James Cook, sa vie ses voyages

Transcription

James Cook, sa vie ses voyages
Maurice Thiéry
James Cook
sa vie, ses voyages
La Découvrance
éditions
2007
Note de l’Auteur
—
Dans l’ouvrage que nous présentons au public, nous nous
sommes efforcé de faire une évocation aussi vivante que possible
de l’illustre navigateur anglais. Pour atteindre ce but, nous avons
choisi, parmi les extraordinaires aventures dont sont remplis les
voyages du capitaine Cook, celles qui nous ont paru les plus saisissantes et les plus propres à faire ressortir le caractère de l’homme
et le génie du marin. Nous n’avons point voulu auréoler ou
plutôt noyer d’érudition la figure de James Cook. Nous n’avons
recherché que deux choses : la vérité et la clarté.
Parmi les documents et les ouvrages que nous avons consultés,
viennent, en premier lieu : le Journal du capitaine Cook (premier,
deuxième et troisième voyages), le Journal de Sir Joseph Banks
(premier voyage), le Journal de George Forster (deuxième voyage)
et le Journal du lieutenant King (troisième voyage).
Nous nous sommes ensuite inspiré de la Vie du capitaine Cook,
par le docteur Kippis (Londres, 1788), œuvre fondamentale qui
a servi de base à toutes les biographies postérieures du célèbre
marin.
Parmi les ouvrages modernes, il en est deux qui ont particulièrement retenu notre attention : Captain Cook, par Sir Walter
Besant (Macmillan, Londres, 1890) et The Life of Captain James
Cook, par Arthur Kitson (Murray, Londres, 1907). L’originalité du
premier et l’abondante documentation du second nous ont aidé
à éclaircir certains faits que Cook et ses compagnons, aussi bien
que le docteur Kippis, laissaient dans l’obscurité.
Nous tenons aussi à exprimer notre vive reconnaissance aux
— 10 —
bienveillants amis qui nous ont communiqué certains documents
provenant de Marton, le village natal de Cook et de Whitby, le
port fameux d’où il a pris son essor.
Maurice Thiéry.
PREMIÈRE PARTIE
La Jeunesse et le Premier Voyage
—
CHAPITRE PREMIER
L’Appel de la mer
Sur la route nue qui traverse la haute lande tapissée de bruyères,
chemine tout seul un jeune garçon. Il est grand et svelte. Il a le front
découvert, le regard franc, auquel d’épais sourcils bruns donnent
une pénétration singulière, le menton d’un dessin énergique, les
traits nets. La physionomie sympathique exprime nettement une
volonté et une intelligence précoces chez cet enfant qui va d’un
pas souple, sans autre bagage qu’un léger baluchon sur l’épaule.
Mais tout à coup, il se retourne. Derrière lui, il a entendu le
trot d’un cheval et le grincement d’une carriole. Instinctivement,
il s’arrête. Il attend le passage de la voiture. Il est heureux de voir
quelqu’un et il sent en lui l’ardent besoin de parler à l’homme
qui vient, un paysan comme lui, bien sûr. Depuis plus de quatre
heures qu’il marche dans la solitude de l’immense plateau, il n’a
pu rencontré une âme et il n’a perçu d’autre bruit que la chanson
du vent.
La carriole approche. Celui qui la conduit a le type solide et
trapu des paysans du comté d’York. Le premier, il interpelle l’enfant immobile et tourné vers lui : « Holà, le petit, où vas-tu ? — A
Staithes, là-bas, au bord de la mer, répond le jeune garçon, en
étendant le bras vers l’ouest. — Combien de milles encore ?
— Encore huit milles, mon petit gars. Es-tu fatigué ?
— Moi, fatigué ! Jamais. — Ah ! ah ! tu promets. Ça ne fait
— 14 —
rien, monte tout de même. Moi aussi, j’y vais à Staithes. Allons,
fais vite. Tu me remercieras en route. »
Et lestée de son nouveau fardeau, la carriole repart, fortement secouée par les aspérités du rude chemin. Bien que peu
communicatif et peu curieux, comme tous les hommes du Nord,
le paysan regarde son jeune compagnon, dont l’air décidé et la
figure ouverte l’intéressent : « D’où viens-tu ? lui dit-il. — De
Great Ayton, répond celui-ci. Vous savez, tout à côté des collines
de Cleveland, à sept milles d’ici — Oh ! oui, je connais, et tu t’appelles ? — James Cook. — Attends un peu… James Cook, James
Cook… Ça me dit quelque chose ce nom-là. Ton père ou quelqu’un de ta famille n’habite-t-il pas Marton ? J’y allais souvent
autrefois voir un cousin et je me rappelle très bien avoir rencontré
un Cook, qui travaillait dans la ferme de William Walker. —
C’est mon père, s’écria l’enfant tout joyeux. Mais depuis cinq ans,
nous avons quitté Marton, où je suis né, pour Great Ayton. C’est
tout près. — Que fait ton père maintenant ? — Il travaille dans
la ferme de Mister Thomas Skottowe. C’est un beau domaine que
la ferme de Airy Holme. — Je t’entends. Il n’en est point de plus
grand ni de mieux tenu vingt milles à la ronde. Mais, dis-moi,
petit, quel âge as-tu ? — Treize ans, ou plutôt je les aurai le 27
octobre. — Tu es né en 1728 ? — Oui. — Tu parais plus que ton
âge. Sais-tu lire ? — Oh ! oui, répondit James Cook avec fierté. Je
sais lire, écrire et je sais même l’arithmétique. » Comme le paysan
jetait sur l’enfant un oeil plein de surprise, celui-ci continua : « J’ai
eu bien de la chance, voyez-vous. A Marton, la bonne mistress
Walker m’a appris mes lettres quand j’étais encore tout petit, et à
Great Ayton, Mister Skottowe a payé pour moi à l’école de Mister
Pullen. On n’est pas riche chez nous. Alors, vous comprenez, si
Mister Skottowe n’avait pas été si généreux, je n’aurais rien appris.
