Intégrer le développement durable dans les achats de textile
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Intégrer le développement durable dans les achats de textile
Document de synthèse Octobre 2008 Intégrer le développement durable dans les achats de textile Ce document est la synthèse des travaux du groupe « Textile » du RGO. Le contexte étant en constante évolution il est important de rappeler que le recueil d’informations date de fin 2007début 2008 et que les retours d’expériences présentés n’engagent que les collectivités qui ont mis en œuvre ces expériences. L’objectif recherché est d’accompagner l’acheteur public dans sa démarche. Il ne s’agit pas de présenter une marche à suivre mais d’identifier des possibilités et d’expérimenter la faisabilité de certaines d’entre elles. Ont participé à la rédaction de ce document : - Florent Solier, Directeur de la Commande Publique de la Ville de Nantes - Nathalie Debec, Acheteuse à la Ville de Nantes - Jean-Louis Mouche, Responsable du service des marchés du Département de la Charente - Emmanuelle Albert, Animatrice du RGO Le RGO tient à remercier : les collectivités qui ont participé activement au groupe de travail « Textile » (Ville de Nantes, Conseil Général de la Charente et Conseil Régional Bretagne), les membres de l’inter-réseau national « commande publique et développement durable », ICLEI, Eurocities et les différents acteurs de la filière textile que le groupe a rencontrés au cours de ses travaux : NAPCE, Yamana, fédérations professionnelles du secteur textile, fournisseurs… Sommaire 1 - Introduction page 3 2 - Principaux enjeux de la filière textile en matière de développement durable page 4 2.1 - La production de la matière première 2.2 - La fabrication d’un textile 2.3 - L’emballage et la distribution 2.4 - La gestion de la fin de vie du produit 3 - Contexte juridique et technique page 9 3.1- Outils juridiques à utiliser 3.2 - Labels, certifications sur lesquels s’appuyer 4 - Etat des lieux de l’offre page 19 4.1 - Synthèse d’une rencontre avec des fédérations du secteur textile 4.2 - Etat des lieux de l’offre « maille » en coton équitable et/ou biologique 4.3 - Etat des lieux de l’offre « vêtements professionnels » en coton équitable et/ou biologique 5 - Retours d’expériences page 29 5.1 - Synthèse des expériences recensées 5.2 - Principaux facteurs de réussite identifiés 6 - Conclusion et perspectives page 41 7 - Bibliographie page 43 RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 1 RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 2 1 - Introduction Une des activités proposées par le Réseau Grand Ouest commande publique et développement durable est la mise en place de groupes de travail thématiques. (Pour en savoir plus sur le RGO et ses activités, voir www.reseaugrandouest.fr) • • • • • • • La mission de ces groupes de travail est de : définir les enjeux de la filière concernée en termes de développement durable, clarifier le contexte législatif et technique, recenser les expériences en cours, identifier les effets freins et les leviers, établir un état des lieux de l’offre et dialoguer avec les fournisseurs, tester l’intégration de clauses dans des marchés, organiser une restitution des travaux du groupe à l’ensemble du RGO (document de capitalisation et demi-journée d’échange). En janvier 2007, un groupe de travail a été créé autour de la thématique des achats de « textile » (vêtements professionnels et tee-shirts promotionnels). Ce groupe a été piloté par la Ville de Nantes. Le Conseil Régional de Bretagne, le Conseil Général de la Charente, Nantes Métropole et la Ville de Saint-Jean-de-Monts y ont participé. • • • • • Les travaux de ce groupe se sont principalement articulés autour : de quatre réunions de travail du groupe (entre janvier et décembre 2007), d’une visite d’usine du secteur textile, d’échanges avec différents acteurs : représentants de producteurs de coton équitable, d’associations spécialisées, de fédérations de professionnels du secteur textile, de fabricants, de distributeurs…, de la participation à deux colloques européens (colloque européen sur les achats socialement responsables, RESPIRO, en décembre 2007 à Lille et focus « coton » dans le cadre du forum européen du commerce équitable en février 2008 à Lyon), de l’analyse de trois expériences : Conseil Régional Bretagne, Conseil Général de la Charente, Ville de Nantes. Ce document présente la synthèse des travaux du groupe « Textile » et est diffusé à l’occasion d’une demi-journée technique de restitution organisée le 07/10/08 à Nantes. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 3 2 - Principaux enjeux de la filière textile en matière de développement durable La filière textile est une des filières manufacturières les plus complexes : • • • il y a beaucoup de phases et d’intervenants entre le producteur de la matière première et le distributeur du produit fini ; cette filière est particulièrement concernée par les délocalisations de production dues à la mondialisation ; ainsi, un article peut faire le tour de la Terre avant d’arriver à son destinataire final, les critères liés au développement durable qu’un acheteur peut prendre en compte sont nombreux : sociaux, éthiques, équitables, environnementaux… Le schéma et le texte suivants présentent les différentes phases de production d’un textile et les principaux enjeux en matière de développement durable pour chacune de ces différentes phases. Autant de pistes d’exigences à éventuellement intégrer dans les cahiers des charges d’achats de textile. 2.1 - L a pr oducti on de la mati èr e pr emi èr e NB : Seule la production de coton est présentée ici. Or certains textiles sont également à base d’autres composants comme le polyester, le nylon… La culture du coton est une culture très consommatrice d’eau et, pour la filière conventionnelle, d’engrais et de pesticides. Son impact sur la santé des producteurs et sur l’environnement dans les différentes parties du monde dans lequel il est cultivé est loin d’être négligeable et peut parfois devenir problématique. Le développement de filières de coton équitable et/ou biologique est en cours, d’autant plus que la demande de coton ayant ces spécificités augmente significativement ces dernières années. 2.1.1 - Le coton équitable Pour proposer un coton dit « équitable », les producteurs de coton doivent répondre à certaines règles environnementales, sociales et économiques. D’un point de vue environnemental c’est : • l’interdiction d’utiliser une liste de pesticides, reconnus comme dangereux, • la réduction des intrants chimiques et leur remplacement par des méthodes naturelles, • l’interdiction d’acheter des semences OGM, • la mise en œuvre d’une gestion des déchets. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 4 Sur le plan social et économique Les petits producteurs sont organisés collectivement, sous forme de coopératives et de syndicats. Ces micros-sociétés sont gérées de façon indépendante, démocratique et transparente. Elles sont régies par : • des règles sociales : - le refus de l’exploitation des enfants et du travail forcé, - la parité entre hommes et femmes… • des règles économiques : - le juste prix payé par les sociétés cotonnières aux producteurs leur permettant de faire vivre dignement leurs familles, - le versement d’une prime de développement à la collectivité pour des investissements communautaires… Pour être dénommé « tissu en coton issu du commerce équitable », un tissu doit contenir au minimum 50% de coton équitable. 2.1.2 - Le coton biologique Il faut environ trois ans pour convertir une culture de coton conventionnel en coton biologique. Les règles environnementales sont encore plus strictes : • l’interdiction de présence de semences OGM, • l’absence d’utilisation de pesticides (pour protéger les producteurs des maladies liées à leur surexposition), • l’absence d’engrais chimique, seuls les fertilisants naturels sont autorisés, • la préservation de la biodiversité, en alternant les cultures. Ces deux critères, équitable et biologique, sont de plus en plus cumulés. Les exigences pour obtenir la qualification biologique étant plus strictes, un soutien économique supplémentaire est versé par les sociétés cotonnières aux coopératives de producteurs sous forme d’une prime de développement plus importante. Cette incitation a pour but d’encourager les producteurs de coton équitable dans une démarche toujours plus respectueuse de l’environnement et de la santé. Toutefois, la présence d’une matière première « équitable et/ou biologique » ne signifie pas que le textile soit « durable ». A chaque étape du processus de fabrication, les différents acteurs doivent respecter des conditions éthiques (respects des conventions de l’OIT…), équitables (juste rémunération des producteurs…), environnementales et de santé. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 5 2.2 - L a f abricati on d’u n textil e Les différentes étapes du processus de fabrication d’une pièce textile sont : • égrenage, • préparation des fibres et filature, • tissage ou tricotage, • confection du produit fini. L’ennoblissement peut intervenir aux diverses phases de fabrication d’une pièce textile (de la préparation des fibres à la confection du produit fini), par exemple : pré-traitement, teinture, impression, pose d’apprêts, enduction, lavage, séchage, traitement divers pour maximiser des performances de confort ou de protection… Une filière textile contrôlée c’est un engagement pour chaque acteur du processus de fabrication à : • mettre en place une démarche commerciale durable pour pérenniser une filière d’approvisionnement, • se fournir auprès d’un acteur, labellisé ou certifié de préférence, • être en capacité de justifier la traçabilité de sa filière d’approvisionnement, • être en mesure de présenter des certifications / labellisations et/ou audits externes, • connaître l’utilisation concrète (sur le terrain) de la prime de développement versée aux producteurs si le coton est équitable, • accepter de payer le prix du commerce équitable et/ou de la culture biologique, • être en mesure de fournir une traçabilité financière (en montant et en volume), • être en mesure de fournir un certificat attestant le respect des conventions de l’OIT au sein de ses propres usines et pour ses sous-traitants, • faire en sorte que sa propre activité soit la plus respectueuse possible de l’environnement : limitation de l'utilisation des ressources (eau, énergie…), de substances dangereuses, de la production de déchets… 2.3 - L’emball age et la di stributi on Le produit fini ainsi élaboré, devra ensuite être emballé. Les enjeux du développement durable se poursuivent au niveau de la phase « emballage », notamment en matière d’aspects environnementaux : • utilisation d’emballages recyclés, • recherche d’une qualité écologique des emballages favorisant leur recyclage, • dimensionnement des emballages en adéquation avec le volume de produits à transporter, • utilisation raisonnée des emballages et suppression du suremballage (qui assure une fonction déjà remplie par d’autres éléments), • limitation du conditionnement individuel ou réduction de son impact (utilisation d’éléments recyclables…) Une fois emballé, le produit fini sera distribué. