Vente de la Louisiane

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Vente de la Louisiane
Vente de la Louisiane
La vente de la Louisiane (en anglais : Louisiana Purchase « l'achat de la Louisiane ») est la cession par la
France de plus de 2 144 476 km2 (529 911 680 acres) de
territoire aux États-Unis en 1803 au prix de 3 cents par
acre, soit plus de 15 millions de dollars[1] ou 80 millions
de francs au total[2] .
Ce territoire représente 22,3 % de la superficie actuelle
des États-Unis. En effet, la colonie française de Louisiane
comprend beaucoup plus de territoires que l'État actuel
de Louisiane. Les territoires vendus incluent des parties
situées à l'ouest du fleuve Mississippi dans l'Arkansas, le
Missouri, l'Iowa, et le Minnesota actuels, des parties du
Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Nebraska, des par- États et territoires des États-Unis d'Amérique entre le 30 avril
ties du Nouveau-Mexique, du nord du Texas, l'Oklahoma, 1803 et le 27 mars 1804
le Kansas, des portions du Montana, du Wyoming, et
la partie du Colorado située à l'est des montagnes Rocheuses, des portions au sud du Manitoba, au sud de la
Saskatchewan et au sud de l'Alberta situées dans le bassin
fluvial du fleuve Missouri, et la Louisiane actuelle de part
et d'autre du Mississippi, incluant la ville de La NouvelleOrléans.
pas se faire d'ennemi, car l'Angleterre convoite ses colonies d'Amérique du Sud.
La France et l'Espagne sont alors toutes les deux fragilisées, même si les Français ont obtenu des succès militaires. Leurs empires coloniaux sont confrontés à des révoltes, leurs gouvernements instables. Côté anglo-saxon,
la situation politique, clarifiée, facilite l'éclosion d'une industrie. Les succès des premiers entrepreneurs du coton
britannique dopent les cours du coton et la spéculation sur
les terres de l'Ouest des États-Unis.
En cédant la Louisiane à Bonaparte, l'Espagne espérait reprendre les choses en main à Saint-Domingue,
mais c'est Toussaint Louverture qui agit le premier en
s’emparant de la partie orientale de l'île en janvier
1801, obligeant les planteurs espagnols à fuir vers Cuba.
L'expédition de Saint-Domingue, dont l'échec entraînera
le renoncement à la Louisiane, est un quitte ou double.
Elle est conçue comme une base d'approvisionnement en
bois et produits alimentaires, de Saint-Domingue qui produisait en 1789 la moitié du coton et du café mondial et
plus du tiers du sucre.
Le territoire vendu dépasse les 2 millions de km2
1
Le préalable : l'achat secret de
Bonaparte en 1800
En cinq ans, la France a obtenu deux concessions
majeures de l'Espagne : la partie orientale de SaintDomingue, par le traité de Bâle (22 juillet 1795), et la
Louisiane, par le traité de San Ildefonso (1800). Les deux
traités, signés par un Empire espagnol en difficulté, ne
sont pas appliqués. L'Espagne a aussi cédé tout le nord
du Mississippi aux États-Unis en 1795, par souci de ne
De plus, le contenu du traité secret de San Ildefonso a
transpiré, et le retour en force potentiel de la France dans
le Golfe du Mexique inquiète les Américains. Au point
que le pourtant francophile Jefferson déclare que si la
France prenait possession à nouveau de la Louisiane, il
n'aurait pas d'autre choix que de se jeter dans les bras de
l'Angleterre !
