur les moyens
de récupérer des documents perdus.
— Informer les gens sur les moyens
de protéger les documents.
Plaidoyer
— Identifier les principales
problématiques des personnes
vulnérables et isolées.
— Faire remonter les besoins les
plus importants.
— Faire remonter
les besoins et
les problèmes
des personnes
vulnérables dans
les réunions de
coordination et les
clusters pour la
prise en compte des
besoins identifiés.
— Plaider pour
l’inclusion des
personnes
vulnérables dans
les différents
programmes.
Premiers secours
psychologiques
— Écouter et orienter les personnes les plus affectées
par la situation.
— Accompagner les personnes en grande détresse
psychologique.
Formation des
personnes
ressources de la
communauté
Services non spécialisés
Phase 2
Médiation
familiale
— Plaider auprès
des acteurs
l’inclusion des
personnes
vulnérables dans
leur programme
d’intervention,
notamment pour
les personnes
handicapées.
— Identifier les
techniques et
les thèmes les
plus pertinents
en fonction des
besoins et des
problématiques de
la population.
— Former les
personnes
ressources aux
techniques
identifiées.
— Renforcer
les capacités
des personnes
ressources et
accompagnement
sur le terrain.
— Former des
accompagnateurs
à la technique de la
médiation familiale.
— Identifier
des familles
nécessitant un
accompagnement.
— Proposer des
interventions de
médiation familiale.
— Renforcer les
capacités des
familles visant leur
autonomisation.
Guide .
pratique .
33
Services spécialisés
34
Objectifs spécifiques
Phase 1
Phase 2
Phase 3
Espaces sûrs
— Identifier les personnes
les plus exposées à des
risques de violence.
— Identifier un lieu
sécurisé et accessible
pouvant accueillir les
personnes participant
aux espaces sûrs.
— Faciliter des focus
groups avec les groupes
cibles des espaces
sûrs pour identifier les
activités à mettre en
place (exemple : activité à
médiation thérapeutique,
jeu, activités récréatives,
micro-projet…).
— Mettre en place des
activités (achat du
matériel, répartition
des tâches et
responsabilités).
— Limiter les risques
d’abus / de violence sur
les personnes les plus
vulnérables dans une
période d’urgence.
— Renforcer la
socialisation dans
un lieu sécurisé en
proposant des activités
culturellement adaptées.
Accompagnement
social
personnalisé
— Étude socioanthropologique
restreinte indispensable
à la mise en place des
activités à partir de la
phase 2.
— Formation à
l’accompagnement social
dans la communauté
(domicile, rue, centres
spécialisés, importance
de la pratique dite de
« l’aller vers »).
— Suivre et accompagner
l’activité.
Groupe à
médiation
thérapeutique
— Permettre le renforcement des capacités de
résilience.
— Diminuer le niveau de détresse psychologique.
— Contenir les affects négatifs.
Psychothérapie
— Renforcer l’autonomisation des personnes en
grande détresse psychologique pour renforcer les
capacités d’adaptation des individus.
Analyse de la
pratique (en
groupe)
— Développer une conscience critique de la situation,
notamment prise dans son contexte (politique,
économique, culturel).
— Développer les capacités d’analyse entre pairs
des différents styles professionnels (gestion des
émotions, expression des sentiments, postures).
— Acquérir des réflexes d’analyse de situation / cas permettant de se dégager de problématiques
complexes et de les accompagner.
— Développer des capacités d’animation et de
compétences au repérage de la dynamique de
groupe.
Services non spécialisés
Niveaux
Activités
Réunion d’équipe
pluridisciplinaire
— Développer les compétences des équipes soignantes.
— Avoir une meilleure coordination au niveau du travail.
Niveaux
Services spécialisés
Activités
Objectifs spécifiques
Phase 1
Phase 2
Phase 3
Entretien
individuel et
familial
— Identifier les personnes les plus vulnérables qui nécessitent un
accompagnement.
— Comprendre les éléments de l’environnement d’une personne handicapée.
— Identifier les principales problématiques.
— Proposer un système d’accompagnement si nécessaire.
Supervision
clinique
— Travailler les questionnements professionnels (posture, valeur,
représentation, relation de pouvoir, contre-transfert, impuissance, agressivité,
situation angoissante) que le soignant pourrait difficilement aborder sous le
regard de ses pairs.
— Permettre aux intervenants de s’interroger sur leurs attitudes, paroles,
perceptions, émotions, actions et éthique de leur pratique afin de mieux
définir leur style d’intervention.
— Prévenir les risques d’épuisement professionnel.
Suivre et évaluer
Au cours de l’intervention, il est important
de mettre en place un système de priorisation
de l’accompagnement. En effet, certaines
personnes peuvent être dans un état critique
et ont besoin d’un référencement immédiat
vers des services médicaux adaptés.
Les cas les plus sensibles sont :
Les personnes souffrant de psychoses et
qui n’ont plus accès à leurs médicaments,
Les personnes qui développent des
troubles mentaux suite à l’événement,
Les personnes qui ont des idées suicidaires
avec un passage à l’acte probable,
Les personnes violentes et agressives
qui pourraient être violentes à l’égard
d’elles-mêmes,
Les personnes à risque de violence
et d’abus à l’égard d’autrui.
La situation de ces personnes s’améliore ou
s’aggrave en fonction du fait qu’elles soient
seules ou accompagnées, qu’elles soient ou
non capables de se déplacer et d’avoir accès
aux différents services.
Une trace écrite détaillée des résultats du
diagnostic initial, des principes d’intervention
et des différentes actions qui ont été
menées, doit être conservée tout au long de
l’intervention. Cela permet d’avoir un meilleur
suivi de l’accompagnement, surtout quand
les intervenants changent régulièrement. En
effet, dans certains contextes, des personnes
peuvent être embauchées sur une courte
période dépendamment des financements
et des disponibilités.
Un dispositif de suivi régulier permet
également d’identifier les problèmes et les
résultats en fonction des indicateurs posés.
À la fin de l’accompagnement, le dossier qui a
été constitué, ou un résumé des informations
clés de ce dossier, peut être rendu au
bénéficiaire, car il contient des informations
personnelles qui lui appartiennent.
Toutes ces informations sont confidentielles,
elles ne sont partageables qu’entre les
membres de l’équipe en contact avec les
bénéficiaires et les bénéficiaires eux-mêmes.
Dans les bureaux, les dossiers doivent être
conservés dans un lieu sécurisé sous-clé.
Par ailleurs, en milieu et fin de projet, il est
nécessaire d’évaluer les activités afin de
savoir si les objectifs définis ont été atteints
et de mesurer l’éventuel effet – positif ou
négatif – sur le moyen terme. L’évaluation
doit être qualitative et quantitative pour
être représentative du travail qui a été fait.
Pour ce faire, des indicateurs de résultats et
de mesures d’effets sont proposés dans les
fiches pratiques de ce guide pour chaque
activité.
L’évaluation devra de plus permettre de
confronter les observations du praticien sur
le terrain à la perception des personnes qui
reçoivent les services.
Guide .
pratique .
35
Recruter et former
Soutenir et
superviser
Il est important que les personnes recrutées
fassent partie de la communauté et plus
encore des communautés affectées,
notamment les personnes handicapées.
Ceci permet d’avoir une compréhension
plus intime des problèmes et défis auxquels
elles sont confrontées et d’avoir un impact
plus important sur les réseaux sociaux.
La mobilisation communautaire et le
renforcement du tissu social se feront plus
naturellement. Il est intéressant d’avoir des
volontaires dans les équipes qui veulent
contribuer à la mise en place des activités.
Ces derniers peuvent travailler par exemple
sur la sensibilisation et l’inclusion des
personnes handicapées dans la communauté,
les écoles, les institutions...
L’intervention psychosociale dans l’urgence
expose les équipes à des situations complexes
chargées en émotion. Les accompagnateurs
peuvent être impactés par cette exposition
répétitive constante au trauma et souffrir
d’épuisement professionnel (burn-out).
Certains signes sont révélateurs d’un
surmenage tels que :
Une asthénie (fatigue chronique),
Une démotivation professionnelle,
Une perte d’empathie à l’égard d’autrui,
Une attitude négative vis-à-vis des
bénéficiaires et / ou des collègues,
Une impatience, irritabilité, culpabilisation,
moralisation, cynisme, minimisation des
difficultés vécues par les personnes,
détachement, froideur et sécheresse
émotionnelle.
Une formation complémentaire est souvent
nécessaire pour sensibiliser tous les
intervenants à l’approche psychosociale et
en particulier aux manifestations de détresse
psychologique, aux principes de l’intervention
dans un contexte d’urgence. Il faut également
penser à recruter des personnes spécialistes
en santé mentale et en psychosocial. En
effet, dans ce champ d’intervention, il est
indispensable d’accompagner / superviser
les équipes de près et d’avoir le regard d’un
spécialiste pour ne pas porter préjudice aux
populations affectées.
36
Par ailleurs, il est intéressant de trouver
des ressources locales qui puissent traduire
les diverses formations, dans le respect
de la langue et de la culture locale. Penser
également à avoir des interprètes en langage
des signes et les supports de formation
traduits en braille si nécessaire.
Quand ces manifestations se présentent,
il est important de réagir, et par prévention,
un espace de parole, d’échange, de
divertissement est donc indispensable et
nécessaire pour accompagner l’ensemble
de l’équipe (expatriés et nationaux) en leur
offrant un soutien psychologique.
Guide .
pratique .
37
Haïti, 2010
Fiches pratiques
Sensibilisation et diffusion d’information
40
Identification et accompagnement de la couverture des besoins de base
42
Plaidoyer
44
Kits protections et aménagements
46
Médiations familiales
47
Groupe de discussion
49
Groupe de parole
50
Groupe de guidance parentale
52
Formation de personnes relais / ressources
53
Espace sûr
55
Premiers secours psychologiques
57
Le référencement
59
Groupe d’entraide communautaire
61
Réunion d’équipe pluridisciplinaire
63
Supervision clinique
64
Analyse de la pratique professionnelle
65
Entretien individuel et familial
67
Accompagnement social personnalisé
69
39
Nota Bene : Si ces fiches sont organisées sous formes d’objectifs et d’indicateurs,
il s’agit bien de qualifier les activités elles-mêmes et pas le projet dans lequel elles
peuvent s'inscrire.
Sensibilisation
et diffusion
d’information
Mesure d’effets
Enquêtes : les personnes interrogées
se sentent plus informées sur leurs droits et
les services disponibles.
Pourquoi ? Objectif principal
Dans les contextes d’urgence, les activités
de sensibilisation et de diffusion d’information
ont pour objectif de transmettre des
informations générales pour diminuer
la vulnérabilité des populations.
Objectifs spécifiques
Fournir à la population affectée des
informations sur la situation d’urgence :
les droits juridiques, les droits des victimes,
les lois ou autres informations spécifiques
pour les personnes handicapées, les lois
relatives à la santé publique, les droits
fonciers en rapport avec la reconstruction
et les méthodes positives d’adaptation.
Suivre les informations publiées par les
gouvernements, les autorités locales ou
les acteurs humanitaires, en particulier les
informations concernant les programmes
de secours et de réponse humanitaire.
Fournir des informations spécifiques
sur les différents services existants.
Informer la population des réactions
de détresse potentielles pouvant surgir
dans les situations de crise.
Proposer des recommandations sur les
activités qui peuvent réduire la détresse
psychologique (premiers secours
psychologiques par exemple).
40
Résultats attendus
Les populations ont plus d’informations
et de connaissances sur les services
disponibles, et sur leurs droits.
Les personnes en situation de détresse
maîtrisent les méthodes d’adaptation
positive.
Indicateurs de résultats
Nombre de messages diffusés.
Nombre et type de différents supports
utilisés (radio, dépliant, dessin, groupe
de parole…).
Pour qui ? La diffusion d’information, même si elle vise
un public ciblé, est large et peut concerner
tout le monde. L’intérêt est que l’information
se propage.
Comment ? Avant la mise en œuvre
Analyser le contexte par une immersion dans
la culture (étude socio-anthropologique).
Cibler une population.
Définir un thème.
Déterminer les objectifs et moyens
à mettre en place.
Étudier et comprendre les représentations
et croyances de la population ciblée (étude
CAP).
Disposer d’un budget adapté pour mener
l’activité à son terme.
Créer un chronogramme spécifique
à l’activité de sensibilisation.
Créer un message attractif, un slogan ainsi
qu’une identité visuelle quant au matériel.
Choisir un matériel simple et adapté
diffusant les informations nécessaires
(brochure, média, affiche, débats,
théâtre…).
Si la diffusion se fait par radio, penser
à donner des radios aux personnes
vulnérables qui n’ont pas accès à ce type
de media. Par exemple : les personnes
isolées qui ne peuvent pas se déplacer
(cf. kits protections).
