Le langage des fleurs

Le langage des fleurs
(sketch des frères Ennemis repris par les frères Taloche 2005)
Rouge : Vincent
Noir : Bruno
Non… non… non, ne parlez pas toutes ensembles. Que dis-tu Marguerite ? mais
enfin, je viens de changer ton eau tout à l’heure. Paul, reste tranquille ! Ho, Ginette,
la ferme !
Mais à qui parlez-vous ?
Bien à mes fleurs !
Vous parlez aux fleurs ?
Pourquoi, ça vous gêne ?
Vous prétendez connaître le langage des fleurs.
Bien sûr.
Mais les fleurs ne parlent pas.
Mais si !
L’homme parle.
Oui beaucoup.
Les chiens aboient.
Oui ! Et la caravane passe.
Les éléphants barrissent.
Oui et barrir, c’est mourir un peu.
Mais les fleurs ne parlent pas.
Si.
Non.
Si.
Non.
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Si et non seulement, elles parlent mais elles nous comprennent.
C’est impossible.
Ecoutez, si c’était impossible, je ne serais pas entrain de parler ici à cette assemblée.
Quelle assemblée ?
Bien, ce bouquet.
Ce bouquet est une assemblée ?
Mais ces fleurs sont réunies en assemblée pour parler d’un problème.
Ah ! parce que ces fleurs ont des problèmes.
Bien oui, comme vous et moi !
Je ne suis pas une fleur.
Pourtant, Pascal a dit : « L’homme est un roseau pensant. »
Un roseau n’est pas un fleur.
Ah, peut-être mais ça y ressemble davantage qu’à un agent de police.
Je ne vois pas le rapport.
Bien, essayez de mettre un agent de police dans un vase… Oui, tu as raison Fanfan
Mais qui est Fanfan ?
La tulipe.
Et qu’est-ce qu’elle a ?
Elle dit qu’on s’écarte du sujet.
Quel sujet ?
Son problème.
Ah, cette tulipe a un problème ?
Oui, elle ne peut pas sentir la rose.
Forcément, c’est une tulipe.
Non, je veux dire par là qu’elle déteste la rose.
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Pourquoi ?
Parce que la rose sent la rose et que la tulipe ne sent rien.
Elle a peut-être le pistil bouché.
Le pistil bouché (x3) ? Tu entends ça, Fanfan, le pistil bouché !
Mais enfin, qu’est-ce que j’ai dit ?
Mais enfin, Fanfan n’a pas de pistil.
Ah, elle a eu un accident.
Elle… Il, Fanfan est un garçon.
Mais à quoi le voyez-vous ?
Mais… à l’étamine…
L’éta… quoi ?
L’étamine… Fanfan, fais voir ton étamine à monsieur…
Non…non…non… Vous me gênez.
Mais non, je vous en prie… Regardez-vous, voyez-là… c’est l’étamine.
Ah, et c’est utile ?
Bien, c’est l’organe reproducteur chez la fleur.
Ah, c’est amusant !
C’est un point de vue.
Mais enfin si Fanfan est un garçon, pourquoi ne dit-on pas le tulipe alors ?
Bien, parce qu’on dit l’échalote même si elle est toute seule.
Je ne sais pas si c’est un bon exemple.
Moi non plus.
Expliquez-moi plutôt comment vous avez appris le langage des fleurs.
Ah… bien… ça date de l’époque où j’avais des ennuis d’argent.
L’argent ne fait pas le bonheur.
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Oui mais pour le savoir il faut des sous.
Oui, comment vous en êtes-vous sorti ?
Et bien grâce à ma tante Marguerite… non pas toi, idiote !
Non, la fleuriste de la rue des rosiers… elle vous a fait une fleur.
Voilà en m’envoyant sur les roses mais grâce à elle j’ai trouvé un emploi dans une
usine de pots de fleurs et là, j’ai fait fortune.
La fortune du pot en quelque sorte…
Voilà et grâce à cette fortune, j’ai acheté une chaîne de magasin de fleuristes.