— En serais-tu plus malheureux pour cela ? Pour travailler la
terre, ça n’est pas nécessaire de savoir les choses qu’on trouve dans
— 15 —
les livres. — Mais je ne vais pas travailler la terre. — Comment,
toi, James Cook, un fils du Cleveland, tu n’aimes pas la terre !
C’est un sacrilège. » L’enfant rougit, hésita et timidement, à voix
basse, il murmura : « J’aime mieux la mer. » L’homme éclata de
rire. « Tu la connais, la mer ? — Non, je ne l’ai jamais vue. —
Alors ? — Alors, je ne sais pas, mais je l’aime mieux. » Le paysan
haussa les épaules et marmotta entre ses dents : « Drôle de gosse,
tout de même ! » Puis, à voix haute, il demanda à James : « Que
vas-tu faire à Staithes ? — Je vais en apprentissage pour trois ans
chez Mister William Sanderson, qui a sur le quai une boutique
d’épicerie et de mercerie. — Mais, ce n’est pas la mer, cela, fit
l’homme stupéfait. — Je la verrai tous les jours », répliqua James
Cook avec assurance.
Pendant une heure, les deux voyageurs continuèrent leur route
en silence, à travers la lande solitaire.
Le cheval trottait paisiblement. La voiture dansait et grinçait.
Le vent soufflait de la mer et apportait des bouffées d’air salin,
que le jeune Cook humait à pleins poumons.
Tout à coup, il se dressa, mû comme par un ressort. Au loin,
devant lui, se découvrait une grande étendue d’un bleu gris, sur
laquelle les rayons obliques d’un pâle soleil traçaient des cercles
de lumière. « Ah ! que c’est beau ! » s’écria-t-il avec un juvénile
enthousiasme qui fit sourire son compagnon.
A mesure que la carriole avançait, on distinguait de hautes
falaises blanches et de petits vallons au flanc desquels s’étageaient
de minuscules cottages. La rumeur confuse de la mer commençait à se faire entendre. Le vent devint plus vif. La route s’inclina
et tourna brusquement. Des toits rouges se montrèrent. Bientôt,
ce fut une rue étroite, en pente rapide. Encore un tournant et
apparut une petite baie, où se balançaient de nombreuses barques
de pêche. Une rangée de maisons basses, en pierre grise, se dressait placidement le long de la baie.
TABLE DES MATIÈRES
—
Note de l’Auteur
........................................................................................9
PREMIÈRE PARTIE
La Jeunesse et le Premier Voyage
chapitre
—
—
—
—
—
—
—
—
premier
ii
iii
iv
v
vi
vii
viii
ix
L’appel de la mer .......................................................... 13
Les débuts..................................................................... 19
Au service du Roi.........................................................25
Avant le grand voyage ................................................. 32
Vers Tahiti .................................................................... 37
Tahiti ............................................................................43
La Nouvelle-Zélande ................................................... 53
L’Australie .................................................................... 62
Le retour ....................................................................... 71
DEUXIÈME PARTIE
Le Second Voyage
chapitre
—
—
—
—
—
premier
ii
iii
iv
v
vi
—
vii
—
—
viii
ix
Repos et préparatifs ........................................................77
Les glaces du sud ............................................................84
Dans la Nouvelle-Zélande ...............................................89
A Tahiti et aux îles de la Société ...................................... 95
Les îles des Amis........................................................... 103
Au canal de la Reine-Charlotte et à travers les mers
du Sud .......................................................................... 108
L’île de Pâques et les îles Marquises. Retour aux îles
de la Société.................................................................. 115
Les îles des Amis et les Nouvelles-Hébrides ................... 124
La Nouvelle-Calédonie, les mers australes et le retour ... 132
TROISIÈME PARTIE
Le Troisième Voyage et la Mort
chapitre
—
—
—
—
—
—
—
premier
ii
iii
iv
v
vi
vii
viii
Le dernier séjour en Angleterre ............................... 139
La terre de Kerguélen et la terre de Van Diemen ..............147
Encore la Nouvelle-Zélande. Nouvelles découvertes .......155
Annamocka, Hapaée et Tongatabou .............................. 163
Les îles de la Société ...................................................... 170
Les îles Sandwich et les côtes occidentales de l’Amérique
du Nord........................................................................ 179
La mort du capitaine Cook ........................................... 186
Tributs payés à la mémoire de Cook .............................. 193
Carte des voyages du capitaine Cook..................................................... 202-203