Mener un projet immobilier d`entreprise
Transcription
Mener un projet immobilier d`entreprise
Association des Directeurs Immobiliers Mener un projet immobilier d’entreprise Cahier de l’ADI n°2 Novembre 2011 Mener un projet immobilier d’entreprise Sommaire CHAPITRE 1 : Méthode 1. Le projet immobilier de l’entreprise 1.1 - L es motivations d'un projet immobilier 1.1.1 - Le besoin d’espace lié au développement de l’entreprise 1.1.2 - L’éparpillement sur plusieurs sites 1.1.3 - La fusion de plusieurs entités 1.1.4 - L'image voulue par l’entreprise 1.1.5 - Une rationalisation économique 1.1.6 - Le confort des salariés 1.1.7 - Une réorganisation de l'entreprise 1.1.8 - La fin d’un bail 1.1.9 – La réorganisation in situ 1.1.10 - L'inscription dans un projet d’entreprise 1.2 - La prise de décision 1.2.1 1.2.2 1.2.3 1.2.4 - Les circuits de décision au sein de l’entreprise : le "go-no go" - Les sources d'opposition potentielle - Les « ennemis » du projet - La concertation 2. L'organisation du projet 2.1 - La constitution d’une équipe projet 2.1.1 - Le directeur de projet et son équipe interne 2.1.2 - Le comité stratégique 2.1.3 - Le comité de pilotage 2.1.4 - Le comité opérationnel 2.2 - L’état des lieux 2.3 - Le planning de l’opération 2.4 - L’évaluation du budget de l’opération 2.5 - La programmation 2.6 - La communication 3. Le programme de la recherche immobilière 3.1 - La définition du programme de la recherche immobilière 3.1.1 - La surface 3.1.2 - La localisation 3.1.3 - Le calendrier d’installation 3.1.4 - Le volet économique 3.1.5 - Développement durable 3.1.6 - L'image et la qualité du site 3.2 - La recherche immobilière 4. Le programme d'aménagement 4.1 - La définition du programme d’aménagement 4.2 - La conception d’un environnement de travail 4.3 - La décomposition générale des surfaces 4.3.1 - Le hall d’accès 4.3.2 - Les bureaux 4.3.3 - Les espaces de réunion 4.3.4 - Les parkings 4.3.5 - La restauration 4.3.6 - Locaux d’archives et les locaux techniques 4.4 - Le fonctionnement du site 4.5 - Les équipements techniques 4.5.1 - Les données à collecter 4.5.2 - Le traitement des données collectées : la constitution du programme d’aménagement. 4.6 - La décomposition des surfaces 2 Mener un projet immobilier d’entreprise 3 5. La charte d’aménagement 5.1. La charte d’aménagement d’une entreprise 5.1.1 - La définition de la charte d'aménagement 5.1.2 - Les objectifs de la charte d'aménagement 5.1.3 - L'organisation de projet 5.2. Les types de chartes d'aménagement 5.2.1 - Les chartes « corporate » 5.2.2 - Les chartes « opération » 5.3. Le périmètre d’application des chartes d'aménagement 5.3.1 - Les fonctions tertiaires 5.3.2 - Les espaces « bureau » et autres espaces 5.3.3 - Le périmètre immobilier 5.3.4 - Les destinataires de la charte 5.3.5 - Les modalités d’application de la charte 5.4. Politiques d’aménagement et conception du poste de travail 5.4.1 - Le lien entre fonction, activité et mode de management 5.4.2 - Normes/ratios d’occupation, surfaces allouées et définition des effectifs 5.4.3 - Charte d’opération et caractéristiques d’un l’immeuble : 5.4.4 - Le mobilier de bureau 5.4.5 - L'équipement informatique 5.4.6 - L'aménagement immobilier 5.4.7 - L'urbanisme intérieur 5.4.8 – Autres 6. Les utilisateurs 6.1 - La consultation des utilisateurs 6.2 - Les réunions de restitution 7. La communication 7.1 - La cellule communication 7.2 - Le rôle de la direction de la communication 7.3 - Les supports de communication 7.4 - La liberté d’expression 7.5 - Les dates clés, le rythme de communication 7.6 - La participation des salariés aux étapes de décision 8. Le développement durable 8.1 - La stratégie 8.2 - Les objectifs environnementaux du programme d’aménagement 8.3 - Exemplarité CHAPITRE 2 - Innovations récentes, évolutions de l’environnement du poste de travail 1. l’environnement du poste de travail 1.1 - Du taylorisme au bureau paysager 1.2 - Le poste de travail, reflet de l’évolution du monde du travail. 1.3 - Du poste à l’environnement de travail 1.4 - Les facteurs d’évolution de l'environnement de travail 1.5 - Une évolution induite du rôle des directeurs de l'immobilier et des services généraux 1.6 - Les environnements de travail des sociétés de hautes technologies, préfigurent-ils le futur ? 2. Les nouveaux enjeux des environnements de travail 2.1 - Les enjeux économiques 2.2 - La santé et le bien-être au travail 2.3 - Les enjeux environnementaux 2.4 - Nouvelles technologies, nouvelles générations Mener un projet immobilier d’entreprise 4 2.5 - Les nouveaux modes de travail 3. Le poste de travail de nouvelle génération 3.1 - « Portrait robot » 3.2 - Les neuf possibilités d’aménagement du poste de travail 3.3 - L'exemple d'Accenture1 4. Les espaces collaboratifs 4.1 - Les espaces de réunion 4.2 - Les espaces support 4.3 - L'exemple de la Société générale à La Défense 5. Les services à la personne 6. La culture et la marque 7. La responsabilité sociale et environnementale 7.1 - L'acoustique 7.2 - Le confort visuel 7.3 - La qualité de l’air 7.4 - La gestion de l’énergie et de l’eau 7.5 - Retour d’expérience sur une GTB performante 7.6 - Perspectives ANNEXE 1 - Organisation de la mobilité – transfert 1.1 - Les personnels et la technique 1.2 - Les préparatifs du transfert 1.3 - La visite des sites et les relevés 1.4 - Les lots régulièrement listés 1.5 - La vague de transfert type 1.6 - La coordination des opérations 1.7 - Le SAV ANNEXE 2 – Aspects réglementaires 1. Le Code du Travail 2. La réglementation incendie 3. La réglementation relative à l’accessibilité 4. Réglementations et capacité d’accueil 4.1 - Réglementation incendie et capacité d’accueil 4.2 - Appareils sanitaires et capacité d’accueil 4.3 - Renouvellement d’air et capacité d’accueil 5. Contrôles réglementaires - Fréquence des contrôles ANNEXE 3 : Aspects budgétaires 1. Mesurer les impacts financiers d’une décision stratégique, avant sa mise en œuvre : 1.1 - Les travaux : 1.1.1 - Cloisonnement : 1.1.2 - Les faux-plafonds 1.1.3 - Electricité – réseaux des courants forts et courants faibles 1.1.4 - CVC (Chauffage, Ventilation, Climatisation) 1.1.5 - Peinture – revêtements Mener un projet immobilier d’entreprise 1.1.6 - Correction acoustique 1.1.7 - Agencement – décoration 1.1.8 - Exemple : quelques repères pour bâtir vos budgets de travaux 1.2 - Equipement mobilier des espaces tertiaires 1.2.1 - Le mobilier de bureau selon 4 types de fonctions 1.2.2 - Les critères d’évaluation du budget mobilier 1.3 - Design, communication, signalétique 1.4 – Mobilité et transfert de l’entreprise 1.4.1 - Les critères d’évaluation du budget « transfert » 1.4.2 - Le coût estimatif d’un transfert 2. Prestataires : missions et honoraires 2.1 – Le conseil, l’assistance et la maîtrise d’œuvre 2.1.1 - Les missions 2.1.2 - Les prestataires 2.2 – Les prestations d’exécution – les entreprises – le contractant général 2.2.1 - Les corps d’états séparés, les groupements 2.2.2 - L’entreprise générale 2.2.3 - Le contractant général 2.3 – La rémunération des prestataires 2.3.1 – La vacation 2.3.2 – Au temps passé 2.3.3 - Le pourcentage 2.3.4 - Le forfait 3. Coût d’occupation annuel 3.1 – Descriptif des charges d’exploitation d’un immeuble 3.2 – Synthèse des coûts d’occupation par m² 5 Mener un projet immobilier d’entreprise 6 Introduction L’immobilier est un outil performant dont disposent les managers pour développer l’activité de leur entreprise. Depuis la fin du dix-neuvième siècle et la construction des premiers immeubles administratifs, leur implantation présente une valeur symbolique qui a toujours été perçue comme un levier important. Aujourd'hui encore, la localisation d'une entreprise renforce son image de marque. Mais ce n’est plus le seul signe distinctif qui permet à une entreprise de présenter ses valeurs. En effet, l’entreprise s’affiche de plus en plus comme un lieu où l’on vit. Cette tendance s'accompagne simultanément d'une exigence de bien-être au travail qui émane notamment des collaborateurs dont le poste de travail se déplace sans cesse. Ils souhaitent trouver des aménagements adaptés et confortables, répartis de façon homogène dans les divers lieux qui les accueillent successivement. On observe parallèlement que les services à la personne se multiplient. Par ailleurs, l’avènement récent des nouvelles technologies de communication favorise le développement du travail collaboratif qui, lui-même, impose une réorganisation fréquente des aménagements intérieurs des bâtiments. Ainsi un processus de reconfiguration permanente des organisations et des modes de travail est en cours dans la plupart des entreprises. Désormais, les aménagements doivent être facilement adaptables, au moindre coût, afin d'accompagner ce processus qui est devenu vital. Dans ce contexte, la capacité d’une entreprise à devancer les évolutions nécessaires et à se montrer innovante dans l’architecture intérieure de son cadre de travail devient un des critères de choix qu’analysent ses futurs collaborateurs. Il y a quelques temps encore, les concepts de confort et d’agrément n’avaient pas droit de cité dans les stratégies immobilières. Aujourd’hui la qualité des bâtiments, leur architecture, les services qu’ils offrent et leur gestion sont plus que jamais au cœur des préoccupations de tous. C’est pourquoi les directions de l’immobilier et celles des moyens généraux des entreprises collaborent-elles de plus en plus étroitement dans leurs missions quotidiennes. Certaines rassemblent déjà leurs compétences au sein d’une même équipe sous l’appellation générique de "direction de l’environnement de travail". Cette (r)évolution importante marque un tournant décisif. Ces équipes doivent dorénavant mettre en adéquation la bonne marche de l’entreprise et la satisfaction des besoins des équipes ainsi que des individus qui la composent. Mais leur tâche est très difficile et les marges de manœuvre s’amenuisent rapidement du fait principalement de la financiarisation de l’immobilier. Cette évolution, qui s’est installée progressivement depuis la fin des années 1980, entraine une irrémédiable "fonte" des surfaces locatives qui vient à l’encontre de tout souci d’amélioration des conditions de travail. Il faut bien dire que peu de directions générales savent réellement faire la différence entre un mètre carré de surface locative et un mètre carré de surface utile nette. Combien de plans d’économie ont été préparés à partir de telles imprécisions ! La réduction progressive des ratios a souvent permis de compenser la hausse du coût immobilier. Mais n’est-on pas arrivé aux limites du processus ? Confrontés à ces évolutions rapides, les professionnels de l'environnement de travail doivent s'adapter avec le plus de réactivité possible. L’objet de ce livre blanc est de les y aider en faisant le point sur ces questions techniques et sociales. Les directeurs immobiliers y trouveront des éléments de méthode et des exemples d'expériences innovantes. Les aspects réglementaires et économiques y sont abordés de façon volontairement synthétique. Mener un projet immobilier d’entreprise 7 CHAPITRE 1 : Méthode 1. Le projet immobilier de l’entreprise 1.1 - L es motivations d'un projet immobilier Dès la création d’une entreprise, aussi petite soit-elle, la question de son implantation immobilière se pose. Au cours de son développement, elle devient une préoccupation récurrente. Différents facteurs sont susceptibles d'aboutir à la définition d’un nouveau projet immobilier. 1.1.1 - Le besoin d’espace lié au développement de l’entreprise Quel que soit le stade d’évolution de l’entreprise, depuis sa création jusqu’à son développement, l’enjeu des surfaces est fondamental. Trop petite ou trop grande, la surface occupée est rarement optimale. C’est ce qui en fait, au-delà du projet d’entreprise, l’un des éléments essentiels du « business plan ». La réglementation actuelle sur les baux et notamment le décret de septembre 1953 (bail minimum de 3 ans) ne facilite pas l’adaptabilité des espaces de travail. La contrainte de la durée est particulièrement gênante pour les entreprises telles que les « start-up » ou celles qui connaissent de fortes croissances – ou décroissances – liées à leur activité. Cette contrainte a souvent orienté les entreprises vers le choix nécessaire, bien que souvent onéreux, de la multiplication des sites. 1.1.2 - L’éparpillement sur plusieurs sites Depuis sa création, à la fin des années 1980, SFR a successivement établi son siège social dans plusieurs tours situées dans le quartier de La Défense, à Nanterre, à Meudon, ainsi qu'à BoulogneBillancourt. En 2010, l'entreprise, confrontée à l’éparpillement de ses structures, a décidé de rassembler tous ses salariés sur un lieu unique. Elle a choisi le site Pleyel/Landy, situé à SaintDenis. Conçu par l’architecte Viguier, ce projet accueillera sur 130.000 m2 les 8.500 salariés de SFR à partir de 2014. 1.1.3 - La fusion de plusieurs entités Le 22 juillet 2008, la fusion des deux entreprises a donné naissance au groupe GDF Suez. Cette fusion a rendu nécessaire la recherche d'un immeuble susceptible d'accueillir la nouvelle entité. Son président, Gérard Mestrallet, a porté son choix sur la tour baptisée T1, dont les architectes Valode et Pistre ont d'achevé la construction à la Défense. Après d’importants travaux d’aménagement et de décoration, GDF Suez s’y est installée à la fin de l'année 2010. 1.1.4 - L'image voulue par l’entreprise En avril 1987, à la suite à sa privatisation, la première chaîne de télévision a choisi de s'installer dans un nouveau bâtiment construit en bord de Seine, à Boulogne-Billancourt. Bien que fonctionnelle, l’architecture de la tour TF1 reflète la puissance de son actionnaire. Elle se distingue des immeubles de bureaux environnant par l'affichage du nom de l'entreprise en gros caractères sur sa façade. Simultanément, sur l’autre rive de la Seine, la chaîne Canal + a confié au célèbre architecte new-yorkais, Richard Meier, la conception d’un bâtiment volontairement atypique. Cette architecture originale dénote dans un environnement constitué d’immeubles de logements. A elle seule, elle permet à Canal + de rester toujours reconnaissable. 1.1.5 - Une rationalisation économique En 1958, l'entreprise industrielle Alstom a installé son siège social à Paris, avenue Kléber, à deux cents mètres de la place de l’Etoile. Au début des années 2000, frappée par la crise économique, l’entreprise a du se résoudre à quitter ce cadre prestigieux. Alstom s’est installée en banlieue parisienne sur des sites plus modestes, à Levallois-Perret et à Saint-Ouen. Mener un projet immobilier d’entreprise 8 1.1.6 - Le confort des salariés Au cours des années 1950 à 1970, de multiples immeubles de logement haussmanniens, construits à la fin du dix-neuvième siècle au centre et à l’ouest de Paris, ont été transformés en bureaux. Progressivement, la configuration intérieure de ces bâtiments est apparue inadaptée aux nouveaux modes d’occupation des espaces de travail. En outre, ces locaux se sont avérés inconfortables sur le plan climatique et ils manquaient de places de stationnement, ce qui a entraîné des rénovations lourdes. De véritables reconstructions ont été réalisées derrière les façades qui ont été conservées intactes. Cependant, ces travaux de grande ampleur n'ont pu être menés que dans des bâtiments vidés de leurs occupants. C'est pourquoi, les entreprises ont déplacé leur siège social vers des immeubles voisins confortables, bénéficiant d'installations ultramodernes ayant conservé leurs façades historiques. 1.1.7 - Une réorganisation de l'entreprise Confronté à la crise immobilière des années 1990, le Crédit foncier de France a été contraint à une restructuration drastique. La forte mobilisation de l’entreprise et de son personnel ont évité le démantèlement de l'entreprise mais deux décisions ont été prises. D'une part, un plan de départ volontaire à la retraite a été décidé. Il s'est traduit par la réduction d'un quart du nombre de collaborateurs, ainsi que par la mobilité d'un quart des salariés. D'autre part, l'entreprise a quitté les locaux qu'elle occupait boulevard des Capucines, à Paris, depuis 1852. En 2003 les équipes du Crédit foncier de France ont emménagé dans un nouvel immeuble "Les Rives de Bercy", construit à Charenton-le-Pont, en banlieue est de Paris. 1.1.8 - La fin d’un bail La fin d'un bail constitue une des raisons les plus classiques de la naissance d’un projet immobilier. La dénonciation d’un bail doit être transmise au bailleur au plus tard six mois avant son échéance. Cependant, il convient d'anticiper davantage pour réussir un transfert vers une implantation mieux adaptée. En effet, de nombreux projets sont déclenchés trop tardivement. Mal réalisées ou exécutées de manière précipitée, ces opérations suscitent un mécontentement au sein de l'entreprise. C'est pourquoi, il convient de débuter un projet immobilier entre seize à vingt mois avant l’échéance du bail précédent. 1.1.9 – La réorganisation in situ Avant d’engager un processus de transfert, l'entreprise doit envisager la possibilité de demeurer dans le même bâtiment, quitte à engager des travaux importants en site occupé. Tel a été le choix de Goodyear, en 2009, dont le siège social de Rueil-Malmaison (5 000 m2, était devenu trop grand et les équipements obsolètes. Après une recherche infructueuse, Goodyear et son bailleur, Proudreed, ont signé un accord portant sur la rénovation complète du bâtiment avec un maintien de l’activité. A l'issue d'une longue préparation, ce chantier géré par demi-étage durant douze mois a permis une réfection totale des systèmes de fluides et des aménagements. Une telle rénovation a été possible car Goodyear a pu libérer des surfaces suffisantes afin d’effectuer les opérations "tiroirs" nécessaires. En définitive, l'entreprise a économisé les coûts, très importants, d’un transfert. 1.1.10 - L'inscription dans un projet d’entreprise Bien souvent, un projet immobilier coïncide avec un projet d’entreprise, dont il doit être la traduction symbolique. A la fin des années 1980, le PDG de la Société générale, Marc Viénot, a décidé de quitter le 9e arrondissement de Paris pour installer la banque dans le quartier d'affaires de La Défense. Ce choix immobilier s’est inscrit dans un vaste projet d’internationalisation de l'entreprise. Autre illustration avec la décision du PDG de Veolia, Antoine Frérot, d’établir son nouveau siège social à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Cette décision a traduit la volonté de l'entreprise, qui s'est positionnée en tant que leader des services aux collectivités, de s'implanter au cœur de la cité. Enfin, quand Chanel est partie en quête d'une nouvelle implantation pour son siège social, au début des années 2000, son choix s'est porté sur Neuilly-sur-Seine, réputée parmi Mener un projet immobilier d’entreprise 9 les villes les plus luxueuses de France. La conception et la décoration intérieure de l'immeuble symbolisent les valeurs de la marque prestigieuse. 1.2 - La prise de décision Avant de définir sa stratégie, la direction immobilière doit évaluer les forces en présence au sein de l'entreprise en procédant par étapes. 