recits laureats de la categorie scolaire - secondaire

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recits laureats de la categorie scolaire - secondaire
RECITS LAUREATS DE LA CATEGORIE
SCOLAIRE - SECONDAIRE
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GRANDIR
Thème de la catégorie Scolaire Secondaire :
« Imaginez par exemple… Un fauconneau tout juste sorti de l’œuf se
trouve dans un environnement atypique, inattendu, mais pas forcément
hostile à son développement. Au lieu d’être entouré du chaud duvet de sa
mère, il est… ailleurs….
Alors comment grandit-il ? D’où tire-t-il ses enseignements ? Quelles
métamorphoses subit-il en rapport avec ce nouveau milieu ? Que va-t-il
devenir ?
Offrez en lecture une vision originale, ludique ou sensible de la vie d’un
petit animal déraciné de son environnement naturel. »
http://concours-grandir.tumblr.com/
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PREMIER PRIX
à Hoarau Eva, Paroumanou Rébéha, Louise Kyllian, Payet Salomé, Angama Damien, Montel
Youna, Mamode Naéma, Boyer-Dejean Landry, Buraud Mélissa, Ampelaïssa Dorian, Bacar
Fayadhui, Marcilly Océane, Payet Gwendoline, Alogot Inès, Ahamada Faiswali, Boyer Loane,
Hoareau Estelle.
Classe de 6ème4 au collège de bois de nèfles à la Réunion
L’appel de la mer.
"Le fouquet noir, ou Pétrel noir de Bourbon, est un oiseau énigmatique, endémique de l’île de la
Réunion. Il est mystérieux à plus d’un titre : on ne sait pas où il niche et dans l’imaginaire des
habitants de l’île, il est associé à la plus célèbres des sorcières, Grand-Mère Kalle. […] Même pas
né,notre héros tomba de son nid, fait de brindilles, sur de la mousse volumineuse. C’est alors qu’une
petite famille de tangues (cousins créoles des hérissons !) aperçut l’œuf et le récupéra…"
SECOND PRIX
à Abachri Nihad, Ardic Mélisa, Auriac Lara, Authié Axel, Boinali Yassine, Bouffinier Aurélien,
Calvez Paul, Charry Aurélien, Crouzil Julien, Cussol Tristan, Fonta Lya, Gupta Angéli, Haye
Delovan, Jarmela Kévin, Leclerc Océane, Macé Julien, Merlin Tracy, Montmirail Lonny, Oulias
Siham, Pinel Elisa, Platret Thibault, Rezgui Aniss, Simon Kalista, Villatorio Célian.
Classe de 6ème4 au collège Pierre Bayle à Pamiers (09)
Aux antipodes
Les péripéties d’un bébé kangourou qui se retrouve enrôlé par le Père Noël. Un récit qui ne manque
pas d’originalité et d’humour…
TROISIÈME PRIX
à AUZANNE Lola, BERJAT Mathis, BIZZOTTO Laura, BOYA Sebastien, BRONSARD Ludivine,
BROSSIER Chloé, BUGADA Ema, CHELLE Mathéo, DANES Danny, DESHAYES Arnaud, FAVREFÉLIX Hugo, FERRE Valentin, FONTANA Quentin, GAULTIER Romain, GINER Noëlie, LABORIE
Océane, LE CADRE Aziliz, MARCOS Anthony, MARSARDO Arnaud, M’HAMMEDI Amine,
MOLINÈS Anaïs, MONDON—BAQUÉ Pauline, PAPAÏS Martin, QUADRIGA Lisa, RUAS
RIBEIRO Pedro, SERRANO Clara, SORNAS—JUSTAL Emma, VALETTY Thomas.
Classe de 4ème 5 au collège Irène Joliot-Curie de Fontenilles (31)
Le lynx
"Tout commença au Canada, en Colombie Britannique, pas très loin de l’embouchure du Fraser, un
jour d’hiver. Une majestueuse femelle lynx au pelage grisâtre et couvert de neige se réfugia dans
une tanière, au chaud et à l’abri, afin de se protéger du vent, de la pluie mais aussi des prédateurs le
temps de la gestation."
