Interventions psychosociales et de santé mentale en contextes d
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Interventions psychosociales et de santé mentale en contextes d
Guide méthodologique Interventions psychosociales et de santé mentale en contextes d’urgence et de post-crise Direction des Ressources Techniques Direction de l’Action d’Urgence Juin 2013 GM 10 Auteurs Thomas Calvot Guillaume Pégon Sarah Rizk Aleema Shivji Contributeurs Claire Juillard Nathalie Herlemont Zoritchak Jennifer Léger Comité de lecture Martin Bevalot Ludovic Bourbé Jean-Pierre Delomier Pierre Gallien Nathalie Herlemont Zoritchak Édition Stéphanie Deygas Handicap International Direction des Ressources Techniques Pôle Management des Connaissances Création graphique IC&K, Frédérick Dubouchet Maude Cucinotta Mise en page IC&K, Frédérick Dubouchet Ce guide peut être utilisé ou reproduit sous réserve de mentionner la source et uniquement pour un usage non commercial. Ce guide est destiné à tout professionnel de Handicap International en responsabilité de développer, mettre en œuvre ou analyser des interventions de santé mentale et de soutien psychosocial en contextes d’urgence et de post-crise. Il ne s’agit en aucun cas d’un livre de recettes mais plutôt d’une liste d’ingrédients à « cuisiner » à partir de la relation singulière entre des professionnels de Handicap International et une problématique locale. En cas de doute concernant la déclinaison opérationnelle de ce guide, ne pas hésiter à prendre contact avec les Référents Techniques et Points Focaux en Santé Mentale et Soutien psychosocial. Guide méthodologique Interventions psychosociales et de santé mentale en contextes d’urgence et de post-crise Avant-propos 5 Principes et repères 9 L’impact des situations d’urgence sur la santé mentale des populations Les principes des interventions de santé mentale et / ou de soutien psychosocial Les approches en santé mentale et / ou soutien psychosocial Place de la santé mentale et du soutien psychosocial dans le système des clusters Interventions de santé mentale et / ou de soutien psychosocial et les trois phases de l’urgence 10 12 14 18 21 Guide pratique 25 Évaluer Dessiner – Définir l’intervention Suivre et évaluer Recruter et former Soutenir et superviser 26 30 35 36 36 Fiches pratiques 39 Annexes 73 Acronymes Bibliographie Éléments de compréhension des différents types d’incapacité Notes 74 74 75 77 « Plus de 10 % du fardeau global des maladies dans le monde, mesuré en espérance de vie corrigée de l’incapacité (EVCI), correspond à des troubles mentaux. [...] Il existe une réelle corrélation entre certains facteurs ayant un effet néfaste sur la santé psychologique et la façon dont l'assistance est fournie (exemples : sécurité alimentaire, hébergement, eau, assainissement). […] Une erreur courante, lorsque sont déployées ces interventions, consiste à se focaliser exclusivement sur les déficits et d’oublier le fait que les personnes affectées disposent aussi de ressources et d’atouts pouvant soutenir la santé mentale et le bien-être psychosocial. […] La santé mentale et le bien-être psychosocial s’appuient sur un certain sens de la normalité, et sur des mécanismes de mobilisation communautaire et d’entraide.” 1 Avant-propos 5 Depuis les débuts de la psychologie, à la fin du XIXe siècle, on n’ignore plus que l’individu se crée et évolue dans un corps social qu’il impacte et qui l’impacte. Depuis les débuts de nos propres actions sur le terrain, nous avons nous-mêmes constaté chez Handicap International combien les situations de bouleversement, de rupture, ont des incidences fortes sur les personnes, leur entourage, et les liens sociaux préexistants. Animés par le souci de reconstruire ces personnes, nous avons su appréhender leurs traumatismes dans un environnement qui dépassait l’individu pour les considérer à travers le lien social et culturel. La reconstruction personnelle comme produit d’une interaction entre l’individu et son environnement de vie est désormais pour nous une évidence. Or la reconstruction personnelle, si elle passe par différents supports destinés à compenser une perte traumatique ou adapter les espaces de vie, est aussi affaire de psychisme. Vivre Debout, c’est vivre avec soi-même en lien avec les autres. Accompagner les personnes dans la préservation et la restauration de leur dignité, ainsi que notre déclaration de mission nous en donne l’ambition, nous impose dès lors de nous préoccuper de formes de détresse parfois insidieuses et plus difficilement décelables que d’autres conséquences plus flagrantes des situations de crises. Toute personnelle qu’elle soit, cette détresse et les moyens de l’alléger doivent s’inscrire dans un strict respect des caractéristiques culturelles locales, et demandent par conséquent, de la part de nos équipes, curiosité, ouverture d’esprit, et prise de distance à l’égard de schémas trop souvent intégrés dans nos cultures occidentales, mais peu opératoires dans des systèmes de référence totalement différents. Le regard anthropologique est ainsi un allié essentiel de la psychologie pour comprendre les formes de détresse et les perceptions de la déficience. L’acquisition d’une déficience, mais aussi tout traumatisme vécu dans une situation de crise sans pour autant donner lieu à une incapacité immédiate, sont des facteurs de détresse psychologique, elle-même élément déterminant de la vulnérabilité personnelle. Cette détresse peut déboucher sur une dégradation durable de la santé mentale et une incapacité permanente. Compte tenu du risque accru de manifestations de détresse psychologique dans les situations d’urgence, les actions de santé mentale et de soutien psychosocial dans ces contextes sont également apparues comme un axe de travail pour Handicap International. Elles correspondent pleinement aux objectifs dessinés dans notre stratégie pluriannuelle, en matière de protection et d’appui aux plus vulnérables. En effet, des mesures d’écoute et de premiers secours psychologiques développées dès la phase d’urgence sont déterminantes dans la limitation des effets de la détresse psychologique et dans la reconstruction individuelle et collective, et, à terme, favorisent les processus de résilience personnelle et communautaire. Le contexte d’urgence autant que le caractère délicat de telles actions imposent de s’appuyer sur des ressources permettant d’éviter les écueils majeurs d’une démarche mal maîtrisée, afin surtout d’éviter de potentiels effets indésirables qui pourraient aggraver la situation des personnes. Ce guide a pour objet de répondre à cette nécessité et de préserver au sein de nos équipes et de nos actions l’audace nécessaire pour répondre à des situations déroutantes. Nathalie HERLEMONT ZORITCHAK Responsable du Service Analyses et Positionnement Avant-propos 7 Sud-Soudan, 2012 Principes et repères L’impact des situations d’urgence sur la santé mentale des populations 10 Les principes des interventions de santé mentale et / ou de soutien psychosocial 12 A. B. C. D. 12 13 13 14 Ne pas nuire Le respect des droits des personnes « Empowerment » La participation de populations locales affectées Les approches en santé mentale et / ou soutien psychosocial 14 A. Approche pyramidale des services Les services de besoins de base et de sécurité Les services non spécialisés Les services spécialisés B. Approche « Twin-Track » Approche centrée sur les personnes Approche Plaidoyer pour l’inclusion 14 Place de la santé mentale et du soutien psychosocial dans le système des clusters 18 Interventions de santé mentale et / ou de soutien psychosocial et les trois phases de l’urgence 21 9 16 En matière de santé mentale et de soutien psychosocial, Handicap International a une expérience de terrain depuis les années 90, aussi bien en contextes d’urgence que de post-urgence et de développement 2. Bien que la mission initiale de Handicap International relève de la prévention et des soins de troubles mentaux incapacitants liés à la guerre et aux génocides (traumatismes, dépression, anxiété, psychoses, retard mental), l’action a ensuite été élargie à la prise en compte de souffrances psychiques liées à de nombreuses problématiques d’ordre sociopolitique (pauvreté, exclusion, précarité liées à l’exil, la migration, la guerre, les génocides). Aujourd’hui, Handicap International s’intéresse, de manière générale, à toute situation entraînant une détresse psychologique et / ou des troubles mentaux ou, comme le formule Jean FURTOS 3, toute situation qui entraîne une diminution « des capacités de vivre avec soi-même et avec autrui ». 10 Dans cette perspective, une santé mentale suffisamment bonne peut être définie comme suit : « La capacité de vivre avec soi-même et avec autrui, dans la recherche du plaisir, du bonheur et du sens de la vie, dans un environnement donné mais non immuable, transformable par l’activité des hommes et des groupes humains, sans destructivité mais non sans révolte, soit la capacité de dire « non » à ce qui s’oppose aux besoins et au respect de la vie individuelle et collective, ce qui permet le « oui », ce qui implique la capacité de souffrir en restant vivant, connecté avec soi-même et avec autrui. » 4 L’impact des situations d’urgence sur la santé mentale des populations Les situations de crise, telles que les catastrophes naturelles et les conflits, provoquent des perturbations importantes sur l’ensemble d’une population affectée. Elles peuvent potentiellement générer des problèmes de santé mentale liés à différents types de pertes. D’abord, ces situations provoquent des pertes matérielles importantes, notamment au niveau des infrastructures routières et sanitaires, des bâtiments, de la nourriture, des sources d’énergies. On observe également des pertes économiques souvent colossales touchant tous les secteurs (primaires, secondaires et tertiaires). Les moyens de subsistance et l’emploi sont rarement épargnés par la crise. Le bilan de la perte humaine est souvent très lourd. Plusieurs individus perdent la vie ou sont portés disparus, certains se retrouvent blessés et gardent parfois des séquelles physiques invalidantes, d’autres sont séparés de leur entourage. Ces pertes ébranlent les ressorts de la vie en communauté et les ressources internes des familles et des personnes exposées. Ces mécanismes sont d’autant plus affaiblis quand les personnes présentent déjà des vulnérabilités avant l’événement en question (vulnérabilités liées à l’âge, au genre, aux incapacités et déficiences, à la situation socioéconomique, etc.). L’ensemble du tissu social peut être affecté et déstructuré, entraînant un état de souffrance inhabituel chez les individus qui le composent. Cela peut s’exprimer par une détresse psychologique ou, d’une manière plus invalidante, par des troubles mentaux. La détresse psychologique « est un état de mal-être qui n’est pas forcément révélateur d’une pathologie ou d’un trouble mental. Elle indique la présence de symptômes anxieux et dépressifs, peu intenses ou passagers, ne correspondant pas à des critères diagnostiques de troubles mentaux et qui peuvent être réactionnels à des situations éprouvantes (migration, exil, catastrophe naturelle pouvant entraîner une symptomatologie relevant du traumatisme psychologique) et à des difficultés existentielles. […] Si la détresse psychologique est temporaire et fait suite à un événement stressant, on la considère comme une réaction adaptative normale. En revanche, lorsqu’elle devient intense et perdure, elle peut constituer l’indicateur d’un trouble [mental]. » 5 Les troubles mentaux sont diagnostiqués à partir de manuels de référence (DSM IV – TR 6 – CIM 10 / 10 7). Ils renvoient à des critères ciblés qui sont de durées variables et qui peuvent être plus ou moins sévères et invalidants. Parmi les troubles mentaux, Handicap International s’intéresse aux troubles suivants, car ils sont lourds de conséquences en termes de mortalité, de morbidité et d’invalidité : les troubles psychotiques (schizophrénie, psychose maniacodépressive, délire chronique), les troubles dépressifs caractérisés (dépression, dysthymie), les troubles anxieux (syndromes traumatiques, phobies, trouble obsessionnel compulsif), les troubles de l’usage de substances psycho-actives (alcool, drogues et médicaments), les troubles de la personnalité (dont les personnalités antisociales), les troubles du développement liés à une maladie chromosomique ou génétique (syndrome de Down – trisomie 21, X fragile, syndrome de Prader-Willi, syndrome de Smith-Magenis, syndrome de Williams), les troubles envahissants du développement (troubles autistiques, syndrome de Rett, syndrome désintégratif de l’enfance, syndrome d’Asperger, trouble envahissant du développement non spécifié). Suite à une situation de crise à grande échelle, une action s’appuyant sur des interventions de santé mentale et / ou de soutien psychosocial (SMSP) est nécessaire pour accompagner les personnes sujettes à ces problèmes de santé mentale afin de prévenir leurs risques d’apparition, de les accompagner le cas échéant. Pour Handicap International, il ne s’agira pas de prendre en charge médicalement les personnes nécessitant une prise en charge médicamenteuse, mais de les orienter vers les services existants pré-identifiés. L’action menée doit être attentive aux besoins spécifiques des populations les plus vulnérables, notamment à celles qui sont en situation de handicap. Parmi ces populations, on retrouve ceux qui présentent des incapacités physiques, sensorielles, intellectuelles, ceux qui vivent avec des troubles mentaux et autres maladies invalidantes (cf. annexe) et aussi les personnes âgées, les enfants et les femmes. Les projets SMSP dans les contextes d’urgence et de post-crise n’ont pas pour objectif de « traiter » les causes des différents types d’incapacités, mais d’accompagner les individus vers un mieux-être. Ce guide est destiné à tout professionnel de Handicap International en responsabilité de développer, mettre en œuvre ou analyser des interventions SMSP en contextes d’urgence et de post-crise : chefs de projet et conseillers techniques en psychosocial / santé mentale / protection ; psychologues, ergothérapeutes et travailleurs sociaux ; anthropologues, sociologues, médecins de santé publique ou évaluateurs de projet. La mise en œuvre des activités proposées dans ce guide nécessite des connaissances préalables en termes de pratiques de relation d’aide et de soutien psychosocial. Ce guide seul ne suffit pas à assurer la qualité des interventions déployées sur le terrain. Un accompagnement par des supervisions techniques et cliniques garantira un dispositif efficace à la fois pour les populations bénéficiaires et pour les équipes qui le déploient. Principes . et repères . 11 Les principes des interventions de santé mentale et / ou de soutien psychosocial Les principes des interventions SMSP sont tirés des principes généraux d’intervention de Handicap International et en grande partie des directives du Comité Permanent Inter-organisations (CPI) 8 concernant la santé mentale et le soutien psychosocial dans les situations d’urgence. Ces principes forment le cadre de toute aide humanitaire. A Ne pas nuire 12 L’aide humanitaire est un moyen essentiel de secourir les personnes touchées par des crises. Mais l’aide peut aussi s’avérer involontairement nuisible 9. L’intervention SMSP peut éventuellement causer un préjudice, car elle s’occupe de questions très délicates qui touchent à l’intimité de la communauté et des gens qui la composent, leurs cultures et habitudes de vie, leur conception de la place de l’homme dans la société, leurs politiques. Le principe de ne pas porter préjudice peut être mis en œuvre à plusieurs niveaux : 1. Le premier niveau se situe autour de la construction de la logique d’intervention. L’analyse des déterminants socioculturels de la zone touchée par la crise donne des indications sur les modalités d’intervention possibles, car elle apporte des éclaircissements nécessaires autour des concepts d’homme, de femme, de famille et de communauté. Les activités qui sont mises en place doivent être respectueuses de ces déterminants. 2.Le second niveau se situe autour de la programmation et du suivi du projet. Les potentiels impacts négatifs et positifs d’une activité doivent être anticipés avant la mise en œuvre de celle-ci. Les aléas qui pourraient survenir au cours du projet doivent également être envisagés. Ces projections peuvent aider à réduire le préjudice des actions. Par ailleurs, les outils de suivi, d’évaluation externes et internes et de supervision sont des éléments essentiels dans cette perspective de « ne pas nuire ». Ils permettent aux acteurs d’avoir des faits objectifs et de porter un regard critique sur leurs actions et de l’affiner. 3.Les politiques internes des ressources humaines sur la protection de l’enfance, la prévention de l’exploitation et de l’abus sexuel, ainsi que la politique genre, constituent également des éléments indispensables pour optimiser une action non préjudiciable. L’ensemble des acteurs de Handicap International doivent être sensibilisés aux politiques de l’organisation. Un code de conduite doit être élaboré et signé par l’ensemble de l’équipe. Il doit également être affiché sur les lieux de travail de l’organisation. Les politiques de l’organisation ainsi que le code de conduite doivent également être connus par les bénéficiaires et les partenaires. Pour les contextes où les risques de violences sexuelles sont présents, il faut penser à mettre en place un mécanisme de signalement anonyme accessible aux membres de l’équipe, mais surtout aux bénéficiaires. 4.Enfin, le dernier niveau est celui de la coordination et du partage d’expériences entre les acteurs de l’organisation et les acteurs externes, qui permettent une meilleure orchestration des actions. B Le respect des droits des personnes Handicap International promeut les droits des personnes et le traitement équitable de tous les individus qui courent un risque de violation de leurs droits. Les conventions internationales 10 constituent des éléments de référence pour nos interventions. Dans les contextes de crise, les droits des personnes avec des incapacités psychosociales et / ou des troubles psychopathologiques ne sont pas suffisamment pris en compte. Les projets SMSP cherchent à promouvoir les droits des personnes avec des incapacités psychiques et leur intégration dans la communauté. Certains articles de la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées (CRPD) rappellent : Le droit à un niveau de vie adéquat ainsi qu’à une protection sociale (article 28), des services de santé de qualité et accessibles (article 25), Le droit à la liberté et la sécurité (articles 12 et 14), Le droit de ne pas être soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (articles 15 et 16), Le droit à être incluses dans la société et être autonomes (article 19). Les actions mises en place doivent être impartiales, ceci quels que soient le sexe, l’âge, l’appartenance linguistique, ethnique, religieuse et le lieu de résidence des intéressés, en fonction des besoins recensés. Du fait de la grande vulnérabilité des personnes vivant avec des incapacités psychosociales ou psychiques aux violences et abus, notamment sexuels, il est essentiel de s’assurer que tout projet SMSP développe préalablement à la mise en œuvre des activités les mécanismes proposés dans les politiques de protection de l’enfance et la politique de prévention contre les abus et l’exploitation sexuelle. Pour rappel, ces politiques ont pour objectifs de poser un cadre qui prévient et au pire limite l’occurrence de ces incidents de protection à travers : Des formations des équipes de Handicap International sur le contenu des politiques ; La mise en place d’un code de conduite élaboré et signé par l’ensemble de l’équipe, affiché sur les lieux de travail ; La mise en place des mécanismes de signalement anonymes accessibles aux bénéficiaires et aux membres de l’équipe ; La sensibilisation des bénéficiaires et des partenaires sur les mécanismes de protection existants. C « Empowerment » Ce troisième principe de l’intervention psychosociale dans l’urgence vise à rendre les personnes en détresse psychologique ou vivant avec un trouble mental autonomes, actrices de leur vie. C’est ce que nous appelons l’empowerment 11. C’est un processus complexe de réappropriation du pouvoir interne qui émerge à partir d’une relation à une ou plusieurs personnes. L’empowerment a plusieurs objectifs parmi lesquels : Permettre à une personne ou un groupe de renforcer son pouvoir créateur qui le motive à accomplir quelque chose et s’émanciper dans son environnement social, Permettre à une personne ou un groupe d’analyser les contraintes de sa propre situation et de s’en libérer, d’influer sur son existence, d’agir et en changer le cours, Permettre de réaliser que l’on n’est pas seul, que l’on fait partie d’un groupe et qu’on peut changer sa situation en agissant et interagissant avec la communauté. Principes . et repères . 