Le pèlerin et le converti (Flammarion 1999)

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Le pèlerin et le converti (Flammarion 1999)
PARTENAIRES
Numéro 46
mai 2002
Les religions et la spiritualité dans la société française contemporaine.
Editorial (David Brown)
Il y a quelques semaines, du 14 au 16 mars, j’ai pu assister à une « grande première » en
France – un colloque international sur les protestants évangéliques organisé par le GSRL
(Groupe de Sociologie des Religions et de la Laïcité) sous les auspices du CNRS et de l’Ecole
Pratique des Hautes Etudes (de la Sorbonne). L’objet du colloque était « de donner une
vigoureuse impulsion à la recherche, en Europe et en France, sur un terrain relativement
‘neuf’ : celui du protestantisme évangélique ».
Le titre donné à ces journées d’étude était bien choisi – « Entre rupture et filiations : le
protestantisme évangélique – un christianisme de conversion ». Dans le document de
présentation, on pouvait lire le constat suivant :
« La conversion constitue un analyseur privilégié d’une figure spécifique du protestantisme en
ultramodernité. Elle pose, de manière frontale, une question qui est au cœur de la réflexion
socio-historique sur le religieux aujourd’hui : la question entre rupture et filiations. Danièle
Hervieu-Léger, dans Le pèlerin et le converti, y voit une des formes majeures de la
recomposition du religieux en modernité ».
En d’autres termes, en tant qu’évangéliques, nous sommes bien placés aujourd’hui pour
apporter la Bonne Nouvelle d’un Sauveur personnel dans une société qui privilégie le choix
personnel. Profitons donc sans complexe de cette opportunité donnée par Dieu – la
postmodernité est une chance que nous avons le privilège de vivre en tant que chrétiens qui
veulent le salut du plus grand nombre (1 Corinthiens 10 v33).
Parmi les orateurs du colloque, nous avons écouté Danièle Hervieu-Léger (directrice d'études
à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales). Ses travaux sur la place de la religion dans
la France laïque et républicaine nous permettent de mieux cerner le contexte dans lequel le
Seigneur nous appelle à évangéliser et à « bâtir des églises qui se multiplient ».
Ce numéro de « Partenaires » est consacré à un court compte-rendu de lecture que j’ai fait sur
le livre ‘Le pèlerin et le converti’ de Danièle Hervieu-Léger. Les citations ne sont pas toujours
d’une lecture facile, mais elles sont d’une grande richesse. Mes questions et réflexions
personnelles sont en italique à la fin de chaque chapitre.
Le pèlerin et le converti (Flammarion 1999)
Chapitre 1 La religion éclatée : réflexions préalables sur la modernité religieuse.
« Contrairement à ce qu'on nous dit, ce n'est donc pas l'indifférence croyante qui caractérise nos
sociétés. C'est le fait que cette croyance échappe très largement au contrôle des grandes églises et des
institutions religieuses ….. l'aspect le plus décisif de cette « dérégulation » apparaît surtout dans la
liberté que s'accordent les individus de « bricoler » leur propre système croyant, hors de toute
référence à un corps de croyances institutionnellement validé ». (p 42-43)
« Il n’y a pas de nation occidentale qui soit épargnée par les effets de la contradiction croissante entre
l'affirmation du droit des individus à la subjectivité et les systèmes traditionnels de la régulation de la
croyance religieuse. .. Ce constat n’implique pas que cette privatisation de la croyance efface le besoin
d’exprimer cette croyance dans un groupe au sein duquel l’individu trouve la confirmation de ses
croyances personnelles. En matière religieuse, comme dans l’ensemble de la vie sociale, le
développement du processus d’atomisation individualiste produit des petites communautés fondées sur
les affinités sociales, culturelles et spirituelles de leurs membres ». (p53-54)
« Le développement proliférant des croyances auquel nous assistons actuellement répond, pour une
large part, au besoin de recomposer, à partir de l’individu et de ses problèmes, quelque chose de ces
univers perdus de sens ». (p60)
La postmodernité (que Danièle Hervieu-Léger appelle l’ultramodernité) nous ouvre des perspectives
intéressantes pour l’annonce de l’Evangile car il y a une remise en question de la religion ‘héritée’ en
faveur du choix personnel. En revanche, il faudra veiller à ce que la religion bricolée n’envahit pas
les églises évangéliques. Tout en accueillant les personnes qui sont en recherche, nous devrons faire
de grands efforts pour enseigner la parole de Dieu à toute une nouvelle génération, et cela par tous
les moyens à notre disposition.