1
24
NOUVELLE IDÉE, PROPOSÉE PAR SAMUEL DU PONT DE NEMOURS : ACHETER TOUT LE TERRITOIRE À L'OUEST
2
Le contexte : la nouvelle vocation
du Mississippi
La Nouvelle-Orléans contrôle le fleuve Mississippi, qui
joue déjà un rôle important dans le transport des produits
agricoles entre les régions de l'ouest des Appalaches et
la côte est. Elle représente aussi un débouché potentiel
sur le golfe du Mexique, ce dont manque cruellement la
jeune république américaine. Grâce au traité de Madrid
(1795) conclu avec l'Espagne, les marchands américains
disposent déjà d'un « droit de dépôt » de leurs marchandises, créant une zone franche de La Nouvelle-Orléans
Après l'armistice du 30 mars 1798, les réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique commencent à affluer dans le Natchez District et à La Nouvelle-Orléans.
L'histoire de la culture du coton vient d'être bouleversée
par l'invention d'Éli Whitney, le cotton gin. Le négociant
Daniel Clark en fait la promotion auprès des planteurs du
Natchez District, dont la production quadruple en deux
ans[3] .
Pour tenter d'attirer les colons français, Daniel Clark et
les Espagnols activent en 1798 la zone franche de La
Nouvelle-Orléans. Mais la majorité des colons, anglophone, arrivée dans les années 1788 à 1790, aspire à une
situation politique stable, sur fond de spéculations sur le
traité de San Ildefonso, resté secret : la Louisiane reste
entre les mains espagnoles jusqu'à une prise de possession par les Français qui reste à organiser. Le président
Thomas Jefferson estime que la meilleure façon d'assurer
l'accès au Mississippi est d'acheter La Nouvelle-Orléans :
il envoie Robert Livingston et James Monroe à Paris pour
en négocier l'achat.
3
La Louisiane française vue par les États-Unis
de l'expédition de Saint-Domingue, Napoléon sera moins
enclin à la vente de la Louisiane. Les actifs de la société sont transférés à sa branche parisienne et une nouvelle
société créé par l'autre fils, Victor du Pont de Nemours,
pour exécuter le contrat. Le père, Pierre Samuel du Pont
de Nemours se concentre sur ses talents de diplomate.
4 Nouvelle idée, proposée par Samuel du Pont de Nemours : achePremière mission pour Livingter tout le territoire à l'ouest
ston, pris par une autre affaire :
acheter seulement La NouvelleRésident aux États-Unis, Pierre Samuel du Pont de NeOrléans
mours est en étroites relations avec le président Thomas
Jefferson, qui l'autorise à se lancer dans une diplomatie
La première mission des deux envoyés est d'acheter seule- parallèle avec Bonaparte, que Nemours rencontre lors de
ment La Nouvelle-Orléans. Mais ils essuient un refus son voyage en France en 1802. C'est lui qui propose à
français.
Bonaparte une transaction beaucoup plus importante : céRobert Livingston est par ailleurs associé, à titre privé, à der aux États-Unis toute la Louisiane, y compris les imun contrat d'approvisionnement des 35 000 soldats fran- menses territoires de l'ouest.
çais de l'expédition de Saint-Domingue[4] par une entreprise basée à Wilmington, dans le Delaware, qui vient
d'être fondée par Eleuthère Irénée du Pont de Nemours
et son père Pierre Samuel du Pont de Nemours, qui deviendra la multinationale DuPont. Le principal financier
est Pierre de Bauduy de Bellevue, dont le frère, Louis
Alexandre Amélie Bauduy, est capitaine dans l'expédition
de Saint-Domingue.
Jefferson affiche une certaine méfiance pour cette idée :
acheter toute la Louisiane implique de reconnaître à la
France des droits sur l'ouest du continent. Il précise que
les présidents ne sont pas compétents pour une telle négociation, car ce n'est pas spécifié dans la constitution.
Côté français, Talleyrand est aussi très hostile à ce projet, qui selon lui réduirait à néant les plans français de
colonisation de l'Amérique du Nord.