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 6 Les impacts environnementaux de la distribution des produits peuvent également être limités. Il s’agit par exemple de : • s’interroger sur l’optimisation des chargements, le mode de transport utilisé (avion, bateau, train, camions)… notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre induites, • prévoir des livraisons en dehors des heures de pointe pour réduire les pics de pollution… Toutefois, compte tenu de la mondialisation, la réalité économique amène souvent à d’autres analyses et à une faible capacité d’action. NB : Pour plus d’informations, consulter les travaux du groupe de travail « Intégration de critères relatifs à la quantification des émissions de gaz à effet de serre dans les marchés publics » sur le site du RGO : www.reseaugrandouest.fr 2.4 - La ges ti on de la fin de vi e du pr oduit La collecte des déchets textiles s’organise selon deux circuits : • les récupérateurs qui collectent les déchets de fabrication des entreprises du textile et de l’habillement, • les organisations caritatives et entreprises d’insertion qui collectent les textiles usagés des particuliers ou des collectivités (par exemple Emmaüs) et qui demeurent l’un des supports de l’économie solidaire. Après collecte et tri, selon leur nature, les textiles sont orientés vers différentes filières de valorisation (réemploi ou recyclage) : • la friperie (réutilisation de vêtements d’occasion en bon état, souvent exportés vers les pays en voie de développement), • l’essuyage industriel (à base de vêtements en fibres naturelles, mais cette filière est quelque peu délaissée par le secteur automobile), • l’effilochage (notamment à partir d’articles en lainage) qui permet de fabriquer de nouvelles fibres, • les autres déchets textiles qui peuvent servir à la fabrication de carton. Contraintes identifiées en matière de collecte de produits textile Certes des circuits existent mais, aujourd’hui en France, il n’y a pas de véritable filière organisée à grande échelle permettant la réutilisation ou le recyclage de vêtements professionnels. Une grande partie de ces vêtements empruntent encore en fin de vie le circuit des déchets banals et sont éliminés dans des installations d’incinération ou mis en décharge. Pour l’instant, peu de collectivités territoriales ont mis en place un système de récupération des textiles usagés en interne, notamment pour les vêtements de travail de leurs agents. La récupération des textiles en fin de vie est donc une piste d’actions à étudier. Ceci d’autant plus que les circuits continuent à se structurer et qu’un décret publié au journal officiel le 27 juin 2008 prévoit la création d'un éco organisme dédié à la filière textile. Néanmoins, certaines contraintes concernant notamment le stockage sont à respecter : le textile doit être conservé dans un endroit sec, à l'abri des intempéries et de l'humidité et la période d'entreposage doit être la plus courte possible. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 7 SCHEMA DE SYNTHESE Processus de production d ’un textile responsable et principaux enjeux du développement durable Equitable (r écolte) Ethique Culture du coton Ethique Equitable Biologique environnement sant é ! !! Egrenage !!! Filature ! ! ! ! ! Environnement Santé Ennoblissement Recyclage du textile Friperie Essuyage Effilochage !! !!! !!!! pré-traitement , impression, apprêts, enduction, lavage, s é chage Environnement Environnement (production de gaz à effet de serre) Distribution Emballage (colisage …) ! ! ! ! ! Ethique Equitable (recyclage) !!!! Tissage Tricotage !!!!! Coupe Confection 1 RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 8 3 - Contexte juridique et technique 3.1 - Outi ls juri di qu es à u tiliser Le Code des Marchés Publics de 2006 offre de nombreuses possibilités pour prendre en compte les objectifs du développement durable comme l’y oblige l’article 5. 3.1.1 - La stratégie achats ou le choix de l’allotissement pertinent : un préalable La réflexion liée à l’allotissement est une étape d’autant plus nécessaire que, dans le secteur textile, les offres performantes en matière de développement durable émergent encore de manière disparate, selon le type de textile acheté. Elle implique que l’acheteur ait une vision assez précise de l’état de l’offre pour établir un allotissement à même de dynamiser la concurrence et non de la restreindre. De plus, un allotissement pertinent facilitera la mise en œuvre des outils juridiques énumérés ci-dessous. Le caractère complexe de la chaîne de production textile et la variété des enjeux liés au développement durable doivent conduire l’acheteur à fixer ses objectifs en la matière en fonction des offres disponibles et de leur pluralité. Ainsi par exemple, si l’acheteur poursuit un objectif d’achat équitable pour l’achat des articles en 100 % coton, il sera pertinent de les allotir différemment des autres achats. En revanche, si la démarche de l’acheteur concerne uniquement les aspects éthiques ou le respect de l’environnement au stade teinture ou fabrication, une telle distinction par type de vêtement ne sera pas nécessairement pertinente (et il conviendra sur les aspects éthiques de se baser sur la localisation des fabricants). Le caractère pluriel des offres est un élément important de la réflexion stratégique. Un faible nombre d’offres disponibles doit conduire l’acheteur : • à être prudent quant à l’aspect financier de son achat, • à adapter les outils juridiques qu’il met en œuvre. Conserver un allotissement unique par souci d’unicité d’interlocuteur ou de processus de commande et de livraison risque, tout particulièrement en matière de textile, de générer un effet frein important pour les fournisseurs qui proposent des produits ayant des caractéristiques spécifiques comme par exemple des produits fabriqués à partir de coton équitable. En effet, la prise en compte du développement durable s’est accélérée dans le domaine du textile mais les offres en présence sont encore partielles que ce soit en termes de produits disponibles ou de champ de prise en compte du développement durable (la matière première est labellisée mais pas la fabrication…). Il convient justement de s’adapter à cette évolution progressive et surtout de l’accompagner par un allotissement adéquat. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 9 3.1.2 - Les différents outils juridiques proposés par le Code des Marchés Publics pour prendre en compte le développement durable Ils sont au nombre de sept sachant qu’ils sont cumulatifs ce qui multiplie les montages possibles : 1 - Le souhait L’acheteur se contente d’évoquer le souhait d’obtenir des offres respectant tel ou tel objectif du développement durable. Cet outil est surtout utile en l’absence (ou quasi absence) d’offre disponible afin d’orienter le marché fournisseur. Néanmoins, sa portée reste limitée s’il est utilisé seul. Exemple : Une collectivité souhaite acquérir des vêtements professionnels dont les conditions de fabrication respectent l’environnement (notamment au stade teinture) et les droits éthiques et sociaux (conventions de l’OIT…). Les candidats pourront dans leur offre développer les actions mises en œuvre pour atteindre ces deux objectifs de développement durable mais cela n’a aucun caractère obligatoire. 2 - La variante L’acheteur incite expressément les candidats à remettre une offre intégrant une variante en lien avec les objectifs du développement durable. Cet outil est plus incitatif que le souhait. La variante est particulièrement pertinente en phase d’émergence d’offres respectueuses du développement durable à la fois pour inviter les candidats à les développer mais aussi pour les comparer aux solutions conventionnelles (qualité/prix). La variante présente néanmoins un inconvénient : comme l’exige le Code des Marchés Publics, le candidat est tenu de répondre à la solution de base. Cette exigence peut alors s’avérer bloquante pour certains candidats qui ne pourraient répondre qu’à la variante, ce qui est particulièrement contre productif, d’où l’importance de la définition d’une stratégie achats et d’une bonne connaissance de l’état de l’offre en amont. 3 - L’option L’acheteur oblige ici les candidats à chiffrer une solution d’achat alternative ou complémentaire à la solution de base. Cela suppose qu’une pluralité d’offres existe afin de ne pas restreindre la concurrence. L’intérêt peut être par exemple de comparer une offre conventionnelle à une offre respectueuse du développement durable. 4 - La condition d’exécution (article 14 du Code des Marchés Publics) Signe de plusieurs offres disponibles ; afin de ne pas être discriminatoire, la condition d’exécution permet d’exiger des offres à venir la prise en compte de telle ou telle condition liée au développement durable et d’en vérifier le respect lors de l’exécution du marché. Il convient néanmoins de rester vigilant et pragmatique quant aux moyens de contrôle lorsque, faute de mieux, l’entreprise recourt à du « déclaratif », signe bien souvent qu’elle-même ne contrôle pas la chaîne de production. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 10 5 - Les spécifications techniques (article 6) Le raisonnement - et l’intérêt - nécessaires à leur utilisation sont identiques à ceux de la condition d’exécution mais l’article 6 pose des limites quant à l’exigence de labels qu’il convient de garder à l’esprit. Or, en matière de textile, comme cela est évoqué dans la partie suivante, certains labels ou certifications ne remplissent pas les conditions exigées par l’article 6 du Code des Marchés Publics. Deux solutions peuvent être envisagées : • Reprendre les objectifs et principes fondateurs du « label » ou de la certification recherchée : s’agissant du commerce équitable, l’acheteur peut faire référence aux « standards » du commerce équitable tels que juste rémunération des producteurs, prime de développement à usage collectif… (voir page 16). Les candidats devront alors décrire les principes appliqués dans le cadre de leur offre, l’éventuelle certification… L’acheteur devra apprécier si les critères demandés sont respectés. • Lister les « labels » ou « certifications » pouvant être présentés et indiquer dans le cahier des charges « ou équivalent ». En cas d’offres ne présentant pas un des labels ou certifications possibles mais en utilisant un autre ou bien un processus propre, l’acheteur devra alors se prononcer sur l’équivalence (objectifs poursuivis, modalités pratiques, contrôle interne/externe, traçabilité…). La preuve est néanmoins à la charge du prestataire. 6 - Les critères d’attribution (article 53) Des critères relatifs au développement durable peuvent être utilisés comme critères d’attribution lors du choix de l’offre s’ils sont en lien avec l’objet du marché, objectifs et non discriminatoires. L’acheteur veillera à adapter leur pondération en tenant compte du nombre d’offres potentielles en présence, des objectifs de développement durable poursuivis et, en tout état de cause, en conservant une proportionnalité vis-à-vis des autres critères conventionnels. Ainsi, lorsque les offres sont peu nombreuses ou très disparates, la pondération des critères liés au développement durable restera dans une proportion de 5 à 10 % de la note globale. En revanche face à un nombre d’offres plus important, cette proportion pourra se situer entre 15 et 20 %. 7 - La clause de progrès Cette clause est utilisée en cours d’exécution, et surtout en phase de reconduction, afin d’inciter - de forcer - le titulaire à être actif sur les thèmes retenus par la clause de progrès et ainsi à faire évoluer son offre. Ainsi, en phase de reconduction du marché, l’acheteur pourra demander au titulaire de lui préciser les progrès de l’année passée et à venir dans la prise en compte du développement durable au regard de son offre initiale : offre catalogue, référencement de produits, évolution des pratiques internes, formation et/ou management lié au développement durable… RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 11 Ces différents outils peuvent se cumuler pour aboutir à différents montages. Voici deux exemples jugés pertinents par le groupe de travail en matière d’achat de textile : Souhait + critères d’attribution + clause de progrès Ce montage répond aux hypothèses où il n’y a pas suffisamment d’offres disponibles pour recourir à une condition d’exécution. L’exigence de l’acheteur se limite donc à un souhait pour éviter le risque d’être qualifiée de discriminatoire ou d’aboutir, plus simplement, à un infructueux. La présence de critères d’attribution dont la pondération se situera autour de 5 ou 10 % selon les cas renforcera l’incitation faite aux fournisseurs. La clause de progrès maintiendra l’incitation pendant toute la durée de l’exécution du marché. Conditions d’exécution + critères d’attribution + clause de progrès Ce montage correspond aux hypothèses où plusieurs offres, même « débutantes », existent. La condition d’exécution va permettre de fixer les exigences minimum de l’acheteur en matière de développement durable. Les critères du développement durable pourront servir à la fois à mesurer qualitativement les modalités d’exécution de cette exigence minimum et à évaluer la prise en compte d’autres aspects liés au développement durable. Ainsi, par exemple, la condition d’exécution sera de fournir des tee-shirts 100 % coton dont le coton - en tant que matière première - sera produit et ramassé conformément aux « standards » du commerce équitable. Les critères serviront à valoriser les offres qui, en plus du respect de cette condition, comporteraient d’autres éléments en matière de développement durable : une étape de fabrication elle-même confiée à une coopérative engagée dans une démarche de commerce équitable, un site de production certifié ISO 14001 ou une politique d’entreprise particulièrement exemplaire d’un point de vu éthique et social… Il est important que l’acheteur communique clairement sur cette valorisation des offres de manière à ce que le marché fournisseur s’inscrive dans une logique progressiste (pour autant que l’objectif d’influencer l’offre soit atteint). La clause de progrès permettra de maintenir cette logique progressiste, d’autant plus que des objectifs en termes de développement durable sont identifiés comme condition d’exécution du marché. