recueil des nouvelles - Centre Historique Minier

Transcription

recueil des nouvelles - Centre Historique Minier
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E
n 2016, le Centre Historique Minier a choisi de présenter une programmation autour
de la thématique Écrire la mine. Au cours de l’Histoire, de nombreux auteurs se sont
intéressés à la mine et aux mineurs d’ici et d’ailleurs et ont publié des romans, des
récits autobiographiques mais aussi des écrits scientifiques, des poèmes, des bandes
dessinées, des nouvelles…
Le Centre Historique Minier propose de placer l’année 2016 sous le signe de l’écriture et
invite ainsi le public à découvrir deux expositions : Écrire la mine et Germinal, fiction ou
réalité ? mais également de nombreux événements et activités culturelles.
Lors de l’élaboration de cette programmation, il est rapidement apparu essentiel à l’équipe
du Centre Historique Minier de suggérer au public de prendre la plume et d’écrire, lui aussi,
la mine. Un grand concours d’écriture, La mine se [re]nouvelle, réservé aux écoles, collèges
et lycées, est alors lancé le 18 janvier 2016. Cinquante-et-une inscriptions sont reçues pour
les trois catégories définies.
Sommaire
TITRE DES NOUVELLES
CLASSE / ELEVE
ETABLISSEMENT
Siméon
CM2
Ecole Primaire Jean Moulin
de Verton (62)
4
Première vacances
CE2/CM1/CM2
Ecole Saint Vincent de Paul
de Douai (59)
5
Flo le sauveur
CE2
Vaillant, cheval à la mine
Lauréat
La mascotte de la fosse
Delloye
Ce coquin de Monsieur
Lent
CE2/CM1/CM2
CE1/CE2/CM1/CM2
CM1B
Judith
CM1B
Belle amitié dans la mine
CE2/CM1/CM2
Un galibot courageux
CE2
La mine se vide
CM1/CM2
Ecole élémentaire de
Siracourt (62)
Ecole Primaire du Courtil
à Beugnies (62)
Ecole primaire de Roucourt
(59)
Ecole Roger Salengro de
Lumbres (62)
Ecole Anne Frank
d’Annœullin (59)
Ecole publique d’Hendeghem
(59)
Ecole élémentaire Jules Ferry
de Dourges (62)
Ecole primaire de Cappelleles-Hesdin (62)
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1
La grande histoire
d'Epona
CM1/CM2
L'exploit du cheval
CM1
Ma vie dans la mine
CM2
L'apparition de la Mine
Maxime BODART(4e)
Funeste anniversaire
Grégoire WACOGNE (4e)
Le dernier vol du canari
Lauréat
Elise CATTEAU (4e)
Aux pieds des chenilles
Clara DEBLONDE (4e)
Le journal de Gérard
Drice DROUAZI (4e)
Une mine, des hommes,
une histoire
Bastien HUBERT (4e)
Les envahisseurs
Manon LECOQ (4e)
Un mineur de Lewarde
Pauline MESSIER (4e)
Une première journée
lassante à la mine de
Lewarde
Jack, une vie volée par la
mine
Un ballon à la mine de
Lewarde
Ecole Primaire Publique de
Gouy-Saint-André (62)
Ecole élémentaire Jules Ferry
de Dourges (62)
Groupe scolaire F. Vallet et J.
Vincent de Labeuvrière (62)
Collège Saint Pierre de Calais
(62)
Collège Saint Pierre de Calais
(62)
Collège Saint Pierre de Calais
(62)
Collège Saint Pierre de Calais
(62)
Collège Jacques Prévert
de Chambly (60)
Collège Jacques Prévert
de Chambly (60)
Collège Jacques Prévert
de Chambly (60)
Collège Jacques Prévert
de Chambly (60)
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33
Débora IANNIZZI (4e)
Collège Jacques Prévert
de Chambly (60)
35
Emeline PERRIN (4e)
Collège Jacques Prévert
de Chambly (60)
36
Coralie DUTOMBEAU (4e) Collège Gayant de Douai (59)
37
Foutue passerelle
Ismaïl DRICI (4e)
Collège Gayant de Douai (59)
39
Fille de mineur
Laureen GENNIN (4e)
Collège Gayant de Douai (59)
42
Peur en galerie
Jérémy MARONET (3e)
Collège Gayant de Douai (59)
44
Qui est mon père ?
Lydwine LENGRAND (3e)
Collège Gayant de Douai (59)
45
Balade mortelle
Mathilde DELFORGE (3e)
Collège Gayant de Douai (59)
47
Serial mineur
Maxence DUEZ (3e)
Collège Gayant de Douai (59)
49
Mineur-soldat
Pauline DOCO (3e)
Collège Gayant de Douai (59)
50
Moi, jeune et mineur
Tony ROSSEEL (3e)
Collège Gayant de Douai (59)
51
Sortie en panne
Coralie POT (3e)
Collège Gayant de Douai (59)
52
Le grisou ce poison
Lucas WAQUET (3e)
Collège Gayant de Douai (59)
53
2
Un jour tragique pour
Tobias
A toute allure
Tom et Jerry
Coup de cœur du jury
C'est de la dynamite
Un dernier pour la route
La grotte de l'ours
Un jour ordinaire
Souffle de vie
Lauréat
Cauchemars et anthracite
Le héros de la mine
Se souvenir
Un bruit
Partager et apprendre
Commémoration
Tourisme minier
Il a travaillé grave
A la mémoire de mon père…
Collège Saint Pierre de Calais
(62)
Collège Louis Pasteur
Melissa KLOCK (4e segpa)
de Noyon (60)
e
Collège Louis Pasteur
Antoine BEKAERT (4
segpa)
de Noyon (60)
e
Steven LUILLIER (4
Collège Louis Pasteur
segpa)
de Noyon (60)
Collège Louis Pasteur
Elias ROCHDI (4e segpa)
de Noyon (60)
Catia NUNES MARTINS
Collège Louis Pasteur
e
de Noyon (60)
(4 segpa)
Cassandra DUCARTERON Collège Louis Pasteur
(4e segpa)
de Noyon (60)
Lycée Jessé de Forest
Gwendoline LEMAITRE
d’Avesnes-sur-Helpe (59)
Mazarine WAIRY
Lycée Jessé de Forest
DUPUICH (Terminale)
d’Avesnes-sur-Helpe (59)
Lycée professionnel Fernand
Alyssia GALLIOT (2nde)
Degrugillier d’Auchel (62)
Lycée professionnel André
Florian HELLEBOIS (2nde)
Malraux de Béthune (62)
Lycée professionnel André
Adeline BAUDE (2nde)
Malraux de Béthune (62)
Lycée professionnel Voltaire
Olivier JACEK (3e PPRO)
de Wingles (62)
Ambre FRANCKELEMON Lycée professionnel Voltaire
(3e PPRO)
de Wingles (62)
Lycée professionnel Voltaire
Julie BILLET (3e PPRO)
de Wingles (62)
e
Quentin WIECZOREK (3
Lycée professionnel Voltaire
PPRO)
de Wingles (62)
Lycée professionnel Romain
Quentin LEFEVRE (2nde)
Rolland d’Amiens (80)
Victor MATRAT (4e)
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Siméon
I
l était une fois , en hiver 1866, moi, Siméon, vieux cheval, travailleur souterrain à la mine de Lens,
puits n°2, fosse 4, tunnel 45, souvent je repensais à mon pré fleuri près de mes parents, quand un
jour, survint un terrible coup de grisou et mon père y resta.
Voici ce qu’il se passa en ce 1er février 1866 : J’étais petit. J’avais à peine 8 semaines mais j’étais
assez intelligent pour comprendre les problèmes. Une odeur écœurante me montait dans les
naseaux. Elle émanait du puits de la mine. Je sentais au fond de moi que quelque chose allait se
passer ; mon coeur palpitait à cent à l’heure.
Soudain la terre trembla ! Du bruit ! Des cris ! Puis un hennissement….celui de mon père.
Malheur ! Je venais de comprendre ce qu’on appelait un coup de GRISOU. Dans ma tête, le malheur
résonnait, oui, pour moi, c’était cela le malheur. Je tournais la tête à gauche, je vis les fleurs du petit
pré, je tournais la tête à droite, je vis ma mère affolée : elle courrait dans tous les sens tel un cheval
fou.
Le soir, quand nos maîtres nous rentrèrent dans nos box, celui de mon père restait vide. Je voulais
l’attendre mais je n’ai pas résisté à la fatigue et me suis endormi. Le lendemain, au réveil, ma mère
me parla :
« Oh, mon petit, mon pauvre petit, ton père n’est plus. Il était un cheval fort et puissant et tu lui
ressembleras, j’en suis sûre. Tu porteras son nom, Siméon, et c’est à ton tour maintenant de
descendre dans la mine pour travailler auprès des hommes, pour les aider à remonter cet or noir
qu’ils appellent le charbon. Ils sont gentils tu sais, ils prendront soin de toi. C’est notre vie la mine.
Nous sommes des chevaux nés pour y descendre. Quand tu seras vieux, tu remonteras dans ton pré
fleuri pour y finir tes jours comme ta vieille mère. Sois courageux ! »
Deux mineurs sont venus me chercher pour me préparer à descendre. Mon maître s’appelait Pierrot.
Pierrot était déjà le maître de mon père, ce beau cheval brun « puissant comme Hercule » disait-il. Il
me raconta qu’à eux deux, ils avaient sauvé 6 chevaux en les tirant pour les extraire d’un tunnel qui
s’était effondré.
Nous sommes descendus par l’ascenseur dans le puits. Il y faisait sombre. La poussière de charbon
me piquait les yeux. Une fois arrivé, mon maître m’expliqua mon travail et je commençais dans la
bonne humeur car c’était vrai que les hommes étaient gentils avec nous.
Le temps passait quand un jour je sentis la même odeur écœurante qu’au dernier coup de grisou. Je
savais ce qu’il allait se passer, je me mis à sauter, à me débattre pour prévenir mon maître. Il comprit
immédiatement et cria : « Coup de GRISOU ! Coup de GRISOU ! ».
Tout le monde se sauva quand une énorme explosion se fit retentir !
Quand j’ouvris les yeux, nous étions sains et saufs mais coincés. Les autres mineurs avaient prévenu
les pompiers et tentaient eux aussi de dégager le tunnel encombré par des gros rochers de charbon,
des poutres de bois ou encore des wagons renversés. Il faisait noir, toutes les lampes au pétrole
avaient été cassées dans l’explosion. Toutes les mines du coin étaient au courant et des volontaires
de Valenciennes ou d’Arras étaient venus aider pour déblayer. Soudain, nous avons vu un fin filet de
lumière, nous étions sauvés.
Nous sommes remontés, et moi je suis retourné quelques semaines dans mon pré fleuri auprès de
ma mère afin de me soigner avant de retourner dans la mine et continuer avec Pierrot ce dur labeur
de mineur mais si important pour notre époque !
Classe de CM2 de l’Ecole Primaire Jean Moulin de Verton (62)
4
Premières vacances
D
epuis que Nicolas (dit Nico) est entré dans la mine de Lewarde, il sait parler aux animaux et
notamment à ses deux compagnes de travail Ratine la rate et Rose la jument avec qui il
partage chaque jour ses briquets. Ratine vient le voir à chaque pause, tandis que Rose tire
des wagonnets de plus en plus lourds.
Ce matin du 24 décembre à 6H30, Nico descend à la fosse comme chaque jour. Une fois au fond,
avant de commencer sa besogne, il va saluer Rose, mais pas Ratine car elle dort encore. Nico
remarque que Rose est couchée et ne bouge pas.
- Qu’as-tu Rose ?
Elle ne répondit pas. Nico essaie les caresses et lui tend un sucre.
- Pourquoi tu n’en veux pas ?
Pas de réponse. Soudain arrive Ratine, réveillée par le bruit des pioches et des cris humains.
- Sais-tu ce qu’elle a ? demanda Nico.
- Elle est comme ça depuis hier. Elle ne comprend pas pourquoi vous les hommes, vous êtes joyeux à
l’idée de préparer le réveillon de Noël et de remonter chaque soir chez vous, alors que, elle et moi,
sommes toujours dans le noir sous terre. Elle est trop fatiguée. Le chef porion se plaint. Il veut la
remplacer.
Nico réfléchit.
- Vous avez raison. Rêvons au changement !
- Mais comment ? questionna Ratine.
- Il faut que je trouve une idée et je vous jure que ça va déchirer !
Rose lève la tête soudain et gémit.
- Je suis fatiguée. Je ne travaille plus comme avant. On va me remonter et me conduire à l’abattoir. Je
le sais, on va me remplacer. C’est trop dur. J’ai besoin de revoir le soleil et l’herbe, dit-elle en
soupirant.
- Que peux-tu faire ? interrogea Ratine.
- Écoutez, ce soir, c’est le réveillon. Je ne vais pas remonter à la surface tout de suite. Quand les
copains seront dehors, je vais vous mettre dans l’ascenseur et on ira à l’air libre. Vous aurez toute la
journée de Noël pour vous refaire une santé. Mais attention, le lendemain il faudra être ici au
rendez-vous pour que je vous redescende au fond avant l’arrivée de mes potes.
- C’est d’accord ! répondirent-elles en chœur.
- En attendant, Rose, essaie de travailler correctement ma brave, supplia Nico.
Elle fit de son mieux. Et comme l’avait promis Nico, tout se passa parfaitement bien pour l’évasion le
temps d’une journée magique.
Quelle merveilleuse journée elles passèrent ! Et… miraculeusement…
Le 26 décembre, tout le monde bien requinqué était au poste au fond de la mine. Depuis Rose
travaillait énergiquement. Le chef porion posa alors des questions à Nico, ne comprenant pas ce
changement. Il lui expliqua tout et lui proposa même de remonter chaque week-end Rose afin
qu’elle puisse se ressourcer et être plus compétente dans la semaine. (Bien sûr il n’oubliait pas
Ratine qu’il mettrait dans sa musette pour la remonter elle aussi en catimini.)
Après mûres réflexions, le chef accepta, vu le rendement effectué à présent par la jument.
***
C’est ainsi que, grâce à une idée géniale, une veille de Noël, un mineur nommé Nico inventa les
week-ends reposés pour Rose et ses descendants dans la mine de Lewarde pour leur bien et pour
celui de tous.
Classes de CE2, CM1 et CM2 de l’Ecole Saint Vincent de Paul de Douai (59)
5
Flo, le sauveur
E
n janvier 1919, deux mois après la fin de la guerre, Flo profite du soleil et galope toute la
journée dans son pré à Héricourt.
Antoine, qui habite juste à côté de la pâture, passe le voir tous les matins. Après des années de
guerre, il est content de voir son ami en liberté.
Antoine sait pourtant qu'il manque des chevaux dans la mine voisine, à quelques kilomètres du
village. Il y a eu des explosions à cause du grisou et les deux chevaux sont morts asphyxiés.
C'est le directeur de la mine, Monsieur Chagnon, qui a prévenu Antoine l'autre jour en s'arrêtant
devant la pâture.
– Bonjour, mon garçon ! Il est à toi ce cheval ?
– Oui, il est à moi, répond Antoine.
– J'en aurai besoin pour le faire travailler. Tes parents seraient plus riches parce qu'on l'utiliserait
dans la mine.
– On n'a pas besoin d'argent et mon cheval est très heureux ici.
– Tu n'auras pas le choix. Je reviendrai...
Quelques jours plus tard, quand Antoine rentre de l'école, Flo n'est plus dans son pré. Les employés
du directeur ont volé le cheval et l'ont attaché avec un licol.
Arrivé à la mine, Flo se cabre tout à coup. Antoine arrive à vélo du village voisin car il a compris que le
cheval a été embarqué. Il s'approche de lui, une pomme à la main. Il le caresse gentiment.
Le directeur de la mine s'adresse alors à Antoine :
– Je te propose de descendre avec lui, au fond de la mine, pendant deux jours.
– D'accord Monsieur Chagnon, répond Antoine.
Une fois que le cheval est calmé, il accepte de descendre pour aider les hommes.
Flo est pendu sous la cage par les pattes avant.
Au fond, le cheval est utilisé pour tirer les berlines les plus lourdes et Antoine travaille avec lui
comme galibot.
A midi, c'est la pause-déjeuner. Antoine et les autres mineurs mangent des pommes de terre au
beurre, du pain et de la soupe amère. Puis le garçon retourne voir Flo dans son écurie et lui donne un
peu d'avoine et de la paille.
A une heure, le travail recommence. Antoine est fatigué mais le surveillant refuse qu'il se repose. A
seize heures trente, Antoine rentre chez lui. Il se lave, va manger du cassoulet et va se coucher à sept
heures. C'est la fin de la première journée.
Le lendemain matin, Antoine se lève à quatre heures. Il passe par la salle des pendus pour mettre ses
habits et par la lampisterie pour aller chercher sa lampe. Puis il s'approche du chevalement et
descend.
Arrivé au fond, le surveillant croise Antoine et lui dit :
– Il faut que tu ailles dans la zone interdite pour placer des explosifs avec une équipe de mineurs.
Les hommes mettent alors les explosifs.
Mais à la pause-déjeuner, un autre cheval qui s'appelle Gilbert s'est détaché et il est parti dans la
zone interdite.
– Il faut aller dans cette zone pour récupérer ce cheval.
Mais dès que l'équipe et Antoine arrivent dans cette partie de la galerie, ils se retrouvent bloqués à
cause de dangereux éboulements.
- On est perdus dit Antoine.
- On a mis les explosifs qui vont bientôt tout détruire et on est pris au piège.
Au bout de la galerie, Flo entend les hennissements du cheval Gilbert, affolé. Il galope alors vers la
zone piégée par un passage un peu étroit. Heureusement que Flo sait sauter mais il tombe dans un
trou d'eau peu profond. Il arrive alors où les mineurs se trouvent bloqués. Il hennit pour prévenir les
hommes.
- Un cheval est là, crie un des mineurs.
- Passe par ce trou, Antoine, je vais te passer une corde, dit un autre.
6
- Tu l'attacheras à Flo. C'est relié à la berline qui est là. Fais avancer le cheval quand on te le criera.
Quelques minutes plus tard, le cheval réussit à forcer le passage avec la berline et libère les mineurs
et Gilbert. Ils ont le temps de quitter la galerie avant les premières explosions.
Remontés à la surface, les mineurs et les chevaux sont sains et saufs. Le directeur les attend. Antoine
se tourne vers lui et dit :
- Flo nous a sauvés ! Il a le droit de se reposer maintenant.
Monsieur Chagnon hésite alors avant de répondre.
- Je suis d'accord avec toi. Ton cheval a le droit de prendre sa retraite. Et il ne sera pas seul car Gilbert
pourra l'accompagner.
Fou de joie, Antoine se dit qu'il a vraiment comme ami le plus grand des héros.
Classe de CE2 de l’Ecole élémentaire de Siracourt (62)
7
Lauréat catégorie École
Vaillant, cheval à la mine
J
e m’appelle Vaillant, c’est le nom que les « gueules noires » m’ont donné. Aujourd’hui j’ai 27ans
et j’ai passé toute ma vie au fond d’un puits de mine. Une aventure difficile mais aussi pleine
d’amitié que j’ai envie de vous raconter.
Il y a maintenant plus de 20 ans, j’étais jeune et plein d’énergie et comme je suis de race bretonne, je
suis petit, c’est pour cela que l’on m’a choisi pour travailler à la mine au côté des mineurs.
C’est mon premier jour, je ne sais pas ce qu’il m’attend, il est très tôt et je me retrouve sur le carreau
de la mine. Il y a beaucoup de bruit. Des hommes s’approchent de moi et on me met un large
bandeau sur les yeux. Je ne vois plus rien ! On s’agite autour de moi et soudain je me sens soulevé.
Mes sabots ne touchent plus le sol. Je suis suspendu à un harnais au-dessous d’un cuffat, car lorsque
je suis descendu pour la première fois, les cages n’étaient pas encore en fonctionnement.
Je comprends alors que je descends. J’ai très peur ! Mon cœur bat fort !
Après de longues minutes, enfin je sens de nouveau le sol sous mes pattes. On me délivre du harnais
et mon bandeau est retiré.
Autour de moi, pas de lumière, énormément de bruit, des odeurs bizarres et surtout pas le moindre
carré d’herbe fraîche. Où suis-je ?
On m’emmène dans un boyau de la galerie. Sur mon chemin je croise d’autres chevaux, cela me
rassure un peu mais ils ont l’air épuisé. Je me retrouve sur des rails, des berlines de charbon sont
attelées derrière moi. Ma nouvelle vie au fond commence !
Les mineurs m’accueillent à bras ouverts, je suis l’un des leurs ! Très vite je comprends ce que l’on
attend de moi. Car tous les jours, pendant de longues heures c’est la même chose. Le même chemin
emprunté.
Je tire les berlines que les mineurs remplissent de charbon. Il faut travailler toujours plus, alors
parfois, on essaie de m’atteler une ou deux berlines de plus mais je fournis déjà de gros efforts donc
ces fois-là je refuse d’avancer.
Je comprends aussi les expressions utilisées par les meneux d’quévaux, c’était eux qui me
conduisaient. Trois d’entre-elles sont, pour moi, importantes. Lorsque les « gueules noires » crient
« au cul », je dois ralentir car ça descend et il ne faut pas que les berlines se renversent je ne voudrais
pas me blesser. Il y a aussi l’expression « au collier » et là je sais qu’il va falloir redoubler d’efforts car
cette fois-ci ça monte et une grosse dizaine de berlines à tirer ce n’est déjà pas simple mais quand ça
monte, croyez-moi mieux vaut s’y attendre !
Mais l’expression que je préférais entendre et qui résonne encore avec bonheur dans ma tête c’est
« à la soupe ». Le moment de la pause casse-croûte ! On sort son « briquet » et tout le monde se
rassemble pour déjeuner. Moi, je peux me reposer, et les mineurs ne m’oublient pas, j’ai aussi le
droit à ma petite friandise, souvent une pomme. Puis on s’y remet. Le bruit, la chaleur, la poussière,
avec à tout moment les risques d’éboulements ou de coups de grisou. C’était notre quotidien !
Les journées se succédaient, parfois lorsque je me blessais, j’étais remonté et je me retrouvais dans
les écuries de la mine où l’on me soignait. Puis de nouveau je rejoignais le fond de la mine.
Les années ont passé et le travail est devenu de plus en plus pénible pour moi. Les meneux
d’quévaux s’en rendaient bien compte. Alors une fin d’après-midi, les mineurs se sont regroupés
autour de moi. Ils semblaient me remercier et avaient l’air un peu triste aussi. Je n’ai pas compris
tout de suite.
Je suis remonté de cette galerie où j’ai passé tant d’années, mes yeux ont été bandés pour que je
puisse me réhabituer petit à petit à la lumière du jour. Je suis resté quelques jours dans les écuries
8
puis un matin alors que je pensais redescendre, on m’a conduit dans ce pré. L’air frais entrait dans
mes narines. Sous mes sabots de l’herbe fraîche. J’étais libre ! Et depuis ce jour, plus jamais je ne suis
redescendu.
Même si toutes ces années passées au fond, à respirer de la poussière de charbon, m’ont rendu
malade, les mineurs sont devenus mes amis, au fond il n’y avait pas de distinction homme animal,
nous endurions tous des conditions de vie et de travail plus que difficiles. Et parfois certains viennent
toujours me voir et me crient « à la soupe »…
Classes de CE2, CM1 et CM2 de l’Ecole Primaire du Courtil de Beugnies (59)
9
La mascotte de la fosse Delloye
T
rrrr ….tacatacatac….pfoum, pfoum, pfoum…
Toutes ces machines assourdissantes vrillent mes tympans. Une chaleur étouffante circule dans
les galeries. J’ai du mal à respirer… La poussière grise pénètre l’intérieur de mes poumons.
Encore douze wagons à tirer ! C’est lourd, tous mes muscles sont douloureux.
Cela fait maintenant dix ans que je travaille avec les mineurs de Lewarde, des polonais, des
marocains, des italiens, des gens du Nord aussi. Je comprends plusieurs langues…on me dit
d’avancer, de m’arrêter, de reculer, j’obéis aux ordres, docilement.
J’ai grandi dans le Nord de l’Allemagne, chez des éleveurs de chevaux de trait. La ferme était située
dans la campagne ; un grand pré entourait les écuries. Chaque jour, des promeneurs venaient me
caresser dans l’enclos. On m’apportait du foin, de l’eau et quelques friandises. La vie était belle, tout
était si calme.
Et puis, un jour, un homme est venu avec mon éleveur. Ils se sont approchés de moi et j’étais un peu
inquiet. J’avais l’impression, à cet instant, que ma vie allait changer. Cet homme, en fait, venait du
Nord de la France, on l’entendait à son accent. Plusieurs fois, on m’a observé, touché, regardé les
dents, puis on m’a attelé à une charrue et j’ai dû labourer un champ toute une après-midi. Le soir
venu, j’ai compris que j’allais quitter la ferme. Le marché était conclu entre mon éleveur et la
Compagnie Minière de Lewarde.
Au petit matin, mon nouveau maître est venu me chercher pour monter dans le van.
Après un long trajet, je suis enfin arrivé devant de grands bâtiments. Je me suis demandé où j’étais.
On m’a conduit dans les écuries et des mineurs m’ont donné des sucreries pour me rassurer. J’ai
passé une nuit assez paisible en pensant à tout ce qui pourrait m’arriver, car j’étais malgré tout, assez
content de vivre une nouvelle aventure.
Le lendemain, on m’a installé dans une cage étroite, les pattes nouées par des cordes, les yeux
bandés. Comme j’avais très peur, je gigotais beaucoup, la cage bougeait et je me cognais contre les
parois. C’est de cette façon que je suis arrivé « au fond », comme ils disent ici.
De longues heures à descendre, à tomber dans le vide, à entendre des voix parfois rassurantes, ou
des cris pour diriger la manoeuvre… Enfin, en bas, j’ai découvert un nouveau monde fait de bruits
assourdissants, de poussière noire de charbon, un monde où l’on vit dans l’obscurité. Un mineur m’a
attelé à des wagonnets et depuis, je parcours des kilomètres dans les galeries.
Ils ont fait de moi la mascotte de la mine. Régulièrement, les mineurs me donnent des morceaux de
leur briquet lorsqu’ils font une pause. La semaine dernière, le maréchal-ferrant est encore venu
vérifier l’état de mes sabots et de ma santé. Mon travail est extrêmement fatigant, mais en retour, je
reçois tellement d’attentions ! Tout compte fait, ma vie n’est pas si désagréable que cela.
10 ans maintenant que je suis au fond ! Il va falloir que je quitte la mine, je suis trop vieux malgré
mes efforts depuis toutes ces années. Demain, je retrouverai la lumière du jour. Je suis déjà tout
excité à l’idée de galoper en liberté, de revenir à une vie normale. Bien sûr, les mineurs vont me
manquer, j’étais tellement habitué à travailler avec eux.
Je me demande parfois si mes meilleurs amis n’ont pas été les hommes …
Classes de CE1, CE2, CM1 et CM2 de l’Ecole Primaire de Roucourt (59)
10
Ce coquin de Monsieur Lent
C
ela faisait maintenant vingt ans, que Monsieur Lent était dans la mine. Ce vieux cheval était
tellement fatigué de tirer tous les jours les berlines remplies de charbon ! Il était harassé
Monsieur Lent, et c'est peut-être pour cela que l'on ne parlait plus que de l’arrivée du nouveau
cheval. Ils disaient tous qu'il était fort, grand, très grand, intelligent et beau.
Un peu jaloux, Monsieur Lent a dit aux autres chevaux : « Moi aussi je suis beau et fort ! »
Ils ont alors tous ri comme pas possible.
Monsieur Lent s'est fâché : « Qu'est-ce qui vous fait rire ? »
Les autres chevaux ont répondu :
« Toi, beau et fort ? »
Le vieux cheval se rappelait tellement bien de l'époque où il était jeune... Et dire qu'il allait bientôt
terminer sa vie comme certains autres : à la boucherie ! Il se rappelait des moments où il se moquait
des autres vieux chevaux, et maintenant, c'était son tour.
Qu'est-ce qu'il avait aimé le premier galibot qui l'avait dirigé : c'était le petit Paul, pas très bavard
avec les autres garçons, mais beaucoup plus avec Monsieur Lent. Il lui parlait de choses et d'autres et
surtout de là-haut, de la chaleur du jour. Il se rappelait aussi de Maxime, un autre enfant qui l'avait
mené. Il était si gentil ce Maxime ! Il faisait tout pour Monsieur Lent, il ne le fatiguait jamais, il le
laissait parfois se reposer, il lui donnait à manger sans cesse. Et maintenant, personne ne voulait plus
l'accompagner.
Il en était là de ses pensées, quand tout à coup, il entendit crier.
« Eh, il arrive, il arrive, le nouveau cheval arrive !!!
-Enfin! Le nouveau descend, allons les aider, allons le voir. »
Monsieur Lent regarda à ce moment des mineurs courir vers l'ascenseur. Ils étaient tous partis voir le
nouveau arriver. Celui-ci était accroché à l'envers à l'aide d'un solide harnais. Ses pattes étaient
attachées pour qu'il ne bouge pas. Un large bandeau recouvrait ses yeux et l’aveuglait
complètement. Les hommes le libérèrent et enlevèrent son bandeau. C'est alors que le nouveau
cheval se redressa, s'énerva et sembla vouloir partir au galop, mais très vite il se cogna contre les
parois de la galerie. Monsieur Lent se tourna vers les autres et leur dit :
« Vous voyez, il ne pourra jamais bien faire son travail, il est beaucoup trop nerveux !