13 D La participation des populations locales affectées 14 La participation des populations affectées dans la réponse humanitaire fait partie du processus d’empowerment décrit précédemment. Elle constitue un des garants de la réussite d’un projet. Elle permet d’améliorer la pertinence, l’impact, la flexibilité, l’adaptation à l’environnement local et la durabilité des projets. La participation offre à la population la possibilité de garder ou de reprendre le contrôle des décisions qui la concernent et de se sentir partie prenante des interventions. Dans la plupart des situations d’urgence, un pourcentage non négligeable de la population est suffisamment résiliant pour être en mesure de participer aux efforts déployés dans la phase d’urgence, de post-urgence et de reconstruction. La participation doit être représentative de l’ensemble de la population sur la zone en crise (réfugiés, personnes déplacées, population hôte, autorités, professionnels et parties prenantes…) en respectant le genre, l’âge, le handicap. Elle est constituée de plusieurs groupes qui, par ailleurs, peuvent entrer en concurrence. Bon nombre de dispositifs SMSP sont mis en œuvre par les communautés affectées elles-mêmes, et non par des acteurs extérieurs. Dès les toutes premières phases d’une situation d’urgence, la participation suppose : L’implication de la population locale, dans la plus grande mesure possible, au diagnostic des besoins, à la conception, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation finale de l’assistance, De rétablir des capacités locales, soutenir les capacités d’entraide et renforcer les ressources existantes, Là où c’est possible et approprié, de renforcer de façon simultanée les capacités du gouvernement et de la société civile. Les approches en santé mentale et / ou soutien psychosocial Dans la programmation et la mise en œuvre de ses activités SMSP, Handicap International s’appuie sur des approches opérationnelles reconnues et mises en cohérence. La détermination du niveau de besoins et des services à mettre en place ou à soutenir s’appuie sur une approche pyramidale. Le développement de l’activité est ensuite conçu suivant l’approche twin track, afin d’orienter l’intervention à la fois vers les besoins spécifiques de la personne, et l’amélioration de sa prise en compte dans son environnement global. Enfin, nos activités s’inscrivent dans un cadre global de coordination mis en place par la communauté internationale pour les situations d’urgence : le système des clusters. A Approche pyramidale des services Lors de l’organisation des interventions SMSP, l’analyse, la conception et la mise en œuvre des interventions doivent reposer sur un système à étage de services complémentaires, lesquels répondent aux besoins des différents groupes selon la phase d’urgence. Ce système peut être représenté par une pyramide des services. Par souci de clarté, la pyramide des interventions proposées par le CPI 12 a été adaptée et réduite à trois niveaux de services. Services spécialisés Services non spécialisés Services de besoins de base et de sécurité Les services de besoins de base et de sécurité Le bien-être de tous doit être sauvegardé par l’établissement ou le rétablissement de la sécurité, par une bonne gouvernance et des services permettant de faire face aux besoins physiologiques et matériels de base (alimentation, logement, eau, soins de santé de base, contrôle des maladies transmissibles). Généralement, dans la plupart des crises humanitaires, des spécialistes dans les différents domaines d’urgence fournissent les services de base. Une réponse SMSP aux besoins de services de base et de sécurité peut inclure de : Faire l’inventaire des services des besoins de base existants, Informer la population de l’existence des services de base, et comment y accéder, Diffuser des informations sur l’impact de ces services sur la santé mentale et le bien-être de la population, Sensibiliser sur le fait que ces services soient mis en place par des acteurs responsables, Influencer les acteurs humanitaires afin que ces services soient accessibles à tous et élaborés dans l’optique de promouvoir la santé mentale et le bien-être psychosocial. Ces services de base doivent être mis en place d’une façon participative, sûre et socialement appropriée qui respecte la dignité de la population locale, renforce les dispositifs de soutien social locaux et mobilise les réseaux. Les services non spécialisés La plupart des situations d’urgence entraînent des bouleversements dans les familles et les réseaux communautaires en raison d’une modification de l’intégrité individuelle, de la structure familiale, sociale et environnementale, à travers des décès, des déplacements, des blessures invalidantes, des séparations familiales ou l’apparition de peurs et de méfiance au sein des communautés. La population affectée pourrait alors bénéficier d’un renforcement des réseaux communautaires. Les réponses utiles à ce niveau d’intervention incluent la recherche et la réunification des familles, des cérémonies collectives de deuil, des cérémonies communautaires de conciliation, la diffusion d’informations sur les stratégies d’ajustement, des programmes consacrés au rôle des parents, un accès renforcé à une éducation non formelle et formelle protectrice et adaptée, et la mobilisation de dispositifs de soutien social et communautaire. À ce niveau, les groupes de personnes les plus affectées par la situation peuvent également être accompagnés grâce à des activités spécifiques (médiation familiale, groupes de discussion, premiers secours psychologiques, espaces sûrs…) mises en œuvre par des personnes qualifiées (médecins, psychologues, travailleurs sociaux diplômés) et supervisées. Les victimes de violence liée au genre peuvent par exemple avoir besoin d’être soutenues par des travailleurs communautaires à la fois d’un point de vue moral et d’un point de vue matériel pour assurer leur subsistance. Quant aux personnes amputées, elles peuvent bénéficier d’un groupe de soutien psychologique pour appréhender leur nouvelle situation. Ce « stade » comprend également les premiers secours psychologiques et les soins de santé mentale de base administrés par des agents de santé primaire et des travailleurs sociaux. Les services spécialisés Au sommet de la pyramide se trouve le soutien supplémentaire à apporter à la population générale dont la pathologie, en dépit des dispositifs de soutien Principes . et repères . 15 16 mentionnés précédemment, empêche les personnes d’être en lien avec elles-mêmes et avec autrui. Cette assistance comporte un soutien psychologique ou psychiatrique pour les personnes souffrant de troubles mentaux graves, diagnostiqués par des spécialistes, lorsque les services existants de soins de santé primaire ne sont pas en mesure de répondre à leurs besoins. Ces problèmes exigent soit une orientation vers des services spécialisés, soit la mise en place d’une formation et d’une supervision des agents de soins de santé primaire ou de santé générale. Les services spécialisés ne s’imposent que pour un faible pourcentage de la population, mais dans la plupart des situations d’urgence de grande ampleur, ce groupe représente des milliers de personnes. Il arrive que dans certaines situations d’urgence, ces services spécialisés ne soient pas en capacité de répondre à l’ensemble des besoins. Par exemple en Haïti, suite au tremblement de terre de janvier 2010, le nombre de psychiatres et psychologues nationaux était insuffisant pour contenir la demande des personnes en détresse, d’autant plus que les hôpitaux psychiatriques s’étaient effondrés au moment de la catastrophe. Dans d’autres pays, les services spécialisés ne sont pas du tout présents. Dans les situations d’urgence, il s’agira d’abord de répertorier les services spécialisés existants (psychiatrie, soutien psychothérapeutique…) pour comprendre les besoins sur le terrain et décider des activités à mettre en place. B Approche « Twin-Track » Handicap International promeut l’approche « twin-track » pour assurer l’égalité des droits et des opportunités pour les personnes les plus vulnérables. Selon cette « double approche », les actions sont orientées d’une part directement vers les personnes les plus vulnérables, et en particulier les personnes handicapées, et d’autre part vers les autres acteurs de la réponse pour qu’ils deviennent attentifs et donc inclusifs aux besoins des populations les plus vulnérables. Approche Twin-Track Supporter des initiatives spécifiques afin de renforcer l’empowerment des personnes les plus vulnérables Prendre en compte les inégalités entre les personnes les plus vulnérables et la population générale dans tous les champs d’intervention Égalité des droits et des opportunités pour les personnes les plus vulnérables Approche centrée sur les personnes L’action directe vers les personnes affectées a pour but d’accompagner les personnes en grande souffrance psychologique, surtout quand un pronostic vital est engagé. En ce qui concerne les personnes handicapées en particulier, elles ne sont pas toujours incluses par les acteurs de l’action humanitaire dans leurs projets de SMSP, car l’intervention demande une adaptation des moyens. Les personnes vivant avec des incapacités intellectuelles ou sensorielles communiquant autrement, leur souffrance psychologique s’exprime différemment. Il importe de mettre en place des activités SMSP adaptées aux besoins de ces personnes. Ces personnes particulièrement vulnérables sont souvent dans une relative situation d’exclusion, y compris au cours d’une phase de réponse d’urgence. Elles sont souvent « invisibles » aux yeux des répondants, peuvent souffrir d’une mobilité limitée, d’un accès insuffisant à l’information, etc. Les actions de Handicap International, en direction « de tous », doivent prendre en compte les besoins spécifiques des personnes exclues, que ce soit au niveau de la conception ou au niveau du suivi des différents projets, notamment ceux relatifs à la restauration de l’accès aux besoins de base, à la santé en général, à la santé mentale, au support psychosocial et à la protection. Approche Plaidoyer pour l’inclusion Pour tenir compte des besoins spécifiques de ces personnes exclues, il est primordial d’inclure des questions qui portent sur les besoins des individus vulnérables dans les diverses évaluations faites par d’autres acteurs. Pour cela, il est très important de plaider auprès des acteurs clés, de les sensibiliser sur l’importance de l’intégration des problématiques touchant les personnes vulnérables et exclues dans leur stratégie d’intervention. Dans les réunions de coordination inter-acteurs, Handicap International peut par exemple inciter les intervenants à ajouter certaines questions dans leurs formulaires d’évaluation ou inclure des personnes handicapées dans leur équipe d’intervention. Quelques exemples de questions : Y a-t-il des personnes en situation de vulnérabilité dans les sites ? Combien sont-elles ? Sont-elles accompagnées ? Ont-elles un aidant ? Ont-elles le matériel nécessaire pour pouvoir se déplacer et avoir accès aux divers services ? Y a-t-il un dispositif prévu pour enregistrer ces personnes et leurs besoins particuliers ? Y a-t-il des équipes mobiles proposant un support psychosocial pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer ? Existe-t-il des mécanismes d’évaluation des besoins des personnes en situation de vulnérabilité conduits par des volontaires ? Y-a-t-il des services spécifiques offerts à certains groupes vulnérables ? Si oui, quelle est la population cible ? Quels sont les besoins exprimés par les différents groupes vulnérables ? La collecte de ces données offre des informations précises sur la situation des personnes vulnérables. Elle permet ainsi d’élaborer des recommandations et des suggestions pour l’inclusion de ces personnes dans la stratégie d’intervention auprès des acteurs externes ainsi que ceux de Handicap International. Ces recommandations doivent être accompagnées de formations pour transmettre aux professionnels les diverses techniques d’accompagnement des personnes handicapées. Cela permet de réduire les peurs ou les appréhensions des uns et des autres quant à la prise en charge de ces personnes. Les sessions de formation les plus réussies sont souvent celles qui combinent des parties théoriques et pratiques. Les intervenants ont fréquemment besoin de se sentir « armés » et d’avoir des outils pratiques en fin de session pour les appliquer sur le terrain. Principes . et repères . 17 Les questions les plus récurrentes sont les suivantes : « Comment rend-on une activité inclusive ? Quels sont les aménagements nécessaires à mettre en place ? Comment accompagnons-nous des personnes handicapées ? Âgées ? Comment s’entretenir avec un enfant ayant une incapacité intellectuelle… ? ». Or, vu la complexité des situations d’urgence et dans le souci d’assurer un bon transfert de compétences et un accompagnement sur le terrain de qualité entre les acteurs de Handicap International et les acteurs externes, il semble important de désigner un point focal dans chaque organisation. Cela facilite la coordination et la mise en place de recommandations. 18 Place de la santé mentale et du soutien psychosocial dans le système des clusters Le système des clusters, ou système de responsabilité sectorielle, est introduit en 2005 par les Nations Unies. Il a pour objectif de renforcer la prévisibilité de la réponse humanitaire en introduisant un système destiné à organiser la coordination sectorielle et intersectorielle entre les différents acteurs. Les clusters fournissent un cadre permettant en principe aux acteurs engagés dans des réponses sectorielles de : Répondre conjointement aux besoins qui ont été identifiés en commun, Développer des plans de réponse stratégiques avec des objectifs partagés, Coordonner plus efficacement les réponses entre les acteurs, Partager les informations et les bonnes pratiques au niveau national et au niveau régional, Renforcer les capacités des acteurs. Le système des clusters a été mis en place à un niveau global (« clusters globaux ») et est décliné sur le terrain suivant le même modèle. L’ensemble du système est placé sous l’autorité du Coordinateur Humanitaire général, sur mandat du CPI, et piloté par OCHA. Les groupes sectoriels sont formés d’organisations humanitaires et d’autres parties prenantes dont les organisations des Nations Unies, les organisations non gouvernementales et sur le terrain les représentants des autorités locales ainsi que les organisations de la société civile. Il y a 11 clusters 13 au total intervenant dans des domaines différents, avec des mandats très spécifiques approuvés par le Comité Permanent Inter-organisations (CPI). Sur le terrain, chaque cluster est dirigé par un chef de file désigné : une organisation des Nations Unies avec dans certains cas l’appui d’une organisation non gouvernementale. Il arrive également qu’un co-pilotage des clusters soit organisé entre une agence des Nations Unies et les autorités locales. L’ensemble des clusters est dirigé par un Coordinateur Humanitaire (CH) responsable de la coordination inter-clusters et de la prise en compte des thématiques transversales (genre, âge, VIH / Sida, handicap…). L’ensemble des clusters n’est toutefois pas systématiquement activé sur le terrain, en fonction de la crise considérée. La mise en œuvre et le fonctionnement du système restent également variables, d’un pays à l’autre, et très dépendantes de la personnalité et de l’autorité du Coordinateur Humanitaire. Par ailleurs, on observe fréquemment la mise en place de groupes de travail sur des thématiques spécifiques et transversales aux clusters existants (le groupe de référence SMSP en est un exemple). Ces groupes de travail, également portés par le CPI, viennent en appui aux autres clusters tels que : Éducation, Eau hygiène et Assainissement, Abri, etc. pour les accompagner dans l’adaptation de leur stratégie d’intervention. En Haïti par exemple, un groupe de travail a pu partager avec les clusters Santé mais aussi Eau Hygiène et Assainissement sa compréhension de la perception des Haïtiens vis-à-vis du choléra, et adapter en conséquence la stratégie de lutte contre l’épidémie. En Haïti également, suite au tremblement de terre de janvier 2010, Handicap International, CBM et le gouvernement haïtien ont créé un sous-groupe au sein du cluster santé, s’intéressant spécifiquement à la prise en charge des blessés. Au Pakistan, dans le cadre de la gestion des inondations de 2011, Handicap International et HelpAge ont créé une task force sur l’âge et le handicap rattachée au cluster Protection, afin de favoriser une meilleure prise en compte des besoins spécifiques liés à l’âge et au handicap dans la réponse des acteurs humanitaires. Principes . et repères . 19 Coordinateur humanitaire – OCHA Télécommunication – PAM Domaine de service commun Logistique – PAM Relèvement précoce – PNUD Violences liées au genre Protection – UNHCR Protection de l'enfance Le schéma ci-dessus représente l’organisation globale du système des clusters et les chefs de file respectifs. Coordination et gestion des camps – UNHRC (conflit)/OIM (catastrophe) Éducation UNICEF/Save The Children Domaine interdisciplinaire Sécurité alimentaire – PAM/FAO Abris d'urgence – UNHCR/CICR Eau et assainissement – UNICEF Santé – OMS Nutrition – UNICEF Domaine technique Groupe de référence SMSP Positionnement de Handicap International lié au système des clusters 20 Le système des clusters présente à la fois des avantages et des inconvénients pour une organisation telle que Handicap International. Il permet en effet de rassembler les acteurs de l’aide, et offre ainsi une voie aisée pour le partage de l’information et la sensibilisation. Cependant, la sectorisation de l’aide induit aussi des effets pervers, les enjeux liés aux plus vulnérables devant en général être portés dans tous les clusters, ce qui induit une démarche chronophage. Par ailleurs, la constitution de sous-groupes ou sous-clusters a tendance à enfermer la problématique considérée dans le cadre d’un seul cluster, suivant le point de rattachement du sous-groupe, ce qui par la suite ne facilite pas toujours l’implication des autres clusters, ces derniers considérant la thématique comme couverte. Néanmoins, sans renoncer à son analyse critique du système, Handicap International a choisi d’y participer, considérant que l’objectif d’inclusion des publics vulnérables dans l’aide humanitaire imposait de contribuer au mécanisme de coordination mis en place. Ainsi, dans tous les pays où Handicap International intervient, l’équipe programme est tenue de connaître les modalités de coordination mises en place, afin de sélectionner les clusters dans lesquels une implication apparaît prioritaire en fonction des projets portés par l’organisation. Eu égard aux activités de support psychosocial, l’organisation cible particulièrement les clusters Protection et Santé ainsi que les groupes de travail Protection de l’enfance et SMSP. Il s’agit spécifiquement de : Participer aux réunions, Partager les informations sur le programme, Contribuer à la base de données « qui fait quoi et où », Contribuer à l’évaluation des besoins, à la planification et à la mise en œuvre de la réponse, Assurer le suivi de la mise en œuvre, Partager les bonnes pratiques avec les autres acteurs et promouvoir les guides de référence SMSP, Sensibiliser les autres acteurs locaux et internationaux pour rendre leurs interventions accessibles aux besoins des personnes handicapées, Proposer des formations si nécessaire sur la question du handicap et de l’adaptation des interventions aux besoins spécifiques des populations, Faire remonter les besoins ressentis / inquiétudes qui viennent du terrain. Interventions de santé mentale et / ou de soutien psychosocial et les trois phases de l’urgence L’intervention en urgence, pour en décrire les ressorts et les spécificités, a souvent été modélisée en fonction de moments chronologiques. Suivant cette conception chronologique, dans la phase d’urgence aiguë, l’action se fait selon une logique de réponse directe aux besoins essentiels, dont la couverture est mise en danger par la crise, et au cours de laquelle la population sera, de fait, peu participante. En effet, si le déploiement d’une réponse de première intention permet la consultation des populations affectées, elle ne repose pas, le plus souvent, sur des modèles participatifs élaborés, en raison notamment d’une exigence de rapidité. Cette phase est censée progressivement évoluer vers la phase dite de post-urgence qui verra une consultation plus accentuée de la population et une meilleure précision dans la réponse aux besoins (refined response). Celle-ci va à son tour progresser vers une phase de réhabilitation ou encore recouvrement / relèvement précoce, phase qui comprendra l’installation progressive de stratégies participatives et de partenariats, avec une implication de plus en plus prégnante des populations dans la conception, la mise en place et l’évaluation de l’action humanitaire. Dans cette phase, l’accent est mis sur l’appui aux initiatives spontanées de restauration des capacités, en préparant, lorsqu’un environnement stable le permet, une dynamique susceptible de faire passer les acteurs internationaux d’acteurs directs à acteurs indirects de l’action humanitaire, en devenant notamment partenaires d’acteurs locaux qui sont en soutien direct des populations affectées par la crise. Cette notion du continuum entre ces trois phases, même si aisément compréhensible, reste toutefois peu opératoire dans les faits. On lui préfèrera celle de contiguum, qui reflète mieux la réalité. En effet, se côtoient souvent programmes de développement (dans les zones ou secteurs humanitaires stabilisés, où l’autorité et les opportunités / capacités locales et nationales se restaurent), et aide d’urgence (dans les zones ou secteurs dans lesquels elle est encore nécessaire ou le redevient), avec encore des zones ou secteurs en transition (alliant vulnérabilité et volatilité avec quelques éléments plus optimistes de restauration de l’état antérieur). La notion de contiguum renvoie également au fait que dans un contexte donné, il n’y a pas toujours succession d’une phase à l’autre mais il peut y avoir des aller-retour, par exemple de l’urgence aiguë au post-urgence, puis du post-urgence à l’urgence aiguë. Le schéma de la page suivante résume les caractéristiques spécifiques de ces « phases d’urgence » ainsi que des précisions concernant les populations cibles et les principes de réponse. Principes . et repères . 