Un récit naturaliste et poétique…
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L’appel de la mer
Par les éléves de 6ème4
du collège de bois de nèfles à Saint-Clotilde (La Réunion)
Hoarau Eva, Paroumanou Rébéha, Louise Kyllian, Payet Salomé, Angama Damien, Montel
Youna, Mamode Naéma, Boyer-Dejean Landry, Buraud Mélissa, Ampelaïssa Dorian, Bacar
Fayadhui, Marcilly Océane, Payet Gwendoline, Alogot Inès, Ahamada Faiswali, Boyer
Loane, Hoareau Estelle.
Enseignante : Sabrina Taochy
Le fouquet noir, ou Pétrel noir de Bourbon, est un oiseau énigmatique, endémique de
l’île de la Réunion. Il est mystérieux à plus d’un titre : on ne sait pas où il niche et dans
l’imaginaire des habitants de l’île, il est associé à la plus célèbre des sorcières, Grand-Mère
Kalle. Nous avons pourtant eu vent de l’histoire de l’un d’entre eux : oiseau de malheur ou
oiseau de valeur ? A vous de juger…
Même pas né, notre héros tomba de son nid, fait de brindilles, sur de la mousse
volumineuse. C’est alors qu’une petite famille de tangues (cousins créoles des hérissons !)
aperçut l’œuf et le récupéra ; au début, dans l’intention de le manger, mais les choses ne se
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passèrent pas ainsi, car au moment de le déguster, l’œuf éclot et il en sort un petit oiseau au
plumage noir comme la suie ! Les tangues n’eurent d’autre choix que de l’adopter.
La famille de tangues, qui comportait neufs petits : quatre femelles et cinq mâles,
vivait à la Plaine des Cafres, au pied des montagnes. Ils avaient creusé une galerie sous un
pied de goyavier. L’oiseau grandit entre petits et grands, mais ne trouvait pas toujours sa
place dans la famille de tangues : parfois il se frottait aux piquants de ses frères et avait
régulièrement des blessures profondes, parfois, il essayait de creuser comme ses frères, mais
il n’y arrivait pas. Souvent, ses parents lui demandaient d’aller chercher des insectes hors du
terrier, et souvent après avoir mangé, il sortait discrètement pour aller se régaler de délicieux
goyaviers dont il adorait la couleur vive. Le jour de la chasse aux grenouilles, il eut
beaucoup de mal à suivre ses frères : forcément avec deux pattes, on va beaucoup moins vite
qu’avec quatre ! A la nuit tombée, ses frères revinrent avec leur butin : quatre grenouilles
bien dodues, qui devaient constituer leur festin. Lui était revenu bredouille, sans grenouille !
Au moment du repas, il n’y goûta même pas…. Pourquoi ses frères aimaient tant cela et pas
lui ?
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Et un jour qui pourtant ressemblait à tant d’autres, il cherchait des insectes divers
quand il tomba sur une rivière où il entrevit de petites choses qui gigotaient sous l’eau : pris
de peur, il retourna chez lui. L’été austral toucha à sa fin et un jour d’hiver, ne trouvant plus
d’insectes, il se rapprocha du cours d’eau pour goûter à la chose qu’il avait vue pendant
l’été, hésitant au début, mais se laissant finalement tenter.
Il réussit, sans trop de mal finalement, à attraper avec son bec, les petits animaux qui se
tortillaient dans l’eau. Il en avala un et se dit qu’il n’avait jamais goûté à quelque chose
d’aussi bon. Alors que, le ventre bien rempli, il s’éloignait, il aperçut au loin, très loin, une
étendue d’eau qui s’étalait à perte de vue, et qui se confondait presque avec le ciel. Son
cœur se mit à battre la chamade. Le petit fouquet contempla le reflet des nuages sur l’eau, et
le scintillement provoqué par le soleil : il se sentait vraiment attiré par cet endroit, qu’il avait
l’impression, bizarrement, de connaître, lui le petit oiseau des Hauts.
Une nuit, sombre, noire et terrifiante, il poussa un cri qu’il ne put réprimer « Tout ! Tout ! ».
Ce cri effraya tout le monde. Le plus vieux tangue reconnut ce cri comme étant celui de
Grand-Mère Kalle : ce cri devait prévenir les habitants d’une mort prochaine au sein de leur
famille. Cet oiseau leur porterait malheur ! Le petit fouquet fut gêné d’avoir poussé ce cri.