Le consul de France à Washington, Louis-André Pichon, Mais l'idée de doubler la taille du pays séduit quand même
y voit un conflit d'intérêt manifeste : en cas de réussite Thomas Jefferson, qui est aussi une figure de ce qu'on
3
appelle le parti français à Washington, et dont la nouvelle clientèle électorale est au sud et à l'ouest. Coloniser
l'ouest des États-Unis, y développer la culture du coton,
est susceptible de donner une majorité durable au parti
républicain, plus favorable à l'esclavage et à la conquête
de l'Ouest, alors que les fédéralistes tablent plutôt sur
l'industrialisation de la Nouvelle-Angleterre, leur bastion
électoral.
Bonaparte va présenter la vente de toute la Louisiane
comme un geste de bonne volonté à l'égard des Américains, dans une stratégie d'encerclement du RoyaumeUni. Les historiens jugent probable qu'il ait ainsi tenté de les encourager à participer au Blocus continental.
Bonaparte craint que la Grande-Bretagne, maîtresse des
mers, ne profite d'un conflit en Europe pour s’emparer
de la Louisiane et accroître ainsi sa puissance. Vendre la
Louisiane aux États-Unis est le moyen de couper l'herbe
sous le pied aux Anglais. Bonaparte fait aussi valoir aux
Américains que l'accord leur permet d'éviter de s’impliquer dans le conflit franco-britannique.
L'opposition des fédéralistes américains relève de la
crainte de voir les États-Unis changer de nature, moins de
vingt ans après leur création, en développant à l'ouest et
au sud une économie de plantation, basée sur des cultures
de rente, dépendantes de l'exportation et du maintien de
l'esclavagisme. La Nouvelle-Angleterre, bastion des sociétés abolitionnistes et des fédéralistes table plutôt sur
une industrialisation, protégée par des barrières douanières, et susceptible de diminuer la dépendance aux importations. Étendre le territoire à l'ouest serait faire basculer la majorité du pays au profit des grands planteurs du
sud. Les racines de tous les conflits qui suivront et amèneront la guerre de Sécession sont déjà là.
Pour les fédéralistes, l'achat est par ailleurs anticonstitutionnel, et cette énorme dépense n'éviterait pas un
conflit avec l'Espagne. Un groupe de fédéralistes mené
par le sénateur Timothy Pickering avance même l'idée
d'une confédération du Nord et en propose la présidence
au vice-président Aaron Burr, pourvu que New York se
joigne à la sécession. Alexander Hamilton, s’oppose aussi
à
l'achat. L'hostilité entre Burr et lui, qui s’accroît encore
Le parti français à Washington de Thomas Jefferson est
lors
des élections de 1801, aboutit au duel au cours duquel
sensible à ces arguments, dans la ligne défendue dans les
il
perd
la vie.
années 1790 pour prendre ses distances avec l'Angleterre,
préoccupation politique qui est à la racine de la théorie de
la destinée manifeste et de la conquête de l'Ouest, même
s’il est encore trop tôt pour en faire un thème officiel de 6 Bonaparte confronté à une noucampagne électorale.
Durant toute cette période, les services secrets américains
tiennent Thomas Jefferson au courant des activités militaires de Bonaparte. Le président américain axe sa stratégie sur la ruse : donner à Pierre Samuel du Pont de Nemours des informations que Robert Livingston ignore. Intentionnellement, il leur donne deux instructions contradictoires. L'un de ses coups les plus habiles est d'envoyer à
nouveau James Monroe à Paris en 1803. Monroe avait été
déclaré officiellement persona non grata lors de sa précédente mission à Paris, mais Thomas Jefferson le choisit à
nouveau, pour signifier qu'il veut être pris au sérieux.
