Cactus 4

Transcription

Cactus 4
Cactus calamité
4
4
« La bouche est le presse-purée donné par la nature »
Monteeuis in Le Chemin du bonheur (la rééducation de soi-même) du Dr Victor Pauchet,
édition 1934
L’enfance
age au moment de
Décodage secret sauvet
Ezechiel
numérise.
la frappe le ballon se dé
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Je ne faisais pas de chât
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avec un rouge-gorge.
qui ramassait les feuilles
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Mais le rouge-gorge, lui
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pour eux ça dépendait.
jours beaucoup.
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À la fin
Et après tout ira bien
dit la voix
calmement.
À qui appartenait cette voix ?
Une petite fille ou un vieil homme ?
Impossible à dire, il ne voyait qu'une bouche
La douleur partout et une bouche paisible
La souffrance va se calmer
La bouche changeait de couleur
bleue, verte l'instant d'après
utre, elle ne
ns le regard de l'a
"Ce qu'elle voit da
peut l'éviter.
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fouet la sauvager
Elle prend de plein
qui l'électrides visages amis,
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colères faen un éclair à des
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rouches. Pourquoi
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langage des homm
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Elle porte une paro
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chair à l'unisson de
sous ses pieds nus.
est envies …"
Elle ne vit pas, elle
Frédéric Baillon
des couleurs vives,
le drap trempé de sueur
et une bouche isolée au milieu des douleurs.
Et après, tout ira bien
Une infirmière ?
Ça pourrait être une infirmière
Ça n'était pas une infirmière
Il le savait
à la fin, tout ira bien
C'était vrai
Il le savait
à la fin
Tout ira bien
à la fin.
Elie Guillou
Eric Denis
https://www.youtube.com/watch?v=4EbPEg2mCZk
es.
http://www.formes-viv
org/bader/
Souffrance en France
mercredi 15 juin 2011
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J'ai prévu de
aujourd'hui, c'est férié.
De pas si bon matin car
ns de ma
est 10h30 et je me souvie
bosser au Studio A&M. Il
déjeune
ce dimanche: "- Jeudi on
discussion avec Mathieu
is la mousimais bien quand tu porta
ensemble? - Oui, mais j'a
he. - Yes!"
fait un déjeuner moustac
tache. - Ok, alors on se
une
moustache,
deuse... C'est parti!
10h40, je dégaine la ton
un trucker
xique, Freddy Mercury et
10h43, je suis entre le Me
pas Queen! de l'Arkansas.. Et j'aime
t dire
ence à m'enrhumer. Fau
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En plus je sens qu
s qu'il y a du
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qu'à force de faire du vél
soleil...
Lazare. Une
bicyclette direction St
11h10, j'enfourche ma
e rouge, les
soleil + lunettes + casqu
fois n'est pas coutume,
ache. Hommes,
tournent vers ma moust
visages, les regards se
s jeunes...
Regards amusés des plu
femmes, chiens et loups.
Envieux?
re de St Cloud.
di quand j'arrive à la ga
Il est un peu moins de mi
t de retour ne
a qui j'achète mon ticke
Le guichetier de la SNCF
En serait-il?
bronche ni ne sourcille.
et moi retroupar le studio A&M, Alex
Après un court passage
U-tartare.
trot, troquet, bière-PM
vons Matal. Déjeuner, bis
ses rouflaousquetaire associés à
Matal et sa moustache-m
en entrée.
commandent du hareng
quettes à la Neil Young
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Déroutés. Pour se déma
tal nous cite
Ma
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Nous discourons, nous rio
ns le Perche.
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un article du Larousse Mé
ion des sens,
Bérillon serait une invers
L'uranisme selon M. le Dr.
