Eviter les éditeurs prédateurs - CoopIST

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Eviter les éditeurs prédateurs - CoopIST
Editeurs prédateurs
Public cible : tous
http://coop-ist.cirad.fr
Eviter les éditeurs prédateurs
(predatory publishers)
en 4 points
1. Qu’est-ce qu’un éditeur prédateur ?
2. Indices caractérisant de potentiels éditeurs prédateurs
3. Conseils et outils disponibles pour les identifier
4. Autres prédations : ouvrages et thèses, pseudo-presse de prestige, faux congrès
Liens utiles
1. Qu’est-ce qu’un éditeur prédateur ?
L’essor du mouvement du libre accès aux résultats de la recherche sur internet (Open access) s’est
accompagné de la création de pseudo-revues scientifiques par des maisons d’édition (éditeurs,
publishers) peu scrupuleuses, qualifiées d’éditeurs prédateurs. En anglais, on parle de predatory
scholarly open-access publishers, predatory publishers, predatory journals.
Le but d’un éditeur dit prédateur est de gagner de l’argent sans se soucier de promouvoir ni de
pérenniser les résultats de la recherche scientifique. Le processus éditorial, la gestion financière et le
fonctionnement des revues sont opaques et sans rigueur scientifique, et ne répondent pas aux
recommandations éthiques et professionnelles de la publication scientifique (recommandations du
COPE http://publicationethics.org/ et de l’ICMJE http://www.icmje.org/).
Les éditeurs prédateurs publient couramment des articles déjà publiés ailleurs (c’est le plagiat), de la
pseudoscience, de faux résultats, des conclusions éthiquement inacceptables.
Ces éditeurs exploitent à leur profit deux caractéristiques de la publication scientifique actuelle :
la nécessité pour les chercheurs de publier, pour être évalués et pour obtenir les fonds
indispensables aux projets de recherche (on parle de publier ou périr ou publish or perish)
le modèle auteur-payeur de la publication en libre accès, lorsque l’auteur paie des frais de
publication (fees, article publication charges, article processing charges, APC) pour que son
article soit en accès libre et gratuit pour tous.
Ces éditeurs répondent à ces deux caractéristiques de la manière suivante :
ils envoient des spams aux chercheurs pour les inciter à rejoindre leurs revues
leurs délais de publication sont très courts
les articles sont en général acceptés, après un processus de révision par les pairs (peer
reviewing) inexistant ou superficiel
leurs frais de publication sont souvent bas.
En 2015, il existerait plusieurs centaines d’éditeurs prédateurs potentiels sur le web, ce qui
représenterait des milliers de revues probablement prédatrices. Publier dans ces revues nuit tout
autant à la communauté scientifique en général qu’à la réputation de votre institution, de votre
équipe et de vos partenaires cosignataires des publications.
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Editeurs prédateurs
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Evitez de traiter avec ces éditeurs, que ce soit pour soumettre vos manuscrits, pour relire des articles
ou pour être membre des comités de rédaction. Il existe de nombreuses revues sérieuses et de
qualité, en libre accès ou non, dans de nombreuses langues, pour publier vos travaux.
2. Indices caractérisant de potentiels éditeurs prédateurs
Sur le web, l’apparence, les pratiques et les informations de certains sites d’éditeurs scientifiques
peuvent vous faire penser à de potentiels éditeurs prédateurs. Attention : certains indices peuvent
aussi être le fait de jeunes revues scientifiques ayant peu de moyens ou de revues manquant de
professionnalisme.
C’est un ensemble d’indices accumulés par une même revue ou un même éditeur qui vous alertera.