5
L'opposition des fédéralistes,
dans les régions industrielles du
nord-est
Battus lors de l'élection présidentielle américaine de
1800, les fédéralistes s’opposent à l'achat de la Louisiane,
marquant leur préférence pour un rapprochement avec le
Royaume-Uni, même s’ils veulent lui imposer des droits
de douane. Par la convention commerciale tripartite de
1799, soutenant Toussaint Louverture, ils s’étaient fâchés avec le puissant lobby colonial français, qui entoure
Bonaparte et l'aide dans son ascension. Ce soutien à la
première révolution noire a aussi révulsé les grands planteurs blancs du sud des États-Unis, qui entourent Thomas
Jefferson.
velle donne dans la Caraïbe
Dès mars 1802 l'expédition de Saint-Domingue, souffre
de l'opposition des généraux français de la Colonie et
de difficultés d'approvisionnement. Le corps expéditionnaire commandé par le capitaine-général Charles Leclerc,
beau-frère de Bonaparte, est plus que décimé par la fièvre
jaune. Fin mars, il a déjà perdu 5 000 hommes. Le maintien de l'esclavage dans les colonies restituées par la paix
d'Amiens, du 30 floréal an X, 20 mai 1802, fait craindre
un retour de l'esclavage à Saint-Domingue qui n'était pas
concerné par ce traité, et fait basculer la population dans
une opposition définitive au corps expéditionnaire.
Privé de moyens militaires en Amérique, Bonaparte affiche une nouvelle motivation : il recherche la paix avec
le Royaume-Uni pour prendre possession de la Louisiane
avant que les Britanniques ne s’en emparent. Mais le
Royaume-Uni rompt sa promesse de la paix d'Amiens,
d'évacuer Malte au plus tard en septembre 1802. Début 1803 la reprise du conflit franco-britannique semble
probable. Le 11 mars 1803, Bonaparte change même de
stratégie : il fait construire une flottille en prévision de
l'invasion du Royaume-Uni.
Ces rebondissements le conduisent finalement à abandonner ses projets d'empire français au Nouveau Monde : le
11 avril 1803, le ministre français du trésor, le marquis
de Barbé-Marbois, propose, cette fois officiellement, à
Robert Livingston la vente non pas de la seule NouvelleOrléans mais de toute la Louisiane, depuis le golfe du
Mexique jusqu'à la Terre de Rupert, et du Mississippi aux
48
POUR RALLIER LA NOUVELLE-ANGLETERRE, RÉPARER LES DOMMAGES CAUSÉS PAR LES PIRATES FRANÇAIS
Rocheuses.
André Pichon (1771-1850) écrit au gouvernement américain pour tenter de le rassurer, mais le 1er octobre,
l'intendant espagnol confirme que la zone franche est
suspendue[6] , déclenchant la colère des colons, puis des
campagnes de presse enflammées[6] . La polémique donne
des arguments au parti républicain de Thomas Jefferson,
arrivé au pouvoir lors de l'élection présidentielle américaine de 1800[6] .
Thomas Jefferson déclara dans un message du 22 décembre 1802 à la Chambre des représentants qu'il fallait garantir ce droit par « les moyens honorables et justes
qui convenaient au caractère des États-Unis ». On ignorait
alors si la France ne prétendrait pas assigner de nouvelles
frontières à sa province, et faire revivre d'anciens titres
contraires aux traités et aux intérêts des États-Unis[7] .
L'historien américain Arthur P. Whitaker[6] estime que
la décision de fermer la zone franche a en réalité été
prise au plus haut niveau, par le président Thomas Jefferson lui-même, pour faciliter la vente de la Louisiane, les États-Unis ayant obtenu au même moment la
réparation aux dégâts des pirates français, par Napoléon,
qui prend conscience des handicaps de l'expédition de
Saint-Domingue, mais ne peut pas lâcher immédiatement
son propre beau-frère, déjà en difficulté.
Le traité original de la vente de la Louisiane, conservé aux
National Archives à Washington DC.
Les négociateurs officiels des États-Unis se disent abasourdis par la proposition française : doubler la surface
du territoire des États-Unis, pour 15 millions de dollars,
soit onze fois plus que la transaction envisagée, deux millions de dollars pour la seule Nouvelle-Orléans. Avec un
prix du kilomètre carré de seulement 7 dollars (ou 3 cents
par acre). Mais James Monroe et Robert Livingston reconnaissent là une chance historique.
