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Congotronics : twelve points !
Pas besoin d’être grand marabout distributeur de flyers dans les
boîtes aux lettres pour le dire : “Congotronics vs Rockers” sera
l’un des temps forts du prochain Couleur Café. Tel qu’on l’a
découvert hier sur la scène du Cirque Royal, le projet initié par
Vincent Kenis nécessite encore quelques ajustements. C’est sûr.
Mais après, ce sera une formidable machine à mettre des fourmis
dans les jambes. Et la banane sur tous les visages !
Oui, il faudra encore repenser deux ou trois petites choses, dans
cette aventure. Régler l’une ou l’autre intervention chantée, accélérer un enchaînement par-ci, combler un creux par-là, ce genre
de détails... Mais quand on sait la manière dont ces musiciens ont
composé et appris à jouer ensemble (allez jeter un œil sur le blog),
quand on voit le plaisir qu’ils prennent à être sur scène, difficile
de rester indifférent. Musicalement, c’est bien sûr à l’exact opposé des pillages ethno-dance de Deep Forest et consorts : l’idée est
ici de montrer que les instruments traditionnels du rock s’accommodent parfaitement des mélodies chères aux invités congolais et,
inversement, que ces derniers peuvent par exemple très bien accompagner l’une ou l’autre chanson
signée par l’exubérante Juana Molina ou Mariam de Wildbirds & Peacedrums. La fusion est souvent réussie. Certains morceaux, chantés ou non, sont irrésistibles comme du Radio Bemba. Et ces
likembés électrifiés qui ne payent pas de mine, qu’est-ce que leur son caractéristique est hypnotique
!
Visuellement aussi, c’est attrayant. Avec le monde qu’il y a sur les planches, on cherche à tous les
coups à voir qui fait quoi, entre l’impassible Mopero (le guitariste du Kasai Allstars) planté tout devant et Satomi, la lutine de Deerhoof installée au fond. Ajoutez des danses et le jeu de scène unique
des Hoquets : impossible de s’ennuyer, en ce deuxième soir des Nuits 2011 !
Les Hoquets, justement... Prévu en première partie de soirée d’abord, le trio a été remplacé par les
Américains de Skeletons (dont les accointances africaines sont bien perceptibles aussi) pour être totalement intégré dans le spectacle. Du coup, il propose quand même un court concert préalable sur
le coup de 19h30, mais en rue ! Au Cirque, leurs percussions trouvent naturellement leur place dans
cet ensemble qui les compte en nombre, mais les trois garçons ont également droit à un moment à
eux avec ce petit morceau de leur cru : « Tchantchès ». On ne vous dit pas l’accueil dans le public...
Chaleur et bonne humeur, que demander de plus ? Une salle comble et, comme me le faisait remarquer Redboy, des spectateurs plus remuants ? Ça va venir, non ? « I’m lost without your rhythms »,
chantait Mariam la Suédoise pendant le rappel ; quand tout s’arrête, il y a effectivement un peu de
ça. Mais il y aura de prochains rendez-vous. Dont celui du dimanche 26 juin...
Congotronics vs Rockers: All Star Game
Le Cirque royal accueillait jeudi la première de Congotronics vs Rockers. Ou
quand Konono, Kasai Allstars, Deerhoof, Juana Molina and co communient
pour les 30 ans de Crammed.
Si Crammed avait voulu rassembler tous les artistes intéressants qui se revendiquent de Konono
N°1 et Kasai Allstars, ce n’est pas une Nuit Botanique qu’on aurait dû lui réserver mais pratiquement tout l’été festivalier. Depuis quelques années, les deux groupes congolais sont devenus une
référence majeure pour des tonnes de groupes indés. Revenant dans presque autant de conversations
(et de disques) que des Beatles, des Stones et des Beach Boys.
Le label belge, a donc, pour ses 30 ans, demandé aux «petits jeunes» de joindre l’acte à la parole.
De prouver cet amour que jusqu’ici ils se contentaient pour la plupart de clamer. Emballée par 26
artistes de la scène indie et électronique (parmi lesquels Animal Collective et Akron Family, tous
deux aux Nuits la semaine prochaine), la double compilation Tradi-Mods vs Rockers avait éclairé
l’an dernier à coups d’hommages, de reprises et de relectures cette adulation sans borne. La création, dont il s’agissait jeudi de la première, a remis une couche d’autobronzant.
Tout le monde se demandait un peu ce qu’allait réserver cette fameuse soirée Crammed. Crammed
n’a jamais vraiment fait les choses comme les autres. Et il en va de même pour ses groupes.
Ca commence bien... Hoquets qui remplace les Girls in Hawaii dans Congotronics vs Rockers au
pied levé a vu son concert de première partie annulé. Qu’à cela ne tienne. Il est 19h30 et les trois
farfelus ont installé leurs instruments faits maison à base d’objets de récup dans la galerie du parlement, à deux pas du Cirque, pour un petit concert improvisé. Plus d’une centaine de curieux se
massent sur le trottoir et la route tandis que McLoud Zicmuse s’évertue à leur apprendre la danse du
Chaud Boulet. Hoquets chante la Belgique, ses régions, ses communautés, ses couques de Dinant
et son maitrank. Hoquets a intitulé son premier album Belgotronics, est né d’une passion commune
pour Kasai et Konono. Juste retour des choses que son implication dans cette exceptionnelle rencontre nord – sud.
Après l’ouverture de la soirée par les New-Yorkais de Skeletons qui peuvent rappeler le travail d’un
Dirty Projectors, toute la smala débarque au son des sifflets. Ils sont 20, 10 Africains et 10 Occidentaux, à avoir planché sur ce répertoire commun jetant des passerelles, des ponts même, entre les
univers de chacun. Un fameux défi. D’autant que la préparation des Congolais pendant un mois à
Kinshasa avec Vincent Kenis a été ébranlée par la disparition tragique d’un Kasai, Mbuyamba Nyunyi, atteint du sida et victime d’une pneumonie.
Konono et Allstars n’avaient jamais joué ensemble. Et outre les groupes maisons (Skeletons, Hoquets), Crammed a rameuté les rockeurs de Deerhoof, l’aussi singulière qu’exceptionnelle Argentine Juana Molina et la moitié de Wildbirds and Peacedrums.
Kasai et Konono qui ont amplifié leur musique traditionnelle pour se faire entendre dans le brouhaha de Kinshasa qualifient leur musique de tradi moderne. Ce soir, après une semaine seulement de
répétition, elle flirte, se mêle, et dans ses meilleurs moments fusionne, avec l’indé d’aujourd’hui.
Le batteur du Sabot de cerf tient la baraque (un peu trop bruyamment selon certains) mais chacun
à son tour tient les premiers rôles. C’est parfois brouillon. Approximatif. On déplore certes quelques longueurs. Et les «rockeurs» ont plus facile à suivre les rythmes africains que les Africains les
rythmes de rockeurs. Il y a cependant quelque chose de franchement jouissif dans cette communion.
Quelque chose de libérateur à voir ces musiciens du nord se mettre au service de ceux du sud avec
les yeux qui pétillent ou les trois Hoquets, sur le titre le plus furieux de la soirée, rendre hommage à
Tchanchès (figure mythique du 15 août et du folklore liégeois) accompagné par Konono.
Des projets comme Congotronics vs Rockers, il y en a peu, très peu, trop peu, dans la musique
d’aujourd’hui. Raison de plus pour se jeter sur l’une des quinze dates (ou presque) émaillant une
tournée qui se terminera au Japon le 31 juillet et s’arrêtera notamment à Couleur Café.
Julien Broquet

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