Il s’excusa toute la nuit. Malheureusement, le tangue ne voulut rien entendre et rejeta
l’oiseau. Le lendemain matin, il dut donc faire des adieux déchirants à sa famille, et
particulièrement à l’un de ses frères. Tout le monde pleura son départ.
Il se retrouva dès lors seul dans la forêt, dans ce milieu qui lui était hostile et ses journées
étaient bien sombres, sombres comme son plumage… Un jour pourtant, il aperçut, en haut
d’une branche, un animal différent de lui, certes, mais en même temps, très semblable :
comme lui, il avait des ailes et des plumes. Il fut agréablement surpris par son plumage
blanc autour de son œil et par sa couleur verte. Il était plus petit que lui, mais très mobile, et
il le trouva beau. Il vit l’oiseau-lunettes sautiller de branche en branche, il tenta de le suivre
mais en vain, il était bien trop rapide pour lui. Comme faisait-il pour se déplacer aussi vite ?
Il avait de plus un chant cristallin bien différent du cri lugubre de notre fouquet. Et surtout,
il savait rester dans les airs et se déplacer en bougeant ses ailes… quelle sensation
merveilleuse cela devait être !
Notre fouquet s’imaginait lui aussi, toisant la cime des
arbres dont il ne connaissait que le tronc… Perdu dans ses rêves, il n’entendit pas
s’approcher deux paires de jambes immenses…. On essayait de le capturer : alors, il courut
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aussi vite qu’il put, il était tout essoufflé. Il se cacha dans un petit trou et se reposa. Le
braconnier trouva sa cachette mais l’oiseau recula au fond du trou en voyant ses chaussures.
Il attendit ainsi, un long moment, tout tremblant, son petit cœur palpitait. Il aurait pu rester
encore longtemps enveloppé par cette pénombre dans laquelle il se confondait si bien, mais
la faim le poussa à « mettre son bec dehors », il sortit de son abri et s’approcha d’une
falaise. Tout à coup, le braconnier réapparut, l’oiseau ne pouvait plus lui échapper… Il se
jeta alors de la falaise, pensant qu’il allait mourir. Son cœur palpita de nouveau, il allait
s’évanouir…
Mais soudain, ses ailes s’ouvrirent et il plana ! C’était une drôle de sensation car il n’avait
jamais pensé voler un jour comme l’oiseau-lunette ! Il était étourdi et avait le vertige pour la
première fois. Il était, à la fois, effrayé par le vide, et à la fois, heureux de savoir voler. Il
savait faire cela, lui ! Il vola pendant des heures et des heures, comprenant ce pour quoi il
était fait…
Maintenant, il pouvait aller voir de plus près l’étendue bleue qui l’attirait tant… Il se dirigea
en direction du large, maintenant il entendait des bruits, les bruits des galets roulés par les
vagues, les bruits du sac et du ressac, tout cela lui semblait si familier…. L’appel de la
mer… il ne pouvait plus y résister.
Texte original- non modifié par le Muséum de Toulouse.
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Aux antipodes
Par les élèves de Classe de 6ème4
du collège Pierre Bayle à Pamiers (09)
Abachri Nihad, Ardic Mélisa, Auriac Lara, Authié Axel, Boinali Yassine, Bouffinier
Aurélien, Calvez Paul, Charry Aurélien, Crouzil Julien, Cussol Tristan, Fonta Lya, Gupta
Angéli, Haye Delovan, Jarmela Kévin, Leclerc Océane, Macé Julien, Merlin Tracy,
Montmirail Lonny, Oulias Siham, Pinel Elisa, Platret Thibault, Rezgui Aniss, Simon Kalista,
Villatorio Célian.
Enseignante : Corelia Pratz
Joey, sors de ma poche ! Il est grand temps, maintenant !
- Non, maman, j'ai peur et puis j'ai froid !
- Tu plaisantes, mon petit ! Il fait au moins 35 degrés ! C'est le plein été ! Pourquoi crois-tu
que je passe ma journée dans ce trou ? Certainement pas pour me réchauffer !
- Mais, je suis très bien ici ! Et puis, je n'ai pas encore un an. Je ne me sens pas prêt.
- Si tu ne te décides pas très vite, tes muscles ne seront pas assez puissants et tu ramperas
comme un limaçon. Et puis regarde comme le paysage est beau!