S’il y a des messages clés déjà préexistants
(promus par d’autres acteurs), s’assurer
que les messages sont disséminés de
manière accessible pour les personnes
handicapées.
La mise en œuvre
S’assurer de l’existence de deux moyens
de communication au minimum et que leur
accessibilité est adaptée aux différents
types d’incapacités, notamment auditives,
visuelles et intellectuelles.
S’il existe des formulaires à remplir pour
accéder à certains services (par exemple :
carte d’identité pour accéder à l’aide
humanitaire, ou documents nécessaires
pour prouver le statut de personne
handicapée), penser à disséminer
ces informations à travers par exemple
le théâtre forum. Penser à aider les
personnes qui en ont besoin à remplir
ces formulaires.
Créer un prototype.
Tester son outil sur un échantillon
de la population cible et faire passer un
questionnaire d’évaluation / d’appréciation
de l’outil.
Réadapter les outils si nécessaire.
Créer l’outil final.
Évaluation finale de l’impact de la
sensibilisation en fonction des objectifs.
Outils de suivi Rapport d’activités.
Documents de référence Handicap International (2009).
Guide pratique : Réaliser une action
de sensibilisation à la situation des
personnes handicapées.
http://www.hiproweb.org/fileadmin/
cdroms/raise-awareness-0909/index.html
Comité Permanent Inter-organisations
(2007). Directives du CPI concernant la
santé mentale et le soutien psychosocial
dans les situations d’urgence.
http://www.who.int/mental_health/
emergencies/iasc_guidelines_french.pdf
Attitudes pendant l’activité
Être attentif au choix des endroits et
des moments stratégiques de diffusion
du média.
Observer et suivre les débats publics,
émission de télé, formation…
Faire évoluer les messages en fonction
de l’évolution de la situation.
Compétences à avoir
Gestion de projet.
Création et animation d’un réseau
de professionnels.
Création et gestion d’outils du type
Information, Éducation, Communication,
et de changements de comportement.
Fiches .
pratiques .
41
Quand ? Phases 1, 2 et 3.
Identification et
accompagnement
de la couverture des
besoins de base
Pourquoi ? Objectifs principaux
Intégrer (« action de mainstreaming »)
les aspects sociaux et psychologiques
spécifiques (le rapport au genre, le besoin
d’être entouré, d’avoir accès aux services
en préservant la dignité des personnes
vulnérables) dans la réponse aux besoins
de base (nourriture, items essentiels,
planification de site, abris, eau et
assainissement, etc.).
Réduire l’angoisse de personnes affectées
en les accompagnant vers l’accès à l’aide
humanitaire.
Objectifs spécifiques
Sensibiliser les acteurs sur les pratiques
culturelles (par exemple : normes
culturelles, rapport au genre et rôles
domestiques importants…).
Sensibiliser les acteurs sur les besoins
spécifiques des différentes catégories
de personnes vulnérables.
Accompagner les acteurs de la distribution
sur le terrain.
Donner une check-list des
recommandations les plus importantes
à intégrer dans les programmes.
Accompagner et / ou référer les personnes
vulnérables pour accéder à l’aide
humanitaire.
42
Résultats attendus
Les services de besoins de base sont mis
en œuvre avec une attention particulière
portée aux contextes socioculturels et
à la situation des personnes vulnérables.
L’angoisse des personnes vulnérables
est réduite par un meilleur accès à l’aide
humanitaire.
Indicateurs de résultats
Nombre de certificat de formation
aux acteurs de la distribution.
Nombre de personnes accompagnées
vers les dispositifs d’aide humanitaire.
Mesure d’effets
Évaluation rapide par les bénéficiaires
des services rendus via une enquête de
satisfaction.
Proportion de personnes handicapées ayant
accès à la couverture des besoins de base.
Pour qui ? Les populations affectées, notamment
les personnes les plus vulnérables.
Comment ? Avant la mise en place
Revoir les études socio-anthropologiques
déjà effectuées sur les zones
d’intervention et qui expliquent les
spécificités du contexte local.
Entamer une étude sur les spécificités
de certains aspects sociaux (croyances
locales, systèmes de guérison, relation
de pouvoir, genre, rôles domestiques…).
Étudier les besoins basiques et spécifiques
des personnes vulnérables (nourriture,
abris, eau, assainissement, matelas,
couvertures, matériels pour cuisiner,
matériels d’aide technique...) à partir des
évaluations déjà faites sur le terrain.
Il existe plusieurs outils d’évaluation rapide
des besoins de base disponibles sur internet
et réalisés par différentes organisations
telles que CARE, UNHCR, IFRC…
Établir une check-list avec les
recommandations les plus importantes
en fonction des aspects socio-culturels
et des particularités du contexte.
Préparer des formations aux acteurs de la
distribution pour adapter leur intervention.
La mise en œuvre
Proposer toutes les dispositions possibles
pour prévenir l’abus et les pratiques
abusives, y compris dans la pratique
des travailleurs humanitaires. Exemple :
ne pas isoler les personnes vulnérables
et les personnes marginalisées, placer les
personnes handicapées à proximité des
services, promouvoir l’adhésion de l’équipe
aux politiques Protection des bénéficiaires
contre l’exploitation et les abus sexuels et
Protection de l’enfance.
Accompagner les personnes vulnérables
à accéder à l’aide humanitaire :
l’accompagnement pourrait à la fois
aider la personne à y avoir accès, et aider
l’acteur donnant l’aide à comprendre
comment mieux l’intégrer.
Visites sur le terrain pendant lesquelles
il faut être vigilant aux pratiques abusives,
et mettre en place une prévention quant
à ces pratiques.
Attitudes pendant l’activité
Donner des informations claires et simples.
Ne pas submerger les personnes
vulnérables avec un nombre trop important
d’informations.
Écouter les besoins des personnes
vulnérables.
Donner des informations correctes
sur l’accès aux services.
Ne pas promettre des choses qui ne
seraient en définitive pas réalistes.
Compétences à avoir
Connaissances des besoins de base
dans des situations d’urgence.
Capacité d’adaptation dans des milieux
stressants.
Bonnes connaissances des réactions
psychologiques possibles des personnes
ayant vécu une catastrophe naturelle
ou un conflit, plus particulièrement
les personnes vulnérables handicapées.
Bonne capacité à transmettre des
informations concernant la culture du pays.
Bonne capacité en transfert de
compétences.
Bonne écoute et empathie.
Quand ? À partir du moment où se dessinent
les stratégies d’interventions.
Phases 1, 2 et 3.
Outils de suivi Fiche de suivi.
Rapport de formation.
Rapport de rencontre.
Rapports de visite terrain.
Recommandations possibles
Renforcer la gestion locale
des infrastructures.
Créer des espaces communautaires
sûrs et accessibles aux personnes
handicapées.
Penser à inclure les personnes isolées
et exclues des distributions – trouver
des solutions créatives pour les
inclure (distribution porte-à-porte,
accompagnement, file d’attente séparée…).
Penser à inclure les personnes
vulnérables, en particulier les personnes
handicapées dans les différents projets
de Cash for work (argent contre travail).
Plaider auprès des acteurs humanitaires
pour l’implication des populations
affectées dans la mise en œuvre
des activités dont elles bénéficient
(c’est-à-dire prendre des bénévoles
au sein de la communauté affectée pour
préparer un site de distribution) – c’est
une manière de promouvoir le bien-être
psychosocial.
Documents de référence Comité permanent inter-organisations
(2007). Directives du CPI concernant la
santé mentale et le soutien psychosocial
dans les situations d’urgence.
http://www.who.int/mental_health/
emergencies/iasc_guidelines_french.pdf
Tous les guides sur l’évaluation des
besoins dans les situations d’urgence
sont présents sur le site ci-dessous :
http://www.parkdatabase.org
Fiches .
pratiques .
43
Plaidoyer
Pourquoi ? Pour qui ? Objectif principal
Influencer les décideurs, les gouvernements
et les acteurs afin qu’ils intègrent les
personnes handicapées dans les programmes
d’intervention et les politiques d’action
publique.
Les acteurs gouvernementaux, les acteurs
des organisations nationales et
internationales, les modérateurs des clusters.
Objectifs spécifiques
Faire remonter les problématiques
principales des personnes vulnérables,
notamment les personnes handicapées
auprès des acteurs du gouvernement, des
organisations internationales et locales.
Recommander l’accessibilité des projets
psychosociaux et de protection aux
personnes handicapées, et soutenir
les acteurs à mettre en œuvre cette
recommandation.
Avant la mise en œuvre
Rassembler des informations au sujet des
politiques (publiques ou internes des
acteurs) :
• Comprendre l’environnement politique,
• Comprendre les préoccupations de la
communauté,
• Identifier des causes de la pauvreté et
de la discrimination liées aux politiques,
• Comprendre la perception du handicap
par la communauté,
• Identifier les acteurs et les institutions
participant à l’élaboration des politiques
publiques, ainsi que ceux ayant des
capacités importantes de mobilisation
et d’influence auprès des décideurs,
• Analyser la distribution du pouvoir
politique entre les principaux acteurs,
• Comprendre les processus formels
et informels de prise de décision.
Rassembler des informations sur
les acteurs humanitaires :
• Qui fait quoi ?
• Identification d’acteurs clés ouverts à des
suggestions pour adapter leurs activités.
Évaluer le risque :
• Envisager des thèmes qui présentent
des risques de violence,
• Envisager les tendances politiques,
notamment d’évolution du contexte
pouvant modifier nos cibles de plaidoyer.
Construire des relations stratégiques :
• Établir des liens avec des décideurs,
• Travailler avec d’autres organisations
d’aide humanitaire.
Établir une crédibilité en tant que
défenseur :
• Rassembler les preuves qui soutiennent
le propos : revue de la littérature,
études…
• Monter un argumentaire basé sur les
preuves afin de convaincre les politiques,
Résultats attendus
Les acteurs étatiques, les organisations
locales et internationales prennent en
compte les principales problématiques des
personnes vulnérables, et possèdent les
outils pour adapter leurs interventions.
Les personnes vulnérables ont accès
aux services prodigués par les acteurs
étatiques, les acteurs locaux et
internationaux.
44
Indicateurs de résultats
Taux de participation aux clusters
et groupes de travail.
Nombre de réunions avec des acteurs
gouvernementaux.
Nombre de réunions avec des acteurs
internationaux et locaux.
Nombre de formations données.
Mesure d’effets
Nombre de documents adaptés pour
mieux inclure les personnes vulnérables.
Intégration des recommandations
aux niveaux des lois, des programmes
d’intervention humanitaire.
Plan de sensibilisation conduit par d’autres
acteurs pour lutter contre la discrimination.
Réalité de la prise en compte du handicap
dans les interventions des partenaires, voire
d’autres ONG intervenant sur les zones.
Comment ? • Développer l’expertise pour établir
une crédibilité auprès des décideurs,
des orientations politiques et des acteurs
humanitaires,
• Développer des relations avec les
communautés pour établir une crédibilité
auprès du public.
Préparer en amont les formations sur
des supports existants dans la mesure
du possible en fonction du groupe cible
(cf. Partie I, Approche Plaidoyer pour
l'inclusion).
Fixer un calendrier.
Préparer un budget.
Préparer un cadre logique.
Planifier le suivi et l’évaluation.
Document de référence Sofia Sprechmann / Emily Pelton (2001).
Outils et Directives pour le Plaidoyer,
Promouvoir le Changement des
Politiques, Manuel à l’intention des
responsables de programmes de CARE.
http://www.handicap-international.fr/
bibliographie-handicap/6SocieteCivile/
Advocacy/CAREFre.pdf
Attitudes pendant l’activité
Être objectif et digne de confiance.
Établir des liens de confiance avec les
différents acteurs (politiques, humanitaires
et les communautés).
Être diplomate et persuasif.
Compétences à avoir
Avoir des informations valables
sur l’objet à défendre.
Être reconnu comme source crédible
d’informations.
Avoir une aisance dans la prise de parole.
Quand ? Phases 1, 2 et 3.
Outils de suivi Rapport d’activités.
Plan d’action.
Cadre logique.
Fiche d’évaluation.
Fiches .
pratiques .
45
Kits protections
et aménagements
Pour qui ? Pourquoi ? Objectifs principaux
Réduire l’incidence des actes de violence
et d’abus sur les personnes vulnérables et
les personnes handicapées.
Réduire l’angoisse des enfants en détresse
psychologique en leur donnant les moyens
d’exprimer leurs émotions et affects.
Objectifs spécifiques
Donner des moyens matériels pour
augmenter la protection des personnes
vulnérables et / ou handicapées à travers
des kits comprenant un matériel adapté.
Donner des moyens d’expression, de
divertissements adaptés aux personnes
vulnérables et / ou handicapées.
Donner les moyens aux personnes isolées
et particulièrement vulnérables d’avoir
accès à l’information sur l’aide humanitaire.