Mode de communication avec les chercheurs
Envoi de spams, sous forme d’e-mails vous flattant et vantant la réputation internationale de la
revue, pour vous inciter à devenir auteur, relecteur (referee, reviewer), ou membre du comité de
rédaction (editorial board member)
Certaines revues demandent aussi aux chercheurs de recommander d’autres collègues ou pairs
ou de proposer eux-mêmes à leurs collègues de rejoindre la revue
Titres et panel de revues
Titre de revue ronflant, ou généraliste, ou large, ou identique ou très proche de ceux de revues
sérieuses, ou mentionnant un lieu trompeur (Canadian, European, British, Australian…), ou
associant deux domaines très différents
Editeur ayant un large panel de revues dont certaines restent vides ou ne comportant qu’un ou
deux articles par numéro
Editeur ayant plusieurs revues sur la même thématique et dont les titres sont très proches
Revue éditant chaque année de nombreux numéros spéciaux
Comité de rédaction (editorial office, editorial board, advisors, associated editors, academic editors)
Membres non spécialistes du thème de la revue, ou non experts, ou ne publiant pas, ou faux, ou
d’identités usurpées, ou n’ayant jamais publié dans la revue
Composé uniquement de membres d’un seul pays alors que la revue se dit internationale
Comité inexistant, ou comptant très peu de membres (par exemple 2 ou 3 personnes)
Rédacteur en chef (editor-in-chief) : pas d’individu nommé, ou nom identique à celui du
responsable de la maison d’édition, et qui apparaît ainsi dans toutes les revues
Même comité de rédaction, ou même rédacteur en chef pour plusieurs revues de l’éditeur
Ne comportant aucune femme
Contacts, adresses, domiciliation, nom de la maison d’édition (éditeur, publisher)
Informations d’adresses et de contacts inexistantes, insuffisantes ou invérifiables (par exemple
une page web contact us sous la forme de champs à remplir sans autre précision)
Affiliations institutionnelles des membres du comité de rédaction non mentionnées ou
imprécises ; adresses e-mails au format gmail, yahoo
Fausse domiciliation, par exemple aux Etats-Unis ou au Canada, via une boîte postale
Nom de la maison d’édition trompeur, avec des mots tels que Center, Institute, Association,
Network, faisant croire à des missions alors qu’elle n’a aucune activité visible sur le web
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Frais de publication (fees, article publication charges, article processing charges, APC)
Peu ou pas d’information sur les frais de publication
Paiement en ligne opaque
Fidélisation fréquente des auteurs par discount, ou par adhésion payante (menbership fees)
permettant de publier gratuitement autant d’articles que l’on veut
Notoriété et indexation de la revue
Fausse déclaration d’indexation (abstracting, indexing) dans des bases de données reconnues
ou via des outils ou ressources inappropriés ou inexistants ; cette déclaration est matérialisée
sur le site web par des textes, des liens web, ou par la copie ou création de logos
Usage de faux facteurs de notoriété (misleading metrics, sous les noms impact factor, influence
factor, quality factor, visibility impact, view factor) créés par la revue ou par des sociétés web
douteuses
Attention : certaines revues potentiellement prédatrices sont indexées par le Journal of Citation
Reports (JCR) de Thomson Reuters et ont donc le facteur d’impact (Impact Factor, voir la fiche
coopIST http://url.cirad.fr/ist/facteur-impact-indicateurs-associes) parce qu’elles ont monté les
dossiers nécessaires auprès du JCR. Néanmoins, Thomson Reuters est de plus en plus attentif à
ce type de publication et a retiré certains éditeurs de son indexation
Intégrité scientifique
Délai de publication très court, variant de deux jours à quelques semaines
Révision par les pairs (peer reviewing) simulée ou inexistante
Acceptation de tous les articles soumis quelle que soit leur qualité scientifique
Pas de politique de contrôle permettant d’éviter une mauvaise conduite de la part d’auteurs ou,
au contraire, fausse déclaration d’utilisation d’outils reconnus (contre le plagiat par exemple)
Peu ou pas d’information sur le fonctionnement de la revue, le processus éditorial, les conseils
aux auteurs, sur la rétractation ou la correction d’articles
Organisation et gestion
Pas de politique d’archivage pérenne des articles en ligne
Droits d’auteur non détaillés
Pas d’ISSN (International Standard Serial Number, numéro d’enregistrement international et
univoque de la revue) ou pas de DOI (Digital object identifier, identifiant unique d’une ressource
numérique). Attention : les jeunes revues peuvent être dans ce cas car cela demande de monter
des dossiers
Site web
Textes du site rédigés avec des erreurs, des fautes, ou peu soignés, ou copiés d’autres revues
Textes vantards, déclarant le haut niveau de la revue, la volonté de transmettre la science, et
l’application des normes académiques et d’intégrité scientifique au processus éditorial (des
éditeurs prédateurs se disent ou sont adhérents au COPE http://publicationethics.org/)
Site vous proposant d’organiser des conférences, ou indiquant des conférences douteuses, dont
certaines aboutiraient à des numéros spéciaux
Site pouvant héberger de nombreuses publicités
Navigation web non ergonomique
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3. Conseils et outils disponibles pour les identifier
Vous avez des doutes sur le choix d’une revue ou sur un e-mail d’invitation pour réviser ou soumettre
un article, ou pour être membre d’un comité de rédaction. Voici nos conseils.
Vérifiez si cet éditeur ou cette revue est présent ou non sur les listes du blog Scholarly Open
Access (http://scholarlyoa.com/). Ce blog analyse les sites de publication et de faux facteurs de
notoriété (misleading metrics) à partir de critères éthiques, scientifiques, et organisationnels
(http://scholarlyoa.com/2015/01/02/bealls-list-of-predatory-publishers-2015/#more-4719).
Si rien n’est indiqué sur ce blog, contactez les documentalistes de votre institution, qui
pourront étudier la revue et ses pratiques apparentes sur le web.
Vous pouvez aussi mener votre propre enquête à partir des indices donnés en chapitre 2 et
partager vos conclusions avec vos collègues et pairs. Lisent-ils cette revue, a-t-elle publié leurs
travaux? La revue est-elle vraiment indexée par des bases de données connues ou que vous
utilisez régulièrement ?