Ou qu'est-ce?!
rat au profit de la vue.
une diminution de l'odo
. Mais nous
ller. Mathieu et moi aussi
Alex doit retourner travai
lc" puis je reitare. Nous écrivons "Ta
préférons jouer de la gu
tard au Studio.
tourne deux heures plus
ou
réponse
à la
théorie
uraniste
Dr
du
Berillon
[...]
e me
là... Marin
mouche, je me rase et
Le soir, je rentre, je me
moi avec la moustache"
dit: "Je te trouvais beau
Jonathan Lévy
Dans le vent qui ricoche
les cimes de l’Amazonie,
histoire, celle de la fille
C’était une chasseuse de serpent.
Elle le payait cher, en son âme et sur sa peau.
Elle le payait sur sa peau par cicatrices ; en son âme par ce
regard d’absence qui inondait parfois ses yeux, débordant vite
sur le visage autour.
Elle s’appelait Sita et sa peau était brune, parfois rose, par
cicatrices. Elle s’appelait Sita et les animaux qui ne voient pas
la couleur savaient tous qu’elle n’était pas noire ou blanche.
La peau de Sita était de ces bruns doux qu’on ne retrouve que sur l’écorce
lisse, quand les ombres moites et profondes s’abattent sur le cœur de la forêt.
Sauf pour cicatrices : les balafres des troncs se gonflent de veines beiges, révélant la tendresse végétale de leur sein, le sein de Sita aussi était tendre et clair
mais, lui, du rose des bêtes que le sang teinte.
Sita n’avait pas peur des autres bêtes de la forêt, elle ne leur en voulait pas
d’être différentes d’elle, rien n’était vraiment comme elle. Elle ne se sentait de
ressemblances ni avec les autres femmes, ni avec les autres chasseurs, ni même
avec les autres animaux solitaires de la forêt.
Seule. Elle était seule a être tout cela à la fois et rien de tout cela vraiment.
Sita avait le visage des femmes et les cheveux des femmes, elle avait la nuque et les
seins des femmes, Sita avait les fesses des femmes et la taille des femmes, elle avait
le sexe des femmes et était presque couverte de cette peau de douceurs qui ne couvre
que les femmes. Sita avait les longs membres fins des femmes terminés de pieds et de
mains aux silhouettes fines et graciles. Mais au creux de ces pieds et au creux de ces
mains se rependaient des paumes connues d’aucune femme, des paumes dures, sèches,
griffées, épaisses, des paumes sans age, presque reptiliennes : les paumes du chasseur.
Et c’est du chasseur que Sita portait les cicatrices. Le collier rose qui constellait sa
taille et ses jambes ne ressemblait à aucun bijou, à aucune parure des femmes du
village. Ces points clairs, ces trouées pales sur la peau sombre, ceux du chasseur... Mais
aucun chasseur n’avait jamais eu ce rose sur le ventre comme Sita.
Les cicatrices que Sita avait à la taille étaient uniques, elles ne pouvaient être que celles
d’une femme et celles d’un chasseur, car sa petite taille la forçait à aller plus profond
par son corps qu’aucun homme avant elle. Sita permettait ce que tout homme évitait
avant tout, elle laissait son sexe aller jusque dans la bête.
Sita est chasseuse, elle chasse des serpents. Des serpents, Sita chasse le plus gros et le
plus vorace, Yacumama, mère de la rivière, et l’on ne sait jamais si parfois elle a peur. Mais
Sita n’a plus jamais faim et cela a peu d’importance si elle doit un jour être mangée à son
tour.
Sita chasse seule, elle sait que c’est interdit, mais c’est une femme, les règles ne la
concernent pas. Sita chasse seule, elle sait que c’est dangereux, seul on
peut être dévoré sans secours, seul dans les roches au fond
de la forêt, personne n’entends les cris.
entre les roches des Andes et
on a peut-être entendu cette
qui chassait Yacumama.
Dans chaque combat entre le serpent et elle, le serpent a sa chance : elle a son couteau, il a ses dents,
si ses bras lâchent c’est lui qui gagne. C’est une rencontre entre deux faims, entre deux nécessités de
survivre.
Mais voilà, Sita n’a jamais été dévoré. Sita chasse, serpent après serpent, et c’est elle qui dévore.