Résultats attendus
Les personnes vulnérables (en particulier
celles handicapées) bénéficient de moyens
matériels et d’informations pertinentes
leur permettant de prévenir les situations
de violence et d’abus.
Indicateurs de résultats
Nombre de kits et / ou items distribués.
Mesure d’effets
Évaluation auprès des bénéficiaires pour
étudier l’utilité des kits.
Les personnes vulnérables et les personnes
handicapées ayant besoin d’un soutien
matériel (sifflet, radio, lumière…).
Comment ? Avant la mise en œuvre
Étudier les facteurs de risque les plus
importants dans le contexte concerné.
Adapter le kit en fonction du contexte
et de la culture du pays.
Identifier les personnes les plus vulnérables
et à risque d’abus et de violences.
La mise en œuvre
Former les personnes qui vont distribuer
les kits (l’approche à adopter, les problèmes
rencontrés…).
Distribuer les kits.
Former les bénéficiaires à l’utilisation
du kit.
Évaluer l’utilité des kits auprès des
bénéficiaires.
Attitude pendant l’activité
Parler de manière claire et simple.
Analyser les facteurs de proximité
(environnement de l’individu) susceptibles
d’accroître la survenue d’un abus et d’une
violence.
Compétences à avoir
Bon sens.
Capacité de sensibiliser et d’informer
les autres.
46
Quand ? Phases 2 et 3.
Outils de suivi Certificat de donation.
Fiche d’évaluation.
Médiations familiales
Pourquoi ? Exemples de types d’articles à inclure
dans les kits
Radios pour donner l’information
sur la réponse humanitaire, ou l’arrivée
d’une nouvelle crise, en particulier
pour les personnes isolées, sans capacité
de se déplacer.
Sifflets ou cloches pour alerter
l’entourage d’un danger, d’un abus ou
d’une violence (par exemple lors d’une
situation de crise une personne peut
utiliser son sifflet pour signaler qu’elle est
bloquée, voire oubliée dans un endroit).
Jouets pour les enfants, et jeux de
divertissement pour les adultes.
Instruments musicaux.
Il faut adapter le contenu des kits en
fonction des besoins des personnes
vulnérables (par exemple des jouets
adaptés aux enfants – pas de ciseaux
pour les enfants qui risquent de se blesser,
ballons avec des textures différentes
pour les enfants ayant des difficultés
d’empoigner, jouets avec son pour les
enfants non-voyants…).
Objectif principal
Construire ou reconstruire un lien familial
endommagé par une situation de rupture
ou de séparation.
Objectifs spécifiques
Restaurer la communication, soutenir la
circulation de la parole au sein d’un groupe,
et plus particulièrement au sein de la
famille.
Accompagner la famille dans la définition
d’un plan d’action pour initier le
changement et lui permettre de chercher
par elle-même des issues à sa situation.
Résultats attendus
La famille se sent autonome et en
responsabilité pour surmonter les difficultés
liées aux situations de ruptures rencontrées.
Indicateurs de résultats
Nombre de visites effectuées.
Nombre de plans d’action menés avec
les différentes familles.
Mesure d’effets
Un changement d’attitude des membres
de la famille dans la manière de gérer les
difficultés (responsabilisation).
Une amélioration de l’autonomie de chaque
membre de la famille.
Pour qui ? Pour les familles en souffrance face à une
situation de rupture.
Fiches .
pratiques .
Comment ? 47
Avant la mise en œuvre
Identifier les membres de l’équipe qui
ont les compétences pour faire de la
médiation familiale (travailleurs sociaux,
psychologues, animateurs, personnes
ayant un rôle important au sein de la
communauté).
Préparer et former, si nécessaire,
ces intervenants aux techniques de
l’intervention familiale et au rôle et
à la fonction de médiateur familial.
Préparer et adapter les outils de suivi
avec les intervenants. 48
Mise en œuvre de l’activité
Introduire les intervenants auprès
de la famille.
Expliquer l’objectif de la rencontre.
Expliquer le rôle et la fonction des
intervenants.
Présenter les limites du rôle de médiateur
(le médiateur n’est pas un conseiller ni
un éducateur. Il ne juge pas et ne prend
pas parti dans les conflits. Il n’est pas un
thérapeute non plus, même si l’activité
peut être à visée thérapeutique).
Fixer le cadre
• des interventions
(lieu, date, heure et durée, confidentialité,
consentement, modalités de circulation
de la parole, etc.).
Comprendre la demande de la famille
et sa motivation.
Comprendre le fonctionnement d’une
famille :
• Quels sont les rôles occupés par
les différents membres de la famille ?
• Comment circule la communication ?
• Qui sont les leaders ? Qui a une influence
au niveau de la famille ?
• Quelles sont les mécanismes de défense
les plus utilisés ?
Aider la famille à identifier les obstacles / difficultés les empêchant de s’adapter
à la situation qui se présente.
Soutenir les personnes qui expriment
le plus de détresse et de difficulté dans
la famille :
• Permettre l’expression de l’affect négatif
des uns et des autres,
• Faire rebondir la famille sur des facteurs
positifs et les ressources familiales.
Faire un retour à la famille sur ce qu’on a
pu entendre (reformulation) pour mettre
des nouveaux mots sur le vécu de la
famille.
Accompagner la famille dans son plan
d’action :
• Identifier les actions à mettre
en place pour faciliter la survenue
d’un changement,
• Discuter des échéances avec la famille.
Accompagner la famille dans les actions
que chaque membre souhaite mettre en
place :
• Discussion autour des difficultés
majeures de la famille,
• Accompagnement pour qu’ils trouvent
leurs propres solutions.
Évaluer l’intervention à la dernière séance.
Attitudes pendant l’activité
Objectif et impartial.
Savoir poser un cadre pour les échanges
et le faire respecter par la famille quand
c’est nécessaire.
Contenir la souffrance de la famille.
Être vigilant aux projections que la
famille pourrait faire sur la position
du modérateur.
Compétences à avoir
Capacité à analyser une dynamique
familiale.
Capacité à ne pas prendre parti et à
ne pas juger un membre de la famille
(impartialité).
Capacité à reformuler les émotions,
les pensées.
Capacité de synthèse.
Capacité de maintenir un cadre de travail
lui-même autonome vis-à-vis d’instances
extérieures (justice, ordre public).
Quand ? Milieu de phase 2 et phase 3.
Outils de suivi Rapports d’intervention du modérateur.
Groupe de discussion
Pourquoi ? Objectif principal
Crédibiliser une intervention à partir des
informations reçues et la contribution des
participants d’un groupe de discussion.
Objectifs spécifiques
Recueillir des informations qualitatives au
cours d’une discussion ciblée avec un groupe
de personnes, dans un temps relativement
court, et à partir de la confrontation aux
réalités vécues.
Résultats attendus
Une meilleure compréhension des attentes
et des perceptions des personnes par rapport
à une certaine réalité.
Indicateurs de résultats
Rapport de groupe de discussion relatant
les résultats les plus importants.
Mesure d’effets
Acceptation / validation de l’intervention.
Implication des participants dans la
construction d’un projet commun.
Pour qui ? Des personnes de la communauté : les
personnes clés (leaders communautaires,
décideurs communautaires), les personnes
handicapées et les personnes vulnérables.
Comment ? Avant la mise en œuvre
Définir la thématique de la discussion.
Identifier le groupe de personnes :
6 à 12 participants qui ne soient pas
aléatoires – limiter le nombre permet
une meilleure compréhension et gestion
des informations qui seront transmises.
Le nombre restreint de participants est
un garant de la cohésion du groupe, car
permet à chacun de s’exprimer librement.
Pour les groupes de discussion traitant
de la thématique de la violence sexuelle,
il est recommandé de créer des groupes
homogènes par âge et par sexe.
Déterminer un lieu accessible aux
personnes handicapées.
Créer un guide d’entretien de 5 ou 6
questions avec les objectifs visés au
cours de l’entretien et les informations à
recueillir. Ce guide doit être assez souple
pour permettre de suivre les pistes
ouvertes durant le groupe de discussion.
Pour maximiser le contact mais aussi pour
la récolte d’information, il est suggéré
d’avoir deux animateurs : le premier assure
l’animation et le second prend des notes.
La mise en œuvre
Aborder les thématiques de manière fluide.
Éviter de cibler des sujets trop sensibles
qui peuvent mettre les participants en
difficulté (les garder éventuellement pour
les entretiens individuels).
Relancer et modérer les interactions, sans
donner son point de vue.
Observer les réactions des participants.
Prendre des notes ou enregistrer
(audio ou vidéo si autorisation).
Repérer les institutions qui seront citées,
les termes employées, les conceptions
différentes selon les personnes, les enjeux
se mettant en scène entre les membres
du groupe…
Analyser les données à plusieurs pour
éviter les biais.
Faire un retour des résultats obtenus.
Approfondir les pistes par d’autres moyens
d’enquête si nécessaire.
Attitudes pendant l’activité
Être vigilant à donner la parole aux
personnes qui participent le moins dans
le groupe.
Faire respecter les règles mentionnées
en début de séance.
Réorienter la discussion si les participants
s’égarent trop du sujet de la discussion.
Encourager tout le monde à participer et
donner son point de vue, et à réagir à ceux
des autres.
Fiches .
pratiques .
49
Groupe de parole
Compétences à avoir
Capacité d’animer des discussions en
permettant à chacun de prendre la parole.
Capacité de relancer la discussion et la
recentrer sur la thématique.
Capacité d’écoute.
Pourquoi ? Objectif principal
Améliorer la santé mentale des personnes
vulnérables par leur participation à un
groupe de pairs favorisant la dynamique de
groupe, les interactions et les liens entre les
participants.
Quand ? Phases 1, 2 et 3.
Outils de suivi Rapport d'activités.
Document de référence Bouchon Magalie (2009). Collecte de
données : méthodologies qualitatives.
http://www.mdm-scd.org/files/
FichesMethologiques/francais/
GuideCollecte_Français_Full.pdf
Objectifs spécifiques
Permettre le renforcement des capacités
à agir.
Diminuer le niveau de détresse
psychologique.
Contenir les affects et les représentations
négatifs.
Résultats attendus
Le niveau de détresse des personnes
vulnérables a diminué.
Les individus font face à la situation
éprouvante.
Indicateurs de résultats
Taux de participation et assiduité
(ou absences justifiées).
Fréquence des rencontres.
Une fiche de suivi pour chaque participant.
Enquête de satisfaction : retours des
participants.
Mesure d’effets
Confrontation des points de
vue / représentations.
Respect des règles instaurées.
Évolution des attitudes individuelles et
collectives.
50
Pour qui ? Les personnes vulnérables de tout âge, toute
culture (particulièrement dans des contextes
où les fondements sociaux ont éclaté –
exemple : isolement, culpabilité, perte de
repères…).
Comment ? Avant la mise en œuvre
Prévoir d’être au moins deux animateurs.
Avoir un lieu fixe pour chaque séance, qui
soit accessible aux personnes handicapées
et qui garantisse la confidentialité.
Planifier le cycle du groupe (nombre de
séances).
La mise en œuvre
Créer un groupe où les participants sont
toujours les mêmes (de 6 à 10 participants).
Créer, dès la première séance, des règles
internes avec les participants au groupe :
• Régularité et durée des rencontres,
• Respect de la prise de parole de chacun,
ce qui est dit dans le groupe reste dans
le groupe,
• Respect de la parole de l’autre, il n’y a
pas de réponse bonne ou mauvaise,
• Ne pas porter de jugement moral
disqualifiant sur ce que disent les autres,
• Mise en place d’une politique clinique de
gestion des absences, c'est-à-dire qu’une
absence est analysée au regard à la fois
de la problématique de la personne et de
la dynamique groupale.
Faire un retour ou un résumé aux
participants après chaque séance.
Tenir un registre des retours fait par
les participants après chaque séance.
Prévoir un temps individuel pour chaque
participant lors de la dernière séance
du groupe.
Attitudes pendant l’activité
Être convaincu de la valeur de la démarche
entreprise par le groupe, afin de pouvoir
motiver les participants.
Être capable de structurer les rencontres
d’un groupe.
Garantir le respect des règles internes
créées dès la première séance avec le
groupe.
Être flexible, capable de s’adapter en
fonction de ce qui est apporté par
le groupe, tout en étant un élément
suffisamment stable pour le groupe.
Être capable de faire face à diverses
situations relationnelles : agressivité,
passivité, etc.
Être capable de « mettre en veilleuse » ses
idées personnelles pour laisser aux autres
la chance d’exprimer les leurs.
Faciliter la prise de parole, être le
médiateur du groupe, ne pas prendre
une position d’expert.
Être capable d’écouter réellement et de
comprendre le point de vue des autres.
Éviter de prendre des notes pendant
l’activité.
Observer les participants dans leur
ensemble (communication non verbale,
présentation, manifestation émotionnelle…).
