PDF - Centre for Contemporary Canadian Art
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INTIMITÉ, DOMESTICITÉ ET ARCHITECTURE PRÉFABRIQUÉE DANS LES ŒUVRES DE ANNIE POOTOOGOOK ET ITEE POOTOOGOOK Noémie Despland-Lichtert Situation géographique du village de Cape Dorset au Nunavut http://fr.wikipedia.org/wiki/Cape_Dorset Village de Cape Dorset http://canada.meteosun.com/meteo/previsions-ville/CA/cape-dorset-CAXX0617 ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Cette exposition présente les œuvres de deux artistes, Annie Pootoogook et Itee Pootoogook, originaires du Village de Cape Dorset sur l’île Dorset, près de la Péninsule de Fox au Nunavut. La population du village, environs 1300 habitants, est en grande majorité inuite. Dans ce village, l'économie traditionnelle repose sur la chasse, principalement celle du phoque, mais beaucoup d’habitants sont des artistes. On y trouve une coopérative d’artistes, la « West Baffin Eskimo Cooperative Limited », qui regroupe des sculpteurs, dessinateurs et graveurs, ainsi que le célèbre atelier gravure de Dorset, tous deux fondés en 1959. Cet atelier regroupe les plus célèbres parmi les artistes inuits contemporains. Leurs représentations minutieuses et précises de scènes d’intérieur plongent le spectateur dans l’intimité du foyer inuit. Les thèmes de la famille, de la domesticité, de la sphère personnelle, mais aussi de la modernisation, de la mondialisation et de la colonisation saturent les œuvres de ces artistes. Ces thèmes sont directement liés et perceptibles au travers de l’architecture des ces maisons préfabriquées. Ce type d’habitations ont été choisies pour être peu coûteuses et rapidement construites, mais elles ne sont pas toujours appropriées aux besoins de la population locale. Les dessins de Annie et Itee Pootoogook nous montrent l’architecture, et plus particulièrement l’organisation spatiale des pièces de ces maisons. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Igloo http://en.wikipedia.org/wiki/File:Iglu_1_1999-04-02.jpg Qaemaq (maison en os de baleine) http://en.wikipedia.org/wiki/Qarmaq ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Au-delà du design, je m’intéresse à la réponse sociale, émotive et personnelle des utilisateurs de ces habitations. J’estime que les œuvres de Annie Pootoogook et Itee Pootoogook proposent une vision du vécu de cet espace et de leur réponse affective en tant qu’utilisateurs. Les œuvres choisies l’ont été selon trois thèmes, celui de la télévision au sein du foyer, celui des marchandises importées et vendues à Cape Dorset, principalement des aliments transformés, et finalement celui de l’architecture des maisons préfabriquées vues depuis l’extérieur dans le paysage du village. Traditionnellement les habitants de Cape Dorset vivaient dans des maisons construites en os de baleine à l’automne et en hiver, appelées « qarmat », et dans des tentes l’été. Les igloos étaient construits principalement lors des déplacements.1 Une autre partie de la population inuite vivait tout l’hiver dans des igloos. Cette construction en forme de dôme est réalisable rapidement avec des matériaux disponibles sur place et protège efficacement du froid. Plusieurs techniques de construction existent à partir de neige et de glace et toutes requièrent un savoir-faire afin que la structure en forme de dôme ne s’écrase pas.2 Intérieure d’une maison préfabriquée http://www.museevirtuel-virtualmuseum.ca/edu/ViewLoitLo.do;jsessionid= 1120412DB597EF2E1A3EABEBD4483841?method=preview&id=10752&lang=FR ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Famille inuit à l’intérieure d’une maison préfabriquée http://www2.brandonu.ca/tyman/inuit205.html Dans les années cinquante, en plein contexte de guerre froide, les Inuits deviennent intéressants aux yeux du gouvernement canadien car ils occupent un territoire stratégique : celui du Grand Nord. Des numéros d’identification et des certificats de naissance