N’hésitez pas à contacter les membres du comité éditorial de la revue avec des questions
précises sur le fonctionnement de la revue, le processus de révision, les droits d’auteur…
4. Autres prédations : ouvrages et thèses, pseudo-presse de prestige, faux
congrès
Ouvrages et thèses - Les éditeurs peu scrupuleux d’ouvrages et de thèses sur le web les publient en
général sur le modèle de la publication à compte d’auteur (self-publishing, vanity press) sous un
contrat discutable. Sur leurs catalogues web, l’ouvrage ou la thèse est vendu en document imprimé à
la commande ou sous la forme d’un e-book. Ces éditeurs promettent de reverser une très petite part
des ventes à l’auteur à partir d’un nombre d’exemplaires vendus souvent jamais atteint !
Ces éditeurs proposent par e-mail aux chercheurs de publier leurs ouvrages à condition qu’ils se
chargent de la mise en forme (maquette, index…), voire même rachètent un stock d’ouvrages pour
compenser les frais d’impression de l’éditeur. Ceux qui proposent par e-mail aux doctorants de
publier leur thèse offrent au doctorant auteur un exemplaire imprimé ou un e-book.
Voici quelques anomalies de leurs contrats : la cession de droits impose une obligation d'exclusivité à
l'auteur, qui ne peut utiliser son œuvre que dans des conditions limitées ; l'éditeur peut utiliser
l’œuvre à des fins publicitaires ; il n'y a pas de clause de fin de contrat par l'auteur ; etc.
Pseudo-presse de prestige - Ces journaux contactent les chercheurs par e-mail ou par téléphone
pour leur proposer un article faisant la promotion de leur recherche et illustré de leur photo
d’identité, sans leur dire que c'est payant. Les frais demandés ensuite sont très élevés (exemple :
2 000 à 3 000 euros pour un article). Sur le web, ces journaux sont difficiles à trouver. Les articles ne
sont pas toujours en accès libre, ou ils sont seulement feuilletables en ligne.
Faux congrès - Les organisateurs de faux congrès contactent les chercheurs par e-mail ou par
téléphone. Vérifiez toujours les noms de ces organisateurs, qui peuvent être des individus, des
sociétés web douteuses ou des maisons d’édition prédatrices. Vérifiez leurs publications, leurs
travaux. Leurs sites web vantent souvent les mérites du lieu de congrès, et certains créent de faux
programmes avec les noms de scientifiques connus, ou en préinscrivant le chercheur ayant reçu le
spam d’invitation. Certains organisateurs proposent aussi une adhésion annuelle qui permettrait au
chercheur de bénéficier d’une réduction sur les frais de participation aux congrès.
Le blog Scholarly Open Access (http://scholarlyoa.com/) liste des exemples d’éditeurs d’ouvrages, de
thèse, ou de prestige à la rubrique http://scholarlyoa.com/2014/04/08/a-list-of-print-on-demandpublishers-self-publishingvanity-presses-and-other-non-traditional-publishers-for-librarians-andauthors/.
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Editeurs prédateurs
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Liens utiles
Anggraeni, H. 2014. UNBC librarians inoculate novice academics against predatory publishers.
BCcampus blog, 28 octobre 2014. http://bccampus.ca/2014/10/28/unbc-librarians-inoculate-noviceacademics-against-predatory-publishers/
Association des bibliothèques de recherche du Canada (ABRC), 2015. Comment repérer et éviter les
éditeurs prédateurs : notions élémentaires pour les chercheurs. http://www.carl-abrc.ca/fr/apropos-de-l-abrc/publications-2.html
Beall J. 2015. Scholarly Open Access - Critical analysis of scholarly open-access publishing. Blog
http://scholarlyoa.com/
Bou J.D. 2015. Comment se prémunir contre les éditeurs prédateurs. Service de documentation et
d'information spécialisées (SDIS) de l’INRS, Québec. http://sdis.inrs.ca/editeurs-predateurs
Committee on Publication Ethics (COPE). Promoting integrity in research publication.
http://publicationethics.org/
Deboin, M.C., Dedieu, L., Fovet-Rabot, C., Boussou, C.. 2012. Publier dans une revue en libre accès
(ou open access), en 9 points. Montpellier, France : CIRAD, 5 p. http://url.cirad.fr/ist/revue-en-libreacces
Deboin M.C. 2014. Déposer ses publications dans une archive ouverte, en 8 points. Montpellier (FRA)
: CIRAD, 10 p. http://url.cirad.fr/ist/archive-ouverte
International Committee of Medical Journal Editors (ICMJE). http://www.icmje.org/
Maisonneuve H. 2015. Blog de la rédaction médicale et scientifique. http://www.h2mw.eu/
Cécile Fovet-Rabot
Délégation à l’information scientifique et technique, Cirad
Juin 2015
Information
Comment citer ce document :
Fovet-Rabot, C. 2015. Eviter les éditeurs prédateurs (predatory publishers), en 4 points. Montpellier (FRA) :
CIRAD, 5 p.
http://url.cirad.fr/ist/editeurs-predateurs
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Compte rendu du symposium publiée en janvier 2016 : http://www.icmje.org/recommendations/  Commitee of publication Ethics (COPE) : bonnes pratiques et résolution de litiges : http://publicationethics.org/resources/guidelin...

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