Et c’est en travaillant parmi les fleurs que vous avez appris leur langage ?
Voilà
Et bien, c’est curieux.
Pourquoi curieux ?
Parce que moi, j’ai travaillé 5 ans en usine et je n’ai jamais appris le langage des
boulon de 12.
C’est qu’un boulon de 12 n’a pas grand chose à dire.
Parler de vis peut-être ?
Je vous en prie, il y a des jeunes filles.
Revenons-en aux fleurs.
Oui, alors comme je vous le disais plus haut…
Plus haut ?
Oui en haut de la page 2. Les fleurs sont réunies pour parler d’un problème.
Je n’arrive pas à croire que ces fleurs ont des problèmes.
Mais c’est pourtant la vérité. Que dis-tu Geneviève ?
Qui est Geneviève ?
Bien, la rose.
Qu’est-ce qu’elle a demandé ?
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Elle veut que je la place à côté de Théodème.
Qui est Théodème ?
Le chrysanthème. Ho Simone, la ferme hein !
Mais qui est Simone ?
L’anémone
Et qu’est-ce qu’elle a ?
Elle se trouve trop près des soucis.
Elle n’aime pas les soucis ?
Elle les trouve vulgaire.
Ah ça, c’est le bouquet !
Non, c’est l’anémone.
Moi, votre anémone, je la trouve très snob.
Oui, mais que voulez-vous c’est une renonculacée.
Ah ! tout s’explique…
Oui, mais ce n’est pas une raison pour ne pas supporter la rose.
Elle n’aime pas la rose à cause de son parfum ?
Non elle n’aime pas les fleurs qui s’affichent, elle trouve que ça s’affiche mal de trop
s’afficher…
Ecoutez-moi, votre anémone, je la trouve très emmerdante.
Oui, mais que voulez-vous c’est maman qui me l’a offerte.
Ah, c’est une anémone de mer.
Oui, cultivée par paire.
Votre papa ?
Non, par deux…
Si nous revenions à vos soucis.
Volontiers.
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Je peux les voir ?
Ils sont là.
Comme ils ont l’air soucieux, vos soucis.
Ho oui… et cela me crée des problèmes.
Des problèmes qui vous donnent du souci.
Et qui me rendent soucieux comme le sont ces soucis.
Comment s’appellent-ils ?
Mes problèmes ?
Non, vos soucis.
Ha… Fulbert et Maxence, ce sont deux garçons…
Et à cause d’eux, vous êtes très inquiets ?
Oui, surtout à cause de Fulbert, l’aîné.
Et Maxence ?
Ho… lui, c’est le cadet de mes soucis.
Dites donc… ça doit être un problème d’avoir des problèmes à cause de deux
soucis ?
Oh, mais s’il n’y avait que ça… Théodème ne veut plus suivre les enterrements, la
marguerite ne fait plus mon bonheur, la rose ne supporte plus ses épines.
Il faut faire quelque chose.
Ho oui… mais quoi ?
Mais, il faut les distraire.
Oui, mais comment ?
Bien, emmenez-les au jardin des plantes…
Ho non, elle n’aime pas la foule, vous savez…Non …non, Marguerite, arrête
d’embêter ta copine Germaine…vous disiez ?
Je disais que…
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Non, les filles ! Ca fait trois fois que je fais la remarque… ça va voler…vous disiez ?
Je disais que…
Fulbert, arrête de gratter tes boutons… vous disiez ?
Je disais…
Les filles, c’est insupportable, arrêtez de vous tripoter les tiges entre vous !
Hoooooo… dites donc, ce n’est pas toujours un avantage de connaître le langage
des fleurs.
Ho mais parfois, j’en perds les pétales !!!
Ho non, ça va, on se tait, on ne parle plus !
Ho, comme c’est curieux ?
Qu’est ce qui est curieux ?
Au milieu de tant de bavardages, il y a deux fleurs qui ne disent rien…
Lesquelles ?
Ces deux-là
C’est normal…
Pourquoi ?
Ce sont des pensées.
FIN
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