1.2.1 - Les circuits de décision au sein de l’entreprise : le "go-no go" En premier lieu, il convient de vérifier, pour chaque projet, qui est le véritable décideur au sein de l'entreprise et comment lui rendre compte. Il s'agit selon les cas du PDG, du board ou du Comex, du secrétaire général, du responsable de division… Pour les opérations les plus importantes, le PDG doit souvent solliciter l’avis et obtenir l’aval de son conseil d’administration. Il existe une grande diversité de circuits de décision selon la nationalité des entreprises ou la personnalité de leurs dirigeants. Ainsi, le pilotage d'un projet en direct sous l’autorité d'un grand patron français, n’a rien de comparable avec celui d’une banque Suisse au sein de laquelle toutes les décisions remontent à la direction Europe basée à Londres avant d'être transmises à la direction mondiale, située à Zurich. De même, telle entreprise américaine fait transiter ses projets par Francfort pour examen, avant que la décision finale soit prise par la direction, à Atlanta. Ces circuits de décision ont une influence directe sur le planning des opérations. Ainsi, au cours de l’été 2006, Veolia et Crédit suisse ont décidé de louer conjointement à Klépierre respectivement 3.000 m² et 6.000 m² au sein de « l’espace Kléber », situé à Paris, avenue Kléber. Au sein de Veolia, la prise de décision a nécessité un délai compris entre 24 heures et trois jours, contre trois à six semaines pour Crédit suisse. 1.2.2 - Les sources d'opposition potentielle Même lorsque des engagements financiers ont déjà été pris, un projet peut se trouver différé, voire annulé, si la direction de l'entreprise tente de l'imposer en force. C'est pourquoi, il est nécessaire de tenir compte de différents contrepouvoirs susceptibles de s'opposer au projet. Ainsi, les IRP (CE, CHSCT, DP), doivent-ils être consultés en amont, même si leur avis n’est que consultatif. La direction financière doit également être associée très tôt en lui proposant d'intégrer le comité de pilotage de l’opération. Elle pourra ainsi réaliser tous les plans et budgets financiers nécessaires. 1.2.3 - Les « ennemis » du projet La plupart des projets suscitent des oppositions qui devront être identifiées le plus rapidement possible. La direction de l'immobilier peut solliciter la DRH et la direction de la communication de l'entreprise afin de définir les tactiques à adopter et les argumentaires qui permettront de rallier les opposants au projet. 1.2.4 - La concertation Après une première phase de réflexion autour du projet, nécessairement confidentielle, la direction générale doit insister très fortement sur la communication. Des groupes de réflexion et de concertation devront être constitués sur les différents sujets, notamment techniques. Il importe d'y associer le plus grand nombre possible de collaborateurs afin de fédérer l'ensemble des salariés autour du projet. Cette concertation devra notamment permettre de débattre de la localisation du projet, sous peine de rencontrer l'opposition des salariés mis devant le fait accompli. Ainsi, dans les années 1990, une grande banque française a-t-elle décidé de prendre en location un immeuble à Saint-Ouen afin d'y installer une partie de son back-office. Face à un refus des salariés pour des raisons liées aux conditions de transport et de sécurité, le projet a du être abandonné et un dédit a été versé. Depuis lors, pour chaque projet immobilier important, la banque est attentive à ce qu'ils soient réalisés à proximité de la ligne A du RER. Attention également au choix de sites excentrés. La décision d'un grand groupe de construction d’installer son siège social à Cergy Saint-Christophe, dans le Val-d'Oise a été difficile à gérer tant pour ses salariés que pour ses clients. 2. L'organisation du projet Mener un projet immobilier d’entreprise 10 2.1 - La constitution d’une équipe projet Pour les grands projets, le maître d'ouvrage est le PDG ou son équivalent mais celui-ci doit désigner un directeur de projet. La plupart du temps, il s'agit du directeur immobilier de l'entreprise. Sa fonction de directeur de projet devra être officialisée par la DG et son domaine de compétence devra être parfaitement clarifié. 2.1.1 - Le directeur de projet et son équipe interne L’équipe projet sera constituée en fonction de l’ampleur du projet et de l’expérience du pilote de ce type de mission. Le directeur de projet s’appuiera sur une équipe qui associe l’ensemble des forces vives de l’entreprise, notamment cinq référents indispensables : la DRH, la direction de la communication, la direction financière, la DSI, ainsi que les services généraux. Pour une opération comportant l'installation 1 000 postes dans un immeuble neuf, le directeur du projet devra être affecté à cette mission à temps plein et disposer d’un secrétariat qui gérera les agendas, les rappels, qui rédigera et distribuera les comptes-rendus et qui assurera les relations avec les parties prenantes. Un directeur de projet peut très vite être débordé par des sollicitations de ses «clients» internes, des IRP, des membres de son groupe, de la direction générale, des achats, …. C’est pourquoi, il devra proposer un calendrier décisionnel, les modalités de travail et la délégation des responsabilités aux membres de l'équipe. Au sein de l'équipe projet, un représentant des services généraux fera remonter les informations du terrain. Grâce à sa connaissance précise de la vie quotidienne au sein de l’entreprise, il proposera différentes options possibles et mettra en garde contre les fausses bonnes idées. Par ailleurs, il fournira les indications nécessaires à la définition des budgets et du planning d’opération. Un contrôleur de gestion établira et suivra le budget, la planification, le contrôle des risques, ainsi que la consommation des ressources affectées à la mission. Un responsable communication assurera la relation avec la direction de la communication de l’entreprise. Il préparera les réunions avec les IRP, il rédigera les communiqués à l’attention des salariés, il organisera une consultation du personnel, par exemple, pour choisir le mobilier, il prévoira des visites des nouveaux locaux, il validera éventuellement les partis pris architecturaux ayant un impact sur l’image de l'entreprise. Avec son équipe, le directeur de projet mettra en place un reporting et un processus de validation des décisions : relations avec la hiérarchie (DG), calendrier décisionnel, mode de communication, budget, objectifs à atteindre, sujets sensibles. Il se fera confirmer les compétences nécessaires à la réussite de sa mission. Il importe de ne pas imposer au directeur de projet des candidats ou des consultants dont il n’aura pas approuvé le choix. Au-delà de cette équipe resserrée, le directeur de projet demandera également à chaque direction de nommer un représentant qui fera l’interface entre les directions et le projet et permettra de faire remonter les besoins spécifiques en espaces et en aménagement. Ainsi, la DSI sera consultée sur le besoin de salles techniques, l’installation des équipements de travail, le changement des périphériques… La DRH sera sollicité pour l’accompagnement des salariés, l’identification des ressources nécessaires au projet, la gestion des conflits... Les services généraux apporteront leur expertise concernant le fonctionnement de l’immeuble, la gestion de ses abords de l'immeuble, les prestations aux occupants... Le service achats sera également interrogé. La direction de la sécurité sera associée afin d'évoquer les sujets sensibles et valider certaines installations et mouvements de personnels qui devront être intégrés dès la conception du projet. La direction du développement durable sera invitée à valider des choix techniques, à rechercher des solutions susceptibles de réduire l’empreinte carbone, notamment lors des aménagements. Enfin, le directeur de projet instaurera des réunions périodiques avec l’ensemble des correspondants au sens large. Il est indispensable pour la réussite du projet d’assurer un échange d’informations permanent entre les parties prenantes et de s’assurer que la chaîne des responsabilités soit clairement définie entre les instances suivantes. 2.1.2 - Le comité stratégique Le comité stratégique est l’instance de validation qui comprend le PDG de l'entreprise. Le directeur de projet lui présente l’avancement du projet, le budget, le planning, les orientations, les demandes Mener un projet immobilier d’entreprise 11 de validation. Le comité stratégique se réunit à chaque grande étape du projet. 2.1.3 - Le comité de pilotage Le comité de pilotage se compose de toutes les parties prenantes de l’entreprise. Les correspondants des directions s’y expriment. Les questions à faire remonter, les inquiétudes, les frictions éventuelles, la communication et les choix importants y sont débattus. Il se réunit jusqu’à deux fois par mois lors des phases importantes. 2.1.4 - Le comité opérationnel Le comité opérationnel, est constitué de l’équipe permanente responsable du bon avancement du dossier. Il se réunit une à deux fois par semaine mais il maintient une communication constante entre chacun de ses membres. Régulièrement, il se constitue en comité technique, invitant les prestataires extérieurs, spécialistes des divers domaines du projet, à participer à ses travaux. Dans ce cas, il convie également les spécialistes internes responsables des lots techniques concernés. Le comité opérationnel et le comité technique sont des lieux d’échange, de discussion, de traitement et de validation des questions les plus diverses susceptibles de surgir au cours du projet. Pour avancer efficacement, le comité doit disposer d’une grande autonomie et d’une large capacité de décision. A noter que le comité opérationnel traite fréquemment des données confidentielles et qu'il doit bénéficier d'un accès direct et immédiat à la DG. En cela, il peut être aidé efficacement par un membre du Comex. 2.2 - L’état des lieux Dans le cas où le projet n'est pas une création ex nihilo, la première priorité consiste à lancer un audit de la situation actuelle. Cet état des lieux indiquera pour les sites existants, la surface louée, le nombre de postes de travail avec des détails tels que le nombre de bureaux partagés ou individuels, de salles de réunion, de places parking, les espaces consacrés aux archives, etc. 2.3 - Le planning de l’opération Un projet immobilier réclame des délais importants qui devront être pris en considération aussi bien en amont, lors des phases stratégiques d'analyse d’opportunité, de consultation, de prise de décisions, de recherche immobilière, d'étude de faisabilité, qu'en aval avec de multiples délais techniques. Attention cependant à ne pas précipiter le déroulement du projet car les conditions difficiles ainsi créées risquent de produire dans l'entreprise un malaise qu'il sera très difficile de surmonter par la suite. A l'inverse, un projet conduit trop lentement pourra donner le sentiment de ne pas avancer, il suscitera des doutes, du désintérêt voire une opposition. C'est pourquoi, il parait indispensable de communiquer rapidement un planning de l'opération et de s'y tenir. En cas de difficulté, il importe d'informer, d'expliquer et de rendre compte. Autant être transparent car tout finit par se savoir. Cependant, même avec les meilleures intentions du monde, on observe qu’il manque souvent deux mois dans le planning d'un projet. Ce retard est imputable à une certaine inertie dans la prise de décisions, à une forme de "blues du projet" due à un rythme fatigant, à un manque de visibilité ou de détermination de la part des décideurs. Il peut également découler de facteurs externes : une déclaration qui n'aura pas été remise dans les temps, un propriétaire qui réclame des garanties plus complexes que prévues, des négociations internes, la consultation des IRP, une modification de l’organisation de l’entreprise… Cet allongement des délais prévus risque de coûter plus cher à l'entreprise. C’est pourquoi il convient de prévoir des marges de manœuvres importantes dès le début de l’opération. Elles seront utilisées progressivement pour gérer les imprévus. Les délais incluant ces marges de sécurité peuvent être évaluées de la manière suivante : - 2,5 à 5 ans pour un projet neuf ; - 1 à 2 ans pour un projet sur un site existant ; - 6 à 8 mois au minimum pour un projet de transfert de petite taille, sans complexité technique. Mener un projet immobilier d’entreprise 12 Dans le cas d'une opération de construction neuve on observe généralement les délais suivants : - 6 mois à 2 ans pour la prise de décision concernant le choix d'un site ; - 6 mois à 1 an pour la programmation, l’établissement d’un cahier des charges et l’approbation définitive du projet ; - 9 mois à 1 an sont nécessaires à la conception du projet et à l’obtention des autorisations de construire ; - 14 à 24 mois sont requis pour la construction de l’ouvrage ; - 1 à 3 mois sont consacrés à la réception de l’ouvrage et à son emménagement ; - 1 à 4 mois apparaissent nécessaires pour l'évacuation de l’ancien site et, éventuellement, sa remise en état partielle. Dans le cas d'une petite opération réalisée dans un immeuble existant, les délais sont les suivants : - 1 mois pour l'établissement du programme par les utilisateurs ; - 2,5 à 4 mois pour définir le projet d’aménagement et pour la consultation des entreprises ; - 3 à 6 mois pour réaliser les travaux d’aménagement ; - 1 mois pour la réception, les réserves et l'emménagement ; - 1 à 2 mois pour l'évacuation de l’ancien site et éventuellement, sa remise en état partielle. Différents facteurs sont susceptibles de retarder le planning de l'opération : - la constitution de l’équipe projet et la validation de ses objectifs ; - la difficulté à rédiger le programme des besoins ; - les aléas de la recherche immobilière (l’existence d’un ou plusieurs sites cibles, le calendrier de réalisation et celui de sortie de l’ancien site, etc) ; - le calendrier social (obligation d’information, consultations) ; - la lenteur d’obtention de certaines autorisations (permis de construire, classement ERP, installations classées ICPE, etc…) ; - les processus achats (cahiers des charges, appels d’offres, …) ; - les négociations avec les fournisseurs de « facilities » ; - la négociation avec les autorités locales (demandes spécifiques, parkings, bus, etc). 2.4 - L’évaluation du budget de l’opération L’établissement des budgets constitue une des phases les plus importantes d'un projet immobilier, puisqu'il traduit la stratégie de l'entreprise et qu'il aura des incidences tout au long du déroulement de l'opération. Dès la phase d’étude, plusieurs budgets doivent être définis selon les différentes hypothèses envisagées. Ces budgets sont établis en grandes masses. Pour les préparer, l’équipe projet peut faire appel à des spécialistes extérieurs. La préparation du budget doit intégrer des marges de manœuvres qui seront d’autant plus importantes que le projet sera encore imprécis. Une bonne gestion des budgets doit permettre de maintenir une réserve utilisable jusqu’à l’emménagement final. Dans un deuxième temps, avec l'aide de spécialistes, l'équipe projet dimensionnera les dépenses prévisionnelles pour chacun des lots. Il y a lieu d’être très prudent avec les indications initiales transmises par des interlocuteurs qui sont souvent insuffisamment informés de la complexité du sujet comme de son ampleur. Il convient également de manipuler les ratios avec précaution et de les valider systématiquement en comparant avec des exemples similaires récents. Autre écueil, lorsque le projet est l’occasion de remplacer des équipements particulièrement onéreux, tels que l’informatique centrale, il s'avère difficile d'évaluer le budget nécessaire en amont. Pourtant, cet exercice doit être réalisé avec soin. En effet, en cas de sous-estimation des besoins, l'équilibre financier de l'opération risque d'être mis en péril ultérieurement. Le budget d’une opération immobilière doit être scindé en différentes parties distinctes suivant les types de dépenses à engager : recherche immobilière, conseils, travaux, équipements, mobilier, etc. L’ensemble sera classé selon les durées d’amortissement qui sont imposées par les normes comptables. 2.5 - La programmation CF. parties 3 et 4. 2.6 - La communication Mener un projet immobilier d’entreprise 13 Les changements immobiliers suscitent toujours des craintes parmi les collaborateurs d'une entreprise. Entre autres réactions, citons quelques exemples : « Nous étions propriétaire du site, maintenant nous serons locataires, nous sommes très fragilisés » ; « Tout ça, c’est pour faire une économie sur notre dos » ; «Nous n’aurons plus de parkings, plus de RIE» ou encore «On va passer une heure de plus dans les transports». Une des conditions de réussite d'un projet immobilier réside dans une bonne information des collaborateurs. C'est pourquoi, l'importance de cette tâche et des moyens nécessaires ne doit pas être négligée dans la préparation du projet. Pour les opérations de grande ampleur, telles que les fusions d'entreprises, une personne à temps plein est nécessaire pour assurer cette communication. Le premier objectif consiste à éviter la propagation de rumeurs ou d'idées fausses. Ainsi, convientil d'identifier les thèmes générateurs d'angoisse parmi les salariés (l'avenir du collaborateur, sa future localisation, la pollution subie...), les thèmes opérationnels (les transports, le RIE, l'éclairage...) et enfin ceux qui sont liés au confort des occupants (planning, choix du mobilier, de la décoration...). En outre, même si les salariés adhèrent en principe au projet dans son ensemble, ils se focaliseront plus particulièrement sur ce qui les concerne directement. Aussi est-il indispensable d'identifier les points de friction et de faire valoir les bénéfices que l'opération apportera à chacun. Un plan de communication sera élaboré (thèmes abordés, choix des supports, périodicité de diffusion...). Il peut s'avérer utile de constituer des ateliers afin d'identifier le niveau d'information existant et de préparer les principaux thèmes du plan de communication. Enfin, il convient de bien choisir les supports de communication : l'édition d'un journal spécifique (à condition de définir une périodicité réaliste, qui permettra d'alimenter régulièrement les lecteurs internes), la création de rendez-vous systématiques dans les pages d'un journal d'entreprise existant (plus facile à maîtriser) ou encore la diffusion de nouvelles concernant le projet via l'intranet de l'entreprise. 3. Le programme de la recherche immobilière Le programme est l’élément fondateur du cahier des charges du projet, puisqu'il permet de lancer la phase de conception par la maîtrise d’œuvre. C'est pourquoi, le recours à un programmiste paraît souvent judicieux. L'entreprise doit d'abord préciser sa stratégie, ce qui implique de définir l’objectif général du projet, ainsi que les différents objectifs particuliers qui peuvent concerner les finances (loyer et charges), la localisation, la qualité, les services à l’occupant, le nombre de postes de travail... Une fois ces objectifs identifiés, le programme préliminaire permet de valider la stratégie, puis de détailler sa mise en œuvre au travers des différents éléments du programme. 