Sans trop de conviction, le bébé kangourou jette un coup d'oeil à l'extérieur. Il connaît déjà
un peu tout cela: les buissons, les gros rochers aux formes étranges, la terre si rouge, la
chaleur suffocante. Non, décidément, le bush australien n'est rien en comparaison du confort
et de la douceur de la poche maternelle. En plus, elle le protège des dingos, des hommes. Il
faut dire que sa mère est la plus grande de la harde. Elle est même plus grande que les
hommes et, au concours de bonds, elle arrive toujours parmi les premières. Et puis, à
l'intérieur, il y a à manger ! Pourquoi irait-il se fatiguer à chercher les pousses et les
quelques herbes sèches alors qu'un vrai nectar est à portée de son museau ? Il se blottit
encore plus et s'apprête à continuer sa sieste jusqu'au soir.
***
Mais pourquoi sa mère se met-elle à bondir ainsi ? Quels sont ces bruits, ces crépitements ?
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Il risque encore un regard au dehors. L'air est irrespirable ! Tout à présent est rouge et
brûlant. D'énormes flammes se propagent de tous côtés. La maman saute en direction de la
ville la plus proche. Au moins, ils seront à l'abri de l'incendie. Mais un autre danger les
attend.
- Sors tout de suite, mon chéri ! Vite, va te réfugier dans une maison !
Un dingo affamé a pris la mère kangourou en chasse. Ils sont de plus en plus nombreux ces
dernières années.
- Mais toi, maman ? Que vas-tu faire ?
- Ne t'occupe pas de moi. Fais ce que je te dis.
Joey se laisse tomber et se dépêche tant bien que mal. Il peine à se déplacer: c'est la
première fois qu'il se retrouve par terre et il ne sait pas vraiment se servir de ses grandes
pattes. Il entre dans un bâtiment tout éclairé par des lampes multicolores. Au centre de la
pièce, se dresse un arbre que le bébé n'a jamais vu avant: tout vert avec des aiguilles. Il est
orné d'étranges fruits ronds et brillants qui pendent à ses branches. Joey se réfugie près de
l’arbre et essaie de creuser un trou comme il a vu sa mère le faire. Mais c'est impossible.
C'est alors qu'il remarque, au pied du sapin, un gros kangourou roux, immobile, au milieu
d'autres animaux tout aussi immobiles. Il ressemble beaucoup à sa mère, mais il ne l'a
jamais vu auparavant. Le bébé kangourou, terrorisé, se blottit contre la peluche et laisse aller
ses pensées. Sa mère va-t-elle venir le chercher ? Epuisé par ces événements, il s'endort.
***
A ce moment, un bruit soudain se fait entendre dans le salon accompagné de grognements
répétés : « Comme c’est pénible ces aller-retours dans les cheminées ! Je ne suis plus tout
jeune ! Encore pour descendre, ça peut aller. Mais pour remonter, mon gros ventre ne
m’aide pas. Et en plus, maintenant, voilà que je dois remporter les cadeaux de l’an dernier
dont les enfants ne sont pas satisfaits ! Cette génération est vraiment trop gâtée ! Tiens,
qu’est-ce que je disais ? Un kangourou à ramener en Laponie ! Qu’est-ce qui n’allait pas
cette fois ? Voyons… « Cher Père Noël, ce kangourou est cassé : il ne saute pas. Ramène
m’en un qui fonctionne pour l’an prochain. Et surtout n’oublie pas de laisser mes cadeaux
de cette année. Signé Kimmy » Eh bien, me voilà reparti !
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***
Joey dort depuis un long moment, agrippé au kangourou en peluche. Mais il se sent soudain
frigorifié. En plus, il n’a pas eu à manger depuis qu’il a laissé sa mère en plein combat avec
le dingo. Il sort sa petite frimousse du traineau et n’en croit pas ses yeux : qu’est-ce que
cette chose blanche qui est répandue par terre et qui recouvre tout ? Il est resté quelques
instants seulement à découvert, et son pelage semble lui aussi se transformer en glace. Mais
où se trouve-t-il ? Et où est sa mère ?
Tout à coup, l’attelage de rennes freine et voilà le bébé kangourou projeté à l’avant du
traineau. Une fois le Père Noël descendu, les rennes osent enfin parler :
- C’est trop dur, ce travail ! Même si j’adore faire plaisir aux enfants, je déteste ces
changements de climat. Et puis, avec ce service de retours de cadeaux, notre maître est
toujours ronchon. Je veux vivre ma vie et retourner chez moi. Cette fois-ci, c’est la bonne.