Ce qu’elle ne pouvait manger d’un serpent avant que sa viande ne se gâte, Sita le donnait aux membres
de la tribu qui l’acceptait avec une gratitude inquiète. Les hommes ne parlaient presque pas de Sita,
les femmes non plus. Elles avaient peur de ce qu’elle leur disait sans un mot, eux aussi. Car jamais
personne, personne, ni même le Dandé, n’avait attrapé seul autant de serpents que Sita et cela lui
valait ce respect mêlé de crainte que l’on réserve d’ordinaire aux choses sacrées. Certains disaient qu’en
mourant, le grand chasseur Dandé avait donné ses pouvoirs à Sita.
Les anciens racontent qu’il y a bien longtemps, du temps où le Dandé avait cessé d’être un enfant,
Yacumama avait décidé de mettre les Hommes à l’épreuve. Jusqu’ici, les Hommes avaient toujours vécu
dans le respect et la crainte de Yaguareté, seigneur félin de la forêt à la robe tacheté et aux longues
dents d’ivoire, et de Yacumama, maîtresse reptile des eaux au corps luisant et interminable. L’esprit
félin et l’esprit reptile ne s’attaquaient que rarement aux Hommes et, quand cela arrivait, c’était pour
leur rappeler les limites de leurs royaumes : parfois un pécheur disparaissait dans la rivière alors qu’il
tentait de tirer son filet ; parfois on retrouvait un chasseur le corps lacéré de coups de griffes. Il en
était ainsi. Il arrivait que Yacumama et Yaguareté se battent entre eux, on ne savait jamais vraiment qui
commençait mais c’était toujours terrible. Il était arrivé qu’on les retrouve tous deux morts, les crocs
du félin serrés sur la gorge du serpent qui l’avait étouffé. On priait alors beaucoup pour ne pas que les
esprits entrent en guerre. Un jour pourtant, vengeresse, Yacumama été entrée en guerre. Elle s’était
multiplié partout dans la rivière qui entourait le village et avait mangé
le gibier dont, d’ordinaire, se nourrissaient les hommes et Yaguareté.
Plus Yacumama s’étendait et plus le gibier se faisait rare, tant et si
bien que certains avaient pu voir Yacumama se dévorer elle-même.
Yaguareté été parti de la forêt. La faim commençait à s’abattre sur
les êtres humains et les baies ne suffisaient plus à nourrir le corps des
Hommes. La vie du village s’était presque arrêtée.
C’est alors que le jeune Dandé avait adressé ces paroles aux membres du village : “puisque Yacumama mange notre nourriture, alors nous mangerons Yacumama”. Les autres avaient eu très peur, ils
pensaient que Yacumama s’attaquerait au village. Les pêcheurs qui rencontraient souvent Yacumama
disaient que qui mangeait du serpent deviendrait serpent à son tour. Mais le Dandé était parti avec son
couteau dans la forêt sans que personne ne puisse l’en empêcher. Au bout de cinq jours, il était revenu,
vivant, avec un long serpent sur le dos et des petites blessures sur les jambes et tout le monde avait
pu manger ; personne n’était devenu serpent. Ainsi le Dandé avait inventé une nouvelle chasse, ainsi le
village avait répondu a l’épreuve de Yacumama et combattait à son tour. Ainsi le Dandé avait acquis le
respect de tous.
Sita chassait comme elle avait vu, depuis l’enfance, son vieil oncle Dandé le faire. Lui aussi chassait
seul – il y avait parfois des chasseurs solitaires – mais le Dandé était un homme. Le Dandé n’avait pas
voulu que Sita apprenne la chasse, ou s’il l’avait voulu il ne l’avait pas montré, mais il savait que Sita
qui n’avait ni mère, ni frère, ni sœur devait apprendre à se débrouiller seule et c’est pour cela qu’il l’emmenait dans la forêt avec lui. Il l’avait laissé venir avec lui et l’observer, mais jamais elle n’avait eu le
droit de l’aider.
