Analyser les photos de guerre

Transcription

Analyser les photos de guerre
Introduction (15min) : la guerre à la Une
Analyser les photos de guerre
Explication de l’atelier de décryptage de l’image : il se déroule sur 2 heures en classe entière (12 groupes
de 2/3 élèves) : 1ère heure analyse de deux photos avec une grille et 2ème heure présentation à l’oral de la
photo (6 photos en tout avec deux groupes qui travaillent sur le même sujet, 1 seul groupe passe à l’oral,
l’autre complète)
L’importance de la photographie à partir du XXème siècle : on parle de notre société comme d’une
« société de l’image ». Les images photographiques ont un enjeu politique très fort à partir de l’essor de la
presse dès la fin du XIXème siècle. Elle font partie du débat démocratique, soulèvent des polémiques,
provoquent des réactions, des prises de position au sein de la société. (cf. citation de Christian Delporte in
Images et politiques, 2006)
Il faut donc interroger leurs fonctions : informer, émouvoir, choquer, indigner, faire réfléchir, quel est
l’objectif du photographe ?
Pourquoi analyser les photos de guerre ? : les images ne sont pas la réalité mais une construction. Elles
construisent leur propre sens du monde. Pour les comprendre nous avons donc à les déconstruire, à les
décoder. De plus les images se parlent pour ainsi dire entre elles. La production des images s’effectue, en
effet, dans une culture commune. Le photographe prend une photo par rapport - ou pour se différencier d’une autre image (peinture ou photographie). Etudier les images c’est donc aussi enrichir son regard.
Connaître les symboles du siècle précédent c’est mieux comprendre ceux du siècle à venir et prendre
conscience de leur pouvoir. Exemple : la jeune fille à la fleur, Marc Riboud, 1967.
1. Brève histoire du reportage photo
La peinture, les siècles précédents, avait pour rôle de représenter la guerre : il s’agissait de
scènes de bataille qui n’avait pas valeur d’information mais une fonction d’héroïsation. Le
genre de référence était le genre épique avec l’exploitation du mythe du héros. La photo tout
en gardant cette thématique va aussi dire le quotidien du soldat, elle va humaniser la guerre
en mettant en scène l’individu.
1er reportage de guerre : guerre de Crimée qui a opposé de 1853 à 1856 l'Empire russe à une
coalition comprenant l’Empire ottoman, le Royaume-Uni, l'Empire français de Napoléon III.
Sont pris en photo les campements, les soldats et les officiers. Il n’y a pas de prise de vue
d’actions, le matériel, fragile, ne le permettait pas et c’était trop dangereux pour le
photographe. La diffusion est très faible car c’est trop coûteux mais déjà un nouveau regard
sur la guerre apparaît avec des gravures qui s’inspirent de ces photographies.
L’essor de la presse de 1860-1870 et surtout la première guerre mondiale va conduire la
photographie, en parallèle avec le cinéma, à supplanter la peinture et la gravure dans la
représentation de la guerre. La peinture pourra se concentrer sur le fait d’apporter un discours
sur la guerre. (exemple : Guernica, Picasso)
Yanne Nédélec, documentaliste au lycée Jacques Cartier de Saint-Malo, mars 2014
2. L’évolution des Unes sur la guerre dans la presse écrite de 1914 à nos jours
La part de plus en plus importante de l’image en Une du fait :
Des progrès techniques : de la gravure au numérique
D’une meilleure connaissance de la diffusion de l’information : la photo est la première chose que
l’on regarde. Avant de lire un article on entre dans le journal par l’image.
De l’obligation de maintenir les ventes : l’image provoque des émotions, elle permet d’attirer l’œil
puis de choquer, d’émouvoir, de piquer la curiosité donc de motiver l’achat du journal. cf.
concurrence de la radio dans l’entre deux guerres, de la télévision dans les années 50-60.
3. La notion de guerre
Pourquoi fait-on la guerre ? cf. citation de Clausewitz. Des enjeux d’ordre économiques,
géostratégique (ex. le conflit entre la Russie et l’Ukraine et la question du rattachement de la Crimée à
l’Ukraine qui est un verrou stratégique de l’accès à la Mer Noire) , de pouvoir.
a. Origine : le mot « guerre » vient du francique werra « désordre » et querelle, mot qui a
remplacé le latin « bellum » dont vient le mot belliqueux.
b. Définition 1 (Le Robert) : lutte armée entre Etats considérée comme un phénomène
historique et social.
C’est sur ce type de guerre que l’on va travailler.
D’autres mots pour désigner les conflits qui témoignent des évolutions majeures de cette notion :
Guerre civile : lutte armée entre groupe et citoyens d’un même état.
Guerre sainte, de religions ou croisade, djihad.
La guérilla est un terme emprunté à l'espagnol utilisé pour décrire des combats d'unités mobiles et
flexibles pratiquant une guerre de harcèlement, d'embuscades, de coups de main menée par des
unités régulières ou des troupes de partisans, sans ligne de front.
Guerre chimique, atomique, nucléaire
La « nouvelle » guerre : le terrorisme
La naissance de nouveaux types de guerre, la mutation de la guerre engendre des images de guerre très
différentes d’une décennie à l’autre : l’exemple de la guerre de position qui dévaste les paysage de la la
Marne aux bombardements de villes (Saint-Malo) jusqu’à la catastrophe d’Hiroshima.
Remarque : Vous allez avoir à analyser une photo et à la comparer à une autre que vous devrez,
comme la précédente, situer dans son contexte. Pour analyser une image on procède en 3 étapes :
la description, la mise en contexte et l’interprétation. Une grille d’analyse vous servira de guide à
l’oral.
Yanne Nédélec, documentaliste au lycée Jacques Cartier de Saint-Malo, mars 2014
Analyse d’une photo de guerre
Titre de l’image :
Le photographe : qui est-il ? (Origine, degré de célébrité, où a été publiée sa photo). Indiquez si il a eu un
prix pour cette photo (faites des recherches).
Description de la photographie : les éléments de l’image (personnage, décor, mise en scène).
Thème de l’image :
Composition : cadrage et plan (vue d’ensemble, prise de vue frontale, plongée, contre-plongée, plan buste
pour un personnage, plan en pied, couleur, jeux de lumière, contrastes).
Le contexte de la photographie : replacez la photo dans son contexte historique (faites des recherches sur
internet si nécessaire). De quelle guerre s’agit-il ?
Interprétation de la photo : quel est l’objectif du photographe ? Cette photo a-t-elle provoqué une réaction
de la part du public, une polémique ? Est-elle devenue un symbole et pourquoi ?
Comparer la photo 1 avec la photo 2 : Situez dans son contexte la photo 2 puis donnez leurs points
communs et leurs différences.
Yanne Nédélec, documentaliste au lycée Jacques Cartier de Saint-Malo, mars 2014