Décryptage : San Francisco, en attendant le Big

Transcription

Décryptage : San Francisco, en attendant le Big
Portfolio
45
San Francisco, en attendant
le Big One
Source : US Archiv ARCWEB
Portfolio
47
San Francisco, en attendant
le Big One
San Francisco,
en attendant le Big One
Mercredi 18 avril 1906, à 5 h 15 heure locale, un violent séisme
frappe la ville de San Francisco, en Californie. Née de la ruée
vers l’or dans les années 1850, la prestigieuse cité est alors avec
ses 410 000 habitants, son grand port et ses activités financières
la plus grande et la plus florissante métropole de la côte Ouest
des États-Unis. Pourtant, le risque couvait. On la savait menacée,
étant située sur la faille de San Andreas. D’ailleurs, dans le passé,
la ville avait déjà subi des séismes importants.
Ce 18 avril, plusieurs secousses de magnitude 8,5 ébranlent le sol ;
elles sont ressenties jusqu’à Los Angeles, au Nevada et dans l’État de l’Oregon. Des immeubles s’effondrent, entraînant sous leur poids la rupture des canalisations de gaz. Se produit
alors un gigantesque incendie. Les flammes s’emparent de près de 25 000 immeubles. Les
conduites d’eau étant hors service, le centre-ville se mue en véritable fournaise. Quelque
500 pâtés de maisons sont réduits en cendres jusqu’aux quais. Les réseaux de communication sont anéantis. La ville est détruite à 80 %. En raison de la multiplication de scènes
de pillages, la police est autorisée à tirer sur les voleurs : 500 personnes sont tuées ou
blessées. D’autres villes proches sont également touchées comme San José, Santa Rosa
ou encore l’université de Stanford.
Le centre-ville se mue en véritable fournaise
La photographie montre un quartier de San Francisco après le séisme du 18 avril 1906 qui détruisit 80 % de la ville. C’est le premier séisme à être photographié et filmé. On voit des immeubles
effondrés, des ruines, ainsi qu’une épaisse fumée à l’arrière-plan. En effet, la rupture des canalisations de gaz déclencha un gigantesque incendie qui ravagea la ville pendant deux jours et qui
fut responsable de la majorité des destructions. Les maisons étant construites essentiellement en
bois, la propagation de l’incendie fut très rapide. En 1906, San Francisco était une ville en plein
essor, une « ville-champignon » née à la suite de la ruée vers l’or. Elle possédait vingt théâtres, un
opéra et un quartier d’affaires, symbole de la réussite de la ville, qui fut presque totalement
détruit.
La Californie se situe sur la faille de San Andreas. Longue de 1 000 km, la faille sépare les deux
plaques tectoniques du Pacifique et de l’Amérique du Nord, qui se frottent de manière latérale.
Les habitants de la Californie redoutent le Big One, nom donné au séisme destructeur qui dévasterait la région.
On dénombre officiellement 478 morts (les historiens avancent un nombre plus proche de
3 000 tués) et 250 000 sans-abri, soit plus de la moitié de la population. Des survivants se
dirigent vers Oakland, de l’autre côté de la baie, trouvant refuge sous des tentes provisoires
installées par la municipalité, notamment dans le quartier de Golden Gate Park et sur les
plages situées entre Ingleside et North Beach. 20 000 personnes sont hébergées dans les
5 160 baraquements construits par l’armée, mobilisée lors des sinistres majeurs.
Cette catastrophe eut des répercussions sur le développement de la ville : les industries, les
commerces et une grande part de la population migrèrent vers Los Angeles, pourtant installée le long de la même faille. Cependant, elle provoqua une prise de conscience de la part des
pouvoirs publics qui décidèrent d’accroître les investissements dans les études géologiques
et sismiques. Ainsi naquit la sismologie moderne.
Ce séisme ayant considérablement élargi la faille de San Andreas, les Californiens, comme
les experts, attendent avec résignation le Big One, le séisme fatal qui détacherait la Californie
du continent américain.
Vues de San Francisco après le séisme de 1906
Source : US Archiv ARCWEB
R&S
Retrouvez-nous sur le site
www.risquesetsavoirs.fr