3.1 - La définition du programme de la recherche immobilière Le programme de recherche est un document « fondateur » qui a longtemps été défini par la simple multiplication de deux facteurs : l’effectif de l'entreprise et la surface recherchée. Par la suite, cette définition s’est enrichie d'autres paramètres plus larges, permettant de préciser les objectifs et les caractéristiques du site recherché mais également de susciter l’adhésion des parties prenantes. Ainsi, les principaux chapitres du programme de la recherche immobilière sont les suivants : la surface, la localisation, le calendrier d’installation, le volet économique, les objectifs de développement durable, l’image et la qualité du site. 3.1.1 - La surface La détermination de la surface nécessaire constitue un point critique dans la définition du programme de la recherche immobilière. En effet, il est difficile de se projeter dans l'avenir car la taille de l’entreprise peut encore varier entre temps, mais aussi parce ses modes de travail évoluent constamment. Au cours des dix dernières années, l’organisation des espaces de travail a Mener un projet immobilier d’entreprise 14 fondamentalement changé sous l’effet de la mobilité croissante des collaborateurs, du développement des outils de communication en temps réel impliquant une réactivité instantanée et de la pression s'exerçant sur les coûts. Les aménagements ont dû s’adapter à ces contraintes, ce qui s'est traduit par la généralisation des espaces partagés et par une réduction des espaces individuels de travail. Ainsi, la surface utile brute locative SUBL par poste (surface du bail/nombre de postes de travail) a connu une contraction de 38% en trente ans, passant de 25 à 15,5 m². L’évolution des coûts par poste de travail (en euros constants) a pu être contenue grâce à une baisse du coût des équipements et à la standardisation des aménagements. Cependant, il convient d'être prudent avec les indicateurs de surface annoncés. En effet, la surface utile brute locative (SUBL) ne reflète pas la surface utile nette (SUN), qui est celle qu’offrira in fine le bâtiment pour accueillir les activités de l’entreprise (cf. art. 4.6). La difficulté de trouver « chaussure à son pied » est accrue par le fait que, trop souvent, les bailleurs ne communiquent pas spontanément les plans des immeubles sous format informatique, facilement analysables. Un accompagnement technique devient alors indispensable pour éviter les pertes de temps inutiles. 3.1.2 - La localisation Le choix du site d’une entreprise est motivé par des facteurs très divers : distance raisonnable du domicile des salariés, facilité d’accès pour les clients et les fournisseurs, qualité du quartier, niveau des loyers, type d’immeuble (vertical ou horizontal) et valorisation de l'image de l'entreprise, possibilité d’extension et flexibilité des locaux, travaux d’aménagement à réaliser, attractivité du site susceptible de séduire de futurs collaborateurs. Tous ces paramètres doivent être soigneusement considérés. Ainsi une entreprise qui privilégiera des immeubles modernes à prix réduit mais plus excentrés imposera à ses collaborateurs un allongement parfois excessif des délais de transport. Cette contrainte est susceptible de provoquer une désaffection des talents et une réduction du temps de travail effectifs des salariés, en raison de la durée et de l’incertitude des temps de transport. 3.1.3 - Le calendrier d’installation Il n’existe pas de calendrier d’installation type. Un projet conçu pour cinquante personnes ne peut se comparer avec un autre dimensionné pour quatre mille. Le calendrier varie selon de multiples facteurs : l’engagement de la direction générale, les échéances d’engagements en cours (bail), l’urgence intrinsèque (changement de taille de l'entreprise, fusion, situation économique), la décision de construire ou de louer, la disponibilité des surfaces, l'ampleur des travaux d’aménagements privatifs à réaliser, l'état d'avancement de la consultation des IRP… En outre, la définition d'un calendrier d'installation est souvent rendue plus difficile par les intérêts divergents des différents acteurs du projet. 3.1.4 - Le volet économique Les charges immobilières (loyer, charges, fiscalité) occupent une place importante dans le compte d’exploitation d'une entreprise. Le coût du m² peut être un objectif à ne pas dépasser. Ainsi, l’Etat s’est fixé un objectif de 400 €/m²/an. Mais cette seule contrainte ne suffit pas : il faut y associer une surface par poste qui soit admissible. L’Etat a, par exemple, fixé un ratio de 12 m² SUN par agent. La combinaison du coût du loyer et de la surface par postes a des objectifs indissociables. Par ailleurs, deux immeubles de même surface, proposant un loyer identique ne présentent pas toujours les mêmes fonctionnalités et par conséquent des capacités équivalentes à répondre au programme. Ainsi, un immeuble économiquement attractif était proposé pour 1.000 postes de travail dans des brochures commerciales. En réalité, le client concerné a constaté qu'il ne pouvait y loger que 700 postes. Enfin, d'un immeuble à l'autre le budget qui devra être consacré aux travaux d'aménagement peut varier significativement. 3.1.5 - Développement durable Longtemps absent de la réflexion immobilière, le développement durable est devenu depuis peu, Mener un projet immobilier d’entreprise 15 un sujet majeur de préoccupation, sous l'effet de la contrainte réglementaire mais aussi d'une prise de conscience de la part des entreprises. Ainsi, selon des études récentes, plus des 2/3 des utilisateurs affirment que ce sujet est incontournable. 3.1.6 - L'image et la qualité du site Tous les immeubles ne bénéficient pas de la même image et la qualité de construction recherchée diffère selon les secteurs d'activité. Ce critère a une importance variable selon les entreprises et l'image qu'elles souhaitent donner à leurs clients ou aux futurs collaborateurs qu'elles espèrent attirer. Ainsi, un avocat d’affaires préférera être proche de ses clients et s’implanter dans un quartier d’affaires, en dépit d'un coût plus élevé. A l’inverse, pour installer un service back-office aux effectifs nombreux, sans contact direct avec ses clients, une entreprise préférera sans doute un site moins onéreux. 3.2 - La recherche immobilière L’utilisateur a le choix de s’adresser à deux types de conseils pour rechercher ses futurs locaux et pour en négocier les conditions. D'une part, il peut faire appel à un commercialisateur mandaté par un propriétaire, afin de commercialiser son immeuble. Il proposera naturellement et en priorité cet immeuble au locataire. Un commercialisateur est rémunéré à la fois par le propriétaire et par le locataire. En France, les cinq premiers commercialisateurs font partie de grands réseaux multiservices qui proposent des services de transaction, d'expertise, de property et de facility management, de financement, de promotion immobilière… D'autre part, il est possible de solliciter un conseil utilisateur. Issue du monde anglosaxon, cette activité est encore récente en France. Les conseils utilisateurs sont des structures indépendantes de tout groupe dont le métier consiste à représenter exclusivement les locataires dans leur recherche immobilière. Ils sont exclusivement rémunérés par les locataires, ce qui leur confère une liberté totale de recommandation, sans risque de conflit d’intérêt. 4. Le programme d'aménagement Le programme d'aménagement est le résultat des réflexions qui permettront de concevoir et de réaliser une opération conforme aux objectifs du projet. 4.1 - La définition du programme d’aménagement L’acte de construire ou de réhabiliter un immeuble, d’aménager un espace… n’est pas une science exacte. Son développement se réalise souvent dans un mode prévisionnel, guidé par de nombreuses évaluations. Le programme d'aménagement a pour objectif de maîtriser le projet depuis l''intention de faire", jusqu’à sa réalisation et au-delà. Pour cela, il évalue des surfaces, il cerne les attentes du futur occupant, il définit le niveau de qualité du projet, il envisage sa gestion, il estime les coûts… Cette prise en compte du plus grand nombre possible de paramètres, le plus en amont possible, participe à garantir la qualité du projet et de l’opération, y compris les conditions de vie et d’exploitation du futur aménagement. La démarche de programmation s'applique quels que soient la taille et le type d’opération. Dans tous les cas, cette démarche incombe obligatoirement au maître d’ouvrage et il ne peut pas la déléguer. Si le maître d'ouvrage reste le décideur et le responsable de l’opération, le programme d'aménagement constitue un cadre qui permet de structurer le projet autour de lui. Le maître d'ouvrage se fait généralement aider de spécialistes (programmiste ou maître d’œuvre) afin de s’assurer de prendre les bonnes décisions aux différentes étapes du projet. La définition d'un programme d'aménagement consiste d'abord à définir les différents objectifs du projet : politiques (donner du sens à l’action, intégrer le projet dans un programme d’ensemble…), économiques (assurer le meilleur emploi des budgets, diminuer les charges de fonctionnement…), sociaux (valoriser une volonté collective, afficher une image, cibler une population d’utilisateurs…). Ensuite, il devra collecter, hiérarchiser, synthétiser et communiquer les données, les contraintes, les besoins, les attentes, les exigences immobilières… Puis, il devra recueillir les informations auprès des décideurs, des services et des utilisateurs. Mener un projet immobilier d’entreprise 16 Enfin, il sera nécessaire de consulter les études antérieures, les diagnostics techniques et les réglementations en vigueur. La définition d'un programme d'aménagement permet une concertation avec les différents acteurs du projet et la consultation de compétences extérieures. Au cours de cette démarche, la communication prend une part souvent déterminante pour valider les objectifs et faire adhérer au projet les différents intéressés, notamment les utilisateurs. La démarche permet également de rassurer les salariés. Pour le maître d’œuvre, le programme d'aménagement fournit l’ensemble des éléments nécessaires à l’élaboration du projet en les hiérarchisant. Afin de favoriser la collaboration entre le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre, il importe, lors de la définition des éléments du programme, de conserver une certaine souplesse qui facilitera le choix des solutions architecturales et d’aménagement. 4.2 - La conception d’un environnement de travail Tout projet d’aménagement doit débuter par une question simple : quel objectif souhaite-t-on atteindre avec le nouvel environnement de travail ? La plupart des projets sont justifiés par des impératifs physiques (place manquante, aménagement vieillissant) mais un changement d’environnement est toujours porteur d’un potentiel stratégique. Certes, l'environnement de travail doit permettre à ses utilisateurs d’être plus performants au meilleur coût. Mais au-delà de cette dimension opérationnelle, les immeubles revêtent une fonction sociale et symbolique importante. La conception et l’organisation des espaces peuvent encourager l’interaction, communiquer aux employés et aux visiteurs un message culturel fort, tout en véhiculant l’identité et l’image de l’entreprise. Ainsi, neuf objectifs sont souvent assignés à un nouvel environnement de travail : - accroître la productivité ; - réduire les coûts ; - augmenter la flexibilité ; - encourager l’interaction entre les utilisateurs ; - soutenir le changement culturel au sein de l'entreprise ; - stimuler la créativité ; - attirer et retenir les collaborateurs ; - afficher l’image de l’entreprise ; - réduire l’impact environnemental. La conception d'un environnement de travail implique des choix cruciaux concernant le lieu, l’utilisation des postes de travail, le cloisonnement de l’espace, l’esthétique, les rangements, la standardisation et elle comporte, de plus en plus souvent, un volet éco-responsable (impact du nouvel environnement sur le confort, les déchets…). 4.3 - La décomposition générale des surfaces Les principales caractéristiques de chaque espace qui devront être détaillées sont les suivantes. 4.3.1 - Le hall d’accès Il convient de prévoir pour l’accueil des collaborateurs et des visiteurs un hall principal de qualité et qui soit représentatif de l’image de l’entreprise. 4.3.2 - Les bureaux Il s’agit de concevoir des espaces de bureaux répondant aux principaux standards et en conformité avec les dispositions du Code du travail, des réglementations incendie et PMR. La charte d’aménagement (étudiée ci-après) définira la surface utile moyenne par collaborateur. Lors des visites d’immeubles, dans le cadre d’une recherche immobilière, les éléments suivants doivent être examinés avec attention car ils influenceront très fortement la capacité des surfaces à accueillir les espaces de travail : la largeur des plateaux : durant les années 70 les largeurs courantes de construction étaient de 11 à 13 m. Aujourd’hui, les largeurs sont portées fréquemment jusqu’à 18 m. Or, plus le bâtiment est « épais », plus il permettra de souplesse dans ses aménagements. Mener un projet immobilier d’entreprise 17 la hauteur entre les planchers béton : le standard actuel est de 3,60 m ; il a lui aussi augmenté progressivement pour assurer une meilleure irrigation des volumes par les fluides (gaines d’air, climatisation, câblages, faux-planchers, etc.) la hauteur libre entre le faux plancher et le faux plafond : elle est idéalement de 2,70 m ; la présence d’un faux plancher permettant une distribution souple en courant fort et courant faible ; la trame des fenêtres/baies vitrées qui détermine en grande partie la modularité du bâtiment (elle fixe en effet la localisation potentielle des cloisons ce qui conditionne les plus petites surfaces fermées réalisables) ; 4.3.3 - Les espaces de réunion Il existe différents types d’espaces ‘collaboratifs’ ou d’échange : - les salles de réunion, - les lieux d’échanges informels, - les cafétérias… 4.3.4 - Les parkings Le nombre de places de parking doit être défini en intégrant idéalement des places pour les visiteurs, ainsi que 10% minimum d'emplacements destinés aux deux-roues motorisés. Ils devront être situés à proximité des rampes. Si possible, il convient de prévoir des places pour des voitures électriques ainsi que des emplacements réservés aux salariés qui recourent au covoiturage. Une rupture de charge dans les circulations verticales, entre les sous-sols et les étages, est préconisée, afin de valoriser la fonction du hall d’accueil. 4.3.5 - La restauration Il n'existe pas d’espace unique de restauration. Il peut s'agir d'une simple cafétéria, intégrant ou non un point chauffant, d'un restaurant d’entreprise à proximité ou au sein de l’immeuble, jusqu’à plusieurs types d’espaces (RIE, cafétéria) répartis sur plusieurs localisations afin d’offrir aux futurs occupants différentes ambiances et solutions de restauration… Les solutions retenues doivent être le résultat des concertations avec les futurs occupants et tirer parti des possibilités qu'offre le site cible. Ainsi, il est souhaitable de privilégier des zones éclairées naturellement. Concernant les hypothèses d’occupation définies pour la conception des espaces de restauration il convient de tenir compte à la fois du taux de fréquentation (environ 60 à 70 %) et du taux de rotation (2 à 2,7 environ) qui seront retenus. 4.3.6 - Locaux d’archives et les locaux techniques Les surfaces dédiées aux archives et aux locaux techniques peuvent prendre une part importante suivant les spécificités des métiers exercés et les contraintes qui y sont attachées. 4.4 - Le fonctionnement du site Les modalités d’accès et les axes de circulations doivent faire l’objet d’une analyse afin de bien identifier les entrées des véhicules, celles des piétons et parmi elles, celles des clients. Il convient de hiérarchiser les types d’accès en prenant en considération les flux supports et logistiques (livraisons, courrier, support, restaurant, déchets...). Enfin, les contraintes de sécurité et de sûreté intégrant la règlementation incendie, les accès et voies pompiers, les conditions d’accueil et d’accès aux espaces ne doivent pas non plus être négligées car elles pourront être contrôlées par des instances telles que le CHSCT. 4.5 - Les équipements techniques Avant d’engager les études de positionnement des différentes activités de l’entreprise, les premières étapes consistent à collecter et à traiter un ensemble de données qui permettront de comprendre le fonctionnement du futur site et de mieux appréhender les solutions envisageables. 4.5.1 - Les données à collecter Les équipes logistiques et informatiques, les correspondants du projet nommés dans les différentes directions ou entités permettront de réaliser cette collecte de données. Celle-ci doit rassembler les éléments suivants : Mener un projet immobilier d’entreprise 18 - les expressions de besoins des différentes directions ou entités de l’entreprise, - les organigrammes et listes des collaborateurs à transférer, - les inventaires de mobiliers, - les linéaires de rangement nécessaires, - les inventaires des postes informatiques (postes individuels, partagés, imprimantes, téléphones…), - les ressources partagées, - les besoins en services de proximité, - les spécificités des activités… 4.5.2 - Le traitement des données collectées : la constitution du programme d’aménagement. Le traitement des informations, sous forme de listes ou d'inventaires, doit permettre d’aboutir à une base de données centrale (le Programme). Celle-ci deviendra rapidement le fil conducteur de toutes les opérations d’analyse de besoins qu'il s'agisse de connaître le nombre de postes, le mobilier nécessaire, les achats à suivre, de préparer et de suivre le transfert… Les expressions de besoins des directions ou des entités doivent intégrer leurs spécificités ‘métier’, leurs relations ou interactions avec les autres directions ou entités, leur organisation et leur fonctionnement internes. Le Programme sera régulièrement mis à jour en fonction de l’évolution des structures, de leur organisation et de leur effectif. Il sera accessible à l’ensemble des intervenants du projet, (managers, utilisateurs, mais aussi prestataires extérieurs qui y puiseront les paramètres essentiels). Le Programme servira en cours de chantier à arbitrer les principales options techniques ; in fine, il permettra d’évaluer le résultat de l’opération. 4.6 - La décomposition des surfaces Les surfaces sont classées en un grand nombre de catégories. Notons que les surfaces administratives, telles que la Surface Hors Œuvre Brute ou la Surface Hors Œuvre Nette, n’ont que peu d’utilité pour définir les espaces de travail et les espaces de service ; elles sont essentiellement utilisées pour la construction des bâtiments et le calcul des taxes. En revanche, les types de surfaces fréquemment utilisées pour l’analyse d’un bâtiment sont : BUN (Bureaux utiles nettes) : surfaces des bureaux cloisonnés ou non. SUS (Surfaces utiles spécialisées) : surfaces utiles des locaux spécialisés HORI (surfaces HORIzontales) : surfaces de circulation desservant des locaux privatifs ou non. Mener un projet immobilier d’entreprise 19 SANI (SANitaires) : surfaces des sanitaires et des douches. SCG (Surfaces communes générales) : surfaces partagées par l’ensemble des occupants d’un bâtiment. SUT (Surfaces utiles techniques) : surface des locaux dans lesquels sont installés des matériels techniques nécessaires au fonctionnement de l’immeuble, sans que ceux-ci puissent être affectés à l’un des occupants à titre privatif. PARK (surfaces PARKings): surfaces couvertes affectées à la circulation et au stationnement des véhicules. VERT (surfaces VERTicales) : surfaces sans plancher. De manière plus synthétique et générale distinguons les trois grandes catégories qui influencent directement l’économie du projet : La surface locative - S.LOC - : qui est la surface figurant au bail, elle est le résultat de l’addition des surfaces louées (SUBL) et des « quotes-parts de parties communes ». La Surface Utile Brute Locative – SUBL - : qui est la surface intérieure du lot. La Surface Utile Nette – SUN - : qui est la surface réellement affectable aux activités de l’utilisateur (postes de travail, espaces de réunions et d’échanges, espaces logistiques et de services (courriers, accueils, salles informatiques, etc.). La SUN ne comprend donc pas les surfaces des parties communes (escaliers, paliers, hall locaux techniques, etc.) ni les circulations, les sanitaires, les gaines, les murs et les structures intérieurs des lots. C’est la seule surface qui permette de vérifier l’adéquation d’un bâtiment au programme d’aménagement de l’entreprise qu’il doit accueillir. Elle doit être au moins égale au total des surfaces prévues dans ce dernier (y compris les réserves pour évolution, marges de manœuvre, etc.). Cependant les bâtiments offrent des SUN très différentes suivant leur type d’architecture et leurs dispositions intérieures (circulations, sécurité, etc.). C’est pourquoi il est essentiel d’analyser l’efficience d’une surface avant de s’engager dans une négociation immobilière : il s’agit du rapport entre la SUN offerte par un lot et la surface locative inscrite dans son bail. Ce rapport peut varier de façon importante entre deux bâtiments apparemment semblables (0,60 à 0,85) ; c’est pourquoi il impacte directement la rentabilité d’une opération et le choix d’une nouvelle implantation. 