leurs sont attribués. Les allocations familiales deviennent alors un argument pour encourager la sédentarisation. Cette sédentarisation forcée entraîne de nombreuses relocalisations. À partir du début des années soixante, des maisons préfabriquées, des écoles et des dispensaires sont envoyés par le gouvernement pour équiper ces nouveaux villages. Ces maisons sont construites sur le pergélisol, un sol gelé en permanence au long de l’année. L’architecture traditionnelle est abandonnée car elle ne correspond plus à ce nouveau mode de vie sédentaire. L’organisation de l’espace dans les maisons traditionnelles inuites et celle des maisons eurocanadiennes sont différentes. Peter Colin avance que la forme de l’organisation spatiale du foyer ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 reflète les formes de l’organisation de la famille et que ces nouvelles maisons préfabriquées ne correspondent pas aux valeurs, aux traditions et aux relations sociales des familles inuites contemporaines.3 Entre autres, les nouvelles maisons euro-canadiennes, organisées pour une famille nucléaire, diminuent la solidarité entre les familles inuites élargies. Pourtant ces habitations on été préférées par le gouvernement à des fins, entres autres, administratives, soit de réunir les familles nucléaires à la même adresse.4 Plusieurs erreurs de design rendent ces habitations inadaptées aux besoins de la région et des utilisateurs. Les nouvelles constructions sont trop compartimentées, la ségrégation spatiale des maisons euro-canadiennes ne correspond pas à celle des habitations traditionnelles inuites. Ces excès de compartimentation nuisent aux relations familiales entre les habitants de la maison. Par exemple, des espaces où la cuisine et la pièce commune, salle à manger/salon seraient réunis conviendraient beaucoup mieux aux type d’activités des familles.5 Le problème principal dans le design de ces habitations est que les utilisateurs ne sont pas consultés pour les choix de design. Ces habitations sont conçues par des Quallunaat ne connaissant pas les spécificités climatiques de la région ni surtout les besoins des utilisateurs inuits en fonction de leur mode vie.6 Malgré leurs formes simples, à priori transformables et modulables, elles restent dysfonctionnelles pour les habitants de la région. La famille inuite s’organise généralement autour d’un père de famille, mais le foyer peut inclure sa ou ses femme(s), ses parents, frères et sœurs et même cousins. En outre, auparavant plusieurs familles nucléaires pouvaient demeurer dans la même tente.7 ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Cuisine d’une maison préfabriquée http://www2.brandonu.ca/tyman/inuit205.html Ustensile de cuisine entreposé au sol Canada Mortgage and Housing Corporation and Inuit Tapirisat of Canada, Research and consultation project concerning Inuit housing across Canada De plus, le type d’activités domestiques des familles inuites diffèrent de celles des familles eurocanadiennes. Par exemples, des espaces non chauffés pour entreposer en toute sécurité le matériel de pêche et de chasse sont nécessaires. Des éviers et des armoires plus grandes pour cuisiner des ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 aliments traditionnels sont aussi indispensables. Ces problématiques s’ajoutent à une crise du logement généralisée au Nunavut. Effectivement, la plupart des ces habitations sont surpeuplées et ne sont pas suffisamment nombreuses pour le nombre d’habitants de la région. Jusqu’à treize personnes, dont plus de la moitié sont souvent des enfants, peuvent habiter dans une seule maison à raison de jusqu'à quatre personne par chambre.8 Annie Pootoogook Family Returning from the Grocery Store 2004-2005 Crayons de couleurs sur papier Art Gallery of Ontario. Inuit Modern: The Samuel and Esther Sarick Collection. Toronto; Vancouver; Berkeley: Art Gallery of Ontario; Douglas & McIntyre, 2011, 185. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Annie Pootoogook est née à Cape Dorset en 1969, elle a commencé sa carrière d’artiste en 1997. Ses œuvres sont de grands formats réalisés aux crayons de couleurs et représentant des moments de sa vie quotidienne. Elle a longtemps travaillé au sein de la Coop d’artistes de Cape Dorset, mais elle a aujourd’hui quitté sa ville natale pour s’établir à Ottawa.9 En 2006, elle gagne le prix Sobey Art Award d’une valeur de 50 000 dollars et reçoit alors beaucoup de visibilité dans le monde de l’art contemporain. Dans ce tableau nous sommes transportés dans l’intimité d’un foyer de Cape Dorset. Les quatre personnages semblent tous être des enfants et le titre nous indique qu’ils reviennent du supermarché. Les marchandises sont représentées et identifiées avec beaucoup de détails, il est écrit sur chacune d’entre elles de quoi il s’agit. Les personnages ne semblent pas poser, ni participer à aucun type d’activité extraordinaires; il s’agit simplement d’un cliché d’une scène quotidienne. Chaque enfant semble continuer le mouvement du personnage précédent depuis la porte d’entrée, jusqu’à être confortablement assis par terre. Les mouvements de leurs corps structurent le tableau et donnent une impression de rythme et d’action à la scène. L’extincteur sur le mur nous rappelle à quel point les incendies sont une menace courante pour les Inuits qui habitent ces nouvelles maisons préfabriquées facilement inflammables et inadaptées au climat, en raison de leur construction en bois et en contreplaqué. La multiplicité des éléments de décoration donne un caractère personnel et intime à cet intérieur; et pourtant, leur petite taille renforce l’impression de vide. Les murs semblent vastes, pas encore remplis, comme si cette nouvelle architecture préfabriquée moderne n’avait pas eu le temps d’être apprivoisée, habitée et adoptée véritablement par ses habitants. Ce tableau nous montre aussi, qu’étonnamment ces maisons préfabriquées n’ont aucun sas d’entrée, et que la porte extérieure donne directement sur la pièce principale : ce qui est particulièrement inadapté à un climat froid. Ce dessin documente l’absence ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 de réel design architectural dans la conception de ces maisons, ainsi que le type d’alimentation et le quotidien des habitants. Manifestation du 12 octobre 2012 https://www.facebook.com/media/set/?set=oa.292642297515021&type=1 ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Manifestation du 12 octobre 2012 https://www.facebook.com/media/set/?set=oa.292642297515021&type=1 Il est aussi important de mentionner que les aliments importés sont particulièrement chers dans le Nord car le transport est très couteux et pas suffisamment subventionné. Seule la nourriture locale est abordable. Par exemple, un litre de lait coute six dollars, cinq lb de pommes de terres coûtent dix dollars.10 De plus, de la nourriture de moindre qualité, et parfois même avariée, est vendu dans le Nord, toujours à des prix exorbitants. Les Inuits manifestent régulièrement pour avoir accès à de la nourriture à un prix correct. Certains d’entre eux se sont même tournés vers l’agriculture à domicile pour pouvoir consommer des fruits et légumes frais.11 On peut imaginer que ce tableau commente et critique le manque d’accès à de la nourriture abordable pour les habitants de Cape Dorset. On peut d’ailleurs se demander si le nouveau mode de vie sédentaire et ces maisons aux cuisines inadéquates auraient poussé les Inuits à devenir dépendants de marchandises importées. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Annie Pootoogook Watching Dr. Phil 2006 Crayons de couleurs sur papier http://m.theglobeandmail.com/arts/art-and-architecture/annie-pootoogook-onpaper/article4482668/?service=mobile Dans cette seconde œuvre, plusieurs exemples de commodités modernes sont visibles. On voit une télé, une radio, une lampe et un téléphone sans fil. La scène est sans aucun doute une scène contemporaine. Les vêtements du seul personnage représenté donnent l’impression qu’il s’agit d’un intérieur bien chauffé. Cet intérieur moderne n’a rien à voir avec celui d’habitations plus traditionnelles de la région. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Malgré le fait que ce type de maison pourrait être retrouvée n’importe où ailleurs dans le monde, la fenêtre aux rideaux ouverts donne sur un paysage enneigé. Cette ouverture sur l’espace extérieur permet de situer la scène dans le contexte de Cape Dorset. Dans le téléviseur, on reconnaît le visage du célèbre animateur de l’émission Dr. Phil, un talk show américain mettant en scène des familles dysfonctionnelles recevant les conseils du psychologue. Il semble s’agir d’un détail très important; c’est aussi celui-ci qui donne son titre à l’œuvre. Cette émission est un exemple de mondialisation culturelle. Si Cape Dorset reste très difficilement accessible puisqu’aucune route ne le dessert, le village n’en n’est pas pour autant coupé du monde. La télévision le relie au reste du monde à travers des mésaventures des invités du talkshow du Dr. Phil. Plus particulièrement, ces mésaventures sont toujours des conflits familiaux. Annie Pootoogook représente parfois beaucoup plus clairement la présence de violence conjugale ou d’abus au sein du foyer inuit, mais dans cette œuvre, les difficultés familiales sont évoquées au travers des téléviseurs plutôt que dessinées. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Annie Pootoogook Memory of my Life: Breaking Bottles 2002 Encre et crayons de couleurs sur papier. http://beachpackagingdesign.typepad.com/boxvox/2010/06/memory-of-my-life-breakingbottles.html Dans cette troisième œuvre l’artiste fait son portait cassant des bouteilles d’alcool derrière la maison. Elle mentionne ici les problèmes d’alcoolisme, mais aussi sa propre souffrance face à ceux-ci et son désir de s’en débarrasser. À nouveau, l’architecture dépouillée de la maison est bien présente, et la fenêtre, sans rideau, ni stores, ni volets, permet de voir très clairement depuis l’extérieur, l’intérieur de la maison. Les jonctions entre les différentes plaques de contreplaqué de ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 la charpente ouverte sont bien visibles. C’est la structure même de l’habitation qui est représentée. À droite de l’image on peut aussi voir le réservoir de mazout qui sert au chauffage des maisons et qui constitue une des causes d’incendie de la région. En effet, ils sont parfois mal entretenus car cet entretien est très couteux. L’architecture du domicile semble avoir beaucoup d’importance dans la scène. Une très importante partie de la surface du tableau est couverte par les murs extérieurs de la maison. Le bâtiment semble activement faire partie de la scène, occuper la place d’un protagoniste; c’est celui-ci qui permet à Annie de se cacher par exemple. Effectivement derrière la maison se trouve un homme qui ne peut voir la protagoniste. Sa présence contribue à la tension de la scène et le spectateur ne peut s’empêcher d’anticiper sa réaction. Il est au centre de la tension dramatique. Dans le passé, l’artiste a été victime d’abus et de violence conjugale, elle a été séquestrée, battue et abusée pendant plusieurs mois par une de ses relations amoureuses passées. La violence conjugale est un thème qu’elle exploite dans ses dessins sous forme d’autoportrait ou en représentant d’autres personnages dans des scène d’intérieur, mais aussi d’extérieur.12 ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Itee Pootoogook Watching APTN 2009 Crayons de couleurs sur papier http://www.nunatsiaqonline.ca/stories/article/13892_itee_pootoogook_a_self-taught_master/ Itee Pootoogook dessine et sculpte depuis plusieurs années, mais c’est seulement en 2008 qu’il a rejoint la Coop d’artistes de Cape Dorset et que ses œuvres ont commencé à être commercialisées