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 12 3.1.3 - Les pièces à exiger à l’appui de l’offre et la question de l’équivalence Les pièces à exiger à l’appui de l’offre dépendent bien sûr du montage retenu par le marché. Il est donc délicat ici d’être exhaustif. Traçabilité Le premier enjeu, d’autant plus important dans le secteur textile que la chaîne de production est complexe, est la traçabilité. Il est impératif que le candidat puisse décrire la chaîne de production de ses produits en précisant les lieux, la provenance, le cas échéant les acteurs impliqués. Il peut être demandé aux fournisseurs de remplir un tableau demandant ces informations et de joindre cette pièce à leur offre. Cette exigence n’est pas toujours aisée à satisfaire, le fournisseur final de l’acheteur pouvant être en difficulté pour obtenir certaines informations. Mais cette traçabilité est indissociable d’un contrôle réel de l’atteinte des objectifs de développement durable fixé par le marché et permet a minima de sensibiliser et d’interroger les fournisseurs en amont. En ce sens, la simple déclaration sur l’honneur du candidat n’est pas un moyen de preuve satisfaisant… mais l’acheteur devra le plus souvent s’en contenter faute de certification existante ou de contrôle possible ou réalisé. Par exemple, le respect des conventions de l’OIT donne le plus souvent lieu à simple déclaration. Le fait que le pays de provenance soit signataire de ladite convention est-il suffisant pour établir que les termes de la convention sont respectés ? Cela dépend essentiellement des moyens de contrôle que ce pays a mis en œuvre et de la réalité de ces contrôles. Faute de pouvoir contrôler par elles-mêmes ou de bénéficier d’une certification externe, les collectivités territoriales sont contraintes de se contenter de cette déclaration sur l’honneur. Certificats attestant une labellisation ou une certification De même, les attestations d’organismes certificateurs, les labels ou autres certifications sont des pièces essentielles. Là aussi, l’auto-certification par un candidat ne saurait être une preuve suffisante (sans intervention a minima d’un moyen de contrôle externe au candidat). L’apposition, contrôlée, d’un logo ou d’un label sur le produit est autant un moyen de preuve complémentaire qu’un outil de communication. Il n’en est pas de même, bien sûr, lorsque l’acheteur exige une certification ou une labellisation en tant que spécification technique (cf. pour mémoire les dispositions de l’article 6 du Codes des Marchés Publics). Le candidat devra la fournir ou à défaut faire la preuve d’un niveau de contrôle équivalent. Cette preuve est aussi délicate à contrôler. Il convient en réalité de comparer les objectifs, les exigences et les performances à atteindre ainsi que les points de contrôles du label ou de la certification avec ceux décrits par le candidat. Un écart significatif (par exemple : absence de moyens de contrôle externe…) entre l’offre et le label sur au moins l’un de ces trois critères permettra de refuser la reconnaissance de cette équivalence. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 13 La notation des critères tiendra bien sûr compte de la qualité des preuves apportées et du degré d’atteinte des objectifs de développement durable. L’acheteur devra aussi faire preuve de pragmatisme. 3.1.4 - Moyens de contrôle en cours d’exécution du marché Ils sont quasiment identiques aux pièces demandées à l’appui de l’offre. Néanmoins, celles-ci sont à actualiser autant que de besoin. La bonne apposition du logo ou du label, la dernière attestation de certification, l’actualisation, le cas échéant, la traçabilité… devront être vérifiées régulièrement. A défaut de respect des conditions du marché, le candidat encourt, selon le montage retenu, des pénalités, une réfaction voir un rejet et une résiliation du marché (après le respect des formalités d’usage). 3.2 - L abels , s’appuy er c ertifications… su r l esquels Le secteur textile est concerné par de nombreux labels et certifications. Face à cette situation, il peut être parfois difficile pour un acheteur d’avoir une vision claire des champs couverts et des critères utilisés par chacun d’entre eux. Ces labels et certifications peuvent pourtant aider les acheteurs publics à qualifier leur besoin et peuvent être utilisés en tant que spécification technique (article 6 du Code des Marchés Publics). Avant d’en présenter quelques uns, il est important de préciser que les degrés d’exigence et de reconnaissance peuvent être très variables, que certains concernent la certification du produit alors que d’autres concernent la certification d’un site de production ou la démarche d’une entreprise… il convient donc de bien connaître le champ d’application d’un label ou d’une certification avant d’y faire référence dans un cahier des charges (en spécifiant toujours la mention « ou équivalent »). Cette liste n’est pas exhaustive. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 14 3.2.1 - Dans le domaine de l’environnement et/ou de la santé Nom Champ concerné Eco-label européen Toute la chaîne de production Label Oekotex Ennoblissement, teinture du produit Deux standards : - Standard 1000 qui concerne les usines et ateliers de production - Standard 100 qui concerne le produit fini Certifications AB, EKO, IMO… Matière première (coton) Certifications ISO 14 001 EMAS Site de production Démarche de l’entreprise Définition Pour en savoir plus Les écolabels distinguent des produits et des services plus respectueux de l’environnement. Leurs critères garantissent l’aptitude à l’usage des produits et services, et une réduction de leurs impacts environnementaux tout au long de leur cycle de vie. Ce sont des labels reconnus officiellement par les pouvoirs publics. Le label Oekotex est une marque internationale de référence pour l'évaluation des éventuelles matières à problèmes dans les textiles. Les textiles le portant sont garantis sans colorant azoïque ou allergène, sans formaldéhyde, sans accélérateur de couleur organo-chloré, sans apprêt biocide…, leur teneur en pesticides et phénols chlorés ainsi que la libération éventuelle de métaux lourds par l’action de la sueur sont testées. Certifications garantissant que le coton est « biologique », qualité attachée à un mode de production respectueux de l'environnement n'utilisant pas de produits chimiques de synthèse. www.ecolabels.fr A noter : plusieurs écolabels « nationaux »certifient également le textile (nordique, suédois, coréen, japonais, thaïlandais…) Ce type de certification garantit la mise en place d’un système maîtrisé de suivi des questions environnementales mais ne signifie pas que l’entreprise ne pollue pas. Les grands principes de ces certifications sont : respect de la réglementation, engagement d'un progrès continu et de la prévention de la pollution. www.iso.org/iso/fr/ http://ec.europa.eu/enviro nment/emas/index_en.ht m www.oeko-tex.com www.agriculturebio.org www.skal.com www.imo.ch/index.php?s eite=imo_index_en … Pour en savoir plus, voir : Inventaire international des labels et mentions valorisantes - Textile e & développement durable, ADEME – Ecoeff, Octobre 2007 (3 édition) http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?cid=96&m=3&id=53573&p1=02&p2=09&ref=17597 NB : Une référence au règlement REACH est d’ordre différent, elle montre que l’acheteur connaît la réglementation mais n’implique pas d’exigence supplémentaire : REACH est un règlement européen, les fournisseurs se doivent donc de le respecter ; l’obtention des labels ou certifications cités précédemment relèvent par contre d’une démarche volontaire. « L'enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques - en anglais : Registration, evaluation and authorisation of chemicals (REACH) - est un règlement du Parlement européen et du Conseil de l'Union européenne, adopté le 18 décembre 2006 (n° 1907/2006), qui modernise la législation européenne en matière de substances chimiques et met en place un système intégré unique d'enregistrement, d'évaluation et d'autorisation des substances chimiques dans l'Union européenne. Son objectif est d'améliorer la protection de la santé humaine et de l'environnement, tout en maintenant la compétitivité et en renforçant l'esprit d'innovation de l'industrie chimique européenne. » (Source : Wikipedia) Pour en savoir plus sur REACH : http://www.ecologie.gouv.fr/-REACH-.html RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 15 3.2.2 - Dans le domaine de la responsabilité sociale et de l’éthique Ces textes ou certifications concernent tous les acteurs de la filière du producteur de matière première au distributeur. Nom Champ concerné Définition Pour en savoir plus www.ilo.org/ilolex/frenc h/convdisp1.htm www.ilo.org/global/lang --fr/index.htm Conventions de l’OIT Conditions de travail Norme SA8000 Conditions de travail Norme AA1000 Diffusion des informations au sein d’une entreprise Les 8 principales conventions de l’Organisation Internationale du Travail sont : 1 - Liberté d’association et protection du droit de réunion (n°87) 2 - Droit d’association et de négociation (n°98) 3 - Le travail forcé (n°29) 4 - L’abolition du travail forcé (n°105) 5 - Discrimination (emploi et occupation) (n°111) 6 - Egalité des salaires (n°100) 7 - Age minimum pour travailler (n° 138) 8 - Les formes les plus graves du travail des enfants (n°182) SA 8000 est un standard de responsabilité sociétale qui défend des conditions de travail décentes et permet aux entreprises de mieux communiquer avec leurs parties prenantes. Cette norme internationale a été élaborée en 1998. La norme AA 1000 repose sur un processus d’engagement systématique des parties prenantes dans les activités quotidiennes des entreprises. Pacte Mondial Global compact Droits de l’homme, conditions de travail, environnement et lutte contre la corruption Les entreprises signataires du Pacte Mondial (créé en 1999 à l’initiative des Nations Unies) s’engagent à aligner leurs opérations et leurs stratégies sur dix principes universellement acceptés touchant les droits de l’homme, les normes du travail, l’environnement et la lutte contre la corruption. Il s’agit néanmoins d’une auto-déclaration. www.sa8000.org/ www.accountability21.n et/default.aspx?id=228 www.unglobalcompact. org/languages/french/in dex.html … NB : Le terme « Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) » est le terme générique employé pour indiquer qu’une entreprise est engagée dans une politique de développement durable (voir : www.ecologie.gouv.fr/article.php3?id_article=3925 ). 