Chapitre 2 La fin des identités religieuses héritées
« Les sociétés modernes sont de moins en moins des sociétés de mémoire. Elles sont au contraire
gouvernées … par l’impératif de l’immédiat ». D’où la fin des identités religieuses héritées. Celles-ci
sont remplacées par d'autres dimensions de l'identification. Danièle Hervieu-Léger propose six types
d'identification au christianisme chez les jeunes en Europe. « Les ‘types’ présentés …constituent des
repères entre lesquels se déploient en se combinant et en se complexifiant les parcours effectivement
empruntés par les individus » (p83-88)
1) un christianisme affectif qui se constitue par intensification émotionnelle du sentiment
d’appartenance communautaire
2) un christianisme patrimonial qui conjugue la conscience de l’appartenance communautaire et
celle de la possession d’un héritage culturel
3) un christianisme humanitaire, sensible avant tout à l’injustice d’un monde qui multiplie les
exclus et appelle, en réponse, la charité active des individus
4) un christianisme politique qui se joue sur l’axe communautaire-éthique, avec une conception
de l’intervention active sur la scène publique en vue de défendre ou de promouvoir les valeurs
dont elle réclame
5) un christianisme humaniste qui englobe les dimensions culturelles et éthiques de
l’identification : c’est la reconnaissance d’un enracinement culturel combiné à l’acceptation
d’un ensemble de valeurs universelles
6) un christianisme esthétique, une combinaison privilégiée des dimensions culturelle et
émotionnelle
Ce chapitre attire notre attention sur le fait que l’annonce de l’Evangile ne se fait pas dans un vide
culturel. Il ne faut pas oublier les aspects humanitaire, artistique, historique et éthiques de l’annonce
de l’Evangile. « Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns » (1
Corinthiens 9 v22). Le livre des Actes nous raconte les différentes approches de l’apôtre Paul dans
des situations culturelles différentes.
Chapitre 3. Figures de religieux en mouvement : le pèlerin.
« Le ‘pratiquant régulier’ demeure la figure typique du monde religieux qui s’est inscrit dans la
civilisation paroissiale : un monde stable, où la vie religieuse organisée autour du clocher régissait les
espaces et le temps, où le prêtre, entièrement consacré à la gestion des choses sacrées, exerçait sans
partage son autorité sur des fidèles dont la soumission à l’institution mesurait l’implication spirituelle.
» (p90) « La figure emblématique du ‘pratiquant’ est celle qui manifeste dans la vie ordinaire le lien
qui existe entre croyance et appartenance » (p94).
Mais la recomposition du monde religieux aujourd’hui a besoin d’autres métaphores de la ‘religion en
mouvement’ – le pèlerin (chapitre 3) et le converti (chapitre 4).
« Le pèlerin émerge comme une figure typique … car il renvoie d’abord … à la fluidité des parcours
spirituels individuels … et à une forme de sociabilité religieuse en pleine expansion qui s’établit ellemême sous le signe de la mobilité et de l’association temporaire » (p98).
Un tableau comparatif permet de comparer deux modèles de sociabilité (p109).
La figure du PRATIQUANT
La figure du PELERIN
Pratique obligatoire
Pratique normée par l’institution
Pratique fixe
Pratique communautaire
Pratique territorialisée (stable)
Pratique répétée (ordinaire)
Pratique volontaire
Pratique autonome
Pratique modulable
Pratique individuelle
Pratique mobile
Pratique exceptionnelle (extraordinaire)
Deux exemples de la figure du pèlerin sont Taizé et les JMJ (Journées Mondiales de la jeunesse), car
« si la formule attire, c’est parce qu’elle offre la possibilité d’une participation modulée, dont
l’individu fixe lui-même l’intensité » (p113). Danièle Hervieu-Léger cite l’exemple des JMJ : « La
métaphore classique du ‘supermarché religieux’ où chacun circule et ‘remplit son caddie’ en fonction
de ses besoins et de ses goûts rencontrait, à cette occasion, la réalité tout à fait concrète d’un ‘salon du
catholicisme’ où chaque courant avait son stand. Les pèlerins se promenaient effectivement à travers
toute la ville, s’attardant ici ou là, échangeant les bonnes adresses, en une baguenaude spirituelle à
laquelle s’agrégeaient progressivement au fil de la semaine des jeunes et des adultes attirés par
l’ambiance, le caractère extraordinaire de l’événement et la chaleur communicative des groupes »
(p115-116).