21 Phases Caractéristiques Sauver les vies Couvrir les besoins physiologiques et sécuritaires Assurer une couverture holistique des besoins fondamentaux des personnes et familles Empêcher l’apparition / l’aggravation immédiate Prendre en charge les besoins spécifiques liés à la crise Urgence aiguë 1er mois Post-urgence 2 à 6 mois Permettre l’autonomie des personnes, familles, communautés Restaurer les capacités des communautés Relèvement précoce + 6 mois (Passage au développement) Couverture des besoins fondamentaux et spécifiques Implication des bénéficiaires et acteurs Actions directes 22 Population ciblée 1er mois 2 à 6 mois Zones et communautés affectées de manière plus ciblée, selon activités Zones et communautés affectées Populations affectées en général, incluant les personnes vulnérables Foyers & individus vulnérables affectés (accès aux besoins de base & besoins spécifiques) Déploiement d’une réponse en 1re intention (basée sur l’expérience) Principes de réponse + 6 mois Recherche de l'efficacité directe Diagnostic de situation en parallèle Consultation a minima des bénéficiaires et acteurs locaux Affinage des actions en fonction du diagnostic initial Foyers & individus vulnérables affectés (accès aux besoins de base & besoins spécifiques) de manière plus ciblée, selon activités Associations locales, société civile, acteurs gouvernementaux Implication des populations affectées et acteurs locaux Notion de pérennité ou de stratégie de sortie Flexibilité / évolutivité Couverture holistique des besoins Préparation des éléments nécessaires pour le passage au développement Prise en compte de l'avis / la perception des populations affectées Mise en place de la préparation et de la réduction des risques de désastre Principes . et repères . 23 Haïti, 242010 Guide pratique ÉVALUER 26 A. Population cible B. Principes d’une évaluation C. Spécificités des évaluations menées auprès des personnes handicapées D. Types d’informations à recueillir et de méthodologies 26 27 27 29 Dessiner – Définir l’intervention 30 Suivre et évaluer 35 Recruter et former 36 Soutenir et superviser 36 25 Évaluer Une intervention psychosociale peut rapidement se mettre en place après les premières heures d’une urgence, par exemple à travers des actions d’écoute et de premiers secours psychologiques (cf. fiches pratiques). Ces actions sont relativement simples, elles ne nécessitent pas une technicité poussée mais une sensibilisation aux principes d’accompagnement et à leurs pratiques. Les services de soins médicauxpsychologiques doivent être repérés par les intervenants de Handicap International afin d’orienter les personnes en grande souffrance psychologique qui ont besoin d’un accompagnement psychiatrique. Pour cela, les intervenants doivent être capables d’identifier certaines manifestations psychologiques (désorientation, dissociation, décompensation, idées suicidaires…) chez ces personnes qui nécessitent un référencement vers des structures spécialisées. Parallèlement, pour dessiner un modèle d’interventions SMSP, un diagnostic de situation du contexte local et une étude des ressources et besoins liés au psychosocial doivent être menés. 26 L’évaluation doit donner un niveau d’information suffisant concernant l’état de la population en termes de santé mentale et de besoins en soutien psychosocial pour pouvoir mettre en place une stratégie d’interventions adaptée à ceux-ci mais aussi en fonction des ressources intrinsèques spécifiques et variables des populations, et à la culture locale. À noter également que la réponse aux besoins doit tenir compte de l’âge et du genre des personnes affectées, ainsi que les rapports familiaux, sociaux et ethniques. A Population cible Handicap International soutient en priorité les populations les plus vulnérables et isolées n’ayant pas suffisamment d’appui ou de support. La vulnérabilité est un concept dynamique qui dépend de l’interaction des facteurs personnels des individus et des éléments de leur environnement. Les personnes handicapées sont très souvent vulnérables dans les situations de crise, une attention particulière leur est donc accordée. Parmi les populations vulnérables, nous retrouvons les personnes handicapées, blessées et déplacées, les personnes âgées, les enfants non accompagnés et les personnes souffrant de maladies chroniques dont les personnes avec des troubles mentaux, qui pourraient ne pas chercher l’aide dont elles ont besoin à cause de leur particularité physique ou psychique et de la déstructuration de l’environnement. Ces perturbations physiques, sociales et environnementales déstabilisent les personnes dépendantes et peuvent être sources d’angoisse. Une personne souffrant de trouble mental peut présenter une augmentation des manifestations de détresse parce qu’elle n’a plus accès à ses médicaments ; une personne aveugle peut se sentir démunie et vulnérable parce qu’elle ne reconnaît plus son environnement habituel. Par ailleurs, les pairs-aidants ne devraient pas être oubliés parmi la population cible. Ce sont des personnes ressources dans la vie des individus vulnérables et elles représentent des leviers d’intervention vis-à-vis d’eux. Leur engagement et leurs responsabilités peuvent les entraîner parfois vers un épuisement personnel qui se manifeste quelquefois par une irritabilité, une négligence, un désintérêt et une maltraitance envers soi ou envers les autres. Il est donc important de mettre en place des dispositifs de soutien pour ces personnes, que ces dispositifs soient institutionnalisés via des groupes d’entraide, des séances de supervisions, ou non. Les données recueillies seront à rapprocher de la pyramide d’intervention (mentionnée dans la partie Principes et repères) : services de besoins de base, services non spécialisés, services spécialisés. B Principes d’une évaluation Voici quelques principes de base pour mener un diagnostic de situation dans les contextes d’urgence : 1. Les évaluations doivent se faire dans un processus participatif et concerté incluant si possible le gouvernement, les organisations non gouvernementales (locales et internationales), les organisations communautaires et religieuses. La participation se fait de manière volontaire. Il est également important de demander aux participants d’indiquer ce qu’ils pensent des résultats et du processus d’évaluation. 2.La population affectée doit être associée à la définition du bien-être et de la détresse, et de manière générale à toutes les différentes typologies qui structurent l’évaluation (typologies du handicap, de la vulnérabilité, des troubles mentaux, des services formels et informels, des liens de solidarité, etc.). 3.L’évaluation doit porter sur plusieurs groupes de la population affectée, ce qui inclut par exemple la désagrégation des données par types d’incapacités ou encore l’adaptation des entretiens d’évaluation à chaque type d’incapacités (cf. partie C : Spécificités). 4.Si possible inclure des personnes ayant des besoins spécifiques dans l’équipe d’évaluation. 5.Dans un contexte de conflit, il est important d’identifier les parties liées au conflit et leurs dynamiques. Les évaluateurs doivent conserver une impartialité et une indépendance pour éviter les tensions sociales ou la mise en danger des membres de la communauté ou du personnel. Ils doivent aussi prendre conscience des divergences d’intérêts qui pourraient impacter l’évaluation. 6.Les méthodes d’évaluation doivent être sensibles aux différences culturelles et au contexte local pour éviter la stigmatisation. Elles doivent être également adaptées aux particularités de chaque population (âge, sexe, incapacités / besoins spécifiques). 7. Respecter les principes de la déontologie au moment de l’évaluation : a.Respecter la vie privée et l’intérêt des personnes interrogées, b.Éviter les questions indiscrètes non nécessaires au diagnostic. 8.Les équipes d’évaluation doivent avoir reçu une formation sur les principes de déontologie et doivent avoir les compétences pour mener des entretiens. 9.L’évaluation doit être suffisamment rapide pour que les réponses alimentent la planification des programmes d’urgence. C Spécificités des évaluations menées auprès des personnes handicapées Guide . pratique . 27 Le lecteur est invité à consulter le guide méthodologique « La pratique du témoignage : étayer nos démarches de dénonciation et d’influence » produit par Handicap International en 2012, et qui reprend les spécificités de la réalisation d’une interview auprès d’une personne handicapée ainsi que les règles de consentement. L’extrait ci-dessous donne un aperçu de ces spécificités, qui sont valables pour toutes les interventions directes menées auprès de personnes handicapées. « Les paragraphes suivants présentent des conseils orientés selon le type d’incapacité de la personne interviewée. Toutefois, ces conseils demeurent généraux et ne prétendent pas à l’exhaustivité : ils ne couvrent pas tous les types d’incapacité, et il existe de nombreux types et degrés d’incapacité. Il est important de s’adapter à chaque personne. Conduire un entretien avec une personne ayant une incapacité physique ou motrice Pour faciliter les conditions d’entretien, il est préférable que le lieu de la discussion soit facile d’accès (absence d’escaliers, seuils de portes mis à niveau et passages larges). Si la personne éprouve des difficultés à se déplacer, l’interviewer peut proposer son aide, et dans tous les cas, il doit essayer d’aménager un lieu d’entretien qui nécessite le minimum de déplacements. Si la personne évolue en fauteuil roulant, utilise un dispositif à roulettes ou tout autre mécanisme, il est important de l’aborder à sa hauteur : se baisser pour l’écouter, lui parler ou lui présenter des objets à portée du regard ou des mains. 28 Conduire un entretien avec une personne ayant une incapacité auditive ou une surdité Pour faciliter la compréhension des messages, l’interviewer doit veiller à parler simplement, sans lever la voix, dans un endroit bien éclairé et en faisant face à la personne. Il doit se placer à proximité de la personne pour maximiser la communication. Les phrases employées ne doivent pas être trop longues et les consignes simples. Des éléments écrits, visuels (images, photos, dessins) peuvent éventuellement être utilisés pour faciliter la communication et la prise de parole. Les gestes et l’expressivité aident également à la compréhension. Faire appel à un interprète en langage des signes lorsque cela s’avère nécessaire. Conduire un entretien avec une personne ayant une incapacité visuelle ou une cécité Les personnes présentant une incapacité visuelle ou une cécité peuvent avoir besoin de temps pour apprivoiser un nouvel environnement. En outre, découvrir un nouvel environnement ou de nouvelles personnes demande une concentration importante et peut générer de la fatigue. Pour faciliter la reconnaissance des personnes et de l’environnement au cours de l’entretien : Dans la mesure du possible, il est préférable d’organiser l’entretien dans un milieu familier pour la personne, L’interviewer doit signaler sa présence, rappeler son identité, Il doit également signaler ses mouvements (changement de place, sortie de la pièce…), Mettre les objets directement dans la main de la personne, Signaler les objets à proximité et que la personne risque de faire tomber ou qui risquent de gêner ses déplacements, Demander le consentement de la personne avant de faire quelque chose pour elle ou à sa place. Les personnes vivant avec une incapacité visuelle ou une cécité peuvent avoir besoin d’une tierce personne pour se déplacer, notamment en dehors des pièces fermées. Ne pas hésiter le cas échéant à demander à la personne comment elle souhaite être guidée pour ses déplacements (être positionnée derrière ou à côté, tenir le coude, l’épaule, etc.). Elle peut avoir l’habitude de se déplacer toujours avec le même guide et éventuellement avec d’autres personnes ayant besoin de ce guide (déplacement en groupe). Conduire un entretien avec une personne ayant une incapacité intellectuelle Les personnes vivant avec une incapacité intellectuelle peuvent rencontrer une ou plusieurs des difficultés suivantes : difficulté à communiquer ce qu’il s’est passé, à se remémorer l’ordre précis des événements, à nommer les gens, les endroits, les dates, difficulté à fournir un témoignage cohérent. Néanmoins, les personnes souffrant d’une incapacité intellectuelle doivent être considérées comme des témoins pertinents. Il est toutefois nécessaire de prendre des précautions particulières (de façon complémentaire aux dispositions générales évoquées précédemment [dans le document cité]). Conduire un entretien avec une personne présentant des incapacités psychiques Les incapacités psychiques n’impliquent pas une déficience intellectuelle. La majorité des personnes atteintes par ce type de troubles peuvent être « stabilisées » sur le plan médical (médicaments, thérapie), mais elles gardent parfois des séquelles psychologiques profondes qui peuvent être exacerbées à tout moment, et notamment au cours d’un entretien. L’interviewer doit être attentif au comportement et à tout changement d’humeur de la personne. Il ne doit pas insister sur un événement qui semble bouleverser la personne. Durant une crise, il est important d’aider la personne à se mettre hors de danger et de la confier à des personnes compétentes : médecin, psychiatre, psychologue. » 14 D Types d’informations à recueillir et de méthodologies L’évaluation doit fournir un nombre d’informations suffisant pour définir plus précisément la population cible à accompagner, puis mettre en place une approche appropriée en fonction des besoins ressentis, des ressources locales, de la culture, du contexte et des services présents. Il est vital d’arriver à constituer une base de données initiale relevant les principaux éléments chiffrés et constats de la situation lors des évaluations. Sans celle-ci, nous ne pourrons pas nous assurer des progrès réalisés, ni évaluer nos actions, ni même simplement rendre des comptes. Notons qu’il est utile et nécessaire de mettre à disposition les résultats de l’intervention. D’une part, cela permet d’éviter la multiplication des évaluations. D’autre part, cela aide les autres organisations à prendre en compte les besoins des populations vulnérables. On optimise ainsi le travail de coordination avec les autres intervenants sur le terrain, et on ne fatigue pas davantage les populations déjà affaiblies et en attente de soutien avec des questions répétitives sur leurs besoins. Le manuel de référence concernant l’évaluation des besoins et des ressources dans les champs de la santé mentale et du soutien psychosocial (Assessing mental health and psychosocial needs and resources: Toolkit for humanitarian settings) est accessible à partir du lien suivant (en anglais uniquement pour l’instant) : http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/7679 6/1/9789241548533_eng.pdf L’outil Who is Where, When, doing What (4Ws) in Mental Health and Psychosocial Support est également pertinent et est l’outil actuellement le plus utilisé par les groupes de travail SMSP au niveau national (en anglais uniquement pour l’instant) : http://www.who.int/mental_health/ publications/iasc_4ws.pdf D’autres outils d’évaluation en anglais sont disponibles sur le site de Mental Health and Psychosocial Support Network : http://mhpss.net/resources/assessmentmonitoring-evaluation-and-research Guide . pratique . 29 Dessiner – Définir l’intervention 30 Après avoir recueilli et hiérarchisé les besoins sur le terrain, les activités peuvent s’orienter soit vers une intervention de soutien psychosocial et de santé mentale directe, soit vers une intervention de soutien aux autres organisations non gouvernementales, locales ou internationales. Les activités de soutien à une autre organisation dépendent des besoins identifiés par les deux partenaires. Elles peuvent essentiellement porter sur un renforcement des capacités à travers un système de formation et d’accompagnement, et éventuellement un appui matériel financier ponctuel. Quand l’intervention est directement portée par Handicap International, les activités mises en place dépendront des besoins sur le terrain. L’intervention peut être faite dans une logique d’approche territoriale, partant du postulat que toutes les personnes d’une même zone ont souffert d’une détresse psychologique. Sinon, l’intervention peut se faire dans une logique sectorielle, les activités SMSP se greffant aux services médicaux, socio-économiques déjà existants, développés par Handicap International ou par d’autres ONG locales et internationales. Dans certaines situations, l’intervention peut comprendre les deux volets, dans une logique de complémentation et d’optimisation des actions déjà mises en œuvre. Cependant, comme abordé précédemment, dans le cas d’une intervention directe, il est nécessaire de penser à l’impact de l’intervention avant même la mise en place d’une activité. En effet, les personnes vulnérables sont souvent dépendantes et fragiles. La relation dissymétrique entre le « soignant » (qui a le pouvoir de soigner) et le « bénéficiaire » peut renforcer cette dépendance, jusqu’à aggraver l’état psychologique initial de la personne si la relation de dépendance venait à s’arrêter brutalement. En cela, le passage nécessaire du statut d’aidé à celui d’acteur est un pas essentiel dans l’affranchissement vis-à-vis de cette dépendance. Points de vigilance pour éviter la dépendance des personnes affectées Impliquer les « bénéficiaires » autant que possible dans l’élaboration, la mise en place et l’évaluation des activités de SMSP. Cela leur permettra de s’approprier le projet et d’en devenir les « acteurs », Donner des responsabilités de mise en œuvre et de suivi du projet à des personnes locales en capacité de le faire, Être clair avec les personnes concernées sur la durée potentielle du projet. Donner la date de fin si possible. Rappel des objectifs principaux de l’intervention de SMSP Promouvoir le bien-être des personnes vulnérables : • Proposer des activités de relaxation et de support psychologique, • Mettre en place des activités de médiation thérapeutique, • Favoriser le retour aux activités de la vie quotidienne (retour à l’école, retour au travail…) ; retrouver une routine de vie, • Éviter l’institutionnalisation des personnes avec des troubles mentaux en dehors des crises psychopathologiques sévères, • Proposer des activités pratiques aux personnes en détresse pour contrôler leur angoisse (exemple : expliquer aux personnes qui ont connu un cyclone comment faire pour protéger leurs proches, leurs biens, etc.). Informer les personnes vulnérables des différents services accessibles. S’assurer que les activités proposées sont accessibles et adaptées aux besoins : • Utiliser des moyens de communication accessibles aux personnes handicapées, • Trouver des solutions alternatives pour les personnes qui ne peuvent pas du tout se déplacer, • Mettre en place des activités adaptées aux différentes spécificités des populations affectées. Renforcer le lien communautaire : • Favoriser la mise en place d’activités accessibles aux personnes handicapées pour renforcer le lien social (exemple : espaces sûrs et inclusifs pour les enfants 15), • Favoriser l’inclusion des personnes vulnérables, en particulier les personnes handicapées (dont les personnes souffrant de troubles mentaux) dans la communauté. Le plus tôt possible, s’assurer de la participation et de l’implication des associations communautaires ainsi que des organisations de personnes handicapées dans la mise en place des activités pour assurer la pérennité de l’action. Niveaux Les activités psychosociales peuvent être également un lieu pour promouvoir les droits des personnes et sensibiliser les populations cibles sur différentes thématiques importantes (par exemple, la compréhension et la représentation sociale du handicap). Ci-dessous une liste exhaustive des activités à mettre potentiellement en place dans une situation d’urgence. Elles se rapportent aux différents niveaux de services et tiennent compte de la phase d’intervention. À noter qu’une fiche pratique est proposée dans la dernière partie de ce guide pour l’opérationnalisation de chaque activité. Par ailleurs, il est important de noter que toutes les activités peuvent ne pas être intégrées dans un projet. En effet, cela dépend du contexte, de la situation et des services existants. La déclinaison par phase reste une suggestion, la stratégie et les activités à mettre en place vont être tributaires de chaque situation. Activités 1er mois 2 – 6 mois + 6 mois (urgence (post-urgence) (relèvement aiguë) Services besoins de base et sécurité précoce) Sensibilisation et diffusion d’information Identification et accompagnement de la couverture des besoins de base Plaidoyer Kits protections et aménagements Services non spécialisés Médiations familiales Groupe de discussion Groupe de parole Groupe de guidance parentale Formation des personnes ressources Espaces sûrs Premiers secours psychologiques Référencement Services spécialisés Guide . pratique . Groupe d’entraide communautaire Réunion d’équipe pluridisciplinaire Supervision clinique Analyse de la pratique professionnelle Entretien individuel / familial Accompagnement social personnalisé 31 Par ailleurs, il existe deux activités transversales primordiales qui s’inscrivent à chaque niveau de l’intervention et aux diverses phases de l’urgence : le référencement (cf. fiche pratique) et l’approche Plaidoyer pour l’inclusion (cf. 1re partie). Activités transversales Phase 1 Phase 2 Phase 3 Référencement Plaidoyer pour l’inclusion Ce sont des activités clés. Il est important de prendre le temps de revoir les liens expliquant le déroulement de ces activités. Le tableau suivant explore la déclinaison possible des objectifs de chaque activité en fonction des différentes phases de l’urgence. 