8 Pour rallier la NouvelleAngleterre, réparer les dommages causés par les pirates
français
Pour décider les Américains, il faut vaincre les résistances
des marchands, banquiers et armateurs de la côte est, plutôt proche des fédéralistes. Les Français font alors une
proposition supplémentaire : signer un grand contrat de
Réparation aux dégâts des pirates français, pour 20 millions de francs, soit le tiers du montant retiré par la France
de la vente de la Louisiane, somme qui bénéficiera à
l'élite commerçante de la côte est, jusqu'alors opposée
aux Français, car elle commerce avec Saint-Domingue,
en bénéficiant de la convention commerciale tripartite de
1799.
Sur les 80 millions de francs (15 millions de dollars)
de vente de la Louisiane, 20 millions sont réservés au
compte personnel de Talleyrand (ministre des Affaires
étrangères). Et pour payer les 15 millions de dollars en
une fois à Napoléon, désireux de financer sa guerre contre
l’Angleterre, les Américains doivent les emprunter à un Ce type de réparation financière était envisagé, mais de
taux de 6 % à la Barings, une banque… anglaise [5] !
façon floue, par le traité de Mortefontaine, signé trois ans
avant, en 1800, pour tenter de mettre fin à la quasi-guerre,
appelée aussi « guerre des pirates », entre les corsaires
américains appro7 L'émotion créée par le blocus français et les navires de commerce
visionnant l'île de Saint-Domingue[8] lors de l'armistice
surprise du Mississippi en 1802 du 30 mars 1798. Selon le consul américain à SaintDomingue, Edward Stevens : « quelques 1 500 « piEntre-temps, une coalition d'intérêts américains favo- rates » embarqués sur trente-sept pinasses[9] attaquaient
rable à l'opération s’est mise en place. Le 16 juin 1802, les bâtiments marchands américains se rendant à SaintJuan Ventura Morales, l'intendant espagnol, déclare son Domingue ». Ces corsaires sont à l'origine de la piraterie
intention de suspendre la zone franche de La Nouvelle- des années 1800 dans la Caraïbe, qui vit de grands avenOrléans. L'ambassadeur de France à Washington Louis- turiers comme Jean Lafitte ou Louis-Michel Aury devenir
5
célèbres.
Les réparations des dommages causés par les corsaires
français sont à sens unique, alors que le traité de Mortefontaine prévoyait des compensations réciproques. Elles
comptent symboliquement pour les marchands et armateurs de la côte est, car les États-Unis n'ont pas de marine
nationale, ce qui a conduit le 27 avril 1798 le congrès à
voter des crédits militaires pour acquérir six frégates destinées à protéger les navires de commerce battant pavillon
des États-Unis tant contre les corsaires français que contre
la piraterie du dey d'Alger et du bey de Tripoli.
9
La signature du traité, soulagement pour Bonaparte et endettement des États-Unis
Plaque commémorative de la signature du traité à Paris.
Cette manne permettra à Bonaparte devenu l'empereur
Napoléon Ier de lever des troupes importantes, pour acquérir dans les années 1805-1807 la suprématie sur la majeure partie de l'Europe, l'Autriche et la Prusse étant battues.
Le 30 avril 1803, le traité est signé à Paris par Robert Livingston, James Monroe, Barbé Marbois et Michael Ryan
Toussaint. Ce traité est signé sans consulter l'Assemblée
nationale, qui aurait refusé une telle perte pour la France.