Le pèlerin suit un chemin (chemin de Compostelle ou autre) – d’où le concept du cheminement
spirituel. Nous avons redécouvert que ce mot a une forte base biblique. Les premiers chrétiens – avant
que le terme ‘chrétien’ qui leur avait été donné comme surnom soit généralisé – suivaient ‘la voie’
(Actes 16 v17, 18 v25-26, 19 v9 et 23, 24 v14). Ils ‘marchaient’ avec le Seigneur car de toute façon ils
étaient ‘étrangers et voyageurs sur la terre’ (Hébreux 11 v13, 1 Pierre 2 v11).
Par conséquent, puisque nous sommes aussi des ‘pèlerins’, nous sommes en mesure d’accompagner
ceux qui cheminent vers la foi dans nos réunions et lors de nos cultes, afin de leur présenter Celui qui
est le chemin.
Chapitre 4 Figures du religieux en mouvement : le converti
« Dans une société où la religion est devenue affaire privée et matière à option, la conversion prend
avant tout la dimension d’un choix individuel, dans lequel s’exprime au plus haut point l’autonomie du
sujet croyant » (p121)
Cette figure du converti se décline selon trois modalités principales (p121-129)
1) Celle de l’individu qui ‘change de religion’
2) Celle de l’individu qui, n’ayant jamais appartenu à une tradition religieuse quelconque,
découvre, après un cheminement personnel plus ou moins long, celle dans laquelle il se
reconnaît et à laquelle il décide finalement de s’agréger.
3) Celle du ‘réaffilié’, du ‘converti de l’intérieur’, qui découvre ou redécouvre une identité
religieuse demeurée jusque-là formelle, ou vécue a minima, de façon purement conformiste.
« Le converti manifeste et accomplit ce postulat fondamental de la modernité religieuse selon lequel
une identité religieuse ‘authentique’ ne peut être qu’une identité choisie … tous les parcours de
convertis se racontent comme des chemins de la construction de soi » (p129-131) « La religion ne peut
prétendre ni changer le monde ni régler la société, mais elle peut transformer les individus » (p144)
Les chrétiens évangéliques, tout en restant fidèles à l’enseignement biblique, se trouvent tout à fait en
phase avec la société postmoderne. « C’est mon choix » est le slogan incontournable du citoyen
postmoderne. On n’est plus ’catholique’ de génération en génération sans réfléchir (ni évangélique
non plus, d’ailleurs). C’est à nous de présenter la vie nouvelle en Jésus-Christ pour que le SaintEsprit provoque le « bon choix ». En même temps, nous sommes appelés à rappeler aux gens que, s’il
est vrai qu’ils ont des choix, il y a des conséquences de ces choix , et qu’il faut les assumer – soit au
cours de cette vie, soit pour l’éternité.
Chapitre 5 Les communautés sous le règne de l'individualisme religieux.
« La modernité religieuse, c’est l’individualisme ; cette proposition, déclinée à l’infini à partir des
observations conduites dans toutes les sociétés occidentales, constituent aujourd’hui le leitmotiv de la
réflexion sociologique » (p157)
Mais si cette propension à ‘croire sans appartenir‘ est bien établie, il reste une question à résoudre.
« En un sens, on peut imaginer que la logique du ‘bricolage religieux’ rende impossible la constitution
de communautés croyantes réunis par une foi partagée » (p178). La réponse à cette question se trouve
dans la notion des validations du croire.