Être capable à tout moment de se remettre
en question et de s’auto-évaluer, grâce aux
débriefings.
Compétences à avoir
Avoir été formé à cette méthode.
Avoir la maîtrise de l’illustration / médiation
utilisée (s’il y en a une).
Connaître la problématique particulière des
membres du groupe.
Quand ? Phases 2 et 3.
Outils de suivi Fiche de suivi / Fiche de séance.
Évaluation de l’intérêt porté à la
dynamique de groupe et son évolution.
Documents de référence Handicap International (2010). Les
groupes de parole en prison : le Guide
de l’animateur. http://www.hiproweb.
org/uploads/tx_hidrtdocs/Groupes_de_
parolePrison2010.pdf
Handicap International (2011). Le groupe
de parole à expression libre. Module de
formation. Programme Madagascar /
Direction des Ressources Techniques.
Fiches .
pratiques .
51
Groupe de guidance
parentale
Pourquoi ? Objectif principal
Permettre aux participants de retrouver un
certain équilibre familial dans l’échange avec
des personnes vivant des situations similaires.
Objectifs spécifiques
Soutenir les parents / professeurs dans
la découverte de leurs ressources.
Faire découvrir aux parents les différents
moyens de gérer des situations difficiles.
Résultats attendus
Les parents ont acquis de nouveaux moyens
pour gérer les situations de crise et ont
retrouvé un certain équilibre familial.
Indicateurs de résultats
Assiduité des participants.
Mesure d’effets
Dynamique de groupe.
Confrontation et évolution des perceptions
des parents.
Perception des enfants quant aux capacités
protectrices de leur environnement.
Pour qui ? Les parents d’enfants handicapés, souvent
débordés et en souffrance.
Comment ? 52
Avant la mise en œuvre
Identifier les personnes qui vont animer
ces sessions de guidance parentale en
fonction des compétences requises pour
ces activités.
Préparer, si nécessaire, des formations
complémentaires sur les techniques de
guidance parentale pour les intervenants.
Préparer les outils de suivi et d’évaluation
de l’activité (fiche de présence, fiche
d’évaluation…).
Constituer un groupe de parents / professeurs autour d’une problématique
commune. Essayer de garder une diversité
des profils.
Déterminer un lieu de rencontre neutre.
La mise en œuvre de l’activité
Présenter au groupe le cadre de
fonctionnement de l’activité :
• L’objectif de ces sessions,
• Régularité des rencontres et leur
fréquence,
• La durée de chaque session.
Mettre en place avec le groupe les règles
de fonctionnement intérieur :
• Le respect de la parole de l’autre
(ne pas porter de jugement sur les
opinions des uns et des autres),
• Le respect de la confidentialité de
la parole, tout ce qui se dit et s’entend
ne doit pas être restitué à une personne
qui n’appartient pas au groupe,
• L’écoute de la parole de l’autre.
Se renseigner sur les attentes des futurs
participants autour du dispositif (il est
possible de rencontrer en entretien
individuel chaque futur participant).
Déterminer avec le groupe des objectifs
(échanges autour des vécus, information
autour de la maladie…).
Relancer les participants avant chaque
séance.
Créer un temps de restitution en fin
de séance.
En fin de cycle, prévoir une évaluation
du projet.
NB : Des activités récréatives peuvent être
mises en œuvre, par exemple, un groupe
pourrait se constituer autour d’une séance
de « cuisiner ensemble ».
En Haïti, des groupes de guidance parentales
ont été mis en place pour les mères ayant
des enfants Infirmes Moteurs Cérébraux. Ces
espaces d’échanges ont permis aux mères
de développer de nouvelles compétences
pour accompagner leurs enfants et partager
leur vécu en tant que parents / soignants.
Attitudes pendant l’activité
Rappeler le cadre pendant les premières
séances.
Ne pas être dans des jugements de valeur
ou avoir une attitude moralisatrice.
Être à l’écoute des histoires et vécus
de chacun.
Inciter les participants à partager leurs
vécus plutôt que des conseils.
Laisser évoluer le groupe en fonction
des demandes et problématiques qui
émergent.
Observer les participants dans leur
ensemble (communication non
verbale, présentation, manifestation
émotionnelle…).
Compétences à avoir
Être formé à l’animation de groupe et
à l’analyse de situation groupale.
Participer à des groupes de supervision,
d’analyse de pratiques professionnelles.
Profils possibles : psychologue, travailleur
social, éducateur, animateur…
Quand ? Phases 2 et 3.
Outils de suivi Fiche de suivi des participants.
Compte rendu de séance.
Document de référence Handicap International (2010). Le
groupe de parole de mamans d’enfants
handicapés moteurs en situation de
dépendance en Algérie.
http://www.hiproweb.org/uploads/
tx_hidrtdocs/Doc_Cap_Groupes_paroles_
mamans_ESH_vf_2009.pdf
Formation de
personnes relais / ressources
Pourquoi ? Objectif principal
Former sur divers thèmes et techniques
des personnes ressources de la population
afin d’augmenter leurs capacités de prise
en charge et leurs connaissances en santé
mentale / soutien psychosocial.
Objectifs spécifiques
Identifier les techniques et les thèmes
les plus pertinents en fonction des besoins
et des problématiques de la population.
Former aux techniques identifiées, puis
superviser les personnes ressources.
Résultats attendus
Les personnes ressources sont capables
d’apporter un soutien aux personnes
vulnérables et en particulier à celles
en situation de handicap.
Indicateurs de résultats
Taux de participation aux séminaires
de formation (ou absence justifiée).
Nombre de personnes ayant validé
la formation.
Questionnaires de mesure sur l’efficacité
de la formation / supervision.
Mesure d’effets
Évaluation des nouvelles compétences
et connaissances acquises suite à la
formation en matière de santé mentale
et de soutien psychosocial.
Étude démontrant l’appropriation de ces
nouvelles compétences dans les activités
de soutien de pair à pair.
Une mise en pratique des nouvelles
compétences acquises à travers
l’apparition de groupes d’entraides de
personnes ressources au sein de la
communauté.
Fiches .
pratiques .
53
Pour qui ? Les bénévoles, les personnes relais
et ressources, et plus largement tout
non-professionnel appartenant à la
communauté et agissant dans le secteur de
la santé mentale et du soutien psychosocial.
Comment ? Avant la mise en œuvre
Repérer des personnes ressources / relais
(leader associatif ou religieux,
tradi-praticien, militant du social).
Créer et diffuser un questionnaire
de préformation.
54
La mise en œuvre
Discerner les aptitudes et capacités
nécessaires à acquérir.
Connaître leur histoire et leur motivation.
Évaluer leur ancrage dans la communauté
et leur capacité à élaborer des réseaux de
collaboration.
Créer un chronogramme des différentes
sessions de formation.
Déterminer les compétences à acquérir et
créer une formation adaptée.
Informer et expliquer clairement les
objectifs du projet et des activités.
Transmettre un certain nombre de
références théoriques et pratiques.
Utiliser différents types d’illustrations pour
faire vivre la formation (films, intervention
de professionnels, jeux de rôles…
Mettre en place un temps de
débat / question.
Faire remplir un questionnaire à l’intention
des participants pour évaluer la formation
en fin de séance.
Superviser les participants.
Au Myanmar, l’équipe a constaté que les
formations animées par des personnes
handicapées étaient plus efficaces que
lorsqu’elles étaient faites par des membres
non handicapés de l’équipe Handicap
International.
Les témoignages sur le quotidien des
personnes handicapées étaient un très
bon moyen pour lancer des débats et des
discussions intéressantes.
Attitudes pendant l’activité
Créer une formation interactive (partir des
expériences de chacun, de leurs préjugés,
prendre en compte les différences de
connaissance de chacun, travailler sur leurs
postures…) et l’adapter aux connaissances
réelles des personnes.
Être médiateur et facilitateur des
échanges.
Être le garant du cadre.
Inciter les participants à venir aux
formations sur les thèmes qui suivront
(faire un planning de formation).
Compétences à avoir
Capacité à transmettre des connaissances.
Capacité d’écoute.
Capacité à mobiliser et renforcer les
ressources des participants.
Capacité à modérer une séance.
Quand ? À la moitié de la phase 2, et phase 3.
Outils de suivi Enquêtes de satisfaction.
Évaluation des connaissances, attitudes,
pratiques.
Outils de suivi du projet (fiche d’évaluation
et fiche de suivi).
Mise à jour des connaissances à intervalles
réguliers.
Espace sûr
Document de référence Pourquoi ? Handicap International (2009).
Accompagner les traumatismes individuels
par le retissage des liens sociaux et
communautaires : un exemple d'approche
en santé mentale communautaire après
le génocide des Tutsi au Rwanda.
http://www.hiproweb.org/uploads/tx_
hidrtdocs/CapiRwanda.pdf
Objectif principal
Promouvoir un espace sûr inclusif et
transitoire pour les personnes les plus
vulnérables afin de renforcer leur estime
de soi et réduire les risques d’abus et de
violence.
Objectifs spécifiques
Renforcer la socialisation dans un lieu
sécurisé en proposant des activités
culturellement adaptées.
Promouvoir l’expression des émotions et la
créativité des participants.
Limiter les risques d’abus et de violence
sur les personnes les plus vulnérables
pendant la période d’urgence.
Informer les personnes sur les moyens de
se protéger dans des situations d’urgence.
Donner des informations sur les lieux où
trouver l’aide et les différents services
disponibles dans la communauté.
Rendre le lieu physiquement inclusif
et accueillant pour les personnes
handicapées.
Résultats attendus
Les personnes se sentent plus en sécurité et
leur sentiment de détresse a diminué grâce
aux informations reçues dans cet espace sûr
(« Safe Space »), et le lien social entre les
participants est renforcé.
Indicateurs de résultats
Nombre d’activités proposées.
Nombre de participants par session.
Mesure d’effets
Évolution du niveau de connaissance quant
aux questions liées à la prévention contre
les abus de violence.
Questionnaire de perception de la sureté
de l’environnement.
Pour qui ? Pour les individus de tout âge non
accompagnés en période d’urgence, avec
un focus sur les plus vulnérables, dont les
personnes handicapées.
Fiches .
pratiques .
55
Comment ? • Respect des émotions exprimées
Avant la mise en œuvre
Mettre en place des groupes
de discussion avec les membres et les
chefs de la communauté pour identifier
les problématiques de protection sur
le territoire, et vérifier qu’ils soutiennent
avec enthousiasme la mise en place
des espaces sûrs. S’assurer que des
représentants de personnes handicapées
participent à ces groupes de discussion.
À travers les discussions, identifier
les personnes les plus à risque d’être
victimes de violences et d’abus dans la
communauté.
Explorer avec les membres de la
communauté les mécanismes de protection
déjà existants, notamment pour les
personnes handicapées.
Identifier avec les membres et les chefs
de la communauté un lieu sûr, accessible
et identifiable par tous.
Recruter des animateurs, éducateurs,
encadreurs pouvant faciliter les activités.
Si possible, recruter une personne
handicapée.
Former les équipes aux principes de
l’animation.
Former les équipes aux principes
des politiques internes concernant
la protection de l’enfance et l’exploitation
et les abus sexuels.
Former continuellement l’équipe sur
la thématique du handicap et les risques
de violence liés.
• Laisser l’opportunité à toute personne
pendant les activités,
56
La mise en œuvre Expliquer l’objectif du « Safe Space »
à l’ensemble des membres de la
communauté, et expliciter que ce lieu
sûr ne remplace en aucun cas une école
afin d’éviter toute confusion possible.
Expliciter le fonctionnement d’un « Safe
Space » aux participants (horaire, lieu,
régularité).
Bien clarifier la durée limitée des activités
dans les espaces sûrs.
Présenter et expliquer les règles aux
participants :
• Respect des opinions des autres,
d’intervenir dans les activités,
• Faire participer des personnes
handicapées dans les activités mises
en place.
Faciliter les discussions avec les groupes
cibles des « Safe Spaces » pour identifier
les activités à mettre en place (exemples :
activités à médiation thérapeutique, jeux,
activités récréatives, micro-projets…).
Mise en place des activités accessibles
(achats du matériel, répartition des tâches
et responsabilités).
Assurer un suivi et une évaluation
des activités en cours.
Mener des activités de sensibilisation et
d’information dans la communauté pour
promouvoir la protection des personnes
vulnérables, en particulier la protection
des personnes handicapées sujettes à
des actes de violence.
Mener des activités de sensibilisation
visant l’inclusion des personnes
handicapées dans la communauté.
Attitudes pendant l’activité
Faire respecter le cadre mis en place.
Être à l’écoute des commentaires, critiques,
retours des participants pour adapter les
activités aux besoins et à la situation des
personnes.
Être vigilant par rapport aux
comportements, aux activités qui peuvent
comporter des risques de violence et au
climat social environnant.