Je pars aujourd’hui. Ne comptez plus sur moi.
- Tu fais comme tu veux, Rodolphe. Mais la taïga est pleine de dangers. Maître nous a
prévenus !
En entendant ces paroles, Joey s’accroche à la douce fourrure du renne. Lui aussi il aimerait
rentrer chez lui.
***
Rodolphe sent son dos le gratter. Joey se découvre. Le renne a déjà vu beaucoup de
kangourous en peluche dans la maison du Père Noël, il accepte volontiers ce nouveau
compagnon. En plus il n’est pas bien lourd. Ils prennent la route ensemble, dans la nuit
polaire. Rapidement Joey crie famine. Le renne commence à gratter furieusement la neige et
il dégage quelques pousses d’herbes enfouies qu’il tend à Joey. Affamé, le bébé s’en régale.
Ils s’enfoncent tous deux dans la forêt dense de Laponie. C’est l’occasion de goûter un peu
d’écorce. Joey reprend des forces et de la chaleur et il peut à présent contempler les
paysages gelés, les lacs glacés, la neige brillante. Soudain, une lueur verte inonde le ciel.
-Regarde, petit kangourou, une aurore boréale ! Tu ne verras pas ça en Australie !
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Joey est émerveillé, mais les paroles de Rodolphe lui rappellent sa mère et comme il est loin
de chez lui, de l’autre côté du monde ! Heureusement, il se sent en sécurité sur le dos de son
nouvel ami.
***
Les mois passent. La nuit est toujours là. Joey grossit à vue d’œil. Il s’est bien adapté à la
vie arctique. Il lui semble qu’il fait de moins en moins froid. Rodolphe, lui, profite de sa
liberté pour explorer la taïga.
Enfin, un matin, le soleil se lève. Pour la première fois depuis bien longtemps, il fait jour. La
lumière est assez forte pour que les deux compères distinguent d’inquiétantes traces rouge
sang dans la neige fondante. Rodolphe renifle, méfiant. Soudain, un animal brun et trapu
bondit sur le renne, toutes griffes dressées et du sang dégoulinant de ses crocs aiguisés !
-Un glouton ! Fuis, Joey ! Il va t’arracher la tête ! Vite !
Cette attaque replonge Joey un an en arrière ! Il n’a pas pu, alors, aider sa mère à échapper
au dingo. Il est hors de question qu’il abandonne Rodolphe. Mais comment faire ? C’est
alors que son instinct le guide. Sans réfléchir, il fait un superbe bond, le premier de sa vie !
Il atterrit sur la gueule du glouton qui fuit en gémissant de douleur et en promettant de se
venger de cet énorme animal à ressorts. Hélas, Rodolphe est grièvement blessé. Il sait que
seul son Maître a le pouvoir de le sauver. Il peut à peine remercier Joey et le supplie de le
ramener chez lui. Joey fabrique une luge à l’aide de branches d’arbres et tire le renne en
bondissant jusqu’à la maison du Père Noël.
***
-Eh bien ! Qu’est-ce donc que cela ? tempête le Père Noël ! Mais, c’est notre vieux
Rodolphe ! Alors, la vie au grand air ne t’a pas réussi, semble-t-il. Vous voyez qu’il ne faut
pas s’éloigner ! Mais que fait ce kangourou ici ? Il est immense et il bondit comme une
grenouille géante ! Voilà qui me serait bien utile dans ma tournée ! Je descendrais tout seul
et ensuite, hop, sur le kangourou et hop, sur le toit d’à côté !
- Tout ce que vous voudrez, Père Noël. Mais, je vous en prie, sauvez d’abord Rodolphe.
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Le Père Noël va chercher sa poudre magique et place le renne fugueur en convalescence
dans un enclos.
***
Un an s’est écoulé. La tournée reprend et Joey fait partie du voyage. Ils arrivent en Australie
et, comme il l’espérait, Joey accompagne le Père Noël exactement dans la maison de la
petite Kimmy. Il cherche dans le traineau le kangourou en peluche pour le déposer au pied
du sapin. Mais il découvre alors, accroché à la tête du jouet, une vieille connaissance ! C’est
le glouton rancunier qui s’est faufilé dans le traineau en croyant se régaler d’un morceau de
kangourou. Joey le chasse hors de la maison et, là, sur le pavé, il n’en croit pas ses yeux :
c’est sa mère et elle n’est pas seule ! Deux petites frimousses pointent hors de sa poche.