-Tu as tort, il est très bien et en plus il court vite, il suffit qu'il s'habitue à la mine » répondirent les
chevaux.
Monsieur Lent soupira et se tut.
A ce moment, le nouveau, guidé par un galibot, arriva dans l'écurie.
« Salut, je suis Eclair, rapide comme l'Eclair . »
Monsieur Lent répondit :
« Et bien moi, je ne te dirai pas comment je m'appelle !
-Pourquoi, pourquoi, de toutes façons, je suis plus grand, plus beau, plus fort et plus intelligent que
toi.
-N'importe quoi, au début cela te semblera facile, et puis ensuite, quand tu auras tiré autant de
berlines que moi, tu ne feras plus le malin. »
Et Monsieur Lent se tourna de l'autre côté.
C'est à ce moment qu'il comprit que des mineurs parlaient de lui. Ce qu'il entendit était terrible.
« Et dire que demain, il faudra se séparer de Monsieur Lent, pour le remonter. »
Monsieur Lent paniqua :
« Oh non, pas ça, il faut que je m'échappe. »
Mais au fond de lui, il savait qu'il n'y avait aucun espoir. Pas moyen de creuser une galerie avec ses
sabots...Rien ne marcherait en fait…
La nuit passa très vite et les mineurs qui devaient l'abandonner, le tuer peut-être, commencèrent à
arriver, c'était la fin. On amena Monsieur Lent devant l'ascenseur et là, soudain... Il s'écroula
brusquement dans un dernier hennissement.
« Que lui arrive-t-il ? » Les mineurs effrayés couraient un peu partout.
11
« Il a eu peur, il s'est souvenu de sa descente !!!!
-Il est mort !!!
Pauvre Monsieur Lent, mais au moins personne ne devra le tuer. »
Alors, sans vraiment prendre de précautions, on attacha Monsieur Lent avec des chaînes. On ne lui
couvrit pas les yeux. Et sans plus tarder, on le remonta à l'air libre. Comme c'était un dimanche, on le
déposa dans un coin en attendant que le boucher vienne le chercher. Et puis, on ne s'est plus occupé
de lui. La journée passa, les mineurs qui le connaissaient jetaient de temps en temps un coup d’œil
sur Monsieur Lent, en se rendant au travail.
Et la nuit arriva. De moins en moins de gens venaient travailler, le carreau de la mine était presque
désert. Et c'est à ce moment, qu'une oreille du vieux cheval se dressa, et qu'il ouvrit un œil, puis les
deux. Ce coquin de Monsieur Lent les avait tous trompés. Il se redressa prudemment, et soudain,
avec un grand hennissement, il se mit au galop et s'échappa de la mine.
Monsieur Lent était libre !
Classe de CM1B de l’Ecole Roger Salengro de Lumbres (62)
12
Judith
U
n matin, je fus réveillée par un bruit inhabituel... J'avais l'impression que quelque chose
tournait autour de moi. Je tendis l'oreille et reconnus l'allure du petit trot…
J'ouvris les yeux. Une silhouette inconnue s'approcha de moi ; tout était flou. C'est alors que
je reçus un coup de museau sur l’encolure …
« -B...bonjour ! Je m'appelle Gamin … et toi, comment t'appelles-tu ?
- Pourquoi me réveilles-tu ? Que fais-tu là ? »
Le poulain ne répondit pas et s'allongea face à moi. Je l'ignorai et partis plus loin. Il me suivit toute la
journée. Il me fixait quand je lui dis :
« - Judith … Je m'appelle Judith !
- Dis-moi Judith, qu'est-ce que c'est que ces traces sur ton encolure ?
- Ah ...Ces vieilles traces, ce sont des marques de ma vie passée, ma vie d'en bas …
- Ta vie d'en bas ? Raconte-moi …
Le poulain me fixa de nouveau, attendant le début de mon histoire, une histoire qu'il devait imaginer
héroïque …
« Longtemps, je me suis demandée où partaient les chevaux de ma pâture ; quand ce fut mon tour
...Un homme me conduisit jusqu'à une gigantesque tour où m'attendaient d'autres hommes. C'est là
que l'on recouvrit mes yeux d'un tissu sombre…
Ce fut ma dernière vision de l'extérieur. Mais qu'est-ce qui allait m'arriver? Je sentais les hommes
autour de moi qui s'agitaient. On passa une sangle sous mon poitrail, on m'équipa sans doute d'un
harnais. Deux par deux, on attacha mes pieds et je fus finalement totalement immobilisée par des
cordes. C'était terrible ! Je me sentis m'élever puis descendre … longuement … à la verticale. J'étais
terrorisée...Arrivée je ne sais où, un palefrenier s'approcha de moi, je me cabrais pour l'éloigner. Il
attrapa la longe et me parla avec douceur ; puis il me conduisit vers une sorte d'écurie. Là-bas, je
découvris mes anciens compagnons de prairie, mal-en-point : la robe sale, le regard triste et fatigué.
J'arrivai à me trouver une place parmi eux, dans un recoin près de la paroi.
Quelque temps après, on vint me chercher et le palefrenier m'équipa d'un harnais. Il me confia à
Charles, un galibot d'une dizaine d'années. Avec lui, je découvris un dédale de galeries sombres qui
débouchaient vers un chantier de boisage. On accrocha derrière moi du bois qu'il fallait emmener
vers une autre galerie. Ce fut le début de mon apprentissage à la mine. Il était tous les jours plus dur :
je tirai de plus en plus de wagonnets.
Un jour, le petit galibot fut remplacé par le porion qui tenta de me faire tirer plus de berlines que
d'habitude. Je n'en pouvais plus et m’arrêtai. Il me piqua les flancs à plusieurs reprises. Le mot «
Soupe ! » claironné par l'un des mineurs aurait pu interrompre mon calvaire, mais le porion en avait
décidé autrement. Alors que le boutefeu avait déjà son briquet sur ses genoux, le porion en profita
pour lui prendre son matériel. Le gouverneur lui avait confié une tâche importante : extraire plus de
gaillette.
Il me conduisit au fin fond de l'Enfer, puis déposa et alluma des explosifs dans une nouvelle galerie.
BOUM ! Les mineurs affolés nous rejoignirent et le contremaître leur annonça qu'il fallait retourner
au charbon. Tous s'exécutèrent et les wagonnets se remplirent rapidement. Mon jeune toucheur
arriva avec sa lampe, me jeta un regard inquiet : le collier entaillait mon encolure. Le boutefeu,
furieux de savoir que quelqu'un s'était servi des explosifs, débarqua dans la nouvelle galerie. Il
aperçut la mine réjouie du porion.
Sans réfléchir, il le prit par le col et le jeta par terre : le contremaître tomba sur sa lampe qui se brisa.
Pendant la bagarre, personne n'avait remarqué la flamme bleue dans la lampe … « GRISOU !!! » hurla
l'une des gueules noires.... Mais il était déjà trop tard !
Ce fut mon pire souvenir : les mineurs affolés se bousculèrent et crièrent, les boisages s'écroulèrent
sur certains, d'autres furent coincés par des éboulements de roche... Le galibot, aidé par l'un des
mineurs, bascula les berlines et les vida. Il revint vers moi, me caressa doucement pour me rassurer.
Les mineurs blessés furent installés dans les wagonnets. Ma dernière mission, ce jour-là, fut de
ramener les hommes loin de l'Enfer...
13
Peu de temps après, je compris que nous étions devenus les « célébrités » de la mine de Lewarde :
sans nous en rendre compte, avec le petit Charles, nous avions sauvé une vingtaine d'hommes.
Depuis, chaque jour, les mineurs prenaient de soin de moi. Et j'eus le droit de remonter à la surface
quelques années plus tard.... »
– « Comprends-tu maintenant pourquoi j'ai tant de traces sur ma robe ?
– Oh oui, mais sais-tu ce qu'est devenu Charles, ton petit galibot ?
– Oui ! Regarde derrière toi ! Il est là !
– Alors ma fidèle Judith, les présentations ont été faites ? »
Classe de CM1B de l’Ecole Anne Frank d’Annoeullin (59)
14
Belle amitié dans la mine
S
ous terre, hommes et chevaux travaillaient très dur. La mine était très bruyante et souvent les
journées étaient rythmées par le bruit des explosions qui faisaient trembler tout le monde.
Tous, au fond de la mine, étaient dans un piteux état, la poussière de charbon collée au visage.
La chaleur était étouffante. Les pioches et autres instruments devenant de plus en plus lourds au
cours de la journée. Au milieu de tous, un cheval tirait sept lourds wagons chargés de charbon. Pour
lui aussi, les journées étaient pénibles même si les hommes s'occupaient bien de lui.
Un jour, au fond d'une galerie, le cheval aperçut une porte mystérieuse qu'il n'avait jamais vue
auparavant. Une lumière éblouissante l'attira et il s'avança prudemment. Aussitôt, il entra dans un
monde merveilleux où l'herbe était colorée et goûteuse, où les arbres produisaient à la fois des
pommes, des poires, des ananas. Une sensation de bien-être l'envahit. Il n'était plus fatigué, il était
heureux à l'idée de penser qu'enfin il pourrait manger à sa guise. En se retournant un peu, il constata
que ses wagons n'étaient plus remplis de charbon mais de diamants et qu'ils semblaient bien plus
légers. Il avança un peu plus et découvrit devant lui une grande cascade d'eau tellement claire qu'elle
en devenait presque transparente et au bas de cette cascade un grand lac d'où jaillissaient plusieurs
arcs-en-ciel. Tout autour de lui, il apercevait des collines verdoyantes.
Au loin, il vit une maison. Il s'approcha et aperçu une personne très bizarre qui en sortait. Ce
personnage avait une baguette magique, portait un chapeau noir et blanc et une grande cape noire
qui recouvrait ses pieds. Le cheval pensa qu'il s'agissait sûrement d'un magicien. Il avait raison car
c'était le plus célèbre des mages au monde. D'ailleurs une foule immense était venue le consulter.
Le cheval se glissa dans la file d'attente mais le magicien attiré par les diamants qu'il transportait alla
vers lui en premier. L'animal lui demanda la permission de rester dans ce monde si merveilleux. Le
magicien accepta mais demanda en échange de lui donner un wagon de diamants par jour. L'accord
était conclu.
Le cheval vivait tranquillement dans cet univers de rêve. Parfois il rendait quelques petits services au
magicien qui d'ailleurs avait fait construire un abri pour son ami. Après une semaine passée avec le
magicien, le cheval n'avait plus aucun diamant. Il retourna dans la mine prendre le charbon, passa la
porte mystérieuse et la transformation s'effectua aussi vite. Il rejoint le magicien et lui donna les
diamants. La vie du cheval était maintenant paisible mais la semaine suivante il fallut de nouveau
aller dans la mine chercher du charbon. Là-bas, Pierre, le gentil maître du cheval avait remarqué que
celui-ci disparaissait souvent.
Il décida de le suivre et de se cacher dans un wagon. Malheureusement, il ne fut pas assez discret et
le magicien le découvrit très vite. Furieux, il lui lança un sort. Le cheval avait essayé de le protéger
mais trop tard le magicien avait transformé Pierre en rat tout gris.
Devant le chagrin du cheval, le magicien lui proposa soit de rester dans le monde fantastique avec le
rat et de continuer à lui ramener des diamants, soit de lever le sort et de repartir pour toujours dans
la mine avec Pierre. Alors le cheval se souvint de toutes les petites attentions de Pierre quand ils
étaient ensemble dans la mine et décida de repartir au travail.
Depuis ce jour, jamais le cheval n'a regretté son choix car il sait que désormais il a un ami sur qui il
peut vraiment compter.
Classes de CE2, CM1 et CM2 de l’Ecole publique d’Hondeghem (59)
15
Un galibot courageux
C
e matin-là, bien qu’il soit très tôt, à peine 5 heures du matin, Maurice est déjà réveillé. Il pense
à ce qui l’attend aujourd’hui. Sa mère l’appelle, doucement pour ne pas réveiller ses petits
frères. Avec un gros soupir, Maurice se lève et rejoint ses parents dans la salle.
«- Alors, dit son père en le voyant, c’est le grand jour aujourd’hui, pas vrai mon gars ?
- Oh oui ! J’ai un peu peur ! C’est la première fois que je descends au fond ! »
Il est l’heure. Maurice et son père partent pour la mine. Il fait encore noir et froid mais ils marchent
d’un bon pas, pas question d’être en retard ! Enfin arrivés, ils croisent le chef porion :
«- Ah, voilà le fils de Jules ! Tu vas t’occuper du cheval. Va voir Joseph, le maréchal-ferrant. »
Maurice est ravi : S’occuper du cheval, quelle veine ! Alors, il se hâte de rejoindre les écuries qui sont
installées non loin du grand chevalement. Intimidé, Maurice avance avec précaution. Soudain, une
grosse voix le fait sursauter :
«- Eh, toi là-bas ! C’est interdit d’entrer ici ! Dégage ou tu vas avoir à faire à moi ! »
Effrayé, Maurice aperçoit dans l’ombre la silhouette d’un homme. Il répond, tout tremblant :
«- C’est Maurice, M’sieur, le fils de Jules ! Le chef porion m’a dit de venir vous voir !
- Ben tiens ! T’as intérêt à te tenir à carreau et à m’obéir si tu veux pas avoir d’ennuis ! Ton boulot,
c’est de guider Eclair dans les galeries avec son convoi de berlines, rien d’autre. Mais s’il se blesse,
gare! J’ai pas de temps à perdre avec toi. Retourne avec ton père, on se retrouvera au fond, devant la
cage. »
Sans demander son reste, Maurice rejoint son père en courant.
«- Dis donc, il est pas commode, le maréchal-ferrant !
- Bah, t’en fais pas pour lui, il est comme ça avec tout le monde ! Allez, à la cage, il est temps de
descendre. »
Cette première descente paraît interminable à Maurice. La vitesse, l’obscurité, les grincements, tout
lui fait peur. Il pousse un grand soupir de soulagement à l’arrivée, huit cents mètres plus bas. Mais
pas le temps de se remettre de ses émotions. Joseph, le maréchal-ferrant, lui fait signe de le suivre.
Arrivés à la stalle d’Eclair, il lui dit :
«- Je vais te montrer comment on lui met son harnachement. Je te préviens, demain, t’as intérêt à
savoir le faire tout seul. » Maurice est fasciné par le cheval. Il le trouve magnifique.
«- Arrête de rêver ! Au boulot ! » lui dit Joseph. Le galibot attrape les rênes et guide Eclair jusqu’aux
berlines qui attendent d’être remplies. Grâce au cheval, présence rassurante, il a moins peur du
maréchal-ferrant et de l’obscurité. Les mois passent. Maurice a pris l’habitude de guider Eclair qui lui
obéit au doigt et à l’œil. Il sait aussi le brosser et vérifier ses sabots. Il lui donne sa ration quotidienne
et même parfois, un quignon de pain tout sec qu’il a mis de côté pour lui. Tous les deux sont très
efficaces, à tel point que le chef porion félicite le garçon et lui attribue une petite prime. Mais Joseph
est jaloux. Il a peur que son poste soit donné à Maurice et lui renvoyé. Et ça, il n’en est pas question !
Ce matin-là, Maurice doit se dépêcher. Joseph lui a ordonné de passer aux écuries prendre une
nouvelle bride. Il est un peu étonné de ne trouver personne mais elle est bien là, posée sur l’établi. Il
s’en empare et rejoint les autres pour la descente. Cette fois encore, tout se passe bien et Maurice,
en son for intérieur, remercie Sainte Barbe. Il marche à grandes enjambées.
Bientôt, on aura besoin de lui et d’Eclair pour remplir les berlines avec le charbon si durement enlevé
à la terre. Quand il arrive devant la stalle d’Eclair, Maurice stoppe net, éberlué. Il n’en croit pas ses
yeux : le cheval a disparu… Dans son esprit, il imagine déjà les reproches du chef porion, les
ricanements de Joseph « J’ vous l’avais bien dit qu’on pouvait pas lui faire confiance ! », la tristesse
de son père et son renvoi à la maison. Impossible !
«- C’est pas d’ma faute, marmonne le garçon. Je l’avais attaché comme il faut, hier.
- Réfléchis vite mais bien, se dit-il. Pas le temps de remonter au jour pour avertir le chef porion et le
père travaille dans une galerie trop éloignée. Faut que j’me débrouille seul ! »
Il regarde autour de lui. Il fait sombre mais il remarque que la paille sur le sol est toute retournée, le
harnachement est par terre et il y a même une trace de sabot sur la paroi comme si Eclair avait rué.
En plus, il a beau regarder partout, la longe a disparu.
16
«- On dirait bien qu’Eclair est pas parti tout seul et que celui qui l’a emmené a eu fort à faire… »
En inspectant le sol de plus près, il aperçoit une empreinte de fer à cheval.
«- Eclair est très lourd, peut-être que je vais pouvoir le suivre à la trace et le retrouver. Allons-y ! »
Sa lampe à la main, Maurice suit la piste laissée par le cheval : là, une empreinte, ici, un brin de
paille… Il arrive dans une galerie qu’il ne connaît pas, déserte. C’est alors qu’il entend un son, plus
loin devant lui, comme un renâclement, puis un hennissement retentissant. Le cheval est bien là,
derrière une saillie. Maurice s’empresse de le détacher et ils prennent le chemin du retour. Tout en
marchant, il se demande pour la énième fois qui a bien pu faire ça et pourquoi ? Heureusement,
Eclair n’est pas blessé : celui qui l’a kidnappé ne voulait pas lui faire de mal. Maurice comprend alors
que c’est lui qui était visé. Qui veut lui causer du tort ? Qui veut le faire renvoyer ? Soudain, une
ombre menaçante se dresse devant Maurice. Elle brandit un pic de mineur tout en criant :
«- J’vais t’régler ton compte, sale gamin! Crois pas que j’vais t’laisser m’ piquer ma place sans rien
faire ! J’aurais préféré qu’tu sois renvoyé mais puisque t’es là, tant pis pour toi ! » Maurice reconnaît
la voix du maréchal-ferrant. Mais il ne comprend rien à ce qu’il raconte. Il ne sait pas quoi répondre,
il a juste envie de disparaître sous terre pour échapper à ce fou furieux qui le menace. Il ferme les
yeux, incapable de se défendre ou même de se sauver.
C’est alors qu’Eclair donne un coup de tête dans la poitrine de Joseph. Celui-ci tombe en arrière en
poussant un cri et lâche son arme. Au même moment, une équipe de mineurs, menée par le père du
garçon, fait irruption sur les lieux du drame. En un clin d’œil, Jules comprend la situation. Il voit son
fils tout effrayé et Joseph allongé sur le dos qui recule sur ses coudes pour échapper à la fois au
cheval et aux mineurs. Il est vite relevé par deux gaillards costauds qui l’empoignent sans
ménagement.
«- Comme ça, t’as voulu t’en prendre à mon fils, qui t’avait rien fait. On est tous témoins ici. Tu vas
raconter tout ça au chef porion et t’auras d’la chance si t’es pas viré ! »
Joseph baisse la tête. Il sera renvoyé pour faute grave et fera même un séjour en prison.
Maurice, le courageux galibot, deviendra quant à lui le nouveau maréchal-ferrant de la mine et
s’occupera de nombreuses années encore d’Eclair et de bien d’autres chevaux.
Classe de CE2 de l’Ecole élémentaire Jules Ferry de Dourges (62)
17
La mine se vide
C
'était dans une mine de Loos-en-Gohelle en 1925, une mine de charbon où se trouvaient Pierre
et Loïc, mineurs de leur état et Richard, le meneu de quevaux, chargé de s'occuper de Gros
Muscle le cheval de la mine.
Mais un jour, une disparition mystérieuse : Gros muscle est introuvable !
Richard s'en était rendu compte au matin et avait alors alerté tous les mineurs présents.
Loïc, lui alla trouver M.Larsin, leur chef porion.
– « M.Larsin ! M.Larsin ! Attendez ! »
– Quoi ? Qu'y -a-t-il Loïc ? »
– « Gros Muscle, le meilleur de nos chevaux a disparu ! » dit le mineur tout essoufflé et craignant
également la réaction de M.Larsin avec lequel il n'avait pas de très bonnes relations.
– « Bien, réuni tous tes hommes et allez voir dans les corons ! Et vite ! » ordonna le chef porion.
Loïc retrouva alors ses deux camarades, Pierre et surtout Richard, encore sous le choc de la
disparition de Gros Muscle qui était pour lui bien plus qu'un cheval, bien plus qu'un outil. Richard
considérait Gros Muscle comme un camarade, un compagnon de « galère » au même titre que Loïc
et Pierre.
Tous les trois entreprirent de commencer les recherches en allant interroger quelques musiciens de
l'harmonie qui étaient en répétition la veille au soir.
Un des musiciens leur dit :
- « Hier soir, pendant la répétition j'ai cru entendre des bruits de sabots dans la rue et je suis donc
allé voir à la fenêtre... »
– « oui, et alors ?! » l'interrompit Richard
– « eh ben, d'abord j'ai cru que je me trompais, mais maintenant je suis sûr d'avoir vu un homme
tirer un cheval, un gros cheval, d'ailleurs, bien musclé... »
– « c'est Gros Muscle c'est sûr !! » s'écria Richard
– « avez-vous vu à quoi ressemblait cet homme ? » demanda Loïc
– écoutez, c'est difficile, il portait un chapeau noir et un manteau noir, mais je suis certain qu'il avait
une barbe, une moustache et des lunettes. »
En entendant ces mots, les trois amis furent stupéfaits, remercièrent le musicien et se dirigèrent
directement vers la propriété de M.Larsin. En effet, cette description collait parfaitement à leur chef
porion.
Arrivé sur place, Richard repéra de suite les traces du passage d'un cheval dans l'herbe et en les
suivant ils tombèrent sur M.Larsin dans son atelier en train de nourrir....
– « Gros Muscle ! » s'écria Richard
M.Larsin surpris et surtout pris sur le fait reconnu aussitôt son méfait. Pendant que celui-ci se perdait
dans ses explications, Loïc était déjà parti chercher les représentants de la loi.
Aux policiers, M.Larsin expliqua qu'il avait enlevé Gros Muscle dans l'idée dans faire porter la
responsabilité aux trois amis mineurs avec lesquels il était en conflit depuis longtemps et qu'il
espérait les faire renvoyer de la mine.
Quelques jours plus tard, après qu'un nouveau porion ait été nommé, le travail à la mine reprit son
cours normal et Richard continua à accrocher ses berlines derrière Gros Muscle en essayant de
temps en temps d'en mettre une de plus mais jamais le cheval ne se fit avoir !
FIN
Classes de CM1 et CM2 de l’Ecole primaire de Capelle-les-Hesdin (62)
18
La grande histoire d’Epona
I
l était une fois, une jument qui s'appelait Epona. Elle vivait dans une famille de fermiers très
pauvre dont le fils s'appelait Max. Celui-ci était très attaché à sa jument. Mais un jour, alors que
Max était absent, des mineurs vinrent à la rencontre de la famille et leur proposèrent une
importante somme d’argent contre la belle jument. En effet, les gueules noires en avaient besoin
pour tirer les berlines à travers les veines de la mine. Les parents de Max, qui étaient dans le besoin
et ne pouvaient pas se nourrir correctement, acceptèrent le marché et Epona fut emmenée
immédiatement au fond de la mine.
A son retour à la maison, Max s’exclama :
« - Mais où est Epona ?
- Elle est partie dans les mines ! Nous l’avons vendue car nous n’avons plus d’argent. »
Le garçon, plein de tristesse, était en colère contre ses parents ! Quelques jours plus tard, Max décida
de se faire embaucher à la mine.
Au fond de la fosse, Epona travaillait sans relâche ! Elle avait peu de temps pour manger et dormir.
Elle était toujours sur les rails avec ses berlines. Ce n'était pas la belle vie ! Elle voulait retourner au
soleil, jouer avec Max, manger de l'herbe qui avait poussé dans la nature. Un jour, un bel étalon
arriva car il n’y avait plus assez de chevaux : ils avaient presque tous attrapé la silicose. Les mineurs
l’avaient volé dans un champ car il était costaud. Epona s'approcha de lui et demanda :
«- Salut, je m'appelle Epona, et toi ?
- Bonjour, je m'appelle Spirit. Tu es ici depuis combien de temps ?
- Je suis là depuis quelques jours, répondit Epona, avant qu'un mineur ne les interrompe.
- Eh oh ! Les ch'vaux ! C'est pas l'moment d'discuter mais d'travailler ! Allez, au boulot ! »
Et les deux boulonnais se remirent au travail. Après quatorze heures de dur labeur, il était temps de
dormir, mais Epona n'avait pas sommeil. Spirit était juste à côté de son box, il lui demanda ce qui
n’allait pas, Epona lui répondit, très en colère :
"- J'ai envie de partir d'ici ! De partir au soleil, de faire ce que je veux, je ne veux plus obéir aux ordres
des mineurs ! Mon maître me manque tellement ! "
Elle expliqua à Spirit que les parents de Max l’avaient vendue aux mineurs car ils n’avaient plus
d’argent.
Les journées passèrent, au rythme d’un travail de plus en plus fatiguant pour les deux équidés. Mais
un jour, Max fut embauché à la mine : il avait réussi son coup et allait pouvoir libérer sa jument
adorée. Cette dernière était très heureuse de revoir son maître. Un soir, à la fin de sa longue journée
de travail, Max décida de passer à l’action. Il s’avança jusqu’au box d’Epona et la libéra. Ils avaient
commencé le chemin vers la sortie lorsque la jument s’aperçut que Spirit n’était pas à ses côtés. Elle
se mit alors à hennir pour exprimer sa tristesse et Max comprit : il fallait faire demi-tour et récupérer
Spirit ! Max grimpa sur le dos d’Epona pour aller plus vite. Arrivés à destination, ils libérèrent Spirit.
Les deux amis ruèrent, si heureux de se retrouver. Tout ce remue-ménage intrigua le chef des
mineurs, Bernard. Max l’entendit approcher, il saisit une pelle et se cacha dans l’obscurité. Bernard
arriva et s’aperçut que les deux chevaux étaient sortis de leurs boxes. Il se mit à courir pour les
récupérer mais PAM ! A son passage, Max l’assomma avec sa pelle. Ils se dirigèrent tous les trois vers
la sortie en vitesse et remontèrent par l’ascenseur puis prirent la direction de la ferme familiale. Le
lendemain matin, Spirit et Epona étaient éblouis par la lumière du soleil : ils avaient déjà passé trop
de temps dans la mine et auraient pu devenir aveugles ! Max raconta à ses parents qu’Epona s’était
échappée seule de la mine avec son ami Spirit et qu’il les avait retrouvés par hasard dans les champs
avoisinants. Bien sûr, ni son père ni sa mère ne le crurent ! Mais ils acceptèrent quand même de
garder Spirit. De toute façon, ils arrivaient à vivre avec l’argent de la vente d’Epona et le prix des
céréales avait considérablement augmenté ! Ils installèrent les chevaux dans un joli pré et quelque
temps plus tard, Epona et Spirit devinrent les heureux parents d’une pouliche que l’on prénomma
Marine. Toute la famille vécut heureuse et en harmonie.
Classes de CM1 et CM2 de l’Ecole Primaire Publique de Gouy-Saint-André (62)
19
L'exploit du cheval
J
ean-Pierre est un mineur qui travaille dans les galeries de la fosse «Doubydourges», il récupère le
charbon, le met dans les berlines pour gagner de l'argent. Il a deux enfants: Enzo et Marcus. Sa
femme Joséphine s'occupe des enfants et de la maison.
Chaque jour, Jean-Pierre prend son vélo et va à la mine de Lewarde avec Enzo, le plus vieux de ses
fils. Une fois arrivés, ils déposent leurs vélos au garage à vélos puis vont se changer dans la salle des
pendus où ils pendent leurs habits sur le crochet, puis mettent leurs bleus de travail et font monter
la corde. Ils se dirigent alors vers la lampisterie où Clémence leur donne leurs lampes en échange de
leurs jetons. Ils prennent leurs outils, leurs casques et leurs briquets et descendent dans les galeries
grâce à l'ascenseur. Chaque fois qu'ils descendent ils craignent un coup de grisou...
Une fois descendus de l'ascenseur, le père et le fils caressent le cheval, lui chuchotent des mots à
l'oreille puis se séparent. Le père part casser le charbon et Enzo remplit les berlines et guide le cheval
Éclair. Un jour, Éclair n'est pas dans son assiette et sort des rails. Il emmène ainsi Enzo dans un
endroit sombre et froid. Soudain Éclair s'emballe: il sent le coup de grisou arrivé! Enzo le sait: Éclair a
déjà survécu à d'autres coups de grisou, il reconnaît l'odeur et se met à remuer dans tous les sens!
Soudain, le coup de grisou tant redouté! Tout s'effondre! Enzo et Éclair sont piégés! Comment s'en
sortir? Jean-Pierre travaillant de l'autre côté de la mine et connaissant tous les recoins avance pour
sauver son fils: il ne veut pas l'abandonner. Malheureusement il se retrouve coincé avec le cheval et
l'enfant. Par chance tous les autres mineurs sont remontés à la surface. Clémence voyant les deux
jetons restants, appelle les secours. Dans le même temps, Jean-Pierre et Enzo, aidés par Éclair qui
donne de gros coups de pattes, creusent une nouvelle galerie pour sortir. En creusant ils trouvent un
endroit plein de charbon! Les mineurs décident d'accrocher le plus de charbon possible sur le dos du
cheval en s'aidant d'objets traînant dans les galeries. En se dirigeant vers le haut ils retombent sur
l'ascenseur mais il ne s'ouvre pas. Jean-Pierre, Enzo et Éclair continuent donc à creuser et au bord de
l'épuisement: miracle! Ils retrouvent la terre ferme. Tout le monde se rejoint ! Une série d'accolades
s'en suit. Les rescapés donnent le charbon au directeur de la fosse et deviennent riches. Ils sont
nommés adjoints. Peu de minutes après un nouveau coup de grisou qui fait remonter plein de
charbon à la surface! Tous les mineurs deviennent riches et n'ont plus besoin de descendre au fond.