32 Services besoins de base et sécurité Niveaux Tableau récapitulatif des objectifs spécifiques associés aux activités en fonction des trois phases d’urgence et par typologie de services Activités Objectifs spécifiques Phase 1 Phase 2 Phase 3 Diffusion — Informer la population des d’informations IEC services disponibles (nourriture, et sensibilisation santé, abri, eau...). — Mettre en place des moyens pour favoriser le regroupement des familles. — Informer la population des services disponibles (nourriture, santé, abri, eau...). — Sensibiliser les populations sur les manifestations de détresse possibles suite à un événement traumatisant et les moyens de les gérer. — Sensibiliser la communauté sur les moyens de protection possible. — Améliorer durablement les conditions de protection et de sécurité par une conscientisation plus large des risques rencontrés par certaines personnes. — Renforcer l’inclusion des personnes vulnérables et isolées dans leur communauté. Identification des besoins de base — Mettre en place un système d’identification des besoins de base qui prend en compte le contexte, la culture et les spécificités des personnes vulnérables et isolées, en particulier les personnes handicapées. — Vérifier que les besoins de base des personnes les plus vulnérables et isolées sont couverts. Accompagnement de la couverture des besoins de base — Identifier les éléments importants de la culture à prendre en compte dans la distribution ou autres services disponibles. — Référer les personnes les plus vulnérables vers les points de distribution. — Accompagnement des acteurs pendant les distributions pour s’assurer que les personnes les plus vulnérables ont accès aux services. — Accompagner les acteurs des services des besoins de base sur le terrain et être attentif aux besoins spécifiques des individus. Les orienter vers d’autres services si besoin. — Être attentif au mauvais usage de l’aide apportée, au risque d’abus et de violence (par exemple, échange de la ration alimentaire contre un rapport sexuel). Niveaux Activités Objectifs spécifiques Phase 1 — Distribuer des kits de protection et sensibiliser la population à leur utilisation. Kits protections et Services besoins de base et sécurité aménagements Phase 3 — Proposer des aménagements pour réduire l’isolement et la vulnérabilité des individus. Documentation — S’informer sur les procédures et les moyens de récupérer des documents légaux perdus ou les documents nécessaires pour avoir accès à l’aide humanitaire. — Informer les personnes sur les moyens de protéger leurs biens. — Informer la population sur les moyens de récupérer des documents perdus. — Informer les gens sur les moyens de protéger les documents. Plaidoyer — Identifier les principales problématiques des personnes vulnérables et isolées. — Faire remonter les besoins les plus importants. — Faire remonter les besoins et les problèmes des personnes vulnérables dans les réunions de coordination et les clusters pour la prise en compte des besoins identifiés. — Plaider pour l’inclusion des personnes vulnérables dans les différents programmes. Premiers secours psychologiques — Écouter et orienter les personnes les plus affectées par la situation. — Accompagner les personnes en grande détresse psychologique. Formation des personnes ressources de la communauté Services non spécialisés Phase 2 Médiation familiale — Plaider auprès des acteurs l’inclusion des personnes vulnérables dans leur programme d’intervention, notamment pour les personnes handicapées. — Identifier les techniques et les thèmes les plus pertinents en fonction des besoins et des problématiques de la population. — Former les personnes ressources aux techniques identifiées. — Renforcer les capacités des personnes ressources et accompagnement sur le terrain. — Former des accompagnateurs à la technique de la médiation familiale. — Identifier des familles nécessitant un accompagnement. — Proposer des interventions de médiation familiale. — Renforcer les capacités des familles visant leur autonomisation. Guide . pratique . 33 Services spécialisés 34 Objectifs spécifiques Phase 1 Phase 2 Phase 3 Espaces sûrs — Identifier les personnes les plus exposées à des risques de violence. — Identifier un lieu sécurisé et accessible pouvant accueillir les personnes participant aux espaces sûrs. — Faciliter des focus groups avec les groupes cibles des espaces sûrs pour identifier les activités à mettre en place (exemple : activité à médiation thérapeutique, jeu, activités récréatives, micro-projet…). — Mettre en place des activités (achat du matériel, répartition des tâches et responsabilités). — Limiter les risques d’abus / de violence sur les personnes les plus vulnérables dans une période d’urgence. — Renforcer la socialisation dans un lieu sécurisé en proposant des activités culturellement adaptées. Accompagnement social personnalisé — Étude socioanthropologique restreinte indispensable à la mise en place des activités à partir de la phase 2. — Formation à l’accompagnement social dans la communauté (domicile, rue, centres spécialisés, importance de la pratique dite de « l’aller vers »). — Suivre et accompagner l’activité. Groupe à médiation thérapeutique — Permettre le renforcement des capacités de résilience. — Diminuer le niveau de détresse psychologique. — Contenir les affects négatifs. Psychothérapie — Renforcer l’autonomisation des personnes en grande détresse psychologique pour renforcer les capacités d’adaptation des individus. Analyse de la pratique (en groupe) — Développer une conscience critique de la situation, notamment prise dans son contexte (politique, économique, culturel). — Développer les capacités d’analyse entre pairs des différents styles professionnels (gestion des émotions, expression des sentiments, postures). — Acquérir des réflexes d’analyse de situation / cas permettant de se dégager de problématiques complexes et de les accompagner. — Développer des capacités d’animation et de compétences au repérage de la dynamique de groupe. Services non spécialisés Niveaux Activités Réunion d’équipe pluridisciplinaire — Développer les compétences des équipes soignantes. — Avoir une meilleure coordination au niveau du travail. Niveaux Services spécialisés Activités Objectifs spécifiques Phase 1 Phase 2 Phase 3 Entretien individuel et familial — Identifier les personnes les plus vulnérables qui nécessitent un accompagnement. — Comprendre les éléments de l’environnement d’une personne handicapée. — Identifier les principales problématiques. — Proposer un système d’accompagnement si nécessaire. Supervision clinique — Travailler les questionnements professionnels (posture, valeur, représentation, relation de pouvoir, contre-transfert, impuissance, agressivité, situation angoissante) que le soignant pourrait difficilement aborder sous le regard de ses pairs. — Permettre aux intervenants de s’interroger sur leurs attitudes, paroles, perceptions, émotions, actions et éthique de leur pratique afin de mieux définir leur style d’intervention. — Prévenir les risques d’épuisement professionnel. Suivre et évaluer Au cours de l’intervention, il est important de mettre en place un système de priorisation de l’accompagnement. En effet, certaines personnes peuvent être dans un état critique et ont besoin d’un référencement immédiat vers des services médicaux adaptés. Les cas les plus sensibles sont : Les personnes souffrant de psychoses et qui n’ont plus accès à leurs médicaments, Les personnes qui développent des troubles mentaux suite à l’événement, Les personnes qui ont des idées suicidaires avec un passage à l’acte probable, Les personnes violentes et agressives qui pourraient être violentes à l’égard d’elles-mêmes, Les personnes à risque de violence et d’abus à l’égard d’autrui. La situation de ces personnes s’améliore ou s’aggrave en fonction du fait qu’elles soient seules ou accompagnées, qu’elles soient ou non capables de se déplacer et d’avoir accès aux différents services. Une trace écrite détaillée des résultats du diagnostic initial, des principes d’intervention et des différentes actions qui ont été menées, doit être conservée tout au long de l’intervention. Cela permet d’avoir un meilleur suivi de l’accompagnement, surtout quand les intervenants changent régulièrement. En effet, dans certains contextes, des personnes peuvent être embauchées sur une courte période dépendamment des financements et des disponibilités. Un dispositif de suivi régulier permet également d’identifier les problèmes et les résultats en fonction des indicateurs posés. À la fin de l’accompagnement, le dossier qui a été constitué, ou un résumé des informations clés de ce dossier, peut être rendu au bénéficiaire, car il contient des informations personnelles qui lui appartiennent. Toutes ces informations sont confidentielles, elles ne sont partageables qu’entre les membres de l’équipe en contact avec les bénéficiaires et les bénéficiaires eux-mêmes. Dans les bureaux, les dossiers doivent être conservés dans un lieu sécurisé sous-clé. Par ailleurs, en milieu et fin de projet, il est nécessaire d’évaluer les activités afin de savoir si les objectifs définis ont été atteints et de mesurer l’éventuel effet – positif ou négatif – sur le moyen terme. L’évaluation doit être qualitative et quantitative pour être représentative du travail qui a été fait. Pour ce faire, des indicateurs de résultats et de mesures d’effets sont proposés dans les fiches pratiques de ce guide pour chaque activité. L’évaluation devra de plus permettre de confronter les observations du praticien sur le terrain à la perception des personnes qui reçoivent les services. Guide . pratique . 35 Recruter et former Soutenir et superviser Il est important que les personnes recrutées fassent partie de la communauté et plus encore des communautés affectées, notamment les personnes handicapées. Ceci permet d’avoir une compréhension plus intime des problèmes et défis auxquels elles sont confrontées et d’avoir un impact plus important sur les réseaux sociaux. La mobilisation communautaire et le renforcement du tissu social se feront plus naturellement. Il est intéressant d’avoir des volontaires dans les équipes qui veulent contribuer à la mise en place des activités. Ces derniers peuvent travailler par exemple sur la sensibilisation et l’inclusion des personnes handicapées dans la communauté, les écoles, les institutions... L’intervention psychosociale dans l’urgence expose les équipes à des situations complexes chargées en émotion. Les accompagnateurs peuvent être impactés par cette exposition répétitive constante au trauma et souffrir d’épuisement professionnel (burn-out). Certains signes sont révélateurs d’un surmenage tels que : Une asthénie (fatigue chronique), Une démotivation professionnelle, Une perte d’empathie à l’égard d’autrui, Une attitude négative vis-à-vis des bénéficiaires et / ou des collègues, Une impatience, irritabilité, culpabilisation, moralisation, cynisme, minimisation des difficultés vécues par les personnes, détachement, froideur et sécheresse émotionnelle. Une formation complémentaire est souvent nécessaire pour sensibiliser tous les intervenants à l’approche psychosociale et en particulier aux manifestations de détresse psychologique, aux principes de l’intervention dans un contexte d’urgence. Il faut également penser à recruter des personnes spécialistes en santé mentale et en psychosocial. En effet, dans ce champ d’intervention, il est indispensable d’accompagner / superviser les équipes de près et d’avoir le regard d’un spécialiste pour ne pas porter préjudice aux populations affectées. 36 Par ailleurs, il est intéressant de trouver des ressources locales qui puissent traduire les diverses formations, dans le respect de la langue et de la culture locale. Penser également à avoir des interprètes en langage des signes et les supports de formation traduits en braille si nécessaire. Quand ces manifestations se présentent, il est important de réagir, et par prévention, un espace de parole, d’échange, de divertissement est donc indispensable et nécessaire pour accompagner l’ensemble de l’équipe (expatriés et nationaux) en leur offrant un soutien psychologique. Guide . pratique . 37 Haïti, 2010 Fiches pratiques Sensibilisation et diffusion d’information 40 Identification et accompagnement de la couverture des besoins de base 42 Plaidoyer 44 Kits protections et aménagements 46 Médiations familiales 47 Groupe de discussion 49 Groupe de parole 50 Groupe de guidance parentale 52 Formation de personnes relais / ressources 53 Espace sûr 55 Premiers secours psychologiques 57 Le référencement 59 Groupe d’entraide communautaire 61 Réunion d’équipe pluridisciplinaire 63 Supervision clinique 64 Analyse de la pratique professionnelle 65 Entretien individuel et familial 67 Accompagnement social personnalisé 69 39 Nota Bene : Si ces fiches sont organisées sous formes d’objectifs et d’indicateurs, il s’agit bien de qualifier les activités elles-mêmes et pas le projet dans lequel elles peuvent s'inscrire. Sensibilisation et diffusion d’information Mesure d’effets Enquêtes : les personnes interrogées se sentent plus informées sur leurs droits et les services disponibles. Pourquoi ? Objectif principal Dans les contextes d’urgence, les activités de sensibilisation et de diffusion d’information ont pour objectif de transmettre des informations générales pour diminuer la vulnérabilité des populations. Objectifs spécifiques Fournir à la population affectée des informations sur la situation d’urgence : les droits juridiques, les droits des victimes, les lois ou autres informations spécifiques pour les personnes handicapées, les lois relatives à la santé publique, les droits fonciers en rapport avec la reconstruction et les méthodes positives d’adaptation. Suivre les informations publiées par les gouvernements, les autorités locales ou les acteurs humanitaires, en particulier les informations concernant les programmes de secours et de réponse humanitaire. Fournir des informations spécifiques sur les différents services existants. Informer la population des réactions de détresse potentielles pouvant surgir dans les situations de crise. Proposer des recommandations sur les activités qui peuvent réduire la détresse psychologique (premiers secours psychologiques par exemple). 40 Résultats attendus Les populations ont plus d’informations et de connaissances sur les services disponibles, et sur leurs droits. Les personnes en situation de détresse maîtrisent les méthodes d’adaptation positive. Indicateurs de résultats Nombre de messages diffusés. Nombre et type de différents supports utilisés (radio, dépliant, dessin, groupe de parole…). Pour qui ? La diffusion d’information, même si elle vise un public ciblé, est large et peut concerner tout le monde. L’intérêt est que l’information se propage. Comment ? Avant la mise en œuvre Analyser le contexte par une immersion dans la culture (étude socio-anthropologique). Cibler une population. Définir un thème. Déterminer les objectifs et moyens à mettre en place. Étudier et comprendre les représentations et croyances de la population ciblée (étude CAP). Disposer d’un budget adapté pour mener l’activité à son terme. Créer un chronogramme spécifique à l’activité de sensibilisation. Créer un message attractif, un slogan ainsi qu’une identité visuelle quant au matériel. Choisir un matériel simple et adapté diffusant les informations nécessaires (brochure, média, affiche, débats, théâtre…). Si la diffusion se fait par radio, penser à donner des radios aux personnes vulnérables qui n’ont pas accès à ce type de media. Par exemple : les personnes isolées qui ne peuvent pas se déplacer (cf. kits protections). S’il y a des messages clés déjà préexistants (promus par d’autres acteurs), s’assurer que les messages sont disséminés de manière accessible pour les personnes handicapées. La mise en œuvre S’assurer de l’existence de deux moyens de communication au minimum et que leur accessibilité est adaptée aux différents types d’incapacités, notamment auditives, visuelles et intellectuelles. S’il existe des formulaires à remplir pour accéder à certains services (par exemple : carte d’identité pour accéder à l’aide humanitaire, ou documents nécessaires pour prouver le statut de personne handicapée), penser à disséminer ces informations à travers par exemple le théâtre forum. Penser à aider les personnes qui en ont besoin à remplir ces formulaires. Créer un prototype. Tester son outil sur un échantillon de la population cible et faire passer un questionnaire d’évaluation / d’appréciation de l’outil. Réadapter les outils si nécessaire. Créer l’outil final. Évaluation finale de l’impact de la sensibilisation en fonction des objectifs. Outils de suivi Rapport d’activités. Documents de référence Handicap International (2009). Guide pratique : Réaliser une action de sensibilisation à la situation des personnes handicapées. http://www.hiproweb.org/fileadmin/ cdroms/raise-awareness-0909/index.html Comité Permanent Inter-organisations (2007). Directives du CPI concernant la santé mentale et le soutien psychosocial dans les situations d’urgence. http://www.who.int/mental_health/ emergencies/iasc_guidelines_french.pdf Attitudes pendant l’activité Être attentif au choix des endroits et des moments stratégiques de diffusion du média. Observer et suivre les débats publics, émission de télé, formation… Faire évoluer les messages en fonction de l’évolution de la situation. Compétences à avoir Gestion de projet. Création et animation d’un réseau de professionnels. Création et gestion d’outils du type Information, Éducation, Communication, et de changements de comportement. Fiches . pratiques . 41 Quand ? Phases 1, 2 et 3. Identification et accompagnement de la couverture des besoins de base Pourquoi ? Objectifs principaux Intégrer (« action de mainstreaming ») les aspects sociaux et psychologiques spécifiques (le rapport au genre, le besoin d’être entouré, d’avoir accès aux services en préservant la dignité des personnes vulnérables) dans la réponse aux besoins de base (nourriture, items essentiels, planification de site, abris, eau et assainissement, etc.). Réduire l’angoisse de personnes affectées en les accompagnant vers l’accès à l’aide humanitaire. Objectifs spécifiques Sensibiliser les acteurs sur les pratiques culturelles (par exemple : normes culturelles, rapport au genre et rôles domestiques importants…). Sensibiliser les acteurs sur les besoins spécifiques des différentes catégories de personnes vulnérables. Accompagner les acteurs de la distribution sur le terrain. Donner une check-list des recommandations les plus importantes à intégrer dans les programmes. Accompagner et / ou référer les personnes vulnérables pour accéder à l’aide humanitaire. 