-Non, maman, nous ne voulons pas sortir ! s’écrient le petit frère et la petite sœur de Joey.
- Laisse-les maman, ils ont bien le temps pour grandir !
Au Noël suivant, on raconte qu’a été observé dans le ciel australien un étrange traineau
bondissant maladroitement, tiré par quatre grands kangourous roux. Et on aurait entendu
une voix enrouée ronchonner : « Jamais je n’aurais dû leur accorder cette promotion : tous
les cadeaux vont être cassés ! Et alors, il faudra tous les ramener en Laponie ! C’est que je
ne suis plus tout jeune, moi !
Texte original- non modifié par le Muséum de Toulouse.
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Le lynx
Par les élèves de 4ème 5
du collège Irène Joliot-Curie de Fontenilles (31)
AUZANNE Lola, BERJAT Mathis, BIZZOTTO Laura, BOYA Sebastien, BRONSARD
Ludivine, BROSSIER Chloé, BUGADA Ema, CHELLE Mathéo, DANES Danny,
DESHAYES Arnaud, FAVRE-FÉLIX Hugo, FERRE Valentin, FONTANA Quentin,
GAULTIER Romain, GINER Noëlie, LABORIE Océane, LE CADRE Aziliz, MARCOS
Anthony, MARSARDO Arnaud, M’HAMMEDI Amine, MOLINÈS Anaïs, MONDON—
BAQUÉ Pauline, PAPAÏS Martin, QUADRIGA Lisa, RUAS RIBEIRO Pedro, SERRANO
Clara, SORNAS—JUSTAL Emma, VALETTY Thomas.
Classe de 4ème 5 au collège Irène Joliot-Curie de Fontenilles (31)
Enseignante : Stéphanie Chevaleyre
Tout commença au Canada, en Colombie Britannique, pas très loin de l’embouchure du
Fraser, un jour d'hiver. Une majestueuse femelle lynx au pelage grisâtre et couvert de neige
se réfugia dans une tanière, au chaud et à l’abri, afin de se protéger du vent, de la pluie mais
aussi des prédateurs le temps de sa gestation.
Après deux mois au calme et dans le silence, se produisit le plus beau des miracles, elle
donna vie à un magnifique petit. A peine sorti du ventre, le jeune lynx cherchait déjà son
breuvage, le lait chaud de celle qui l'avait mis au monde. Il était si petit face à sa mère, à
peine couvert de sa fourrure aux reflets roux, tachetée de noir. Tout innocent face au monde
qui l'entourait.
Au bout de dix jours, le petit ouvrit ses yeux noisettes, pétillants d'énergie et découvrit la
nature fabuleuse qui s'offrait à lui, le vaste monde dans lequel il allait grandir. Dehors, le sol
était recouvert d'un manteau blanc et d'empreintes de chaque animal qui y marchait. On
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pouvait y apercevoir quelques oiseaux, qui tentaient de s'aventurer dans le froid qui régnait
de toutes parts. La neige aussi, qui cherchait à s'accrocher sur les dernières branches que
possédaient les conifères. Tout lui paraissait immense, vu de sa minuscule taille, et si
impressionnant qu'il ne pouvait pas encore bien comprendre l'univers qui l'entourait.
Un mois après les plus beaux instants passés en la présence de son petit, la vie sembla
reprendre, la nature se réveillait de son long sommeil et la génitrice pu enfin partir chasser.
Elle demeurait toutefois méfiante et inquiète pour son petit, protégé dans sa tanière isolée,
craignant toujours qu'un aigle curieux ne s'aventure dans son domaine et menace celui pour
lequel elle aurait tout donné. La mère revenait la plus part du temps avec des lièvres ou des
perdrix en grande quantité qu'elle pré-mâchait avant de les donner à son fils qui l'attendait
toujours, l'eau à la bouche, songeant à ce qu'elle pourrait bien lui ramener chaque jour. Le
jeune lynx était un gourmand et, plus sa mère ramenait de quoi manger, mieux il se portait!