Éclair est nommé chevalier de la mine en récompense du sauvetage. On lui offre de la nourriture,
une étable et des personnes sont nommées pour s'occuper de lui tout au long de la journée. Il
obtient ainsi une retraite bien méritée!
Classe de CM1 de l’Ecole élémentaire Jules Ferry de Dourges (62)
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Ma vie dans la Mine....
L
ewarde, 6h30, du bruit provint de la mine ; Claude mon ami vient de me « sortir de mon écurie
pour partir au travail ».
Excusez-moi : Je ne me suis pas présenté je m'appelle Noirot. J'ai 8 ans, je suis un cheval de trait
noir et je travaille au fin fond de la mine. Tout a commencé il y a 1 an « j'étais dans une prairie
entrain de brouter quand tout à coup … cinq hommes sont venus me chercher, ils m'ont emmené
vers un endroit sombre ; ils ont commencé à me bander les yeux, ensuite ils m'ont attaché
verticalement avec des filets, au début j'avais peur mais après je me suis calmé. Ils m'ont donné un
nom « Noirot » car je suis aussi noir que du charbon. Ils m'ont choisi parce que je possède des
capacités exceptionnelles, je suis costaud comme quatre bœufs. Ils m'ont tout de suite mis au boulot.
C'était sombre et poussiéreux.
Ils m'ont accroché des wagonnets remplis de charbons. Je fais des kilomètres et des kilomètres par
jour. Au début, je ne savais jamais où j'allais, ensuite je me suis habitué, et à force je me laisse plus
avoir par les mineurs je sais exactement combien de wagonnets sont accrochés derrière, je les
compte grâce au bruit des chaînes, je m'arrête tout de suite dès qu'il y en a une en trop.
Mes amis les « gueules Noires » m'apprécient énormément, comme eux, je suis courageux et
déterminé lorsque je suis au travail. Les conditions de vie sont très difficile, il y a beaucoup de bruit,
la poussière du charbon rentre dans mes narines, la chaleur est parfois suffocante, mes sabots sont
souvent en piteux états.
Heureusement, je peux compter sur Claude le palefrenier c'est lui qui s'occupe de me soigner, de
changer mes fers, de me nourrir. A propos de nourriture, mes amis les mineurs font la pausedéjeuner « le briquet », super c'est l'un des meilleurs moments de la journée, moi je vais avoir aussi
un peu de foin de l'eau et je vais pouvoir également souffler. Mais je rêve aussi comme beaucoup de
mes amis « Gueules Noires » d'avoir « es' pinsion » c'est à dire les vacances définitif pour le restant
de ces jours. A moi les verts pâturages et les verres à l'abreuvoir !!! HI HI HI.
Bon, arrêtons de plaisanter, retournons à l'ouvrage. Le « porion » c'est à dire notre chef va encore
s'énerver. Ce que j'aime chez mes amis les mineurs c'est en permanence cet esprit de solidarité, de
camaraderie. Croyez-moi, il en faut énormément. Ils travaillent souvent accroupis dans les boyaux,
avec peu de lumière, éclairés uniquement de leur lampe.
Le meilleur moment de la journée c'est quand je croise ma fiancée c'est une jeune jument qui ne
travaille que depuis 3 mois sous terre. Elle se nomme « Choupette », elle a une longue crinière
blonde et sa robe est de couleur café avec des taches blanches. Son rôle est de ramener le bois
nécessaire à la consolidation des galeries.
La plupart des « gueules noires » l’apprécie énormément. Elle était « chouchoutée » par tous et avait
le droit à une ration supplémentaire d'avoine.
Un jour peut-être nous nous marierons, nous vivrons heureux et nos poulains feront le même travail
que nous.
Hue, Hue, Hue, Hue....
Classe de CM2 du groupe scolaire F. Vallet et J. Vincent de Labeuvrière (62)
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L'apparition de la Mine
Lewarde, 13 août 1933.
7 Heures.
es semelles claquent sur le métal. Nous passons à côté de Lui. Il me regarde fixement, sans
broncher. Je n'y fais plus attention. Je tourne la tête et remarque Lucien me lancer un regard
rapide. Il est étrangement livide. Une journée comme toutes les autres s'annonce : nous
allons entrer dans le centre minier, préparer notre matériel puis descendre en profondeur. Nous
creuserons sûrement de nouvelles galeries, ou peut-être en élargirons-nous certaines déjà
existantes. Puis, vers 18 heures, nous remonterons en surface, nous nettoierons les outils, nous
emprunterons à nouveau cette voie de métal puis rentrerons dans nos maisons respectives où je
retrouverai Yvette, ma femme. Mais le temps n'est pas à la rêvasserie : nous entrons déjà dans le
bâtiment. Je glisse un regard discret vers Lucien ; il n'a toujours pas retrouvé son teint normal. Je
m'approche de lui tandis que nous marchons vers l'entrepôt à outils. - Lucien ?, l’interpellai-je. Hum, oui ?, me répondit-il l'air absent. - Tu vas bien ? Tu sembles avoir vu un fantôme, le taquinai-je
comme il me le faisait si souvent lorsque je parlais de Lui. J’attends patiemment sa réponse lorsque
ce silence est coupé par un cri effroyable. Tout le monde dans le couloir tourne la tête dans la
direction d'où provient le cri. Mais il provient de sous nos pieds. Le temps semble comme figé,
personne ne bouge, tout le monde semble s'attendre à une seconde plainte déchirante. Mais rien ne
vient. Alors nous reprenons notre chemin en direction de l'entrepôt.
9 Heures.
Moi-même je... Je ne me sens pas normal. Je sens tout à coup une présence dans mon dos, puis un
souffle glacial qui hérisse mes poils de nuque. Je me retourne avec un sursaut et je Le vois. Il me toise
avec un air narquois. Il ne m'a auparavant jamais fais ça : Il n'apparaît que rarement dans la mine, et
jamais dans mon dos. Je continue mon travail en me retournant de façon à l'avoir dans mon champ
de vision. Il disparaît quelques minutes plus tard et je m'abandonne donc à mes pensées. Enfin, plus
précisément, à une pensée : une petite heure plus tôt, pendant que nous descendions dans les
profondeurs de la mine par ce vieil ascenseur, Lucien m'avait chuchoté quelques paroles : « Je L'ai vu,
Jim. Il était là, à côté du chemin de métal. Il nous fixait. » Je n'avais pas eu le temps de lui en parler,
car cette révélation m'avait abasourdi jusqu'à l'arrivée de l'ascenseur dans les galeries. Comment estce possible ? Depuis toutes ces années que je lui en parle, il Le voit seulement maintenant ? Je
commence à me demander si tout cela n'est pas qu'une mise en scène pour se moquer de moi : ils en
seraient capables. Je me remets rapidement au travail, me rendant compte que j'avais arrêté en
pensant à tout cela.
13 Heures.
C'est l'heure de la pause-déjeuner. Nous arrêtons tout et laissons nos outils en plan. Normalement,
nous devons ranger, déjeuner puis tout reprendre, mais à quoi bon ? Nous sommes un kilomètre
sous le sol, qui pourrait nous voir ? Nous sortons nos repas respectifs puis déjeunons en silence.
L'atmosphère n'a pas changé, personne ne parle. Nous avons environ une heure pour manger, nous
mangeons donc habituellement tranquillement en bavardant, mais aujourd'hui, tout le monde
semble en état de stress continu et mange rapidement. C'est comme 2 s'ils voulaient terminer cette
horrible journée le plus vite possible. Je les comprends : moi aussi je ressens maintenant ce
sentiment de malaise. Nous repartons à nos postes respectifs, mais j’interpelle Lucien avant que
nous reprenions le travail. - Tu l'as vraiment vu ?, lui demandai-je en lui attrapant le bras. - Oui... me
répondit-il après un temps d'hésitation, il est exactement comme tu l'as décrit, à un détail près : son
haut-de-corps n'est pas noir, mais marron. - Marron ? Tu es sûr ? - Certain, dit-il les yeux dans le
vague » Alors il ne ment pas. Lorsque je lui en avais parlé, j'avais volontairement changé la couleur
D
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de son haut-de-corps, pour être toujours sûr de toujours savoir s'il mentait. Mais je me rends
maintenant compte que cette précaution était inutile : je vois bien à son expression qu'il ne ment
pas. Je le vois tout à coup sursauter et fixer un point sur ma droite. Je suis son regard et tombe sans
étonnement sur Lui. Mais il est différent cette fois. D'habitude, Il aborde toujours un visage neutre.
Là, un sourire cruel balafre son visage, et sa tête est penchée sur le côté. Mes yeux s'écarquillent de
frayeur face à une si horrible expression. Puis Il recule à petits pas, chose qu'il ne fait jamais : Il ne
bouge jamais. Il arrive contre le mur de roche et souffle sur notre seule source de lumière. Nous nous
retrouvons alors dans le noir et j'entends mes compagnons hurler de terreur. Lucien et moi sommes
les seuls à ne pas hurler, pétrifiés devant le spectacle qui vient de s'offrir à nos yeux. Mais
intérieurement, nous hurlons bien plus fort qu'eux. De la poussière commence à tomber du plafond ;
je la sens plus que je ne la vois. Nous entendons un bruit sourd qui semble se rapprocher de plus en
plus. Je sors enfin de ma torpeur et commence à courir dans la direction opposée en tirant Lucien par
la même occasion. Mais je sens qu'il est trop tard. J'ai compris ce qu'il se passait. Une épaisse
poussière commence déjà à envahir mes poumons, et j'ai du mal à respirer. Je prends un dernière
bouffée d'oxygène avant de retenir mon souffle et de courir de plus belle. Tout semble se dérouler
au ralenti. J'entends Lucien suffoquer et tomber derrière moi. Je fais marche arrière et l'attrape par
la manche, mais il ne se relève pas. Un horrible sentiment de désespoir s'empare de moi lorsque je
comprends qu'il est mort. Je reprends ma course effrénée, je lutte pour la vie. La vie, c'est une si
belle chose. Je pense à Yvette et à nos futurs enfants. Elle porte en ce moment un enfant dans son
ventre. J'espère que l'enfant - notre enfant - sera une fille : elle n'aura pas à vivre la dure vie d'un
mineur. Mais je ne le saurai malheureusement jamais. J'entends désormais les pierres tomber
derrière moi, elles me rattrapent. La mine s'effondre. Tout ça à cause de Lui. Je me résigne enfin, je
sais que je n'ai plus aucune chance. Je tombe à genoux et tente de prendre une ultime goulée d'air.
Mais seul un mélange de poussière et de cendres entre dans mes poumons. La Mort. Je la vois
clairement maintenant. Je m'effondre par terre. C'est la fin. Mais la dernière chose que je vis ne fut
pas le néant. La dernière chose que je vis fut Lui.
Maxime BODART
Elève de 4e au Collège Saint-Pierre de Calais (62)
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Funeste anniversaire
L'
histoire que je vais vous conter s'est déroulée le soir d'Halloween de l'année 1956. A cette
époque, je travaillais en tant que minier à Lewarde dans le Nord-Pas-de-Calais. Ce soir-là,
personne ne rentra auprès de sa famille. Nous voulions fêter le départ à la retraite du
contremaître au jour, on l'appelait aussi le chef de carreau, mais son vrai prénom était Bill. Nous
attendions que Bill sorte de la mine pour lui crier « JOYEUX ANNIVERSAIRE » mais il ne vint pas.
Quelques heures plus tôt, il était parti dans la mine car un autre minier appelé Roger, l'avait appelé
suite au dysfonctionnement d'une machine. Nous attendîmes environ une trentaine de minutes ;
quelques personnes étaient sur le départ, pensant que Bill était déjà parti, sans nous adresser un «
au revoir ». D'autres avaient déjà commencé à boire et à manger. Quant à moi je me décidai
finalement à partir avec Roger dans la mine. Je pris mon casque, descendis avec lui dans le montecharge et nous nous engouffrâmes dans la mine. L'équipe de nuit aurait dû arriver depuis environ
trois quarts d'heure, mais, cette soirée étant celle d'Halloween, la mine fermait ses portes jusqu'au
lendemain. Roger avait regardé sa montre deux fois depuis que nous étions dans le monte-charge, et
me dit : «-Nous avons trente-cinq minutes avant que la mine ne ferme, si nous devons réellement
inspecter toute la mine, il nous faudra environ quatre heures ! -Alors nous courrons, lui répondis-je. Où est-il parti après que tu lui aies signalé les problèmes de la machine ? Poursuivis-je. -Il m'a dit qu'il
reviendrait plus tard pour régler ça. » Enfin arrivé dans la mine, nous nous dispersâmes pour couvrir
plus de terrain. Je jetais des regards rapides sur le sol pour chercher d'éventuelles traces mais il n'y
avait rien à part les traces de chaussures des miniers. Nous nous retrouvâmes plusieurs fois mais
nous ne trouvions rien. Nous commençâmes à marcher à cause de la fatigue quand soudain un bruit
sourd se fit entendre et un cri retentit dans tous les souterrains, ce cri nous le reconnaissions, c'était
la voix de Bill. Roger constata cependant quelque chose en regardant sa montre, il restait cinq
minutes avant 2/3 que la mine ne ferme, il tenta de me le dire mais j'étais déjà parti en avant, il se
mit alors à courir pour me rattraper. Exténué par les recherches, il était difficile pour moi de courir.
Roger me rattrapa aisément et me dit : «-Tu es sur de vouloir continuer ? Il reste seulement cinq
minutes avant la fermeture ! -alors nous dormirons ici... -mais le bruit vient de la zone dangereuse de
la mine, où se trouve les galeries récentes et où il y a le plus de danger d'écroulement, je crois que
l'on devrait attendre demain et venir avec de l'aide -pourquoi ne pas demander aux autres en haut ?
Lui demandais-je -ils sont sûrement ivres-morts ou partis... -mais si Bill est gravement blessé, et
qu'on revient demain il n'y aura personne à sauver, je veux juste être sûr. » Roger ne dit rien de plus,
il me laissa partir. Je courus vers la zone dangereuse de la mine, puis trouva avec horreur un amas de
pierres qui ne se trouvait pas à cet emplacement quelques heures plus tôt, je criais espérant que la
personne derrière ce mur de roche puisse m'entendre : «-Y A QUELQU'UN ? » Un léger bruit
incompréhensible se fit entendre derrière la paroi. Je criais de nouveau, cette fois-ci j'entendis un
léger gémissement, même si je supposais en vérité que l'homme derrière la roche venait de crier, je
lui demandais son nom, toujours en criant. Il me répondit que son nom était Bill, qu'il était le
contremaître de jour et qu'il était gravement blessé. Il m'indiqua aussi que sa jambe était
certainement cassée et que quelques côtes le faisaient souffrir. Soudain Roger me rejoignit, il
m'expliqua que les miniers d'en haut étaient partis et que la mine était fermée, je lui dis que Bill se
trouvait derrière ce mur, mal en point. Roger se dit d'abord à aller prendre des explosifs pour le mur
mais il pensa que si Bill était juste derrière le mur il pourrait être blessé plus qu'il ne l'était déjà. Nous
pensâmes à une solution : je parlais à Bill pour éviter qu'il ne perde conscience car il venait de me
dire qu'il se sentait somnolent pendant que Roger allait au bureau du directeur appeler des secours.
Celui-ci venait de partir tandis que je demandais à Bill ce qu'il allait faire pendant sa retraite.
Grégoire WACOGNE
Elève de 4e au Collège Saint-Pierre de Calais (62)
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Lauréat catégorie Collège
Le dernier vol du canari
P
ierre était un mineur comme tous ceux que je regardais travailler, dans ma cage suspendue au
claveau de la carrière. Il était très jeune quand il est arrivé, il avait à peine dix-neuf ans. C’était
un piqueur, le plus jeune des galibots. Il travaillait juste sous ma cage. Il n’était pas comme les
autres, il était doux comme un agneau, il réalisait un travail d’orfèvre tandis que les autres frappaient
le minerai comme des sourds. Et contrairement à tous ceux qui l’entouraient, il ne m’ignorait pas. Il
me lançait parfois quelques compliments quand mes trilles parvenaient à ses oreilles. Et comme il
tenait à ce que je ne manque de rien, il avait installé un système de distribution d’eau et de
nourriture dans mon gîte. Et même parfois, il m’apportait un ver ou deux. Nous entretenions une
relation amicale faite de regards et de douces paroles échangées, chacun dans notre langage. Notre
complicité me frappait, je tenais à lui et je pense qu’il tenait à moi. Une sorte d’évidence entre nous
avait vu le jour dès le premier instant que nous avons partagé. Il m’avait même surnommé « Titi ».
Puis, plus tard, il devint herscher. Comme il poussait des chariots, nous ne nous voyions pour ainsi
dire plus jamais. Sans mon protecteur, seul dans mon taudis, je n’avais plus plaisir à chanter, ni à
observer les travailleurs. Je dépérissais à vue d’œil. Lors de ses rares passages dans le secteur, il
s’inquiétait de mon état. A chacune de ses visites, je lui paraissais plus famélique, plus miséreux et je
voyais bien que mes efforts pour paraître gai étaient vains. Pour finir, il décida de m’emporter
partout avec lui. Il ouvrit ma cage et je me perchai tantôt sur son épaule, tantôt sur sa barrette. Ma
joie de vivre revint immédiatement. Je retrouvais enfin le goût à la vie, le plaisir de partager ces
instants avec mon mineur. Puis, chaque jour, lorsqu’il arrivait au gisement, j’allais le rejoindre et
l’observer travailler.
Un jour, alors que nous nous enfoncions plus profondément que d’habitude, je commençais à sentir
des vertiges : ma tête tournait et j’avais l’impression qu’une cage opprimait ma poitrine. Je me mis à
voleter devant les yeux de Pierre car je sentais notre dernière heure s’inscrire en lettres de feu
devant nos yeux. Mes plumes se hérissaient malgré moi, je me mis à pousser des petits cris stridents.
Je pinçais les mains et les bras de mon ami. Mais il ne comprenait pas ! Lui qui me déchiffrait si bien
auparavant, pourquoi ne parvenait-il pas, dans un moment aussi crucial, à lire ce que je cherchais à
lui exprimer ? Je titubais sur son chariot. Je n’allais pas tarder à m’évanouir. Je ne savais que faire
pour lui sauver la vie, pour l’avertir que je percevais dans mes narines l’infâme odeur du grisou qui
allait nous coûter la vie dans quelques instants s’il ne réagissait pas. Dans un dernier élan d’énergie,
je parvins à pousser un dernier cri de désespoir avant de défaillir. Pierre comprit alors l’ampleur du
danger et l’importance de mon message. Il me prit au creux de sa main, souffla doucement sur mon
bec afin de témoigner une ultime foi de sa sympathie pour moi puis, me serrant continuellement
contre son cœur, il prévint ses camarades et se précipita vers l’ascenseur. Sa galopade résonnait sur
le den et se propageait dans toute la galerie de la coupe.
Une fois en haut, Pierre se rendit à la salle des machines et m’installa devant un ventilateur afin que
de l’air frais pénètre dans mes poumons. Je repris peu à peu mes esprits et revins à moi sous les yeux
attendris de mon ami. C’est alors qu’une violente explosion retentit. Nous étions sains et saufs,
contrairement à d’autres mineurs qui n’avaient pas eu le temps de remonter. Sans un mot, nous
nous dirigeâmes vers la salle des pendus et la lampisterie afin de déposer le matériel. Puis nous
partîmes vers l’extérieur. Un silence lugubre planait autour de nous. Je sentais les mains de Pierre
trembler. Il avait peur. Pour la première fois de ma vie je le sentis vulnérable et en proie au doute.
Ses yeux s’emplirent même de larmes. Alors je frottai mon bec contre son nez en signe de
compassion et de soutien. Nous attendîmes ses compagnons dans la cour. Il s’inquiéta de ses
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proches, du voisin, de son beau-frère, de son ami Paul. Tous travaillaient dans les alentours de la
zone de l’explosion. Heureusement, tous remontèrent à la surface, tous, (sauf son cousin Jacques)
avaient réussi à s’en tirer.
Nous rentrâmes chez lui, la mort dans l’âme et l’esprit confus. Il narra notre aventure à sa femme et
à son petit garçon. Ils ne savaient pas comment me remercier, alors, ils décidèrent de m’adopter.
Pierre ne voulait pas que je retourne à la mine : il craignait trop de me perdre pour de bon. Il décida
que je l’attendrais à la maison. Mais cela m’inquiétait qu’il s’en aille au gisement sans moi. J’avais
peur qu’il ne s’aventure trop loin et qu’une autre explosion puisse lui coûter la vie. Je ne savais pas
s’il se lierait d’amitié avec un autre canari qui le protègerait lui aussi. Je n’étais pas jaloux de cette
éventuelle amitié, juste inquiet pour sa sécurité. La famille choisit de ne pas m’enfermer dans une
cage mais de me laisser voler à ma guise dans la maisonnée. Nous étions heureux dans notre petite
routine. Chaque jour, je le réveillais avec quelques trilles joyeux. Je restais à côté de lui jusqu’à ce
qu’il parte pour la mine. Alors j’allais m’amuser avec le petit Louis dans sa chambre. Nous étions
l’exemple même d’une famille prospère. Leur gentillesse me comblait et j’enchantais le foyer avec
l’éclat or de mes plumes.
Mais bientôt Pierre commença à tousser, rien de grave au début mais petit à petit, sa toux empira, et
devint même un obstacle à sa respiration. Parfois, il suffoquait d’autres fois, nous en arrivions à
oublier ses quintes qui disparaissaient soudain. Il perdait du poids à vue d’œil. Il s’amaigrissait, il
n’avait plus que la peau sur les os. Le médecin était formel : il avait attrapé la silicose. Pierre ne
retourna pas à la mine. Chaque jour, il s’asphyxiait un peu plus, chaque jour, il maigrissait davantage.
Je l’accompagnais du mieux que je pouvais dans ses souffrances, essayant de lui faire oublier un peu
les douleurs qui le tenaillaient. Pour ma plus grande tristesse, le 4 janvier 1992, mon ami rendit son
dernier souffle. La maison me semblait vide sans lui. Personne n’affichait l’ombre d’un sourire. Sans
lui, je ne voyais de nouveau plus rien de positif dans ce monde. Plus rien ne m’intéressait, j’avais
perdu tout entrain. Séparé de mon protecteur, la vie ne valait pas la peine d’être vécue. Mais je
choisis de porter toute mon énergie au soutien à Louis et à Marie. Ils étaient ma famille, le dernier
lien qui me rattachait à Pierre.
Aujourd’hui, un mois après son enterrement, je suis parti par la fenêtre ouverte de la cuisine.
J’espère de tout cœur qu’à la maison ils ne s’inquièteront pas de ma courte absence. J’ai besoin de
me recueillir et de rendre un dernier hommage à celui que j’ai tant aimé. A l’instant j’étais perché sur
la stèle de sa tombe et je pleurais notre amitié défunte. J’ai passé un moment là à penser à lui, à me
souvenir et à laisser libre cours à mes larmes. A présent, perché sur la balustrade près du gisement,
j’ai face à moi l’endroit qui nous a permis de nous rencontrer. Je vois avec émotion une dernière fois
le lieu où je suis né, et la cour où nous nous sommes réfugiés. L’endroit est désert, je me sens vide.
Pierre, tu me manques.
Je me retourne en gardant cette image à tout jamais gravée dans mon cœur. Je rentre à la maison
pour finir ma vie auprès des tiens, auprès des miens. Je te promets, mon ami, de garder en mémoire
chacun des instants, tristes et beaux, qui ont marqué nos vies.
Elise CATTEAU
Elève de 4e au Collège Saint-Jacques d’Hazebrouck (59)
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Aux pieds des chenilles
T
andis que je me promenais dans le bois de Douai, chargée de cueillir quelques champignons, je
vis un buisson de ronces très piquantes s’agiter devant mes yeux. Un être pas plus grand que la
paume de ma main en sortit précipitamment. Sa queue touffue se balançait aux rythmes de
ses pas hâtifs. Cet animal semblait blessé, des gouttelettes de sang jalonnaient son chemin.
J’accourus derrière lui, ce qui ne fut pas ma meilleure idée car l’animal accéléra la cadence mais, bien
décidée à le rattraper, je fis de même. Après quelques mètres, la petite bête rousse, qui n’était autre
qu’un écureuil, décéléra. Elle s’infiltra à travers de solides fils de fer rubigineux. Je relevai la tête, une
grille immense se dressait devant moi. Prête à escalader celle-ci, je posai le pied sur le grillage et
agrippai son sommet. A la force de mes bras, je sautai par-dessus la clôture et la franchis sans
difficulté. Plusieurs bâtiments dominaient l’endroit. L’un était en briques, l’autre était bâti de parois
transparentes ; deux chevalements, semblables à deux tours, surplombaient l’endroit. J’aperçus au
loin deux énormes terrils, il ne faisait aucun doute que je me trouvais sur un centre minier. Le chemin
de fer débouchant sur l’entrée d’une galerie confirma mon hypothèse. La fraîcheur de la soirée me fit
regretter de ne pas m’être plus couvert. Soudain, je me rappelai avoir pris un pull dans mon sac à
dos ; je le fis glisser sur mes bras, l’ouvris et l’enfilai. A la volée, je bus et attrapai de quoi assouvir ma
faim.
Après avoir rangé tout cela, je continuai mon chemin à la poursuite de l’écureuil. La recherche ne fut
pas complexe car il me suffisait de suivre les traces de sang qui jonchaient le sol. Je progressais vers
le nord, mes pas produisaient un bruit métallique en claquant contre une grille de fer sur le sol, dont
l’immense espace faisait écho. Je longeais à présent le bâtiment principal en pierre rousse, et d’une
architecture typique du nord de la France. Le vent s’infiltrait à travers les manches de mon pull, ce
qui me donna la chair de poule, mes poils s’hérissaient au contact de cette brise glacée. La nuit
commençait à tomber, et je n’étais même pas certaine de retrouver mon chemin au retour, mes pas
étaient de plus en plus précipités, et j’entrai maintenant dans la mine. Je fis quelques pas, mais je fus
ralenti par le manque de lumière. Je sortis ma lampe torche, la lumière produite se reflétaient sur les
parois humides de la galerie, mon regard s’orienta vers le bas, à quelques mètres était affalé le
cadavre de l’animal ensanglanté. Un profond sentiment de désarroi m’envahit et mon impuissance
face à cet événement m’emplit de frustration. Je sortis de mon sac un vieux journal et pelotonnai le
corps inerte de l’écureuil dans le papier en prenant soin de ne pas me tâcher. Encore à genoux, je
posai ma main sur la paroi ; le crépitement de la pierre s’effritait au contact de mes doigts et
résonnait au creux de mes oreilles, comme un bruit sourd dans un silence obscur. Je mis la dépouille
emmaillotée dans le creux de mon bras. En tournant la tête j’aperçus une berline, qui avait sans
doute déraillé auparavant, avec à l’intérieur quelques gaillettes, une molette, un roulage, et deux
casques de mineur. Je pris un des deux casques jaunâtres, abîmé par le temps ; mon geste fut suivi
d’un nuage de poussière qui troubla ma vue et me fit furieusement tousser. Je déposai l’animal à
l’intérieur, son corps douillet épousait parfaitement la forme du casque. Je sortis de la galerie, en
ayant l’espoir de trouver un endroit où enterrer le corps, maintenant glacé de l’écureuil, cette idée
étant encouragée par le peu de compassion qu’il me restait à l’égard de l’animal.
Je contournai à nouveau le bâtiment rouge, et atterris devant l’édifice vitré. Mes yeux se posèrent à
l’intérieur : le cœur du musée était rempli d’objets en tout genre relatifs à la mine, et divisé en
différentes parties, impossible à distinguer à travers une sombre soirée d’hiver. Mes yeux brillants se
reflétaient sur les murs de verre, où les gouttes d’une précédente averse coulaient et perlaient,
donnant à mon regard un air abattu. Je me retournai et vis une grande machine qui m’était
littéralement inconnue, sa peinture verte était écaillée et elle semblait ne plus être en service. Mais
ce qui m’intéressait le plus se trouvait au pied de ses chenilles, un trou peu profond y était creusé,
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mais avec une taille convenable pour y enterrer le corps d’un petit animal. Je m’agenouillai et
déposai mon sac à dos sur le gravier, je pris le cadavre de l’animal soigneusement enroulé et le
déposai avec délicatesse à l’endroit choisi. Je plongeai ma main dans le gravier encore humide pour
recouvrir sa dépouille, qui petit à petit se fondait dans l’espace caillassé pour enfin disparaître
complètement.
Je me relevai avec difficulté, portant sur mon dos le poids de la culpabilité, persuadée que j’étais
coupable de sa mort. Je balayai les quelques grains de poussière restant sur mon jean, au niveau de
mes genoux, je pris mon sac et retournai en direction de la clôture, en traversant la même grille, qui
refit le même bruit, mais ce fut avec plus de difficulté cette fois-ci que j’escaladai le grillage pour
repartir dans le bois. J’observai une dernière fois le paysage minier, les bâtiments imposants, les
chevalements, et au loin, les terrils en me rappelant que depuis le début de mon expédition, je
n’avais pas ramassé le moindre champignon.