42 Résultats attendus Les services de besoins de base sont mis en œuvre avec une attention particulière portée aux contextes socioculturels et à la situation des personnes vulnérables. L’angoisse des personnes vulnérables est réduite par un meilleur accès à l’aide humanitaire. Indicateurs de résultats Nombre de certificat de formation aux acteurs de la distribution. Nombre de personnes accompagnées vers les dispositifs d’aide humanitaire. Mesure d’effets Évaluation rapide par les bénéficiaires des services rendus via une enquête de satisfaction. Proportion de personnes handicapées ayant accès à la couverture des besoins de base. Pour qui ? Les populations affectées, notamment les personnes les plus vulnérables. Comment ? Avant la mise en place Revoir les études socio-anthropologiques déjà effectuées sur les zones d’intervention et qui expliquent les spécificités du contexte local. Entamer une étude sur les spécificités de certains aspects sociaux (croyances locales, systèmes de guérison, relation de pouvoir, genre, rôles domestiques…). Étudier les besoins basiques et spécifiques des personnes vulnérables (nourriture, abris, eau, assainissement, matelas, couvertures, matériels pour cuisiner, matériels d’aide technique...) à partir des évaluations déjà faites sur le terrain. Il existe plusieurs outils d’évaluation rapide des besoins de base disponibles sur internet et réalisés par différentes organisations telles que CARE, UNHCR, IFRC… Établir une check-list avec les recommandations les plus importantes en fonction des aspects socio-culturels et des particularités du contexte. Préparer des formations aux acteurs de la distribution pour adapter leur intervention. La mise en œuvre Proposer toutes les dispositions possibles pour prévenir l’abus et les pratiques abusives, y compris dans la pratique des travailleurs humanitaires. Exemple : ne pas isoler les personnes vulnérables et les personnes marginalisées, placer les personnes handicapées à proximité des services, promouvoir l’adhésion de l’équipe aux politiques Protection des bénéficiaires contre l’exploitation et les abus sexuels et Protection de l’enfance. Accompagner les personnes vulnérables à accéder à l’aide humanitaire : l’accompagnement pourrait à la fois aider la personne à y avoir accès, et aider l’acteur donnant l’aide à comprendre comment mieux l’intégrer. Visites sur le terrain pendant lesquelles il faut être vigilant aux pratiques abusives, et mettre en place une prévention quant à ces pratiques. Attitudes pendant l’activité Donner des informations claires et simples. Ne pas submerger les personnes vulnérables avec un nombre trop important d’informations. Écouter les besoins des personnes vulnérables. Donner des informations correctes sur l’accès aux services. Ne pas promettre des choses qui ne seraient en définitive pas réalistes. Compétences à avoir Connaissances des besoins de base dans des situations d’urgence. Capacité d’adaptation dans des milieux stressants. Bonnes connaissances des réactions psychologiques possibles des personnes ayant vécu une catastrophe naturelle ou un conflit, plus particulièrement les personnes vulnérables handicapées. Bonne capacité à transmettre des informations concernant la culture du pays. Bonne capacité en transfert de compétences. Bonne écoute et empathie. Quand ? À partir du moment où se dessinent les stratégies d’interventions. Phases 1, 2 et 3. Outils de suivi Fiche de suivi. Rapport de formation. Rapport de rencontre. Rapports de visite terrain. Recommandations possibles Renforcer la gestion locale des infrastructures. Créer des espaces communautaires sûrs et accessibles aux personnes handicapées. Penser à inclure les personnes isolées et exclues des distributions – trouver des solutions créatives pour les inclure (distribution porte-à-porte, accompagnement, file d’attente séparée…). Penser à inclure les personnes vulnérables, en particulier les personnes handicapées dans les différents projets de Cash for work (argent contre travail). Plaider auprès des acteurs humanitaires pour l’implication des populations affectées dans la mise en œuvre des activités dont elles bénéficient (c’est-à-dire prendre des bénévoles au sein de la communauté affectée pour préparer un site de distribution) – c’est une manière de promouvoir le bien-être psychosocial. Documents de référence Comité permanent inter-organisations (2007). Directives du CPI concernant la santé mentale et le soutien psychosocial dans les situations d’urgence. http://www.who.int/mental_health/ emergencies/iasc_guidelines_french.pdf Tous les guides sur l’évaluation des besoins dans les situations d’urgence sont présents sur le site ci-dessous : http://www.parkdatabase.org Fiches . pratiques . 43 Plaidoyer Pourquoi ? Pour qui ? Objectif principal Influencer les décideurs, les gouvernements et les acteurs afin qu’ils intègrent les personnes handicapées dans les programmes d’intervention et les politiques d’action publique. Les acteurs gouvernementaux, les acteurs des organisations nationales et internationales, les modérateurs des clusters. Objectifs spécifiques Faire remonter les problématiques principales des personnes vulnérables, notamment les personnes handicapées auprès des acteurs du gouvernement, des organisations internationales et locales. Recommander l’accessibilité des projets psychosociaux et de protection aux personnes handicapées, et soutenir les acteurs à mettre en œuvre cette recommandation. Avant la mise en œuvre Rassembler des informations au sujet des politiques (publiques ou internes des acteurs) : • Comprendre l’environnement politique, • Comprendre les préoccupations de la communauté, • Identifier des causes de la pauvreté et de la discrimination liées aux politiques, • Comprendre la perception du handicap par la communauté, • Identifier les acteurs et les institutions participant à l’élaboration des politiques publiques, ainsi que ceux ayant des capacités importantes de mobilisation et d’influence auprès des décideurs, • Analyser la distribution du pouvoir politique entre les principaux acteurs, • Comprendre les processus formels et informels de prise de décision. Rassembler des informations sur les acteurs humanitaires : • Qui fait quoi ? • Identification d’acteurs clés ouverts à des suggestions pour adapter leurs activités. Évaluer le risque : • Envisager des thèmes qui présentent des risques de violence, • Envisager les tendances politiques, notamment d’évolution du contexte pouvant modifier nos cibles de plaidoyer. Construire des relations stratégiques : • Établir des liens avec des décideurs, • Travailler avec d’autres organisations d’aide humanitaire. Établir une crédibilité en tant que défenseur : • Rassembler les preuves qui soutiennent le propos : revue de la littérature, études… • Monter un argumentaire basé sur les preuves afin de convaincre les politiques, Résultats attendus Les acteurs étatiques, les organisations locales et internationales prennent en compte les principales problématiques des personnes vulnérables, et possèdent les outils pour adapter leurs interventions. Les personnes vulnérables ont accès aux services prodigués par les acteurs étatiques, les acteurs locaux et internationaux. 44 Indicateurs de résultats Taux de participation aux clusters et groupes de travail. Nombre de réunions avec des acteurs gouvernementaux. Nombre de réunions avec des acteurs internationaux et locaux. Nombre de formations données. Mesure d’effets Nombre de documents adaptés pour mieux inclure les personnes vulnérables. Intégration des recommandations aux niveaux des lois, des programmes d’intervention humanitaire. Plan de sensibilisation conduit par d’autres acteurs pour lutter contre la discrimination. Réalité de la prise en compte du handicap dans les interventions des partenaires, voire d’autres ONG intervenant sur les zones. Comment ? • Développer l’expertise pour établir une crédibilité auprès des décideurs, des orientations politiques et des acteurs humanitaires, • Développer des relations avec les communautés pour établir une crédibilité auprès du public. Préparer en amont les formations sur des supports existants dans la mesure du possible en fonction du groupe cible (cf. Partie I, Approche Plaidoyer pour l'inclusion). Fixer un calendrier. Préparer un budget. Préparer un cadre logique. Planifier le suivi et l’évaluation. Document de référence Sofia Sprechmann / Emily Pelton (2001). Outils et Directives pour le Plaidoyer, Promouvoir le Changement des Politiques, Manuel à l’intention des responsables de programmes de CARE. http://www.handicap-international.fr/ bibliographie-handicap/6SocieteCivile/ Advocacy/CAREFre.pdf Attitudes pendant l’activité Être objectif et digne de confiance. Établir des liens de confiance avec les différents acteurs (politiques, humanitaires et les communautés). Être diplomate et persuasif. Compétences à avoir Avoir des informations valables sur l’objet à défendre. Être reconnu comme source crédible d’informations. Avoir une aisance dans la prise de parole. Quand ? Phases 1, 2 et 3. Outils de suivi Rapport d’activités. Plan d’action. Cadre logique. Fiche d’évaluation. Fiches . pratiques . 45 Kits protections et aménagements Pour qui ? Pourquoi ? Objectifs principaux Réduire l’incidence des actes de violence et d’abus sur les personnes vulnérables et les personnes handicapées. Réduire l’angoisse des enfants en détresse psychologique en leur donnant les moyens d’exprimer leurs émotions et affects. Objectifs spécifiques Donner des moyens matériels pour augmenter la protection des personnes vulnérables et / ou handicapées à travers des kits comprenant un matériel adapté. Donner des moyens d’expression, de divertissements adaptés aux personnes vulnérables et / ou handicapées. Donner les moyens aux personnes isolées et particulièrement vulnérables d’avoir accès à l’information sur l’aide humanitaire. Résultats attendus Les personnes vulnérables (en particulier celles handicapées) bénéficient de moyens matériels et d’informations pertinentes leur permettant de prévenir les situations de violence et d’abus. Indicateurs de résultats Nombre de kits et / ou items distribués. Mesure d’effets Évaluation auprès des bénéficiaires pour étudier l’utilité des kits. Les personnes vulnérables et les personnes handicapées ayant besoin d’un soutien matériel (sifflet, radio, lumière…). Comment ? Avant la mise en œuvre Étudier les facteurs de risque les plus importants dans le contexte concerné. Adapter le kit en fonction du contexte et de la culture du pays. Identifier les personnes les plus vulnérables et à risque d’abus et de violences. La mise en œuvre Former les personnes qui vont distribuer les kits (l’approche à adopter, les problèmes rencontrés…). Distribuer les kits. Former les bénéficiaires à l’utilisation du kit. Évaluer l’utilité des kits auprès des bénéficiaires. Attitude pendant l’activité Parler de manière claire et simple. Analyser les facteurs de proximité (environnement de l’individu) susceptibles d’accroître la survenue d’un abus et d’une violence. Compétences à avoir Bon sens. Capacité de sensibiliser et d’informer les autres. 46 Quand ? Phases 2 et 3. Outils de suivi Certificat de donation. Fiche d’évaluation. Médiations familiales Pourquoi ? Exemples de types d’articles à inclure dans les kits Radios pour donner l’information sur la réponse humanitaire, ou l’arrivée d’une nouvelle crise, en particulier pour les personnes isolées, sans capacité de se déplacer. Sifflets ou cloches pour alerter l’entourage d’un danger, d’un abus ou d’une violence (par exemple lors d’une situation de crise une personne peut utiliser son sifflet pour signaler qu’elle est bloquée, voire oubliée dans un endroit). Jouets pour les enfants, et jeux de divertissement pour les adultes. Instruments musicaux. Il faut adapter le contenu des kits en fonction des besoins des personnes vulnérables (par exemple des jouets adaptés aux enfants – pas de ciseaux pour les enfants qui risquent de se blesser, ballons avec des textures différentes pour les enfants ayant des difficultés d’empoigner, jouets avec son pour les enfants non-voyants…). Objectif principal Construire ou reconstruire un lien familial endommagé par une situation de rupture ou de séparation. Objectifs spécifiques Restaurer la communication, soutenir la circulation de la parole au sein d’un groupe, et plus particulièrement au sein de la famille. Accompagner la famille dans la définition d’un plan d’action pour initier le changement et lui permettre de chercher par elle-même des issues à sa situation. Résultats attendus La famille se sent autonome et en responsabilité pour surmonter les difficultés liées aux situations de ruptures rencontrées. Indicateurs de résultats Nombre de visites effectuées. Nombre de plans d’action menés avec les différentes familles. Mesure d’effets Un changement d’attitude des membres de la famille dans la manière de gérer les difficultés (responsabilisation). Une amélioration de l’autonomie de chaque membre de la famille. Pour qui ? Pour les familles en souffrance face à une situation de rupture. Fiches . pratiques . Comment ? 47 Avant la mise en œuvre Identifier les membres de l’équipe qui ont les compétences pour faire de la médiation familiale (travailleurs sociaux, psychologues, animateurs, personnes ayant un rôle important au sein de la communauté). Préparer et former, si nécessaire, ces intervenants aux techniques de l’intervention familiale et au rôle et à la fonction de médiateur familial. Préparer et adapter les outils de suivi avec les intervenants. 48 Mise en œuvre de l’activité Introduire les intervenants auprès de la famille. Expliquer l’objectif de la rencontre. Expliquer le rôle et la fonction des intervenants. Présenter les limites du rôle de médiateur (le médiateur n’est pas un conseiller ni un éducateur. Il ne juge pas et ne prend pas parti dans les conflits. Il n’est pas un thérapeute non plus, même si l’activité peut être à visée thérapeutique). Fixer le cadre • des interventions (lieu, date, heure et durée, confidentialité, consentement, modalités de circulation de la parole, etc.). Comprendre la demande de la famille et sa motivation. Comprendre le fonctionnement d’une famille : • Quels sont les rôles occupés par les différents membres de la famille ? • Comment circule la communication ? • Qui sont les leaders ? Qui a une influence au niveau de la famille ? • Quelles sont les mécanismes de défense les plus utilisés ? Aider la famille à identifier les obstacles / difficultés les empêchant de s’adapter à la situation qui se présente. Soutenir les personnes qui expriment le plus de détresse et de difficulté dans la famille : • Permettre l’expression de l’affect négatif des uns et des autres, • Faire rebondir la famille sur des facteurs positifs et les ressources familiales. Faire un retour à la famille sur ce qu’on a pu entendre (reformulation) pour mettre des nouveaux mots sur le vécu de la famille. Accompagner la famille dans son plan d’action : • Identifier les actions à mettre en place pour faciliter la survenue d’un changement, • Discuter des échéances avec la famille. Accompagner la famille dans les actions que chaque membre souhaite mettre en place : • Discussion autour des difficultés majeures de la famille, • Accompagnement pour qu’ils trouvent leurs propres solutions. Évaluer l’intervention à la dernière séance. Attitudes pendant l’activité Objectif et impartial. Savoir poser un cadre pour les échanges et le faire respecter par la famille quand c’est nécessaire. Contenir la souffrance de la famille. Être vigilant aux projections que la famille pourrait faire sur la position du modérateur. Compétences à avoir Capacité à analyser une dynamique familiale. Capacité à ne pas prendre parti et à ne pas juger un membre de la famille (impartialité). Capacité à reformuler les émotions, les pensées. Capacité de synthèse. Capacité de maintenir un cadre de travail lui-même autonome vis-à-vis d’instances extérieures (justice, ordre public). Quand ? Milieu de phase 2 et phase 3. Outils de suivi Rapports d’intervention du modérateur. Groupe de discussion Pourquoi ? Objectif principal Crédibiliser une intervention à partir des informations reçues et la contribution des participants d’un groupe de discussion. Objectifs spécifiques Recueillir des informations qualitatives au cours d’une discussion ciblée avec un groupe de personnes, dans un temps relativement court, et à partir de la confrontation aux réalités vécues. Résultats attendus Une meilleure compréhension des attentes et des perceptions des personnes par rapport à une certaine réalité. Indicateurs de résultats Rapport de groupe de discussion relatant les résultats les plus importants. Mesure d’effets Acceptation / validation de l’intervention. Implication des participants dans la construction d’un projet commun. Pour qui ? Des personnes de la communauté : les personnes clés (leaders communautaires, décideurs communautaires), les personnes handicapées et les personnes vulnérables. Comment ? Avant la mise en œuvre Définir la thématique de la discussion. Identifier le groupe de personnes : 6 à 12 participants qui ne soient pas aléatoires – limiter le nombre permet une meilleure compréhension et gestion des informations qui seront transmises. Le nombre restreint de participants est un garant de la cohésion du groupe, car permet à chacun de s’exprimer librement. Pour les groupes de discussion traitant de la thématique de la violence sexuelle, il est recommandé de créer des groupes homogènes par âge et par sexe. Déterminer un lieu accessible aux personnes handicapées. Créer un guide d’entretien de 5 ou 6 questions avec les objectifs visés au cours de l’entretien et les informations à recueillir. Ce guide doit être assez souple pour permettre de suivre les pistes ouvertes durant le groupe de discussion. Pour maximiser le contact mais aussi pour la récolte d’information, il est suggéré d’avoir deux animateurs : le premier assure l’animation et le second prend des notes. La mise en œuvre Aborder les thématiques de manière fluide. Éviter de cibler des sujets trop sensibles qui peuvent mettre les participants en difficulté (les garder éventuellement pour les entretiens individuels). Relancer et modérer les interactions, sans donner son point de vue. Observer les réactions des participants. Prendre des notes ou enregistrer (audio ou vidéo si autorisation). Repérer les institutions qui seront citées, les termes employées, les conceptions différentes selon les personnes, les enjeux se mettant en scène entre les membres du groupe… Analyser les données à plusieurs pour éviter les biais. Faire un retour des résultats obtenus. Approfondir les pistes par d’autres moyens d’enquête si nécessaire. Attitudes pendant l’activité Être vigilant à donner la parole aux personnes qui participent le moins dans le groupe. Faire respecter les règles mentionnées en début de séance. Réorienter la discussion si les participants s’égarent trop du sujet de la discussion. Encourager tout le monde à participer et donner son point de vue, et à réagir à ceux des autres. Fiches . pratiques . 49 Groupe de parole Compétences à avoir Capacité d’animer des discussions en permettant à chacun de prendre la parole. Capacité de relancer la discussion et la recentrer sur la thématique. Capacité d’écoute. Pourquoi ? Objectif principal Améliorer la santé mentale des personnes vulnérables par leur participation à un groupe de pairs favorisant la dynamique de groupe, les interactions et les liens entre les participants. Quand ? Phases 1, 2 et 3. Outils de suivi Rapport d'activités. Document de référence Bouchon Magalie (2009). Collecte de données : méthodologies qualitatives. http://www.mdm-scd.org/files/ FichesMethologiques/francais/ GuideCollecte_Français_Full.pdf Objectifs spécifiques Permettre le renforcement des capacités à agir. Diminuer le niveau de détresse psychologique. Contenir les affects et les représentations négatifs. Résultats attendus Le niveau de détresse des personnes vulnérables a diminué. Les individus font face à la situation éprouvante. Indicateurs de résultats Taux de participation et assiduité (ou absences justifiées). Fréquence des rencontres. Une fiche de suivi pour chaque participant. Enquête de satisfaction : retours des participants. Mesure d’effets Confrontation des points de vue / représentations. Respect des règles instaurées. Évolution des attitudes individuelles et collectives. 50 Pour qui ? Les personnes vulnérables de tout âge, toute culture (particulièrement dans des contextes où les fondements sociaux ont éclaté – exemple : isolement, culpabilité, perte de repères…). Comment ? Avant la mise en œuvre Prévoir d’être au moins deux animateurs. Avoir un lieu fixe pour chaque séance, qui soit accessible aux personnes handicapées et qui garantisse la confidentialité. Planifier le cycle du groupe (nombre de séances). La mise en œuvre Créer un groupe où les participants sont toujours les mêmes (de 6 à 10 participants). Créer, dès la première séance, des règles internes avec les participants au groupe : • Régularité et durée des rencontres, • Respect de la prise de parole de chacun, ce qui est dit dans le groupe reste dans le groupe, • Respect de la parole de l’autre, il n’y a pas de réponse bonne ou mauvaise, • Ne pas porter de jugement moral disqualifiant sur ce que disent les autres, • Mise en place d’une politique clinique de gestion des absences, c'est-à-dire qu’une absence est analysée au regard à la fois de la problématique de la personne et de la dynamique groupale. Faire un retour ou un résumé aux participants après chaque séance. Tenir un registre des retours fait par les participants après chaque séance. Prévoir un temps individuel pour chaque participant lors de la dernière séance du groupe. Attitudes pendant l’activité Être convaincu de la valeur de la démarche entreprise par le groupe, afin de pouvoir motiver les participants. Être capable de structurer les rencontres d’un groupe. Garantir le respect des règles internes créées dès la première séance avec le groupe. Être flexible, capable de s’adapter en fonction de ce qui est apporté par le groupe, tout en étant un élément suffisamment stable pour le groupe. Être capable de faire face à diverses situations relationnelles : agressivité, passivité, etc. Être capable de « mettre en veilleuse » ses idées personnelles pour laisser aux autres la chance d’exprimer les leurs. Faciliter la prise de parole, être le médiateur du groupe, ne pas prendre une position d’expert. Être capable d’écouter réellement et de comprendre le point de vue des autres. Éviter de prendre des notes pendant l’activité. Observer les participants dans leur ensemble (communication non verbale, présentation, manifestation émotionnelle…). Être capable à tout moment de se remettre en question et de s’auto-évaluer, grâce aux débriefings. Compétences à avoir Avoir été formé à cette méthode. Avoir la maîtrise de l’illustration / médiation utilisée (s’il y en a une). Connaître la problématique particulière des membres du groupe. Quand ? Phases 2 et 3. Outils de suivi Fiche de suivi / Fiche de séance. Évaluation de l’intérêt porté à la dynamique de groupe et son évolution. Documents de référence Handicap International (2010). Les groupes de parole en prison : le Guide de l’animateur. http://www.hiproweb. org/uploads/tx_hidrtdocs/Groupes_de_ parolePrison2010.pdf Handicap International (2011). Le groupe de parole à expression libre. Module de formation. Programme Madagascar / Direction des Ressources Techniques. Fiches . pratiques . 