Comme le Dandé, Sita traquait la piste de Yacumama pendant des jours dans la forêt jusqu’à ce qu’elle
ait trouvé sa tanière. Puis, elle glissait ses fines jambes brunes dans l’obscurité en prenant soin que ses
bras puissent se retenir à la paroi. Là, elle attendait. Il fallait parfois des heures pour que le serpent ne
se décide à l’engloutir, il pouvait aussi le faire à l’instant même où les pieds de Sita s’approchaient de
lui. Il fallait rester très concentré car le serpent tirait très fort.
Yacumama se méfiait d’une proie qu’elle n’avait pas chassé, d’une proie qu’elle n’avait pas eu a lentement étouffer avant de l’avaler. Alors elle restait longtemps immobile comme pour se faire oublier.
Alors, pour l’adoucir et l’appeler, Sita chantait la chanson que chantait le Dandé :
Puissant serpent guerrier de l’onde
Entend mon chant, entend ma voix
Serpent des eaux, mère féconde
Je viens vers toi, je m’offre à toi
Si tu sais bien me dévorer
Je serai à toi tout entier
Mais gare à toi si tu ne sais
Ce sera moi qui mangerai
Puissant serpent guerrier de l’onde
Entend mon chant, entend ma voix
Serpent des eaux, mère féconde
Je viens vers toi, je m’offre à toi
Sita chantait aussi longtemps qu’il le fallait tout en agitant doucement ses pieds comme une bête que l’on étouffe et, toujours, le serpent finissait par succomber. C’est un des dangers de la chasse solitaire, dans l’attente on peut s’assoupir et se faire entraîner sans avoir eu le temps de
réagir. C’est ainsi que Sita avait vu le Dandé se faire engloutir alors
qu’elle cueillait des baies à quelques pas. Elle avait retrouvé, au
seuil, le couteau et la gourde qui étaient devenus les siens.
La première morsure, cela se produisait toujours de la même
manière. Elle sentait subitement les petites dents recourbées
vers l'arrière se serrer sur ses pieds, comme si le serpent redoutait
qu'elle ne fuie, elle qu'il n'avait pas eu a chasser. A ce moment,
Sita ressentait toujours un frisson lui remonter depuis ses mollets
jusqu'à la base de sa nuque, comme les cris qui envahissent la forêt
quand deux tribus s'affrontent. Tout entier, le corps de Sita entrait
en guerre. Et sa guerre était froide comme celle du serpent avant
l'attaque, elle devait lui laisse croire qu'il n'y aura pas de combat,
qu'il est le prédateur et qu'elle est la proie. Elle résistait juste assez
pour ne pas se laisser entraîner dans l’abîme avec le monstre. Ses bras
tenait les bords du trou et opérait une danse étrange : ils poussaient
pour approcher la bête de l'extérieur, puis se détendait un peu pour lui
laisser avaler un peu plus le corps de Sita avant de recommencer. Ainsi
Sita sentait la mâchoire grimper lentement le long de son corps passant
des pieds aux mollets, des genoux aux cuisses, du sexe au ventre. Quand
elle sentait les dents fermement verrouillées sur son ventre, Sita poussait
brusquement sur ses bras pour faire sortir la tête reptilienne de son trou et
se saisissait du couteau d'os qu'elle gardait a cote pour le planter en travers du
crane de la bête sans se percer l'abdomen. C'était le moment le plus dangereux
pour Sita. Elle avait trop peu de force pour retenir la traction du serpent a
un bras et il lui fallait pourtant lâcher prise pour prendre le couteau.
Il fallait que le couteau ait perce la tête du serpent avant qu'il
n'aie pu la rentrer ou tout était perdu. Quand la pointe
de la lame ressortait de l'autre cote de la tête, Sita
devait encore retenir la formidable aspiration du
serpent déployant subitement toute son
énergie pour repartir se terrer au
fond de son trou a l'annonce de
la mort avec son coude et sa main
libre, tout en tournant la pointe d'os pour précipiter l'agonie du serpent. Dans cet instant d'une violence folle et
pourtant comme suspendu, alors qu'elle sent doucement la raideur envahir ce corps
qui l'enveloppe, Sita laisse sortir ses cris et ses larmes a travers la prière du pardon a Yacumama.