Compétences à avoir
Capacité à animer un groupe d’enfants,
d’adolescents ou d’adultes.
Maîtrise des outils d’animation.
Capacité d’adaptation aux besoins
spécifiques du groupe.
Capacité à rendre les activités inclusives.
Capacité à mobiliser les ressources de
chacun des participants.
Capacité à reconnaître les risques de
violence et d’abus dans les différentes
activités mises en place.
Sens de la créativité.
Quand ? Phase 2 et potentiellement en phase 3 selon
la situation.
Outils de suivi Nombre de participants dans les activités
mises en place.
Rapports d’activités.
Évaluation de l’évolution du niveau
de détresse.
Évaluation de la satisfaction des
participants.
Documents de référence Save the Children (2008). Les Espaces
Amis des Enfants en Situations
d’urgence : Manuel destiné au personnel
de Save the Children.
http://resourcecentre.savethechildren.se/
sites/default/files/documents/6088.pdf
UNICEF (2009). Le kit pour le
développement de la petite enfance :
une boîte à trésors pleine d’activités.
http://www.unicef.org/earlychildhood/files/
Activity_Guide_Frenchv1.pdf
Save the Children (2009). Child Friendly
Spaces Facilitator Training Manual.
http://resourcecentre.savethechildren.se/
content/library/documents/child-friendlyspaces-facilitator-training-manual
UNICEF (2011). Guide pratique pour
la mise en place d’Espaces amis des
enfants.
http://cpwg.net/wp-content/uploads/2011/
09/A-Practical-Guide-to-Developing-ChildFriendly-Spaces-UNICEF-FRENCH.pdf
Education Cluster INEE / IASC / Global
Protection Cluster (2011). Guidelines for
Child Friendly Spaces in Emergencies.
http://www.unicef.org/protection/Child_
Friendly_Spaces_Guidelines_for_Field_
Testing.pdf
Premiers secours
psychologiques
Pourquoi ? Objectif principal
Apporter un soutien immédiat aux personnes
ayant été exposées à un ou des événement(s)
potentiellement traumatisant(s).
Objectifs spécifiques
Écouter et orienter les personnes les plus
affectées par la situation.
Accompagner les personnes en grande
détresse psychologique.
Résultats attendus
Les individus ont un nombre d’informations
suffisant pour avoir recours aux services
dont ils ont besoin.
Les individus ne constituent pas un danger
pour eux-mêmes et pour les autres.
Les individus sont plus calmes et peuvent
prendre les décisions qui les concernent.
Indicateurs de résultats
Nombre de personnes ayant reçu un premier
secours psychologique.
Mesure d’effets
Évaluation a posteriori par la personne ayant
reçu le soutien (la personne est en capacité
de gérer son stress et de faire face à la
situation éprouvante).
Pour qui ? Toute personne en état de détresse ayant
été exposée à un événement potentiellement
traumatisant (adulte et enfant). En particulier
les personnes gravement blessées, les
personnes qui pourraient se faire du mal ou
faire du mal aux autres, les personnes ne
pouvant plus s’occuper de leurs enfants à
cause de leur détresse, les personnes qui se
sont séparées de leur famille ou qui ont perdu
des membres de leur famille, et les personnes
déplacées.
Fiches .
pratiques .
57
Comment ? Avant la mise en œuvre
Identifier les personnes de l’équipe qui sont
en capacité de délivrer ce genre de soins.
Former des aidants naturels aux premiers
secours psychologiques, notamment aux
principes éthiques.
Identifier un endroit sûr avec un minimum
d’intimité pour préserver la confidentialité
et la dignité de la personne.
Comprendre l’impact de l’événement qui
a eu lieu.
Connaître les différents services
disponibles et opérationnels, et
transmettre l’information.
Comprendre les principales problématiques
liées à la sécurité et à la protection des
individus.
58
La mise en œuvre
Repérer les personnes nécessitant des
services de besoins de base de manière
urgente.
Repérer les personnes exprimant une
grande détresse.
Se présenter et expliquer sa fonction.
Être clair sur le soutien qui peut être offert.
Donner des informations sur les services
disponibles.
Écouter les personnes en grande détresse
psychologique qui ont besoin et envie de
parler (ne pas forcer les individus à parler).
Rassurer la personne sur le fait qu’elle est
en sécurité.
Proposer des techniques de relaxation
respiratoire si la personne se sent
suffisamment en sécurité.
Respecter la culture, l’âge et les croyances
de la personne.
Encourager les capacités individuelles,
familiales et communautaires à faire face
(coping, regroupement familial…).
Préciser que même si la personne refuse
de l’aide dans l’immédiat, elle peut toujours
revenir pour recevoir un soutien ou de
l’aide ultérieurement.
Essayer de reconnecter la personne au
moment présent.
Orienter les personnes vers des services
spécialisés au besoin.
Renforcer les mécanismes positifs
de coping des personnes.
Empêcher les personnes en grande
détresse de se faire du mal ou de faire
du mal à autrui.
Aider la personne à retrouver son calme.
Aider les personnes à définir leurs
priorités.
Toujours informer la personne quand
on doit quitter le lieu.
La présenter à un autre collègue si on doit
partir.
Attitudes pendant l’activité
Être empathique et à l’écoute de la
personne.
Ponctuer le discours de l’autre pour lui
indiquer qu’il est écouté.
Garder un ton calme.
Ne pas forcer la personne à raconter son
histoire.
Ne pas juger l’histoire, les sentiments
ou les actions de la personne.
Respecter la confidentialité de l’histoire
de la personne.
Être honnête sur la capacité d’aide
et de soutien.
Respecter la liberté de la personne
à prendre ses propres décisions.
Ne pas faire de fausses promesses
ou donner de fausses informations.
Ne pas utiliser un langage trop technique
et spécialisé.
Ne pas laisser les personnes en grande
détresse seules.
Compétences à avoir
Écoute.
Sens de l’observation.
Sens de l’organisation.
Volonté de venir en aide aux personnes
en détresse.
Savoir rester calme et patient même dans
des situations chaotiques.
Le référencement
Pourquoi ? Point de vigilance
Éviter le « débriefing » psychologique,
qui a pour but d’encourager la personne
à parler de l’événement qui est à l’origine
de la détresse constatée. Le débriefing
psychologique n’est pas recommandé en
urgence, car très controversé du fait que son
efficacité n’a pas été prouvée et qu’il met
à l’épreuve le respect du principe « Ne pas
nuire ».
Quand ? À partir du moment où il existe suffisamment
d’information, lors des phases 1 et 2.
Outils de suivi Rapport d’intervention.
Document de référence Organisation mondiale de la Santé / War Trauma Foundation / World Vision
International (2011). Les premiers secours
psychologiques : Guide pour les acteurs
de terrain.
http://www.who.int/mental_health/
publications/guide_field_workers/en/
index.html
Objectif principal
Mettre en place un dispositif pour orienter
les personnes vulnérables vers divers
services (santé, éducation, besoins de base,
services de santé mentale spécialisés…), afin
d’augmenter leur capacité d’adaptation à la
situation et réduire leur niveau de détresse
psychologique.
Objectifs spécifiques
Élaborer une cartographie des différents
services disponibles.
Orienter les personnes vulnérables vers
les services.
S’assurer que le service offert répond
au besoin du bénéficiaire.
Résultats attendus
Les personnes vulnérables ont reçu le
service pouvant augmenter leur capacité
d’adaptation à la situation et réduire leur
niveau de détresse psychologique.
Les personnes avec des troubles mentaux
sévères ont accès aux soins et services
spécialisés.
Indicateurs de résultats
Nombre de référencements faits.
Nombre de personnes ayant reçu les
services vers lesquels elles ont été
référées.
Cartographie des services élaborés.
Mesure d’effets
Mesure de la qualité des référencements
(incluant la qualité des services vers lesquels
la personne a été référée) auprès de la
population via une enquête de satisfaction.
Pour qui ? Les personnes vulnérables, y compris les
personnes souffrant de troubles mentaux
ayant besoin de services / soins spécifiques :
santé, nutrition, abri, kit d’hygiène, kit
protection, service de santé mentale
spécialisé…
Fiches .
pratiques .
59
Comment ? Avant la mise en œuvre
Former les équipes à bien identifier les
personnes en détresse psychologique.
Créer des outils de suivi de référencement.
Faire une liste des différents services
disponibles dans la zone d’intervention
(santé, nutrition, abri, éducation).
Attention : cette liste peut être déjà
faite par les groupes de travail de santé
mentale et soutien psychosocial, ou même
par un autre projet / service de Handicap
International.
Vérifier que la cartographie inclut
les services proposés par les
organisations locales (organisations à
base communautaire, organisations de
personnes handicapées…).
Vérifier avec chaque acteur proposant un
service les différentes conditions d’accès à
ce service (âge, sexe, conditions familiales,
zone géographique…).
60
La mise en œuvre
Contacter les organisations afin de
connaître les démarches nécessaires
pour avoir accès au service (carte
d’identification, fiche de référencement,
coup de fil).
Identifier le réseau de référencement,
et les moyens d’accéder aux différents
services (qualité de l’accès aux services
et qualité des services), afin d’éviter de
référer les personnes vers des services
non existants ou pas accessibles.
Mettre à jour constamment cette
cartographie.
Établir un système de suivi du
référencement en fonction du niveau
d’urgence. Par exemple :
• Suivi après 24 h si la situation est très
urgente,
• 48 h si la situation est moyennement
urgente,
• 72 h si la situation est légèrement
urgente,
• Un suivi systématique après une
semaine.
Être à l’écoute de la personne pour
déterminer son besoin.
Expliquer clairement à la personne
les démarches pour obtenir le service
en question.
Si pertinent, accompagner la personne
pour accéder au service.
S’assurer que la personne a reçu le service.
Attitudes pendant l’activité
Être attentif aux besoins prioritaires
des personnes vulnérables.
Être empathique dans l’approche.
Compétences à avoir
Facilité dans la communication.
Capacité à synthétiser les besoins.
Capacité d’analyse de la situation.
Organisation.
Capacité de faire une cartographie.
Points de vigilance
Il faut s’assurer que les membres de l’équipe
sont bien formés pour identifier notamment
les signaux d’alerte (« red flags ») pour
référer des personnes vers les services de
santé mentale spécialisés.
Quand ? Phases 1, 2, 3.
Outils de suivi Fiche de référencement.
Documents de référence Il en existe de nombreux, contacter
le Référent Technique !
Groupe d’entraide
communautaire
Pourquoi ? Objectif principal
Accompagner les personnes vulnérables en
grande souffrance psychologique dans leur
rétablissement.
Améliorer la santé mentale des membres
des Groupes d’Entraide Communautaire
(GEC) en les accompagnant à activer
par eux-mêmes (collectivement) leurs
ressources économiques, sociales et
communautaires permettant de répondre
à leurs besoins / demandes.
Objectifs spécifiques
Apprendre à vivre avec autrui 16 autour
d’un projet commun.
Savoir élaborer un projet en partant
d’une analyse des forces et opportunités
présentes dans l’environnement (social,
communautaire, familial).
Être en capacité d’élaborer et de gérer un
projet (économique, culturel, social, etc.).
Résultats attendus
La détresse psychologique des membres
du GEC diminue.
Les besoins / demandes des membres
du GEC sont couverts.
Les membres des GEC sont en capacité de
participer à la vie sociale, c'est-à-dire pouvoir
investir et créer dans leur environnement.
Indicateurs de résultats
Taux de participation et ponctualité
(ou absences justifiées).
Fréquence des rencontres.
Mesure d’effets
Les participants se sont approprié
la médiation.
Respect des règles.
Changement des attitudes au fur et
à mesure de l’évolution du groupe.
Amélioration de la capacité d’élaboration
et de gestion de projet.
Pour qui ? Les personnes vulnérables et en souffrance
psychologique ayant besoin de soutien.
Cette approche est recommandée pour les
personnes qui ont des difficultés à exprimer
leur mal-être par la parole.
Comment ? Avant la mise en œuvre
Créer un groupe de personnes
(8 à 12 personnes) où les participants sont
toujours les mêmes, ou discuter les règles
d’entrée et de sortie du groupe si le
groupe reste en permanence ouvert sur
la communauté. Ce groupe peut être issu
d’un cycle de groupe de parole.
Identifier un lieu sécurisé et accessible
aux personnes handicapées.
Préparer les outils de suivi et d’évaluation
de l’activité.
La mise en œuvre
Communiquer autour du groupe pour
attirer les participants et se faire connaître
des autres professionnels.
Expliquer l’objectif de l’activité.
Expliquer le cadre de fonctionnement :
• Durée de chaque rencontre,
• Lieu des séances,
• Fréquence et régularité (par exemple,
1 fois par semaine),
• Créer, dès la première séance, des règles
internes avec les participants du groupe :
– Règle de la confidentialité de
l’information,
– Respect de la parole de l’autre,
– Créer une politique clinique de gestion
des absences afin que celles-ci soient
prises en compte dans l’analyse
de la dynamique groupale et de
la problématique psychique de la
personne absente.