51 Groupe de guidance parentale Pourquoi ? Objectif principal Permettre aux participants de retrouver un certain équilibre familial dans l’échange avec des personnes vivant des situations similaires. Objectifs spécifiques Soutenir les parents / professeurs dans la découverte de leurs ressources. Faire découvrir aux parents les différents moyens de gérer des situations difficiles. Résultats attendus Les parents ont acquis de nouveaux moyens pour gérer les situations de crise et ont retrouvé un certain équilibre familial. Indicateurs de résultats Assiduité des participants. Mesure d’effets Dynamique de groupe. Confrontation et évolution des perceptions des parents. Perception des enfants quant aux capacités protectrices de leur environnement. Pour qui ? Les parents d’enfants handicapés, souvent débordés et en souffrance. Comment ? 52 Avant la mise en œuvre Identifier les personnes qui vont animer ces sessions de guidance parentale en fonction des compétences requises pour ces activités. Préparer, si nécessaire, des formations complémentaires sur les techniques de guidance parentale pour les intervenants. Préparer les outils de suivi et d’évaluation de l’activité (fiche de présence, fiche d’évaluation…). Constituer un groupe de parents / professeurs autour d’une problématique commune. Essayer de garder une diversité des profils. Déterminer un lieu de rencontre neutre. La mise en œuvre de l’activité Présenter au groupe le cadre de fonctionnement de l’activité : • L’objectif de ces sessions, • Régularité des rencontres et leur fréquence, • La durée de chaque session. Mettre en place avec le groupe les règles de fonctionnement intérieur : • Le respect de la parole de l’autre (ne pas porter de jugement sur les opinions des uns et des autres), • Le respect de la confidentialité de la parole, tout ce qui se dit et s’entend ne doit pas être restitué à une personne qui n’appartient pas au groupe, • L’écoute de la parole de l’autre. Se renseigner sur les attentes des futurs participants autour du dispositif (il est possible de rencontrer en entretien individuel chaque futur participant). Déterminer avec le groupe des objectifs (échanges autour des vécus, information autour de la maladie…). Relancer les participants avant chaque séance. Créer un temps de restitution en fin de séance. En fin de cycle, prévoir une évaluation du projet. NB : Des activités récréatives peuvent être mises en œuvre, par exemple, un groupe pourrait se constituer autour d’une séance de « cuisiner ensemble ». En Haïti, des groupes de guidance parentales ont été mis en place pour les mères ayant des enfants Infirmes Moteurs Cérébraux. Ces espaces d’échanges ont permis aux mères de développer de nouvelles compétences pour accompagner leurs enfants et partager leur vécu en tant que parents / soignants. Attitudes pendant l’activité Rappeler le cadre pendant les premières séances. Ne pas être dans des jugements de valeur ou avoir une attitude moralisatrice. Être à l’écoute des histoires et vécus de chacun. Inciter les participants à partager leurs vécus plutôt que des conseils. Laisser évoluer le groupe en fonction des demandes et problématiques qui émergent. Observer les participants dans leur ensemble (communication non verbale, présentation, manifestation émotionnelle…). Compétences à avoir Être formé à l’animation de groupe et à l’analyse de situation groupale. Participer à des groupes de supervision, d’analyse de pratiques professionnelles. Profils possibles : psychologue, travailleur social, éducateur, animateur… Quand ? Phases 2 et 3. Outils de suivi Fiche de suivi des participants. Compte rendu de séance. Document de référence Handicap International (2010). Le groupe de parole de mamans d’enfants handicapés moteurs en situation de dépendance en Algérie. http://www.hiproweb.org/uploads/ tx_hidrtdocs/Doc_Cap_Groupes_paroles_ mamans_ESH_vf_2009.pdf Formation de personnes relais / ressources Pourquoi ? Objectif principal Former sur divers thèmes et techniques des personnes ressources de la population afin d’augmenter leurs capacités de prise en charge et leurs connaissances en santé mentale / soutien psychosocial. Objectifs spécifiques Identifier les techniques et les thèmes les plus pertinents en fonction des besoins et des problématiques de la population. Former aux techniques identifiées, puis superviser les personnes ressources. Résultats attendus Les personnes ressources sont capables d’apporter un soutien aux personnes vulnérables et en particulier à celles en situation de handicap. Indicateurs de résultats Taux de participation aux séminaires de formation (ou absence justifiée). Nombre de personnes ayant validé la formation. Questionnaires de mesure sur l’efficacité de la formation / supervision. Mesure d’effets Évaluation des nouvelles compétences et connaissances acquises suite à la formation en matière de santé mentale et de soutien psychosocial. Étude démontrant l’appropriation de ces nouvelles compétences dans les activités de soutien de pair à pair. Une mise en pratique des nouvelles compétences acquises à travers l’apparition de groupes d’entraides de personnes ressources au sein de la communauté. Fiches . pratiques . 53 Pour qui ? Les bénévoles, les personnes relais et ressources, et plus largement tout non-professionnel appartenant à la communauté et agissant dans le secteur de la santé mentale et du soutien psychosocial. Comment ? Avant la mise en œuvre Repérer des personnes ressources / relais (leader associatif ou religieux, tradi-praticien, militant du social). Créer et diffuser un questionnaire de préformation. 54 La mise en œuvre Discerner les aptitudes et capacités nécessaires à acquérir. Connaître leur histoire et leur motivation. Évaluer leur ancrage dans la communauté et leur capacité à élaborer des réseaux de collaboration. Créer un chronogramme des différentes sessions de formation. Déterminer les compétences à acquérir et créer une formation adaptée. Informer et expliquer clairement les objectifs du projet et des activités. Transmettre un certain nombre de références théoriques et pratiques. Utiliser différents types d’illustrations pour faire vivre la formation (films, intervention de professionnels, jeux de rôles… Mettre en place un temps de débat / question. Faire remplir un questionnaire à l’intention des participants pour évaluer la formation en fin de séance. Superviser les participants. Au Myanmar, l’équipe a constaté que les formations animées par des personnes handicapées étaient plus efficaces que lorsqu’elles étaient faites par des membres non handicapés de l’équipe Handicap International. Les témoignages sur le quotidien des personnes handicapées étaient un très bon moyen pour lancer des débats et des discussions intéressantes. Attitudes pendant l’activité Créer une formation interactive (partir des expériences de chacun, de leurs préjugés, prendre en compte les différences de connaissance de chacun, travailler sur leurs postures…) et l’adapter aux connaissances réelles des personnes. Être médiateur et facilitateur des échanges. Être le garant du cadre. Inciter les participants à venir aux formations sur les thèmes qui suivront (faire un planning de formation). Compétences à avoir Capacité à transmettre des connaissances. Capacité d’écoute. Capacité à mobiliser et renforcer les ressources des participants. Capacité à modérer une séance. Quand ? À la moitié de la phase 2, et phase 3. Outils de suivi Enquêtes de satisfaction. Évaluation des connaissances, attitudes, pratiques. Outils de suivi du projet (fiche d’évaluation et fiche de suivi). Mise à jour des connaissances à intervalles réguliers. Espace sûr Document de référence Pourquoi ? Handicap International (2009). Accompagner les traumatismes individuels par le retissage des liens sociaux et communautaires : un exemple d'approche en santé mentale communautaire après le génocide des Tutsi au Rwanda. http://www.hiproweb.org/uploads/tx_ hidrtdocs/CapiRwanda.pdf Objectif principal Promouvoir un espace sûr inclusif et transitoire pour les personnes les plus vulnérables afin de renforcer leur estime de soi et réduire les risques d’abus et de violence. Objectifs spécifiques Renforcer la socialisation dans un lieu sécurisé en proposant des activités culturellement adaptées. Promouvoir l’expression des émotions et la créativité des participants. Limiter les risques d’abus et de violence sur les personnes les plus vulnérables pendant la période d’urgence. Informer les personnes sur les moyens de se protéger dans des situations d’urgence. Donner des informations sur les lieux où trouver l’aide et les différents services disponibles dans la communauté. Rendre le lieu physiquement inclusif et accueillant pour les personnes handicapées. Résultats attendus Les personnes se sentent plus en sécurité et leur sentiment de détresse a diminué grâce aux informations reçues dans cet espace sûr (« Safe Space »), et le lien social entre les participants est renforcé. Indicateurs de résultats Nombre d’activités proposées. Nombre de participants par session. Mesure d’effets Évolution du niveau de connaissance quant aux questions liées à la prévention contre les abus de violence. Questionnaire de perception de la sureté de l’environnement. Pour qui ? Pour les individus de tout âge non accompagnés en période d’urgence, avec un focus sur les plus vulnérables, dont les personnes handicapées. Fiches . pratiques . 55 Comment ? • Respect des émotions exprimées Avant la mise en œuvre Mettre en place des groupes de discussion avec les membres et les chefs de la communauté pour identifier les problématiques de protection sur le territoire, et vérifier qu’ils soutiennent avec enthousiasme la mise en place des espaces sûrs. S’assurer que des représentants de personnes handicapées participent à ces groupes de discussion. À travers les discussions, identifier les personnes les plus à risque d’être victimes de violences et d’abus dans la communauté. Explorer avec les membres de la communauté les mécanismes de protection déjà existants, notamment pour les personnes handicapées. Identifier avec les membres et les chefs de la communauté un lieu sûr, accessible et identifiable par tous. Recruter des animateurs, éducateurs, encadreurs pouvant faciliter les activités. Si possible, recruter une personne handicapée. Former les équipes aux principes de l’animation. Former les équipes aux principes des politiques internes concernant la protection de l’enfance et l’exploitation et les abus sexuels. Former continuellement l’équipe sur la thématique du handicap et les risques de violence liés. • Laisser l’opportunité à toute personne pendant les activités, 56 La mise en œuvre Expliquer l’objectif du « Safe Space » à l’ensemble des membres de la communauté, et expliciter que ce lieu sûr ne remplace en aucun cas une école afin d’éviter toute confusion possible. Expliciter le fonctionnement d’un « Safe Space » aux participants (horaire, lieu, régularité). Bien clarifier la durée limitée des activités dans les espaces sûrs. Présenter et expliquer les règles aux participants : • Respect des opinions des autres, d’intervenir dans les activités, • Faire participer des personnes handicapées dans les activités mises en place. Faciliter les discussions avec les groupes cibles des « Safe Spaces » pour identifier les activités à mettre en place (exemples : activités à médiation thérapeutique, jeux, activités récréatives, micro-projets…). Mise en place des activités accessibles (achats du matériel, répartition des tâches et responsabilités). Assurer un suivi et une évaluation des activités en cours. Mener des activités de sensibilisation et d’information dans la communauté pour promouvoir la protection des personnes vulnérables, en particulier la protection des personnes handicapées sujettes à des actes de violence. Mener des activités de sensibilisation visant l’inclusion des personnes handicapées dans la communauté. Attitudes pendant l’activité Faire respecter le cadre mis en place. Être à l’écoute des commentaires, critiques, retours des participants pour adapter les activités aux besoins et à la situation des personnes. Être vigilant par rapport aux comportements, aux activités qui peuvent comporter des risques de violence et au climat social environnant. Compétences à avoir Capacité à animer un groupe d’enfants, d’adolescents ou d’adultes. Maîtrise des outils d’animation. Capacité d’adaptation aux besoins spécifiques du groupe. Capacité à rendre les activités inclusives. Capacité à mobiliser les ressources de chacun des participants. Capacité à reconnaître les risques de violence et d’abus dans les différentes activités mises en place. Sens de la créativité. Quand ? Phase 2 et potentiellement en phase 3 selon la situation. Outils de suivi Nombre de participants dans les activités mises en place. Rapports d’activités. Évaluation de l’évolution du niveau de détresse. Évaluation de la satisfaction des participants. Documents de référence Save the Children (2008). Les Espaces Amis des Enfants en Situations d’urgence : Manuel destiné au personnel de Save the Children. http://resourcecentre.savethechildren.se/ sites/default/files/documents/6088.pdf UNICEF (2009). Le kit pour le développement de la petite enfance : une boîte à trésors pleine d’activités. http://www.unicef.org/earlychildhood/files/ Activity_Guide_Frenchv1.pdf Save the Children (2009). Child Friendly Spaces Facilitator Training Manual. http://resourcecentre.savethechildren.se/ content/library/documents/child-friendlyspaces-facilitator-training-manual UNICEF (2011). Guide pratique pour la mise en place d’Espaces amis des enfants. http://cpwg.net/wp-content/uploads/2011/ 09/A-Practical-Guide-to-Developing-ChildFriendly-Spaces-UNICEF-FRENCH.pdf Education Cluster INEE / IASC / Global Protection Cluster (2011). Guidelines for Child Friendly Spaces in Emergencies. http://www.unicef.org/protection/Child_ Friendly_Spaces_Guidelines_for_Field_ Testing.pdf Premiers secours psychologiques Pourquoi ? Objectif principal Apporter un soutien immédiat aux personnes ayant été exposées à un ou des événement(s) potentiellement traumatisant(s). Objectifs spécifiques Écouter et orienter les personnes les plus affectées par la situation. Accompagner les personnes en grande détresse psychologique. Résultats attendus Les individus ont un nombre d’informations suffisant pour avoir recours aux services dont ils ont besoin. Les individus ne constituent pas un danger pour eux-mêmes et pour les autres. Les individus sont plus calmes et peuvent prendre les décisions qui les concernent. Indicateurs de résultats Nombre de personnes ayant reçu un premier secours psychologique. Mesure d’effets Évaluation a posteriori par la personne ayant reçu le soutien (la personne est en capacité de gérer son stress et de faire face à la situation éprouvante). Pour qui ? Toute personne en état de détresse ayant été exposée à un événement potentiellement traumatisant (adulte et enfant). En particulier les personnes gravement blessées, les personnes qui pourraient se faire du mal ou faire du mal aux autres, les personnes ne pouvant plus s’occuper de leurs enfants à cause de leur détresse, les personnes qui se sont séparées de leur famille ou qui ont perdu des membres de leur famille, et les personnes déplacées. Fiches . pratiques . 57 Comment ? Avant la mise en œuvre Identifier les personnes de l’équipe qui sont en capacité de délivrer ce genre de soins. Former des aidants naturels aux premiers secours psychologiques, notamment aux principes éthiques. Identifier un endroit sûr avec un minimum d’intimité pour préserver la confidentialité et la dignité de la personne. Comprendre l’impact de l’événement qui a eu lieu. Connaître les différents services disponibles et opérationnels, et transmettre l’information. Comprendre les principales problématiques liées à la sécurité et à la protection des individus. 58 La mise en œuvre Repérer les personnes nécessitant des services de besoins de base de manière urgente. Repérer les personnes exprimant une grande détresse. Se présenter et expliquer sa fonction. Être clair sur le soutien qui peut être offert. Donner des informations sur les services disponibles. Écouter les personnes en grande détresse psychologique qui ont besoin et envie de parler (ne pas forcer les individus à parler). Rassurer la personne sur le fait qu’elle est en sécurité. Proposer des techniques de relaxation respiratoire si la personne se sent suffisamment en sécurité. Respecter la culture, l’âge et les croyances de la personne. Encourager les capacités individuelles, familiales et communautaires à faire face (coping, regroupement familial…). Préciser que même si la personne refuse de l’aide dans l’immédiat, elle peut toujours revenir pour recevoir un soutien ou de l’aide ultérieurement. Essayer de reconnecter la personne au moment présent. Orienter les personnes vers des services spécialisés au besoin. Renforcer les mécanismes positifs de coping des personnes. Empêcher les personnes en grande détresse de se faire du mal ou de faire du mal à autrui. Aider la personne à retrouver son calme. Aider les personnes à définir leurs priorités. Toujours informer la personne quand on doit quitter le lieu. La présenter à un autre collègue si on doit partir. Attitudes pendant l’activité Être empathique et à l’écoute de la personne. Ponctuer le discours de l’autre pour lui indiquer qu’il est écouté. Garder un ton calme. Ne pas forcer la personne à raconter son histoire. Ne pas juger l’histoire, les sentiments ou les actions de la personne. Respecter la confidentialité de l’histoire de la personne. Être honnête sur la capacité d’aide et de soutien. Respecter la liberté de la personne à prendre ses propres décisions. Ne pas faire de fausses promesses ou donner de fausses informations. Ne pas utiliser un langage trop technique et spécialisé. Ne pas laisser les personnes en grande détresse seules. Compétences à avoir Écoute. Sens de l’observation. Sens de l’organisation. Volonté de venir en aide aux personnes en détresse. Savoir rester calme et patient même dans des situations chaotiques. Le référencement Pourquoi ? Point de vigilance Éviter le « débriefing » psychologique, qui a pour but d’encourager la personne à parler de l’événement qui est à l’origine de la détresse constatée. Le débriefing psychologique n’est pas recommandé en urgence, car très controversé du fait que son efficacité n’a pas été prouvée et qu’il met à l’épreuve le respect du principe « Ne pas nuire ». Quand ? À partir du moment où il existe suffisamment d’information, lors des phases 1 et 2. Outils de suivi Rapport d’intervention. Document de référence Organisation mondiale de la Santé / War Trauma Foundation / World Vision International (2011). Les premiers secours psychologiques : Guide pour les acteurs de terrain. http://www.who.int/mental_health/ publications/guide_field_workers/en/ index.html Objectif principal Mettre en place un dispositif pour orienter les personnes vulnérables vers divers services (santé, éducation, besoins de base, services de santé mentale spécialisés…), afin d’augmenter leur capacité d’adaptation à la situation et réduire leur niveau de détresse psychologique. Objectifs spécifiques Élaborer une cartographie des différents services disponibles. Orienter les personnes vulnérables vers les services. S’assurer que le service offert répond au besoin du bénéficiaire. Résultats attendus Les personnes vulnérables ont reçu le service pouvant augmenter leur capacité d’adaptation à la situation et réduire leur niveau de détresse psychologique. Les personnes avec des troubles mentaux sévères ont accès aux soins et services spécialisés. Indicateurs de résultats Nombre de référencements faits. Nombre de personnes ayant reçu les services vers lesquels elles ont été référées. Cartographie des services élaborés. Mesure d’effets Mesure de la qualité des référencements (incluant la qualité des services vers lesquels la personne a été référée) auprès de la population via une enquête de satisfaction. Pour qui ? Les personnes vulnérables, y compris les personnes souffrant de troubles mentaux ayant besoin de services / soins spécifiques : santé, nutrition, abri, kit d’hygiène, kit protection, service de santé mentale spécialisé… Fiches . pratiques . 