Yacumama je t'ai pris ton corps mais ton âme retourne a la forêt ou tu as toujours vécu
Yacumama ne vient pas te venger quand viendra la nuit
Ta chaire sera respectée et ton sang battra dans un cœur pur
Tu es la mère de la rivière où je bois et un jour peut-être, ce sera toi qui me mangera
Il se passait encore longtemps avant que Sita n'aie la force de se sortir du corps du serpent, parfois
même elle s'endormait d'épuisement encore insérée dans le corps froid de la bête. Cela lui avait coûté
les brûlures qu'elle avait sur ses pieds, car le ventre de Yacumama faisait fondre la peau. Quand elle
recouvrait ses forces, Sita tranchait les écailles pour se libérer puis dégrafait la tête encore imprimée
dans son ventre. Elle se reposait encore puis rentrait au village, le serpent sur le dos, comme le Dandé
avant elle.
On dit qu'un jour Sita n'est pas revenue de la forêt. On dit aussi que Yacumama a fait la paix, et le
gibier est revenu.
Personne n'a plus parlé de Sita a voix haute. On entend seulement chuchoter que des chasseurs ont vu
Yacumama habillé de brun et tacheté de rose.
Emir Naturel
Piè c
es
J’aime ta peau, ta couleur et ton odeur
J’aime quand tu coules contre ma peau tes ardeurs
J’aime ton désir, ton plaisir et tes douleurs
Ta doucereuse envie de courir dans les plaines en fleurs
Tes gestes excités, ta rugosité, tes pleurs
Ton égo rapiécé de textes récités
J’aime tes courbes, ta sueur, tes indolences
J’aime idolâtrer tes soupirs et tes violences
J’aime tes veines, tes cernes et tes plis
En pointillés tes lignes serpentent dans mes limbes
Et débordent dans mes rides humbles
J’aime tes assauts tes accès tes élans
tes excès
Tes précipitations névrotiques assoiffées
Et tes désespérances, tes abandons mouillés
J’aime tes aspérités rudes et tes surgissements imprévus
Tes explosions pileuses ou vénériennes
vénérables.
J’aime.
J’aime bousculer les formes, les contours
J’aime conjuguer aimer sans me soucier des délimitations de sa définition dans les oreilles que j’aime
J’aime rayer les sons les lettres les élytres
Et m’envoler vers des mondes inventés
Où je fais le pitre
À défaut l’apôtre.
J’aime quand tu danses d’autres trames avec d’autres
Quand tu t’apostrophes auprès d’autres consorts sonnants
Des âmes inaudibles
Que j’aime à voir enflées dans ta gorge avide.
J’aime tes évitements, tes moiteurs incandescentes
Tes fluidités diverses, j’aime tes soifs étanches.
J’aime t’adjectiver égoïstement
Pour conter des histoires socialement orientées à mon
passé de petite fille.
Marie-Emilie Alaphilippe
photo Morgane Bader
leurs veines
L’Ecume des cafés, Mathi
eu Gabard, Paul Carenco
s les
fs auront enfin leurs cri
Les canards sur leurs sur
a
tch
t le tcha
oiseaux ébahis danseron
t alors des chouettes
on
ser
s
en
Les tanks sibéri
pour voir les galaxies et
Nous pétrirons la glaise
ée d’étoiles
s’ouvrira la brèche éclat
s ex
Nos baguettes magique
ploseront les digues
catissons clowns cycliques
Tamanoirs du désert po
cheurs amérindiens
rrière
des traînées de fumée de
Nos vitesses laisseront
nos têtes empressées
doivent
les masques de scream
Sages hiboux des nuits
tomber
Pétrir la pâte archipels
?