Pour la première séance, définir les
thématiques et un support (activités
génératrices de revenus, théâtre forum,
chant, dessin, sport, photo-langage…) en
fonction du public et des objectifs définis
en groupe.
Fiches .
pratiques .
61
Pour les séances d’après, les préparer
à l’avance.
Prévoir le matériel nécessaire (salle,
fourniture) ainsi que les professionnels
compétents.
En fin de séance, analyser les problèmes
soulevés par le groupe et chercher avec
les participants des solutions possibles.
Faire un débriefing après chaque séance
entre les animateurs.
Attitudes pendant l’activité
Être flexible, capable de s’adapter
en fonction de ce qui est apporté par
le groupe, tout en étant un élément
suffisamment stable pour le groupe.
Ne pas porter de jugement.
Faciliter la prise de parole, être le
médiateur du groupe.
Observer les participants dans leur
ensemble (communication non
verbale, présentation, manifestation
émotionnelle…).
Être capable à tout moment de se remettre
en question et de s’auto-évaluer, grâce aux
débriefings.
Compétences à avoir
Avoir été formé à cette méthode et
à la médiation choisie.
Connaissances des dynamiques groupales.
Mettre en place des échelles d’évaluation
de la médiation en fonction de ce que
l’on cherche à savoir (développement,
comportement…).
Quand ? 62
Phases 2 et 3.
Outils de suivi Fiche de suivi du patient / Fiche de séance.
Documents de référence Handicap International (2009).
Accompagner les traumatismes
individuels par le retissage des liens
sociaux et communautaires : un
exemple d'approche en santé mentale
communautaire après
le génocide des Tutsi au Rwanda.
http://www.hiproweb.org/uploads/tx_
hidrtdocs/CapiRwanda.pdf
Handicap International (2012). Réunir les
solitudes : l'exemple d'un projet de Santé
Mentale Communautaire au Rwanda
(film).
http://www.youtube.com/
watch?v=9qw2PRWr3Y0
Réunion d’équipe
pluridisciplinaire
Pourquoi ? Objectif principal
Permettre une coordination de
l’ensemble des équipes (travailleurs
sociaux et communautaires, techniciens
de réadaptation, kinésithérapeutes,
psychologues…), en vue d’un meilleur suivi
des personnes vulnérables et exclues, et de
permettre des échanges sur les pratiques
professionnelles.
Objectifs spécifiques
Développer les compétences des équipes.
Avoir une meilleure coordination au niveau
du travail.
Résultats attendus
Les équipes ont développé des compétences
et des connaissances au niveau de la prise
en charge des personnes vulnérables grâce
à l’échange de pratiques professionnelles.
Indicateurs de résultats
Taux de participation (ou absences
justifiées).
Fréquence des rencontres de l’équipe.
Nombre de plans d’action mis en place.
Mesure d’effets
Les participants se connaissent
et reconnaissent le travail et l’apport
de chacun.
Développement des compétences
psychosociales.
Meilleure coordination, travail en réseau
efficace.
Pour qui ? Comment ? La mise en œuvre
Entrer en contact avec les professionnels
pouvant être intéressés.
Créer un groupe où les participants sont
toujours les mêmes ainsi que l’animateur
(10 à 15 personnes).
Trouver un lieu au calme et disponible
(si possible hors institution).
Faire une réunion de mise en place du
dispositif (explication des objectifs, de la
méthodologie…) :
• Assurer une fréquence de rencontres
et une durée des séances (1 ou 2 heures),
• Créer, dès la première séance, des règles
internes avec les participants du groupe
(respect de la prise de parole de chacun,
ce qui est dit dans le groupe reste dans
le groupe…),
• Mettre en place une politique de gestion
des absences.
Discuter autour d’un ou de plusieurs cas
concrets afin de trouver les meilleurs
axes de prise en charge possible pour les
bénéficiaires.
Faire un débriefing à la fin de chaque séance.
Attitudes pendant l’activité
Accepter les différences de chacun.
Faire des compromis, employer des phrases
débutant par « Je » pour éviter les conflits
de valeurs.
Coopérer, être ouvert aux nouvelles idées,
aux innovations.
Respecter les membres du groupe.
Être capable à tout moment de se remettre
en question.
Compétences à avoir
Bonne capacité de gestion d’une équipe.
Capacité de modération.
Fiches .
pratiques .
63
Les professionnels, les personnes relais / ressources d’un même centre, d’une même
équipe.
Quand ? Phases 1, 2 et 3.
Outils de suivi Fiche de séance.
Supervision
clinique
Pourquoi ? Objectif principal
Soutenir individuellement l’intervenant
dans son rapport personnel à la situation
des personnes vulnérables en vue de son
autonomisation professionnelle.
Objectifs spécifiques
Travailler les questionnements
professionnels (posture, valeurs,
représentations, relation de pouvoir,
contre-transfert, impuissance, agressivité,
situation angoissante) que le soignant
pourrait difficilement aborder sous le
regard de ses pairs.
Permettre aux intervenants de s’interroger
sur leurs attitudes, paroles, perceptions,
émotions, actions et éthique de leur
pratique afin de mieux définir leur style
d’intervention.
Prévenir les risques d’épuisement
professionnel (burn-out professionnel).
64
Résultats attendus
L’intervenant / soignant est en capacité de
s’interroger sur son rapport à l’autre dans
le cadre de sa pratique professionnelle
et au regard notamment de son histoire
personnelle.
L’intervenant / soignant conduit les
accompagnements en suivant les
représentations et valeurs de la personne,
tout en favorisant un développement
personnel pas forcément normatif mais
générateur d’une meilleure santé mentale.
L’intervenant / soignant mobilise chez
autrui la capacité d’investir et de créer
dans son environnement.
L’intervenant / soignant est en capacité
d’accepter la situation d’autrui (sans
jugement, avec empathie).
L’intervenant / soignant est en capacité
de rester en lien avec lui-même.
Indicateurs de résultats
Taux de participation à la supervision
clinique.
Nombre d’accompagnements conduits.
Mesure d’effets
Évaluation à mi-parcours et en fin de
parcours de l’évolution des questionnements
professionnels.
Pour qui ? Les psychologues et travailleurs sociaux,
praticiens de la relation d’aide (counsellors).
Comment ? La mise en œuvre
Trouver un lieu qui respecte la
confidentialité et l’intimité des rencontres.
Poser le cadre d’intervention :
• Expliquer où vont se dérouler les
rencontres avec les équipes, la durée
des rencontres et la régularité des
rencontres,
• Expliquer la confidentialité des
informations qui se partagent dans
ce cadre,
• Expliciter le droit à la parole de chaque
participant.
Déroulement de l’intervention :
• Présentation clinique d’une situation,
• Présentation de la dynamique
relationnelle entre l’intervenant
et l’individu concerné,
• Réflexion autour des particularités
de cette dynamique relationnelle,
• Réflexion autour du vécu de l’intervenant
suite à cette situation,
• Analyse et interprétation.
Attitudes pendant l’activité
Être à l’écoute des discours.
Ne pas juger les discours et les
interprétations des uns et des autres.
Compétences à avoir
Expérience d’intervention.
Bonne connaissance des réalités et des
problématiques.
Expérience dans l’accompagnement
professionnel.
Bonne capacité d’analyse.
Habilité à approfondir la réflexion et le
raisonnement.
Capacité d’écoute.
Savoir rétroagir et confronter de manière
respectueuse.
Quand ? Phases 1, 2 et 3.
Outils de suivi
Rapport de superviseur.
Documents de référence Mario Poirier (2006). « Enjeux cliniques
et éthiques de la supervision externe
des équipes en santé mentale », in Santé
mentale au Québec, vol. 31, n° 1 p. 107 – 124.
http://www.erudit.org/revue/SMQ/2006/
v31/n1/013688ar.pdf
Fontaine Anne (2006). L’accompagnement
professionnel : une pratique essentielle,
guide de supervision en travail de rue et
de proximité. Médecin du Monde Canada.
http://www.medecinsdumonde.
ca/site/publications/
Guidedesupervisionintervenants.pdf
Handicap International (2009).
Accompagner les traumatismes
individuels par le retissage des liens
sociaux et communautaires : un
exemple d'approche en santé mentale
communautaire après le génocide des
Tutsi au Rwanda.
http://www.hiproweb.org/uploads/tx_
hidrtdocs/CapiRwanda.pdf
Handicap International (2012).
Réunir les solitudes : l'exemple d'un
projet de Santé Mentale Communautaire
au Rwanda (film).
http://www.youtube.com/
watch?v=9qw2PRWr3Y0
Analyse de
la pratique
professionnelle
Pourquoi ? Objectif principal
Permettre aux professionnels de réfléchir
entre pairs sur leur pratique et de trouver
des ressources concrètes aux difficultés qu’ils
peuvent rencontrer. Cette activité s’inscrit
également dans la prévention de l’épuisement
professionnel (burn-out professionnel).
Objectifs spécifiques
Développer une conscience critique de
leur situation, notamment prise dans son
contexte (politique, économique, culturel).
Développer les capacités d’analyse entre
pairs des différents styles professionnels
(gestion des émotions, expression des
sentiments, postures).
Acquérir des réflexes d’analyse de
situation / cas permettant de se dégager
de problématiques complexes et de les
accompagner.
Développer des capacités d’animation et de
compétences au repérage de la dynamique
de groupe.
Résultats attendus
Les intervenants / soignants acquièrent
des capacités d’analyse de problématiques
individuelles et de groupe.
Les intervenants / soignants développent
une conscience critique de leur situation.
Les intervenants / soignants savent se
remettre en question par rapport à leur
pratique professionnelle.
Indicateurs de résultats
Taux de participation (ou absences
justifiées).
Fiche de suivi pour chaque participant.
Niveau de satisfaction des participants.
Pérennité du dispositif.
Fiches .
pratiques .
65
Mesure d’effets
Développement d’une conscience critique
et d’une capacité d’analyse entre pairs des
différents styles professionnels.
Des solutions aux problèmes évoqués sont
trouvées.
Capacité à se remettre en question par
rapport à ses pratiques professionnelles.
Pour qui ? Les professionnels ayant une pratique de la
relation d’aide. Par exemple les psychologues,
les travailleurs sociaux.
Comment ? Avant la mise en œuvre
Identifier la personne qui sera en charge
de l’analyse de la pratique.
Créer des outils de suivi de cette activité.
Identifier un lieu de travail.
Avoir un lieu et des horaires fixes pour
chaque séance.
Entrer en contact avec les professionnels
pouvant être intéressés.
Créer un groupe de professionnels où
les personnes sont toujours les mêmes
(10 à 12 personnes).
66
La mise en œuvre
Faire une réunion de mise en place
du dispositif (expliquer les objectifs,
la méthodologie…).
Assurer une fréquence régulière de
rencontre (une rencontre par mois
minimum).
Créer, dès la première séance, des règles
internes avec les participants du groupe
(respect de la prise de parole de chacun,
ce qui est dit dans le groupe reste dans
le groupe…).
Mettre en place une politique clinique
de suivi des absences, c'est-à-dire, au-delà
du suivi gestionnaire, donner un sens à ces
absences qui soit intégré à l’analyse de la
dynamique de groupe.
Questionnaires de préformation sur
les attentes et les préoccupations des
participants.
Discuter autour des pratiques et
expériences, de cas concrets rencontrés.
Faire un débriefing, c'est-à-dire reprendre à
la fin de chaque séance le cheminement de
ce qui a été dit pendant la séance.
Attitudes pendant l’activité
Être flexible, capable de s’adapter
en fonction de ce qui est apporté par
le groupe, tout en étant un élément
suffisamment stable pour le groupe.
Ne pas porter de jugements et ne pas
prendre parti lors d’une discussion.
Garantir le respect des règles créées lors
de la première séance.
Faciliter la prise de parole, être le
médiateur du groupe.
Être capable à tout moment de se remettre
en question et de s’auto-évaluer, grâce aux
retours et débriefings.
Compétences à avoir
Être formé à cette pratique.
Être psychologue ou animateur
psychosocial.
Avoir une connaissance des dynamiques
groupales.
Quand ? Phases 1, 2, 3.
Outils de suivi Fiche de suivi / Fiche de séance.
Débriefing semestriel avec le groupe.
Questionnaire annuel de satisfaction.
Documents de référence MAQUEDA Francis, MURBACH Dominique
(2003). Supervision, analyse et
construction de pratiques. Limite
des activités soignantes psychiques
dans des contextes humanitaires ?
in Comprendre et soigner le trauma en
situation humanitaire. Paris : Dunod, p.
123 – 146
Handicap International (2011).
Renforcement de capacités des
accompagnateurs psychosociaux.