5. La charte d’aménagement 5.1. La charte d’aménagement d’une entreprise 5.1.1 - La définition de la charte d'aménagement La charte d’aménagement d’une entreprise est un document présentant les principes d’aménagement des espaces d’une ou plusieurs activités données (de production, commerciale, tertiaire, etc). Nous évoquerons ici les chartes d’aménagement des surfaces dites «tertiaires », relatives aux bureaux. Les principes d’aménagement couvrent généralement la conception des espaces, leur mobilier, ainsi que leur qualification. Ils abordent les points suivants : Les typologies d’espaces (par fonction, localisation, forme, dimensions, surfaces) ; Le traitement de ces espaces (cloisonnement, acoustique, aspect visuel, etc.) ; Les proportions à respecter par nombre de collaborateurs (places en salles de réunion, nombre d’espaces copie, de points boisson, etc.); L'architecture et l'urbanisme intérieurs ; Les caractéristiques techniques et les performances diverses Les équipements La signalétique Etc... Mener un projet immobilier d’entreprise 20 5.1.2 - Les objectifs de la charte d'aménagement La plupart des chartes d'aménagement ont pour objectif de définir les principes de conception des lieux et le choix des mobiliers. En revanche, la structure et le contenu de ces documents ne sont pas standardisés. La nature et le contenu en sont déterminés par les objectifs de l'entreprise, sa stratégie interne ou immobilière à un moment donné etc. Ces chartes ont cependant pour point commun de traduire la volonté d'une entreprise d’harmoniser les aménagements d’un ou plusieurs de ses sites en proposant des bonnes pratiques, des recommandations, des conseils ou en fixant des exigences. Tous ces éléments d'une charte sont susceptibles d'évoluer avec le temps. La définition des objectifs et de certains grands principes (quel est l’état existant et où veut-on aller ?) est un préalable à l'élaboration d'une charte. Une fois actés, ces principes permettront au directeur de l’immobilier et aux services habilités de prendre les décisions concernant les points suivants : le périmètre des sujets traités, la structure et le contenu du document ainsi que les orientations à donner, l’organisation du projet à mettre en place et les niveaux de validation, le calendrier global de réalisation du document, la nature des prestations intellectuelles extérieures à commander le cas échéant, les études éventuelles à mener en parallèle, la diffusion du document une fois ce dernier finalisé, la validation et l’approbation de ce document par la DG et les directions opérationnelles afin d'en garantir l'application et le respect à terme. 5.1.3 - L'organisation de projet L’élaboration d’une charte nécessite de définir son organisation, ou sa gouvernance : quels sont les entités concernées par le projet, leur rôle, ainsi que l’étendue, la fréquence et la nature de leur intervention ? Il convient notamment de désigner : le porteur du document, c’est-à-dire l’entité responsable du contenu et de son orientation. Selon l'entreprise, il s'agira des services généraux, des services immobiliers, des services utilisateurs, etc ; les contributeurs qui interviendront selon leurs compétences sur des aspects spécifiques du document (experts de la santé au travail, de l’ergonomie, des domaines techniques du bâtiment, etc ; les entités qui seront consultées : IRP, organisations syndicales, DRH, etc ; les personnes ou services qui valideront et signeront le document final. 5.2. Les types de chartes d'aménagement Il existe principalement deux types de chartes selon les projets immobiliers. 5.2.1 - Les chartes « corporate » Ces chartes ne sont pas liées à une opération spécifique et ponctuelle mais elles s’appliquent à l’ensemble des surfaces tertiaires du parc immobilier d’une entreprise, qu'il soit homogène ou hétérogène, patrimonial ou locatif. Ces chartes sont généralement élaborées dans le cadre de grands programmes issus des stratégies immobilières des entreprises, tels qu'une démarche de rationalisation des surfaces tertiaires ayant pour conséquence la réalisation d’un nombre important d’opérations de taille moyenne. Dans ce cas, la charte "corporate" aura pour objectif de s'appliquer à l’ensemble de ces opérations. 5.2.2 - Les chartes « opération » Ces chartes sont liées à une opération immobilière spécifique et ponctuelle, telle que l’extension de locaux, le regroupement d’entités, la construction d’un nouveau siège ayant une vocation Mener un projet immobilier d’entreprise 21 symbolique pour une entreprise nouvellement créée, la volonté d’afficher une nouvelle image de l'entreprise, la rationalisation immobilière, le souhait d’améliorer les conditions de travail des personnels, etc. Les chartes « opération » sont parfois développées avant de devenir des chartes « corporate ». 5.3. Le périmètre d’application des chartes d'aménagement 5.3.1 - Les fonctions tertiaires Dans le cas de chartes d’aménagement de surfaces tertiaires, il convient de définir et de hiérarchiser les fonctions concernées par les aménagements proposés. En effet, selon les entreprises, il peut exister plusieurs types de fonctions tertiaires : celles dites « standards » d’administration et celles qui sont liées à des sites de production par exemple. 5.3.2 - Les espaces « bureau » et autres espaces Si les chartes d’aménagement concernent essentiellement la conception des espaces « bureau » à proprement parler, la conception d’autres espaces peut également être développée dans une charte. Par exemple pour les espaces directement associés aux bureaux, tels que les espaces de proximité et de support (salle de réunion, d’échange informel, local de reprographie ou point copie, salle courrier, etc.) ou les espaces de détente (cafétéria, salle de repos, etc.). A l’échelle plus globale du site, et dans le cadre de constructions neuves par exemple, le périmètre des espaces traités peut s’étendre aux abords du bâtiment (accès au bâtiment, environnement, stationnement), à l’accueil, aux services fournis aux employés le cas échéant (conciergerie, salle de sport, restauration, etc.) et aux équipements dédiés à l’immeuble (auditorium, salle de conférence, locaux d’archives, etc.). La définition et surtout le choix des espaces traités dans le document dépendent de la typologie de la charte et de son périmètre d’application. 5.3.3 - Le périmètre immobilier En fonction de la typologie de charte ("corporate" ou "opération"), il convient de définir la nature du ou des bâtiments susceptibles d’héberger les nouveaux aménagements. 5.3.4 - Les destinataires de la charte En fonction des objectifs de la charte et afin d’en ajuster le contenu, il convient de préciser les destinataires internes (directions d’activités, directions opérationnelles, directions sièges et/ou territoriales, directions immobilières, etc.) et/ou externes à l’entreprise (prestataires externes, professionnels de l’immobilier, maîtres d’œuvre, constructeurs, etc.). 5.3.5 - Les modalités d’application de la charte La portée politique d’une charte sera différente selon les cas. Soit elle constitue une règle en matière d’aménagement et son application est obligatoire. Soit elle est conçue comme un référentiel de bonnes pratiques visant à procurer des conseils d'aménagement. Dans ce cas, son application est laissée à l’appréciation des responsables des projets selon les caractéristiques des immeubles choisis. 5.4. Politiques d’aménagement et conception du poste de travail La création d'une charte d'aménagement est parfois motivée par des évènements tels que l’extension de locaux, le regroupement d’entités, la construction d’un nouveau siège social, la naissance d’un projet immobilier, ou bien d’un programme générant de multiples opérations sur des surfaces tertiaires... Une entreprise peut également décider de se doter d'une charte dans le but de définir de nouvelles politiques d’aménagement de ses espaces tertiaires et de concevoir un nouvel environnement de travail. Ces politiques peuvent avoir pour objectif d'augmenter la flexibilité des aménagements, d'accroître la productivité, d'améliorer les conditions de travail des personnels, de réduire les coûts des aménagements, de mettre en place de nouveaux modes de travail plus adaptés à une activité, d'afficher l’image de l’entreprise ou encore de réduire son impact environnemental. Dans ce cas, la charte permet de préciser ces aspects et il importe de bien en avoir défini le périmètre au préalable. Mener un projet immobilier d’entreprise 22 5.4.1 - Le lien entre fonction, activité et mode de management Un projet immobilier peut être l’occasion pour une entreprise de mettre en place un nouveau système de management. Celui-ci pourra être adapté aux différentes fonctions ou directions existantes, justifié par des activités spécifiques et par la volonté d’instaurer de nouveaux modes de travail... La mise en place d’un nouveau système organisationnel peut nécessiter un audit fonctionnel interne impliquant une analyse approfondie des différentes fonctions présentes dans l'entreprise et la définition exacte des activités exercées. L'entreprise peut également décider de se référer à des fonctions et à des activités "standards", ce qui réduit considérablement le temps consacré aux études. La charte aura alors pour vocation d’indiquer les typologies d’espaces associés à ces activités. A l’inverse, dans le cadre de programmes de rationalisation des surfaces susceptibles de générer de multiples opérations sur des sites existants, l'entreprise peut choisir de décorréler les aménagements des fonctions exercées par les utilisateurs. Cette responsabilité incombe au manager porteur de l’opération. 5.4.2 - Normes/ratios d’occupation, surfaces allouées et définition des effectifs La mise en œuvre d’une charte d’aménagement peut être liée à une démarche plus large issue de la stratégie immobilière d'une entreprise, telle que la volonté de rationaliser des surfaces tertiaires. Dans ce cadre, l'entreprise peut décider l’application de normes ou de ratios cibles d’occupation qui définissent les surfaces utiles allouées par poste de travail ou par agent. Ce choix peut être motivé par le souhait de rapprocher les aménagements des standards du marché ou de ceux appliqués par d’autres entreprises. Il est à noter que la mise en œuvre de normes et/ou de ratios cibles nécessite au préalable de les définir en précisant les espaces qui seront comptabilisés dans le calcul de ces normes/ratios. Il s'agit généralement des espaces bureaux, des espaces de proximité (cafétéria, salles de réunion, etc.) et de circulations. La définition des surfaces concernées appartenant à chaque entreprise. L’occupation de l’espace est également étroitement liée à la définition des effectifs. En effet, le nombre de collaborateurs constitue une indication déterminante pour définir le besoin de surfaces, aussi bien dans le cadre d'un projet de construction que de la recherche d'un bâtiment existant. Il est indispensable de hiérarchiser les effectifs, en distinguant ceux qui sont stables et pérennes (force de travail permanente et sédentaire ou nomade), des effectifs temporaires (prestataires). La notion de partage du poste de travail est également essentielle pour définir les besoins de surfaces et pour la conception des espaces de travail. La charte peut prévoir des modes d’aménagement différents pour les postes de travail affectés à des collaborateurs sédentaires et pour ceux affectés à des salariés nomades. 5.4.3 - Charte d’opération et caractéristiques d’un l’immeuble : Sous peine d’être totalement inapplicable, la charte d’opération doit tenir compte des modalités de construction de l’immeuble à aménager. Chaque bâtiment ne peut accueillir toutes les chartes. Il faut donc accorder la charte aux caractéristiques du bâtiment et étudier point par point les trames de façade, de constructions, de cloisonnements, de climatisation, etc. offertes par l’immeuble avant de finaliser la charte d’opération qui définira son utilisation. On ne réalisera pas les mêmes aménagements dans les ailes de l’Arche de la défense (IGH de très faible profondeur) que dans les plateaux des tours qui l’environnent. La trame de façade et la trame de cloisonnement ont ainsi une grande influence sur la charte d’opération et au-delà sur la capacité d’accueil d’un bâtiment. En effet, le plus petit espace cloisonnable le long d’une façade peut varier de 10m² à 19m² suivant s’il est construit avec une trame de façade de 1,2m. ou de 1,45m. sur des profondeurs allant de 4,5m. à 6,5m. La surface nécessaire aux équipes ayant une grande proportion de bureaux individuels ou partagés à deux ou trois collaborateurs va en conséquence varier de façon très importante suivant le type d’immeuble qu’elles occupent. 5.4.4 - Le mobilier de bureau La réalisation d'une charte d'aménagement est l’occasion de mener une réflexion sur le mobilier qui est étroitement lié à la conception des espaces de bureaux et à la mise en place de nouveaux modes de travail. Mener un projet immobilier d’entreprise 23 Cette réflexion permettra d'aborder les points suivants : le confort, la santé et la sécurité des personnels (ergonomie, dimensions, caractéristiques des matériaux), l’identité visuelle (design, matériaux et coloris), les matériaux (caractéristiques techniques et performances), les aspects liés au développement durable (fournisseurs, fabrication, modes de transport, composition des matériaux, recyclage, etc.). La charte peut permettre de définir une politique de dotation en mobilier par poste de travail qui pourra être déclinée ou non selon le niveau hiérarchique. 5.4.5 - L'équipement informatique L’instauration de nouveaux modes de travail peut se traduire par la définition dans la charte de l’équipement informatique type d’un poste de travail (ordinateur, écran, etc.). Le document peut également préciser d'autres choix d’équipement, tels que l’intégration de nouvelles technologies (wifi, visioconférence, etc.), la dotation en matériel des espaces de bureaux et des espaces supports (salles de réunion), voire des espaces de détente (cafétéria, espaces d’échanges informels, etc.). La charte peut même préciser jusqu'à la catégorie de câblage et le nombre de connecteurs RJ 45 et de prises de courant par types de postes de travail. 5.4.6 - L'aménagement immobilier Un projet immobilier peut être l’occasion de définir les aspects relatifs aux « ambiances physiques de travail», qui assurent la qualité des espaces et le confort des personnels en termes de santé et de sécurité. Il s'agit de préciser les performances relatives à l’éclairage (niveaux d’éclairement souhaités sur le poste de travail), à l’acoustique (niveaux d’affaiblissement acoustique entre les espaces de travail), à la qualité de l’air (systèmes de ventilation, climatisation), au confort d’été et d’hiver (températures souhaitées). Pour la définition de ces performances, les options sont multiples : se limiter au Code du travail, s’inspirer voire appliquer les normes et recommandations, telles que celles de l’Afnor et de l’INRS ou encore recourir à des bureaux d’études spécialisés afin de définir des exigences de performance propres à l'entreprise. Par ailleurs, un projet immobilier offre l'opportunité de définir les aspects liés aux « matériaux second-œuvre » qui seront mis en œuvre dans les aménagements. Il s’agit de préciser le type de matériau, ses caractéristiques techniques, ses performance et spécificités en matière de développement durable (écolabel, émissions de CO2, allergies, etc.) et sa destination dans les espaces de l'entreprise. Cette approche s'applique généralement aux sols souples, aux cloisons amovibles, aux faux-planchers, aux faux-plafonds, ainsi qu'aux appareils d’éclairage. Ces deux volets sont essentiels dans la définition de ratios de coût d’aménagement. 5.4.7 - L'urbanisme intérieur L’urbanisme intérieur a vocation à décrire les liens entre les différents espaces figurant dans la charte (les bureaux, les espaces support, les circulations, etc.) et à indiquer les bonnes pratiques en matière d’aménagement, voire les interdits, afin d’assurer le confort des personnels. Le macro zoning correspond à l’étude du positionnement des directions ou des entités et des activités dans les espaces disponibles. Le positionnement de la direction générale détermine souvent le point de départ à partir duquel seront implantées les directions et entités des différents niveaux. Plusieurs scenarii sont souvent proposés afin de positionner les équipes les unes par rapport aux autres, ainsi que par rapport aux fonctions support et logistique. Elles ont deux objectifs : - proposer un mode fonctionnement satisfaisant des différentes activités et des relations entre elles ; - établir une localisation des activités dans les espaces les plus adaptés (surfaces suffisantes, organisation sur un plateau unique ou répartie sur plusieurs étages). Cette étude de macro zoning peut être rééditée à plus petite échelle au niveau des sous-entités et des services afin de faciliter le zoning détaillé. Mener un projet immobilier d’entreprise 24 Sur la base du macro zoning validé qui délimite les périmètres de chacun, le micro zoning ou zoning détaillé étudie la localisation des occupants selon les règles d’aménagement et les ratios définis. Il permet de regrouper dans les mêmes espaces les collaborateurs d’une même entité en favorisant le travail en commun des collaborateurs qui exercent un même métier ou qui participent à des projets partagés. Le micro-zoning précise jusqu’à l’affectation nominative des postes de travail. 5.4.8 - Autres D’autres politiques d’aménagement peuvent avoir une incidence sur la conception des postes de travail, notamment les politiques de rangement et d’archivage. Il peut être décidé, par exemple, de limiter les rangements au poste de travail (dotation en armoires individuelles) et de mettre en place des espaces dédiés à l’archivage. La mise en œuvre d’une politique incitant les collaborateurs à adopter un comportement «écoresponsable » peut également avoir une incidence sur la conception des espaces, notamment en ce qui concerne la gestion du papier, la dotation en imprimantes (individuelles ou collectives), le tri des déchets, etc. Enfin, la charte peut être l’occasion pour une entreprise de définir ou de redéfinir une identité visuelle qui se traduit par une signalétique extérieure et intérieure et la mise en place de codes couleurs délimitant les espaces de circulation, des bureaux, des services, etc.). 