? Que faire de nos pieds
Que faire de nos mains
les
e
nfl
go
e
qu
t
trir le néan
Rouler bouler la pâte pé
urs
ur des cœ
vaisseaux dans la chale
us nous détacherons
no
nt
iro
uvr
Les visages s’o
fs
ux et nos yeux expressi
Nos mains sont des tablea
s
pa
s
on
sav
ne
es que nous
contemplent les cyclon
nommer
arbres sont dans
Les artères explosent. Les
Et le sang coule à flot
Le lointain est obscur
Le milieu est oblique
l
Et le proche est sensue
de
ont nos poitrines avant
ler
up
pe
us
tro
de
Combien
douceur du marc ?
pouvoir s’ancrer dans la
ma
rs briser les interstices
Les crabes peuvent toujou
trées sont rares
la marée gronde et les en
is
illes
t des trèfles à trois feu
des colonnes romaines
Les brisures du temps son
Le Langage se déploie tel
le néant
nts veulent bien armer
Quelques dessins d’enfa
t les
mais les morts précisen
d’une once d’humanité
continuités
s sirès qui tournent comme de
Les pensées pointilleuse
gibous ont l’imprécision des
nes dans leurs vases clo
éral
courses dans l’infini sid
lées et terminent leurs
re
b
r
a
'
d
es
l
l
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u
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sf
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Plutôt
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s
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s
p
i
s écl
ou de
hilip
e Alap
Emili
Marie-
ard
eu Gab
athi
pe et M
nu
barbe et fait des signaux
nnent
vial se moque
L’Ecume des cafés, Paul
Carenco, Mathieu Gabard
La gueule de crocodile ga
sa roue
nue au dessus d’un bos-
comme un hamster dans
pattes
u sur cette terre incon
Nous sommes de nouvea
phore
Le chat tourne en rond
Ils retombent sur leurs
Une chute interminable
s
de fumée
un cèdre immense
Et les deux danseurs revie
La fumée passe devant
us les sens
La fumée monte dans to
l’expliquer
Seuls les initiés peuvent
Il a une belle et grosse
un babouin fume la pipe
Ils sont deux et font un
e drôle de danse
Chine
Des dessins à l’encre de
sclés
danseurs élancés et mu
d’habit
c’est curieux parce que
ude elles voyagent seule
Un vol de chouettes
x, heureux
nce, l’équipage est joyeu
fo
i
qu
e
ch
pê
de
au
te
pêche
On y voit un ba
s une bonne journée de
de rentrer chez lui aprè
Avec un fleuve, ses côte
s, ses péninsules
La carte d’un pays incon
Un estuaire
Sables d’Or
Elle est belle la mer
Sur les Sables d’Or
Je m’endors
n
Seul face à l’horizo
ns
so
de
ne
ig
Je me ba
Et j’adore
Je n’ai pas peur de la
Je sens son roulis
Sur mon corps
pluie
ble
Mon coin
i
C’est un petit coin à mo
n
un coin où je me sens bie
où ma tête est à moi
sans écrans sans argent
ns.
où j’invite jamais les ge
a toi
Dans mon petit coin il y
ns parler
Avec toi je m’entends sa
y a toi.
Il y a toi, il y a moi et il
Il y a nous trois emmêlés
lant
dans notre grand nid vo
c.
sous le soleil bleu-b­ lan
si c’est loin
Où on va, on ne sait pas
voir
On n’a pas cherché à sa
omne
On sait que ce sera l’aut
Si un jour on y arrive
river.
On n’est pas pressés d’ar
ris 1992-2012
AxoDom Paris-­ Niort­-Pa
dans le sa
Enfouir mes doigts
Bâtir un imprenable
Château fort
Sands
Gone to the Golden
Water in my hands
Emir express
(parfait, ni à refaire)
Orage, eau des espoirs, Ô vie est saine mie. Eau de vie est-ce une amie ? Eau de vie essaime amis, Eau vieille assène Emir
Dans la Seine est-ce un ami ?
Si tu veux guincher dans le
Cac Cal 5
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Publication E.I.
S.P.I.
Mise en page M
oderne Bagar
Juin 2012

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