Clara DEBLONDE
Elève de 4e au Collège Saint-Pierre de Calais (62)
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Le journal de Gérard
1
3 août 1854. Il est quatre heures et demi du matin et je m'apprête à partir avec mon père à la
mine de Lewarde pour commencer mon poste. J'avais la taille et le poids requis. J’avais 14
ans ; je me souviens que nous nous rendions à la mine à pied. La mine se trouvait à Lewarde à
cinq minutes à pied de chez nous. J'arrive à apercevoir le chevalement Delloye au bout de cette
immense passerelle sinistre. Nous prîmes un long couloir sombre pour accrocher nos vêtements dans
la salle des pendus. Nous nous ressemblions tous tels des clones au service du chef porion.
Nous nous dirigeâmes ensuite vers l’ascenseur pour descendre dans la mine. J'avais le sentiment
d'être une fourmi dans une fourmilière dans ces galeries profondes et immenses alors que le
chevalet dispose d'une masse imposante et écrasante.
Nous fûmes à chaque fin de journée éreintés physiquement et moralement. Ce paysage lourd et
pesant nous détruisait intérieurement tel un poison qui se répandait peu à peu dans notre corps.
A 18 ans, j'abattais le charbon dans les veines ou boettes. J'entends encore les bruits assourdissants
des pioches qui servaient à extraire le charbon. Quand le tas de charbon était assez important, je
chargeai le charbon dans la berline.
Dehors, il fait sombre, comme lorsque je me lève, comme dans cette mine, comme lorsque je repars.
Je n'arrive plus à distinguer le jour. Ma vie n'est que du charbon et de la précarité.
Pousser, pousser, pousser. Je renouvelle cette activité quotidiennement au même endroit, au même
moment, pendant longtemps. C'est un cycle infernal. Je ne vois même plus la couleur véritable de
mes mains couvertes en permanence de poussière noire. Je n'ose prendre de bain. La bassine qui
sert à me nettoyer est trop imbibée de la noirceur du charbon.
Je ne me souviens même plus à quoi ressemble l'air pur. Je transpire tant ! La pauvreté, la misère
m'inspirent tant de pitié et de peine ! Je meurs à petit feu, je gagne trois francs six sous pour aider
mes parents. Je contribue à ma propre mort.
Je suis mineur comme le sera mon fils, comme l'est mon père et mon grand-père avant lui.
Drice DROUAZI
Elève de 4e au Collège Jacques Prévert de Chambly (60)
29
Une mine, des hommes, une histoire
1
8 Juin 1942
Je me suis mis en tête d’écrire la vérité sur les mines. Cette galère incessante pour les mineurs
et le danger qu’ils affrontent chaque jour.
Dans cette mine du Nord de la France, un patron qui exploitait les mineurs chaque jour, sans répit,
décida d’augmenter encore leur travail. Les mineurs ne pouvaient que suivre les ordres.
18 avril 1941
A 6 heures 30, le travail commença et la journée commença mal car dans la matinée, un de mes
amis, Pierre, chef de section, fut blessé ; mais le chef porion refusa de le laisser aller se faire soigner.
Et Pierre continua à travailler. A la fin de la journée, le ciel était gris et très sombre. Il devint
menaçant. Je rentrai chez moi et vis le patron : Monsieur Delahaie. Je lui ai demandé ce qui s’était
passé. Il me dit que Pierre est mort d'une hémorragie interne suite à sa blessure.
Alors il me demanda si je pouvais le remplacer temporairement. J’ai accepté cette fonction de chef
de section car c’était bien mieux payé mais j'étais conscient que c'était beaucoup plus dangereux.
20 Avril
Tout va mal. Il fait mauvais temps. Il pleut des cordes. Le ciel est gris. Plusieurs gueules noires sont
malades : la tuberculose, la variole, la silicose refirent surface. Le chef porion me demanda de les
faire travailler ! Je ne pus accepter d’envoyer ces gueules noires très malades au travail. Je décidai
donc de les laisser se reposer. Mais le chef porion s’en aperçut vite et me menaça de me faire
travailler comme les galibots. La pitié s’empara de moi et je lui tins ce discours : « s’ils se reposaient,
ils seraient plus productifs que malades ». Aucune réponse de sa part.
Bastien HUBERT
Elève de 4e au Collège Jacques Prévert de Chambly (60)
30
Les envahisseurs
L
’énergie nucléaire est abolie, les anciens mineurs ont dû revenir dans les mines de charbon, mais
au fur et à mesure, les mineurs ne suffisent plus et mettent trop de temps pour extraire le
charbon. Donc tous les mineurs sont renvoyés de plus en plus pour laisser place aux machines,
aux robots… Voici le point de vue du dernier mineur en ce lieu.
Je suis un mineur, un vrai! Pas ceux d'aujourd'hui, non… Je ne suis pas un robot, moi!
Oui, comme je viens de le dire, la mine change. Tous les mineurs, les minéralogistes et tous les autres
ouvriers sont remplacés par des robots pour que la mine soit plus rentable.
Il y a aussi nos chevaux, ceux qui tiraient les minéraliers; on les a vendus pour les écuries et aussi
pour les abattre! Les pauvres chevaux…
Tiens, c'est Eude, un mineur comme moi. Pendant deux ans, on était dans le même secteur de mine.
Mais pourquoi avait-il un carton dans les mains? En plus, on dirait qu'il a une tête triste et déprimée.
Je vais le lui demander:
-Salut, Eude! Ça ne va pas? Ne me dis pas que tu as été viré?
-Salut, Michel! Tu as bien raison, malheureusement. Comment vais-je faire maintenant? Je suis au
chômage et j'ai une famille à nourrir!
-Je suis désolé.
-Ce n'est rien, Michel. Tu n'y es pour rien. Ce sont ces machines qui m'ont eu; bon, au revoir Michel,
j'espère qu’on se reverra…
-Oui, j'espère aussi Eude, au revoir. Ce pauvre Eude, c'est un gentil gars lui, il aide toujours les autres
et voilà comment on le remercie! En le virant! Même le design change, «pour que la mine fasse plus
moderne», c'est ce que le chef porion dit; mais personnellement je n’y crois pas trop. Vous allez sans
doute me demander pourquoi le chef porion? C'est tout simplement car il reste debout, immobile à
nous regarder travailler. En fait, il ne fait pas grand-chose à part savoir si on fait bien notre boulot.
Sinon c'est surtout pour dire que la mine est envahie par des robots; quand je dis ça, j'ai l'impression
de parler d'aliens.
Un seul point positif, c'est que la mine est plus sécurisée. Oui, c'est bien gentil tout ça, mais c'est
sécurisé pour qui? Pour les robots? Pff !!! C'est n'importe quoi! Comme si un petit effondrement
allait les détruire! Alors que pour nous, on ne nous a jamais sécurisé les mines. Pareil pour les veines!
Nous, on devait se glisser pour ne perdre aucun métaux, alors que les robots utilisent un laser un peu
comme Superman, pour libérer plus facilement et plus rapidement le terrain.
Mais le laser va abîmer les minerais, tout le charbon! Alors qu’en ce moment on en trouve très peu.
Je suis allé le dire au chef porion mais il m'a répondu que les lasers ont été créés spécialement pour
ne pas abîmer les minerais. Oui oui, je n’y crois quand même toujours pas!
Maintenant pour l'extérieur du bâtiment qui est largement plus moderne, tout a été modifié que ce
soit le toit, les murs ou même les ponts ainsi que les puits. Avant c’était gris, sombre. Maintenant
c’est joyeux alors que ce sont des robots qui travaillent. Pourquoi les robots devraient-ils travailler
dans un espace joyeux??? Et pas nous??? Avant on aurait dit une prison, personne s'en approchait
tellement ça faisait peur et ça ne ressemblait pas à un parc pour les enfants. On aurait dit avant que
c’était un lieu abandonné, que les chevalets, c'était pour aller en enfer. Il y avait plein de rumeurs
comme ça, alors qu’au fond, c’était presque le paradis. Avec mes amis, on s’amusait, on riait, on se
soutenait tous même si on ne se connaissait pas. En vrai, malgré l’apparence désastreuse de la mine,
c’était un endroit de joie. Alors que maintenant, l’apparence est mieux mais si on y rentre, il n’y a
aucun son, aucun rire…
Par la suite, tout le monde se fit renvoyer, les constructeurs, les mineurs, tous! Il ne restait plus que
moi, j’étais le dernier… On m’a convoqué chez le directeur, il m’a aussi renvoyé… J’en étais sûr. Mais
la question que je me poserai toujours, c’est pourquoi j’ai été le dernier renvoyé. Ça restera un
mystère. Je mis toutes mes affaires dans un carton et partis. Je fis un dernier tour de la mine, j’y ai eu
beaucoup de souvenirs, c’est même là où j’ai rencontré ma femme. On ne l’a pas fait revenir car elle
31
est en congé maternité, et oui elle est enceinte! J’ai eu aussi d’autres rencontres, comme Eude, Jean,
Charles etc… Ils resteront toujours mes amis! Ils m’ont soutenu dans n’importe quel moment difficile
dans cette mine. Je me rappelle que Jean m’avait aidé quand j’étais arrivé pour la première fois ici, il
y a plusieurs années. C’est lui qui m’a aidé à extraire du charbon, il m’a expliqué tout ce qui fallait
savoir. Charles, lui, c’était un grand blagueur, c’était le cuisiner car on était obligé de rester ici chaque
midi.
Il aimait blaguer avec les autres et m’a mis à l’aise ici. Que de bons souvenirs ai-je ici ! Même s’il y en
a eu de mauvais, comme le renvoi de tout le monde, le chef porion qui ne voulait plus qu’on traîne
ensemble. On aurait dit qu’on était au lycée; on faisait plein de bêtises avec les amis et on se faisait
réprimander par notre chef porion. Je souris en regardant cet endroit. J’étais heureux et c’est grâce à
cette mine que j’ai rencontré ma femme et des amis très chers. Je sortis de la mine et marchai quand
soudain, une explosion ??? Je me retourne et oui… la mine avait explosé… Qu’est-ce que j’avais dit ?
Les robots ne savent que détruire ce qui a de plus cher à nos yeux.
Manon LECOCQ
Elève de 4e au Collège Jacques Prévert de Chambly (60)
32
Un mineur de Lewarde
L
a mine. Certains vont la détester, certains vont l'adorer. Moi, en ce qui me concerne, peu
importe mon jugement, ce n'est pas ça qui va me faire changer de métier ou changer ma vie.
Et oui, moi, Henrick Drzerewiki, je suis mineur. Mineur dans la mine de Lewarde. Enfin, je suis
mineur mais je suis passé également par plusieurs autres postes. Généralement, quand l'on dit à une
personne que l'on travaille à la mine, elle croit que l'on est forcément mineur, mais c'est faux.
Par exemple, au cours de ma vie à la mine, j'ai été Hercheur, j'ai transporté le charbon dans les
galeries du fond, j'ai été Coupeur de Mur, j'ai préparé les chantiers, j'ai été Broncheur, j'ai creusé des
galeries de roulage et bien d'autres encore. Mais ce que je n'ai pas fait, c'est le travail de notre chef
porion, c’est-à-dire, surveiller le travail d'un peu tout le monde. En même temps, ce travail est le
meilleur de tous, on est à l'abri du danger et on ne fait rien à part donner des ordres aux autres. De
plus, ce travail est très bien payé.
J'ai été galibot à l'âge de 14 ans et je me souviens encore de la première fois où je suis arrivé à la
mine. C'était il y a déjà un bout de temps car j'ai déjà 31 ans et nous sommes le 24 mars 1966. Tout
était impressionnant, l'on voyait les deux grands bâtiments du triage et du moulinage, la passerelle
qui menait au chevalement du deuxième puit que j'aimais appeler la passerelle de la mort, même si
je savais que je ne risquais quasiment rien dans les mines, et enfin, le chevalement du deuxième puit.
Tel le poltron, cet immense édifice nous regardait de haut. Il était tellement grand, que du ciel, il en
avait pris possession et il allait tellement loin dans les entrailles de la terre, que c'était devenus le
chef des enfers. Il est construit en bois, en métal ou en maçonnerie sur l'ouverture du puit de mine,
nous sert, les mineurs, à nous descendre dans les mines et à nous remonter avec le charbon.
Je me rappelle, la première fois, avoir marché sur cette grande passerelle qui me semblait
interminable. L'anxiété s'animait peu à peu en moi. La peur de décevoir mes parents, de ne pas
ramener assez d'argent, même, du me blesser ou pire encore. Nous étions plusieurs galibots, et
notre travail consistait à déplacer les wagonnets. On travaillait tous au fond. Et le peu de lumière
rendait notre travail difficile.
Quand, à la fin de la journée, je suis rentré chez moi, la gueule noir, je me souviens de la satisfaction
de mon père. Il me dit que je serais un très bon mineur, que je devrais donner tout ce que j'avais et il
me dit que j'aurais bien mérité ma retraite à 50 ans. Car oui, la retraite pour les mineurs est de 50
ans.
Aujourd'hui, j'aime toujours autant traverser la passerelle interminable de la mort. Pendant que je
suis dessus, j'observe le paysage et cela me fais penser à mon père, qui est décédé lorsque j'avais dixneuf ans. Je fais et je ferais toujours de mon mieux dans la mine, comme il me l'a demandé, pour ne
pas le décevoir, même maintenant. Avec tous les mineurs, on entend les petits bruits de l'ascenseur
telle une douce mélodie, et on voit l'attraction habituelle des machines et des édifices qui ne nous
lassera jamais.
Dans la mine, malgré les risques de maladies, tout le monde a le sourire. On se soutient tous
physiquement et moralement. On est comme une grande famille, nourrie de solidarité. Je n'ai vu plus
apaisant que les sourire de mes compagnons, lorsqu'ils m'aident à affronter la vie de tous les jours.
J'ai aussi rencontré ma femme à la mine. Car oui, les femmes travaillent à la mine depuis le XVIIIème
siècle. Mais en 1814, leur travail au fond est interdit. Les cafus ou les mahus travaillent dans le triage
et au chargement du charbon. Leur travail est tellement poussiéreux que les trieuses sont aussi
noires que les mineurs de fond. On les surnomme les "culs à gaillette". Et il y a les lampistes qui sont
affectées au nettoyage et à la distribution des lampes. Là où travaille ma femme.
"D., cria chef porion. Mon coeur commença à s'accélérer, il était rare que chef porion nous appelle.
Mes compagnons les plus proches me regardèrent avec un regard à la fois inquiet et de soutien.
- C'est moi, dis-je en m'avançant vers le chef porion, plein d'assurance, enfin en apparence.
- Vous irez dans la veine du Grand Moulin, vers Villers-au-Tertre, avec deux compagnons à vous,
Adolf Buttwill et Franciezk Wosniak. Vous vous y rendrez ce 25 mars.
33
- D'accord monsieur, j'y vais de ce pas, dis-je soulagé.
Je regarde mes compagnons pour leur faire comprendre qu'il n'y a rien de grave, et je pars voir les
deux personnes que m'a indiquées chef porion, pour les prévenir.
Le 25 mars est aujourd'hui, je suis assez content, je vais découvrir un secteur que je ne connais pas,
cela va me changer de mes journées habituelles. Je dis au revoir à ma femme et je pars pour la veine
du Grand Moulin. Le ciel est gris orageux, comme si il voulait m'avertir d'un danger.
Il est environ 3h45 et ça va faire plus d'une heure que je travaille. C'est complètement différent de
d'habitude. Avec mes deux autres compagnons, nous nous sommes répartis des secteurs pour un
travail plus efficace.
Je suis en train de regarder où taper, quand je commence à entendre un bruit sourd.
On dirait, oui on dirait un éboulement. Je me dépêche de sortir mais je ne connais pas bien le secteur
et puis on est à 377 mètres de fonds. Je m'avance dans un chemin, en faisant attention aux pierres
qui chutent, mais je vois qu'il est bouché par des rochers tombés. Je veux repartir mais plus le mur de
roche s'est effondré, et je sais que je ne pourrais sortir de là vivant. Je pense a d'abord à mes deux
compagnons venus avec moi, je me demande s'ils ont pu sortir d'ici vivant. Je pense ensuite à ma
femme et mes compagnons de la mine.
La mine. Certains vont la détester, certains vont l'adorer. Moi, en ce qui me concerne, je l'adore, ce
n'est pas ça qui va me faire changer de métier ou changer ma vie mais même si j'avais eu
l'opportunité de changer de métier, pour rien au monde je ne l'aurais faits.
26 Avril
Une épidémie fit rage de nouveau : la silicose. Les mineurs malades moururent. Je fus renvoyé à mon
métier de gueule noire. Je pris la passerelle pour accéder au chevalet. C'était la seule porte entre la
lumière et les ténèbres. Il partait du ciel pour descendre jusqu'aux entrailles du monde. Sa structure
métallique me fit penser à une prison. J’avais oublié leurs galères quotidiennes, les dangers qu’ils
encourraient chaque jour. Quelle désolation dans ce lieu sombre éclairé à la seule lueur des
lanternes!
1er Mai 1941
Il fait plus gris que d’habitude. Un bruit assourdissant sortit de la mine : le grisou ! Cela était dû à une
accumulation de gaz ; une explosion retentit. Tout le monde s’entraida. Trois mineurs en sortirent
indemnes, dix autres en moururent. Le chef porion ordonna de travailler. C’était la fois de trop ! Un
mouvement de grève eut lieu.
15 Mai
Aujourd’hui le moteur du chevalet tombe en panne. Heureusement aucun mineur n’était descendu.
Le chef porion ordonna aux mineurs de rentrer chez eux et demanda à des ingénieurs de réparer le
moteur. En revenant, un ami qui avait un peu perdu le sens de la raison me dit ses mots : « Cette
passerelle qui nous supporte, qui ressent nos galères, elle supporte le lourd fardeau d’envoyer les
mineurs dans l’enfer des mines. » Je ne compris pas le sens de ces mots.
18 Juin 1942
Je repense à ces quelques mots: la passerelle ressemble à un portail entre les entrailles de la terre et
la lumière immaculée de l’astre qui nous éclaire.
Pauline MESSIER
Elève de 4e au Collège Jacques Prévert de Chambly (60)
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Une première journée lassante à la mine de Lewarde
N
ous sommes en 1929. Je m'appelle John Salvatore. J'ai 12 ans et je suis galibot. C'est ma
première journée de travail dans la mine de Lewarde. Deux de mes amis, Stéfan et Jérémie,
très sympathiques, galibots eux aussi, 12 ans également, sont dans la même situation que
moi.
Aujourd'hui, je dois aller les chercher pour partir à la mine. Nous étions tous vêtus de la même façon,
des souliers, des bleus. Nous marchions dans le froid et la bruine. Sur le chemin, nous pensions à ce
chevalement qui nous pétrifiait. Il fallait obligatoirement emprunter une passerelle qui menait à cet
enfer. Il ressemblait à une cocotte-minute prête à entrer en ébullition à tout moment même si nous
avions le sentiment qu'il était fabriqué en béton armé; sa charpente semblait métallique; son
environnement proche paraissait être habillé de briques.
Nous nous apprêtions à monter dans la cage d'ascenseur métallique lorsque nous aperçûmes une
gueule noire. Jérémie s'empressa de lui dire bonjour; nous fîmes de même car nous nous sentions
tellement seuls face à ce monstre qui nous domine. Cette cage d'ascenseur ressemblait à un panier
qui nous transportait dans les ténèbres. Nous avions le sentiment d'être dans une totale insécurité et
la rapidité de la descente nous effrayèrent.
Nous, galibots, avons terminé notre journée la gueule toute noire.
Ce fut notre première journée. Elle me parut très longue. J'avais le sentiment que ma vie n'était
rythmée que par la descente et la remonte. J'espère que cette journée routinière ne perdurera pas.
Débora IANNIZZI
Elève de 4e au Collège Jacques Prévert de Chambly (60)
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Jack, une vie volée par la mine
L
'histoire se déroule dans une petite ville proche de la mine de Lewarde. Il était question d'un
jeune homme qui se nommait Jack. Il avait 23 ans.
C’était en 1938 quand il avait commencé à y travailler.
Il s'y rendait tous les jours avec son père. Quand ils étaient ensemble, ils étaient heureux en dépit de
la chaleur, de l'épuisement et de la faim. Cela les rapprochait. Ils étaient unis. Ils ne se cachaient
rien. Ils se parlaient, s'encourageaient, s’épaulaient car c'était très dur.
Un jour, alors qu'ils étaient en train de miner à plus de 100 m, des tremblements se firent entendre,
des explosions retentirent, des cris apparurent, des pleurs se manifestèrent. Puis plus un bruit.
La vie n'a pas été très tendre avec eux. Raconter leur histoire peut faire mal mais pas autant que la
mine leur en a fait.
Ils ne voulaient pas y retourner : trop de mauvais souvenirs mais ils n'avaient plus d'argent, alors ils y
retournèrent à contre-coeur.
Et là, en hiver 1941, la famine. Le pain se fit rare, 50% de la viande et du beurre n'étaient plus sur le
marché et les prix avaient fortement augmenté. Personne n'avait plus de quoi bien se nourrir donc le
système immunitaire baissait. Toutes sortes de maladie survenaient mais ils se soutenaient et ils
arrivaient à survivre.
Ils s'étaient juré de ne jamais plus y retourner. Mais dans la famille, ils étaient les seuls à travailler. Ils
se rendirent à la mine très tôt le matin et en ressortirent très tard la nuit. C’était l'horreur mais à
chaque difficulté que la vie leur offrait, ils se remémoraient cette phrase: «La difficulté est une
opportunité pour devenir plus fort et plus grand». Donc ils travaillèrent sans relâche mais le pire
moment de la journée, c'est lorsqu'ils descendaient par la tour de la station. Ils se disaient qu'il y a
4 ans, ils descendaient cet ascenseur ensemble avec la famille en se parlant. A chaque fois, ils se
dirent cette phrase lorsqu'ils descendirent :
«On a beau méditer sur les souvenirs du passé, cela fait souvent pousser dans le cœur un brin de
nostalgie. S'il y en a une trop grande quantité, cela rend l'âme triste».
Ils ne renoncèrent pas, ils se battirent et ripostèrent face à la difficulté.
Emeline PERRIN
Elève de 4e au Collège Jacques Prévert de Chambly (60)
36
Un ballon à la mine de Lewarde
I
l était 12h47 lorsque Robert un jeune mineur cria :
«-J'ai trouvé un ballon de baudruche percé, sur lequel il y a écrit :
-Appelez-moi au 07-28-XX-XX-XX, je suis une petite fille de 8 ans. J'ai une maladie qui s'appelle la
« mucoviscidose»
Robert appelle donc cette jeune fille :
«Bonjour, j'ai trouvé le ballon sur lequel vous avez laissé un message.
-Oui, vous l'avez retrouvé où ?
-A la mine de Lewarde. Pourquoi avez-vous laissé ce message ?
-A l'âge de 7 ans les médecins ont découvert que j'avais la mucoviscidose.
-Ah bon, eh … comment ça se soigne ?
-Je ne sais pas vraiment, mais les médecins m'ont expliqué ce qu'il fallait que je me fasse...»
Robert la coupe et lui dit qu'il doit retourner travailler ; la jeune fille lui dit :
«-Vous pourrez me rappeler plus tard ?
-Je verrai si j'ai le temps. Si je ne peux pas je vous rappellerai dans les jours qui viennent.
-D'accord»
Robert repart travailler et il explique à ses collègues ce que la jeune fille lui a confié, tout le monde
s'étonne:
«-Mais … tu la connais cette jeune fille ?
-Non, j'ai trouvé un ballon de baudruche percé et dessus il y avait écrit :
-Appelez-moi au 07-28-XX-XX-XX, je suis une petite fille de 8 ans. J'ai une maladie qui s'appelle la
mucoviscidose.
-Et comment ça se soigne cette maladie ?
-Je ne sais pas. Je lui ai demandé mais puisqu'elle était longue et que je devais travailler je lui ai dit
que je la rappellerai plus tard.
-Dès que tu la rappelles, redemandes lui comment ça se soigne et tu nous expliqueras tout.
-Je vais la rappeler dans les jours qui viennent.
-Pourquoi on ne parle pas de toi puisque tu es nouveau ?
-Je m'appelle Robert j'ai 11 ans et je viens de Lewarde. Mes parents m'ont demandé ce que je voulais
faire plus tard et je leur ai dit que j'aimerais être mineur. Ils m'ont répondu que je pouvais travailler à
la mine dès maintenant.
-Ah bon t'as toujours voulu être mineur ?
-Non, quand j'avais 4 ans je rêvais d'être pompier, et un jour nous avons déménagé près de la mine
de Lewarde; c'est ce qui m'a fait changer d'avis.
-D'accord.»
Quelques jours plus tard Robert rappelle la jeune fille.
«-Allô qui est-ce ?
-Je suis Robert le mineur qui a trouvé le ballon sur lequel vous avez laissé un message.
-Ah oui, comment allez-vous ?
-Bah bien et vous ?
-ça va.
-D'accord, j'ai une question à vous poser. Comment se soigne votre maladie ?
-Il faut que je me fasse greffer des poumons à condition qu'il y ait un donneur.
-Seul le don d'organe peut vous sauvez alors ?
-Oui, je vous laisse je dois partir.
-D'accord.
Robert part raconter ça à ses collègues.
«-J'ai rappelé la jeune fille et pour se faire soigner, elle doit se faire greffer des poumons»
Ils répondent tous :
«-Il faut qu'elle se fasse quoi ?
-Elle doit se faire greffer des poumons.»
37
L'un d'eux répond:
«-Ah oui je vois ce que c'est. Bon je vais me coucher je suis épuisé.»
Robert lui répond.
Coralie DUTOMBEAU
Elève de 4e au Collège Gayant de Douai (59)
38
Foutue Passerelle !
M
ercredi, les gueules noires finissent leur boulot et sortent de la mine pour rejoindre leurs
familles, sauf Eugène. Eugène reste dans la galerie souterraine, il continue à frapper tant
bien que mal à l'aide de sa pioche malgré la fatigue. Depuis quelques temps, Eugène reste
une petite heure après le départ de ses camarades de mine. Il espère récolter quelque sous de plus
pour nourrir sa famille. Eugène est l'une des « gueules noires » qui travaille dur à la mine de
Lewarde. Et ce jour-là, le chef venu le voir :
-Eugène pourquoi fais-tu tout ça ? Pourquoi t'acharner pour quelques francs de plus ?
-C'est Victor, mon fils. C'est bientôt son anniversaire et j'aimerais lui offrir un cadeau qui lui tient à
coeur. En fait, il adore bouquiner des romans, peu importe le livre, il le lit jusqu'à la dernière page.
-C'est vraiment incroyable...
-Oui c'est un garçon intelligent et je préférerais qu'il ne soit pas mineur.
-Je ne parlais pas de lui. Je parlais de toi ! Faire des heures supplémentaires pour faire plaisir à son
fils, c'est vraiment incroyable, tu es le mineur le plus courageux que je connaisse !
-J'aime faire plaisir, c'est tout.
Le chef s'appelait Robert, il avait la quarantaine, des cheveux bruns, des yeux marrons. Sa femme
était infirmière. C'est sûr qu'il était plus riche qu'Eugène, il était sévère avec les mineurs, c'était son
rôle mais avec Eugène, c'était différent, c'était presqu'un ami.
-Je pense que tu devrais y aller, va rejoindre ta famille, tu sembles fatigué, dit son chef.
-Oui je vais rentrer, je suis épuisé, répond Eugène en s'essuyant le visage avec un chiffon qu'il tira de
sa poche.
Il était 20 heures, l'équipe de nuit allait forcément arriver. Eugène entra dans sa maison, elle
ressemblait à toutes celles du voisinage, comme dans tous les corons. Il ouvrit la porte et entendit
ses enfants jouer. Un sourire apparut sur son visage. L'atmosphère était joyeuse chez lui donc il
l'était aussi. Sa femme Marie-Louise l’aperçut en train de se déchausser.
-Ah chéri tu es là, ça n'a pas été trop dur aujourd'hui ? lui demanda-t-elle en l'embrassant, comme
chaque soir, quand il rentrait.
-Rien d'inhabituel et toi, les enfants ça s'est bien passé ?
Elle fit un signe de la tête pour dire oui.
Marie-Louise s'occupait bien de la maison et des enfants : nettoyer la maison, faire à manger, cela ne
la dérangeait pas et puis elle n'avait pas trop le choix. La famille était composée de 6 enfants,
Séverine, l’aînée de 18 ans, donnait toujours l'impression d'être triste, Victor était âgé de 14 ans
bientôt 15. Victor était timide, il adorait lire, une mèche blonde poussait sur sa tête, il avait des yeux
verts tout comme sa mère. Juliette, Joséphine et Josiane, les 3J, on les appelait comme ça, c'était les
triplées de la famille, elles avaient 6 ans. Et le dernier, Antoine, 2 ans et demi, tout calme, tout
mignon.
Les triplées arrivèrent dans l'entrée, câlinèrent leurs père une à une. Victor arriva à son tour :
-Salut papa, tu vas bien ?
-Oui et toi tu vas mieux ?
Il était malade, le médecin qui était venu ici la veille lui avait dit de se reposer, ça passerait.
D'ailleurs, faire venir le médecin avait coûté cher mais Eugène n'avait pas réfléchit, il l'avait fait venir
tout de suite.