6. Les utilisateurs 6.1 - La consultation des utilisateurs Définir le mode de consultation des collaborateurs relève de la stratégie du projet immobilier. Les objectifs visés doivent être exposés le plus tôt possible afin de fixer un horizon commun qui permettra à chaque utilisateur d'y rattacher les modifications directement liées à l’environnement de son poste de travail. En outre, la consultation des futurs utilisateurs contribuera à leur implication dans l’organisation pratique du travail. Ainsi, les groupes thématiques qui pourront être constitués permettront de sortir des problématiques interpersonnelles pour envisager l’amélioration des dysfonctionnements liés à l’aménagement des espaces. Le débat à l’intérieur des groupes constitués favorisera l'émergence de propositions d'améliorations. Les grandes orientations restent soumises aux décisions du comité de pilotage. Cependant, les sujets nécessitant des arbitrages, après étude préalable par le comité de pilotage, pourront être soumis au vote de consultation des utilisateurs. Ainsi, des commissions consultatives pourront être associées au déroulement du projet. La consultation des utilisateurs peut s’organiser par groupes thématiques permettant de recueillir les pratiques des collaborateurs et de mieux connaître les dysfonctionnements existants. Enfin, la consultation des utilisateurs améliore la connaissance des modes d’organisation du travail et elle permet de mieux définir les fonctions qui requièrent de la concentration, celles qui s'inscrivent dans une dynamique d’échange, dans un regroupement ou une mutualisation. A partir de cette connaissance des organisations, les besoins des utilisateurs pourront être satisfaits. 6.2 - Les réunions de restitution Des réunions de consultation/restitution pourront être organisées sur un autre mode et rassembler les responsables de groupe de travail. Elles permettront de restituer les résultats des auditions, tout en étant un lieu de communication sur l’état d’avancement du projet. Cette communication spécifique ne se substitue pas à celle qui doit être faite aux instances existantes (CHSCT, médecine du travail, ergonomes, etc.) qui doivent être les premières à bénéficier d'une restitution et d'une présentation du projet. Dans une phase avancée du projet, les réunions de consultation permettront d'aborder les questions de la configuration des installations, le mobilier et d'intégrer, au plus tôt, la dynamique du développement durable. Il s’agit de mettre en place une culture commune autour d’un puissant moteur d’accompagnement au changement. Les réunions de consultation contribueront à la réussite du projet en évitant des incompréhensions, des dysfonctionnements internes et en permettant à l’équipe projet de porter le projet auprès des utilisateurs. Elles permettront également d'anticiper les conséquences Mener un projet immobilier d’entreprise 25 opérationnelles des futurs aménagements pour les utilisateurs. L'ensemble de ces dispositifs de communication vise à favoriser l'appropriation du projet par les utilisateurs. 7. La communication 7.1 - La cellule communication La cellule communication doit définir à qui incombe la responsabilité de communiquer. Elle doit ensuite veiller à maintenir un rythme de communication soutenu, toutes les six semaines à deux mois. Elle doit à la fois raconter une histoire du futur lieu, organiser des visites du site et donner la parole aux salariés. 7.2 - Le rôle de la direction de la communication La dircom délègue une personne auprès de la direction du projet qui fera le lien entre elles. Elle veillera à ce que l’image des aménagements soit cohérente avec la culture de l’entreprise. Elle assistera le directeur de projet dans les relations avec les IRP, les directions opérationnelles et fonctionnelles, les collectivités locales… 7.3 - Les supports de communication Il paraît préférable de faire usage des supports existants et d’y inclure des pages spéciales qui seront consacrées au transfert. En effet, l’animation éditoriale d’un support dédié risque de devenir contraignante car le volume d’informations disponible n’est pas linéaire et il convient d'éviter que la communication ne devienne soudain muette. La communication trouve de plus en plus sa place sur l’intranet de l'entreprise, mais le papier reste utile, par exemple, pour éditer une synthèse sous la forme d’un petit livre (avec texte et photos), à l'issue du projet. A l’occasion d’une manifestation annuelle ou périodique, la diffusion d’un film présentant l’avancement du chantier sous forme d’interviews et de photos est très apprécié. D’autres supports pourront être mis en œuvre, tels qu'un site intranet dédié qui s’enrichira au fur et à mesure de l’avancement du projet. 7.4 - La liberté d’expression La liberté d’expression est liée à la culture de l’entreprise. Donner la parole aux salariés est positif. Donner également la parole aux membres du projet permet de diversifier la communication. 7.5 - Les dates clés, le rythme de communication A chaque étape du projet, la communication destinée aux collaborateurs ne devra pas prendre le pas sur l'obligation réglementaire d'information préalable des IRP. Les points clés de la communication autour du projet sont les suivantes : - la décision de regrouper les équipes sur un nouveau site, la présentation des objectifs attendus, - la sélection du site et la présentation de ses avantages et de ses inconvénients, - le calendrier du projet et les modalités d’avancement, - la présentation de l’équipe projet, - la visite partielle du chantier, - la visite de l’espace témoin, qui sera le plus proche possible de la future installation afin de tester les cloisons, l’éclairement, l’acoustique, le mobilier, les flux dans les locaux, les couleurs et le confort de travail, - le "cleaning day", - le transfert avec la délivrance d'informations pratiques, - le livret d’accueil présentant le fonctionnement de l’immeuble, les accès, les services dont dispose le salarié, les nouveaux comportements éco responsables à adopter (qui pourront être mis en images sous forme de BD par exemple). 7.6 - La participation des salariés aux étapes de décision La participation des salariés aux décisions se limite généralement à l’aménagement. En ce qui concerne le mobilier, les collaborateurs pourront choisir entre deux ou trois possibilités Mener un projet immobilier d’entreprise 26 qui leur seront présentées dans l’espace témoin. Cette sélection aura été validée au préalable par des médecins de travail et des ergonomes. Les collaborateurs seront invités à voter et le choix qu'ils exprimeront devra être respecté. Les salariés peuvent également être associés à l'aménagement des locaux de détente, à leur appellation… Des groupes de travail pourront être formés sur des sujets concernant la vie quotidienne dans l’immeuble : gestion des salles de réunion, organisation de l’accueil, horaires de travail ou du RIE, signalétique … Il importe de ne pas créer plus de huit groupes différents et de leur fixer une durée d'existence limitée. Enfin, ces initiatives nécessitent une animation efficace, du "buzz", afin de susciter la participation des collaborateurs. 8. Le développement durable 8.1 - La stratégie Plusieurs thèmes recouvrent les aspects du développement durable au sein d’un lieu de travail. Ils peuvent être un guide de communication et servir de lien fédérateur dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet immobilier. Ainsi, les groupes de réflexion constitués autour du projet peuvent prendre comme fil conducteur la mise en place d’une démarche éco-participative. L’élaboration d’un projet immobilier peut également être l'occasion de créer une charte du développement durable. En effet, le développement durable concerne tous les aspects d’un projet : les comportements écoresponsables des collaborateurs à leur poste de travail, les moyens de fonctionnement des services, la gestion des consommations énergétiques. Ainsi lors de l’élaboration d’un projet immobilier, le développement durable peut être abordé dans les différents aspects liés à la charte d’aménagement, en prévoyant notamment un objectif de réduction des déchets, des mesures d’amélioration de la gestion des consommations énergétiques et de réduction des émissions de gaz à effet de serre... Ainsi, l’objectif « facteur 4 » vise à diminuer par quatre les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la consommation d’énergie. La mise en œuvre d’une charte de développement durable et d’une communication sur l’éco-responsabilité sont des moyens privilégiés pour déclencher de réels changements dans les comportements, les choix individuels et collectifs. 8.2 - Les objectifs environnementaux du programme d’aménagement La démarche de conception durable, alliant confort, respect de l’environnement et efficience énergétique est aujourd’hui un enjeu majeur des nouveaux projets d’immeuble de bureaux. Les aspects environnementaux doivent être intégrés dès la définition du projet. Lors des premières études d’opportunité et de faisabilité, cette démarche permettra de mettre en cohérence avec les données environnementales tous les aspects de l’opération : les contraintes réglementaires, d’urbanisme, techniques, ainsi que les exigences de confort intérieur, etc. Prévue en amont, elle permettra de réaliser des économies significatives sur le coût de fonctionnement du bâtiment. Ainsi, la qualité environnementale d’une construction n’est pas synonyme de surcoût, à condition de raisonner en coût global. Pour toute opération de construction, les cibles de la démarche HQE peuvent être utilisées comme support de réflexion et d’élaboration. En ce qui concerne les opérations importantes, l'entreprise pourra chercher à obtenir cette certification. Ainsi, s’engager dans une démarche de certification NF Bâtiments Tertiaires – Démarche HQE® référentiel 2008 et demain 2012 sur l’ensemble du projet représente un des moyens de valider une conception environnementalement responsable. Les objectifs des parties prenantes (futurs utilisateurs, collectivité, riverains, etc.) doivent servir de base à la définition des objectifs. Ceux-ci doivent ensuite être modulés en fonction du profil obtenu grâce à l’analyse du site et des programmes techniques et financiers. Le profil environnemental de l’opération traduit la volonté de réaliser un projet mettant en exergue un triptyque énergie/confort/environnement, en ne négligeant aucune des trois parties. Mener un projet immobilier d’entreprise 27 Exemple de tableau de profil : 8.3 - Exemplarité Une circulaire du premier ministre datant du 3 décembre 2008, relative à « l’exemplarité de l’Etat au regard du développement durable dans le fonctionnement de ses services et de ses établissements publics » montre l'exemple en favorisant l'émergence de modes de production et de consommation plus durables. Elle aborde les points suivants : - papier et solutions d’impression : favoriser les imprimantes en réseau, mettre en place le tri sélectif et les filiales de recyclage des papiers, recourir à la dématérialisation des supports de communication et y former les personnels ; - fournitures de bureau : limiter les ressources non renouvelables et favoriser les produits écolabellisés ; - alimentation : réduire les impacts environnementaux de la consommation et de la production des produits et des denrées alimentaires ; - mobilier et chaîne de recyclage : réduire les impacts environnementaux de l’achat de mobilier. Favoriser l’achat de mobilier issu des filières de recyclage ainsi que les matériaux recyclables. - nettoyage : réduire les impacts du nettoyage des bureaux, notamment sur les milieux aquatiques et le volume des déchets d’emballage en développant l’usage de produits de nettoyage écolabélisés ; - gestion des déchets et des espaces verts et non bâtis : réduire la quantité des déchets produits et diminuer les impacts environnementaux de leur gestion par leur valorisation ou leur recyclage. Identifier les gisements des déchets produits ; - déplacements, transports voiture et éco-conduite : réduire les émissions de gaz à effet de serre liés aux déplacements ; - énergie et eau : réduire la consommation d’eau et d'énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre ; - éclairage : réaliser un bilan des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre. Connaître, suivre et piloter les consommations, les dépenses et les émissions de CO ². Favoriser les actions et les installations réduisant les consommations. Développer une stratégie d’éclairage favorisant la diminution des consommations. Agir sur le choix des équipements et sur Mener un projet immobilier d’entreprise 28 le comportement des usagers en développant des programmes de formation à l’intention des personnels. Pour suivre l’actualité sur ce sujet, il est possible de se référer aux sites suivants : http://www.developpement-durable.gouv.fr/ http://www.plan-batiment.legrenelle-environnement.fr http://www.ademe.fr Mener un projet immobilier d’entreprise 29 CHAPITRE 2 - Innovations récentes, évolutions de l’environnement du poste de travail 1. l’environnement du poste de travail 1.1 - Du taylorisme au bureau paysager Si les premières questions sur le « poste de travail » et son impact sur la productivité, se sont posées très tôt dans le secteur industriel (le taylorisme2 est apparu en 1880), ces réflexions se sont développées dans le tertiaire au cours des années 1950, en particulier avec les frères Schnelle3 qui ont défini la notion de « bureaux paysagers ». Des recherches ont été menées concernant l’impact de l’espace de travail sur la productivité et l’efficacité des salariés. 1.2 - Le poste de travail, reflet de l’évolution du monde du travail. Dès lors, l’adaptation du poste de travail n’a cessé de suivre l’évolution des modes de travail dans l’entreprise. Ces transformations se sont accélérées dans les années 1980 avec l'apparition de l’informatique personnelle et de la bureautique. Elles se sont poursuivies au cours des années 1990 sous la pression des coûts immobiliers croissants. Enfin, dans les années 2000, d'autres transformations ont pris en compte l’ergonomie, la mobilité (avec le développement de la téléphonie, d'Internet…) et, plus récemment, la qualité environnementale des postes de travail. 1.3 - Du poste à l’environnement de travail La notion de « poste de travail » est en passe d'être remplacée par celle d'«environnement de travail » sous l'effet d’évolutions de plus en plus rapides (innovations technologiques, environnementales, sociétales…) et de phénomènes nouveaux qui bouleversent l'organisation des entreprises (organisation matricielle, internationalisation, multiculturalisme, coexistence de différentes générations, prévention des risques psychosociaux…). Aussi peut-on peut parler de « réinvention des environnements de travail ». Ceux ci peuvent être définis comme la combinaison optimale de quatre composantes : l'organisation des espaces, l'intégration de technologies, l'offre de services aux utilisateurs et l'adoption de règles de vie. Cet environnement est au service de collaborateurs que l’entreprise souhaite toujours plus performants, connectés, autonomes et collaboratifs. En outre, le bien-être au travail devient un engagement de toute entreprise responsable. 1.4 - Les facteurs d’évolution de l'environnement de travail D’un point de vue macroéconomique, l'environnement de travail a évolué sous l'effet de l’urbanisation des grandes agglomérations, du coût croissant de l’immobilier, du développement de l’activité tertiaire, de l’internationalisation des entreprises imposant une compétitivité accrue…D’un point de vue sociétal, les facteurs de cette évolution sont la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, le développement durable, la prise en compte de la santé et du bien-être au travail (TMS, RPS…), le multiculturalisme, l'allongement de la durée du travail, ainsi que les nouvelles attentes concernant l’équilibre de vie qui sont exprimées par la génération dite « Y »… Enfin, l'évolution des modes de travail a joué un rôle, notamment le développement du travail nomade, l'usage généralisé des NTIC, le travail collaboratif, le développement d'échanges favorisant la communication entre les collaborateurs… 1.5 - Une évolution induite du rôle des directeurs de l'immobilier et des services généraux Les directions immobilières et celles responsables de l’environnement de travail et des services généraux deviennent des organisations « charnières » entre les directions générales, les ressources humaines, l’informatique, la finance… chargées de redéfinir les moyens de la performance, de l’efficacité, mais aussi du cadre de vie de l’entreprise. Les moyens (actifs 2 Le taylorisme est une méthode de travail qui tire son nom de son instigateur, l'ingénieur américain Frederick Winslow Taylor (18561915). Apparue vers 1880, elle préconise l'organisation scientifique du travail. Cette méthode d'organisation mise en œuvre par des scientifiques cherche à définir a priori la meilleure façon de produire, propre à délivrer le rendement maximum. 3 Au-delà de l’espace, c’est à cette même période qu’apparaissent aussi les premières réflexions méthodologiques sur le travail collaboratif, telles que l’approche Metaplan ® attribuée également aux frères Schnelle. Mener un projet immobilier d’entreprise 30 immobiliers, moyens techniques et technologiques, facilities…) doivent être adaptés, innovants, au service de collaborateurs que l’on définit dorénavant par leur « style de travail»4 davantage que par leur fonction ou leur positionnement dans l’organigramme de l'entreprise. 1.6 - Les environnements de travail des sociétés de hautes technologies, préfigurent-ils le futur ? Bill Gates, président de Microsoft, a publié en 2005 un mémo intitulé « The New World of Work » décrivant le modèle d'entreprise de la prochaine décennie comme étant essentiellement collaboratif. Tous les collaborateurs seront connectés en permanence à un flux d’information grâce à différents outils mobiles, rendant l’entreprise de plus en plus « virtuelle ». Celle-ci deviendra un « hub », dans lequel les collaborateurs ne feront que passer afin de se ressourcer, d'échanger et de socialiser. Le Campus de Microsoft, à Issy-les-Moulineaux, ou celui d’Amsterdam Schipol illustrent cette vision. Des bureaux, en grande partie dédiés au travail collaboratif (en interne comme pour les visiteurs) ont été conçus pour les différents styles de travail observés dans l’entreprise. La technologie y est intégrée, permettant de communiquer par la voix, les données et l’image en permanence, aussi bien en interne qu'avec l’extérieur. Cette qualité de vie, qu'offrent le cadre de travail, les services aux utilisateurs et les technologies, ont fait de Microsoft France l’entreprise préférée par ses salariés en 2010.5 Autre illustration, le projet annoncé pour 2015, d'installation de 12 000 collaborateurs d'Apple dans un nouveau complexe circulaire présenté par Steve Jobs comme « le meilleur immeuble de bureaux dans le monde (…) que les étudiants en architecture viendront visiter… ». Ce projet vise à regrouper l’ensemble des collaborateurs d'Apple sur un seul site à Cupertino, en Californie. Baptisé « Mothership », il prendrait la forme d’un anneau de taille monumentale renfermant un grand parc arboré. Le projet comprendrait un restaurant d’entreprise pouvant servir jusqu’à 3 000 repas, un espace de fitness, des bâtiments dédiés à la recherche et développement, ainsi qu'un auditorium, et il prévoit une alimentation par un système électrique autonome. 