59 Comment ? Avant la mise en œuvre Former les équipes à bien identifier les personnes en détresse psychologique. Créer des outils de suivi de référencement. Faire une liste des différents services disponibles dans la zone d’intervention (santé, nutrition, abri, éducation). Attention : cette liste peut être déjà faite par les groupes de travail de santé mentale et soutien psychosocial, ou même par un autre projet / service de Handicap International. Vérifier que la cartographie inclut les services proposés par les organisations locales (organisations à base communautaire, organisations de personnes handicapées…). Vérifier avec chaque acteur proposant un service les différentes conditions d’accès à ce service (âge, sexe, conditions familiales, zone géographique…). 60 La mise en œuvre Contacter les organisations afin de connaître les démarches nécessaires pour avoir accès au service (carte d’identification, fiche de référencement, coup de fil). Identifier le réseau de référencement, et les moyens d’accéder aux différents services (qualité de l’accès aux services et qualité des services), afin d’éviter de référer les personnes vers des services non existants ou pas accessibles. Mettre à jour constamment cette cartographie. Établir un système de suivi du référencement en fonction du niveau d’urgence. Par exemple : • Suivi après 24 h si la situation est très urgente, • 48 h si la situation est moyennement urgente, • 72 h si la situation est légèrement urgente, • Un suivi systématique après une semaine. Être à l’écoute de la personne pour déterminer son besoin. Expliquer clairement à la personne les démarches pour obtenir le service en question. Si pertinent, accompagner la personne pour accéder au service. S’assurer que la personne a reçu le service. Attitudes pendant l’activité Être attentif aux besoins prioritaires des personnes vulnérables. Être empathique dans l’approche. Compétences à avoir Facilité dans la communication. Capacité à synthétiser les besoins. Capacité d’analyse de la situation. Organisation. Capacité de faire une cartographie. Points de vigilance Il faut s’assurer que les membres de l’équipe sont bien formés pour identifier notamment les signaux d’alerte (« red flags ») pour référer des personnes vers les services de santé mentale spécialisés. Quand ? Phases 1, 2, 3. Outils de suivi Fiche de référencement. Documents de référence Il en existe de nombreux, contacter le Référent Technique ! Groupe d’entraide communautaire Pourquoi ? Objectif principal Accompagner les personnes vulnérables en grande souffrance psychologique dans leur rétablissement. Améliorer la santé mentale des membres des Groupes d’Entraide Communautaire (GEC) en les accompagnant à activer par eux-mêmes (collectivement) leurs ressources économiques, sociales et communautaires permettant de répondre à leurs besoins / demandes. Objectifs spécifiques Apprendre à vivre avec autrui 16 autour d’un projet commun. Savoir élaborer un projet en partant d’une analyse des forces et opportunités présentes dans l’environnement (social, communautaire, familial). Être en capacité d’élaborer et de gérer un projet (économique, culturel, social, etc.). Résultats attendus La détresse psychologique des membres du GEC diminue. Les besoins / demandes des membres du GEC sont couverts. Les membres des GEC sont en capacité de participer à la vie sociale, c'est-à-dire pouvoir investir et créer dans leur environnement. Indicateurs de résultats Taux de participation et ponctualité (ou absences justifiées). Fréquence des rencontres. Mesure d’effets Les participants se sont approprié la médiation. Respect des règles. Changement des attitudes au fur et à mesure de l’évolution du groupe. Amélioration de la capacité d’élaboration et de gestion de projet. Pour qui ? Les personnes vulnérables et en souffrance psychologique ayant besoin de soutien. Cette approche est recommandée pour les personnes qui ont des difficultés à exprimer leur mal-être par la parole. Comment ? Avant la mise en œuvre Créer un groupe de personnes (8 à 12 personnes) où les participants sont toujours les mêmes, ou discuter les règles d’entrée et de sortie du groupe si le groupe reste en permanence ouvert sur la communauté. Ce groupe peut être issu d’un cycle de groupe de parole. Identifier un lieu sécurisé et accessible aux personnes handicapées. Préparer les outils de suivi et d’évaluation de l’activité. La mise en œuvre Communiquer autour du groupe pour attirer les participants et se faire connaître des autres professionnels. Expliquer l’objectif de l’activité. Expliquer le cadre de fonctionnement : • Durée de chaque rencontre, • Lieu des séances, • Fréquence et régularité (par exemple, 1 fois par semaine), • Créer, dès la première séance, des règles internes avec les participants du groupe : – Règle de la confidentialité de l’information, – Respect de la parole de l’autre, – Créer une politique clinique de gestion des absences afin que celles-ci soient prises en compte dans l’analyse de la dynamique groupale et de la problématique psychique de la personne absente. Pour la première séance, définir les thématiques et un support (activités génératrices de revenus, théâtre forum, chant, dessin, sport, photo-langage…) en fonction du public et des objectifs définis en groupe. Fiches . pratiques . 61 Pour les séances d’après, les préparer à l’avance. Prévoir le matériel nécessaire (salle, fourniture) ainsi que les professionnels compétents. En fin de séance, analyser les problèmes soulevés par le groupe et chercher avec les participants des solutions possibles. Faire un débriefing après chaque séance entre les animateurs. Attitudes pendant l’activité Être flexible, capable de s’adapter en fonction de ce qui est apporté par le groupe, tout en étant un élément suffisamment stable pour le groupe. Ne pas porter de jugement. Faciliter la prise de parole, être le médiateur du groupe. Observer les participants dans leur ensemble (communication non verbale, présentation, manifestation émotionnelle…). Être capable à tout moment de se remettre en question et de s’auto-évaluer, grâce aux débriefings. Compétences à avoir Avoir été formé à cette méthode et à la médiation choisie. Connaissances des dynamiques groupales. Mettre en place des échelles d’évaluation de la médiation en fonction de ce que l’on cherche à savoir (développement, comportement…). Quand ? 62 Phases 2 et 3. Outils de suivi Fiche de suivi du patient / Fiche de séance. Documents de référence Handicap International (2009). Accompagner les traumatismes individuels par le retissage des liens sociaux et communautaires : un exemple d'approche en santé mentale communautaire après le génocide des Tutsi au Rwanda. http://www.hiproweb.org/uploads/tx_ hidrtdocs/CapiRwanda.pdf Handicap International (2012). Réunir les solitudes : l'exemple d'un projet de Santé Mentale Communautaire au Rwanda (film). http://www.youtube.com/ watch?v=9qw2PRWr3Y0 Réunion d’équipe pluridisciplinaire Pourquoi ? Objectif principal Permettre une coordination de l’ensemble des équipes (travailleurs sociaux et communautaires, techniciens de réadaptation, kinésithérapeutes, psychologues…), en vue d’un meilleur suivi des personnes vulnérables et exclues, et de permettre des échanges sur les pratiques professionnelles. Objectifs spécifiques Développer les compétences des équipes. Avoir une meilleure coordination au niveau du travail. Résultats attendus Les équipes ont développé des compétences et des connaissances au niveau de la prise en charge des personnes vulnérables grâce à l’échange de pratiques professionnelles. Indicateurs de résultats Taux de participation (ou absences justifiées). Fréquence des rencontres de l’équipe. Nombre de plans d’action mis en place. Mesure d’effets Les participants se connaissent et reconnaissent le travail et l’apport de chacun. Développement des compétences psychosociales. Meilleure coordination, travail en réseau efficace. Pour qui ? Comment ? La mise en œuvre Entrer en contact avec les professionnels pouvant être intéressés. Créer un groupe où les participants sont toujours les mêmes ainsi que l’animateur (10 à 15 personnes). Trouver un lieu au calme et disponible (si possible hors institution). Faire une réunion de mise en place du dispositif (explication des objectifs, de la méthodologie…) : • Assurer une fréquence de rencontres et une durée des séances (1 ou 2 heures), • Créer, dès la première séance, des règles internes avec les participants du groupe (respect de la prise de parole de chacun, ce qui est dit dans le groupe reste dans le groupe…), • Mettre en place une politique de gestion des absences. Discuter autour d’un ou de plusieurs cas concrets afin de trouver les meilleurs axes de prise en charge possible pour les bénéficiaires. Faire un débriefing à la fin de chaque séance. Attitudes pendant l’activité Accepter les différences de chacun. Faire des compromis, employer des phrases débutant par « Je » pour éviter les conflits de valeurs. Coopérer, être ouvert aux nouvelles idées, aux innovations. Respecter les membres du groupe. Être capable à tout moment de se remettre en question. Compétences à avoir Bonne capacité de gestion d’une équipe. Capacité de modération. Fiches . pratiques . 63 Les professionnels, les personnes relais / ressources d’un même centre, d’une même équipe. Quand ? Phases 1, 2 et 3. Outils de suivi Fiche de séance. Supervision clinique Pourquoi ? Objectif principal Soutenir individuellement l’intervenant dans son rapport personnel à la situation des personnes vulnérables en vue de son autonomisation professionnelle. Objectifs spécifiques Travailler les questionnements professionnels (posture, valeurs, représentations, relation de pouvoir, contre-transfert, impuissance, agressivité, situation angoissante) que le soignant pourrait difficilement aborder sous le regard de ses pairs. Permettre aux intervenants de s’interroger sur leurs attitudes, paroles, perceptions, émotions, actions et éthique de leur pratique afin de mieux définir leur style d’intervention. Prévenir les risques d’épuisement professionnel (burn-out professionnel). 64 Résultats attendus L’intervenant / soignant est en capacité de s’interroger sur son rapport à l’autre dans le cadre de sa pratique professionnelle et au regard notamment de son histoire personnelle. L’intervenant / soignant conduit les accompagnements en suivant les représentations et valeurs de la personne, tout en favorisant un développement personnel pas forcément normatif mais générateur d’une meilleure santé mentale. L’intervenant / soignant mobilise chez autrui la capacité d’investir et de créer dans son environnement. L’intervenant / soignant est en capacité d’accepter la situation d’autrui (sans jugement, avec empathie). L’intervenant / soignant est en capacité de rester en lien avec lui-même. Indicateurs de résultats Taux de participation à la supervision clinique. Nombre d’accompagnements conduits. Mesure d’effets Évaluation à mi-parcours et en fin de parcours de l’évolution des questionnements professionnels. Pour qui ? Les psychologues et travailleurs sociaux, praticiens de la relation d’aide (counsellors). Comment ? La mise en œuvre Trouver un lieu qui respecte la confidentialité et l’intimité des rencontres. Poser le cadre d’intervention : • Expliquer où vont se dérouler les rencontres avec les équipes, la durée des rencontres et la régularité des rencontres, • Expliquer la confidentialité des informations qui se partagent dans ce cadre, • Expliciter le droit à la parole de chaque participant. Déroulement de l’intervention : • Présentation clinique d’une situation, • Présentation de la dynamique relationnelle entre l’intervenant et l’individu concerné, • Réflexion autour des particularités de cette dynamique relationnelle, • Réflexion autour du vécu de l’intervenant suite à cette situation, • Analyse et interprétation. Attitudes pendant l’activité Être à l’écoute des discours. Ne pas juger les discours et les interprétations des uns et des autres. Compétences à avoir Expérience d’intervention. Bonne connaissance des réalités et des problématiques. Expérience dans l’accompagnement professionnel. Bonne capacité d’analyse. Habilité à approfondir la réflexion et le raisonnement. Capacité d’écoute. Savoir rétroagir et confronter de manière respectueuse. Quand ? Phases 1, 2 et 3. Outils de suivi Rapport de superviseur. Documents de référence Mario Poirier (2006). « Enjeux cliniques et éthiques de la supervision externe des équipes en santé mentale », in Santé mentale au Québec, vol. 31, n° 1 p. 107 – 124. http://www.erudit.org/revue/SMQ/2006/ v31/n1/013688ar.pdf Fontaine Anne (2006). L’accompagnement professionnel : une pratique essentielle, guide de supervision en travail de rue et de proximité. Médecin du Monde Canada. http://www.medecinsdumonde. ca/site/publications/ Guidedesupervisionintervenants.pdf Handicap International (2009). Accompagner les traumatismes individuels par le retissage des liens sociaux et communautaires : un exemple d'approche en santé mentale communautaire après le génocide des Tutsi au Rwanda. http://www.hiproweb.org/uploads/tx_ hidrtdocs/CapiRwanda.pdf Handicap International (2012). Réunir les solitudes : l'exemple d'un projet de Santé Mentale Communautaire au Rwanda (film). http://www.youtube.com/ watch?v=9qw2PRWr3Y0 Analyse de la pratique professionnelle Pourquoi ? Objectif principal Permettre aux professionnels de réfléchir entre pairs sur leur pratique et de trouver des ressources concrètes aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer. Cette activité s’inscrit également dans la prévention de l’épuisement professionnel (burn-out professionnel). Objectifs spécifiques Développer une conscience critique de leur situation, notamment prise dans son contexte (politique, économique, culturel). Développer les capacités d’analyse entre pairs des différents styles professionnels (gestion des émotions, expression des sentiments, postures). Acquérir des réflexes d’analyse de situation / cas permettant de se dégager de problématiques complexes et de les accompagner. Développer des capacités d’animation et de compétences au repérage de la dynamique de groupe. Résultats attendus Les intervenants / soignants acquièrent des capacités d’analyse de problématiques individuelles et de groupe. Les intervenants / soignants développent une conscience critique de leur situation. Les intervenants / soignants savent se remettre en question par rapport à leur pratique professionnelle. Indicateurs de résultats Taux de participation (ou absences justifiées). Fiche de suivi pour chaque participant. Niveau de satisfaction des participants. Pérennité du dispositif. Fiches . pratiques . 65 Mesure d’effets Développement d’une conscience critique et d’une capacité d’analyse entre pairs des différents styles professionnels. Des solutions aux problèmes évoqués sont trouvées. Capacité à se remettre en question par rapport à ses pratiques professionnelles. Pour qui ? Les professionnels ayant une pratique de la relation d’aide. Par exemple les psychologues, les travailleurs sociaux. Comment ? Avant la mise en œuvre Identifier la personne qui sera en charge de l’analyse de la pratique. Créer des outils de suivi de cette activité. Identifier un lieu de travail. Avoir un lieu et des horaires fixes pour chaque séance. Entrer en contact avec les professionnels pouvant être intéressés. Créer un groupe de professionnels où les personnes sont toujours les mêmes (10 à 12 personnes). 66 La mise en œuvre Faire une réunion de mise en place du dispositif (expliquer les objectifs, la méthodologie…). Assurer une fréquence régulière de rencontre (une rencontre par mois minimum). Créer, dès la première séance, des règles internes avec les participants du groupe (respect de la prise de parole de chacun, ce qui est dit dans le groupe reste dans le groupe…). Mettre en place une politique clinique de suivi des absences, c'est-à-dire, au-delà du suivi gestionnaire, donner un sens à ces absences qui soit intégré à l’analyse de la dynamique de groupe. Questionnaires de préformation sur les attentes et les préoccupations des participants. Discuter autour des pratiques et expériences, de cas concrets rencontrés. Faire un débriefing, c'est-à-dire reprendre à la fin de chaque séance le cheminement de ce qui a été dit pendant la séance. Attitudes pendant l’activité Être flexible, capable de s’adapter en fonction de ce qui est apporté par le groupe, tout en étant un élément suffisamment stable pour le groupe. Ne pas porter de jugements et ne pas prendre parti lors d’une discussion. Garantir le respect des règles créées lors de la première séance. Faciliter la prise de parole, être le médiateur du groupe. Être capable à tout moment de se remettre en question et de s’auto-évaluer, grâce aux retours et débriefings. Compétences à avoir Être formé à cette pratique. Être psychologue ou animateur psychosocial. Avoir une connaissance des dynamiques groupales. Quand ? Phases 1, 2, 3. Outils de suivi Fiche de suivi / Fiche de séance. Débriefing semestriel avec le groupe. Questionnaire annuel de satisfaction. Documents de référence MAQUEDA Francis, MURBACH Dominique (2003). Supervision, analyse et construction de pratiques. Limite des activités soignantes psychiques dans des contextes humanitaires ? in Comprendre et soigner le trauma en situation humanitaire. Paris : Dunod, p. 123 – 146 Handicap International (2011). Renforcement de capacités des accompagnateurs psychosociaux. Dispositif de supervision et d’analyse de la pratique. Projet Madagascar, Quartiers d’avenir : de la détention à la prévention. Handicap International (2009). Les groupes de parole de soignants de type Balint en Algérie. http://www.hiproweb.org/uploads/ tx_hidrtdocs/Doc_Cap_Groupe_Balint_ vf_2009.pdf Entretien individuel et familial Pourquoi ? Objectif principal Assurer un accompagnement individuel et une évaluation de l’état des personnes les plus vulnérables afin d’apporter un soutien psychologique. Objectifs spécifiques Identifier les personnes les plus vulnérables qui nécessitent un accompagnement. Proposer un accompagnement adapté. Référencement des cas psychiatriques qui nécessitent une prise en charge médicale. Résultats attendus Les personnes les plus vulnérables sont identifiées, soutenues et/ou orientées vers des services spécialisés. Indicateurs de résultats Taux de présence (ou absences justifiées). Nombre de personnes bénéficiant d’un ou plusieurs entretiens. Nombre de séances. Mesure d’effets Enquête de satisfaction auprès des bénéficiaires. Résultats de l’évaluation faite par l’accompagnateur. Pour qui ? Les personnes présentant des manifestations de détresse psychologique importantes. Fiches . pratiques . Comment ? 67 Avant la mise en œuvre Identifier les membres de l’équipe capables de conduire un entretien individuel. Former aux techniques de l’entretien individuel si nécessaire. Créer des outils de suivi (par exemple, une trame d’entretien, rapport de suivi…). Trouver un endroit calme qui assure la confidentialité de l’entretien et qui est accessible aux personnes handicapées. S’assurer, si nécessaire, de la présence d’interprètes (langues, langage des signes…) et les briefer sur le déroulement d’entretien. La mise en œuvre Prendre contact avec la personne. Présenter le cadre de l’entretien (lieu accessible, durée n’excédant pas une heure de temps sauf si nécessaire, régularité des rencontres, règles de confidentialité…). Mettre en place un dispositif de gestion des absences. Créer, avec la personne, un plan d’action avec des objectifs à atteindre (toujours choisir des objectifs modestes pour ne pas décourager la personne tout en restant disponible à l’incertitude et au changement). Évaluer si l’entretien implique une rencontre avec la famille et les proches de la personne (entretien collectif). Remplir la fiche de suivi en fonction du déroulement de l’entretien. Observer la personne dans son ensemble (communication non verbale, présentation, manifestation émotionnelle…). Apporter un soutien émotionnel. Conseiller la personne lorsqu’elle est désorientée. Pouvoir réorienter la personne vers d’autres professionnels si nécessaire. Permettre à la personne de s’exprimer, lors d’une discussion formelle, dans une relation de confiance, avec le soignant. 