Dispositif de supervision et d’analyse
de la pratique.
Projet Madagascar, Quartiers d’avenir :
de la détention à la prévention.
Handicap International (2009).
Les groupes de parole de soignants
de type Balint en Algérie.
http://www.hiproweb.org/uploads/
tx_hidrtdocs/Doc_Cap_Groupe_Balint_
vf_2009.pdf
Entretien individuel
et familial
Pourquoi ? Objectif principal
Assurer un accompagnement individuel et
une évaluation de l’état des personnes les
plus vulnérables afin d’apporter un soutien
psychologique.
Objectifs spécifiques
Identifier les personnes les plus vulnérables
qui nécessitent un accompagnement.
Proposer un accompagnement adapté.
Référencement des cas psychiatriques qui
nécessitent une prise en charge médicale.
Résultats attendus
Les personnes les plus vulnérables sont
identifiées, soutenues et/ou orientées vers
des services spécialisés.
Indicateurs de résultats
Taux de présence (ou absences justifiées).
Nombre de personnes bénéficiant d’un ou
plusieurs entretiens.
Nombre de séances.
Mesure d’effets
Enquête de satisfaction auprès
des bénéficiaires.
Résultats de l’évaluation faite par
l’accompagnateur.
Pour qui ? Les personnes présentant des manifestations
de détresse psychologique importantes.
Fiches .
pratiques .
Comment ? 67
Avant la mise en œuvre
Identifier les membres de l’équipe capables
de conduire un entretien individuel.
Former aux techniques de l’entretien
individuel si nécessaire.
Créer des outils de suivi (par exemple,
une trame d’entretien, rapport de suivi…).
Trouver un endroit calme qui assure la
confidentialité de l’entretien et qui est
accessible aux personnes handicapées.
S’assurer, si nécessaire, de la présence
d’interprètes (langues, langage des
signes…) et les briefer sur le déroulement
d’entretien.
La mise en œuvre
Prendre contact avec la personne.
Présenter le cadre de l’entretien (lieu
accessible, durée n’excédant pas une heure
de temps sauf si nécessaire, régularité des
rencontres, règles de confidentialité…).
Mettre en place un dispositif de gestion
des absences.
Créer, avec la personne, un plan d’action
avec des objectifs à atteindre (toujours
choisir des objectifs modestes pour
ne pas décourager la personne tout
en restant disponible à l’incertitude et
au changement).
Évaluer si l’entretien implique une
rencontre avec la famille et les proches
de la personne (entretien collectif).
Remplir la fiche de suivi en fonction
du déroulement de l’entretien.
Observer la personne dans son ensemble
(communication non verbale, présentation,
manifestation émotionnelle…).
Apporter un soutien émotionnel.
Conseiller la personne lorsqu’elle est
désorientée.
Pouvoir réorienter la personne vers
d’autres professionnels si nécessaire.
Permettre à la personne de s’exprimer,
lors d’une discussion formelle, dans une
relation de confiance, avec le soignant.
68
Attitudes pendant l’activité
Utiliser des questions ouvertes permettant
à la personne de se confier.
Adapter les méthodes aux personnes,
à la spécificité de la rencontre.
Être neutre et bienveillant.
Savoir respecter les temps de
l’accompagnement pour ne pas créer
de relation de dépendance.
Compétences à avoir
Avoir été formé à la pratique de l’entretien
individuel.
Savoir faire passer des tests spécifiques.
Être capable d’identifier des besoins
spécifiques.
Être capable de faire un diagnostic.
Être capable de référer.
Quand ? Phases 2 et 3.
Outils de suivi Fiche de suivi / Fiche de séance.
Accompagnement
social personnalisé
Comment ? Pourquoi ? Objectifs principaux
Améliorer la participation sociale et
les conditions de vie des personnes
vulnérables par un accompagnement
social de proximité adapté aux besoins et
ressources des individus.
Renforcer leur confiance en eux et en leurs
capacités.
Objectifs spécifiques
Identifier les ressources et les besoins
individuels.
Mettre en place un plan d’accompagnement
individualisé pour renforcer les capacités
individuelles.
Résultats attendus
La personne vulnérable mobilise ses
ressources individuelles et environnementales
pour améliorer sa capacité à agir pour
elle-même et avec autrui.
Indicateurs de résultats
Nombre de visites / rencontres avec
la personne.
Plan d’action élaboré avec la personne.
Évaluation après l’accompagnement
(enquête de satisfaction).
Présences des participants aux
rendez-vous et réunions.
Mesure d’effets
Une enquête mettant en évidence le
développement de compétences et de
connaissances chez les personnes suivies.
Pour qui ? Les personnes vulnérables et leur famille en
détresse psychologique.
Avant la mise en place
Réaliser une étude socio-anthropologique
qui est indispensable à la mise en place de
cette activité pour adapter les modalités
d’intervention.
Identifier les personnes en capacité de
mettre en place un accompagnement
social personnalisé.
Former à l’accompagnement social dans
la communauté (domicile, rue, centres
spécialisés, importance de « l’aller vers » :
aller vers les gens plutôt qu’attendre qu’ils
viennent d’eux-mêmes).
Préparer les outils de suivi et d’évaluation
avec les membres de l’équipe.
La mise en œuvre
Créer un réseau, une équipe de
professionnels avec qui il sera
éventuellement possible de travailler
à la mise en place de projets, ou de
consulter pour avoir des avis médicaux.
Prendre contact avec la personne : premier
entretien.
Définir la durée de l’entretien : en
moyenne, quarante minutes dans un
lieu sûr et accessible aux personnes
handicapées.
Expliquer à la personne l’objectif de la
visite et le processus de l’intervention :
expliquer le cadre de l’intervention (lieu,
fréquence des visites, durée de la session).
Créer une relation professionnelle
de confiance et de responsabilisation
individuelle.
Définir les besoins avec la personne.
Rencontrer les autres membres de la
famille si besoin.
Analyser les données récoltées (possibilité
de contacter les proches de la personne
concernée).
Co-construire le projet, le plan d’action et
mettre en place un chronogramme.
Formaliser l’engagement des
différents acteurs dans le processus,
éclaircir les conditions et implications
(contractualisation).
Fiches .
pratiques .
69
Accompagner la personne en fonction
des objectifs fixés :
• Donner les moyens à la personne de faire
les choses par elle-même. Ne pas tenter
de la faire rentrer dans une norme,
• Savoir s’ajuster (se réajuster) en
fonction de la personne, de son milieu
social et de son évolution au cours de
l’accompagnement,
• Savoir optimiser les capacités de chacun,
ne pas seulement voir les incapacités
mais aussi les potentiels,
• Faciliter les différentes étapes, sans
se substituer à la personne.
S’adapter aux réalités du terrain et
aux difficultés.
Mener une évaluation / un bilan
intermédiaire dans l’idéal une fois par
mois et adapter le plan d’action si besoin
(mesure de l’écart entre la situation
actuelle et les objectifs de départ).
Finaliser l’accompagnement : sortie
du dispositif.
Mener une enquête de satisfaction des
participants et de leur entourage pour
avoir des retours sur le vécu autour du
processus.
Attitudes pendant l’activité
Démarche participative : la personne
est associée aux étapes du projet.
Être attentif aux histoires de vie, collecter
un maximum d’informations sur différents
aspects pour cerner le point de départ de
la personne afin de lui proposer quelque
chose qui soit adaptée à sa situation.
Être empathique.
70
Compétences à avoir
Connaissance du milieu et de son
fonctionnement social.
Capacité de conduire des entretiens
(individuels ou collectifs).
Capacité d’analyse des disparités,
dysfonctionnements et obstacles.
Capacité de réaliser un diagnostic social.
Capacité de construire un projet basé sur
la demande des individus.
Capacité à faire de la médiation.
Capacité à travailler en équipe, en réseau
ou avec les proches de la personne suivie.
Connaissance des mécanismes
communicationnels et comportementaux.
Maîtrise du Processus de Production du
Handicap (PPH) et des outils permettant
l’analyse de la pratique.
Quand ? Phases 2 et 3.
Outils de suivi Fiche d’accompagnement.
Rapport d’activités.
Document de référence Handicap International (2009).
Accompagnement social personnalisé :
Réflexions, méthode et outils d’une
approche en travail social de proximité.
http://www.hiproweb.org/uploads/tx_
hidrtdocs/GuideASPFRBD.pdf
Fiches .
pratiques .
71
Haïti, 2010
Annexes
Acronymes
74
Bibliographie
74
Éléments de compréhension des différents
types d’incapacité
75
Notes
77
73
Acronymes
CAP 74
Connaissances, Attitudes et
Pratiques
CH Coordination Humanitaire
CPI Comité Permanent
Inter-organisations
DRR Disaster Risk Reducation
(Réduction des Risques de
Désastres)
FGD Focus Group Discussion (Groupe
de discussion)
HESPER The Humanitarian Emergency
Setting Perceived Needs Scale
(Échelle des besoins perçus en
situation d’urgence humanitaire)
IASC Inter-Agency Standing Committee
(= CPI)
IEC Information, Éducation,
Communication
INEE International Network for
Education in Emergencies (Réseau
International pour l’Éducation en
situations d’urgence)
MhGAP Mental Health Gap Action
Programme (Programme d’action
Combler les lacunes en santé
mentale)
OCHA Office for the Coordination of
Humanitarian Affairs (Bureau
de la coordination des affaires
humanitaires)
OIM Organisation internationale pour
les Migrations
OMS Organisation mondiale de la Santé
ONSMP Observatoire national de la santé
mentale et de la précarité
PAES Prévention contre les abus
et l’exploitation sexuelle
SMSP Santé Mentale & Soutien
Psychosocial
UNHCR United Nations High Commissioner
for Refugees (Haut Commissariat
des Nations Unies pour les
réfugiés)
UNICEF United Nations International
Children Emergency Fund (Fonds
des Nations Unies pour l’Enfance)
Bibliographie
American Psychiatric Association (2003).
DSM – IV – TR : manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux. Paris :
Masson.
Anderson M. (1999). Do No Harm: How aid
can support peace – or war. Boulder, CO:
Lynne Rienner.
Boisson M. / Godot C. / Sauneron S. (2009).
La santé mentale, l’affaire de tous.
Pour une approche cohérente de la
qualité de vie. Paris : Centre d’analyse
stratégique. p. 20 – 24.
http://lesrapports.ladocumentation
francaise.fr/BRP/094000556/0000.pdf
Collectif des 39. Déclaration de Lyon.
Octobre 2011.
http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=2630
Comité permanent inter-organisations
(CPI) (2007). Directives du CPI
concernant la santé mentale et le
soutien psychosocial dans les situations
d’urgence. Genève : CPI.
http://www.who.int/mental_health/
emergencies/iasc_guidelines_french.pdf
Education Cluster INEE / IASC / Global
Protection Cluster (2011). Guidelines for
Child Friendly Spaces in Emergencies.
http://www.unicef.org/protection/Child_
Friendly_Spaces_Guidelines_for_Field_
Testing.pdf
Organisation mondiale de la Santé / CIM 10
(1997). Classification internationale
des troubles mentaux et des troubles
du comportement. Paris : Masson.
Organisation mondiale de la Santé (2011).
Guide d’intervention mhGAP pour
lutter contre les troubles mentaux,
neurologiques et liés à l’utilisation de
substances psycho-actives dans les
structures de soins non spécialisées :
Programme d’action Combler les lacunes
en santé mentale. Genève : OMS.
http://whqlibdoc.who.int/
publications/2011/9789242548068_fre.pdf
Organisation mondiale de la Santé / War
Trauma Foundation / World Vision
International (2011). Les premiers secours
psychologiques : Guide pour les acteurs
de terrain. http://www.who.int/mental_
health/publications/guide_field_workers/
en/index.html
Pégon Guillaume (2011). Santé mentale
en contextes de post-crise et de
développement. Lyon : Handicap
International.
http://www.hiproweb.org/uploads/tx_
hidrtdocs/DC03_Sante_mentale.pdf
Relandeau A. / Chérubini N. / Didier Sevet C. / Lafrenière A. (2009). Accompagnement
social personnalisé : Réflexions, méthode
et outils d’une approche en travail
social de proximité. Lyon : Handicap
International.
http://www.hiproweb.org/uploads/tx_
hidrtdocs/GuideASPFRBD.pdf
Schininá Guglielmo / Nuri Rocco (2010).
Psychosocial Needs Assessment
in Emergency Displacement, Early
Recovery, and Return. Geneva: OIM.
http://www.iom.int/jahia/webdav/shared/
shared/mainsite/activities/health/
mental-health/Psychosocial-NeedsAssessment-Emergency-DisplacementEarly-Recovery-Return-IOM-Tools.pdf
World Health Organization / King’s College
London (2011). The Humanitarian
Emergency Settings Perceived Needs
Scale (HESPER): Manual with Scale.