2. Les nouveaux enjeux des environnements de travail L’espace de travail idéal doit apporter une réponse à différents enjeux pour l’entreprise. Ceux-ci ont trait à l’économie, aux conditions de travail, à l’environnement, aux nouvelles technologies, aux caractéristiques des nouvelles générations ou encore aux modes de travail émergents, en particulier le "nomadisme" et le travail collaboratif. Ainsi, l’espace de travail, mais aussi les technologies, les services ou les règles de vie, deviennent des moyens au service de la performance de l’entreprise et du bien-être de ses collaborateurs. 2.1 - Les enjeux économiques Les directions immobilières sont parmi les plus sollicitées par les directions générales pour optimiser les coûts de fonctionnement de l’entreprise. Sous l'effet de la crise économique, 90% des directeurs immobiliers ont engagé un plan d’optimisation des coûts immobiliers. 6 Les loyers, les coûts de fonctionnement (maintenance, services à l’occupant…), les nouveaux équipements (mobilier, technologies), les mises aux normes (qualité environnementale)… sont autant de postes dont les coûts sont soumis à une pression. Pourtant, dans le même temps, les directions générales exigent des directions immobilières qu'elles répondent aux attentes légitimes des 4 On entend par « style de travail » les différents modes de travail observés au cours d'une journée type d'un collaborateur, en incluant le temps de travail individuel ou collaboratif, l’usage intensif ou non des technologies (PC, tablette, mobile, visioconférence,…), le temps passé en réunion, en déplacement… Les typologies de style de travail couramment utilisées sont "sédentaire", "nomade", "nomade intra", "chercheur", "manager", "mode projet"… 5 Microsoft France a été classée n°1 des « Best WorkPlaces » de plus de 500 salariés par l’institut Great Place To Work. 6 Source : enquête l’équipe immobilière de BearingPoint, menée en partenariat avec l’ADI, auprès d’environ 80 responsables immobiliers, achats, finance et RH en juillet 2011. Mener un projet immobilier d’entreprise 31 utilisateurs en termes de confort, de services, de cadre de vie, de limitation des temps de transport… Devant cette équation complexe (des mètres carrés moins nombreux mais également moins coûteux à l'achat comme en exploitation), les modèles classiques sont amenés à évoluer. Les sièges sociaux s’éloignent des centres historiques des grandes villes avec les conséquences suivantes : - une réflexion sur la politique transports de l’entreprise et le développement des services intraentreprise, - le développement du travail à distance et/ou partiel, - le développement des outils de visioconférence. Les espaces de travail s’ouvrent. Seuls 40% des collaborateurs travaillent encore dans des bureaux individuels.7 Les nouveaux environnements de travail comportent une forte proportion d’espaces collaboratifs (box, salles de réunion…), au détriment des surfaces dévolues aux postes de travail individuels. Les bureaux se partagent (« share-desk »). Conséquence de cette tendance amorcée quelques années auparavant dans le secteur du conseil, les postes de travail individuels sont de moins en moins souvent occupés. « Aujourd'hui, le taux d'occupation d'un bureau est seulement de 45%. Les bureaux vides n'ont plus de sens », selon Philip Ross, PDG du spécialiste des évolutions de travail, Unwired, qui a réalisé en 2011 avec Regus, fournisseur d'espaces de travail, une étude mondiale sur le bureau de demain. Désormais, plusieurs utilisateurs peuvent partager un bureau dans une optique d’optimisation de moyens.8 Le travail "hors site" se développe sous forme de télétravail qui peut être pratiqué à domicile ou dans des télécentres (bureaux de proximité). 9 Ces solutions se sont développées en Amérique du Nord et de nombreux tests sont en cours en Europe. Ainsi, en Ile-de France, le projet Actipôle 21 prévoit le déploiement de plusieurs centaines de centres de télétravail. Cette solution est adaptée au nomadisme croissant des collaborateurs (et pas seulement à celui des commerciaux ou des consultants), aux pratiques collaboratives et elle répond à leur souhait de réduire les temps de déplacement domicile-travail. En outre, les télécentres permettent aux collaborateurs d'adopter le télétravail sans pour autant rester chez eux. En effet, 12% seulement souhaitent travailler à leur domicile.10 Le travail collaboratif trouve sa place dans des espaces de "co-working".11 Ainsi, la collaboration se développe sur des terrains « neutres », aussi bien en interne, qu'avec des partenaires, des fournisseurs, des clients. 2.2 - La santé et le bien-être au travail Si la direction et les partenaires sociaux au sein des entreprises se montrent attentifs à la conformité de l’environnement de travail aux exigences d'hygiène et de sécurité, ils partagent aujourd’hui une autre préoccupation : celle du « bien-être » des salariés. Un des faits à l’origine de cette mobilisation est la publication du rapport Lachmann, Larose et Pénicaud, qui a été réalisé à la demande du Premier ministre et présenté en février 2010. Ce document formule dix propositions 7 Observatoire Qualité de Vie au Bureau / Actineo, TNS Sofres, avril 2011 : http://www.tns-sofres.com/_assets/files/2011.05.20viebureau.pdf 8 http://www.regus.presscentre.com/Content/Detail.aspx?ReleaseID=8796&NewsAreaID=2 9 http://www.telecentres.fr 10 Etude Regus/Unwired op. cit. 11 Le coworking est un type d'organisation du travail qui regroupe deux notions : un espace de travail partagé, mais aussi un réseau de travailleurs encourageant l'échange et l'ouverture. Mener un projet immobilier d’entreprise 32 destinées à améliorer la santé psychologique au travail.12 Par ailleurs, selon une étude conduite auprès des actifs occupés travaillant dans des bureaux, en 2011, le bien-être au travail constitue le deuxième critère le plus important, après l’intérêt du travail lui-même, mais avant la rémunération2. C'est pourquoi, l’ergonomie, la prévention des troubles musculo-squelettiques ou des risques psychosociaux, sont des préoccupations croissantes au sein des entreprises. Cette évolution se traduit dans la conception des espaces de travail, plus ergonomiques, de meilleure qualité, bénéficiant de nouveaux services et de zones dédiées à la détente, au repos ou à la sieste. 2.3 - Les enjeux environnementaux Sous l'effet des évolutions réglementaires et d'un mouvement général d’opinion, les directions immobilières des entreprises se préoccupent de plus en plus des enjeux environnementaux. Elles peuvent agir de trois manières : - sur la qualité du bâtiment et les performances de l’aménagement, - sur la qualité de l’exploitation, - sur la qualité d’utilisation du bâtiment et les pratiques des utilisateurs. Ces préoccupations environnementales s'appliquent aux postes de travail qui profitent d'une meilleure qualité d’environnement (air, lumière), d’ergonomie, de matériaux. Par ailleurs, les pratiques des collaborateurs évoluent également avec l'émergence de nouveaux comportements (covoiturage, tri des déchets…). 2.4 - Nouvelles technologies, nouvelles générations Sous la pression des nouvelles générations, le développement des NTIC sera certainement le principal facteur d'évolution majeure du poste de travail et de son environnement dans les prochaines années. D'ores et déjà, quatorze millions de Français environ travaillent avec un ordinateur et 63% des foyers en sont équipés. De nouveaux usages liés à ces technologie se développent, notamment au sein de la "génération Y"13 qui représente 20% des effectifs des entreprises. Par ailleurs, le marché du « cloud computing » est en plein essor, ouvrant la voie à l’hyper nomadisme pour tous. Il permet en effet aux utilisateurs de NTIC de s’affranchir des outils (PC, tablette, téléphone) pour accéder, en tout lieu et à tout moment, à des systèmes d’information. La diffusion massive de ces nouvelles technologies impactera les entreprises : nouveaux échanges d’informations, remise en cause des structures hiérarchiques verticales, multiplication des outils de communication, multiplicité des lieux de travail, partage entre vie personnelle et professionnelle… En ce qui concerne les espaces de travail, elles impliqueront les évolutions suivantes : - l'extension de la notion de poste de travail à l’équipement mobile : le bureau, mais également l’ordinateur portable (et bientôt la tablette), le smartphone, l’audio-vidéo conférence… - la nécessité de répondre aux exigences du travail collaboratif et individuel en temps réel, - l'intégration du phénomène des réseaux sociaux, - une recherche et un accès facilités à l’information et aux experts de l’entreprise, - des conditions favorisant le télétravail et le travail à distance, - la dématérialisation des processus administratifs, des services (e-conciergerie), de l’accès aux imprimantes ("print on demand")… Microsoft France a déployé ces nouvelles technologies sur son nouveau Campus d’Issy-les12 http://www.travailler-mieux.gouv.fr/Stress-les-risques-psychosociaux.html 2 2 Observatoire Qualité de Vie au Bureau / Actineo, TNS Sofres, avril 2011 : http://www.tns-sofres.com/_assets/files/2011.05.20viebureau.pdf 13 Le terme "génération Y" désigne des personnes nées entre 1980 et 1999 qui ont grandi dans un monde où l'ordinateur personnel et l'Internet font partie du quotidien. On parle aussi de « digital natives » ou « net generation ». Mener un projet immobilier d’entreprise 33 Moulineaux. Pour 1700 postes de travail, il comprend 110 salles équipées pour la visioconférence, une salle de téléprésence, 100% d’équipements mobiles (PC portables et smartphones), de ToIP, et d’usage de la messagerie instantanée. Après un an de retour d’expérience, Microsoft France a annoncé les résultats suivants : 60 000 réunions virtuelles organisées par an, un gain de temps de déplacement pour 70% de ses collaborateurs et une réduction de son bilan carbone de 25%. 2.5 - Les nouveaux modes de travail Parmi les nouveaux modes de travail, le nomadisme devrait se généraliser et concerner 35% des collaborateurs d’ici 2013.14 L’autre tendance importante réside dans le développement du travail collaboratif qui occupe déjà souvent plus de la moitié du temps de travail quotidien des collaborateurs. Il se traduit par : - des échanges impromptus à deux ou à trois personnes, favorisés, notamment, par les aménagements en espaces ouverts, - des déplacements plus fréquents, - des réunions virtuelles organisées sous la forme de conférences téléphoniques ou de visioconférences, - des échanges informels dans des espaces de convivialité, tels que les cafeterias, les zones d’information et d’échanges… L’entreprise de demain doit offrir la possibilité d’intégrer ces nouveaux modes de travail car ils ont des conséquences positives sur la productivité, l’efficacité et le bien-être des collaborateurs. Selon une étude menée au Royaume-Uni, les entreprises qui affichent les meilleurs indicateurs de performance (résultats financiers, attractivité pour les jeunes diplômés…) sont celles qui favorisent trois modes collaboratifs (apprentissage, socialisation, collaboration), plutôt que le travail individuel.15 Les implications de ces évolutions sur les espaces de travail sont multiples : - une adaptation du poste de travail individuel, qui ne correspond plus à un modèle unique et qui n'est plus attribué à un collaborateur mais partagé ; 14 Source : Steelcase, 360 Research 2011. 15 Source : Gensler Workplace Survey, 2008. Mener un projet immobilier d’entreprise 34 - un rééquilibrage important des aménagements au profit des espaces collaboratifs ; - la création au sein de l'entreprise de « tiers lieux », qui sont lieux de rencontres et d’échanges informels qui favorisent la communication informelle entre les collaborateurs. 3. Le poste de travail de nouvelle génération 3.1 - « Portrait robot » Le poste de travail de nouvelle génération se caractérise par les éléments suivants : - il est aménagé en espace ouvert (ce choix a été adopté par 60% des entreprises en France) ; - il s’accompagne nécessairement de la mise à disposition d’espaces d’isolement et/ou collaboratifs, permettant aux collaborateurs d’utiliser les lieux les plus adaptés à leur tâche du moment (par exemple, une cabine pour passer des appels téléphoniques longs ou confidentiels, un box pour un échange informel avec deux ou trois personnes, une salle de réunion pour faire un point en équipe, une salle de visioconférence pour se connecter avec l’international, une cafeteria de proximité pour un moment de détente et d’échange… ; - il peut être partagé si l’usage collaboratif prend l'ascendant sur le travail individuel16 ; - il est technologique, ergonomique et de haute qualité environnementale. Ainsi, favorise-t-il l’isolement acoustique et visuel des collaborateurs, tout en étant suffisamment lumineux. La technologie y est intégrée (câbles, station d’accueil PC, bras support écran…). Enfin, il se compose de matériaux recyclés et recyclables. 3.2 - Les neuf possibilités d’aménagement du poste de travail 16 Pour un peu plus de la moitié des managers interrogés dans l’étude Regus/Unwired 2011, le bureau tel que nous le connaissons aujourd’hui est condamné à devenir un espace utilisé occasionnellement. Mener un projet immobilier d’entreprise 35 Selon Juriaan van Meel, Hermen et Jan van Ree, il existe neuf types de postes de travail différents.17 L'espace ouvert est destiné à accueillir plus d'une dizaine de collaborateurs. Il convient aux activités nécessitant une importante communication ou à celles de back-office ou de développement peu bruyantes. Un espace ouvert offre de 7 à 9 m² par poste de travail. L'espace d’équipe peut contenir entre deux et six collaborateurs. Semi-fermé, il convient au travail d’équipe nécessitant une communication interne fréquente et une concentration moyenne. Sa surface par poste de travail est comprise entre 6 et 7 m². Le "cubicle" ou bureau cabine, est un poste de travail semi-cloisonné pour une personne. Il est adapté aux activités nécessitant un niveau d’interaction normal et une concentration moyenne. Il occupe moins de 6 m². Le bureau individuel se présente comme un espace fermé pouvant accueillir une personne. Il convient aux activités confidentielles, nécessitant beaucoup de concentration ou impliquant la tenue de nombreuses petites réunions. Suivant la fonction de l’occupant, son statut et la configuration du bâtiment, la surface du bureau individuel varie de 12 à 15 m². Les bureaux de direction intégrant une table de réunion pour six à huit personnes peuvent occuper de 15 à 25 m². Le bureau partagé est un espace fermé conçu pour deux à six collaborateurs. Il convient au travail réclamant une concentration moyenne et une collaboration en petits groupes. Sa surface peut varier selon l’effectif et les besoins annexes (rangements, dessertes…). Elle est de l'ordre de 7 à 8 17 Juriaan van Meel, Hermen Jan van Ree, Planning Office Spaces: A Practical Guide for Managers and Designers. Mener un projet immobilier d’entreprise 36 m² par poste de travail. Le box de concentration se présente comme un espace semi-fermé ou fermé pouvant accueillir une personne. Il est adapté aux activités qui demandent une concentration moyenne ou une certaine confidentialité. Il occupe une surface comprise entre 4 et 6 m². La salle de travail est un espace semi-fermé conçu pour deux à six personnes. Elle convient au travail d’équipe nécessitant une communication interne fréquente et une concentration moyenne. Sa surface varie de 13 à 50 m². Le poste d’appoint peut accueillir un collaborateur dans un espace ouvert. Il est utilisé pour des activités de court terme qui exigent peu de concentration ou d’interaction. Sa surface est d'au moins 4 m². La salle d'équipe est un espace semi-ouvert pour des équipes de 2 à 8 personnes adapté au travail en groupe à forte interaction. 3.2.1 - L'exemple d'Accenture18 Pour l’aménagement de son siège social dans le XIIIe arrondissement de Paris, fin 2010, Accenture a repensé l'environnement de travail selon ses usages. Deux cents scénarios ont ainsi été étudiés et une dizaine d’espaces thématiques créés. Résultat, les bureaux isolés, occupant inutilement de la surface lorsque leurs occupants sont absents, ont disparu. Le nouvel environnement propose des tables de travail avec des connexions réseau en libre service, des espaces de travail thématiques, des salles de réunion réservables en ligne, des espaces pour s’isoler le temps d’une communication téléphonique, une grande salle (le lounge) qui offre de multiples services (cafétéria, fournitures, courrier, centre de réparation informatique et même massages et jeux vidéo) et qui favorise les échanges informels entre les salariés. Chaque collaborateur peut s’installer dans l’environnement qui convient le mieux à sa mission du moment. Ainsi, trois cadres qui partagent un projet commun profiteront de l’espace de travail doté de deux écrans de présentation. Un responsable préférera s’isoler avec deux collègues dans une sorte de caisson partiellement ouvert qui recrée une forme d'intimité dans un environnement décontracté. Une salle d’échange dotée d’outils de communication unifiée/visioconférence et de partage de documents facilite la tenue de réunions avec des collègues ou des clients éloignés. Ces aménagements fluidifient l'organisation et ils contribuent à la motivation des collaborateurs. Ceuxci ont la possibilité d'adopter le télétravail, grâce à un équipement composé d'un ordinateur portable et une suite de communication qui utilise leur réseau haut débit domestique. Sur un principe de volontariat, environ 250 collaborateurs d'Accenture (sur les 500 potentiellement concernés) travaillent entre un et trois jours par semaine depuis leur domicile. Cette autonomie responsabilise les salariés. Par ailleurs, ils économisent chaque semaine neuf heures qui auraient été perdues dans les transports. Pour l'entreprise, c'est aussi une manière de participer à la réduction des émissions de CO2. 4. Les espaces collaboratifs Selon une étude menée par la division Global workplace solutions (GWS) de Johnson controls dans sept pays19, d'ici 2020 le nombre de personnes ayant fréquemment recours à des espaces collectifs intégrant des technologies collaboratives devrait passer d’une personne sur cinq 18 Source : Silicon.fr, Christophe Lagane, 20 mai 2011. 19 http://www.johnsoncontrols.com/publish/us/en/products/building_efficiency/gws/workplacenow_e-zine/collaboration_2020.html Mener un projet immobilier d’entreprise 37 actuellement à 52%. En revanche, les personnes interrogées s’attendent à utiliser beaucoup moins les salles de réunion traditionnelles. 