-Oui j'ai bu de la tisane avec les herbes rares apportées par le médecin (ça non plus, ce n'était pas
donné)
-Je me réjouis de ta guérison mon fils. Et ta sœur n'est pas là, demanda Eugène inquiet.
-Elle est partie voir Damien, le rassura Victor.
Damien était le petit copain de Séverine. Il travaillait lui aussi à la mine. Agé de 18 ans et fou
amoureux d'elle, elle allait souvent le voir quand il ne travaillait pas.
Voici la famille Monpuit, voici la famille d'Eugène. Quelques minutes plus tard, Séverine entra en
laissant un courant d'air entrer dans la maison. Contrairement aux autres, elle ne sourit pas quand
elle vit son père.
39
-A table, cria Marie-Louise.
Jeudi, 5 heures, Eugène parcourt le chemin menant à la mine. Philippe attend Eugène, sur la
passerelle, comme chaque matin, Philippe est le meilleur ami d'Eugène depuis l'enfance.
-Ton gosse n'est pas là ? demanda Philippe.
-Non je préfère qu'il se repose à la maison. répond Eugène
Ils entrent tous les deux, mettent leurs équipements, leurs casques, leurs lampes et descendent. La
journée commence et Eugène pense qu'elle ne va jamais finir.
Il est enfin 19 heures, l'heure de quitter la mine.
-Bonne soirée Philippe.
-Oui à toi aussi, et passe le bonjour à ton garçon.
Ils rentrent chacun chez eux. Les mêmes actions de la veille, une vie banale, somme toute.
Vendredi est un jour inoubliable pour la famille Monpuit. Eugène est mort, un suicide selon la police.
Un mineur l'a trouvé en arrivant devant la mine sous la passerelle. La famille est en pleurs, les triplés
qui pleurent comme des madeleines. Séverine pleure dans les bras de sa mère. Victor, le plus émotif,
pleure toutes les larmes de son corps. Personne ne croit au suicide dans la famille. Tous sont sous le
choc, sous le choc d'apprendre qu'il est mort et que c'est sans doute un meurtre. Eugène a été
retrouvé sous le pont qui menait au bâtiment de la mine. « Il n'aurait jamais pu tomber
accidentellement, il y a des barrières, pense Victor, à moins qu'on l'ait poussé »
Victor ne pleure plus en pensant à une telle atrocité ; il est en colère, très en colère...
2 heures plus tard, la maison calme. La famille a repris ses esprits et tous se posent la même question
: « Pourquoi ? » Il n'aurait jamais voulu se suicider, il aimait trop sa famille. Tous sont du même avis.
Reste à convaincre la police.
« -Je comprends, vous êtes sur le choc, votre mari vient de mourir. Mais les suicides, souvent, ne sont
pas attendus. Il en avait peut-être marre de la mine. » Voilà ce que lui avait dit l'inspecteur.
Marie-Louise abandonna, il ne l'écoutait pas. Comment convaincre quelqu'un qui ne connaissait pas
Eugène, c'était difficile. Le reste de la journée se passa entre pleurs et colère, la visite de voisins... et
ce fut déjà la nuit.
Victor a 15 ans, le lendemain du décès de son père. Sa soeur Séverine vient le voir :
-Même si papa est mort hier, je te souhaite un bon anniversaire.
-Merci...
-Tu crois qu'il m'en veut ? dit Séverine en versant une larme.
-De quoi tu parles ?
-Papa, tu crois qu'il m'en veut ? Quand chaque soir, quand je le voyais je ne lui adressais même pas la
parole, même pas un « bonsoir » !
-Mais non, il t'aimait très fort tu sais ! répondit Victor en la prenant dans ses bras.
Victor se sent prêt pour aller à la mine, pas pour travailler, mais pour trouver l'assassin. En route.
« Pourquoi aurait-on voulu tuer papa? » pense-t-il sur la passerelle. Robert le chef de son père vient
lui présenter ses condoléances. Victor reste sur cette passerelle, une larme coule sur sa joue. Il se dit
que son père a été poussé, assassiné à cet endroit. Il regarde s'il peut trouver une preuve que c'est
bel et bien un meurtre. Il regarde dans tous les recoins. Il inspecte, regarde encore. Il a mal aux yeux,
pleure parfois. Il inspecte encore et encore autour des lieux, enfin il trouve un petit papier, un tout
petit papier. Il le lit, il est choqué, il réfléchit pendant quelques secondes, il manque même tomber
dans les pommes.
Il lit et relit jusqu'à être certain de cette écriture. Il l'a déjà vue. Mais il cherche à qui elle appartient.
C'est l'écriture de Philippe ! Il est écrit des valeurs d'argent sur un papier ; il faisait ses comptes
chaque jour et les glissait dans l'une de ses poches. Le papier n'était pas mouillé alors qu'il avait plu
avant 6h, quelques heures avant le décès d'Eugène et Philippe n'est pas allé travailler depuis sa mort.
Victor croyait que c'était pour récupérer la mort de son meilleur ami. Victor se dit que c'est peut être
un malentendu.
Une question tourmente Victor : « Pourquoi Philippe aurait voulu tuer Eugène, son ami d'enfance,
son compagnon à la mine ?
Victor hésite, frappe à la porte. Une femme ouvre, c'est Michelle, la femme de Philippe. Victor la
connaît très bien.
-Bonjour Michelle, je pourrais parler à Philippe s'il te plaît ? demanda Victor.
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-Ah ! Victor ! Toutes mes condoléances pour ton père. On est de tout cœur avec vous ! Je voulais
passer vous voir mais Philippe est dans un tel état... je n'ose pas le laisser 2 minutes seul. J'ai peur
Victor.
-Je pourrais parler à Philippe, c'est important, s'il te plaît.
-Il n'est pas en état de parler : il est soûl, désolé, c'est sans doute pour noyer son chagrin. La mort de
ton père est un tel choc...
-Je peux le voir quand même, s'il te plaît, insiste Victor. Depuis quand exactement est-il soûl
-Je ne sais pas... depuis la mort d'Eugène je crois...c'est dur pour tout le monde.
-Je dois quand même lui parler, désolé.
Michelle le laisse passer.
Victor entre. Il voit Philippe assis sur un fauteuil, un verre à la main, la bouteille de vin quasiment
vide.
-Victor, s'étonna-t-il, qu'est-ce que tu fais ici ? dit-il la voix pâteuse, les mots hésitants.
-Je cherche le tueur de mon père.
-Le tueur ? s'écrie Michelle qui a suivi Victor. Mais ton père s'est suicidé ?
-Non, je ne pense pas. N'est-ce pas Philippe ?
-Je suis désolé, je suis désolé...
-Mais de quoi tu parles ? interroge Michelle qui a pâli.
-Je l'ai rejoint à l'aube comme tous les jours sur la passerelle et il m'a dit que le chef de groupe s'était
arrangé pour qu'il soit promu pour son courage...Eugène voulait t'acheter un bouquin...
Victor écoutait, incrédule. Il était en train d'avouer, sans doute sous l'effet de l'alcool... les mots
sortaient hésitants mais la vérité...
Philippe cria, hurla tout à coup :
-Et tu penses à moi ? J'ai travaillé plus longtemps que ton père et j'ai jamais était promu !!! Mais je te
jure, ça s'est passé si vite, on s'est disputé, j'étais en colère et je l'ai poussé … Foutue passerelle !!! Je
suis désolé! Je suis désolé ! répétait-il, foutue passerelle !
Il se tut, resta silencieux quand la police vint le chercher, quand elle l'interrogea... Son visage avait
perdu toute expression en même temps qu'il avait perdu la parole... Il ne parla plus et semblait voir
quelque chose que les autres ne voyaient pas... son ami Eugène ? La passerelle peut-être ?
Ismaïl DRICI
Elève de 4e au Collège Gayant de Douai (59)
41
Fille de Mineur
P
endant le cours de français, Mlle Belle nous annonce un nouveau devoir à partir d’une photo.
Elle nous demande d’en faire une histoire. Il faut vraiment avoir beaucoup d’imagination !!!
Mais, je me dis que je vais y arriver. A la fin de l’heure, je suis en week-end, c’est la seule chose
qui me vient à l’esprit pour l’instant.
Enfin sortie, je prends le chemin de la maison de mes grands-parents où j’ai l’habitude d’aller
prendre mon goûter.
« -Ta journée c’est bien passée Léonie ? me demande ma grand-mère.
-Comme d’habitude…
-Tu a faim ? Tu veux une gaufre avec du chocolat ?
-Oui avec plaisir !
-As-tu des devoirs ?
-Oui, ma professeur de Français vient de nous donner un grand devoir, il faut que je fasse une
histoire à partir d’une photo.
-Ah bon, montre pour voir si je peux t’aider.
-Regarde c’est ça…
-Ah mais ce n’est pas moi qui pourra t’aider c’est ton grand-père comme tu le sais, c’était un ancien
mineur. Là sur la photo c’est la mine de Lewarde. »
Mon grand- père nous rejoint dans la salle à manger, il prend la photo et regarde. Il me dit en
souriant :
« -Tu sais Léonie beaucoup de personnes dans le Nord-Pas-de-Calais vivaient et subsistaient grâce à
ce métier qui était mineur dans les années précédentes. Ce travail constituait à remonter du fond
d’une fosse construite par l’homme du charbon ; c’était un combustible qui permettait de chauffer
une maison à l’aide d’un convecteur à charbon par exemple pour faire rouler un train cela remplaçait
à notre époque l’essence ou le gaz de ville… Tu vois ce bâtiment (en mettant son doigt sur la photo)
c'est là que j’ai travaillé une grande partie de ma vie, 32 ans en tout. Cette photographie représente
toute ma vie, si tu le souhaite je peux te raconter comment et pourquoi j’ai été mineur ? Enfin si tu
veux que je t’aide pour ton devoir.
-Oui papi, j’aimerais beaucoup pour avoir des éléments et en savoir plus sur cette photo pour
comprendre ce que sont les bâtiments et le métier de mineur.
-D’accord, j’ai tout d’abord vu et connu mon père, mon grand-père et mes oncles mineurs de fond,
dans les années 1950. Alors que j’avais l’âge de 14 ans, j’avais demandé à mon père si je pouvais être
mineur et arrêter mes études à mon âge comme le disait la loi.
J’avais été surpris par l’attitude de mon père qui ne m'avait pas répondu tout de suite, il me faisait
comprendre que ce métier était trop dangereux à mon âge et qu’il aurait aimé beaucoup mieux pour
mon avenir …
Cela ne changea rien car le jour suivant je rééditais ma demande d’être mineur. Mon père comprit
qu’il avait sa descendance devant lui et sa femme, ma mère.
Dès le lendemain il m’emmena devant un monsieur qui me regarda et dit :
« -Tu n’as pas peur ? Tu penses être plus tard un grand mineur ? Es-tu sûr ?
-Je lui ai dit droit dans les yeux : Oui monsieur, j’aimerais être comme mon père ou même ma famille
et ramener de l’argent à la maison, donc oui je veux être mineur plus que tout. Et me voilà à ton âge
aux portes d’un bâtiment comme tu vois Léonie sur ta photo. Je ne pouvais travailler qu’ « au jour »
c’est-à-dire pas au fond de la mine mais à l’étage.
Au début j’étais un galibot, cela veut dire que je triais, je retirais les cailloux et récupérais le charbon,
on appela ça « le triage ». C’était très physique, j’étais très jeune mais mon envie d’être mineur était
presque pour moi ma destinée…
Vers 15 ans et demi, mon père fut appelé par l’ingénieur de la fosse un monsieur très sérieux et très
réputé, c’était un très grand chef pour nous… Il me dit :
« -Voilà tu as 15 ans et demi mais tu es très solide et résistant. Nous connaissons ta famille en tant
que mineur et nous sommes persuadés que tu pourrais descendre au fond, bien sûr à mi-temps pour
42
commencer et à tes 16 ans, si tu as prouvé tes capacités au fond, tu seras embauché en tant que
mineur de fond. » Mon père me regarda et me sourit. Il signa une décharge me permettant de
descendre alors que je n’avais pas 16 ans.
J’étais un homme, j’étais fière d’être mineur. Je me levais le lendemain à 4 heure du matin, je prenais
mon vélo et j’ai filé en direction de la mine, cette photo que tu me montres me rappelle mon travail.
Après avoir quitté la « salle des pendus », cette salle consistait à pendre nos vêtements au plafond à
l’aide d’une corde et d’une poulie. J’étais en bleu de travail avec ma musette, ma pioche et mon
casque. Je me dirigeai avec le groupe en file indienne vers « la lampisterie ». Me voilà enfin avec mon
numéro de lampe appelée une benzine, qui est indispensable et qui est propre à chaque mineur, le
mien était le 178. Ma vie de mineur commençait…
Devant moi deux portes en acier de sont ouvertes, et là, j’avais compris que j’allais monter dans
l’ascenseur pour descendre au fond. On s’entassa tous, mais malgré ma peur de ma première au
fond, j’étais rassuré d’être dans la cage avec mon modèle, mon père.
Nous voilà enfin au fond, après les bruits assourdissants, les craquements perpétuels des câblages en
fer tout au long de la descente. Premiers pas au fond, j’étais à 300 mètres. Fier, je n’avais pas peur. Je
me forçai à exécuter toutes les tâches que l’on me confiait. Les années passaient, je gravissais des
échelons pour gagner l’estime et l’argent de mon labeur quotidien pour ma famille. Nous étions
payés à la quinzaine et au métrage, c’est-à-dire tous les quinze jours nous faisions la queue pour être
payer des mètres que nous avions accomplis à la fosse. À mes 18 ans, j’ai creusé des galeries et je
suis devenu petit à petit un ouvrier qualifié en obtenant un cap mineur et une formation qui était le
coupage de bois de soutènement ; c’était la première sécurité pour éviter les effondrements et
garantir la sécurité de tous mes camarades mineurs.
J’ai vite compris que le puteux et le grisou étaient des gaz très dangereux au fond, car
d’innombrables amis et surtout collègues y ont laissé la vie… les seuls moyens que nous avions à
l’époque pour le déceler étaient la flamme de notre benzine qui s’éteignait quand son niveau était
élevé et nos canaris qui mourraient.
Mes 20 ans d’ancienneté passés, avec mon marteau-piqueur, ma hache et ma benzine dans le fond
sous terre, parfois même à plus de 600 mètres car je changeai régulièrement de fosse, me fis
découvrir des beautés exceptionnelles telles que le quartz, des fossiles d’animaux ou de feuilles
comprimés depuis des millions d’années dans la roche.
Les années sont passées. Cela fait 30 ans que je travaille à la mine ; j’ai connu le cheval, la pioche, et
l’insécurité. Dans les années 1980, l’ingénierie et le développement du modernisme me font
envisager un notre métier. J’apprends après 32 ans d’ancienneté que le charbon, les mines, les
ouvriers comme moi sont morts pour le métier. Tout ferme et tout s’arrête. Quelle descendance
pour nos enfants ? Cette photo de la mine de Lewarde, ses faux guides de 25 ans font pitié. Cette
période est effacée d’un simple revers. Le charbon est sous nos pieds. Sa richesse est morte avec lui.
Lewarde pour moi, est à moitié véridique. Le guide raconte ce qu'il a lu dans des livres mais ceci est
ma nouvelle, moi Léonie. Je suis petite fille de mineur de fond. A part mon grand-père, n’essayait
même pas d’imaginer la dureté et la difficulté de ce que représente cette photo.
Laureen GENNIN
Elève de 4e au Collège Gayant de Douai (59)
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Peur en galerie
C
’était un mardi à 17H. J’étais dans la mine à extraire du charbon. Je suis mineur. J’entendis des
bruits non loin du lieu où je me trouvais. Même mon ami, Adrien, les avait entendus. Je n’étais
pas fou ! Ce devait être les charpentes en bois qui craquaient. En rentrant, je racontais ma
journée et la frayeur que j’avais eue.
Ma nuit fut mauvaise et je me réveillai en retard pour le travail. Je retrouvai Adrien avec qui j’avais
l’habitude de faire équipe. Nous parlâmes du bruit que nous avions entendu. Pour lui, ce n’était pas
la charpente mais quelqu’un ou quelque chose qui aurait fait ce bruit. Nous ne discutâmes pas
longtemps : j’étais déjà arrivé en retard. Je ne voulais pas perdre mon travail.
Pendant que nous chargions les wagonnets avec le charbon que nous venions d’extraire, un bruit
retentit. Nous approchâmes de l’endroit d’où il provenait. Ce bruit semblait s’éloigner. Nous
reprîmes alors le travail. Je me demandai si la mine n’était pas hantée. Je n’étais pas rassuré.
A la fin de notre journée, Adrien et moi allâmes en parler au patron. Il n’était pas inquiet du tout.
Pour lui, c’étaient les charpentes de bois. Notre inquiétude le fit rire. On se sentait vexés mais on
voulait vérifier notre théorie. Nous rentrâmes chez nous et nous donnâmes rendez-vous un peu plus
tard, quand tout le monde aurait quitté la mine. Il faisait noir. Heureusement, nous avions nos
lampes frontales et des lampes de poche au cas où. Dans notre sac, nous avions aussi une gourde
pleine d’eau et un peu de nourriture. Notre exploration pouvait commencer. Nous avions un plan des
galeries pour nous repérer. Nous marchions longtemps. Comme nous étions épuisés, nous nous
reposâmes. Aucun bruit jusque-là. Nous sommes retournés ensuite dans notre secteur pour finir nos
recherches. Je sentais qu’Adrien était déçu de n’avoir rien trouvé. Moi aussi. C’est à ce moment-là
que j’aperçus une silhouette, grande et un peu enveloppée. Nous nous approchâmes de cette
ombre. Et là, nous découvrîmes… François, un SDF qui venait souvent se mettre à l’abri du froid et du
mauvais temps. Nous lui offrîmes la nourriture que nous avions dans nos sacs. Il nous remercia pour
notre sympathie. Il nous avait fait une belle frayeur !
Le lendemain, avant d’aller à la mine pour travailler, je mis dans mon sac quelques vieux vêtements
et chaussures qui pourraient être utiles à François. Adrien et moi, nous gardâmes secrète la présence
de François, de peur qu’il soit chassé.
Quelques mois après cette rencontre, la mine recrutait. Je proposai à François de rejoindre notre
équipe. Il était devenu notre ami depuis notre rencontre. Il devint notre co-équipier.
Jérémy MARONET
Elève de 3e au Collège Gayant de Douai (59)
44
Qui est mon père ?
U
n soir, alors que j’étais en train de dormir, j’entendis ma mère hurler. J’eus cette envie d’aller
voir ce qu’il se passait. Mais, ma mère courut vers moi, me prit dans ses bras puis elle me dit
de retourner dans mon lit. Elle ferma une porte à clé et alla dormir dans le fauteuil.
Le lendemain, je vis ma mère qui dormait encore. En m’approchant d’elle, je vis qu’il lui manquait
deux doigts. J’en tombai par terre.
Quatre années étaient passées. J’avais maintenant 14 ans. J’entendis sonner à la porte. C’étaient
deux policiers qui embarquèrent ma mère. Je restai là, chez moi, seule, à attendre son retour. Je me
souvins alors de cette soirée où j’avais entendu ma mère crier. Je me rappelai soudainement cette
porte que ma mère avait fermée. Je ne savais pas où ma mère avait caché la clé de cette porte. Je la
cherchais pendant des heures. Je finis enfin par la trouver, avec son double, dans la boîte à bijoux de
ma mère. J’en pris une, partis devant la porte, mis la clé dans la serrure mais c’est à ce moment-là
que ma mère rentra. Elle m’appela par mon prénom, alors qu’elle m’appelait toujours par mon
surnom. Je rangeai donc la clé dans le tiroir de mon bureau. Je descendis lentement les vingt-quatre
marches qui menaient au rez-de-chaussée. Je découvris un homme, plutôt âgé mais surtout étrange,
vêtu d’un long manteau noir, coiffé d’un grand chapeau qui lui cachait la moitié du visage. Il me
faisait vraiment peur. A côté de lui, une femme, ma mère, que je ne reconnaissais pas : elle avait
changé de couleur de ses cheveux en blond, elle portait une longue robe bleue avec une fleur au
niveau de la poitrine et, à ses pieds, des chaussures à talons. Je la voyais pratiquement tous les jours
en survêtement. Là, elle était vraiment magnifique. Elle me présenta l’inconnu qui s’appelait
Stéphane. Ils se connaissaient depuis deux ans. Il était – soi-disant – vendeur de fruits et de légumes,
près de la mine. Ma mère m’informa qu’il venait vivre chez nous pour quelque temps, qu’il sortait
souvent la nuit et rentrait à l’aube. D’après ma mère, c’était parce qu’il travaillait. J’en oubliai la clé
que j’avais rangée.
Un jour, j’entendis ma mère parler d’une boîte remplie de photos qui était dans le grenier. Comme il
était vendredi, ma mère et Stéphane se rendaient au cours de yoga. J’en profitai pour aller dans le
grenier. Je trouvai la boîte. Elle était couverte de poussière. Je soufflai dessus et vis écrit un mot
anglais « memories ». Je pris la boîte et allai dans ma chambre. Je l’ouvris et pris les photos. Il y avait
ma mère, moi... et un homme. Son visage était découpé. Dans le fond de la boîte, je trouvai un
papier sur lequel était écrit « Michael Anderson ». « Anderson », c’est mon nom de famille ! Je pris
mon ordinateur et tapa dans la barre de recherche « Michael Anderson ». Apparurent des articles : «
l’homme de la maison disparu depuis 1996 », ou encore « Le mari de Selena Anderson disparu peu
de temps après la naissance de leur fille Daisy ». Je compris donc que ce « Michael » était mon père.
J’empoignai mon sac et mis mon ordinateur portable à l’intérieur. Je rendis visite à mon voisin
préféré, Monsieur Brown, qui était toujours à mon écoute. Je sonnai chez lui. Il me fit entrer et me
demanda en quel honneur je lui rendais visite. Je lui montrai les articles et il m’affirma que Michael
Andersen était mon père et que certaines personnes disaient qu’il était mort, d’autres qu’il s’était
enfui. Je lui demandai aussi s’il connaissait Stéphane. Il me répondit que ma mère et lui se
connaissaient depuis le lycée et qu’il avait été le meilleur ami de mon père. A ma naissance, ma mère
et Stéphane se sont perdus de vue. Je le remerciai pour toutes ces informations et je repartis chez
moi. Je rangeai la boîte sous mon lit. Vers 18H, Stéphane et ma mère rentrèrent. Je descendis pour
regarder la télé.
Vers 22H, Stéphane partit. Je le suivis. Me voilà espionne ! Il passa par la forêt et alla dans la mine.
Ma mère m’avait dit qu’il n’y travaillait plus, qu’il travaillait non loin de là, dans une boutique de
fruits et légumes. Je me posais cinq cents questions : dois-je rentrer dans la mine ? Dois-je
attendre ?... Je réfléchis et pris la décision d’entrer dans la mine. Je descendis et arrivai dans une
salle remplie de flacons de différentes couleurs. Dessus, étaient marqués des mots comme « zombie
», « mutant », « cannibale »… Je continuais d’avancer quand, soudain, j’entendis comme des chaînes.
Je rentrai dans la pièce à ma droite, allumai la lumière de mon téléphone portable et vis des
hommes, ou plutôt des choses qui étaient attachées à des chaines. Ils étaient vraiment effrayants !
45
Quelqu’un ouvrit la porte. J’éteignis rapidement la lumière et m’enfuis par une autre porte, sans
regarder derrière moi.
Arrivée chez moi, je me souvins de la clé que j’avais cachée dans mon tiroir. J’attendis le lendemain,
le départ de ma mère pour la brocante du centre-ville, pour ouvrir enfin cette porte. Je découvris un
homme. Il était attaché à une chaîne qui l’empêchait de faire plus de deux mètres. Il était affamé,
énervé. J’eus vraiment peur ! Je partis chez Monsieur Brown pour qu’il me vienne en aide. Il entra
dans la pièce et fut étonné de voir qui était l’homme. C’était mon père ! J’étais terrorisée. Je ne
savais pas quoi faire. On entendit la porte d’entrée s’ouvrir. Je compris que c’était Stéphane qui
rentrait. On referma la porte à clé et on se cacha dans l’armoire. Stéphane ouvrit la porte avec le
double de la clé et jeta un énorme morceau de viande dans la pièce. Je compris alors que mon père
était cannibale. Stéphane repartit. Je racontais mes découvertes de la veille, dans la mine, à
Monsieur Brown. Il essaya aussitôt d’appeler la police avec le téléphone fixe qui se trouvait à l’étage
(mon téléphone portable n’avait plus de batterie). Stéphane m’avait entendu fermer la porte. Il
coupa le courant et le téléphone. Il devait se douter de quelque chose. Comment prévenir les
autorités maintenant ? J’eus une idée : j’attendis que Stéphane monte. J’avais demandé à Monsieur
Brown de se cacher dans ma chambre. Stéphane ouvrit la pièce où se trouvait mon père. Je poussai
de toutes mes forces Stéphane à l’intérieur, en direction de mon père. Je vis mon père lui arracher le
bras droit et le dévorer. C’était affreux ! Je descendis à toutes jambes et remis le courant et le
téléphone. Monsieur Brown put alors appeler la police qui arriva dans les cinq-dix minutes qui
suivirent. Les policiers embarquèrent Stéphane et ma mère qui venait de rentrer et qui était sa
complice. Mon père resta attaché pour le moment, jusqu’à l’arrivée de scientifiques. Je conduisis le
commissaire De Gaulle à la mine où nous trouvâmes l’antidote qui rendrait à mon père son
apparence. Je rentrai donc chez moi. Je déversai l’antidote sur de la viande et jetai le tout à mon
père. Rien ne se produisit. Ce ne devait pas être le bon antidote ! Les scientifiques emmenèrent mon
père et tous les autres hommes ( ?) dans leurs laboratoires afin de les sauver en trouvant un remède.
Stéphane avait avoué à la police qu’il avait voulu reconquérir ma mère et se débarrasser de mon
père. Pour cela, il avait joué au scientifique. Avec du temps, les scientifiques avaient trouvé un
remède. Pendant cette période, on accepta que j’habite chez M. Brown.
Lydwine LENGRAND
Elève de 3e au Collège Gayant de Douai (59)
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Balade mortelle
Q
uatre amis (Magalie, Alice, Arthur et Alain) se promenaient dans une forêt. Ils arrivèrent près
d’une mine qui semblait inactive depuis plusieurs années. Ils s’approchèrent afin d’explorer
les lieux. « Il y a quelqu’un, dans cette mine ? » cria Alain. Personne ne répondit. Il leur
semblait pourtant avoir entendu du bruit. Ils décidèrent d’aller visiter cette mine, sauf Arthur qui se
montrait réticent : « Il y a des fantômes dans cette mine. Je suis sûr qu’elle est hantée : mon arrièregrand-père me l’a dit l’autre jour ! - Arthur, tout le monde sait que les fantômes n’existent pas. Mais,
si tu ne veux pas venir, tu peux rester pour surveiller l’extérieur », lui proposa Alice. Arthur, apeuré,
refusa de rester seul et, finalement, il les suivit dans leur exploration. Une fois à l’intérieur de la
mine, il y avait un carrefour. Magalie décida que nous fassions des groupes de deux : Magalie et Alain
sur la droite, Alice et Arthur sur la gauche. Alice et Arthur arrivèrent dans une zone très sombre. Pour
oublier sa peur, Arthur parlait, parlait… Il disait à Alice à quel point il aimait Magalie comme un fou,
qu’il ferait tout pour elle, mais qu’il n’osait pas le lui avouer. Alice, l’écoutait d’une oreille car elle
était concentrée. Elle espérait trouver quelque chose de spécial, un trésor caché, des pierres
précieuses... Mais rien. Elle continua son chemin, écoutant toujours Arthur qui parlait de Magalie
comme si c’était la reine d’Angleterre. Il commençait à l’ennuyer. Elle s’arrêta net et demanda à
Arthur de se taire. Elle avait entendu un bruit. C’était peut-être seulement un rat ou quelque chose
dans le genre. Elle regarda au loin, vers l’obscurité, afin de distinguer quelque chose. Rien. Quand
elle se retourna de nouveau vers Arthur, il avait disparu ! Mais où était-il passé ? Il avait peut-être fui,
tellement il avait eu peur. Alice continua donc seule. Elle retrouva plus loin Magalie et Alain. Qu’estce qu’elle était contente de les retrouver ! « Mais où est passé Arthur ? demanda Magalie.
- Justement, je voulais vous en parler… hésita Alice.
- Nous dire quoi ?
- Arthur a disparu. Je l’ai perdu.
- Comment ça, disparu ? s’inquiéta Magalie.
- J’étais avec lui et j’ai entendu du bruit. Quand je me suis retournée, il n’était plus là. J’ai pensé qu’il
s’était caché dans une autre salle. J’ai alors regardé partout, mais aucune trace de lui. Je me
demande bien où il se trouve », expliqua Alice. Alain, que les paroles d’Arthur avait fait peur,
bégaya :
« Peut-être que les fantômes l’ont enlevé pour se venger !
- Se venger de quoi ? demanda Magalie.
- Nous sommes entrés dans cette mine. Peut-être que les fantômes cachent quelque chose qu’ils
veulent absolument protéger. Un trésor, peut-être.
- S’il y a un trésor, je veux le trouver ! s’exclama Magalie. Par contre, cette fois, on ne se sépare pas.