A vingt-quatre mois le jeune mâle était encore très maladroit et curieux de tout ce qui se
passait autour de lui. Il avait bien grandit durant l'hiver, son pelage s'était assombri, revêtant
de petits reflets roux. Il adorait jouer avec sa mère et se battre avec elle, aimant par-dessus
tout regarder la vie à l’extérieur depuis le fond de sa tanière. Au bout d'un certain temps, la
jeune mère commença à sortir avec son fils, certes turbulent mais très attentif à tout ce qui
se produisait au fil du temps, il avait réussit à développer son ouïe et son odorat. Chaque
instant passé aux côtés de celle-ci était un moment d'apprentissage et de complicité entre les
deux félins.
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Six mois plus tard, lors d'une sortie au beau milieu de la forêt, en plein après-midi, la
mère décida de lui apprendre à chasser. Ils pistèrent des écureuils et remontèrent jusqu'à eux
grâce à leur sens de l'observation. Elle l'incitait à être attentif à tout ce qui l'entourait. Au
coucher du soleil, la chasse était terminée. Épuisés, les deux lynx rentraient quand, soudain,
la femelle aperçut un groupe de cinq chasseurs armés et prêts à les tuer pour leur fourrure
s'ils les apercevaient. Paniquée, la mère prit son petit par le cou et le cacha derrière un
rocher, en sûreté, en espèrent que rien ne lui arriverait. Le jeune lynx comprit au seul regard
de celle-ci qu'il y avait un danger, un danger au goût de mort.
Instantanément, la femelle fit la première chose qui lui passa par la tête. Elle jeta un dernier
regard à son petit puis sortit de sa cachette. L'un des chasseurs la vit, pointa son fusil et visa.
Une balle heurta le cœur de la féline. Elle tomba dans le feuillage et le bruit retentit dans
toute la forêt comme un signal d'alarme. Immobilisée, la mère se laissa mourir avec
l'intuition que les chasseurs partiraient et ne trouveraient donc pas son fils. Elle était comme
un ange tombé du ciel qui, après avoir accompli sa mission, gagne le paradis. Elle reposait,
paisiblement allongée dans l'herbe verte, le pelage luisant au coucher du soleil.
Cette tache dans l'herbe, le jeune lynx s'en rappellerait toute sa vie, d'un rouge sanglant; la
culpabilité des chasseurs était évidente à ses yeux; sa mère, en un mouvement de doigt, lui
avait été enlevé à l'issue de cette belle journée passée à ses côtés. Il était resté là, derrière sa
cachette, regardant, impuissant, les faits se dérouler sous ses yeux. Comment allait-il
survivre, dorénavant, privé de sa mère?
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Il regarda le paysage autour de lui, les feuilles mortes et rousses que le vent faisait
voler dans tous les sens mais ne put bouger d'un poil. Les pensées se bousculaient dans sa
tête; il était perdu, désespéré face à ce qu'il avait vu. Il ne réalisait pas encore ce qui venait
de se passer.
Pendant plus de deux heures le jeune mâle resta pétrifié puis finit par s'endormir. La nuit
tomba aussitôt comme si un voile avait recouvert la terre pour laisser place à la mélancolie
qui accablait le lynx.
Au beau milieu de la nuit, le jeune mâle se réveilla et se mit à grelotter. Le froid
l'envahissait; le félin songea alors à regagner sa tanière à l’abri du danger mais ne put
reconnaître le chemin pour y retourner. Tout se ressemblait et se confondait dans l'obscurité
de la forêt, les conifères, les pins, tout se mélangeait et étouffait le pauvre animal. Alors
celui-ci décida de se blottir au creux d'un arbre et d'y passer la nuit en attendant que le jour
se lève malgré la fraîcheur et le cri du hibou qui retentissait dans sa tête comme l'écho que
l'on peut entendre dans une grotte.