Geneva: WHO.
http://whqlibdoc.who.int/
publications/2011/9789241548236_eng.pdf
Éléments de
compréhension des
differents types
d’incapacité 17
Incapacité motrice
Le terme « incapacité motrice » renvoie à
plusieurs déficiences (liste non exhaustive) :
Malformation ou amputation congénitale
des membres, amputation chirurgicale.
Paraplégie, hémiplégie ou tétraplégie :
une paralysie et insensibilité partielle du
corps et des membres souvent due à des
accidents de la circulation, domestiques ou
accidents vasculaires.
Le spina-bifida : malformation congénitale
touchant la moelle épinière créant une
insensibilité et / ou une paraplégie.
Infirmité motrice cérébrale : souvent
due à un problème in-utéro, au cours
de l’accouchement (le cordon ombilical
autour du cou), un accouchement
prématuré ou quand l’enfant ne respire pas
immédiatement.
Maladies neuromusculaires : une faiblesse
généralisée des muscles due à une maladie
génétique.
Les personnes avec une incapacité motrice
peuvent éprouver des difficultés pour se
déplacer. Elles peuvent s’aider d’une canne,
d’un cadre de marche, d’une prothèse
(appareillage), d’une poussette, brouette ou
autre moyen de déplacement qui demande
l’aide d’une tierce personne, d’un fauteuil
roulant manuel permettant de se déplacer
seul ou avec l’aide d’un tiers, d’un vélo, tricycle
ou tout autre dispositif de déplacement en
faisant usage de ses bras.
Incapacité auditive ou surdité
Une personne peut présenter une incapacité
auditive ou être sourde depuis sa naissance,
à cause d’une maladie génétique, virale ou
parasitaire ou suite à un accident. Les degrés
d’audition sont différents d’une personne à
l’autre.
Annexes .
75
Incapacité visuelle ou cécité
D’après la classification de l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS), la déficience
visuelle est basée sur la mesure de l’acuité
visuelle de loin et la mesure du champ
visuel, c’est-à-dire de la portion de l’espace
perçue lorsque l’œil est ouvert et mobile.
Une personne peut présenter une incapacité
visuelle ou être aveugle depuis sa naissance,
à cause d’une maladie génétique, virale
ou parasitaire ou suite à un accident.
Les situations de malvoyance sont très
diversifiées et entraînent des conséquences
variées dans la vie quotidienne. Chaque
personne ayant une incapacité visuelle a
une perception de l’environnement différente
d’une autre. En fonction de ses capacités
visuelles, une personne peut plus ou moins
percevoir les objets en mouvement ou
statiques, son environnement à la lumière
du jour, à forte luminosité ou sans luminosité.
Les incapacités intellectuelles
Une personne peut être atteinte d’une
incapacité intellectuelle depuis sa naissance,
à cause d’une maladie génétique, virale ou
d’un traumatisme crânien. Elle est ralentie
dans ses apprentissages et a des difficultés de
compréhension. Seul l’apprentissage adapté
peut améliorer les capacités à mener une vie
de la manière la plus autonome possible.
Les conséquences de cette incapacité varient
énormément d’une personne à une autre
en fonction de sa situation de vie, sa famille
et sa communauté, et des opportunités
d’apprentissage adapté disponibles. Par
exemple, une personne avec une incapacité
intellectuelle peut très bien évoluer dans
un environnement donné, mais avoir besoin
de beaucoup d’assistance dans un autre
contexte.
76
Les incapacités psychiques
Les incapacités psychiques sont liées à des
troubles mentaux chroniques ou sévères
(schizophrénie, psychose maniacodépressive,
dépression, etc.). Ces troubles surviennent
généralement à l’adolescence ou au début
de l’âge adulte. Le syndrome de stress
post-traumatique, également considéré
comme un trouble mental grave, survient
suite à la confrontation d’une situation
durant laquelle l’intégrité physique et / ou
psychologique de la personne et / ou de son
entourage a été menacée et / ou effectivement
atteinte (accident grave, mort violente,
violence sexuelle, agression, maladie grave,
guerre, attentat, inondations violentes...). Les
personnes avec des incapacités psychiques
souffrent fréquemment de paranoïa, de
dépression, d’anxiété, de crises de panique
et / ou de déficits d’attention. Elles éprouvent
également des difficultés à élaborer et suivre
un plan d’action, et alternent des états calmes
et tendus. Elles sont perturbées dans leurs
relations avec elles-mêmes, avec les autres
et parfois avec leur environnement : repli sur
soi, excitabilité, troubles du comportement,
manque d’orientation dans le temps et dans
l’espace, automutilation, violence envers les
autres, etc. Elles se trouvent perturbées de
manière ponctuelle dans des moments de
« crise » plus ou moins longs. En temps de
crise, les personnes souffrant d’incapacités
psychiques ont de la difficulté à faire la
distinction entre le bon et le mauvais dans
leurs relations avec les autres et peuvent
facilement se mettre en danger.
Les incapacités psychosociales
Les incapacités psychosociales sont liées
à la détresse psychologique, quelle qu’en
soit la cause (migration, exil, catastrophe
naturelle, pauvreté, absence de logement,
perte de liens familiaux et / ou sociaux, perte
du travail). Les incapacités qui découlent de
ces situations doivent être reconnues en tant
que telles, car elles perturbent la participation
à la vie sociale des personnes concernées
(inaptitudes reliées aux comportements, au
langage, aux activités intellectuelles), les
personnes perdant leurs habilités sociales
et leur capacité à s’occuper et à prendre
soin d’elles-mêmes (inaptitudes reliées à la
protection et à l’assistance). Les situations
de handicap issues d’incapacités d’ordre
psychosocial, en lien avec l’environnement,
peuvent être vécues indifféremment par
l’enfant ou par l’adulte. Cependant, une
attention particulière doit être accordée
aux enfants et adolescents en situation de
vulnérabilité éducative : carences affectives,
Notes
violences, précarité du milieu social… En effet,
on sait que souvent des troubles mentaux à
l’âge adulte trouvent leurs racines dans des
difficultés infantiles négligées.
Les maladies invalidantes
Il s’agit le plus souvent de maladies
chroniques, qui affectent l’intégrité ou la
fonction d’un ou plusieurs organes, pouvant
entraîner des restrictions fonctionnelles
(réduction de la mobilité, de la capacité
d’autonomie,…). Faute de traitement ou
de prise en charge appropriée, la maladie
peut entraîner à plus ou moins long terme
des déficiences irréversibles motrices,
sensorielles ou mentales. Il peut s’agir
de tumeurs cancéreuses, de maladies
cardio-vasculaires (dont l’hypertension
artérielle sévère), de maladies endocrines
(notamment le diabète), de maladies de
l’appareil digestif (reins, foie, intestins),
de maladies de l’appareil respiratoire
(dont l’asthme), de maladies infectieuses
ou parasitaires (dont le VIH, la lèpre, la
tuberculose, la filariose lymphatique, l’ulcère
de Buruli).
1.
Global Platform on Disaster Risk
Management for Health (2011).
Mental Health and Psychosocial
Support, Fact Sheets, WHO / United
Kingdom Health Protection Agency
and partners. http://www.who.int/
hac/events/drm_fact_sheet_mental_
health.pdf
2. Pour de plus amples informations
concernant l’historique des projets
et le positionnement de Handicap
International dans les domaines
de la santé mentale et du soutien
psychosocial, se reporter au
document cadre afférent : Pégon
Guillaume (2010). Santé mentale
en contextes de post-crise et de
développement. Lyon : Handicap
International. http://www.hiproweb.
org/uploads/tx_hidrtdocs/DC03_
Sante_mentale.pdf
3. Directeur de l’observatoire national
de la santé mentale et de la précarité
(ONSMP).
4. Article 2.8 de la Déclaration de
Lyon, octobre 2011 : Congrès des 5
continents – Quand la mondialisation
nous rend fous – Pour une écologie
du lien social. http://www.
collectifpsychiatrie.fr/?p=2630
5. Boisson M., Godot C., Sauneron S.
(2009). La santé mentale, l’affaire de
tous. Pour une approche cohérente
de la qualité de vie. Paris : Centre
d’analyse stratégique, p. 20 – 24. http://
lesrapports.ladocumentationfrancaise.
fr/BRP/094000556/0000.pdf
6. American Psychiatric Association
(2003). DSM – IV – TR : manuel
diagnostique et statistique des
troubles mentaux. Paris : Masson.
Annexes .
77
7.
OMS (1997). Classification
internationale des troubles mentaux
et des troubles du comportement.
Paris : Masson.
8. Dans le cadre d'un effort de réforme
de l'ONU visant à améliorer l'efficacité
des secours humanitaires, une
approche par « groupe » a été
adoptée en 2005 pour renforcer
la coordination dans neuf secteurs
clés : nutrition, santé, eau et
assainissement, abris d'urgence,
coordination des camps et gestion,
protection, relèvement précoce,
logistique, télécommunications. Le
Comité Permanent Inter-organisations
(CPI ou IASC en anglais pour
Inter-Agency Standing Committee)
a nommé différentes agences
à la tête de ces groupes. Leur
tâche est de clarifier les rôles, les
responsabilités de l'ONU et des
partenaires qui ne font pas partie
des Nations Unies, de répondre aux
situations d'urgence spécifiques et de
simplifier les communications avec le
gouvernement hôte.
9. Anderson, M. (1999). Do No Harm:
How aid can support peace – or war.
Boulder, CO: Lynne Rienner.
situations d’urgence. Genève : CPI.
http://www.who.int/mental_health/
emergencies/iasc_guidelines_french.
pdf
13. Santé, Nutrition, Abris d’urgence,
Eau et Assainissement, Éducation,
Sécurité alimentaire, Gestion
et coordination des camps,
Relèvement précoce, Protection,
Télécommunication et Logistique.
14. Herlemont Zoritchak Nathalie / Rave
Amandine (2012). La pratique du
témoignage : étayer nos démarches
de dénonciation et d’influence.
Lyon : Handicap International, p. 31 – 32.
http://www.hiproweb.org/uploads/
tx_hidrtdocs/GM07Temoignage.pdf
15. Education Cluster INEE / IASC / Global
Protection Cluster (2011).
Guidelines for Child Friendly Spaces
in Emergencies.
http://www.unicef.org/protection/
Child_Friendly_Spaces_Guidelines_
for_Field_Testing.pdf
10. Conventions relatives aux droits des
enfants (1989), à l’élimination de
toutes les formes de discrimination à
l’égard des femmes (1981), aux droits
des personnes handicapées (2006)
et contre la torture et autres peines
ou traitements cruels, inhumains ou
dégradants (1987).
78
11. David Becker / Barbara Weyermann
(2006). Manuel : Genre,
transformation des conflits et
approche psychosociale. Genève :
Direction du Développement et
de la Coopération (DDC).
http://www.sdc-genderdevelopment.net/document.
php?itemID=5077&langID=2
12. Comité Permanent Interorganisations (2007). Directives du
CPI concernant la santé mentale
et le soutien psychosocial dans les
16. Apprendre à vivre avec autrui peut
être évalué à travers une série
d’indicateurs à élaborer en fonction
des contextes socioculturels tels
que : bonne relation avec les autres,
capacité à respecter l’autre, à susciter
le meilleur de l’autre ; curiosité,
capacité à aller vers l’inconnu ;
appétence relationnelle ; capacité
à donner et à recevoir ; capacité à
entretenir et réparer les relations ;
capacité à se confier, à ne pas se
replier sur soi en cas de difficultés.
17. Extraits adaptés des fiches techniques
élaborées par Guillaume Pégon
et Sheila Warembourg (Handicap
International), utilisées dans le cadre
de la formation des enquêteurs
sociaux pour le projet pilote « La
question de la vulnérabilité des
enfants en situation de handicap face
à la violence sexuelle », 2011.
Crédits
Crédits photographiques
© Audrey Lecomte / Handicap International
Éditeur
Handicap International
14, avenue Berthelot
69361 Lyon cedex 07
[email protected]
Imprimeur
NEVELLAND
GRAPHICS c.v.b.a. – s.o
Industriepark-drongen 21
9031 Gent
Belgique
Imprimé en septembre 2013
Dépôt légal : septembre 2013
80
Fiches .
pratiques .
81
Interventions psychosociales et de santé mentale
en contextes d’urgence et de post-crise
Ce guide propose les principes généraux
d’intervention, des conseils méthodologiques
et des fiches pratiques en matière de santé
mentale et de soutien psychosocial dans les
situations d’urgence et de post-crise (les
fiches proposées peuvent tout à fait servir en
contexte de développement). Ce document
est destiné à tout professionnel de Handicap
International en responsabilité de développer,
mettre en œuvre ou analyser ce type
d’interventions.
HANDICAP INTERNATIONAL
14, avenue Berthelot
69361 LYON Cedex 07
T. +33 (0) 4 78 69 79 79
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