On ne risquera rien. »
Ils avancèrent en silence, éclairés par leur lampe de poche. Tout à coup, trois bandits apparurent
devant eux. Alain et Alice prirent la fuite. Magalie, pas assez rapide, se fit capturée par ces
personnes.
« Peut-être qu’Arthur s’est fait enlever par ces trois bandits ! dit Alain en courant.
- C’est sûr ! Ils ont dû enlever Arthur. »
Alice et Alain se sentaient mal à l’aise d’avoir laissé leurs amis. Ils décidèrent de partir à leur
recherche. Alice reconnut les lieux : une pièce où elle s’était arrêtée avec Arthur. Elle repéra un trou
bien dissimulé. Elle regarda à l’intérieur avec sa lampe. Il semblait mener à un souterrain. Elle se
retourna pour en parler à Alain. Encore un disparu ! Alain n’était plus là ! Alice était seule à présent.
Elle décida d’entrer tout de même dans ce trou. Il faisait très sombre. Même avec sa lampe, elle n’y
voyait presque rien.
Soudain, elle vit une lumière au bout du couloir. Elle continua donc en direction de cette lumière. Elle
se trouva en face des trois bandits. Non. En fait, ils étaient plus que ça : ils étaient dix. Alice regarda
autour d’elle. Elle vit Magalie et Alain, attachés. Mais pas Arthur ! Où l’ont-ils mis ? Qu’ont-ils fait de
lui ?
47
Heureusement pour elle, les bandits ne l’avaient pas vue : elle eut le temps de se cacher avant qu’on
l’aperçoive. Elle attendit que certains s’en aillent et que d’autres dorment pour sortir de sa cachette.
Elle en profita pour sauver ses deux amis. Ils coururent le plus vite possible pour ne pas être repérés.
Une fois bien éloignée, Alice demanda :
« Avez-vous vu Arthur ?
- Non », répondirent-ils.
Ils appelèrent la police qui captura les bandits. Ils avaient entendu parler d’un trésor. Ils avaient
capturé Arthur dans l’espoir qu’il les guiderait mais, comme il ne parlait pas, ils se sont débarrassés
de lui. Ils avaient eu de la chance ! Pas lui.
Magalie, Alice et Alain restèrent longtemps choqués de cette aventure et se promirent de ne plus se
lancer dans de telles explorations.
Mathilde DELFORGE
Elève de 3e au Collège Gayant de Douai (59)
48
Serial mineur
U
n soir, j’étais chez moi pour une soirée « films d’horreur » avec des amis (Lydwine, Sarah,
Maxime, Fama, Antonin et Tony). Alors que nous regardions le premier film, le téléphone
sonna. Lydwine répondit. Au bout du fil, une étrange voix qui lui dit :
« Vous allez mourir dans sept jours… »
Lydwine, affolée, lâcha le combiné et commença à hurler. Mes amis et moi allâmes la voir et lui
demandâmes ce qu’il se passait. Elle nous dit ce qu’elle venait d’entendre, ce qui nous affola à notre
tour. Pour ne plus penser à cette histoire, nous décidâmes d’éteindre la télévision et d’aller dormir.
Le lendemain matin, à notre réveil, Antonin avait disparu. Nous décidâmes d’aller à sa recherche. Il
n’était pas chez lui. Nous l’avons cherché des heures et des heures. Aucune trace d’Antonin. Comme
il se faisait tard, nous sommes rentrés chez nous, en espérant le retrouver le lendemain.
Six jours passèrent sans aucune nouvelle d’Antonin. Nous étions vraiment inquiets. Nous décidâmes
d’aller voir à la mine qui se situait à quelques minutes de chez lui. Arrivés sur place, nous nous
séparâmes en groupes de deux : Lydwine et moi, Maxime et Sarah, Tony et Fama. Maxime et Sarah
se dirigèrent vers la cabane qui se trouvait à côté de la mine. Antonin n’était pas à l’intérieur. Fama
et Tony partirent dans la forêt. Pas d’Antonin. Lydwine et moi allâmes voir dans la mine. Nous vîmes
Antonin pendu à une chaîne. Nous hurlâmes et nous dirigeâmes vers la sortie de la mine où nous
attendaient nos amis. Nous leur expliquâmes notre découverte : Antonin était mort ! La police nous
interrogea et nous reconduisit chez moi. Le tueur, nommé Sadou, nous avait suivis. Il parvint à entrer
dans la maison, sans qu’on le remarque. Quand on le vit, nous nous mîmes à courir et parvînmes à
sortir. Mais, le tueur réussit à attraper Tony, qu’il tua à coups de machette, devant nous, paralysés
par la peur. Fama reprit ses esprits et nous conduisit chez lui. Le tueur, rapide, devait s’en douter car
il n’avait pas tardé à arriver sur place. Il parvint à attraper Fama qu’il traîna jusqu’à son véhicule.
J’empruntai alors la voiture de mes parents pour suivre le tueur.
Voilà trente minutes que nous avions quitté notre quartier. Je le suivis discrètement jusqu’à un lac.
Le tueur commençait à attacher les mains et les pieds de Fama. Il le jeta ensuite dans le lac. Nous
n’avions rien pu faire pour notre ami qui mourut noyé. Comme ça ne captait pas, nous allâmes chez
Maxime. Le tueur nous avait repéré et, une fois encore, nous avait suivis. Il attrapa Maxime qu’il
poignarda dix fois avec un couteau de cuisine. Il ne restait plus que Lydwine, Sarah et moi. Nous nous
sauvâmes chez Sarah. Elle aussi se fit poignarder par le tueur qui, une fois encore, avait su nous
retrouver. Lydwine et moi décidâmes de partir chez elle. Nous nous sentîmes suivis. Nous courions,
courions, vers la porte de derrière mais nous n’étions pas assez rapides. Lydwine se fit attraper par
Sadou qui utilisa cette fois une tronçonneuse pour éliminer mon amie. Je me précipitai vers la porte.
J’eus des difficultés à l’ouvrir mais y parvins après un moment qui me sembla très long. Je claquai et
verrouillai la porte derrière moi. Plus aucun mouvement dehors, plus aucune trace de Lydwine ou de
Sadou. Je restais éveillé toute la nuit, de peur d’être surpris et de finir comme mes amis. J’appelai les
secours et leur expliqua toute l’histoire. J’appris que Sadou avait squatté la mine et qu’il ne s’y
trouvait plus. Qu’avait-il à nous reprocher ? Pourquoi suis-je encore là pour vous raconter cette
histoire ?
Maxence DUEZ
Elève de 3e au Collège Gayant de Douai (59)
49
Mineur - Soldat
C
’était un jour comme les autres, pendant la Première Guerre mondiale.
Sous terre et sur terre, c’était l’enfer : la guerre faisait rage.
Un jour, on est descendus dans la mine. Alors qu’on avançait, une explosion éclata. Nous
avons été projetés à plusieurs mètres du lieu où nous nous trouvions. Mon ami est mort sur le coup.
Moi, j’avais eu de la chance. J’étais en vie ! Mais pourquoi vivre pour mourir ensuite ? J’aurais
préféré mourir avec lui plutôt que de le voir sans vie. Je n’arrive pas à le supporter. Je dois pourtant
continuer à me battre pour lui, pour tous mes camarades morts pour la France. Depuis le début de la
guerre, j’ai perdu cinquante hommes et tous avaient une famille. Tous sont morts pour sauver les
générations futures, morts pour nos familles, morts pour la France. Maintenant, je dois aller sur le
front. On a besoin d’hommes. Je me sais condamné à mourir. Je me cale donc dans un coin tranquille
de la mine et commence la lettre qui sera sûrement la dernière que j’écrirai :
Mon amour,
Je t’écris pour te donner de mes nouvelles. La guerre fait rage. On meurt tous, les uns après les autres.
Il est difficile de faire son travail, d’extraire le charbon. Comme il manque des hommes sur le front, j’ai
été appelé pour aller me battre pour la France.
De ton côté, est-ce que ça va ? Les enfants vont bien ? Ils travaillent bien à l’école ? Ils sont sages avec
toi ? Je l’espère… Je suis heureux que vous ayez pu fuir tout ça. Je dois y aller. Je pense très fort à
vous. Je vous aime.
C’est peut-être la dernière lettre que je t’écris car, ici, c’est l’enfer !
Bisous, ma chère femme.
A ce moment-là, je ne savais pas ce qui allait se passer. J’ai plié la lettre et j’ai fermé les yeux. J’ai
pensé fort à ma famille, à mes amis morts. J’ai essayé de me donner du courage… le courage
d’avancer… Et je suis sorti de la mine pour rejoindre ceux qui allaient être mes compagnons d’armes.
On m’a montré ce qui semblait être une paillasse, ce qui allait faire office de lit. Je n’avais pas mangé
et, malheureusement, leur réserve de nourriture avait été bombardée. J’ai faim. J’ai froid. J’ai peur.
Je ne sais pas si je sortirai vivant de cette guerre meurtrière, mais je ne garde qu’une pensée : rester
en vie pour retrouver ma femme et mes enfants. La nuit fut courte. Le colonel nous appelle pour aller
au front. C’est ça, la vie de soldat ? Elle fut courte.
Ma chère femme, mes chers enfants,
Vous me manquez mais, de là-haut, je veille sur vous.
C’est avec l’image de vos visages que je me suis envolé, loin de toute cette horreur.
Pauline DOCO
Elève de 3e au Collège Gayant de Douai (59)
50
Moi, jeune et mineur
J
e suis un jeune homme. Je vis dans un village qui s’appelle Lewarde. Mes parents ne travaillent
pas. Je vais à l’école, les chaussures craquées, les vêtements usés. Ma mère se fait battre par
mon père. Il boit tellement que, souvent, il ne voit pas à dix centimètres de lui. Comme je n’aime
pas l’école et que j’ai 15 ans, j’ai décidé d’aller travailler pour aider ma mère à nous nourrir. Avec
l’argent que je gagnerais, nous pourrions nous laver plus souvent et, peut-être, mieux vivre.
J’ai commencé à travailler le 10 juin 1960. Je travaille au fond de la mine. Les mois passent et se
ressemblent. Sauf, ce soir où, en rentrant, je découvre ma mère accroupie au sol et mon père
allongé. J’ai tout de suite compris que mon père était mort. Ma mère se sentait mal et moi aussi. Il
fallait pourtant que je sois fort. La police n’a pas condamné ma mère. C’était de la légitime défense :
ils ont vu ses bleus.
J’ai donc continué à travailler à la mine. Par contre, j’ai commencé à tousser fort, à en cracher mes
poumons. Malgré le masque, j’étais très encombré. Les conditions de travail sont difficiles :
l’obscurité, la poussière, les rats qui nous passent entre les pieds… J’ai continué à travailler un an
encore comme ça puis j’ai dû arrêter. Ma mère a trouvé un travail. J’étais heureux pour elle.
Je n’ai pas tardé à la laisser vivre sa vie et j’ai quitté la maison. Comme je ne pouvais plus descendre à
la mine, j’ai trouvé un autre métier. Je travaille dans le bâtiment. Je me suis trouvé une femme avec
laquelle j’ai eu des enfants. Je suis heureux et nous ne gagnons pas trop mal notre vie.
La vie peut mal commencer mais rien n’est écrit d’avance.
Tony ROSSEEL
Elève de 3e au Collège Gayant de Douai (59)
51
Sortie en panne
D
ans un centre aéré du Douaisis, quatre moniteurs décident d’emmener un groupe d’enfants
de 9-10 ans faire une sortie. En chemin, les enfants se demandaient ce qu’ils allaient faire et
où ils allaient précisément.
« Nous sommes bientôt arrivés », dit un des moniteurs aux enfants excités.
Et ils arrivèrent enfin au musée de la mine de Lewarde. Les enfants étaient contents d’arriver et
avaient pleins de questions en tête. Les moniteurs décidèrent de faire deux groupes pour la visite. Un
groupe se dirigea vers la partie du musée où on pouvait voir comment se lavaient, se changeaient les
mineurs avant d’aller travailler, où ils allaient chercher leur matériel… Les enfants en profitèrent pour
prendre des photos : devant le train qui se trouve à l’extérieur, dans la « salle des pendus », des
photos de groupes…
Pendant ce temps-là, l’autre groupe arriva devant l’ascenseur qui les descendrait dans la mine. Un
moniteur faisait monter les enfants avec lui, deux par deux, tandis que l’autre surveillait le reste du
groupe. Les portes s’ouvrent à nouveau et le moniteur fait monter deux autres enfants dans
l’ascenseur. Il appuya sur le bouton et dit aux enfants :
« Ne vous inquiétez pas. Tout va bien se passer ».
Et PAF ! L’ascenseur tomba en panne. Le moniteur et les deux enfants qui l’accompagnaient
restèrent enfermés. Les enfants commencèrent à paniquer et demandèrent au moniteur :
« Quand va-t-il se décoincer ?
- Ne vous inquiétez pas. Quelqu’un va venir nous aider », répondit le moniteur.
Mais le moniteur n’était pas aussi rassuré qu’il le prétendait : il ne se sentit pas bien et tomba sur le
sol de l’ascenseur. Les enfants, qui étaient déjà paniqués, se mirent à pleurer, tellement ils se
sentaient perdus :
« Qui va nous aider maintenant ? »
Un des deux enfants essaya de se calmer et réfléchit :
« Les copains et l’autre groupe ! Ils s’inquièteront et appelleront les secours. »
Son camarade, malgré ces paroles, n’arriva pas à se calmer. Il tenta de réveiller le moniteur, qui finit
par reprendre connaissance :
« Où sommes-nous ? Aïe ! J’ai mal à la jambe ! »
Il s’était blessé en faisant un malaise. Il resta donc assis. Soudain, l’ascenseur se remit en marche.
« Nous sommes dans l’ascenseur ! cria un des enfants.
- Il ne faut pas trop bouger. On est là pour vous aider », dit une voix d’homme.
L’ascenseur cessa de nouveau de fonctionner : plus une seule lumière ! La panique reprit les enfants.
Le moniteur leur demanda de se calmer et leur expliqua qu’il fallait un peu de temps mais qu’ils
allaient être sauvés. L’autre groupe avait appris la nouvelle et attendait avec impatience le moniteur
et les deux enfants coincés. Après quelques longues minutes d’attente, la lumière revint et
l’ascenseur se mit à descendre. Il ouvra enfin ses portes et un employé du musée découvrit le
moniteur assis, tenant sa jambe, et les deux enfants paniqués.
L’employé appela alors des secours pour le moniteur. Les enfants et le moniteur résumèrent leur
histoire en attendant les pompiers. Les deux enfants purent repartir avec le reste des personnes du
centre aéré. Seul le moniteur blessé partit avec les pompiers. Une fois rentrés au centre, pour
remettre tous les enfants de leurs émotions, les moniteurs leur proposèrent un film comique.
Finalement, le moniteur ne s’était rien cassé et n’avait qu’une foulure à la jambe. Il est donc vite sorti
de l’hôpital. Les enfants, quant à eux, ont juste été choqués. Tout va bien pour eux. Maintenant, ils
évitent quand même l’ascenseur et préfèrent les escaliers. Et, si bien, c’est bon pour la santé !
Coralie POT
Elève de 3e au Collège Gayant de Douai (59)
52
Le grisou, ce poison
T
out a commencé en 1958, dans la mine de Lewarde, dans le Nord-Pas-de-Calais…
Les mineurs viennent de commencer leur journée. Un jeune arrive pour débuter sa première
journée de travail. Le jeune, non expérimenté, commence à extraire du charbon. Alors qu’il
s’affaire, une explosion retentit, un coup de grisou. Il y a une réaction en chaîne et tout explose…
Les secours arrivent mais cela semble déjà trop tard. Ils entrent dans la mine. Ils aperçoivent
plusieurs silhouettes, dans la brume formée par la poussière. Croyant qu’il s’agit de survivants, ils
s’avancent. Mais, en se rapprochant, ils se rendent vite compte que c’est une horde de mortsvivants. Les personnes venues pour secourir deviennent, à leur tour, des victimes : ils sont tous
décimés.
Les morts-vivants sortent de la mine. Personne n’aurait pu s’en douter. Les zombies s’avancent vers
leur première destination : le centre-ville de Lewarde.
Une semaine après, la ville de Lewarde est déserte, à part un ou deux zombies. Plus aucune personne
normale. La nouvelle se répand vite, on ne sait pas comment. Des chercheurs et scientifiques de
Douai cherchent une solution pour transformer tous les zombies en humains, pour les guérir.
Après plusieurs semaines, deux chercheurs ont trouvé la solution. Elles s’appellent Mme Bonne et
Mme Fobert. Des soldats répandent alors le sérum, grâce à des avions agricoles, et tous les zombies
reprennent leur forme normale.
Malheureusement, il y avait beaucoup de familles en pleurs à cause de tous les morts.
Lucas WAQUET
Elève de 3e au Collège Gayant de Douai (59)
53
Un jour tragique pour Tobyas
C
'était un jour banal, ou plutôt une aube banale, enfin pour quelques personnes. Pour Tobyas
en effet, ce jour n'avait rien d’ordinaire. C'était le jour où il devait partir à la mine. Dans
quelques heures, il devrait quitter sa femme, son fils, sans avoir la certitude qu'il les reverrait
un jour. À chaque descente dans la fosse, c’était la même angoisse. Ce qu'il redoutait le plus, c'était
de ne plus jamais revoir sa famille. Dans la mine, les accidents étaient plutôt fréquents. Le jeune
homme essaya de rester optimiste... Il pensa que même si il ne revenait pas chez lui, sa famille aurait
une maison et de quoi vivre. Tobyas savourait ces derniers instants de quiétude avant de prendre le
train. Ses affaires prêtes, il marchait dans la gare déserte jusqu'au quai où le train arriverait dans
quelques instants. Le sifflet retentit deux fois à l'attention des mineurs. Le train entra en gare,
interrompant ses pensées. Dans l’équipe de travail de Tobyas, ils étaient quatre courageux gaillards.
Le meilleur ami de Tobyas était Eric. Tobyas l'avait rencontré au café du village, lors de ses journées
de congé. Éric s'était engagé récemment comme mineur. Il voulait trouver un travail qui pouvait
permettre à sa famille de vivre confortablement, peu importe les sacrifices qu'il devrait faire. C'était
la première fois qu'il partait pour la mine. Un autre homme se nommait Hervé. Il était vieux et
racontait souvent, au café, quand il avait bu un ou deux verres de trop, qu'il était "né dans la mine".
Hervé avait de l'expérience mais même lui ne se sentait pas en sécurité dans la mine. Il disait qu'une
explosion ou un éboulement pouvait arriver n’importe quand. Le dernier homme était un homme
distant. Tout ce que Tobyas savait de lui, c'était qu'il s'appelait Vianet. Des rumeurs sur lui
racontaient qu'il était le seul rescapé d'un coup de grisou qui avait tué toute son équipe et qu'il avait
perdu l'audition d'une oreille suite à cette explosion. Alors, Tobyas et Hervé devaient tendre l'oreille
à sa place pour repérer le moindre sifflement du bois retenant les rochers au fond de la mine. Tobyas
avait appris lors de sa première expédition dans la mine que l'on utilisait cette sorte de bois comme
soutien car il avait la particularité de siffler avant de craquer.
Le chauffeur descendit du train pour saluer les mineurs, puis, après que les mineurs furent installés, il
démarra. Tobyas regarda peut-être pour la dernière fois le paysage de début d'automne qu'offrait
son village silencieux à l'aube. Après quelques heures de route, ils arrivèrent enfin sur le terrain de la
compagnie minière. Ils s'équipèrent, pendirent leurs affaires dans la salle prévue à cet effet et se
mirent en place devant l'ascenseur. Ils croisèrent les mineurs qu'ils devaient relever. Ces derniers
leur souhaitèrent "bonne chance". De la chance, se dit Tobyas, nous en aurons bien besoin... Ils
prirent alors l'ascenseur et descendirent dans la mine de charbon. En quelques dizaines de secondes,
ils arrivèrent en bas, à huit-cent mètres de profondeur. Tobyas et son équipe s'étaient répartis les
tâches dans le train. Éric, qui n'avait jamais mis les pieds dans une mine, dût rester près de
l’ascenseur pour s'occuper du chargement des wagonnets pour faire remonter le charbon. Hervé et
Vianet, quant à eux, s'occupaient des outils d’excavation au fond de la galerie. Tobyas chargeait le
charbon dans les wagonnets tout en surveillant le bois et le canari qui servait à indiquer la présence
d'un gaz.
Ils travaillèrent ainsi pendant de longues heures, sans dire un mot, à la lueur faible des ampoules
usées depuis des mois. Le soir, et chaque jour qui suivit, à la même heure, ils remontaient pour aller
se coucher dans les dortoirs de la compagnie minière, équipés d’un lit, d’une armoire pour ranger
l’équipement et de toilettes. Très tôt chaque matin, ils redescendaient dans la mine. Lors des rares
pauses, ils mangeaient leur « briquet », un simple sandwich ramené dans leur musette. Ils ne
buvaient que de l’eau ou un mauvais café coupé avec de la chicorée. La mine, il n’y a pas pire endroit
pour travailler, pensait Tobyas, le vacarme incessant des machines, la chaleur étouffante des
galeries, le danger constant des éboulements et des explosions, le matériel fourni vieux d’une bonne
centaine d’années... Un enfer.
Après deux mois de travail acharné, qui leur semblèrent un siècle, ils découvrirent un gisement
prodigieux de charbon, ce qui leur permettrait sûrement d'avoir une augmentation de leur paie et de
leurs congés. Tobyas, qui était resté avec Eric près de l’ascenseur, remplissait les wagonnets si vite
qu’ils n’avaient pas le temps de remonter. Les quatre travailleurs avaient chargé Éric de ramener le
canari près du gisement, mais celuici, sautant d'enthousiasme, l'avait posé à terre et avait couru vers
54
le gisement. Tobyas, toujours chargé de surveiller l'oiseau, fut totalement submergé par l'arrivée
continuelle de charbon et ne pensa pas un seul instant au canari, alors que celui-ci était déjà évanoui.
Alors, le gaz s'enflamma à cause d'une étincelle provoquée par le choc de la pioche sur la pierre.
L'explosion carbonisa deux des quatre pauvres mineurs, et provoqua un éboulement sur un des
survivants, laissant Tobyas évanoui au sol. Tobyas reprit conscience quelques instants après. Il eut
juste le temps de regarder quelques secondes la gerbe de flammes avancer vers lui avant de
s'engouffrer dans l'ascenseur. En haut, personne ne semblait connaître l'ampleur du drame qui se
déroulait en bas. Tous étaient souriants et travaillaient, insouciants. Tobyas courut vers le bureau de
la sécurité et informa les gardes de l'explosion qui avait précédé la disparition de ses compagnons. La
sécurité de la compagnie minière mit la journée entière à éteindre le feu qui s’était déclaré en bas.
Après deux jours de recherche intense, les mineurs retrouvèrent sous les décombres Éric, la jambe
cassée et le bras arraché, presque mort de soif, de faim, et de fatigue. Les deux rescapés apprirent
ensuite le décès de leurs compagnons, retrouvés morts calcinés sous une tonne de pierres. Eric dût
passer plusieurs mois à l’hôpital, mais ne put jamais retrouver l’usage de son bras gauche, arraché
lors de l’explosion. Le directeur de la compagnie fut complaisant avec les survivants, leur accordant
une maison de mineur gratuitement. Il les releva de fonction de mineur leur accordant leur retraite.
Trois ans après la catastrophe, Eric, fatigué et souffrant encore de sa blessure au bras, mourut d'un
cancer des poumons, dû à la poussière de la mine. Tobyas quant à lui put enfin s'atteler à l'éducation
de son fils. Il devint rapidement grand-père et put raconter son aventure dans la mine à ses petitsenfants.
Victor MATRAT
Elève de 4e au Collège Saint-Pierre de Calais (62)
55
À toute allure
C
e matin est une journée comme les autres dans la mine.
Je commence mon travail avec ma jolie robe et mon ami me complimente. Nous sommes
vraiment amis mais je suis un peu triste car travailler dans une mine ce n'est vraiment pas
facile, c'est très dur. Je commence ma journée de bonne humeur et tout d'un coup Pépito veut me
parler des sentiments qu'il a pour moi. Je ne sais pas quoi répondre je suis très timide à ce momentlà ! Est-ce-que moi aussi je dois lui dire que je l'aime ?
Nous continuons à parler. Parler de ce que l'on ressent l'un pour l'autre. Au moment où j'allai lui dire
que moi aussi j'avais des sentiments, il y a quelque chose d'étrange. Pépito n'a pas l'air très en forme.
Peut-être parce qu'il est ému. Je lui demande si tout va bien il me répond que tout va bien. Je
n'insiste pas et nous continuons à parler tout en travaillant. D'un coup, Pépito chancelle nous faisons
un arrêt. Je pars chercher le responsable de la galerie à toute allure. Mais lorsque je l’aperçois il est
en discussion avec le palefrenier. J'essaie d'attirer son attention mais il me fuit et ne me répond pas.
Il faut vraiment que je lui parle au plus vite.
Je vais rejoindre Pépito, nous faisons une pause mais Pépito veut continuer à travailler même s'il a la
tête qui tourne. Au bout de quelques minutes de marche il se sent plus faible et très fatigué. Nous
faisons une nouvelle pause mais Pépito insiste pour continuer le chemin. Je ne veux pas car je tiens
beaucoup à lui et je ne voudrai pas qu'il lui arrive quelque chose de grave. Pépito s'appuie contre les
parois de la mine. Je pars de nouveau à la recherche du responsable. Il est toujours en discussion. Il
faut vraiment que je l'interrompe. Au moment où j'arrive, j’entends la moitié de la conversation
« … ce n'est plus possible, il faut abréger ses souffrances.». Il faut vraiment que je l'interrompe car
c'est à propos de la santé de Pépito. Le chef continue de parler avec le palefrenier. Quelques instants
après le palefrenier essaie de me faire comprendre la réalité mais je ne sais pas comment réagir.
Il ne me reste plus que quelques jours avant de le départ de Pépito. Il va beaucoup me manquer. Je
me demande avec qui je vais bien tirer les wagons ?
Melissa KLOCK
Elève de 4e segpa au Collège Louis Pasteur de Noyon (60)
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Coup de cœur du Jury
Tom et Jerry
V
oici mon histoire. Les gens m'appellent Bernard. Je monte dans une cage qui descend dans la
mine tous les jours et je regarde les mineurs piocher.
Je voudrais travailler comme eux. Je voudrais tenir des pioches et tenir un marteau piqueur. Je
voudrais démarrer des machines comme la foreuse et quand je descends dans la mine je voudrais
remonter du charbon.
Souvent il y a beaucoup d'éboulements et de grisou ça fait très peur mais j'aime ce travail. Je veux
travailler mais j'ai plein de handicaps. Je ne peux pas tenir une pioche car je suis trop petit pour ça. Je
ne peux pas allumer des machines comme la foreuse car je ne peux pas atteindre le démarreur. Je ne
peux pas porter des vêtements car il n'y en a pas à ma taille.
Les gens qui travaillent dans les mines ne m’accepteraient pas de toute façon. Ils ne me voient pas
car je ne peux pas sortir de ma cage : je suis seulement là pour avertir les mineurs si il y a du grisou...
c'est mon rôle de souris.
Antoine BEKAERT
Elève de 4e segpa au Collège Louis Pasteur de Noyon (60)
57
C'est de la dynamite
J
e m'appelle Hitman, j'ai 36 ans, je suis un espion américain. Je suis venu pour détruire la mine.
Avant-hier j'avais rendez-vous avec mon supérieur. J'ai raconté ma journée au chef américain, je
lui ai expliqué les petits endroits où j'allais poser la dynamite, les petites cachettes, tout ça...
Hier, je suis donc descendu dans la mine à 2h30 du matin. Un gardien m'a vu descendre dans la mine,
il se demanda ce que je faisais ici à cette heure-ci. Il est descendu en me suivant, il a aperçu que
j'avais une dynamite dans la main et il me surveilla pendant dix minutes. Il remonta à la surface pour
avertir la sécurité mais avant que les agents de sécurité arrivent j’étais déjà parti. Je suis vite rentré
chez moi.
Il était 5h30 lorsque j'arrivais au puits avec mes collègues. Le gardien dit au chef qu'il m’avait vu. « Et
toi là, je t'ai vu ce matin », « ah bon où ça ? » lui ai-je répondu. « Je t'ai vu descendre dans la mine
avec une dynamite dans la main, je t'ai même surveillé pendant une longue période ».
J'ai travaillé toute la journée dans la mine avant de voir le chef américain comme tous les soirs. Je me
suis aperçu que le gardien était encore en train de me suivre.
En pleine nuit je sors de chez moi pour aller à la mine. J'arrive à la mine il fait noir et sombre. Je passe
par la grille. Je descends dans la mine, je pose les dynamites. Puis, je rentre chez moi pour aller voir
le chef et lui expliquer où j'avais planqué la dynamite.
Quelques heures plus tard, je pars au travail. Je prends mon briquet pour me préparer. Je dis bonjour
à tout le monde et je descends. Thomas me dit « Tu savais que le gardien d'hier est un menteur », «
Bah oui, je ne suis pas capable à faire ceci ». Tout le monde sort à la pause de midi, je sais que tout le
monde parle de moi ils disent que je suis resté dans la mine. Tout le monde descend voir ce que je
fais et ils me voient courir. « Pourquoi cours tu ? » me disent-ils. « Tout va exploser ! ». Ils n'auront
pas le temps de sortir.