27% d’entre elles prévoient d’en faire un usage régulier en 2020, alors que 40% déclarent y avoir fréquemment recours à l’heure actuelle. Par ailleurs, comme l’explique Marie Puybaraud, directrice de GWS Innovation, « Bien que certaines technologies collaboratives soient utilisées à l’heure actuelle, les travaux de recherche révèlent un écart entre le volume de travail en équipe pris en charge par l’espace de travail d’aujourd’hui et le volume attendu par les employés d’ici moins de dix ans. À défaut d’investir dans les technologies collaboratives et de moderniser les espaces de travail, les entreprises verront leur productivité ralentir. Les personnes chargées de concevoir de nouveaux espaces de travail ou de rénover aujourd’hui les installations existantes doivent avoir conscience de ce constat. » 4.1 - Les espaces de réunion Parmi les espaces collaboratifs, il existe six types de salles qui peuvent être équipées, à des degrés divers, de technologies de communication à distance20. La petite salle de réunion constitue un espace fermé pouvant accueillir deux à quatre personnes. Elle est adaptée aux interactions formelles et informelles. Sa surface occupe 6 à 10 m² environ . La grande salle de réunion est également un espace fermé. Elle est conçue pour cinq à douze personnes et adaptée aux interactions formelles. Une salle standard mesure 10 à 25 m². Les plus 20 Mener un projet immobilier d’entreprise 38 confortables ou les mieux équipées peuvent atteindre 15 à 30 m². La salle de "remue-méninges" se présente comme un espace fermé pouvant contenir 5 à 12 personnes. Adaptée à des sessions de "remue-méninges" et à des ateliers dynamiques elle comporte un équipement qui doit être facilement reconfigurable. Sa surface est comprise entre 15 et 30 m². Le grand espace de réunion, qui peut être ouvert ou semi-ouvert, est conçu pour cinq à douze personnes. Il convient aux interactions informelles de courte durée et occupe 12 à 25 m². Le petit espace informel, ouvert ou semi-ouvert, peut accueillir deux à quatre personnes. il est adapté aux interactions informelles de courte durée. Selon l’équipement (table, fauteuil…), il peut mesurer entre 4 et 8 m². Le point de rencontre se présente sous la forme d'une zone ouverte où deux à quatre personnes peuvent se rassembler pour des réunions informelles ou des échanges impromptus. Il mesure moins de 4 m². 4.2 - Les espaces support Il existe une douzaine d’espaces support21. Ils favorisent le travail collaboratif et les échanges dans un cadre informel. La zone impression et reprographie, ouverte ou fermée, abrite les imprimantes, les scanners et les photocopieurs. Une pièce de 8 à 10 m² convient aux besoins de cinquante collaborateurs. La zone courrier, ouverte ou semi-ouverte, permet aux salariés de relever et d'envoyer leur courrier. Pour une cinquantaine de collaborateurs, elle mesurera entre 3 et 5 m². 21 Source : Juriaan van Meel, Hermen Jan van Ree, Planning Office Spaces : A Practical Guide for Managers and Designers. Mener un projet immobilier d’entreprise 39 La bibliothèque est conçue comme un espace semi-ouvert ou fermé dédié à la lecture des livres, des magazines ou des journaux. L'espace détente peut être semi-ouvert ou cloisonné. Habituellement, une surface de 0,2 m²/personne est prévue. L'espace pause café, qui peut être ouvert ou cloisonné, permet aux collaborateurs de consommer une boisson froide ou de grignoter un snack. Pour 50 personnes environ, 10 à 12 m² sont nécessaires. La salle de jeu constitue un espace fermé où les salariés ont la possibilité de pratiquer différents jeux ou des activités physiques. La zone vestiaire, ouverte ou semi-ouverte, doit être équipée de casiers individuels. Sa surface est de 0,4 m² par poste de travail. La zone fournitures, ouverte ou fermée, est destinée au rangement de proximité des petites fournitures. La zone rangement peut être ouverte ou fermée. Elle permet le classement des dossiers et des documents fréquemment consultés. Si sa surface dépasse 0,6 m² par personne, il est préférable d'envisager la création d'un espace de rangement centralisé. Le salon d'attente est un espace ouvert ou semi-ouvert. Il est destiné à accueillir et à faire patienter les visiteurs. Une surface de 6 m² permet de recevoir trois ou quatre personnes au maximum. La zone de réception constitue un espace où les salariés et les visiteurs sont accueillis par un personnel dédié. Elle est généralement située à l’entrée principale du bâtiment. Il convient de prévoir environ 0,25 m² par salarié. Tous ces espaces sont reliés entre eux par les circulations qui constituent également un support potentiel d’activités et d’échanges. D’autres aménagements peuvent être imaginés dans le but de rendre l’espace ouvert plus agréable en écartant ou isolant les éléments perturbants (bruyants, encombrants...). Ils pourront également créer des occasions de rencontre, de partager de l’information ou de permettre aux salariés de se détendre et s’isoler. 4.3 - L'exemple de la Société générale à La Défense La Société générale a mené une expérience afin de répondre aux besoins de travail collaboratif et à l’émergence de nouvelles aspirations organisationnelles. Elle souhaitait également améliorer les modes de fonctionnement individuels et collectifs de ses collaborateurs. Enfin, elle a recherché un meilleur confort global dans l’espace de travail et souhaité mettre à disposition des différents métiers une offre de nouveaux espaces. Des programmes ont été étudiés afin de permettre d’étendre la sphère du poste de travail vers des espaces de proximité, sans réservation et d’usage souple : - l’espace projet, plus dynamique, doit favoriser le brainstorming, l’échange ponctuel et il comprend des options technologiques ; - l’espace rencontre, dynamique, encourage le partage d’informations, l’échange informel au travers de la détente « posturale » ; - l’espace conversation est un espace isolé, à proximité du poste de travail, qui répond à des besoins immédiats tout en limitant les nuisances sonores La Société générale a procédé à un test in situ selon les étapes suivantes : - une présélection d’espaces à tester, - le choix d’une équipe et d’un immeuble pour déployer le test, Mener un projet immobilier d’entreprise 40 - des évaluations par un collège d’experts, - une notation des utilisateurs, via une enquête administrée par intranet, - une observation des pratiques in situ, - des entretiens managériaux et la création d'un panel d’utilisateurs. Ces tests ont permis l’évaluation des nouveaux programmes, la conception du catalogue et un retour d’expérience sur une première installation dans un nouvel immeuble situé à La Défense. Le taux de réponse à l'enquête a été de 54%, confirmant l’intérêt des collaborateurs et permettant de dégager des axes de réponse aux besoins exprimés. Ainsi, les nouvelles attentes des salariés concernant les espaces de travaillent portent sur : - la localisation (proximité des espaces de travail, notamment), - les fonctions (détente, communication informelle de type "brainstormer", réunion, utilisation du téléphone), - le reflet des valeurs du groupe, - l'apport en créativité via la technologie, la détente, ainsi que des espaces plus informels ou dynamiques. 5. Les services à la personne A la fin des années 1980 aux Etats-Unis, les entreprises ont externalisé certaines fonctions « support » en les confiant à des prestataires (accueil, gestion du courrier, entretien des jardins, chauffage, maintenance, travaux, propreté, flotte automobile, gestion du mobilier, hotline bureautique, travail administratif…). En France, cette tendance se développe depuis dix ans. De très grandes entreprises, aussi bien que des PME, sont intéressées par ces prestations. Le marché du facility management est perçu comme une offre de management des services, englobant la gestion des prestations multi-techniques (les services aux bâtiments) et la gestion des prestations multiservices (les services aux occupants). Multi-technique (Entretien des bâtiments et installations) Aménagement Courant fort et faible Gestion de l’espace Maintenance et entretien des installations Ascenseurs Travaux Chauffages / Climatisation Sécurité incendie et surveillance à distance Contrôles techniques légaux Multi-service (Services aux utilisateurs des locaux) Courrier Reprographie Economat Gestion des salles de réunion Accueil Nettoyage/Hygiène Standard Gestion des espaces verts et des fleurs Archivage Gestion des déchets Restauration Distribution des énergies et de la consommation Crèche Gestion des polluants Service à la personne/Conciergerie Ventilation, traitement de l’air Déchargées de tout ou partie de ces activités support, les entreprises peuvent se consacrer entièrement à leur métier. Par ailleurs, l’externalisation correspond aux besoins de réactivité, de flexibilité et de simplicité des entreprises. Enfin, elle répond à leur souci d’offrir un confort maximal à leurs salariés pour un coût maîtrisé. Tel est le cas des services à la personne, ou multiservices, qui peuvent être proposés par un facility manager sur le lieu de travail. Cette offre (réservations, démarches administratives...) permet aux salariés de mieux articuler temps de travail et vie privée. Ainsi, gagnent-ils du temps et paraissentils moins débordés et moins stressés. Cependant, si les services de conciergerie se développent dans les entreprises, ces projets reçoivent parfois un accueil réservé de la part des collaborateurs, notamment parce qu'ils tendent à estomper les frontières entre vie professionnelle et vie privée. D’un point de vue économique, le facility management permet à l’entreprise une meilleure affectation de ses ressources, des gains de productivité et une diminution de ses coûts de Mener un projet immobilier d’entreprise 41 fonctionnement. Ces bénéfices sont obtenus par une réorganisation des fonctions, un meilleur management des ressources humaines, ainsi que par une optimisation des politiques d'achats qui s'appuient sur une connaissance fine des pratiques du marché. Par ailleurs, le recours à un professionnel qui possède un savoir-faire et qui maîtrise la réglementation permet à l'entreprise de profiter de conseils concernant l’amélioration, l’entretien et la valorisation de son patrimoine. En outre, la maintenance, davantage préventive que curative, s'avère globalement moins onéreuse. En revanche, le recours au facility management peut présenter deux types d'inconvénients. D'une part, l'entreprise peut craindre une perte de contrôle sur la gestion de ses bâtiments et sur ses services généraux. D'autre part, une délégation de services qui s’inscrit dans la durée risque de devenir irréversible. Enfin, le succès d’une solution de facility management implique toujours une étroite collaboration entre le donneur d’ordre et l’opérateur FM. Les relations doivent s’inscrire dans la durée et les enjeux être pris en considération dans un climat de partenariat privilégié. 6. La culture et la marque D'aucuns voient dans la culture et la marque un gisement naturel de performances pour l’entreprise et le moyen d’attirer les meilleurs collaborateurs. Selon la définition du Petit Robert, "La marque est un signe matériel, une empreinte mise et faite sur une chose pour la distinguer, la reconnaître ou pour servir de repère." Celle de l’INPI est la suivante : "Au sens de la propriété industrielle, la marque est un “signe” servant à distinguer précisément vos produits ou services de ceux de vos concurrents." Le logo est une représentation graphique qui sert à identifier de manière unique et immédiate une entreprise. Il est le premier point de rencontre entre la marque et celui qui la perçoit. Quant à la culture d’entreprise, bien qu’invisible, elle est l’un des éléments les plus importants d’une entreprise. Elle contribue à une vision collective, elle crée un lien social fort et elle fait naître des valeurs communes. Enfin, elle explique le vécu quotidien, les choix stratégiques et le positionnement de l'entreprise. L’espace dans lequel évolue un collaborateur ne se réduit pas au poste de travail. Au sein de l’entreprise, chacun crée, gère, circule, rencontre, échange, tisse des relations, se détend... L'environnement de travail assure donc désormais de multiples fonctions : - attirer et retenir les meilleurs collaborateurs ; - stimuler la créativité ; - faire cohabiter les talents ; - accroitre la productivité ; - montrer qu'il fait bon travailler dans l'entreprise ; - fédérer autour de la marque et des valeurs ; - donner du sens ; - favoriser les interactions ; - accompagner le changement culturel ; - respecter le développement durable. Le "verger" de Coca-Cola Entreprise est une initiative qui illustre une politique du « mieux vivre en entreprise ». Pour son siège social d’Issy-les-Moulineaux, Coca-Cola Entreprise a travaillé sur les espaces informels afin qu’ils deviennent des points de rencontre entre les salariés des différents étages. Ces grands espaces ont été conçus pour être relaxants et propices aux échanges. Ils reflètent une volonté commune de « lâcher prise avec le travail ». Le cahier des charges prévoyait que ces espaces correspondent à la stratégie de communication de l’entreprise tout en préservant Mener un projet immobilier d’entreprise 42 leur vocation initiale. L’exemple de la cafétéria : AVANT Ainsi, la cafeteria était au départ un lieu pourvu d’une machine à café, d’un distributeur de boissons rafraichissantes et d’une tablette. Différentes études ont été menées pour reconfigurer cet espace. Comme la marque communiquait sur des boissons fruitées « Minute Maid », elle a souhaité associer à son nom une image naturelle en lien avec la nutrition. En outre, historiquement, l’orange et le citron sont des fruits qui font partie de la recette originelle du CocaCola. C'est pourquoi, le projet de créer un verger a été retenu. « Ce verger a l’avantage de s’inspirer des origines de notre marque, allant ainsi dans le sens de la communication mise en place par le groupe », explique B. Carré, le DRH de l'entreprise. « Fraîcheur, saveurs, apport en fruit… Le prestataire a fait l’effort de rechercher les valeurs véhiculées par nos produits, pour les intégrer à son projet », précise Yves Picot, responsable des services généraux de Coca-Cola Entreprise. APRES Aujourd’hui, le "verger" offre un décor bucolique et surprenant. Il offre un sol en gazon, des troncs d’arbre supportant des rondelles d’orange et de citron en guise de mange-debout, des balancelles et un fauteuil massant intégré dans une cabane. Le décloisonnement entre les étages s'est traduit par une augmentation de 30% des flux de circulation au sein de l'entreprise. 7. La responsabilité sociale et environnementale La prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux dans les projets immobiliers d’entreprises est devenue incontournable. Les notions de confort du poste de travail (acoustique, visuel, thermique …), de qualité de l’air, de l’eau et de gestion des énergies font partie des critères prioritaires d'une décision d’implantation dans un immeuble de bureaux. En outre, un nombre croissant d’entreprises s'inscrit dans une démarche volontaire de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Cet engagement implique d'aller au delà de la réglementation en adoptant de meilleures pratiques sociales et environnementales dans ses activités. L'entreprise détermine son niveau de contrainte, ses objectifs et elle peut rechercher une certification qui attestera de ses engagements. Une démarche RSE permet à l'entreprise de limiter son exposition au risque, d'anticiper les contraintes futures, de saisir des opportunités... Les motivations d'une telle démarche peuvent être : - la compétitivité du capital humain pour préserver et développer la performance, Mener un projet immobilier d’entreprise 43 - la diminution des coûts de production, par exemple, grâce à des mesures d’économie des ressources (eau, énergie …), - le besoin d’être plus attractif que la concurrence, - la réputation (qui constitue une part importante du capital immatériel de l’entreprise). En immobilier d’entreprise, la RSE se traduit par la mise en œuvre d’une démarche dont les principaux objectifs sont repris au travers de neuf des quatorze cibles mises en avant par le référentiel HQE. D'une part les cibles sociales : confort hygrothermique, confort acoustique, confort visuel, qualité sanitaire des espaces, qualité sanitaire de l’air, qualité sanitaire de l’eau. D'autre part, les cibles environnementales : la gestion de l’énergie, la gestion de l’eau, la gestion des déchets de l’activité. Afin d’atteindre ces objectifs de confort et de qualité, le directeur immobilier se focalisera sur les différents points techniques suivants qui ont des conséquences directes sur la qualité future des espaces de travail. 7.1 - L'acoustique Avec le développement des espaces de travail en open space, la qualité des faux-plafonds, qui permettent de corriger la réverbération du son à l’intérieur des locaux, est devenue une préoccupation de premier plan. En effet, les efforts importants réalisés sur l’isolation des façades vis-à-vis du bruit extérieur ont permis d’obtenir un niveau sonore si bas à l’intérieur des bureaux qu'il peut devenir une gêne dans les open spaces. En effet, les conversations téléphoniques y deviennent de plus en plus audibles et elles perturbent la concentration des autres collaborateurs. L’absorption acoustique des matériaux employés pour les faux plafonds constitue une solution efficace. Une autre méthode, développée surtout aux Etats-Unis, est la génération d'un "bruit blanc", une sorte de souffle qui rehausse le niveau de bruit ambiant d'un open space et rend moins audibles les discussions. Une innovation pourrait provenir d'un dispositif électronique dynamique, qui permettra de s’isoler phoniquement, un peu comme avec certains casques à réduction de bruit. 7.2 - Le confort visuel La luminosité, le rendu des couleurs et l’uniformité de l’éclairage, ainsi que le facteur lumière du jour (FLJ) sont des paramètres fondamentaux à prendre en compte dans la notion de confort du poste de travail. Les dernières innovations qui permettent d’améliorer le confort visuel sont les stores électriques commandés à la fois par une horloge et/ou en fonction de la luminosité extérieure, les luminaires pilotés par une cellule photoélectrique, afin que le niveau d’éclairement du poste de travail reste constant, quel que soit l’apport de lumière naturelle. Le pilotage de ces équipements par une GTC simple et efficace constitue une innovation importante. 7.3 - La qualité de l’air De récentes études ont démontré que la qualité de l’air intérieur des locaux est toujours moins bonne que celle de l’air extérieur. Ces études ont également mis en évidence que la dégradation de l’air intérieur provient des émanations de substances gazeuses dégagées par les matériaux de construction tels que les peintures, les colles, les moquettes, les traitements de bois etc… Cependant, la plupart des fabricants de matériaux et de mobiliers ont accompli des efforts afin d'analyser l’ensemble des composants de leurs produits et de développer de nouveaux matériaux moins polluants, tels que les peintures sans solvants volatils, les colles sans formaldéhydes, etc. Mener un projet immobilier d’entreprise 44 7.4 - La gestion de l’énergie et de l’eau Il s'agit du domaine ayant le plus évolué au cours de ces dernières années. Basée sur le principe que l’ « on ne peut pas gérer ce que l’on ne peut pas mesurer », l’attention des concepteurs s’est portée sur la segmentation des alimentations électriques et sur la mise en œuvre de compteurs numériques reliés à une GTC afin de pouvoir mesurer, traiter et synthétiser les différentes consommations d’un immeuble. Ainsi, est-il possible de mesurer les consommations d’éclairage par usages, de climatisation par local, et d’eau par usages (sanitaires, restaurant, arrosage…). Ces mesures peuvent être relevées avec une grande précision, parfois bureau par bureau. Par ailleurs, une étude réalisée par IPD en juin 2011 a mis en évidence que l'adoption de « bonnes pratiques » permet d’économiser 8% de consommation énergétique. C'est pourquoi, il paraît indispensable d’informer les utilisateurs des bureaux des consommations de leur poste de travail, et de leur permettre de constater l’efficacité des « bonnes pratiques » lorsqu'elles sont mises en œuvre. Des innovations actuellement en cours de développement permettront à l'avenir à chaque collaborateur de disposer de toutes ces informations sur l’ordinateur de son poste de travail de chacun. Chacun pourra ainsi consulter les consommations de son bureau (éclairage, climatisation, etc) mais également piloter les principaux équipements de confort, tels que les stores, la climatisation ou l’éclairage. Au siège social de Sodexo, à Guyancourt, le logiciel de gestion des absences qu'utilise la DRH a été relié à la GTB afin de mettre en veille automatiquement, les bureaux des collaborateurs absents. Ces logiciels sont utilisables via une plate-forme web qui les rend accessibles depuis n’importe quelle connexion à l’aide d’une tablette, d’un ordinateur ou d’un smartphone. 