3.2.3 - Dans le domaine de l’équit able Définition officielle du commerce équitable d’après le réseau FINE (Forum informel qui réunit les 4 organisations de CE (FLO, IFAT, NEWS, EFTA) : « Le commerce équitable est un partenariat commercial, basé sur le dialogue, la transparence et le respect, qui vise plus d’équité dans le commerce international. Le commerce équitable contribue au développement durable en proposant de meilleures conditions commerciales aux producteurs marginalisés, spécialement dans le Sud, et en sécurisant leurs droits. Les acteurs du commerce équitable, soutenus par les consommateurs, s’engagent à appuyer activement les producteurs, à sensibiliser le public et à se mobiliser pour des changements dans les règles et les pratiques du commerce international conventionnel. » RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 16 Les principaux principes du commerce équitable sont les suivants : • • • l’équilibre de la relation commerciale entre les partenaires ou co-contractants, l’accompagnement des producteurs et des organisations des producteurs engagés dans le commerce équitable, l’information et la sensibilisation du consommateur, du client, et plus globalement du public au commerce équitable. (voir accord AFNOR Commerce équitable AC X50-340 http://www.ecologie.gouv.fr/Accord-AFNORAC-X50-340.html) Il s’agit aussi d’assurer une juste rémunération du travail des producteurs et artisans les plus défavorisés leur permettant ainsi de satisfaire leurs besoins élémentaires, de garantir le respect des droits fondamentaux des personnes, d’instaurer des relations durables entre partenaires économiques, de favoriser la préservation de l’environnement et de proposer aux consommateurs des produits de qualité. (Source : Plate-Forme pour le Commerce Equitable - PFCE http://www.commercequitable.org) Nom Champ concerné Définition Pour en savoir plus Max Havelaar Produits - Matière première (coton) Cette marque garantie que le textile est en coton issu du commerce équitable. NB - Certificateur : FLOcert www.maxhavelaarfrance.org Fair Trade Organization Organisations Conditions de vie et de travail Cette marque signifie que l’organisation respecte des normes concernant les conditions de travail, les salaires, le travail des enfants et l'environnement. NB - Certificateur : IFAT www.ifat.org/index.php?lang=fr Ecocert équitable solidaire responsable (ESR) Filière, notamment lors des étapes de production et transformation Les points de contrôle de ce référentiel portent essentiellement sur les conditions sociales et environnementales mais des critères de responsabilités s’appliquent également. www.ecocert.com/-ESR-.html … Certains systèmes de reconnaissance sont transversaux et concernent plusieurs aspects à la fois. C’est le cas, par exemple : - du label bio-équitable : www.bioequitable.com ® - du programme Fibre Citoyenne lancé par Yamana en 2005 qui est destiné aux entreprises du secteur textile/habillement et aux donneurs d'ordre - publics et privés - consommateurs de produits textiles, qui souhaitent concilier activité textile et développement durable : http://www.fibrecitoyenne.org/ RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 17 RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 18 4 - Etat des lieux de l’offre 4.1 - S ynthèse d’u ne r enc ontr e av ec des f édér ati ons du secteu r textile Le 11 décembre 2007, les représentants des collectivités participant au groupe de travail « Textile » du RGO et Gilles MAHÉ, Président du RGO, ont rencontré des représentants de trois fédérations du secteur textile : l’Union des Industriels Textiles (UIT), la Fédération Nationale des Fabricants de Fournitures Administratives, Civiles et Militaires (FACIM) et la Fédération Française de la Maille (FFM) dans le but de mesurer la prise en compte des questions liées au développement durable par les industriels du textile. 4.1.1 - Quels sont les objectifs de développement durable pris en compte par les fédérat ions ? Seul le champ de l’environnement paraît réellement être pris en compte par les fédérations. Deux axes se dégagent : • Le produit en lui-même pour lequel les aspects concernant la santé sont particulièrement travaillés, notamment à travers le respect des critères du label Œkotex. Ainsi de nombreuses offres aujourd’hui disponibles respectent les exigences de ce label sans pour autant aller jusqu’à la certification - celle-ci ayant un coût, certains fournisseurs ne souhaitent pas s’engager dans ce processus -. NB : Les offres développées ne concernent pas toujours des produits intéressants pour les collectivités. • La chaîne globale de production au sein de laquelle la prise en compte de l’environnement se développe par exemple via la mise en place de certifications de type ISO 14001 ou équivalent. L’aspect équitable est considéré comme marginal et ne fait donc pas l’objet d’une prise en compte ou d’un suivi par les fédérations. La logique Nord-Sud ne correspond pas aux enjeux industriels français. En revanche si cet objectif s’appliquait au commerce Nord-Nord, alors les échanges avec l’Europe de l’Est pourraient être pris en compte. Les aspects éthiques et/ou sociaux se heurtent à un problème de traçabilité dès lors que la production est externalisée hors Europe. Toutefois, les accords de type « joint venture » (l’outil de production appartient au producteur européen ou bien est sous contrôle majoritaire) peuvent offrir une traçabilité satisfaisante. Il y a sur cette question un dilemme entre des offres très compétitives dans un contexte de concurrence mondialisée et une prise en compte des aspects sociaux et a minima des conventions OIT. Dès lors ces objectifs ne sont pas réellement pris en compte par les fédérations qui renvoient à l’opportunité d’acheter européen. Au vu de ces éléments, il est possible de constater que la filière textile s’est investie majoritairement sur les aspects santé et l’environnement à travers le respect des critères du label Œkotex ou du règlement européen REACH. Les autres aspects du développement durable sont pour l’instant considérés comme marginaux et relèvent donc des choix commerciaux des fabricants. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 19 4.1.2 - Comment les fédérations accompagnent-elles et valorisent-elles le développement de l’offre durable ? L’UIT a missionné une personne ressource sur ce sujet. Le Président de la FACIM s’investit lui aussi sur ces questions. Ainsi, certaines fédérations ont participé à l’élaboration du Guide de l’achat public durable - Achat de vêtements, travaux réalisés par le Groupe d’Etude des Marchés « développement durable, environnement » (GEM/DDEN) - à paraître, voir : http://www.ecoresponsabilite.environnement.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=28&theme_menu=1 -. Dans un contexte de concurrence mondialisée, l’enjeu des fédérations est de défendre les intérêts des industries françaises. La prise en compte des critères du label Œkotex et du règlement REACH est un positionnement stratégique et commercial. Les fédérations assurent donc un appui technique et un lobbying autour de ces questions. En revanche, d’autres objectifs, comme par exemple le commerce équitable, paraissent moins pertinents à défendre pour les fédérations et peuvent entrer en conflit avec la logique de compétitivité. Néanmoins, ceci n’empêche pas certains fabricants adhérents à ces fédérations de choisir de développer des gammes équitables ou d’axer leur politique d’entreprise vers le renforcement de la prise en compte des aspects éthiques ou sociaux. Il est à noter que les fédérations ont la volonté d’offrir aux acheteurs une parfaite traçabilité de la chaîne de production et d’afficher une durée de vie du produit. 4.1.3 - L’état de l’offre Selon les fédérations, avoir des exigences en termes de développement durable autre que les critères du label Œkotex ou du règlement REACH serait prendre le risque d’être confronté à une rareté de l’offre (NB : Ceci apparaît être en contradiction avec les constats opérés suite aux retours d’expériences de nombreuses collectivités, voir partie suivante). Il conviendra de bien vérifier que la stratégie de tel ou tel fournisseur permet de répondre aux exigences de l’acheteur. Le futur guide du GEM/DDEN (précité) comportera des indications concernant l’état de l’offre et des recommandations quant au champ du développement durable qu’il est d’ores et déjà possible d’intégrer dans un cahier des charges. L’exigence de labels largement répandus, comme le label Œkotex par exemple, n’expose pas, a priori, à des impacts en termes de surcoûts. Enfin, il faut rappeler que certains fabricants, s’ils respectent les exigences des labels, ne sont pas allés jusqu’à la démarche de certification. Il est donc important d’être vigilant lors de la rédaction des cahiers des charges concernant les équivalences et les preuves apportées pour les justifier. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 20 4.2 - Etat des li eux de l’of fre « m aill e » (notamm ent tee-s hirts) en coton équitable et/ ou bi ol ogiqu e Au niveau de l’offre grand public, quasiment toutes les grandes marques d’habillement, y compris celles des Grandes et Moyennes Surfaces, choisissent de proposer une gamme équitable, répondant ainsi au phénomène de mode actuel. Elles l’ont bien compris, pour sensibiliser leurs clients et les fidéliser elles doivent avant tout « faire de la mode » puis faire fabriquer les vêtements en coton équitable voire en coton biologique, avec des prix qui n’effraient ni les marques ni les clients semblet’il puisqu’il s’agit d’un acte d’achat responsable qui représente une valeur émotionnelle. Un tel contexte par les volumes générés est favorable au développement de l’offre et à sa diffusion sur le marché professionnel. Qu’en est-il de l’offre B to B (Business to Business) pour les articles en maille notamment ? A titre d’illustration, la Ville de Nantes présente le constat qu’elle a pu effectuer sur l’évolution de l’offre de vêtements « maille » en coton équitable et/ou biologique à travers ses différentes expériences. Il ne s’agit, bien sûr, que d’une tendance observée. - Juin 2006, une première expérience : Appel d’Offre Ouvert « Vêtements de Sports » ayant valeur de test en matière d’achats d’articles en maille en coton équitable Montage du marché Une variante a été ouverte pour l’acquisition de tee-shirts en coton équitable, garantit par des certifications types celles offertes par l’IFAT, FLO ou équivalent. Jugement des offres Pas de critère de pondération particulier lié à cette variante Constat offres fournisseurs • 2 fournisseurs ont répondu à cette consultation • 1 fournisseur a présenté une variante en coton équitable sur 2 articles au bordereau. Impact économique calculé sur la base de 400 pièces • + 40 % par rapport à un tee-shirt « grand import » (sans marque) • – 44 % par rapport à un tee-shirt de marque sportive Esthétisme Tee-shirt basique, sans valeur ajoutée particulière Commentaires Côté collectivité Une volonté d’ouvrir le marché aux articles en coton équitable mais avec une certaine retenue pour ne pas restreindre la concurrence et par crainte de l’infructueux. Côté fournisseur Faiblesse de l’offre, seul un fournisseur a pu proposer des articles en coton équitable et sur la variante présentée, seuls 18 % d’articles ont pu être proposé en coton équitable sur la totalité des articles en 100 % coton. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 21 - Juin 2007 : Procédure Adaptée « Acquisition de tee-shirts promotionnels pour la coupe du monde de rugby pour les enfants des clubs sportifs » Montage du marché - L’exigence minimale était que les tee-shirts soient en coton équitable. - Entretien téléphonique avec un panel de fournisseurs potentiels, en amont de la consultation, pour appréhender l’état de l’offre et adapter le niveau d’exigences - Dans leur réponse, les fournisseurs devaient compléter une annexe « traçabilité de la chaîne de production ». Ce cadre de réponses avait pour but d’obtenir des informations sur les sites de production, sur les labels et certifications obtenus aux étapes tissage, ennoblissement et confection. Jugement des offres Les critères de sélection favorisaient les offres labellisées pour la matière première et le processus de fabrication. Constat offres fournisseurs Les sept fournisseurs contactés en amont de la consultation ont remis une offre. Impact économique calculé sur la base de 850 pièces • + 30 % par rapport à un tee-shirt « grand import » (sans marque) • – 55 % par rapport à un tee-shirt de marque sportive Esthétisme Les tee-shirts qui ont été présentés à la Ville de Nantes avaient en général des coupes modernes, une diversité de coloris et un bon niveau de finition., Commentaires Côté collectivité Au vu de la structuration de l’offre des fournisseurs en matière d’articles « maille » en coton équitable, la collectivité a pu augmenter son niveau d’exigences notamment sur les informations liées à la traçabilité des sources d’approvisionnement. Le public ciblé a été particulièrement réceptif à l’aspect équitable du tee-shirt. Aux yeux des enfants, cet aspect conférait à ce tee-shirt une valeur supplémentaire d’un point de vue « émotionnelle » comparativement à un tee-shirt issu du grand import. Côté fournisseurs Le marché du coton équitable est actif et dynamique avec des offres de PME, mais également des offres de groupes qui s’intéressent aussi de plus en plus à cette offre alternative. Pour cette consultation, tous les fournisseurs ont complété de façon très précise et transparente le cadre de réponses sur la traçabilité de la chaîne d’approvisionnement. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 22 - Février 2008 : Appel d’Offre Ouvert « Acquisition de vêtements, chaussures et accessoires de sports » Montage du marché - Trois lots dont le lot N°1 spécifique aux articles en coton équitable (au minimum) - Rencontre d’un panel de fournisseurs potentiels, en amont de la consultation, pour appréhender leur capacité à répondre aux exigences techniques et de développement durable exprimées et faire évoluer le cahier des charges en fonction de cette analyse. - Dans leur offre, les fournisseurs devaient compléter une annexe « traçabilité de la chaîne de production » comprenant des informations au niveau de la matière première et des différentes phases de manufacture : Matières premières • Lieu de culture du coton (pays et région productrice) • Labellisation / certification obtenues (avec justificatifs à joindre à l’offre fournisseur) • Actions ou investissements menés in situ, grâce au versement de la prime de développement Tricotage – Ennoblissement - Confection Pour chaque étape de production : • Nom de l’unité de production • Certifications / labellisations obtenues (avec justificatifs à joindre à l’offre fournisseur) • Lieu de production • Durée de partenariat avec le sous-traitant Pondération des critères pour le lot N°1 : • 44 % Valeur technique • 40 % Prix • 16 % Développement durable : 4 % Matière première issu de l’Agriculture Biologique 4 % Fabrication équitable 4 % Aspects sociaux 4 % Environnement et santé Jugement des offres Les critères de pondération offraient un avantage concurrentiel supplémentaire pour les offres présentant (en plus du minimum exigé, c’est-à-dire du coton équitable) : • des articles en coton biologique • une fabrication équitable sur tout ou partie de la chaîne de production • une démarche de responsabilité sociale sur tout ou partie de la chaîne de production • la prise en compte d’aspects environnementaux et de santé Constat offres fournisseurs Cinq fournisseurs ont répondu au lot N°1. Impact économique calculé entre des articles grand import et des articles en coton équitable, au regard du précédent marché et sur la base de 800 pièces en tee-shirt et 400 pièces en polos : • - 60 % par rapport à un tee-shirt de marque • + 30 % par rapport aux précédents tee-shirts sans marque • - 40 % par rapport à des polos de marque • - 17 % par rapport aux précédents polos sans marque Esthétisme RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 23 L’offre de tee-shirt équitable est variée. Toutefois sur certains articles tels que les polos, des coupes parfois inadaptées, ne correspondant pas aux « standards » ont été constatées Commentaires Côté collectivité Au vu de la structuration croissante de l’offre des fournisseurs, la collectivité a pu parallèlement affiner son niveau d’exigences, au regard : • d’une annexe «traçabilité des sources d’approvisionnement » plus précise et complète, • de l’exigence de la fourniture des labels ou certifications à la remise de l’offre mais également au fil de l’exécution du marché pour contrôle,. • de critères de pondération permettant de valoriser les offres présentant des avantages concurrentiels supplémentaires (coton biologique - fabrication équitable sur tout ou partie de la chaîne - responsabilité sociale et prise en compte des aspects environnementaux et de santé). Globalement une amélioration de la qualité des produits a été constatée. . Côté fournisseurs Le marché parait actif. Toutefois, compte tenu de la complexité du processus de commandes exprimé dans cette consultation, seuls des groupes et des entreprises d’envergure ont pu remettre une offre tandis que certaines PME n’ont pas pu se positionner. Quatre fournisseurs sur cinq ont présenté une offre en coton équitable et biologique. Tous les fournisseurs ont parfaitement complété la grille « traçabilité des sources d’approvisionnement » et joint les justificatifs. - Synthèse Au travers des expériences de la Ville de Nantes, les constats suivants ont pu être faits : Marché fournisseurs Lorsqu’il s’agit de prestations simples de type achats « spot » sous forme de Procédure Adaptée, l’offre est assez vive et active. Des petites structures peuvent se positionner et être pertinentes en termes de produits et de prix. Ceci dit, il faut veiller à conserver un champ d’exigences raisonnable. Par contre, certaines petites structures ne peuvent pas répondre lorsqu’il s’agit : de montages juridiques plus complexes (Appel d’Offres Ouvert), d’exigences particulières liées à un processus de commande ou de livraison d’un suivi de gammes sur plusieurs années, de fournir des échantillons en accompagnement de l’offre, Seuls des groupes ou des entités structurées peuvent alors se positionner, ce qui réduit d’autant la concurrence et donc le nombre d’offres. • • • • Plus globalement, il est possible de considérer que sur le marché des collectivités, l’offre d’articles « maille » en coton équitable et/ou biologique est bien présente et qu’elle se structure de plus en plus. Le risque d’infructueux est donc très faible sur des marchés « simples » (toujours avec un champ d’exigences développement durable « raisonnable »). RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 24 Toutefois sur des procédures ou des logiques d’approvisionnement plus complexes, il est préférable d’analyser le marché fournisseurs en amont d’une consultation pour vérifier d’une part que l’allotissement pressenti correspond bien à une réalité du marché et d’autre part que les exigences souhaitées, tant en termes de produits que de services, correspondent également à l’offre des fournisseurs. Par exemple, cumuler une demande de fortes quantités et une exigence de délais courts implique de disposer de moyens de production que les fournisseurs - hors groupe - n’ont pas. Esthétisme Tirée par les grandes marques d’habillement et les Grandes et Moyennes Surfaces, la valeur ajoutée « création », « esthétisme » évolue continuellement et rapidement. Les articles sont de plus en plus élaborés, avec de bons niveaux de finitions. Offre tarifaire Elle peut varier selon plusieurs critères et notamment par rapport au pourcentage de matière première équitable dans le vêtement mais également par rapport au volume d’achats, à la qualité, à la coupe, aux apprêts, aux aspects des tissus ou des accessoires, au marquage, etc. Toutefois une fibre « coton équitable et/ou biologique » est pour l’instant entre 15 et 20 % plus chère que les coûts conventionnels du marché du coton. S’agissant de l’impact global de la matière première sur le produit fini, certaines études précisent que les articles sont mis en vente à des prix en moyenne entre 5 et 30 % plus élevés. Tout ceci est bien sûr à pondérer en fonction des critères d’achats évoqués ci-dessus. Ainsi, sur une quantité importante, l’impact du surcoût lié à la matière première sera proche de 5 %. Le surcoût possible lié à l’achat d’un produit responsable peut toutefois être compensé par des économies réalisées lors de l’utilisation compte tenu de la qualité du produit. L’acheteur public se doit de raisonner en coût global (coût d’acquisition, coût d’utilisation, coût d’élimination) et non en coût d’achat uniquement. Au niveau d’articles promotionnels A budget constant, une distribution plus raisonnée d’articles peut être envisageable en privilégiant la qualité et en ciblant davantage la population concernée. Au niveau des vêtements professionnels Le remplacement des vêtements à usure constatée peut être également une piste pour la maîtrise des budgets. Si les articles sont de qualité, leur durée de vie sera d’autant plus longue. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 25 4.3 - Etat des lieux de l’of fre « v êtements pr ofessi onnels » en coton équitabl e et/ ou bi ol ogi qu e A titre d’illustration, la Ville de Nantes présente le constat qu’elle a pu effectuer sur l’évolution de l’offre de vêtements professionnels en coton équitable et/ou biologique à travers ses différentes expériences. Il ne s’agit, bien sûr, que d’une tendance observée. - 2005 : Appel d’Offre Ouvert « Acquisition de vêtements image à destination des agents des ateliers municipaux et des agents espaces verts » (200 agents ateliers municipaux et 400 agents espaces verts) Montage du marché - Un lot unique - Articles concernés en 60 % coton et 30 % polyester : pantalons, blousons, combinaisons, cottes à bretelles, vestes Commentaires Côté collectivité En 2005, au vu du manque de structuration de l’offre fournisseurs sur les articles, dits « techniques » à partir de coton équitable, la collectivité n’a pas pu intégrer de clause spécifique pour éviter de restreindre la concurrence et pour limiter le risque d’infructueux. Côté fournisseurs Une volonté pour la filière textile de progresser dans le domaine de « l’équitable» est constatée mais concrètement les tisseurs sont aux balbutiements de la démarche au moment de la consultation. NB : Ce marché est actuellement dans sa dernière année d’exécution, avec une échéance ultime au 30/06/09. - 2008 Procédure Adaptée « Acquisition de vêtements, chaussures et accessoires pour les 100 agents de la police municipale, pour les 100 ASVP et pour les 40 agents de représentation des espaces verts » Montage du marché Six lots dont quatre sur des articles textiles : • Lot 1 : Vêtements d’uniformes (police municipale) • Lot 2 : Pulls over, polos et polaires (police municipale et ASVP) • Lot 3 : Vêtements divers (ASVP, hors pulls over, polos et polaires) • Lot 4 : Vêtements divers (service des espaces verts) Une variante autorisée : les soumissionnaires pouvaient présenter une offre avec des articles à base de coton équitable et/ou biologique et/ou pouvant prendre en compte, en plus, des aspects sociaux et environnementaux, au niveau de la chaîne de production. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 26 Pondération des critères • 50 % Valeur technique • 45 % Prix • 5 % Développement durable (démarche environnementale) Constat offres fournisseurs • Six offres en moyenne par lot • Aucune offre d’articles textiles à base de coton équitable et /ou biologique Commentaires Les rencontres fournisseurs menées en amont de la consultation n’ont pas laissé apparaître une offre très développée sur les vêtements à base de coton équitable et/ou biologique, notamment pour les articles homologués par décret. Il semble que l’offre tende à s’organiser sur ce créneau. Au vu de récents appels d’offres (voir partie suivante) qui ont intégré le coton biologique et le respect des règles de l’OIT au titre des exigences du marché, il est possible que le volume ou la disponibilité de la matière première conduise à une raréfaction de l’offre à moins qu’il s’agisse d’un problème de maturité du marché ? - Autres Informations Dans le cadre de la quinzaine du commerce équitable, en avril 2007, l’association NAPCE a convié le RGO à une journée de sensibilisation au coton équitable en partenariat avec la Mairie de Laval et TDV Industries. Dans ce cadre, des représentants des membres du groupe textile du RGO ont participé à la visite de l’usine de TDV (filateur - tisseur - teinture - finitions) et à des échanges avec des producteurs africains de coton équitable. L’industriel a développé un tissu « technique » à base de coton équitable pour la fabrication de vêtements image (67 % coton équitable et 33 % polyester). Un surcoût d’environ 15 à 20 % est à envisager sur un produit fini dit « technique » (en 67 % coton et 33 % polyester) fabriqué à base de coton équitable par rapport au même vêtement fabriqué à base d’un tissu de qualité équivalente mais en coton conventionnel. Quatre coloris sont disponibles en standard dans cette qualité (sans minimum de quantité) : bleu, vert, gris et rouge. Pour développer des coloris spécifiques, il faut commander environ 1000 mètres minimum sur le parc machines habituel. Toutefois, il est possible de développer des coloris spécifiques pour des petites séries, sur un parc machines adapté. Ceci nécessite un métrage minimum de 500 mètres par coloris. En contre partie, un surcoût important lié à ces petites séries doit être devisé. NB : La confection d’un ensemble veste et pantalon de travail nécessite 3 mètres de tissu. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 27 - Synthèse Le marché des articles dits « techniques » à base de coton équitable et/ou biologique se structure, toutefois selon les connaissances actuelles, encore trop peu de tisseurs se sont positionnés sur ce créneau. L’offre existe bien sur le champ de l’équitable mais sur le champ environnemental l’écolabel européen est très peu présent (seul un tisseur Belge serait en mesure de le proposer). La demande s’illustre par le lancement d’importants appels d’offres tant dans le secteur privé que public (Bouygues, La Poste, SNCF, Police Nationale, ADP) avec des exigences importantes sur les critères éthiques, équitables et environnementaux notamment en termes de traçabilité et de transparence sur toute la chaîne de production. Quant aux commandes de petites séries, il a été constaté que des freins existent encore notamment sur les choix coloristiques, compte tenu des contraintes de production. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 28 5 - Retours d’expérience 5.1 - Sy nthès e des expéri ences r ecens ées De nombreuses expériences de marchés de textiles intégrant des critères environnementaux, sociaux, éthiques ou équitables ont été recensées par les membres du groupe de travail « Textile ». Les tableaux ci-dessous listent quelques exemples : 5.1.1 - Tee-shirts promotionnels Collectivité Année Volume Exigences Contact Ville d’Angers Depuis 2006 1 500 en 2006 Coton biologique (et si possible équitable) Ville de La Chapelle sur Erdre Région Rhône-Alpes 2007 110 2005 30 000 depuis 2005 Région Bretagne 2006 4 000 Coton biologique ou équitable Critères environnementaux et/ou équitables Coton équitable Direction des affaires juridiques et de la commande publique Service des marchés publics Direction de la communication Direction de la communication … 5.1.2 - Vêtements de travail Collectivité Année Volume Exigences Contact Ville de Paris En continu 58 marchés, 400 références produits, 27 000 agents à habiller Environnementales et éthiques Bureau de l’habillement Ville de Lille 2007 Direction développement durable et environnement Ville du Havre 2007 Ville de Barcelone (Espagne) 2007 Exigences sociales, environnementales et en terme de traçabilité dans 7 lots sur 12 Environnementales, éthiques et équitables Environnementales et éthiques Département du Finistère ONF 2006 2007 16 000 La Poste 2005 2007 90 000 350 000 240 000 110 000 agents SNCF Police Nationale 2008 900 agents du service parc et jardin Service achats Mission Agenda 21 Ethiques et équitables Coton biologique ou équitable en option pour un lot (retenue) Coton équitable Coton équitable Coton équitable Coton biologique (et conventions de l’OIT) Direction Financière – Département Patrimoine … RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 29 Les participants au groupe de travail « Textile » du RGO ont également des retours dʼexpériences à faire partager. Ils sont présentés dans les quatre fiches suivantes : • Fiche n°1 : Acquisition de vêtements, chaussures et accessoires de sports (Juin 2007, Ville de Nantes) • Fiche n°2 : Acquisition de tee-shirts promotionnels pour la coupe du monde de rugby (Février 2008, Ville de Nantes) • Fiche n°3 : Acquisition de vêtements de travail (Janvier 2008, Région Bretagne) • Fiche n°4 : Acquisition de vêtements de travail (Février 2008, Département de la Charente) Pour toute recherche de retour dʼexpériences, nʼoubliez pas de consulter la plate-forme nationale dʼéchange de documents : www.achatsresponsables-bdd.com RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 30 Fiche retour expérience n°1 Ville de Nantes Expérience Acquisition de vêtements, chaussures et accessoires de sports FEVRIER 2008 Pilote du marché Mairie de Nantes Direction des Sports Manufacture des tabacs 11 bd Stalingrad 44000 NANTES Contact : Murielle Bourdon-Gauvrit Services supports Direction de la commande publique Contact : Florent SOLIER (Directeur de la Commande Publique) [email protected] Service Achats Contact : Nathalie DEBEC (Acheteur) [email protected] Contexte Relance du marché « Acquisition de vêtements, chaussures et accessoires de sports » Définition des objectifs Allotissement : Lot 1 : articles en coton équitable (au minimum) Lot 2 : Vêtements et chaussures de sports Lot 3 : Vêtements professionnels et accessoires piscine Forme du marché : Appel d’Offre Ouvert Montage juridique : Cumul des articles 14 et 53 Critères développement durable Pour le lot 1 : Les articles proposés par les fournisseurs devaient être fabriqués au minimum en 100 % coton équitable, labellisé ou certifié. Cette exigence minimale portait sur la matière première et signifiait que la culture et le ramassage du coton devaient respecter les standards du commerce équitable. Des exemples de certifications / labellisation en matière de commerce équitable étaient cités, des équivalences pouvaient être présentées par les fournisseurs. Les soumissionnaires avaient la possibilité de valoriser leur offre par d’autres aspects du développement durable (avec moyens de preuve à l’appui). Il s’agissait d’un avantage concurrentiel supplémentaire, pris en compte dans l’analyse des offres, dans le cadre de la pondération : - Coton biologique Fabrication équitable sur tout ou partie de la chaîne de fabrication Conditions de travail et responsabilité sociale Aspects environnementaux et santé. Pour les lots 2 et 3 : Les soumissionnaires pouvaient présenter des offres (base ou variante) respectant les objectifs de développement durable (idem ci-dessus). Avec moyens de preuve à l’appui. Le système de pondération des critères tenait compte de ces avantages concurrentiels. Bénéficiaires Equipement de 300 agents en vêtements, chaussures et accessoires de sports dans le cadre de leur activité professionnelle (pratique sportive et/ou accueil des usagers) RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 31 Produits Lot 1 : Tee-shirts, polos, débardeurs en coton équitable (au minimum) Lot 2 : Sweat-shirt, survêtements, pantalons, vestes, polaires, chemises, bermudas, pantacourts, parka, veste de coach, coupe-vent, chaussures de sports… Lot 3 : Maillot de bain, shorts, serviettes et drap de bain, peignoirs, sac à dos, sac de sport Le marché fournisseur En amont de la consultation, la Ville de Nantes avait rencontré des fournisseurs potentiels, afin de dynamiser la concurrence et veiller à ne pas restreindre l’offre dans le montage du marché. Sur le lot 1 : 5 fournisseurs ont répondu Sur les lots 2 et 3 : Seuls 2 fournisseurs ont répondu. Difficultés rencontrées Sur les lots 2 et 3 : Aucun fournisseur n’a proposé d’offres avec des aspects développement durable. Niveau de prix Sur le lot 1 : Par rapport à des articles de marque précédemment utilisés, le prix d’un article en coton équitable est inférieur d’environ : - 60 % sur des Tee-shirt blanc Hommes / Femmes - 60 % sur des Tee-shirt couleur Hommes / Femmes - 60 % sur des débardeurs - 40 % sur des polos Atouts Dans l’attente de l’évaluation de ce marché, il est utile de rappeler que le marché précédent offrait un choix entre des tee-shirts de marque et des tee-shirts « équitables ». Dans ce marché 40 % des agents avaient choisi l’offre équitable. Garantie et suivi du marché Exigence des certificats, labels ou équivalence au stade de l’offre puis au moins une fois par an ou lors de chaque commande en cas de changement de filière. Communication autour du projet La position retenue a été qu’un produit équitable ne nécessite pas une communication particulière, au même titre qu’un produit « banal » conventionnel. L’origine et la « qualité sociale » du produit sont mentionnées sur l’étiquette intérieure des articles. Perspectives Dans le cadre de son prochain marché textile « Vêtements techniques pour les ateliers municipaux et espaces verts », la Ville de Nantes poursuivra sa démarche d’Achat Socialement Responsable (ASR) avec l’intégration de clauses développement durable. Auteur : Nathalie Debec Date de la fiche : 21.07.2008 RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 32 Fiche retour expérience n°2 Ville de Nantes Expérience Acquisition de tee-shirts promotionnels pour la coupe du monde de rugby JUIN 2007 Pilote du marché Mairie de Nantes Direction des Sports Manufacture des tabacs 11 bd Stalingrad 44000 NANTES Contact : Nicolas Thénié Services supports Direction de la commande publique Contact : Florent SOLIER (Directeur de la Commande Publique) [email protected] Service Achats Contact : Nathalie DEBEC (Acheteur) [email protected] Contexte L’identification d’une Délégation politique au Commerce Equitable à partir de 2004 ainsi que l’adoption de l’Agenda 21 de la Ville de Nantes ont permis la mise en œuvre d’une politique d’achats responsables autour de 4 axes : - Le commerce équitable - L’insertion professionnelle dans la commande publique - Les produits éco-responsables - Les éco-gestes en matière d’achats L’acquisition de tee-shirts promotionnels, dans le cadre d’une manifestation sportive internationale a permis à la Direction des Sports de traduire dans sa démarche d’achat l’engagement politique de la collectivité. Définition des objectifs Achat ponctuel de 850 tee-shirts promotionnels, issus du commerce équitable au minimum, dans le cadre de la coupe du monde de rugby destinés aux enfants des clubs sportifs et aux personnes bénévoles intervenant dans le cadre de cet évènement. Forme du marché : Procédure Adaptée Montage juridique : Cumul des articles 14 et 53 Critères développement durable Les soumissionnaires devaient entre autres fournir des informations sur chaque étape du processus de production (tissage, teinture, confection) sur les sites de production et sur les labels et certifications au regard de chaque étape. Les critères de sélection favorisaient les offres labellisées pour la matière première et le processus de production. Bénéficiaires Enfants des clubs sportifs, organisateurs et bénévoles intervenant dans les manifestations sportives, dans le cadre de la coupe du monde de rugby. Produits Tee-shirts en coton équitable – produit fabriqué selon le principe du commerce équitable dans l’état de Rio de Janeiro (Brésil), petits cultivateurs de coton du Parana (Sud du Brésil). Difficultés rencontrées Quasi absence d’offre globalisant d’une part la chaîne de production et d’autre part différents objectifs de développement durable. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 33 Le marché fournisseur Au regard des entretiens téléphoniques le marché semblait suffisamment mature pour obtenir une concurrence sur les articles « Maille » en coton équitable au minimum, voire en coton bio. 7 fournisseurs ont été contactés en amont .Tous ces fournisseurs ont répondu à la consultation. L’annexe « Traçabilité de la chaîne de fabrication » a été très précisément complétée par les fournisseurs. Niveau de prix Environ 8 € HT (broderie et livraison comprise) par tee-shirt Atouts Les tee-shirts sont un vecteur de communication important. L’aspect équitable, voire biologique impacte directement sur l’image de la collectivité. Garantie et suivi du marché Néant – Achat « spot » Communication autour du projet La Direction des Sports a communiqué auprès des enfants sur le tee-shirt qui leur était remis. Outre un retour très positif sur le visuel du tee-shirt retenu, les enfants ont été particulièrement réceptifs à cet aspect équitable, qui lui confère une valeur supplémentaire «développement durable », par rapport à d’autres tee-shirts, de conception et de fabrication dite « conventionnelle ». L’étiquette mentionnait le principe du commerce équitable, le lieu de fabrication et la population concernée par la fabrication de ces articles (couturières des quartiers les plus défavorisés de Rio de Janeiro). Perspectives Le succès de cette expérience a amené la Ville de Nantes à continuer à étendre ses achats durables à d’autres marchés textiles, notamment pour le marché textile pour la « Direction des Sports ». Auteur : Nathalie Debec Date de la fiche : 22.07.2008 RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 34 Fiche d’expérience n°3 Région Bretagne Expérience Acquisition de vêtements de travail JANVIER 2008 Pilote du marché Conseil Régional de Bretagne 283, avenue du général Patton CS 21 101 35711 Rennes cedex 7 Services supports Service Acheteur Service des relations sociales, de la formation et de la communication interne Contexte L’intitulé exact du marché est : « Acquisition de vêtements de travail, de chaussures de sécurité et d’équipement de protection individuelle ». Cette fiche concerne uniquement le lot 1 : « Vêtement de travail ». Ces vêtements de travail sont destinés aux 3000 agents techniques des lycées, des ports et des services régionaux. Définition des objectifs Appel d’offres ouvert, marché fractionné à bons de commande La Région Bretagne a choisi d’intégrer des clauses relatives au développement durable dans le lot 1 de ce marché et a missionné une association pour l’accompagner dans sa démarche. Critères développement durable Le marché a posé dans le cadre du CCTP des clauses facultatives donnant lieu à l’attribution de points sur le critère développement durable à savoir : 1) préservation de la santé 2) préservation de l’environnement 3) protection de la main d’œuvre et conditions de travail 4) contrôle de la fabrication Contact : Emmanuel Sergent Chef de service des relations sociales, de la formation et de la communication interne (Sersof) [email protected] Le critère « démarche développement durable » s’inscrit comme il suit au sein des critères pondérés : - Valeur technique et qualité fonctionnelle de l’offre avec les options présentées : 30% - Prix : 25% - Intégration d’une démarche de développement durable (prise en compte de considérations sociales, économiques et environnementales) : 20%. - Qualités esthétiques : 15% - Délais de livraison : 10% Bénéficiaires Equipement de 3000 agents techniques des lycées, des ports et des services régionaux Produits Vêtements de travail : blouses, blousons, casquettes, combinaisons, cottes, gilets, vestes, pantalons, parkas, polos, salopettes, tabliers, tuniques Volume : 36 000 pièces par an Le marché fournisseur Quatre offres ont été déposées. Délai de livraison : 3 mois (fabrication des stocks) RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 35 Difficultés rencontrées Les sociétés n’ont pas transmis d’informations sur le procédé et les conditions de fabrication des vêtements. Seule l’une d’entre elles a fourni l’attestation concernant les rejets de l’usine conformément aux clauses de préservation de l’environnement. Deux sociétés sur quatre ont fourni des éléments garantissant la maîtrise de leur filière sur les différentes phases de fabrication (en précisant les opérateurs économiques intervenant et les lieux exacts de fabrication) et ont produit les certificats attestant du respect de l’intégralité du cahier des charges sur les substances dangereuses. Niveau de prix Les prix retenus pour ce marché à bons de commande (hors options, pour la première année) sont de l’ordre de 365 000 € HT. Atouts A noter : sur le critère « développement durable », une offre va au-delà des exigences demandées en proposant des produits en coton issu du commerce équitable pour tous les produits 100% coton. Cette proposition a été retenue. Garantie et suivi du marché Concernant la préservation de la santé : respect de normes et production de certificats avant le lancement en fabrication des articles à base de tissu en contact avec le corps, et également, chaque année et à chaque lancement de nouveaux produits ou modification de la composition d’un vêtement (exigence du label Oekotex ou équivalent) Concernant la préservation de l’environnement : respect des seuils indiqués pour les effluents des industries textile, et à ce titre, production, tous les ans, des valeurs des rejets directs et indirects (certificats de la DRIRE si le site d’ennoblissement est en France). Communication autour du projet Un article présent dans le catalogue de vêtements précise l’origine du coton (équitable). De plus une vidéo mise en ligne sur le portail interne Kelenn réalisée dans les usines d’Armor Lux pour la Région Bretagne était en partie consacrée à cette question. Perspectives Auteur : Solène Caradec Date de la fiche : 26.09.2008 RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 36 Fiche d’expérience n°4 Conseil Général de la Charente Expérience Acquisition de vêtements de travail pour les agents du Conseil Général FEVRIER 2008 Pilote du marché Conseil Général de la Charente Direction des Finances Services des Moyens Généraux 31 bd Emile Roux 16917 ANGOULEME Cedex 9 Contact : Nadine Bouyer-Bruneteau nbouyer@cg 16.fr Services supports Service des Marchés Contact : Jean-Louis Mouche (Chef de service) [email protected] Service Prévention - Action sociale Contact : Sébastien Bonneau (Technicien Hygiène et Sécurité) [email protected] Contexte Mise en place d’un marché pour le renouvellement des vêtements de travail des agents de la collectivité, suite à l’intégration des agents de la DDE. Application des principes d’achat définis dans le cadre de la démarche Agenda 21. Définition des objectifs Allotissement : Lot 1 : vêtements de visualisation (EPI) - montant : 13 000 à 26 000 € par an Lot 2 : vêtements de travail - montant : 50 000 à 100 000 € par an Lot 3 : blouses pour les agents de service – montant : 1 000 à 3 000 € par an Forme du marché : AOO Critères développement durable Dans le cadre de la pondération des critères d’évaluation des offres, 15% de la note portait sur les performances en matière de protection de l’environnement. Pas d'exigence au CCTP, le pouvoir adjudicateur annonçait sa préoccupation en matière de développement durable et les candidats devaient dans leurs réponses présenter les résultats ou démarches entreprises en la matière. Bénéficiaires Equipement des agents de la collectivité. Produits Tous types de vêtements dont gilets de visualisation, parka, vestes, blousons, pantalons, cote, tee-shirt, polo, chemises, sweat, pull, casquettes, bonnets, vêtements de pluie, blouses… Difficultés rencontrées Peu d’offre : 3 recevables, provenant de distributeurs, peu d’éléments sur une démarche développement durable : label Oekotex, respect des huit conventions fondamentales de l'OIT, quelques références en coton biologique. Réclamation d'un fabricant de maille concernant l'allotissement de la consultation. Pas d'audit possible pour aller vérifier le respect des engagements sur les droits fondamentaux au travail. Le marché fournisseur Il semble y avoir peu d’offres conjuguant respect des normes pour des vêtements techniques et développement durable. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 37 Niveau de prix Sans influence Atouts Evolution de l'offre des fabricants par une demande croissante de produits éco responsables. Amélioration de la traçabilité du process de fabrication. Garantie et suivi du marché Obligation des titulaires d’informer la collectivité d’une évolution de la filière d’approvisionnement Communication autour du projet Sans objet Perspectives Possibilité de faire évoluer le marché vers la commande de produits plus éco responsables, dans le cadre de nouvelles références ajoutées aux catalogues des fournisseurs. Auteur : Raynald Boulay Date de la fiche : 08.09.2008 RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 38 5.2 - Principau x f acteurs de r éussite identifiés De plus en plus de grandes collectivités et d’entreprises ont, par leur volume, obtenu des offres intéressantes sur des produits durables. Le contexte juridique est favorable. Pourtant aujourd'hui les procédures de marchés publics engagées qui comportent des critères ou des clauses environnementales et sociales sont encore assez peu répandues. Afin de permettre la généralisation de l’intégration de ce type de critères, deux types de facteurs de réussite à développer ont été identifiés par le groupe de travail « textile » du RGO : 5.2.1 - Les facteurs externes Obtenir des informations sur l'état du marché fournisseurs et maîtriser a minima les données propres au marché textile Le nombre de produits bénéficiant d'un écolabel national ou européen est encore limité pour ce qui concerne le secteur de l'habillement. En revanche, l’offre est nombreuse et disparate s’agissant de la matière première ce qui accroit le travail de sourcing de l’acheteur public. La publication prochaine d'un guide du Groupe d'Etude des Marchés Développement Durable Environnement (GEM/DDEN) consacré aux achats de vêtements aidera considérablement l’acheteur public à s’informer en amont de l’écriture de son marché (voir aussi bibliographie). S'assurer de la traçabilité des nombreux composants et des process de fabrication tout au long de la chaîne de production Le grand nombre de composants entrant dans la fabrication des produits, des exigences réglementaires complexes, une filière géographiquement éparpillée entre les lieux de production des matières premières, de transformation puis d'ennoblissement… implique une vigilance particulière sur la traçabilité du process de fabrication des vêtements. Le respect de la réglementation est bien sûr une exigence. Il n’est pas toujours facile de s'assurer de son respect par les fournisseurs en raison de la complexité des textes et le foisonnement des réglementations européennes mais aussi françaises, existants ou à venir : Directive Biocide, Règlement REACH, Directive Déchets, Directive sur les Sites et Sols Pollués, Loi Cadre sur l’Eau, Directive IPPC… De plus il faut être conscient que même pour les collectivités les plus importantes, un contrôle ou audit des fournisseurs n’est pas envisageable. A défaut, de certifications ou labellisations à la charge des fournisseurs, le seul moyen d’éviter le recours à du déclaratif sera d’externaliser une telle mission. Il est intéressant de mentionner la démarche engagée par sept collectivités de la région Nord-Pas-de-Calais (Villes de Villeneuve d’Ascq, Dunkerque, Roubaix, Tourcoing, Communautés Urbaines de Dunkerque et de Lille et Région Nord-Pas-de-Calais). Elles se sont regroupées pour formaliser un groupement de commandes sur le suivi et la promotion des droits humains dans les achats de textile. Il s’agit d’un marché de service à bons de commande d’une durée de 4 ans pour une assistance à maîtrise d’ouvrage. Une seule phase est commune aux sept membres du groupement de commandes : la rédaction d’une clause à intégrer dans les marchés. Les phases suivantes : assistance en phase de consultation, mise en œuvre de la démarche de progrès… seront utilisées par les collectivités qui souhaiteront prolonger la démarche. Le but est que chacune des collectivités vise un ou deux marché(s) de textile. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 39 Lutter contre l'idée que des produits durables sont plus chers Il faut rappeler que le prix d'acquisition ne constitue qu'une partie du coût global dans lequel il conviendrait d'intégrer au minimum la durée de vie du produit, l’impact écologique, les conditions sociales... Il est donc nécessaire de réfléchir à l’évaluation des achats en s’interrogeant sur la valorisation des gains en termes d’atteinte des objectifs du développement durable. Par ailleurs, la comparaison du prix implique aussi celle de la qualité or celle-ci est parfois tronquée ou ignorée volontairement ou non. Enfin le fait que le produit ait été élaboré dans des conditions optimales en matière environnementale et sociale lui confère indéniablement une valeur émotionnelle supplémentaire. 5.2.2 - Les facteurs internes Affirmer clairement et au plus haut niveau de la hiérarchie, la prise en compte du développement durable dans les achats La volonté politique est une des clefs indispensable à la réussite de la démarche. En parallèle et en cohérence, la direction générale doit être porteuse des mêmes objectifs. Modifier des habitudes d'achat et lutter contre les préjugés L’évolution des pratiques d’achat et la perception des produits par les utilisateurs méritent de la part des acheteurs une communication adaptée. En effet un changement de fournisseur et/ ou de produit peut susciter des inquiétudes qu’il convient de juguler et de rassurer. De plus, l’acheteur devra veiller lors de son accompagnement de l’exécution du marché à vérifier la satisfaction des utilisateurs eu égard à l’éventuelle réticence initiale. Former les acheteurs publics à la démarche L'atteinte des objectifs d'efficacité de la commande publique impose que les acheteurs publics présentent de sérieuses qualifications. • • • • Les différents aspects à prendre en compte concernent : la promotion de la conformité au droit, la mise en œuvre d'une stratégie d'achat conforme aux objectifs de développement durable, la connaissance du marché fournisseurs et le dialogue indispensable à établir avec eux, le développement de l'échange d'informations et d'expériences entre les acheteurs publics. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 40 6 - Conclusion et perspectives L’étude réalisée par le groupe de travail « textile » du RGO offre une photographie de la filière textile à ce jour. Elle laisse apparaître : • un constat : l’intégration de critères environnementaux, sociaux, éthiques et équitables dans les marchés de textile est de plus en plus importante et l’offre correspondante existe, • des perspectives de développement : il est opportun de continuer à améliorer la prise en compte des objectifs de développement durable dans cette filière. La multiplicité des enjeux en termes de développement durable dans la filière textile amène producteurs, fabricants et distributeurs à des stratégies différentes. Tel fournisseur recherchera un label écologique alors que tel autre s’orientera vers l’équitable, comme c’est le cas des tisseurs. Un lobbying actif du RGO pourrait participer à une approche plus généralisée du développement durable pour que la spécialisation précitée ne soit qu’une étape dans la construction d’une offre écologique, équitable et socialement responsable. L’investissement des fédérations professionnelles parait également nécessaire sur cette voie, l’objectif étant bien de travailler à rendre durable la filière textile dans son ensemble. Par ailleurs, même si le marché du textile biologique et équitable semble avoir réellement tendance à se consolider et devrait continuer à progresser aussi bien en termes de qualité et de diversité d’offres qu’en termes de volumes disponibles, il est légitime de s’interroger sur la capacité des producteurs à répondre à une demande croissante et sur l’éventuel risque de tension sur le marché qui en découle. C’est pourquoi il est nécessaire de travailler en parallèle à la création de nouvelles filières de production de textile équitable et biologique et de contribuer à structurer des filières intégrées. En effet, et surtout concernant l’Afrique, il est important que le pays producteur de coton puisse se doter d’outils de filature, ennoblissement et confection, étapes de production qui apportent la majeure partie de la plus value. A ce titre, il est intéressant de mentionner la démarche engagée par la Région Bretagne qui travaille actuellement à la réalisation d’un projet de co-développement avec les pays de l’Union Economique et Monétaire de l’Ouest Africain - L’UEMOA regroupe huit pays : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo et Guinée Bissau. Son Siège est à Ouagadougou (Burkina). Fondée en 1994, elle reprend les objectifs et l’organisation politique et institutionnelle de l’Union Européenne (marché commun, monnaie commune…), cette dernière soutenant fortement le développement de l’UEMOA. -. Il s’agit de générer du développement économique en Afrique de l’Ouest en créant des emplois pérennes et des revenus pour les paysans, et pourquoi pas à terme des emplois industriels de transformation, mais aussi en Bretagne via les activités des industriels et distributeurs bretons dans la filière textile. Les préoccupations sont à la fois éthiques et solidaires (via les principes du commerce équitable) et environnementales et de santé publique (via la culture de coton biologique). RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 41 La filière textile reposant sur une chaîne de production complexe et bien souvent délocalisée, il est délicat pour l’acheteur d’opérer par lui-même les contrôles. Il doit donc s’appuyer sur des organismes de contrôle externes tels que les certificateurs. Cette difficulté est renforcée par la multiplicité des labels et certifications. Ceux-ci ne sont pas harmonisés et, à ce titre ne respectent pas toujours les conditions fixées à l’article 6 du Code des Marchés Publics. Il convient d’être vigilant sur la mention de certifications en prévoyant des équivalences et le recours aux respects de grands principes. Principales « clefs » à retenir • Connaître l’offre pour définir un allotissement et un montage juridique pertinent • Encourager le marché et accompagner son développement • Travailler sur la qualité du produit, notamment dans un objectif de satisfaction du besoin mais aussi de durée de vie du produit (cela permettra un remplacement à usure constatée et une maîtrise des dépenses) • Sensibiliser les agents ou les personnes à qui sont diffusés les textiles « durables » au fait qu’ils portent des vêtements plus respectueux de leur santé, de l’environnement, d’aspects éthiques et équitables • Profiter de l’évolution rapide des offres pour bénéficier des progrès immédiats lors des reconductions des marchés • Actualiser très régulièrement sa connaissance de l’état de l’offre • … Suites à donner aux travaux du groupe « Textile » Les travaux du groupe de travail « textile » ont permis aux collectivités du RGO de se poser la question de l’opportunité de mettre en place un groupement de commande concernant les « teeshirts en coton équitable et/ou biologique » au sein du RGO. Même si ce projet est potentiellement réalisable, il parait ambitieux compte tenu de limites telles que la définition d’un besoin et de critères communs. Un travail sur la rédaction de clauses communes que chaque collectivité intégrerait dans ses marchés de textile parait donc dans un premier temps plus opportun. L’identification de retours d’expériences et l’échange d’informations permis par les travaux du groupe « textile » et retranscrits dans ce document contribuent à la construction de ces clauses communes. Ce document deviendra obsolète très rapidement. Il conviendra donc de s’interroger sur son actualisation régulière. RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 42 7 - Bibliographie Documents généraux sur les achats de textile « durable » - Début 2009, un guide du GEM DDEN (Groupe d’Etude des Marché Développement Durable et Environnement) intitulé « Guide de l’achat public durable - Achat de vêtements » sortira http://www.ecoresponsabilite.environnement.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=28&theme_menu=1 - Fiche n°6 « Textile » (page 22-23) du rapport des travaux du groupe « Achats publics durables » du Comité opérationnel n°4 « Etat exemplaire » mis en place dans le cadre du Grenelle de l’environnement - 28/03/08 http://www.legrenelle-environnement.fr/grenelleenvironnement/IMG/pdf/rapport_final_comop_4_achats_publics_avec_lettre.pdf - Fiche produit « textile » (page 26) extraite Guide bourguignon sur les achats éco-responsables de fournitures - Décembre 2006 http://www.oreb.org/pdf/fichiers/Achats_eco-responsables_de_fournitures.pdf - Yamana http://www.yamana-mvd.org Programme « Fibre citoyenne » http://www.fibrecitoyenne.org/ - « Vêtements propres pour ma commune », Guide pratique du mandataire et du fonctionnaire communal (Belgique) - version de consultation novembre 2006 http://www.vetementspropres.be/index.php?p=g&id=165 - Contenu des interventions présentées lors du colloque « Les Marchés Publics et le Secteur Textile et Habillement - Achats durables » organisé le 24/01/07 à Bruxelles par la commission européenne http://ec.europa.eu/enterprise/textile/conf_tc200701_en.htm et « Guide d’achat de la filière textile et habillement » présenté à cette occasion (voir pages 14-16 puis 21-23) - Vidéo des interventions présentées lors du colloque International intitulé : « Développement durable, commerce équitable : nouvelles opportunités pour le textile ? » organisé par l’Institut Supérieur Textile d'Alsace à Mulhouse le 24/11/06 : http://w3appli.u-strasbg.fr/canalc2/video.asp?idEvenement=274 Documents relatifs à l’intégration de critères environnementaux - Fiche de présentation de l'éco-label européen relatif aux produits textiles (mentionnant les critères utilisés pour l’attribution du label) http://www.ecolabels.fr/ - Inventaire international des labels et mentions valorisantes - Textile & développement durable, e ADEME – Ecoeff, Octobre 2007 (3 édition), 3 documents : - l’inventaire international des labels : recensement des labels, identification de démarches existantes, comparatif des critères et accessibilité à l’information - l’enquête sur l’offre de « textile durable » en France – Exigences environnement et énergie - le dossier sur les tendances 2007. http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?cid=96&m=3&id=53573&p1=02&p2=09&ref=17597 - « Déchets textile : la filière s'organise autour des opérateurs de tri », Actu-Environnement, 21/07/2008 : http://www.actu-environnement.com/ae/news/filiere_dechets_textile_5495.php4 - Informations relatives à la gestion de la fin de vie du textile : www.planetecologie.org et http://www.produits-recycles.com/materiaux00.htm RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 43 Documents relatifs à l’intégration de critères sociaux, éthiques et équitables - Guide sur l’achat socialement responsable dans la filière « textile » (élaboré dans le cadre du programme européen Respiro en 2007) : http://www.iclei-europe.org/index.php?id=4979 - « Guide de l’achat éthique pour les acheteurs publics » élaboré par la CU de Dunkerque et le CR Nord-Pas-de-Calais en juillet 2004. (à noter : informations pour faire respecter les droits de l’homme et de l’enfant) http://www.achatsresponsables.com/fichiers/guide_achat_ethique.pdf - Compte-rendu de la table-ronde technique « Transformation du coton équitable : Concertation des acteurs - état des lieux, enjeux, freins et possibilités de développement » organisée par Equisol à Chambéry le 03/07/07 : http://www.equisol.org/ (rubrique ressources) - Compte-rendu de la table-ronde technique « Textile équitable de nouvelles opportunités pour l’achat collectif : quelle offre pour les professionnels ? » organisée par Equisol en partenariat avec le CR Rhône-Alpes et la Ville de Grenoble le 29/06/06 : http://www.equisol.org/ (rubrique ressources) - « Marchés de textiles et achats éthiques : des liens à tisser », article extrait du site « Marchés publics.net » 03/03/06 http://www.marchespublics.net/actualite/outil.php?id=691 - Compte-rendu de la table-ronde organisée par Cités-Unies France le 02/03/06 autour de la thématique « Quelles perspectives d'achats éthiques dans les marchés du textile » http://www.cites-unies-france.org/ RGO - Restitution des travaux du groupe « Textile » - Octobre 2008 44 Une des activités proposées par le Réseau Grand Ouest commande publique et développement durable est la mise en place de groupes de travail thématiques (pour en savoir plus, voir www.reseaugrandouest.fr). En 2007, un groupe de travail thématique piloté par la Ville de Nantes et auquel ont participé : le Conseil Régional de Bretagne, le Conseil Général de la Charente, Nantes Métropole et la Ville de Saint Jean de Monts s’est réuni pour travailler sur l’intégration de critères relatifs au développement durable dans les marchés de textile (vêtements professionnels et tee-shirts promotionnels). La mission de ce groupe de travail était de : - définir les enjeux de la filière textile, - clarifier le contexte législatif et technique, - recenser les expériences en cours, - établir un état des lieux de l’offre et dialoguer avec les fournisseurs, - tester l’intégration de clauses dans des marchés, - identifier les facteurs de réussite, - organiser une restitution des travaux du groupe à l’ensemble du RGO. Ce document présente la synthèse des travaux du groupe « Textile » du RGO. Son objectif est de transmettre les informations recueillies par le groupe de travail et d’échanger autour de retours d’expériences pour permettre aux acheteurs publics d’optimiser et de généraliser l’intégration de critères « développement durable » dans leurs achats de textile. Réseau Grand Ouest commande publique et développement durable 22 rue Béclard - CS 30003 49055 Angers Cedex 2 Tél : 02 41 68 70 72 [email protected] Ville de Nantes Direction de la commande publique 2, rue de l'Hôtel de Ville 44094 Nantes Cedex 1 Contact : Nathalie Debec, Acheteur Tél : 02 40 41 95 16 [email protected]