« Plus les individus ‘bricolent’ le système de croyances correspondant à leurs besoins propres, et plus
ils aspirent à échanger cette expérience avec d’autres qui partagent le même type d’aspirations
spirituelles. Cette contradiction apparente correspond en fait aux limites intrinsèques de
l’autovalidation du croire. Pour stabiliser les significations qu’ils produisent afin de donner un sens à
leur expérience quotidienne, les individus peuvent rarement se contenter de leur propre conviction…
En témoigne le succès des ouvrages de genre spirituel, de Bobin à Coello, les triomphes éditoriaux des
livres de témoignages ou d’entretiens avec des personnalités que les médias désignent comme des
athlètes de la quête du sens, du Dalaï Lama à l’abbé Pierre, ou encore le boom de la littérature
ésotérique qui occupe, depuis une vingtaine d’années, des rayons entiers dans toutes les grandes
librairies….Lorsqu’un individu participe à des rencontres d’un cercle spirituel affinitaire, le groupe lui
offre l’appui d’un dispositif de ‘compréhension mutuelle’, au service de ses membres…..Dans le
catholicisme, où prévaut un pouvoir religieux du type « institutionnel rituel’, c’est un magistère
institutionnel, dont l’évêque est le personnage garant, qui assume cette fonction. Dans le
protestantisme, où s’impose un modèle ‘institutionnel idéologique’ du pouvoir, le théologien a le
premier rôle dans la régulation idéologique du croire ». (p180-186)
« Toutes les églises chrétiennes et l’ensemble des institutions religieuses sont confrontées, de diverses
façons, à l’affaissement de leur propre capacité régulatrice. La crise va beaucoup plus loin que la perte
de leur emprise sur la société, une perte engagée de longue date et dont le cours se confond avec celui
de la modernité elle-même. » (p196).
On peut dresser le tableau suivant des différents régimes de validation (p187).
Régime de validation
Instance de validation
Critère de validation
Institutionnel
L’autorité institutionnelle qualifiée La conformité
Communautaire
Le groupe comme tel
La cohérence
Mutuel
L’autre
L’authenticité
Autovalidation
L’individu lui-même
La certitude subjective
« Pour décrire plus précisément cette situation, on peut dire que le paysage religieux de la modernité
contemporaine est, en France comme ailleurs, traversé par deux mouvements typiques en sens
contraire.
Un premier mouvement … tend à relativiser les normes croyantes et pratiquantes fixées par les
institutions religieuses … Si communauté il y a, elle a pour vocation non d’attester une homogénéité
des croyances postulée par avance, mais de manifester la ‘convergence’ mutuellement reconnue des
démarches personnelles de ses membres. La reconnaissance acceptée des différences est aussi
importante, dans cette perspective, que l’affirmation des références croyantes partagées au sein du
groupe.
Un autre mouvement, en sens radicalement contraire, (est) la solidité collectivement attestée de petit
univers de certitudes, qui assurent efficacement la mise en ordre de l’expérience des individus »
(p197-198).
On peut se poser la question où nous nous situons en tant qu’évangéliques. Il me semble que le niveau
autovalidation est proche de ce que nous appelons l’assurance du salut – mais il s’agit également,
bien sûr, d’une validation par le Saint-Esprit. En revanche le niveau de l’autorité institutionnelle
qualifiée est subordonnée pour nous au ministère de la Parole et joue principalement lors de
problèmes de discipline. La cohérence au niveau du groupe prend tout son relief dans le contexte de
l’église locale avec l’encouragement des frères et sœurs. Il faudrait peut-être que l’on réfléchisse
davantage sur la validation mutuelle de l’authenticité de l’engagement de l’autre. La postmodernité
met en avant le respect des différences et si on veut toucher chaque ‘tribu’ de notre société on doit
encourager les chrétiens à rester ‘ authentiques’ dans leur groupe social. L’unité de l’église ne
suppose pas l’uniformité.
Chapitre 6 Institutions en crise, laïcité en panne
« Le croyant moderne ne se contente pas de choisir sa foi : il entend en même temps choisir sa
communauté, si du moins il éprouve le besoin d’en avoir une » (p202). Qu’est-ce que cette mentalité
induit comme changements ?
Côté catholique.
« En France, la vitalité de tous les mouvements de volontaires, anciens ou plus récemment apparus,
contraste fortement avec l’atonie des paroisses rurales, les plus durement touchées par la fin des
observances et la diminution du nombre des prêtres … Longtemps considérée comme périphérique ou
secondaire par rapport au modèle dominant de la civilisation paroissiale, la sociabilité de
communautés et de réseaux électifs tend aujourd’hui à s’imposer, avec les régimes de validation du
croire qui lui correspondent, au cœur même d’un système catholique qui figure pourtant, en principe,
un modèle typique d’un régie de la validation institutionnelle » (p202-204)
Côté protestant
« Dès l’instant où l’institution ecclésiastique n’est plus considérée comme sainte en elle-même, rien ne
s’oppose à ce que l’on crée d’autres organisations ecclésiastiques si l’on estime que l’Eglise n’est
plus assez fidèle. La question de la fidélité, dans l’optique protestante, n’est plus une question
institutionnelle, mais une question herméneutique » (p208, en citant J-P Willaime).
Côté musulman
« L’islam pourrait bien être, à plus d’un égard, le révélateur paradoxal de ce paysage religieux tout
entier. Car la mosaïque des groupes et des associations qui forment l’islam de la diaspora révèle
précisément un islam traversé de multiples tendances, des plus extrêmes aux moins orthodoxes »
(p211).
Côté laïc
« Le problème … est de tenter d’en analyser quelques-unes des implications sociales et culturelles. Et
la première d’entre elles est paradoxalement la désorganisation qui affecte le fonctionnement de la
laïcité…. Pour que ce système (la loi de 1905) fonctionne au-delà du catholicisme, il est nécessaire
que les institutions religieuses puissent entrer dans ce moule confessionnel. Il faut notamment qu’elles
soient en mesure de mettre en avant, face à la puissance publique, des ‘interlocuteurs’ qualifiés,
susceptibles d’être reconnus par les fidèles comme fondées à s’exprimer légitimement en leur nom. …
La désorganisation institutionnelle du paysage religieux contribue à déstabiliser le modèle de la laïcité
à la française ». (page 213 et 225).
Nous touchons avec cette réflexion un domaine passionnel en France – la question des sectes. Le
discours officiel est resté ancré dans un combat du 19e siècle. Mais la situation d’alors était
incroyablement autre que celle que nous connaissons aujourd’hui. C’est une opportunité pour nous,
évangéliques, de prendre notre place avec hardiesse dans le paysage religieux de notre pays, car il se
trouve que notre modèle d’ecclésiologie est bien conforme en même temps à la pensée biblique et aux
attentes de la société actuelle – c’est une chance pour l’Evangile aujourd’hui. C’est le discours
officiel du genre ‘ manipulation mentale’ qui est décalé par rapport à l’attente du libre choix, et non
pas notre message.
Conclusion : pour une laïcité médiatrice
« Reste qu’un cours nouveau des relations entre la laïcité et les religions est ouvert, dès lors que la
perspective d’une contribution commune des traditions religieuses au renouvellement de la pratique
citoyenne a remplacé l’affrontement, ou la coexistence méfiante, d’univers de pensée se pensant
comme irréconciliables. Rien, dans tout cela, ne suggère une quelconque ‘reconnaissance’ des
religions, au sens qu’avait ce mot avant la loi de 1905. … On n’en observe pas moins que les rapports
entre la république et les religions peuvent se déplacer et même passer d’un régime de neutralité
relativement pacifiée à celui d’une coopération raisonnée en matière de production des références
éthiques, de préservation de la mémoire et de construction du lien social » (p258).
« Si l’Etat a pu longtemps renvoyer la question de la croyance au domaine de la vie privée des
individus et affirmer sa parfaite neutralité vis-à-vis de toutes les religions, c’est parce qu’il savait, par
ailleurs, pouvoir compter sur la capacité d’encadrement du croire des institutions religieuses
représentatives. La désinstitutionnalisation actuelle du religieux fait exploser cette fiction » (p263264).
Aujourd’hui nous avons des possibilités nouvelles pour prendre place dans la vie de la cité. Et nous
aurons d’autant plus de crédibilité dans l’annonce de l’Evangile. Notre solidarité humaine fait partie
de notre vocation, tout comme l’évangélisation. L’appel à prier pour la paix se trouve dans le même
paragraphe qui souligne que Jésus est le seul médiateur entre Dieu et les hommes (1 Timothée 2 v17).

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