et diffusées.13 Dans cette première œuvre intitulée Watchin APTN, on peut voir un homme de ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 profil regardant la télévision. Il regarde Aboriginal People Network, la version anglophone de la chaîne de télévision autochtone du Canada. Avec un choix très vaste d’émissions de télévision anglophones, francophones et dans plusieurs langues autochtones; conçu par, pour, et à propos des autochtones, cette chaîne est un élément de fierté pour les Premières Nations, Métis et Inuits.14 Au contraire de l’œuvre d’Annie, le personnage ne regarde pas un programme importé américain, mais une émission qui s’adresse à un public entre autres inuit. On semble même pouvoir distinguer dans le téléviseur un paysage enneigé et une motoneige, on pourrait donc penser qu’il s’agit d’une émission à propos de l’Arctique. Dans cette œuvre, la maison semble étrangement spacieuse par rapport à la taille réelle des habitations de la région. Les plafonds sont particulièrement hauts, surtout en comparaison au mobilier de la cuisine par exemple. Ce problème de proportions entre les différents éléments de la pièce et l’espace crée une sensation de vide ou d’inconfort chez le spectateur. À nouveau le dessin est très épuré, les formes sont simples, il y a peu de meubles et de décoration. Toutes les lignes sont impeccablement droites, parallèles ou perpendiculaires les unes aux autres. Il n’y a pas d’effet d’ombre et de lumière. L’architecture est au centre du dessin, on pourrait même imaginer que l’œuvre est inspirée de dessins d’architecture. Les couleurs des murs sont très vives, comme dans les dessins de Annie. Pourtant il ne s’agit pas d’un détail stylistique de la part des artistes, car ce sont bien les véritables couleurs des maisons construites dans le Grand Nord avec des restes de peinture du gouvernement.15 Ici le spectateur est privé de la vision extérieure, des stores cachent la fenêtre. Nous pouvons supposer que la scène se passe dans le Nord, mais rien ne nous le garantit. Contrairement aux intérieurs d’Annie Pootoogook, ici, le paysage enneigé n’est pas visible au travers de la fenêtre, mais au travers de l’écran de télévision. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Itee Pootoogook Drinking Coke 2010 Crayons de couleurs sur papier http://www.nunatsiaqonline.ca/stories/article/13892_itee_pootoogook_a_self-taught_master/ Ce portrait s’accompagne d’une inscription « Drinking Coke. Most People Drink Coke. », pouvant être traduit « Boire du Coca, La plupart de gens boivent du Coca ». Le personnage ne semble pas s’être préparé pour poser. Ce dessin décrit une habitude, une scène quotidienne. À nouveau la fenêtre est ouverte et nous prive de la vision de l’extérieur. La marque de commerce du produit consommé par le personnage est un élément crucial du tableau et donne son titre à l’œuvre. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Publicitée Coca-Cola http://www.dinahmoe.com/?projects=coca-cola-arctic-home Édition spéciale de la canette de Coca-Cola http://blogs.canoe.ca/parker/general/coca-cola-and-the-polar-bears/ Coca-Cola est une multinationale symbole de mondialisation mais aussi d’impérialisme. Avec un revenu de plus de 50 milliards de dollars par année, il est vendu dans plus de 200 pays à travers le monde.16 Coca-Cola a reconnu dans le Nord et chez les populations autochtones un marché prometteur. La marque organise des concours de décoration de leurs bouteilles pour les artistes autochtones, et se vante de participer à la sauvegarde des ours polaires.17 ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Mélange congelé de boisson Fruitopia http://nunavutfoodprice.tumblr.com/ Paquet de canettes de Schweppes https://www.facebook.com/photo.php?fbid=390840990951961&set=o.239422122837039&type= 3&theater À nouveau ces marchandises importées sont très coûteuses. Une portion de jus d’orange congelé, qui correspond à environ un litre et demi de jus, coûte plus de dix dollars. Minute Maid et ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Frutopia sont des marques Coca-Cola. Une cannette de Swcheppes, une marque qui appartient à Coca-Cola et Cadbury, coûte près de sept dollars.18 Dans « Drinking Coke, » le dessin aux formes très géométriques nous en dit peu sur l’architecture et l’espace où se trouve le personnage. Les formes très simples donnent un caractère impersonnel à l’environnement alors que l’on assiste pourtant à une scène intime. Il existe un décalage entre la banalité de la scène, son caractère intime et l’impersonnalité du décor. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Itee Pootoogook Preparing to go Hunting 2011 Crayons de couleurs sur papier, 19.75 x 25.5 pouce http://www.marionscottgallery.com/EXHIBITIONS/2011/201103-ITEE/05.php ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Dans ce troisième tableau nous sommes transportés à l’extérieur de la maison. L’artiste nous propose un autre angle de vue sur l’architecture. On peut y voir une motoneige et un traîneau, des instruments utilisés pour la chasse. On y voit les autres maisons du village, ce qui nous permet d’avoir une impression du paysage de la région. Toutes les maisons se ressemblent, elles sont semblables en formes et en tailles. Seule la couleur de leurs murs extérieurs varie et les rend reconnaissables les unes des autres dans le paysage enneigé. La chasse est encore un moyen de subsistance et permet de pallier la nourriture trop coûteuse. Traditionnellement la chasse et la pêche étaient des activités réservées aux hommes, pratiquées avec fierté et beaucoup de respect pour la nature. Une fois l’animal tué, sa peau et sa fourrure étaient utilisées pour fabriquer des tentes et des vêtements, ses os pour la structure des habitations ou pour construire des outils, la viande était consommée et le gras servait d’huile de chauffage; finalement très peu était gaspillé.19 Aujourd’hui, avec l’introduction des motoneiges et autres nouvelles technologies, la chasse est devenue une activité coûteuse à pratiquer, et paradoxalement, plusieurs chasseurs doivent trouver un autre emploi pour pouvoir continuer leur activité. De plus, à cause du matériel inadapté, il est parfois difficile d’apprêter la viande chassée, et les mets préparés importés sont privilégiés. En conclusion, ces œuvres documentent le quotidien, l’intimité mais aussi cette nouvelle architecture préfabriquée de Cape Dorset. L’architecture est au cœur de plusieurs des tensions de la vie quotidienne des Inuits et occupe une place très importante dans ces tableaux. Elle représente les tensions entre leur culture, leurs traditions et le nouveau mode de vie sédentaire qui leur a été imposé. Certains éléments des œuvres nous laissent deviner un élément d’inconfort ou une trop grande différence entre l’architecture des maisons et la culture des habitants. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 NOTES 1 Alison K. Hoagland, “Eskimo Architecture: Dwelling and Structure in the Early Historic Period,” Canadian Historical Review 85:2 (June 2004): 375–376. 2 Haogland. 3 Peter Colin Dawson, Variability in Traditional and Non-traditional Inuit Architecture, AD. 1000 to Present, Ph.D. Dissertation (Calgary: University of Calgary, 1997). 4 Dawson. 5 Dawson. 6 Quallunaat est le mot inuit pour étranger référant au personnes non-inuit et par extension les blancs, colons etc. 7 Peter Colin Dawson, “An Examination of the Use of Domestic Space by Inuit Families Living in Arviat, Nunavut,” May 2004, Canada Mortgage and Housing Corporation, accessed November 11, 2012 http://www.cmhcschl.gc.ca/odpub/pdf/63600.pdf. 8 Peter Power, “Portraits of Nanuvut,” The Globe and Mail, April 1, 2011, accessed November 11, 2012 http://www.theglobeandmail.com/news/national/nunavut/portraits-of-nunavut/article633697/. 9 Spirit Wrelser Gallery, accessed November 11, 2012 http://www.spiritwrestler.com/. 