68 Attitudes pendant l’activité Utiliser des questions ouvertes permettant à la personne de se confier. Adapter les méthodes aux personnes, à la spécificité de la rencontre. Être neutre et bienveillant. Savoir respecter les temps de l’accompagnement pour ne pas créer de relation de dépendance. Compétences à avoir Avoir été formé à la pratique de l’entretien individuel. Savoir faire passer des tests spécifiques. Être capable d’identifier des besoins spécifiques. Être capable de faire un diagnostic. Être capable de référer. Quand ? Phases 2 et 3. Outils de suivi Fiche de suivi / Fiche de séance. Accompagnement social personnalisé Comment ? Pourquoi ? Objectifs principaux Améliorer la participation sociale et les conditions de vie des personnes vulnérables par un accompagnement social de proximité adapté aux besoins et ressources des individus. Renforcer leur confiance en eux et en leurs capacités. Objectifs spécifiques Identifier les ressources et les besoins individuels. Mettre en place un plan d’accompagnement individualisé pour renforcer les capacités individuelles. Résultats attendus La personne vulnérable mobilise ses ressources individuelles et environnementales pour améliorer sa capacité à agir pour elle-même et avec autrui. Indicateurs de résultats Nombre de visites / rencontres avec la personne. Plan d’action élaboré avec la personne. Évaluation après l’accompagnement (enquête de satisfaction). Présences des participants aux rendez-vous et réunions. Mesure d’effets Une enquête mettant en évidence le développement de compétences et de connaissances chez les personnes suivies. Pour qui ? Les personnes vulnérables et leur famille en détresse psychologique. Avant la mise en place Réaliser une étude socio-anthropologique qui est indispensable à la mise en place de cette activité pour adapter les modalités d’intervention. Identifier les personnes en capacité de mettre en place un accompagnement social personnalisé. Former à l’accompagnement social dans la communauté (domicile, rue, centres spécialisés, importance de « l’aller vers » : aller vers les gens plutôt qu’attendre qu’ils viennent d’eux-mêmes). Préparer les outils de suivi et d’évaluation avec les membres de l’équipe. La mise en œuvre Créer un réseau, une équipe de professionnels avec qui il sera éventuellement possible de travailler à la mise en place de projets, ou de consulter pour avoir des avis médicaux. Prendre contact avec la personne : premier entretien. Définir la durée de l’entretien : en moyenne, quarante minutes dans un lieu sûr et accessible aux personnes handicapées. Expliquer à la personne l’objectif de la visite et le processus de l’intervention : expliquer le cadre de l’intervention (lieu, fréquence des visites, durée de la session). Créer une relation professionnelle de confiance et de responsabilisation individuelle. Définir les besoins avec la personne. Rencontrer les autres membres de la famille si besoin. Analyser les données récoltées (possibilité de contacter les proches de la personne concernée). Co-construire le projet, le plan d’action et mettre en place un chronogramme. Formaliser l’engagement des différents acteurs dans le processus, éclaircir les conditions et implications (contractualisation). Fiches . pratiques . 69 Accompagner la personne en fonction des objectifs fixés : • Donner les moyens à la personne de faire les choses par elle-même. Ne pas tenter de la faire rentrer dans une norme, • Savoir s’ajuster (se réajuster) en fonction de la personne, de son milieu social et de son évolution au cours de l’accompagnement, • Savoir optimiser les capacités de chacun, ne pas seulement voir les incapacités mais aussi les potentiels, • Faciliter les différentes étapes, sans se substituer à la personne. S’adapter aux réalités du terrain et aux difficultés. Mener une évaluation / un bilan intermédiaire dans l’idéal une fois par mois et adapter le plan d’action si besoin (mesure de l’écart entre la situation actuelle et les objectifs de départ). Finaliser l’accompagnement : sortie du dispositif. Mener une enquête de satisfaction des participants et de leur entourage pour avoir des retours sur le vécu autour du processus. Attitudes pendant l’activité Démarche participative : la personne est associée aux étapes du projet. Être attentif aux histoires de vie, collecter un maximum d’informations sur différents aspects pour cerner le point de départ de la personne afin de lui proposer quelque chose qui soit adaptée à sa situation. Être empathique. 70 Compétences à avoir Connaissance du milieu et de son fonctionnement social. Capacité de conduire des entretiens (individuels ou collectifs). Capacité d’analyse des disparités, dysfonctionnements et obstacles. Capacité de réaliser un diagnostic social. Capacité de construire un projet basé sur la demande des individus. Capacité à faire de la médiation. Capacité à travailler en équipe, en réseau ou avec les proches de la personne suivie. Connaissance des mécanismes communicationnels et comportementaux. Maîtrise du Processus de Production du Handicap (PPH) et des outils permettant l’analyse de la pratique. Quand ? Phases 2 et 3. Outils de suivi Fiche d’accompagnement. Rapport d’activités. Document de référence Handicap International (2009). Accompagnement social personnalisé : Réflexions, méthode et outils d’une approche en travail social de proximité. http://www.hiproweb.org/uploads/tx_ hidrtdocs/GuideASPFRBD.pdf Fiches . pratiques . 71 Haïti, 2010 Annexes Acronymes 74 Bibliographie 74 Éléments de compréhension des différents types d’incapacité 75 Notes 77 73 Acronymes CAP 74 Connaissances, Attitudes et Pratiques CH Coordination Humanitaire CPI Comité Permanent Inter-organisations DRR Disaster Risk Reducation (Réduction des Risques de Désastres) FGD Focus Group Discussion (Groupe de discussion) HESPER The Humanitarian Emergency Setting Perceived Needs Scale (Échelle des besoins perçus en situation d’urgence humanitaire) IASC Inter-Agency Standing Committee (= CPI) IEC Information, Éducation, Communication INEE International Network for Education in Emergencies (Réseau International pour l’Éducation en situations d’urgence) MhGAP Mental Health Gap Action Programme (Programme d’action Combler les lacunes en santé mentale) OCHA Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (Bureau de la coordination des affaires humanitaires) OIM Organisation internationale pour les Migrations OMS Organisation mondiale de la Santé ONSMP Observatoire national de la santé mentale et de la précarité PAES Prévention contre les abus et l’exploitation sexuelle SMSP Santé Mentale & Soutien Psychosocial UNHCR United Nations High Commissioner for Refugees (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) UNICEF United Nations International Children Emergency Fund (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance) Bibliographie American Psychiatric Association (2003). DSM – IV – TR : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Paris : Masson. Anderson M. (1999). Do No Harm: How aid can support peace – or war. Boulder, CO: Lynne Rienner. Boisson M. / Godot C. / Sauneron S. (2009). La santé mentale, l’affaire de tous. Pour une approche cohérente de la qualité de vie. Paris : Centre d’analyse stratégique. p. 20 – 24. http://lesrapports.ladocumentation francaise.fr/BRP/094000556/0000.pdf Collectif des 39. Déclaration de Lyon. Octobre 2011. http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=2630 Comité permanent inter-organisations (CPI) (2007). Directives du CPI concernant la santé mentale et le soutien psychosocial dans les situations d’urgence. Genève : CPI. http://www.who.int/mental_health/ emergencies/iasc_guidelines_french.pdf Education Cluster INEE / IASC / Global Protection Cluster (2011). Guidelines for Child Friendly Spaces in Emergencies. http://www.unicef.org/protection/Child_ Friendly_Spaces_Guidelines_for_Field_ Testing.pdf Organisation mondiale de la Santé / CIM 10 (1997). Classification internationale des troubles mentaux et des troubles du comportement. Paris : Masson. Organisation mondiale de la Santé (2011). Guide d’intervention mhGAP pour lutter contre les troubles mentaux, neurologiques et liés à l’utilisation de substances psycho-actives dans les structures de soins non spécialisées : Programme d’action Combler les lacunes en santé mentale. Genève : OMS. http://whqlibdoc.who.int/ publications/2011/9789242548068_fre.pdf Organisation mondiale de la Santé / War Trauma Foundation / World Vision International (2011). Les premiers secours psychologiques : Guide pour les acteurs de terrain. http://www.who.int/mental_ health/publications/guide_field_workers/ en/index.html Pégon Guillaume (2011). Santé mentale en contextes de post-crise et de développement. Lyon : Handicap International. http://www.hiproweb.org/uploads/tx_ hidrtdocs/DC03_Sante_mentale.pdf Relandeau A. / Chérubini N. / Didier Sevet C. / Lafrenière A. (2009). Accompagnement social personnalisé : Réflexions, méthode et outils d’une approche en travail social de proximité. Lyon : Handicap International. http://www.hiproweb.org/uploads/tx_ hidrtdocs/GuideASPFRBD.pdf Schininá Guglielmo / Nuri Rocco (2010). Psychosocial Needs Assessment in Emergency Displacement, Early Recovery, and Return. Geneva: OIM. http://www.iom.int/jahia/webdav/shared/ shared/mainsite/activities/health/ mental-health/Psychosocial-NeedsAssessment-Emergency-DisplacementEarly-Recovery-Return-IOM-Tools.pdf World Health Organization / King’s College London (2011). The Humanitarian Emergency Settings Perceived Needs Scale (HESPER): Manual with Scale. Geneva: WHO. http://whqlibdoc.who.int/ publications/2011/9789241548236_eng.pdf Éléments de compréhension des differents types d’incapacité 17 Incapacité motrice Le terme « incapacité motrice » renvoie à plusieurs déficiences (liste non exhaustive) : Malformation ou amputation congénitale des membres, amputation chirurgicale. Paraplégie, hémiplégie ou tétraplégie : une paralysie et insensibilité partielle du corps et des membres souvent due à des accidents de la circulation, domestiques ou accidents vasculaires. Le spina-bifida : malformation congénitale touchant la moelle épinière créant une insensibilité et / ou une paraplégie. Infirmité motrice cérébrale : souvent due à un problème in-utéro, au cours de l’accouchement (le cordon ombilical autour du cou), un accouchement prématuré ou quand l’enfant ne respire pas immédiatement. Maladies neuromusculaires : une faiblesse généralisée des muscles due à une maladie génétique. Les personnes avec une incapacité motrice peuvent éprouver des difficultés pour se déplacer. Elles peuvent s’aider d’une canne, d’un cadre de marche, d’une prothèse (appareillage), d’une poussette, brouette ou autre moyen de déplacement qui demande l’aide d’une tierce personne, d’un fauteuil roulant manuel permettant de se déplacer seul ou avec l’aide d’un tiers, d’un vélo, tricycle ou tout autre dispositif de déplacement en faisant usage de ses bras. Incapacité auditive ou surdité Une personne peut présenter une incapacité auditive ou être sourde depuis sa naissance, à cause d’une maladie génétique, virale ou parasitaire ou suite à un accident. Les degrés d’audition sont différents d’une personne à l’autre. Annexes . 75 Incapacité visuelle ou cécité D’après la classification de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la déficience visuelle est basée sur la mesure de l’acuité visuelle de loin et la mesure du champ visuel, c’est-à-dire de la portion de l’espace perçue lorsque l’œil est ouvert et mobile. Une personne peut présenter une incapacité visuelle ou être aveugle depuis sa naissance, à cause d’une maladie génétique, virale ou parasitaire ou suite à un accident. Les situations de malvoyance sont très diversifiées et entraînent des conséquences variées dans la vie quotidienne. Chaque personne ayant une incapacité visuelle a une perception de l’environnement différente d’une autre. En fonction de ses capacités visuelles, une personne peut plus ou moins percevoir les objets en mouvement ou statiques, son environnement à la lumière du jour, à forte luminosité ou sans luminosité. Les incapacités intellectuelles Une personne peut être atteinte d’une incapacité intellectuelle depuis sa naissance, à cause d’une maladie génétique, virale ou d’un traumatisme crânien. Elle est ralentie dans ses apprentissages et a des difficultés de compréhension. Seul l’apprentissage adapté peut améliorer les capacités à mener une vie de la manière la plus autonome possible. Les conséquences de cette incapacité varient énormément d’une personne à une autre en fonction de sa situation de vie, sa famille et sa communauté, et des opportunités d’apprentissage adapté disponibles. Par exemple, une personne avec une incapacité intellectuelle peut très bien évoluer dans un environnement donné, mais avoir besoin de beaucoup d’assistance dans un autre contexte. 76 Les incapacités psychiques Les incapacités psychiques sont liées à des troubles mentaux chroniques ou sévères (schizophrénie, psychose maniacodépressive, dépression, etc.). Ces troubles surviennent généralement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Le syndrome de stress post-traumatique, également considéré comme un trouble mental grave, survient suite à la confrontation d’une situation durant laquelle l’intégrité physique et / ou psychologique de la personne et / ou de son entourage a été menacée et / ou effectivement atteinte (accident grave, mort violente, violence sexuelle, agression, maladie grave, guerre, attentat, inondations violentes...). Les personnes avec des incapacités psychiques souffrent fréquemment de paranoïa, de dépression, d’anxiété, de crises de panique et / ou de déficits d’attention. Elles éprouvent également des difficultés à élaborer et suivre un plan d’action, et alternent des états calmes et tendus. Elles sont perturbées dans leurs relations avec elles-mêmes, avec les autres et parfois avec leur environnement : repli sur soi, excitabilité, troubles du comportement, manque d’orientation dans le temps et dans l’espace, automutilation, violence envers les autres, etc. Elles se trouvent perturbées de manière ponctuelle dans des moments de « crise » plus ou moins longs. En temps de crise, les personnes souffrant d’incapacités psychiques ont de la difficulté à faire la distinction entre le bon et le mauvais dans leurs relations avec les autres et peuvent facilement se mettre en danger. Les incapacités psychosociales Les incapacités psychosociales sont liées à la détresse psychologique, quelle qu’en soit la cause (migration, exil, catastrophe naturelle, pauvreté, absence de logement, perte de liens familiaux et / ou sociaux, perte du travail). Les incapacités qui découlent de ces situations doivent être reconnues en tant que telles, car elles perturbent la participation à la vie sociale des personnes concernées (inaptitudes reliées aux comportements, au langage, aux activités intellectuelles), les personnes perdant leurs habilités sociales et leur capacité à s’occuper et à prendre soin d’elles-mêmes (inaptitudes reliées à la protection et à l’assistance). Les situations de handicap issues d’incapacités d’ordre psychosocial, en lien avec l’environnement, peuvent être vécues indifféremment par l’enfant ou par l’adulte. Cependant, une attention particulière doit être accordée aux enfants et adolescents en situation de vulnérabilité éducative : carences affectives, Notes violences, précarité du milieu social… En effet, on sait que souvent des troubles mentaux à l’âge adulte trouvent leurs racines dans des difficultés infantiles négligées. Les maladies invalidantes Il s’agit le plus souvent de maladies chroniques, qui affectent l’intégrité ou la fonction d’un ou plusieurs organes, pouvant entraîner des restrictions fonctionnelles (réduction de la mobilité, de la capacité d’autonomie,…). Faute de traitement ou de prise en charge appropriée, la maladie peut entraîner à plus ou moins long terme des déficiences irréversibles motrices, sensorielles ou mentales. Il peut s’agir de tumeurs cancéreuses, de maladies cardio-vasculaires (dont l’hypertension artérielle sévère), de maladies endocrines (notamment le diabète), de maladies de l’appareil digestif (reins, foie, intestins), de maladies de l’appareil respiratoire (dont l’asthme), de maladies infectieuses ou parasitaires (dont le VIH, la lèpre, la tuberculose, la filariose lymphatique, l’ulcère de Buruli). 1. Global Platform on Disaster Risk Management for Health (2011). Mental Health and Psychosocial Support, Fact Sheets, WHO / United Kingdom Health Protection Agency and partners. http://www.who.int/ hac/events/drm_fact_sheet_mental_ health.pdf 2. Pour de plus amples informations concernant l’historique des projets et le positionnement de Handicap International dans les domaines de la santé mentale et du soutien psychosocial, se reporter au document cadre afférent : Pégon Guillaume (2010). Santé mentale en contextes de post-crise et de développement. Lyon : Handicap International. http://www.hiproweb. org/uploads/tx_hidrtdocs/DC03_ Sante_mentale.pdf 3. Directeur de l’observatoire national de la santé mentale et de la précarité (ONSMP). 4. Article 2.8 de la Déclaration de Lyon, octobre 2011 : Congrès des 5 continents – Quand la mondialisation nous rend fous – Pour une écologie du lien social. http://www. collectifpsychiatrie.fr/?p=2630 5. Boisson M., Godot C., Sauneron S. (2009). La santé mentale, l’affaire de tous. Pour une approche cohérente de la qualité de vie. Paris : Centre d’analyse stratégique, p. 20 – 24. http:// lesrapports.ladocumentationfrancaise. fr/BRP/094000556/0000.pdf 6. American Psychiatric Association (2003). DSM – IV – TR : manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Paris : Masson. Annexes . 77 7. OMS (1997). Classification internationale des troubles mentaux et des troubles du comportement. Paris : Masson. 8. Dans le cadre d'un effort de réforme de l'ONU visant à améliorer l'efficacité des secours humanitaires, une approche par « groupe » a été adoptée en 2005 pour renforcer la coordination dans neuf secteurs clés : nutrition, santé, eau et assainissement, abris d'urgence, coordination des camps et gestion, protection, relèvement précoce, logistique, télécommunications. Le Comité Permanent Inter-organisations (CPI ou IASC en anglais pour Inter-Agency Standing Committee) a nommé différentes agences à la tête de ces groupes. Leur tâche est de clarifier les rôles, les responsabilités de l'ONU et des partenaires qui ne font pas partie des Nations Unies, de répondre aux situations d'urgence spécifiques et de simplifier les communications avec le gouvernement hôte. 9. Anderson, M. (1999). Do No Harm: How aid can support peace – or war. Boulder, CO: Lynne Rienner. situations d’urgence. Genève : CPI. http://www.who.int/mental_health/ emergencies/iasc_guidelines_french. pdf 13. Santé, Nutrition, Abris d’urgence, Eau et Assainissement, Éducation, Sécurité alimentaire, Gestion et coordination des camps, Relèvement précoce, Protection, Télécommunication et Logistique. 14. Herlemont Zoritchak Nathalie / Rave Amandine (2012). La pratique du témoignage : étayer nos démarches de dénonciation et d’influence. Lyon : Handicap International, p. 31 – 32. http://www.hiproweb.org/uploads/ tx_hidrtdocs/GM07Temoignage.pdf 15. Education Cluster INEE / IASC / Global Protection Cluster (2011). Guidelines for Child Friendly Spaces in Emergencies. http://www.unicef.org/protection/ Child_Friendly_Spaces_Guidelines_ for_Field_Testing.pdf 10. Conventions relatives aux droits des enfants (1989), à l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1981), aux droits des personnes handicapées (2006) et contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (1987). 78 11. David Becker / Barbara Weyermann (2006). Manuel : Genre, transformation des conflits et approche psychosociale. Genève : Direction du Développement et de la Coopération (DDC). http://www.sdc-genderdevelopment.net/document. php?itemID=5077&langID=2 12. Comité Permanent Interorganisations (2007). Directives du CPI concernant la santé mentale et le soutien psychosocial dans les 16. Apprendre à vivre avec autrui peut être évalué à travers une série d’indicateurs à élaborer en fonction des contextes socioculturels tels que : bonne relation avec les autres, capacité à respecter l’autre, à susciter le meilleur de l’autre ; curiosité, capacité à aller vers l’inconnu ; appétence relationnelle ; capacité à donner et à recevoir ; capacité à entretenir et réparer les relations ; capacité à se confier, à ne pas se replier sur soi en cas de difficultés. 17. Extraits adaptés des fiches techniques élaborées par Guillaume Pégon et Sheila Warembourg (Handicap International), utilisées dans le cadre de la formation des enquêteurs sociaux pour le projet pilote « La question de la vulnérabilité des enfants en situation de handicap face à la violence sexuelle », 2011. Crédits Crédits photographiques © Audrey Lecomte / Handicap International Éditeur Handicap International 14, avenue Berthelot 69361 Lyon cedex 07 [email protected] Imprimeur NEVELLAND GRAPHICS c.v.b.a. – s.o Industriepark-drongen 21 9031 Gent Belgique Imprimé en septembre 2013 Dépôt légal : septembre 2013 80 Fiches . pratiques . 81 Interventions psychosociales et de santé mentale en contextes d’urgence et de post-crise Ce guide propose les principes généraux d’intervention, des conseils méthodologiques et des fiches pratiques en matière de santé mentale et de soutien psychosocial dans les situations d’urgence et de post-crise (les fiches proposées peuvent tout à fait servir en contexte de développement). Ce document est destiné à tout professionnel de Handicap International en responsabilité de développer, mettre en œuvre ou analyser ce type d’interventions. HANDICAP INTERNATIONAL 14, avenue Berthelot 69361 LYON Cedex 07 T. +33 (0) 4 78 69 79 79 F. +33 (0) 4 78 69 79 94 [email protected]