Selon la Constitution française, la vente de propriétés
d'ordre national nécessitait l'approbation de l'Assemblée
Nationale[réf. nécessaire] , ce que Napoléon n'a pas sollicité. Il se dépêcha de vendre avant que l'assemblée s’en
rende compte. Les frères de Napoléon, Lucien et Joseph,
étaient si indignés de cette vente qu'ils ont eu une sérieuse confrontation avec Napoléon lorsqu'il prenait son
bain aux Tuileries. Napoléon leur a dit qu'il se moquait de
la constitution française ou de l'assemblée des députés. Il
se leva de son bain furieux, lança une boîte de tabac par
terre, et dit à ses frères qu'il les écraserait comme cette
boîte de tabac s’ils osaient questionner son jugement à
nouveau. [réf. nécessaire]
Les États-Unis ratifient le traité le 20 octobre[10] et, le 31
octobre, autorisent le président Jefferson à prendre possession du territoire et à y établir un gouvernement militaire provisoire. On décide également d'organiser une
mission d'exploration et de cartographie : l'expédition Lewis et Clark.
La bannière étoilée des États-Unis remplace le drapeau de la
France sur la Place d'Armes de la Nouvelle-Orléans.
Le 30 novembre 1803, la France prend officiellement possession de la Louisiane après rétrocession des
Espagnols[11] . Puis la France remet La Nouvelle-Orléans
aux États-Unis le 20 décembre 1803[12] . Les lois du 31
octobre 1803 établissent la continuité de l'administration
locale civile en prolongeant les usages acquis durant les
périodes de souverainetés française et espagnole et autorisent le président à utiliser l'armée pour le maintien de
l'ordre.
La vente de la Louisiane est financée par la banque
Barings via deux conventions financières qui se compensent partiellement. La première, du 30 avril 1803,
organise le paiement de 60 millions de francs (11 250
000 dollars). La seconde dédommage pour 20 millions
de francs (3 750 000 dollars) les citoyens américains victimes des corsaires français, par la perte de vaisseaux ou
de cargaisons lors de la quasi-guerre entre 1798 et 1800, Les 9 mars 1804 et 10 mars 1804, une cérémonie fordans l'esprit du traité de Mortefontaine.
melle dénommée Journée des trois drapeaux, est conduite
6
12
ANNEXES
à Saint-Louis pour transférer le territoire de l'Espagne à l'Arkansas et le 42e parallèle.
la France puis de la France aux États-Unis. À compter
du 1er octobre 1804, le territoire acquis devient officiellement un « territoire organisé » des États-Unis consti- 11 Notes et références
tué du territoire d'Orléans (dont la majeure partie forme
la Louisiane actuelle) et du district de Louisiane pla- [1] Christian Dalacampagne, Histoire de l'esclavage. De
cé temporairement sous l'administration du territoire de
l'Antiquité à nos jours, Paris, Le livre de poche, 2002
l'Indiana. C'est en 1804 qu'est lancée l'expédition Lewis
(ISBN 2-2539-0593-3), p. 176
et Clark chargée d'explorer l'intérieur du continent et de
[2] ce qui équivaut à 390 milliards de dollars en 2003, en extrouver un passage vers l'océan Pacifique. Cette expéditrapolant en termes de pourcentage de produit intérieur
tion se basera sur les descriptions du Journal de voyage
brut )
dans le Haut Missouri rédigé par Jean-Baptiste Truteau
un négociant et explorateur installé à Saint-Louis du Mis- [3] (en) Angela Lakwete, Inventing the Cotton Gin : Machine
and Myth in Antebellum America, p. 60
souri.
10
Le conflit avec l'Espagne
L'achat de la Louisiane entraîne les États-Unis et
l'Espagne dans une querelle sur les frontières du territoire
acquis par les États-Unis.
Pour les Espagnols, la Louisiane ne va pas au-delà de
la moitié occidentale des États actuels de Louisiane,
Arkansas et Missouri.
De leur côté, les États-Unis revendiquent un territoire
allant jusqu'au Río Grande et aux Rocheuses, ce que
l'Espagne ne peut pas accepter, puisque cela englobe
le Texas et la moitié du Nouveau-Mexique, tous deux
colonies espagnoles.