Quand le soleil montra le bout de son nez, le lynx se réveilla, ébloui par un rayon qui
réchauffait son petit visage roux, recouvert de tâches. Il avait horriblement faim et son
ventre brûlait de l’intérieur. Ce qu'il ressentait était un mélange d'angoisse, de peur, de
tristesse et de famine. Il fallait qu'il se nourrisse pour prendre des forces, mais comment
faire alors qu'il savait à peine chasser? D'un coup de pattes, le lynx se mit debout et un
sentiment nouveau l'enveloppa. Bien décidé à sortir de cette impasse et à survivre, il sentit
le courage l'envahir. Il ne fallait pas que sa mère soit morte pour rien. Le jeune mâle partit
donc à la recherche d'une proie, prenant toutes les pistes possibles jusqu'à tomber sur les
empreintes d’un écureuil. Il se servit alors de tout ce que sa mère lui avait appris, écouta
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chaque brindille craquer, chaque buisson qui bougeait, suivit les empreintes de l'animal
jusqu'à entrevoir sa queue toute rousse. Le félin ne bougea pas et observa encore un quart
d'heure en attendant que le rongeur s'immobilise. Et quand ce fut le cas, le lynx bondit sur sa
proie et lui sectionna le cou en une fraction de seconde. Le lynx s’empressa de se nourrir et
parti à la recherche d'un point d'eau.
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Pendant quelques heures, il s'enfonça dans la vaste forêt, jusqu'au moment où il
tomba sur un loup. L'immense bête, puissante sur ses pattes musclées, laissait transparaître
dans ses yeux de la férocité. Les deux animaux se fixèrent une ou deux minutes quand le
loup se mit à pousser un grognement sourd et se précipita sur le lynx. L'animal détalla et
courut comme jamais il ne l'avait fait; il courut sans jamais s’arrêter ni regarder derrière lui
pour voir où se trouvait son prédateur. Essoufflé, il ne s’arrêta pas et continua à courir
malgré sa fatigue. Soudain tout devint calme, tout s’apaisa, rien ne bougeait, pas même une
feuille quand, tout à coup, le loup surgit de nulle part et se précipita avec agressivité sur le
jeune lynx. Celui-ci, pris par surprise, tomba dans l'herbe sèche que le soleil chauffait, se
releva d'un coup net et fonça sur le loup. D'un coup de sa mâchoire puissante et de ses dents
acérées, l'animal sauvage voulut mordre sa proie qui sortit ses griffes et le toucha à l’œil.
Pris de douleur, la bête féroce recula et sa victime en profita pour l'achever d'un coup de
dents au cou.
Epuisé, l'animal s’allongea dans l'herbe fraîche, ferma les yeux et s'endormit. Lorsqu'il
rouvrit les yeux, il était assoiffé, déshydraté et affamé. Il était perdu en plein cœur de la forêt
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en plein après-midi de printemps. Rien de ce qu'il voyait ne lui paraissait familier. Se levant
enfin, il repartit avec peine à la recherche d'un point d'eau. Il marcha une heure, observant
avec attention le paysage qui l'entourait. Il remarqua quelques bourgeons prêts à fleurir sur
les branches des arbres, les pâquerettes qui se dressaient sous ses pattes ainsi que les oiseaux
qui gazouillaient …
Alors qu'il désespérait, le lynx entendit un bruit sourd, de l'eau qui coulait en
abondance, comme si une avalanche se produisait tout près de lui. Il se rapprocha alors
doucement, sans faire de bruit et aperçut, à sa grande satisfaction, une cascade. Quoi de
mieux que de l'eau regorgeant de poissons? Le mâle se précipita et bût tant que son ventre
gonfla. Dans la rivière où se jetait la cascade, affluaient un grand nombre de poissons. Il y
en avait de toutes sortes et de toutes les tailles. Le lynx n’avait plus qu'à se servir; il sortit
les longues griffes pointues dont il s'était servi avec le loup, les planta dans le premier
poisson venu et se rappela des moments passés avec sa mère à la pêche.
~
C'est alors que le jeune mâle leva les yeux et reconnut l'endroit où il se trouvait. Un
sentiment de béatitude l'envahit, il plongea dans un profond sommeil.
Quand il s'éveilla, la lueur du jour disparaissait dans les branches des arbres qui
l'entouraient. Il se dressa sur ses pattes et partit à la recherche d'une tanière. Non loin de là,
en fouillant dans le feuillage, il trouva un petit trou dans lequel il disposa quelques
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feuillages. Il se blottit à l'intérieur au chaud. C'est alors que le majestueux lynx roux au
pelage tacheté put s'endormir pour de bon.
Une nouvelle vie l'attendait.
Texte original- non modifié par le Muséum de Toulouse.
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(depuis 2013).
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2013 – Dans la peau d'un ours (première année pour les scolaires)
2012 – La caillou cléeste
2011 - Racontez-nous une préhistoire
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