10 Mary Simon, “Inuit and The Canadian Artic: Sovereignty at Home,” accessed November 11, 2012 http://www.tvo.org/theagenda/resources/pdf/MarySimonSpeech10_2A1370.pdf. 11 “Feeding My Family,” Facebook, accessed December 8, 2012 https://www.facebook.com/groups/239422122837039/?fref=ts. 12 “Inuit Art Loses the Ookpik,” The Globe and Mail, accessed December 21, 2012http://www.theglobeandmail.com/arts/inuit-art-loses-the-ookpik/article730588/. 13 Spirit Wresler Gallery. 14 “APTN,” Wikipédia, accessed December 8, 2012http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=APTN&oldid=63167611. 15 “Inuit Art Loses the Ookpik.” 16 “Coca-Cola,” Wikipedia, accessed December 9, 2012http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=CocaCola&oldid=527023229. 17 “Coca-Cola and the Polar Bears,” Nosey Parker, accessed December 11, 2012 http://blogs.canoe.ca/parker/general/coca-cola-and-the-polar-bears/. 18 “Feeding My Family.” 19 “Modern VS Traditional Life,” Inuit Cultural Online Resource, accessed December 11, 2012 http://icor.ottawainuitchildrens.com/node/48. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 BIBLIOGRAPHY Allen, Jan, Annie Pootoogook, and Agnes Etherington Art Centre. Annie Pootoogook: Kinngait Compositions. Kingston, Ont.: Agnes Etherington Art Centre, 2011. “APTN.” Wikipédia. Accessed December 8, 2012. http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=APTN&oldid=63167611. “Canada Council Art Bank’s 40th Anniversary.” Canada Council for the Arts. Accessed November 11, 2012. http://artbank.ca/en/40th.aspx. Campbell, Nancy, Annie Pootoogook, Wayne Baerwaldt, Deborah Root, and Illingworth Kerr Gallery. Annie Pootoogook. Calgary, Alta.; Charlottetown, P.E.I.: Illingworth Kerr Gallery; Confederation Centre Art Gallery, 2007. “Coca-Cola.” Wikipedia. Accessed December 9, 2012. http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Coca-Cola&oldid=527023229. “Coca-Cola and the Polar Bears.” Nosey Parker. 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Durant les mois d’hivers l’avion est le seul moyen de transport. Afin d’illustrer ce caractère reculé et isolé du village, je souhaiterais que le visiteur arrive sur une image satellite du monde, zoomant lentement vers le Canada, le Nunavut et enfin Cape Dorset. Un peu comme Google Map nous le propose, lorsque l’ont cherche « Cape Dorset, Baffin Region, Nunavut »19 et que l’on zoom et dézoome. L’idée m’a été inspirée par Google Earth, Google Maps et le site The Scale of the universe19. Une fois arrivée à l’échelle du village, l’utilisateur je souhaiterais que l’utilisateur soit devant un paysage du village et que en cliquant sur certaines des maisons, il obtienne de l’information sur l’architecture préfabriquée ou sur les images des œuvres de Annie et Itee. Je souhaite que ce paysage ne soit pas enneigée pour correspondre au images de Google Maps et pour ne pas donner une image trop commune ou clichée du grand Nord. Je souhaiterais que le site soit traduit en inuktitut par respect pour les habitants du village de Cape Dorset et afin que tout les inuits puissent accéder à l’information que l’ont dit d’eux. Je souhaiterais que les textes soit accessible par écrit mais aussi disponible principalement en version audio. Je pense que si le visiteur de l’exposition se fait dire l’information, toute son attention visuelle pourra alors être concentrée sur les images, plutôt que dispersée entre les œuvres et le texte. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012 Ultimement le site pourrait devenir une plateforme ou chaque visiteur pourrait laisser ses commentaires sur les œuvres et sur la situation des habitations du Nunavut. Ceci permettrait d’avoir une multitude de réactions personnelles sur le sujet et une vision plurielle du sujet plutôt qu’uniquement la mienne. ARTH 648B-2 Envisioning Digital and Virtual Forms of Exhibitions: The Curatorial Translation of Theory into Practice, 2012