Steven LUILLIER
Elève de 4e segpa au Collège Louis Pasteur de Noyon (60)
58
Un dernier pour la route
B
onjour je m'appelle Hamid, j'ai 30 ans, je suis né au Maroc à Casablanca. Je travaille dans la
mine de charbon depuis l'âge de 14 ans. Je dois creuser le charbon avec une pioche, prendre
le charbon avec une pelle et le mettre dans les wagons du chemin de fer attachés l'un après
l’autre et tirés par les chevaux qui doivent les transporter. J'utilise beaucoup d'outils comme le
marteau-piqueur, la foreuse et plein d'autres appareils qui font des bruits très forts et beaucoup de
fumée. J'ai un masque pour me protéger contre la fumée et un casque en fer.
J'ai un copain qui est berbère qui s'appelle Saïd, il a 25 ans, il est né à Agadir. Il travaille avec moi à la
mine depuis l'âge de 15 ans. J'ai commencé avant lui car je suis venu en France avant lui. Il doit faire
comme moi, on ne se sépare jamais.
Je commence à en avoir marre de travailler car je ne suis pas beaucoup payé et j'aimerai que mon
salaire soit augmenté. Saïd aussi il n'est pas beaucoup payé. Saïd et moi nous partons au bureau pour
aller voir le patron et lui dire que l'on veut une augmentation. Il refuse de nous augmenter. Saïd et
Moi, on lui explique que notre vie est très dure, que j'ai 3 enfants et que j'ai du mal à les faire vivre. Il
faut que je paie le gaz, l'électricité et le loyer. Il ne me reste plus beaucoup d'argent à la fin du mois
pour les nourrir et acheter un peu d'affaires. Pour Saïd ça va un tout petit peu mieux mais lui, il doit
payer plus que moi pour le loyer car il n'a qu'un enfant. Lui aussi il n'a pas assez pour acheter de la
nourriture et un peu d'affaires.
Finalement le patron a accepté de nous augmenter et il nous a rajoutés 450 francs de plus. Nous
sommes contents. Les autres employés sont jaloux car le patron nous a augmentés. Le patron décide
alors d'augmenter le salaire de tous les employés. Tout le monde travaille avec le sourire. Moi aussi
je souris.
J'ouvre un oeil puis les deux : je suis dans un endroit lumineux. Je vois une cafetière, des serveurs, le
barmaid, des bouteilles, une cave à vin et des clients qui parlent très fort.
Il faut que je rentre chez moi.
Elias ROCHDI,
Elève de 4e segpa au Collège Louis Pasteur de Noyon (60)
59
La grotte de l'ours
B
onjour je m'appelle Léonardo, j'ai six ans bientôt sept ans le 3 janvier prochain. Je travaille
dans une mine pour subvenir aux besoins de ma famille. Je suis d'origine italienne, c'est pour
cela que j'ai un petit accent. Ma mère travaille avec moi à la trieuse. Elle est très fière de moi,
elle me le dit souvent. Mais ce matin-là, elle est malade. Elle ne viendra au travail que plus tard. Alors
je me suis décidé, c'était ma seule chance de savoir ce qu'il y avait en bas dans ce sous-sol où les
mineurs reviennent si fatigués, malades ou pire encore morts. Je décide donc de prendre la cage
pour descendre à la mine. Je me mets dans un coin et j'attends que les premiers hommes
descendent pour aller dans la deuxième cage. Mais un groupe d'hommes arrive à ce moment-là et
me surprend : «Et petit, où vas-tu comme ça ? » me dit l'un deux.
«Je voulais juste voir quelque chose dans la cage. » répondis-je.
« Oui, oui allez c'est bon ! Tu as regardé, maintenant va travailler, ici ce n'est pas une place pour les
petits. »
Alors je fais semblant de repartir tête baissée. Je me cache à nouveau. Ils ne me voient pas. J'attends
qu'ils repartent... Cette fois, je vérifie qu'il n'y a personne et je cours dans la cage. Elle descend
doucement, doucement. Après quelques plusieurs longues minutes, j'arrive enfin. Il n'y a toujours
personne. Je me retourne pour regarder cette mine qui ressemble à une grotte d'ours, comme dans
les histoires que maman me lisait quand j'étais plus petit. Je profite qu'il n'y ait personne pour visiter
cette énorme grotte. Au fond de moi je sais que mon père est avec moi. Je lui parle comme s'il était à
mes côtés. Je marche depuis longtemps maintenant, je me sens fatigué. Je me couche par terre et
m'endors profondément.
Je me réveille en sursaut avec des bruits étranges. Je me demande depuis combien de temps suis-je
ici. Je me demande si la mine ne va pas exploser. Mais non, ce n'est pas ça. C'est quelque chose qui
craque, qui grince. Quel est ce bruit qui commence à m'inquiéter ? Est-ce que ce sont des souris qui
rongent le bois ? Non, le bruit est trop fort. Je m'aperçois alors que ce sont les poutres qui craquent.
Elles ne vont plus tenir longtemps. Je suis terrifié et me mets à courir en poussant des cris, en
appelant à l'aide. Je croise un groupe d'hommes et je leur dis de partir vite et d'aller prévenir les
autres que la mine va s'écrouler. D'abord, les hommes se moquent de moi et ricanent. Mais soudain,
ils entendent un énorme bruit et se mettent à courir sans se préoccuper de moi. Je tente de les
suivre mais je suis épuisé. J'ai le souffle coupé.
Lorsque ma mère me découvre allongé par terre elle me serre dans ses bras quelques secondes me
fait un bisou sur le front et me chuchote dans l'oreille quelques mots « Ne t’inquiète pas tout va bien
se passer ».
Elle fait tout cela pour me rassurer mais j'ai toujours cette angoisse. Mon coeur bat très fort et mes
dents claquent. Au moment où elle me soulève, une poutre s’effondre et bloque sa jambe droite. Elle
me dit de courir, mais une petite lumière s’allume au fond de moi et me dit de rester avec ma
maman. Je vois les larmes de maman couler. Nous sommes piégés dans cette mine. Tout s’écroule
autour de nous. Je perds connaissance…
Ça y est, nous sommes auprès de papa. Nous sommes réunis tous les trois dans la grotte de l'ours.
Catia NUNES MARTINS,
Elève de 4e segpa au Collège Louis Pasteur de Noyon (60)
60
Un jour ordinaire
M
a sœur n'a plus beaucoup de temps à vivre. Elle est de plus en plus malade. Ce matin
quand nous sommes allées à la mine elle avait du mal à marcher. Elle était essoufflée.
Je l'ai prise par le bras pour l'aider à marcher jusqu'à la mine. Je voyais qu'elle n'était pas
très en forme mais heureuse d'être avec moi. Malgré tout elle était souriante. Elle était contente de
travailler à la mine.
Ma soeur et moi trions le charbon, les plus gros morceaux sont pour moi et les petits sont pour elle.
Le patron gronde ma soeur. Elle ne va pas bien du tout, des gouttes de sueur brillent sur son front.
Elle ramasse le charbon lentement elle va de moins en moins vite…
Elle tombe dans les pommes !
Son coeur ne bat plus.
Cassandra DUCARTERON
Elève de 4e segpa au Collège Louis Pasteur de Noyon (60)
61
Lauréat catégorie Lycée
Souffle de vie
L
ewarde, 6h30, du bruit provient de la mine. Un fracas épouvantable secoue les murs de la
maison. L’onde de choc fait trembler nos frêles murs de briques…
Je m’éveille en sursaut, l’air est saturé de poussière. Les cris d’Albertine me percent les
tympans. J’entends ma mère, qui tente de la rendormir. Couché à mon côté, Jean se recroqueville
sous notre mince drap de laine.
A tâtons, je cherche la chandelle. Encore tremblant, je parviens à allumer notre seule lumière. La
chambre n’a pas bougé. Autant de poussière de charbon dans l’air. Le lit de Louise et Lydie est bien
bordé. Celui de Paul est ouvert, comme tous les matins. A côté de moi, Jean s’est rendormi. En bas,
Albertine s’est calmée. Mais j’entends ma mère marcher de long en large : elle doit s’inquiéter.
Je me lève, tout doucement pour ne pas réveiller Jean et je descends lentement les marches de bois.
Je trouve ma mère dans la cuisine. Elle serre dans ses mains osseuses une tasse ébréchée remplie
sans doute de café tiède.
- Tout va bien, Momo ?
- Oui. T’as entendu c’bruit ?
Ma mère pâlit. Je sens qu’elle a peur pour ceux de notre famille qui sont à la mine. Déjà avant-hier,
un coup de grisou a secoué notre village de Lewarde. Quand mon père est rentré, il nous a annoncé
que Marius, un ami de longue date, était mort sous leurs yeux, écrasé par une poutre. Même Louise
n’avait pas le coeur à chantonner.
- Tu veux bien aller voir c’qui s’passe ?
- Oui, s’tu veux. J’vais m’habiller.
Je remonte, passe ma culotte et mon gilet en silence. Dix minutes plus tard, me voilà sorti. Les gens
commencent à s’attrouper autour de la fosse. Je me précipite. De loin, je reconnais le tenancier du
café. Si quelqu’un doit bien avoir une idée de ce qui s’est passé, c’est lui. Je m’approche et le
questionne sur le bruit de ce matin.
- Et bah, on dirait ben qu’y a encore eu un coup d’grisou, gamin ! Et encore dans la seizième section,
j’dirais.
Je défaille. Mon père, mon frère et mes soeurs travaillent toujours là.
Je rentre en courant. Devant mon air affolé, ma mère comprend tout de suite ce qui s’est passé. Elle
me prend dans ses bras et me murmure de ne pas m’en faire, que tout ira bien, que peut-être le
tenancier était mal informé… Je l’écoute à peine. Je me rappelle des soirées de chant, en hiver,
quand on ne voulait pas aller dormir parce qu’il faisait trop froid. De mon père, qui souriait malgré sa
fatigue. De Louise, qui chantait, toujours de bonne humeur. De Paul, qui restait dans son coin mais
qui riait quand même de temps en temps. Et de Lydie, Lydie qui dansait et remuait toujours au risque
de renverser les brocs d’eau.
VLAM ! La porte qui s’ouvre violemment m’arrache à mes souvenirs. Dans l’encadrement se dessine
un homme corpulent, au visage crispé. Le contremaître.
Ma mère me lâche et nous faisons face à cette brute épaisse, qui, je le sais, est la terreur de tous les
mineurs de Lewarde. D’une voix bourrue et avec un sourire mauvais, il annonce :
- Il semblerait qu’y ait encore eu un coup d’grisou dans la section 16, dans l’boyau d’ton homme.
Personne n’est ressorti pour l’appel. Vous pouvez pas rester ici si personne bosse. Alors le p’tit là,
j’veux l’ voir après-midi dans l’fosse sinon j’vous fais expulser d’ici, compris ?
Il tourne les talons. Je me sens vidé, incapable du moindre geste. Ma mère se jette hors de la maison,
pour le rattraper et, je le devine, l’implorer de revenir sur sa décision. De nouveaux souvenirs me
submergent. J’ai 6 ans, je suis allongé sur le lit que j’allais plus tard partager avec Jean. Mon père m’a
sorti de justesse de la fosse où il m’avait emmené pour remplacer Lydie, qui était malade. Je tousse,
je crache, je n’arrive plus à respirer. Après un temps indéfiniment long, je parviens enfin à emplir mes
poumons d’air. Mes idées se font plus claires. J’entends à côté de moi une voix inconnue.
62
- Il a survécu. Mais je vous conseille de ne pas le renvoyer dans la fosse. L’asthme est une maladie qui
ne fait aucun cadeau aux mineurs. Il mourra s’il redescend dans l’enfer, croyez-moi !
Voilà. Cette déclaration allait changer ma vie à tout jamais : depuis je reste à la maison au lieu de
descendre aider mon père comme les autres.
De retour au présent, je vois ma mère dans l’encadrement de la porte. Les larmes aux yeux, elle
m’annonce que le contremaître n’a rien voulu entendre. Je me force à sourire, et je la rassure.
- T’inquiète pas. Je survivrais bien un après-midi. Et puis, si ça se trouve, papa va rentrer d’ici là.
Je passe le reste de la matinée à me préparer mentalement. Physiquement, c’est impossible pour
moi.
Midi sonne. Avec une infinie tristesse dans les yeux, ma mère me sert une tartine de fromage blanc.
Nous n’avons même plus de beurre pour contrer la fadeur du fromage. Sans un mot, je pars.
La traversée de l’allée qui me sépare de l’entrée de la fosse me paraît durer une éternité.
Lorsqu’enfin j’arrive devant la bouche de l’enfer, le contremaître me désigne la cage qui va
m’emporter au coeur de la terre. J’entre dans le clapier. Le voyage vers l’obscurité sans fin
commence. De mémoire, je dois m’arrêter juste après le sixième accrochage.
Je pénètre dans le boyau. Je me sens oppressé, mais je ne cède pas à la panique : j’ai promis à ma
mère de rentrer et je compte bien tenir cette promesse.
Tourner à droite, à gauche, monter, descendre… Ces galeries n’en finissent plus. J’arrive enfin sur les
lieux de l’accident. Poutres, berlines et charbon jonchent le sol. J’appelle mon père, mes frères et
soeurs jusqu’à ne plus avoir de souffle.
Personne ne répond. Je sais que c’est de la folie, mais au lieu de chercher à extraire le sang de rate,
j’entreprends de déblayer le passage. Mon dos gémit, mes épaules me font mal et mes mains
s’endolorissent à mesure que je tire et pousse les poutres effondrées. Je ne sais combien de temps je
travaille là. Toujours est-il que j’aboutis à une ouverture dans la roche. L’obscurité est si dense que je
manque de tomber dans ce qui semble être une vaste salle, taillée naturellement dans le ventre de la
terre. Je suis arrivé au bout du boyau creusé par ma famille. Je soupire, soulagé. S’il n’y a aucun
survivant dans cette section, il n’y a aucun corps sans vie non plus.
Mais très vite, une question se pose : où sont donc passés mes aînés ? La cloche qui sonne la fin de la
journée de travail pour les mineurs de jour m’arrache à mes pensées. Je m’achemine comme tous les
autres vers la plateforme grinçante qui doit nous emporter vers la lumière.
Arrivé en haut, je vois le contremaître qui nous épie. Je comprends que c’est moi qu’il cherche : je
n’ai pas remonté un seul gramme de charbon de tout l’après-midi. Par bonheur, la foule est trop
dense, et moi trop petit pour qu’il puisse me voir.
Comme je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle que j’ai là, je décide de passer par
le café. Le tenancier saura peut-être me conseiller.
Alors que je m’approche de la bicoque bondée, j’aperçois dans la ruelle qui mène au dépôt une
chevelure blonde… Je regarde avec plus d’attention. Louise !
Je m’approche, le coeur battant à l’idée de la savoir encore vivante. A ce moment je remarque une
autre silhouette à ses côtés. Une tête de plus que moi, les cheveux sombres… L’inconnu me
remarque, fait signe à Louise, et s’éclipse. Ma soeur se retourne.
- Momo ! Mais qu’est-ce que tu fais ici ?
- Et toi ? Pourquoi t’étais pas à la mine ce matin ?
Louise hésite un instant, puis se lance.
- C’est papa. Il nous a demandé de pas venir et de nous cacher au café. Paul et Lydie sont en haut…
Moi… J’ai décidé d’sortir un peu. Tu sais bien que j’tiens pas en place.
Elle rougit. Je me retourne. Personne ne nous a remarqués. J’observe ma soeur. Elle soupire, puis me
fait signe de la suivre. Nous surgissons dans la pièce du café, pleine de mineurs ravis d’être sortis de
terre. Louise oblique derrière le comptoir et monte à l’étage. Nous arrivons dans un petit salon. A
l’intérieur se tiennent Paul et Lydie.
- Qu’est-c’qui s’passe ?
- On doit fuir au coucher du soleil
C’est Lydie qui vient de répondre. Je reste bouche bée. Comment ça, fuir ?
- Et maman ? Et Albertine ? Et Jean ?
- Va les prévenir si tu veux. J’espère juste qu’ils vont pas nous ralentir.
63
Cette fois c’est Louise qui a répondu. Je continue.
- J’comprends pas. Pourquoi fuir ?
- Tu sais pas c’que c'est que d’travailler à la mine. On n'en peut plus. Et avant-hier, quand Marius est
mort... On a décidé de passer à l'action.
- Comment ça, passer à l’action ?
- Fallait qu'ils nous croient morts... J'espère qu'ils auront eu la frousse ce matin !
Je reste muet, sans comprendre de quoi elle veut parler. Derrière moi, quelqu’un toussote. Je fais
volte-face. C’est mon père. Il plonge ses yeux dans les miens.
- Momo, c'est moi qui ai déclenché c’coup d’grisou.
Gwendoline LEMAITRE
Elève de Terminale au Lycée Jessé de Forest d’Avesnes-sur-Helpe (59)
64
Cauchemars et Anthracite
L
ewarde, 6h30, du bruit provient de la mine. Depuis l’ouverture du premier puits de la fosse
Delloye, en cette belle année 1927, les alentours de la mine, sont devenus des plus
assourdissants. L’avènement de l’extraction du charbon, a rendu le monde bruyant. Le charbon,
a poussé au gigantisme. Les chaudières sont de plus en plus imposantes, la vapeur ne pouvant
circuler que dans des tuyauteries de cuivre sous pression, toujours au bord de la rupture. L’humidité
et la chaleur saturent l’atmosphère déjà pesante. Les machines sont lustrées, rouillées ou noires de
graisse, on n’entend plus que cliquetis, chocs sourds et grincements. C’est le silence qui est devenu
suspect. La déflagration a pourtant tiré Camille du sommeil. Des cris retentissent dans la cour
entourant les bureaux de l’ingénieur, du géomètre et du comptable quand une seconde explosion
secoue l’entrée de la fosse. Un coup de grisou ? La présence de ce gaz avait été suspectée quelques
jours plus tôt par des mineurs de fond mais la compagnie n'avait pas tenu compte de leurs
avertissements.
Non, la détonation parait trop forte. Des coups précipités à la porte de l’office sortent définitivement
l’ingénieur des dernières brumes de son rêve. Gaspard, un jeune haveur fait irruption dans l’office.
- « Pardonnez-moi M’sieur Vancroft mais il faut que vous veniez d’urgence. Les gars s’inquiètent. »
L’éclairage au gaz est indispensable une bonne partie de la journée, pour apporter un semblant de
lumière aux équipements, mais les piètres flammèches ne sont plus d’aucune utilité dans cette froide
matinée. L’air est irrespirable. Une épaisse fumée noire s’échappe de la fosse. Le choc a été si fort
que des débris et des chevaux ont été projetés, sur le carreau rouge sang, encore plus pourpre qu’à
l’ordinaire. Portes et fenêtres ont été ouvertes par l’impact. Ce n’est pas un coup de grisou mais un
coup de poussier. La première secousse a été provoquée par l’éclatement d’une poche de gaz, qui a
ensuite soulevé la poussière de charbon, celle-ci beaucoup plus explosive que le grisou a du
s’enflammer. La chaleur causée par le souffle a dû transformer les galeries en une véritable
fournaise. Tous les tunnels doivent être balayés. Camille sort un mouchoir de lin du veston vert
sombre de son complet trois pièces et l’appliquant sur son visage, s’avance vers la bouche noire du
chevalement.
Quelques câbles ont résisté, la descente reste possible pour porter secours aux victimes.
- « Gaspard combien d’hommes sont descendus aujourd’hui ?
- Une soixantaine, M’sieur, à 180m.
- Bien nous allons descendre à notre tour, je doute qu’il y ait encore beaucoup de survivants mais les
souterrains doivent être immédiatement consolidés. Amène du renfort. »
Camille contemple l’abime, un pli soucieux vient barrer son front balayé de mèches brunes, encore
emmêlés par sa courte nuit. Ses yeux émeraude s’assombrissent, son visage parait plus dur sous ses
sourcils froncés. Si l’ingénieur a tout d’un dandy edwardien, sa lourde charge l’a fait vieillir
prématurément, laissant les stigmates de l’âge bien visibles sur son visage. Cet incident est un
nouveau contretemps fâcheux.
Bien sûr, en tant qu’ingénieur, c’est à lui qu’incombe la sécurité de l’exploitation minière, mais il est
également investi d’une plus lourde tâche... Qu’arriverait-il si les équipes d’aides découvraient la
nécropole ? Il aurait à en référer au duc de Sancy. Cette perspective le fait frémir d’angoisse. Qui
aurait cru qu’encore maintenant un bourgeois comme lui céderait face à un noble déclinant ? Mais
Narcisse de Sancy n’a sûrement rien de déclinant. Il reste le représentant d’un savoir vivre désuet :
étiquette, danses… Qui s’occupe encore de ces frivolités ! Toujours est-il que ce chevalier de la
science et du progrès aux gouts exquis lui fera payer la moindre erreur si jamais son secret était
découvert… Abandonnant ses sombres pensées, il se détourne. Gaspard émerge de la lampisterie,
lourdement chargé. Il n’est pas seul mais accompagné d’une forme féminine empêtrée dans un
corset droit, ce blond ingénu n’amène décidément pas l’aide que Camille espérait.
- « Mademoiselle Hélène ! Que faites-vous ici ?! Retournez immédiatement vous mettre à l’abri. La
mine n’a pas encore été sécurisée de plus le nuage d’anthracite risque de gâter votre robe…
- Monsieur Vancroft, je n’ai que faire de mes dentelles ! Mon père est descendu ce matin, il devait
étudier l’ouverture d’une veine. Il n’est pas remonté. Il est sûrement coincé dans la nouvelle galerie
ouest ! Je dois aller l’aider ! »
65
Les femmes sont parfois impétueuses, Camille soupire, Mademoiselle Hélène Vangelis, fille du
Géomètre Eugène Vangelis est une forte tête, elle ne cédera pas.
Malgré son apparente fragilité, sa peau laiteuse et ses lourdes boucles rousses cachent un
tempérament ombrageux. Il ne sert à rien de tergiverser, un long discours suivi de larmes et de cris
ne feraient que les ralentir dans leur tâche.
- « Gaspard avons-nous assez de matériel pour la demoiselle ? »
Le mineur blond acquiesce et tend, dans un semblant de révérence bancale, une paire de lunettes de
protection et des gants de cuirs à la nouvelle venue. La tenue crasseuse laisse des marques sombres
sur la peau de la jeune fille mais ne l’enlaidit en rien. Cette nouvelle apparence lui donne un côté
sauvage des plus agréables.
Camille réprime un sourire. Quelle équipée ! Il s’est laissé aller et n’aurait jamais dû accepter une
telle situation. Se maudissant intérieurement il amorce la descente.
Les galeries sont étouffantes, comme prévu, la mine s’est transformée en tombeau. Plus aucun bruit
ne résonne entre les poutrelles. Les couloirs sont devenus invisibles. Le puits s’est transformé en
véritable enfer, le sol est jonché des cadavres. Les corps calcinés rendent la progression difficile. La
voix d’Hélène vient briser le calme.
- « Papa, tu es là ? Je suis venue te chercher… »
Sa gorge se serre sur les derniers mots. Retrouver des survivants dans ce chaos semble impossible.
L’adolescente ravale un sanglot. Contre toute attente, un gémissement lui répond. Serait-il possible
que le vieux géomètre soit vivant ?
- « Ma chérie ? Hélène ? Je suis là ! N’approchez pas ! Ce trou à rats est maudit ! »
Camille se fige… Le vieillard a compris ! Vivement, il attrape le bras de la jeune femme, ferme sous la
fine chemise devenue grise, geste vain. Agile elle se libère de son étreinte et court à l’aveuglette vers
la voix de plus en plus ténue. L’ingénieur secoue la tête. Trop tard. Dommage, il appréciait pourtant
la jeune fille. Suivi de près par Gaspard, il se lance à ses trousses. Un hurlement retentit à quelques
pieds d’eux. La cloison du cimetière a dû être soufflée. Tout va de pis en pis songe Camille. A regret, il
s’approche de la frêle silhouette agenouillée près du corps ensanglanté du géomètre bloqué sous un
étançon à côté du quel gisait les reliefs de son Briquet dans une sacoche carbonisée. Hélène a les
yeux tournés vers un trou dans la paroi. Son visage est figé dans un cri de terreur muet. Son regard
est tourné vers les hideuses bêtes agitées de soubresauts. Une expérience de Monsieur le duc qui a
mal tourné. Après le terrible conflit ayant opposé les puissances mondiales, Narcisse de Sancy avait
souhaité créer une armée capable d’en découdre avec le meilleur des spadassins. Il avait dans cette
optique et dans le plus grand secret, créé des hommes machines, assemblage de membres et de
rouages. Intelligents et immortels... Mais ces soldats d’un nouveau genre étaient devenus
incontrôlables.
Le duc étant incapable de les mettre à mort avait décidé de les emmurer et de les cacher dans les
tréfonds de la mine, là où jamais personne ne viendrait les chercher.
Les pauvres hères, prisonniers de la paroi maintenant à demi dévoilés agitaient spasmodiquement
leurs longs membres de laiton. Camille las s’accroupit auprès d’Hélène. Il prit délicatement son
visage de poupée, strié de larmes, entre ses doigts gantés.
- « Mademoiselle vous n’auriez jamais dû voir ces pantins. Ce secret doit rester enfoui et vous avec
dans les tréfonds de la mine. »
La vision d’Hélène se brouille. Le temps semble se dilater. Tout ceci est irréel, impossible. Camille les
yeux emplis de douleur sort lentement un revolver de sa veste noire, vise et tire. Gaspard baisse les
yeux. Fils adultérin du duc, simple prolétaire et galibot, il n’a pas son mot à dire. Il étouffe une quinte
de toux, ses poumons mis chaque jour à rude épreuve par l’inhalation de la silice, lui permettant de
cacher son désaccord. La silicose est une plaie pour les mineurs.
Hélène se réveilla en sursaut, tremblante entre ses draps. Pourquoi diable avait elle fait ce
cauchemar étrange ! Il n’était que 6h30 et le soleil se levait sur la mine de Lewarde, teintant de
pourpre les bâtiments surplombant la fosse.
Mazarine WAIRY DUPUICH
Elève de Terminale au Lycée Jessé de Forest d’Avesnes-sur-Helpe (59)
66
Le héros de la mine
L
ewarde, 6h30, du bruit provient de la mine.
« Jean, Harry, Jorge ??? Répondez, demandais-je.
-Ici Jean, je vais bien, Jorge est à côté de moi.
-Waouh !! Quel écroulement. Les gars, j’ai la jambe écrasée. Arthur, tu veux bien t’approcher avec ta
lampe, la mienne est foutue.
-OK, les deux chanceux allez chercher de l’aide, il y a une autre équipe dans la galerie 6, moi je
m’occupe d’Harry.
-Bien m’sieur, tenez bon, on revient. »
Je m’approche d’Harry, ma lampe me permet d’éclairer mon compagnon, nous voilà dans de beaux
draps, bloqués dans la galerie 9. C’est une nouvelle, on est dessus depuis 6 jours, quelle galère ! A ce
rythme, dans deux ou trois heures, on sera mort asphyxié si je ne parviens pas à débloquer ne seraitce qu’un peu cette galerie, nous n’avons pas d’apport d’air. Harry est blessé et ce n’est pas beau à
voir. Sa jambe est bloquée par les pierres qui se sont détachées de la paroi. La simple vue de sa
jambe m’écoeure, il y a du sang partout, mon premier réflexe a été de lui faire un garrot. Son os a
perforé sa cuisse. Le canari avait piaillé juste après l’éboulement mais il a fini par fermer son clapet. Il
faut dire qu’il m’avait tellement agacé que j’ai fini par attraper sa petite cage pour la balancer contre
la paroi sur laquelle nous étions avec Harry en train d’extraire le charbon lors de la catastrophe. J’ai
l’impression que chaque seconde passe avec lenteur. Harry a fini par tomber dans les pommes.
Quant à moi, je me débrouille pour tenter de déblayer les gravas mais il en tombe toujours plus. Pff
!! En tout cas, j’espère que Jean et Jorge vont réussir à atteindre la 6. Il faut dire qu’étant le plus
ancien c’est moi qui connaît le mieux ces galeries. Je suis un peu comme un grand frère pour eux,
c’est moi qui les guide dans les boyaux de la Terre dans lesquels on ne voit quasiment rien hormis ce
que nos lampes sont capables d’éclairer. Les connaissant, ils se sont perdus avant d’atteindre la
galerie ou alors ils se perdront bientôt dans le labyrinthe que représente la 6. Elle était déjà existante
lorsque je suis descendu dans la mine pour la première fois. Je suis épuisé, ça n’en finira jamais, dès
que j’entrevois l’autre côté de la galerie tout ce que j’ai enlevé est remplacé par de nouveaux
décombres. Harry s’est réveillé depuis quelques temps et ne cesse de gémir et de se plaindre de la
douleur qu’il ressent.
« Tu sais Arthur, je ne m’inquiète pas, Jean et Jorge vont y arriver, ils reviendront avec de l’aide. Au
pire, on y passera dans les boyaux de notre Terre bien aimée. »
Harry se force à sourire. Peut-être a-t-il raison ? Quoi qu’il en soit, je prie pour qu’ils reviennent à
temps nos deux gars. J’abandonne, à chaque fois que je commence à creuser, le trou se rebouche
immédiatement. Je descends avant de m’assoir à côté de mon compagnon. Je me laisse glisser, je
suis épuisé et l’air devient de plus en plus lourd et humide. Je crois alors entendre un bruit venant du
couloir principal, j’ai dû rêver…
« Les gars, Harry, Arthur ??
- Vous revoilà, eh bien vous en êtes mis du temps ! J’ai cru que vous vous étiez perdus.