[4] (en) Dorothy Garesché Holland, The Garesché, de Bauduy, Ano des Chappelles families : History Ano genealogy
de Launay (Not authenticated), page 30
[5] Jacques Attali, Tous ruinés dans dix ans ?, Fayard 2010, p.
67
[6] (en) Junius P. Rodriguez, The Louisiana Purchase : a historical and geographical encyclopedia, page 234
[7] Histoire de la Louisiane, précédée d'un discours sur la
constitution Par François de Barbe-Marbois, page 237
[8] voir : Michel Roudigneaux : La guerre de course en Guadeloupee : XVIIIe siècle et XVIIIe siècle siècles ou Alger sous
les tropiques. L'Harmattan. 2006. ISBN 2-296-01531-X.
[9] Caraïbes entre liberté et indépendance : réflexions critiques autour d'un bicentenaire, 1802-2002, par Oruno D.
Lara
L'Espagne dénonce par ailleurs une illégalité majeure : le [10] Dans la paragraphe « 1803 (Achat de la Louisiane à la
traité de San Ildefonso (1800), maintenu secret, interdiFrance) », sur le site medarus.org
sait à la France de revendre la Louisiane à un État tiers.
[11] Gilles Havard, Cécile Vidal, Histoire de l'Amérique franElle ajoute que Napoléon n'a pas tenu un autre engageçaise, Flammarion, 2003, p. 716
ment, celui du traité de San Ildefonso (1796), consistant
à donner un royaume en Italie au beau-frère de Charles [12] Gilles Havard, Cécile Vidal, Histoire de l'Amérique française, Flammarion, 2003, p. 717
IV.
S'ajoute un désaccord sur la Floride occidentale, entre les
fleuves Mississippi et Perdido. Les États-Unis affirment
qu'elle fait partie de l'achat. L'Espagne estime qu'à l'est 12 Annexes
du Mississippi, seule La Nouvelle-Orléans est américaine.
Les traités, flous sur la question, favorisent une intense 12.1 Sources et bibliographie
spéculation foncière menée par le négociant Daniel Clark
• (en) Marc Duke, The du Ponts : Portrait of a Dynaset John Smith.
ty, Saturday Review Press, 1976 (ISBN 0-8415-0429Tous deux envoient leurs agents immobiliers, les frères
6)
Kemper en Floride occidentale, qui organisent une agitation contre les Espagnols. Les États-Unis annexeront en
1810 la région, qu'on appelle aujourd'hui les « paroisses 12.2 Articles connexes
floridiennes » située entre le Mississippi et la rivière aux
Perles. En 1812, le district de Mobile, correspondant à la
• Histoire des États-Unis
région entre les rivières des Perles et Perdido, est annexé
• Louisiane (Nouvelle-France)
à son tour : il forme aujourd'hui les extrémités méridionales de l'Alabama et du Mississippi.
• en:Historic regions of the United States (en anglais)
En 1819, par le traité d'Adams-Onís, l'Espagne cède aux
États-Unis la totalité de la Floride et reconnaît comme
frontières de la Louisiane la Sabine, la Rivière Rouge,
• Fulwar Skipwith
• Chronologie de l'esclavage
12.3
12.3
Liens externes
Liens externes
• Traités et convention de vente, sur le site
tlfq.ulaval.ca
• (fr)+(en) Histoire de la Louisiane française (16821803), sur le site louisiane.culture.fr
• (en) Texte du traité de vente, sur le site archives.gov
• (en) Collection de documents relatifs à l'achat de
la Louisiane à la bibliothèque du Congrès, sur le
loc.govsite
• (en) Documents pédagogiques, sur le site ericdigests.org
• (en) Site officiel du bicentenaire 1803-2003, sur le
site louisianapurchase2003.com
•
Portail de la Louisiane
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7
8
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13.2
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“Flag Law”). Artiste d’origine : Dbenbenn, Zscout370, Jacobolus, Indolences, Technion.
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