-Waouh !! Quelle confiance en nous tu as Arthur, impressionnant…
-Allez, sortez nous de là maintenant, grouillez-vous, ça commence à être irrespirable ici.
-Doucement, doucement, on a couru tout du long, toute l’équipe de la 6 va bientôt arriver.
-C’est parti, John aide-moi mais on va devoir tout envoyer de votre côté alors Arthur va falloir que tu
récupère les débris avant qu’ils ne tombent sur Harry
-OK, allez c’est parti !
Ils commencent à pousser sur les pierres et les débris tombent de notre côté mais, comme toutes
mes tentatives, rien n’y fait, le trou se comble à nouveau. Une idée me vient alors en tête. J’attrape
ma pioche mais le manche est bien trop long. Je le casse de moitié avec difficulté. J’attends que mes
compagnons débloquent de nouveau une pierre, je la retiens avec difficulté et pose délicatement ma
pioche à sa place. La partie en fer de la pioche est appuyée contre le plafond de la galerie et le
manche bloqué entre deux débris ce qui empêche le trou de se reboucher. Je dépose la pierre
délogée avant de grimper sur les gravas pour respirer l’air « frais » qui provient de la surface. Nous
67
voilà bien arrangés, nous avons un apport d’air qui risque de se reboucher si l’on continue à retirer
les gravats.
J’entends des pas venir dans notre direction, c’est l’équipe de la 6 qui débarque.
« Arthur ??
-Oui, je t’écoute William. C’est lui le doyen de la 6.
-Bien ton idée est plutôt pas mal, maintenant que vous avez un peu d’air, on va retirer les gravats
dans un coin, de quoi vous frayer un petit passage, ça me semble être la meilleure solution. Qu’en
penses-tu ?
-Eh bien, je vois où tu veux en venir mais le problème c’est que Harry a la jambe écrasée sous ce tas
de cailloux.
-Il va falloir la lui couper, de toute façon, même si on arrivait à la dégager, il faudrait l’amputer étant
donné son état.
-Je ne suis… aaarrgg pas d’accord, je veux la garder, moi, ma jambe !
-Alors choisis petit : ta jambe ou ta vie ?
-Euh… dis comme ça… aahhh…la…la vie, c’est mieux !
-Alors c’est décidé, et en sortant d’ici, on ira boire un coup, concluais-je. »
Nous commençons donc à déblayer sur le côté gauche mais sans grande surprise le trou ne cesse de
se reboucher. Par chance, notre trou d’air, lui, ne bouge pas.
Alors que nous nous mettons tous à déboucher le côté gauche, Harry m’appelle avant de perdre
connaissance de nouveau, mais cette fois c’est du sérieux, il respire bruyamment, il a le souffle court,
son pouls a beaucoup ralenti.
« Tiens bon, mon p’tit ! je lui lance. »
Je préviens mes camarades aussitôt. Nous augmentons notre rythme de travail et enfin, nous
parvenons à débloquer le côté gauche, mais le passage est encore bien trop étroit. Alors que nous
retirons d’autres débris, le trou se rebouche violemment, ma pioche a lâchée. Nous retirons alors à
nouveau une pierre que l’un des mineurs de l’autre côté remplace par sa pioche pareille à la mienne
mais moins abimée. Nous nous remettons à la besogne. Je veille sur Harry, vérifie son pouls
régulièrement pour m’assurer qu’il est encore en vie. Il doit tenir encore juste un peu, on y est
presque. Nous parvenons à nouveau à débloquer un petit passage que nous agrandissons du mieux
possible. Lorsque le passage est enfin à la taille suffisante, on m’envoie une hache. Je coupe avec
dégoût la jambe de mon compagnon juste au ras des décombres. Le garrot posé au préalable
empêche le malheureux de se vider de son sang. Je sens sous l’outil l’os se briser. Beurk.
J’attrape Harry sous les bras et le tire jusqu’au passage laissant derrière nous une trainée de sang.
J’entends alors le manche de la pioche craquer. Hum. Nous ne passerons jamais à deux. Je n’ai pas
besoin de réfléchir. Je leur tends Harry, ils l’attrapent et le tire juste avant que tout ne se rebouche.
Voilà qui est joué, comme l’a dit Harry, c’est pas si mal de mourir dans les entrailles de la terre.
L’oxygène est redevenu rare depuis quelques minutes, de l’autre côté de la paroi j’entends qu’on
s’active mais c’est fini, je ne le sais que trop bien. Je suis heureux, après tout j’ai donné ma vie pour
un petit jeunot de 16 ans qui a la vie devant lui. Il pourra parcourir le monde et aussi réaliser son
rêve. Ah son rêve ! Je le connais par cœur.
« Un jour, j’irais à Paris et j’ouvrirais un commerce » qui disait l’petit.
Eh bien, réalise-le ce rêve, je te le souhaite. Je respire de plus en plus difficilement et ma vision se
trouble, j’entends encore les piaillements de ce bon vieux canari qui tout comme moi, sent la mort
approcher, et l’entraîner dans ses abîmes.
Arthur LEMAITRE (1815 – 1852)
Alyssia GALLIOT
Elève de Seconde au Lycée professionnel Fernand Degrugillier d’Auchel (62)
68
Se souvenir
L
ewarde, 6 h 30, du bruit provient de la mine. Alors que nous nous reposons pour le grand
événement un bruit aigu vient jusqu'à nous. Deux membres de l'équipe et moi-même décidons
de trouver la provenance de ce vacarme. Après plusieurs heures passées à chercher l’origine de
ce bruit nous finissons par comprendre, enfin nous le pensons. Le générateur de particules que nous
devons mettre en marche dans la journée rencontre de sérieux problèmes. Dans quelques heures
nous devons téléporter pour la première fois un homme dans le temps. Cette expérience a pour but
de savoir ce qui s'est réellement passé lors de la 3ème Guerre mondiale, pourquoi depuis ce tragique
événement nous n'avons plus aucun souvenir, mais aussi de connaître la mine, qui ne vit plus que
dans les livres et par les livres. A cet égard, les livres ne parlent que de la mine. Pourquoi cet intérêt
pour la mine ? Pour cela nous devons nous mettre rapidement et efficacement au travail.
J’ausculte le générateur. Je vois que le fil principal de la machine a été endommagé du fait d’un
éboulement de roches. Le bruit devient plus clair. Je fais appel à un membre de l'équipe qui soude le
câble. Nous nous évanouissons. Une fois réveillés nous levons, déambulons. Le bruit persiste. Je
comprends rapidement que le son ne provient pas du générateur ou d’un quelconque éboulement
mais du sous-sol. Nous prenons l’ascenseur (qui, à notre surprise, fonctionne) et descendons les
400 mètres qui nous séparent de la terre ferme. Avec stupeur, nous découvrons des mineurs en train
d’extraire des roches, de charger des berlines de charbon, de schistes et de grès. Le bruit du pic
contre la roche engendre donc ce bruit. Mon collègue et moi nous regardons et comprenons que lors
de notre malaise nous avons été téléportés par le générateur.
Nous sommes donc les premiers hommes à voyager dans le temps.
Florian HELLEBOIS
Elève de Seconde au Lycée professionnel André Malraux de Béthune (62)
69
Un bruit
L
ewarde, 6 h 30, du bruit provient de la mine...
Tout est noir dehors. Seule une lampe à pétrole éclaire l’entrée de l’ancienne mine, entrée
retrouvée lors des fouilles de la ville. L’entrée de l’ancienne mine se trouve désormais au coeur
d’une petite forêt, à la périphérie de la ville. Dans cette ville se trouve aujourd’hui un réseau de
métro assez important.
Un jour, un groupe d’hommes voulut descendre explorer la mine creusée il y a fort longtemps. Cela
dit, avant de descendre, ils durent remettre en état quelques poutres pour retenir le plafond en train
de s’effondrer à certains endroits. Les herbes, quant à elles, proliféraient. Une fois ces petites
rénovations achevées, l’ascenseur remis en état de marche, ils purent accéder au fond de cette mine
abandonnée.
En déambulant dans les galeries ils découvrirent des ossements de chevaux, de souris ensevelis sous
quelques morceaux de plafond tombés. Une vieille cage à oiseaux fut retrouvée par un des
chercheurs, mais aussi des minerais, des pierres de couleurs différentes. Une fois les galeries
restaurées, ils purent les faire visiter aux habitants de la ville et bientôt d’ailleurs. La mémoire des
mines et des mineurs demeure tenace.
Un jour, alors qu’un groupe de personnes visitait la mine, un tremblement de terre fit s’écrouler
quelques morceaux de roches. Les visiteurs durent se protéger sous un plafond fait de bois. La
surprise de ce tremblement ne laissa même pas au bois le temps de chanter et de prévenir le guide
de l’imminence du danger. Ce refuge était l’endroit où les mineurs mangeaient leurs briquets et
prenaient leurs courtes pauses à l’époque. Alors que le guide était en train d’évacuer les visiteurs, un
bruit plus violent et dont l’épicentre était visiblement plus profond se fit entendre. Tout le monde se
retourna. Ils crurent que cela provenait des vibrations d’un métro passant à proximité de la galerie.
Suite à cet incident, ils décidèrent de vérifier si les installations existantes étaient assez stables pour
pouvoir reprendre les visites. Après vérification, ils prirent l’initiative de poser quelques étayages de
renforcement.
Ils ouvrirent de nouveau la mine aux visiteurs. Au bout de quelques temps, un autre tremblement de
terre se fit ressentir, le même bruit que la première fois se fit entendre. Des chercheurs décidèrent
d’enquêter, de descendre plus profondément afin de comprendre.
Les tremblements furent de plus en plus intenses. Alors qu’ils regardaient les parois du fond d’une
galerie, ils virent un liquide rouge qui coulait et se déversait lentement sur le sol. Ils comprirent. Ce
n’était pas le métro qui faisait trembler la mine, mais la lave en mouvement en dessous. A force de
coups de pics et de pioches, les mineurs étaient descendus jusqu’aux entrailles de la Terre. 100 ans
après la fermeture des mines, en 2090, la mémoire des mines et des mineurs est toujours aussi
vivante et fait encore trembler les habitants de la ville et d’ailleurs.
2090, Lewarde, du bruit provient encore de la mine…
Adeline BAUDE
Elève de Seconde au Lycée professionnel André Malraux de Béthune (62)
70
Partager et apprendre
U
n concours sur la mine ? Quelle idée ? Notre professeur nous en parle et il faut écrire une
nouvelle. Pas si facile pour nous…. Le monde des corons, des mineurs, nous est inconnu….
Alors que le dernier puits a fermé il y a un peu plus de vingt ans…
Se renouveler ? En quoi ? Nous savons que Le Louvre a été construit sur un ancien carreau de mine et
c’est le monde de la Culture qui est implanté pas loin de chez nous. La culture ! En voilà un bien
grand nom ! La culture ce n’est pas que des tableaux, des sculptures mais c’est aussi comprendre des
modes de vie et connaître des nouveaux mots et apprendre à observer un paysage…façonné par des
hommes avant nous. Nous regardons par la fenêtre de notre classe et nous voyons au loin les deux
plus grands terrils miniers …. Nous savons qu’ils font partie de l’UNESCO, du patrimoine mondial de
l’Humanité et qu’un joli logo les symbolise.
Ces terrils, nous les voyons tous les jours en voiture : ils sont verdoyants par endroit et magnifiques
quand ils se coiffent de leur bonnet blanc de neige, mystérieux quand la brume recouvre les
sommets…. Nous ne les avons jamais gravis…..
Et puis, vient cette photo en noir et blanc : c’est un carreau de mine. Nous ne sommes jamais allés
sur un carreau de mine alors que dans nos familles, il y a eu des hommes qui sont descendus au fond.
Nous savons que certains sont morts jeunes, de maladie. Nous en parlons au professeur. Il dit que
c’est la silicose et il nous dit que c’était provoqué par l’inhalation des poussières de charbon ou silice.
Nous regardons cette photographie : nous observons et il y a une ligne de chemin de fer, une
structure métallique le long de cette voie et au loin des bâtiments. Une sorte de verrière et deux
tours métalliques avec des roues tout en haut. Ce sont des mollettes. Elles tournaient quand il fallait
que les mineurs descendent au fond.
Les idées naissent dans nos esprits de jeunes élèves et moi, je décide de m’intéresser à la vie de ces
gens. Je suis ahuri quand je vois d’autres photos : des garçons, tout jeunes, qui allaient apprendre
leur métier de toute une vie : mineur.
Il y en a un qui est interviewé : je m’intéresse à la vidéo et je suis abasourdi : cet adolescent a juste
15 ans, il a mon âge et il a déjà commencé à travailler depuis un an. Et je ne m’imagine pas moi, me
lever à 4 heures du matin pour prendre mon poste. Il y va, lui. J’admire son courage et je me rends
compte de la chance que j’ai.
Je découvre toute une culture qu’il faut préserver. La mine et ses mineurs, les familles, les corons, les
cités minières…. Noircies par le charbon qui s’incrustait partout…
Et puis je reviens à ma photo : j’imagine que de nombreux mineurs se rendaient quotidiennement
sur ce lieu et qu’ils marchaient de bonne heure le matin, l’après-midi ou le soir, pensifs, fatigués,
blaguant entre eux … Ils partageaient les mêmes souffrances, les mêmes joies, les mêmes craintes :
le coup de grisou terrible et terrifiant…. J’imagine leurs marches vers la salle des pendus, leur
barrette sur la tête, leur lampe, et la descente infernale vers les galeries sombres, étroites…. Et
pendant 8 heures au moins, ils utilisaient des pioches pour extraire le charbon…..Le moment du
briquet est leur seul moment de répit. Certains parlaient de leurs pigeons qui s’envolaient haut très
haut dans le ciel alors qu’ils vivaient dans les profondeurs de la terre…. D’autres parlaient d’un avenir
meilleur pour leurs petits gars qui ne deviendraient jamais galibots et qui feraient des études….
La mine restera la mine mais elle restera dans la mémoire des nouvelles générations si on parle d’elle
et des hommes qui l’ont faite. Les cités minières sont encore là, avec leurs maisons de briques
rouges ; quelques chevalements rappellent les emplacements des carreaux, les terrils deviendront de
moins en moins sombres car la nature va les habiller. La mine se renouvelle car il faut que sa culture
vive dans les récits, les visites guidées… Et moi, je la renouvelle à ma façon : j’ai décidé d’aller gravir
le terril du 11 /19 et je regarderai tout en haut le beau bassin minier….
Olivier JACEK
Elève de 3e PPRO au Lycée professionnel Voltaire de Wingles(62)
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Commémoration
D
es élèves , venus de toute l’Europe, étaient arrivés sur un ancien carreau de mine afin de
commémorer la tragédie de Courrières. Nous étions le 10 mars 2106. On entendait des
langues bien différentes, des accents chantants ou des accents plus rudes. Le chemin qui
menait aux bâtiments était éclairé « à l’ancienne » par des réverbères en métal pour converger vers
le site historique de la mine de Courrières Le jour n’était pas encore levé, mais ces élèves se
trouvaient au centre d’une commémoration historique. Le passé, il fallait le connaître. Beaucoup
d’entre eux avaient eu des ancêtres qui avaient travaillé dans les mines d’Europe. Ils connaissaient un
peu la vie des mineurs grâce à quelques photos jaunies et ils consultaient des archives numérisées.
Il y avait juste deux cents ans, des mineurs se rendaient au travail : c’était un jour de travail comme
les autres mais presque tous allaient vivre leur dernier jour dans les entrailles infernales de la terre.
Une atmosphère de recueillement emplissait l’air : le moment se devait être solennel… Deux cents
ans plus tôt, c’étaient le bruit d’une explosion, des cris et des pleurs qui avaient empli ce lieu.
Un guide s’approcha vers les groupes et il fit observer le chevalement. Ils ne savaient pas exactement
à quoi cela servait et le guide leur dit que les mollettes tournaient pour faire descendre dans des
cages les mineurs et aussi des chevaux au fond.
Les élèves se montraient très attentifs aux explications données par cet homme qui avait revêtu pour
l’occasion une tenue bleue, très étrange à leurs yeux.
L’émotion allait grandir car le chevalement avait été remis en ordre de fonctionnement par des
ingénieurs et la cage allait redescendre non pas des galibots et des mineurs mais ces écoliers d’un
nouveau siècle. Le chevalement allait revivre le temps des commémorations.
Par petits groupes, ces adolescents descendirent très vite dans des cages étroites et ils se
retrouvèrent à une profondeur de 900 mètres. Là, ils découvrirent un monde fait de ténèbres.
Certains toussotaient car l’odeur âcre du charbon demeurait dans les galeries aménagées. Que dire
des poussières respirées par leurs aïeux toute une vie… Que dire de ces galeries …. Certains jeunes
fermaient les yeux et ils entendaient des coups de pioches, de rivelaines, le hennissement d’un
cheval, l’appel d’un homme, les cris terribles de souffrance des hommes de la terre…1099 personnes
avaient péri là et une petite dizaine avait survécu….
Oui, en 2106, la mine s’était renouvelée : elle était là changée et le travail du souvenir se perpertuait.
Quand les élèves remontèrent, ils se réunirent sur la pelouse juste devant la structure transparente
en verre et 1099 pigeons furent lâchés dans le ciel très bleu de cette journée. Les haut-parleurs
diffusèrent « D’où qui chont ces mineurs ? » d’un ancien chanteur de la région. Oui, ils sont là les
carreaux, quelques corons, les chevalements, les terrils maintenant tout verts et le souvenir vivant
d’une époque de labeur, de courage et de fraternité. On célébrait encore les mineurs.
Ambre FRANCKELEMON
Elève de 3e PPRO au Lycée professionnel Voltaire de Wingles(62)
72
Tourisme minier
L
e tourisme en 2070, ce n’est plus de bronzer sur des plages ensoleillées, de partir à l’autre bout
du monde pour rencontrer d’autres cultures car nous vivons maintenant sur une planète voire
un gigantesque village uniforme. Maintenant, nous, les jeunes de 2070, avons besoin de
retrouver nos racines, les modes de vie des personnes qui ont vécu bien avant nous. Notre seul désir
pour notre groupe de trois amis, vivant bien loin de la France, était de retrouver, de renouer avec
notre famille du passé, celle qui vivait dans le bassin minier. Nous avons visité le musée du Louvre de
Lens qui a été construit sur un ancien carreau de mine. Nous avons vu dans le hall d’entrée du musée
une maquette réalisée par un ancien mineur, d’un carreau de mine. Nous savions qu’il y en avait un
pas très loin et nous décidâmes de visiter le musée historique de la mine. Nous arrivâmes sur un
vaste terrain verdoyant et au fond nous aperçûmes des bâtiments, une grande structure métallique.
Nous marchions le long d’une voie ferrée qui devait servir au transport des gaillettes. Près du
bâtiment de briques rouges, nous rencontrâmes un guide touristique qui nous proposa une visite du
site. Enthousiastes, nous allions découvrir la vie des mineurs car à notre époque, les mines sont
fermées depuis plus d’un siècle et les énergies nouvelles non polluantes nous autorisent des
conditions de vie bien agréables …. Bien loin l’énergie fossile, vitale à l’époque.
La visite commença par le fond. Nous prîmes la cage d’autrefois, et dans la galerie, le guide nous
expliqua le rude travail des hommes et là nous comprîmes le sacrifice de ces hommes qui vivaient
dans l’obscurité. Les mineurs risquaient leur vie mais nourrir la famille était la priorité.
En remontant et en revoyant le jour, nos yeux étaient éblouis par la clarté du jour.
Quel courage il fallait posséder en soi pour accepter d’extraire le minerai de charbon !
Comment imaginer que des enfants aillent aider dans les galeries ?
Nous ne pouvions que rendre hommage à toutes ces générations passées.
Ce carreau a évolué : c’est un musée et un centre d’apprentissage. Les écoliers viennent travailler sur
des documents d’archives et certains spécialistes en énergies nouvelles viennent travailler dans des
laboratoires. L’écologie est devenue une priorité pour nous descendants des mineurs.
Les terrils ne sont pas très loin. Nous allons maintenant en gravir un. Ce ne sont plus des montagnes
noires qui symbolisaient le labeur de ces hommes du fond. Ce sont aujourd’hui de beaux monticules
recouverts de végétation et nous avons hâte de découvrir une flore composée d’orchidées car le sol
des pentes est chaud et toute une vie animale s’est développée. La nature a repris ses droits. La vue
tout en haut va nous enchanter… Des enfants d’autrefois ont dû gravir ces pentes ; c’était leur lieu de
jeu au loin des cités… A nous là-haut de repenser à toute cette vie passée.
Julie BILLET
Elève de 3e PPRO au Lycée professionnel Voltaire de Wingles(62)
73
« Il a travaillé grave… »
U
n samedi matin, mon arrière-grand-père, m’avait emmené me promener avec lui, sur son
ancien lieu de travail, un carreau de mine… à l’abandon , une friche industrielle… Je voyais au
loin des bâtiments, un chevalement et tout autour des parterres d’herbe..
Grand-papy venait d’un village de Pologne, avait émigré dans le nord de la France et il me parlait de
sa jeunesse…J’aime cette sortie entre « hommes » et la relation particulière qui lie un petit-petit fils à
son aïeul. Je l’écoutais avec respect, son accent qui roulait les « r » me faisait sourire…Soudainement,
je me disais que si ce carreau désaffecté reprenait vie et je me mettais à la place du vieil homme…
Je pensais donc que cet homme avait été un jeune galibot âgé de douze-treize ans qui se rendait à la
mine. Au début, il devait être heureux en pensant qu’il allait devenir un homme. Comme son père, il
allait descendre au fond. Il était fier comme un soldat qui part à la guerre, « la fleur au fusil »,
espérant une victoire rapide…La réalité était tout autre : il avait compris que toute sa vie serait
marquée par un trop lourd labeur…
Il demeurait fier de travailler pour les besoins de sa patrie d’accueil et il accepta cette vie
d’abnégation.
Sa mère, elle, faisait tout pour sa famille et elle connaissait le monde noir des mineurs au fond et ses
mains rudes avaient gardé des traces noires indélébiles.
Elle avait été trieuse avant son mariage : elle séparait le bon du mauvais charbon et le mauvais
charbon deviendrait terril… Quel travail il fallait faire pour élever de tels monts si près des collines
d’Artois. Et puis, mariée et mère de famille, elle nourrissait ses hommes, ses mineurs, tout en
calculant ses sous car la quinzaine se distillait si vite…Et le jardin nourricier qu’il fallait entretenir…
Les études demeuraient un rêve si lointain… Pas pour eux mais pour les générations suivantes, leurs
descendants…
Aujourd’hui, je me promène avec mon arrière-grand-père… Je lui parle de mon concours sur la mine,
j’ai besoin de l’entendre…
J’observe le chevalement en m’appuyant sur une rambarde en fer. Cette dame de métal se dresse
encore bien droite vers le ciel alors que les mineurs rampaient dans des galeries bien trop étroites
pour des corps d’hommes, galeries bien trop noires qui offraient de si terribles conditions de
travail…Le danger guettait ces hommes si fraternels au fond… Un monde noir et rouge sang par un
coup de grisou, un monde de tragédie…
Les mollettes ne tournent plus au rythme des postes et les vestiges d’une vie passée pas si lointaine
demeurent.
Tout est silencieux, l’air pur me fouette le visage.
Merci grand papy de tes paroles…Grâce à tes paroles, la mine se (re)nouvelle car elle vit autrement
et j’aimerais que ce carreau devienne un chemin de mémoire car le galibot que tu as été, le mineur
que tu fus a « travaillé grave ».
Et ce sont ces mots qui ont fini notre promenade.
Ce sont des mots d’adolescent, d’un adolescent né en l’an 2000 qui vient tout juste d’avoir seize ans.
Je ne voulais pas inventer une histoire d’un paysage de mine qui va changer dans le futur. Je voulais
simplement redire ce moment.
Ce sont des mots d’adolescent et cet adolescent un jour, sera lui-même père et grand-père. J’espère
pouvoir emmener des petits enfants et des jeunes adolescents sur ce lieu de promenade, sur un lieu
si chargé de mémoire et je penserai toujours à tes mots et à ton accent si amusant !
La mine se renouvellera pas seulement en invitant des touristes sur les carreaux transformés, à la
création de musées, mais aussi par des paroles transmises de générations en générations.
Quentin WIECZOREK
Elève de 3e PPRO au Lycée professionnel Voltaire de Wingles(62)
74
A la mémoire de mon père...
L
ewarde, six heures trente, du bruit provenait de la mine, une fumée noire envahissait la galerie.
Soudain un éboulement de pierres s'abattit sur une quinzaine d'employés, des piqueurs à la
taille, des galibots pour la plupart mais aussi deux boiseurs et un porion. L'ascenseur le plus
proche avait dû céder sous le poids exagéré du charbon. Le choc provenant de la chute de
l'ascenseur s'écrasant lourdement au fond avait entraîné l'éboulement des boisages défectueux sur
les ouvriers, des hercheurs et le receveur également, ne laissant qu'un seul survivant, Franck
Delacroix, 30 ans. Franck le hercheur, avait une épouse ainsi que trois filles et une bonne nouvelle à
venir depuis quelque temps puisque sa femme attendait un garçon. Les secondes furent longues
pour le mineur bloqué sous les pierres, en plus de cela durant l'éboulement, il avait vu se dérouler le
film de sa vie.
Au fil des minutes, des craintes vinrent s'installer dans la tête de Franck surtout que toutes les
personnes redoutaient de mourir au fond des galeries mais le plus tragique était à ses yeux la peur
indicible de laisser à jamais sa famille. Ces deux pensées hantèrent son esprit durant un moment.
En se tournant sur le côté, l'ouvrier vit les corps sans vie de ses collègues, ou plutôt de ses meilleurs
amis, ils étaient très proches .En effet, ils vivaient tous dans le village aux alentours de la mine, ils
étaient ensemble toute la journée au travail puis le soir, au bistrot pour une chope ou un verre de
genièvre, plus tard encore autour des merveilleux repas de veillée que préparaient les femmes
quand les hommes partaient travailler. C'était ça qu'on appelait la culture ouvrière ....
Avec le manque de lumière, Franck n'avait plus aucune notion du temps, et, avec le fracas
assourdissant des pierres, il était abasourdi presque sourd. De plus, le temps semblait s'écouler si
lentement, une éternité même ..... Il avait la gorge sèche. Cela faisait quelques heures qu'il était
coincé dans le puits, prisonnier au fond de cette galerie éboulée. Il pouvait estimer cette
interminable attente à la faim et à la fatigue qui le gagnaient. L'odeur et la poussière du charbon
entraient et sortaient de ses poumons, il cracha noir la mortelle silice inhalée lors de l'éboulement
venue épaissir celle accumulée depuis des années déjà qu'il descendait au fond du puits.
Plus les heures passèrent, moins Franck crut qu'il allait réchapper de ce four meurtrier. L'espoir qu'il
avait de retrouver sa famille diminuait au fur et à mesure que les minutes s'égrenaient. Il tenta à
plusieurs reprises de se dégager du gravas, en vain, il était bloqué. Il essaya encore et encore mais
sans y parvenir, au contraire, ce fut pire car il s'exténuait davantage à chaque effort. Ses forces le
quittaient et le manque cruel d'oxygène faisait de sa respiration une lutte pour la survie. Il savait qu'il
ne fallait pas s'endormir ni perdre connaissance au risque de ne plus jamais se réveiller. Son esprit
embrouillé, confus, crut alors distinguer la voix d'Emile, son père, qui lui parlait à l'oreille, le suppliant
de s'accrocher à la vie, de se battre, ce qui le pétrifia. En effet, son père était mort douze années plus
tôt emporté par un coup de grisou qui avait décimé toute son équipe au fond d'une galerie. Après
environ quatre heures sous terre sans boire, ni manger, à suffoquer dans la chaleur étouffante, sans
voir un bout de lumière ou de lanterne, il voulut se laisser mourir mais quelque chose éclaira
doucement ses yeux. C'était la lumière faiblarde d'une torche qu'il aperçut au loin derrière des voix
sourdes dès lors il reprit espoir.
Ce fut alors un immense soulagement après ce long calvaire, écrasé par ces amas de charbon quand
il lui sembla reconnaître dans cette noirceur étouffante, le contremaître et d'autres hercheurs, suivis
de trois ou quatre galibots venus le sortir de cet enfer. Franck avait semble-t-il les jambes
sectionnées, écrasées, en charpie mais il était vivant! Après de longues semaines à l'hôpital, en
convalescence, il put retrouver sa famille et voir triompher la vie lorsque deux mois plus tard son fils
poussa son premier cri. Lui aussi un jour sans doute descendrait à la mine, c'est le destin des
Hommes du Nord, des gueules noires, depuis des générations et pour longtemps encore sans doute
Quentin LEFEVRE
Elève de Seconde au Lycée professionnel Romain Rolland d’Amiens (80)
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Un concours organisé par le Centre Historique Minier
Direction générale : Amy Benadiba, directrice-conservatrice
Organisation du concours et suivi de la publication : Virginie Debrabant, directrice des archives et
Karine Sprimont, directrice de la communication et du développement des publics, assistées de
Frédérique Delforge, assistante de documentation, Audrey Leleu, assistante de conservation, Virginie
Rickaert, médiatrice culturelle et Vincent Simonnet, chargé du développement des publics.
© Édition Centre Historique Minier – Avril 2016
Fosse Delloye – BP 30039 – 59287 Lewarde
Tél. : 03 27 95 82 82 – Fax : 03 27 95 82 83
www.chm-lewarde.com
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