7.5 - Retour d’expérience sur une GTB performante Depuis plus de deux ans, une GTB performante a été installée sur le bâtiment du siège social de Sodexo France à Saint- Quentin-en-Yvelines. Il s’agit d’un bâtiment de bureaux de 18 000 m2 SHON avec deux niveaux de sous-sols totalisant 600 places de parking (environ 18000 m2). Le site accueille environ un millier collaborateurs et il est équipé d’un restaurant d’entreprise doté d'une cuisine test, véritable laboratoire de mise au point des recettes élaborées pour les restaurants que gère par le groupe. Sur ce site le groupe, GA s’est engagé contractuellement à ce que la consommation énergétique de l’immeuble pour le chauffage, la climatisation et la ventilation, n’excède pas 40 Kwh/m2/an. Cet engagement, dont la sanction est le paiement du dépassement éventuel des factures d’énergie, a été possible grâce à la mise en œuvre d’une GTB performante. Celle-ci agit à la fois sur les commandes des différents organes techniques, sur la mesure en temps réel des consommations et sur l’information concernant l’état de certains équipements. Les principales commandes agissent sur l'éclairage, la climatisation et les stores. Les principales mesurent portent sur la température intérieure, la consommation de CVC par usages, la consommation d’éclairage par usages et la consommation d’eau également par usages (bureaux, restaurant, arrosage). En outre, la GTB fournit des informations concernant l'ouverture des fenêtres, la position des stores, l'état des pompes à chaleur, l'encrassement des filtres, les besoins de maintenance… L’efficacité de ce dispositif et sa convivialité ont séduit les utilisateurs du site. Au cours de la première année, la consommation constatée a diminué de 37 Kwh/m2/an à 32 Kwh/m2/an, soit un résultat optimisé de 20% par rapport à l’objectif. Par ailleurs, la GTB a fourni des informations pertinentes sur le « comportement » de l’immeuble, qui pourront être prises en compte dans la conception d'immeubles futurs. Ainsi, a-t-elle mis en évidence que 45 % de la consommation d’éclairage du bâtiment provenait, d’une part, du ratio important de places de parking (de 1 à 3 places pour 100 m2 SHON env. selon les villes) et, d’autre part, de la réglementation imposant un éclairage permanent d'un tiers des luminaires. 7.6 - Perspectives Dès lors qu’il est possible de fournir des informations pertinentes aux utilisateurs des postes de travail, la mise en œuvre des « bonnes pratiques » devient un geste naturel et efficace. En revanche sans informations objectives et conviviales, la maîtrise des consommations est perçue comme une contrainte. Les innovations futures permettront une diffusion, avec encore plus de Mener un projet immobilier d’entreprise 45 facilité, d’informations pertinentes. Ces évolutions permettront d’optimiser la qualité des conditions de travail au travers de l’amélioration de l’environnement du poste de travail. Enfin, ces dispositifs techniques, seront capables d' « apprendre », à partir d'évènements passés qu'ils auront enregistrés, à réagir seuls et à proposer, à la place de l’utilisateur, des « bonnes pratiques » qui seront sources d’efficacité et d’économies. Mener un projet immobilier d’entreprise 46 Mener un projet immobilier d’entreprise 47 ANNEXE 1 - Organisation de la mobilité – transfert L’ingénierie du transfert regroupe toutes les tâches qui concourent au déménagement des activités de l’entreprise. Définir, programmer, anticiper, vérifier, coordonner et piloter sont les maîtres mots d'un transfert réussi. 1.1 - Les personnels et la technique Le périmètre des opérations de transfert doit intégrer autant les composantes humaines que techniques afin de garantir une continuité de service cohérente et complète. En effet, tout mouvement de collaborateurs impose de déplacer également les outils technologiques qu'ils utilisent. Toutefois, depuis quelques années, la centralisation et la consolidation des serveurs et des bases de données au sein des centres informatiques dédiés a nettement facilité les transferts. La préparation, la planification et la réalisation des opérations de déménagement le jour J ne sont pas les seuls éléments à prendre en compte dans l’ingénierie du transfert. Toute la phase administrative (modification d’adresse, édition de supports tels que les cartes de visite, information concernant le changement de site…) ne doit pas être négligée. L’installation et le déploiement des ressources techniques et des équipements neufs (points de connexion courants forts et faibles, ordinateurs, écrans, serveurs, téléphones, contrôles d’accès, signalétique, distributeurs, fontaines à eau…) et des mobiliers neufs (livraisons, mise en place…) demandent une planification et une coordination spécifique alors que, parfois, les ultimes travaux de cloisonnement ne sont pas encore achevés. Sur le site de départ, une ou plusieurs journées de ‘cleaning day’ doivent permettre de limiter les volumes à transférer. Les anciens mobiliers qui ne seront pas transférés pourront être cédés au personnel, à des associations ou repris par des brokers… Ils devront faire l’objet d’une attention particulière lors des opérations de vidage des locaux. 1.2 - Les préparatifs du transfert Cinq semaines environ sont nécessaires pour mener à bien la consultation des entreprises qui se chargeront du transfert et de la déconnexion-reconnexion. Ce délai comprend l'envoi de l’appel d’offres, la visite des locaux d’arrivée et de départ, la réponse des soumissionnaires, l'ouverture des plis, l'analyse des offres, la phase de négociation et la décision finale. Il est préférable de fixer une obligation de résultat concernant les délais d’intervention. Dès lors, le prestataire retenu sera responsable du choix et de la mise en œuvre des moyens, tant humains (personnel d’encadrement et exécutant) que matériels (moyens de transport, chariots, caisses,…) qui permettront de respecter les engagements relatifs aux délais d’intervention. 1.3 - La visite des sites et les relevés La visite des sites permet au prestataire de prendre connaissance du dossier, du contexte et du projet. Elle permet d'étudier les éléments suivants concernant les véhicules : - les aires de circulation, - les aires de stationnement, - les moyens à mettre en œuvre pour le balisage des différents points de manœuvre et des zones de croisements des véhicules. Concernant la manutention, la visite permettra de déterminer : - les zones de circulation internes aux immeubles, - les moyens de levage mis à disposition, - les différents moyens d'élévation envisageables (monte-charges, ascenseurs, lifts), en tenant compte des dimensions, des charges admissibles, de l'accessibilité, - les zones qu'il conviendra de protéger spécifiquement, - les principaux éléments de signalétique des immeubles, - les zones de pré stockage des cartons qui seront mis à la disposition du personnel. Le prestataire relèvera la liste des articles qui seront intégrés à la prestation de déménagement : - les cartons, Mener un projet immobilier d’entreprise 48 - le matériel informatique (ordinateurs, imprimantes, scanners, etc.), - le matériel de télécommunication (fax, modem), - le petit matériel de reprographie, de reliure, d'agrafage, de broyage… - le matériel vidéo, - les projecteurs, - le matériel de décoration (affiches encadrées, tableaux, etc.), - les armoires fortes et coffres forts, - le matériel destiné aux personnes handicapées, - le matériel divers (réfrigérateurs, etc.) - le matériel du service courrier (casiers, affranchisseuses, plieuses, …), - le mobilier (plans de travail, armoires, meubles bas, sièges, tables de réunion etc.). 1.4 - Les lots régulièrement listés Le lot 1 comprend la documentation, les archives et les locaux de stockage. Il inclut des dossiers classés dans les étages ou dans les sous-sols des sites de départ, à l’extérieur des bureaux de travail. Il s'agit de dossiers suspendus, de boites d’archives, de microfiches, de bandes,… contenus dans des armoires, des rayonnages ou en vrac. Le lot 2 regroupe les dossiers de proximité, les dossiers vivants, et les affaires personnelles. Il s'agit de dossiers rangés à l’étage et dans les bureaux, d'affaires et de documents personnels ou collectifs, de fournitures diverses, d'accessoires personnels. L’ensemble de ces dossiers peut être contenu dans des armoires hautes ou basses, des caissons fixes ou d'autres rangements. Le lot 3 concerne les équipements spécifiques et les accessoires. Cette catégorie regroupe tous les équipements et matériels particuliers n’entrant dans aucune des autres catégories : machines de reprographie, armoires fortes, coffres forts, traceurs, relieuses, massicots, laboratoires photo, transpalettes, plantes vertes, repose pieds… Un inventaire sera réalisé avant chaque vague de transfert et il incombera au responsable de ce lot de vérifier l’état des équipements tels que les armoires fortes ou les coffres-forts. Le lot 4 inclut le matériel informatique, c'est-à-dire tous les équipements et accessoires de bureautique standard, l'informatique personnelle ou partagée, la vidéo, et la "péri-téléphonie" : calculatrices, ordinateurs PC, claviers, moniteurs, souris, lecteurs de bandes ou de disques, scanners, imprimantes, bandes magnétiques, machines à écrire, chaînes hi-fi, télévisions, magnétoscopes, télécopieurs, Minitel, fax, etc. Le lot 5 concerne la dépollution des sites de départ. Les équipements qui ne seront pas transférés devront être mis au rebut, suivant des dispositifs de recyclage, ou cédés. 1.5 - La vague de transfert type Le déroulement d’une vague type de transfert doit faire l’objet d’une description détaillée comportant des délais et des objectifs intermédiaires afin d'atteindre le résultat escompté. Ainsi, une vague type de transfert pourra débuter le vendredi à 8 heures pour s’achever impérativement le samedi à 22 heures. Aucun déménagement ne sera prévu en semaine, sauf dans des cas particuliers. Sous peine de devoir régler des pénalités de retard, le prestataire retenu devra se conformer aux délais intermédiaires suivants : Le vendredi : - début de l’emballage du contenu des armoires des bureaux à 8 heures, - déconnexion des postes informatique à partir de 8 heures, - emballage et mise en camion des plans de travail (si le mobilier est transféré) et des postes informatiques 4 heures après la déconnexion, soit 50% des postes emballés pour 12 heures et 100% pour 16 heures, - remise en place de 50% du mobilier pour 12 heures et 100% pour 16 heures (si les plans de travail ont été transférés). Le samedi : - remise en place de la totalité des postes informatiques pour 8 heures, - vidage des sites de départ achevé pour 14 heures, - reconnexion de 100 % des postes pour 18 heures, Mener un projet immobilier d’entreprise 49 - fin de l’ensemble des prestations de déménagement pour 22 heures. L'étiquetage Le prestataire devra fournir les étiquettes au moins dix jours ouvrés avant le transfert des services concernés. Elles devront être de couleurs différentes, avec un code d’étiquetage à définir, qui tiendra compte des différentes vagues de transfert et des étages de destination. L’étiquetage des éléments à transférer doit préciser le site d’arrivée, le local de destination ainsi que sa position. L’étiquetage des cartons mentionnera au minimum : le nom et le prénom de l’utilisateur, le site d’arrivée, le local de destination et sa position. Lors de cette phase d’étiquetage, le prestataire réalisera un lettrage ou un abécédaire des rangements de destination, en tenant compte des modes de rangement et de classement, de la répartition des documents et de leur affectation selon les directives des utilisateurs, ainsi que de la capacité de rangement prévue sur le site d’arrivée. Il convient de se fixer des objectifs de vérification afin de déceler des anomalies. Ainsi, 50% des vérifications pourront être effectuées deux semaines avant la vague de transfert et 100% une semaine avant. La déconnexion Les postes informatiques seront débranchés et mis en condition pour le transport. Les petits éléments, tels que les claviers, les souris, les câbles, les enceintes, seront conditionnés dans des sacs plastiques sous contrôle du responsable de l’informatique. Tous les éléments constituant le poste de travail seront emballés dans des cartons spécialisés, correctement dimensionnés et suffisamment résistants afin d'assurer la protection des matériels pendant le transfert. Le matériel utilisé pour la manutention sera systématiquement pourvu de dispositifs destinés à éviter la détérioration des locaux et des éléments déplacés. Le déballage Les équipements seront déballés en totalité et disposés sur le site d’arrivée aux emplacements correspondants aux indications portées sur les plans d’implantation (pour les ordinateurs, les moniteurs, les imprimantes, les traceurs, …), conformément aux numéros d’inventaire. La position de l’ensemble du matériel, précisée sur les plans, devra être impérativement respectée. La reconnexion Les équipements seront reconnectés et testés sous le contrôle du responsable de l’informatique. La dépollution du site Elle sera effectuée à l'issue de la vague de transfert. Les prestations spécifiques Elles regroupent l’ensemble des prestations de transfert relatives aux équipements informatique ne faisant pas partie de la bureautique standard (les serveurs d’application, d’impression, les ordinateurs portables, …), les équipements télécoms hors terminaux filaires fixes (les serveurs de messagerie, l'autocommutateur…), les coffres-forts et pianos, ainsi que le transfert de locaux d’archives particuliers, de médiathèques, de bibliothèques… 1.6 - La coordination des opérations Les réunions de préparation permettront de formaliser et de suivre l’ordonnancement, la planification des tâches et de préparer chaque phase du déménagement. Un planning d’exécution détaillé des opérations, calqué sur le planning général, en conformité avec les horaires d’intervention et les ressources affectées aux différentes phases et vagues du déménagement sera défini. Pendant le déménagement, plusieurs réunions de suivi de l’avancement des opérations devront être organisées à heures fixes. Un rapport précis des tâches réalisées et des problèmes rencontrés sera dressé. Dans le cas de transferts comportant plusieurs vagues, des réunions seront organisées à la fin de chacune d'elle afin d'analyser les difficultés rencontrées. Dans ce cas, des actions correctrices seront élaborées et appliquées lors des phases suivantes du transfert. Mener un projet immobilier d’entreprise 50 1.7 - Le SAV Le "Service après vente" consiste à assurer un suivi pendant les deux à trois jours qui suivent le transfert. Le prestataire effectuera des ajustements mineurs concernant le mobilier, les équipements et les matériels. En revanche, il ne procédera à aucun repositionnement à des emplacements différents de ceux indiqués sur les plans d’implantation. Le SAV permettra également de rechercher des effets perdus ou oubliés, tant sur les sites de départ que d’arrivée, d'enlever les emballages ayant servi au déménagement des objets du personnel. L’assistance et le support concernant les équipements informatiques transférés ou nouvellement installés fait partie intégrante du dispositif de SAV. 1.8 - Les enquêtes post-transfert Il est utile de réaliser des enquêtes post-déménagement concernant le nouvel environnement (propreté, ventilation, clim…), les postes de travail, les outils informatiques... Lorsque plusieurs vagues de transfert sont prévues, ces enquêtes permettent de recaler les prestations au besoin. Par ailleurs, dans les semaines ou les mois qui suivent le déménagement, l'entreprise pourra réaliser des enquêtes portant sur l'aménagement des espaces de travail. Ce délai est nécessaire pour permettre aux collaborateurs de s'adapter à leur nouvel environnement de travail. Les résultats de cette enquête permettront de revoir certains types d’aménagement si nécessaire. Un transfert réussi peut se résumer de la manière suivante pour un collaborateur :"J'ai trouvé mon bureau facilement (j’existe dans l’entreprise)" ; " Mes moyens de communication – téléphone, messagerie – fonctionnent (j’existe pour les autres)" ; "Le premier repas de midi est bon". Mener un projet immobilier d’entreprise 51 ANNEXE n°2 – Aspects réglementaires En France il n’existe que peu de réglementations encadrant spécifiquement l’aménagement intérieur des locaux des entreprises. Elles se trouvent principalement dans le code de la construction et de l’habitation, le code du travail, la réglementation incendie et la réglementation concernant l’accessibilité. Elles créent un cadre réglementaire d’ordre public duquel il n’est pas possible de déroger. Mais beaucoup d’utilisateurs et de représentants du personnel sont étonnés d’apprendre qu’il n’existe pas de réglementation en ce qui concerne, par exemple, la surface minimale des postes de travail ou bien la distance maximale à respecter entre un poste de travail et les baies vitrées donnant sur l’extérieur… Ainsi le maître d’ouvrage et son maître d’œuvre disposent-ils d’une assez grande liberté pour concevoir les espaces de travail de leur choix. C’est pourquoi, durant les vingt dernières années, les expériences d’aménagements innovants se sont multipliées. Nombre d’entreprises ont compris la nécessité de faire évoluer leurs aménagements intérieurs en les mettant en phase et au service des nouveaux modes de travail qu’elles mettent en place successivement. Les conceptions standardisées des espaces paysagers des années 70 et 80 laissent la place aux aménagements « sur mesure » d’aujourd’hui. La grande variété des solutions offertes par les mobiliers systèmes et les nouveaux matériaux aident les concepteurs dans leur démarche de réinvention permanente des espaces et de leurs équipements. Cependant, face à cette multiplicité des possibles et au peu de contraintes réglementaires, une production importante de recommandations et de normes s’est développée. Leur principal objet est de guider les décideurs vers des solutions techniques, dimensionnelles, ergonomiques, cohérentes à l’usage. Il n’est pas possible de dresser ici une liste exhaustive de tous ces documents ; nous laissons au lecteur le soin de rechercher dans les publications de l’Afnor, de l’INRS, du groupe Moniteur notamment, les normes, recommandations et ouvrages de synthèse à ce sujet. A ces textes, il y a lieu d’ajouter bien entendu, la quantité très importante de normes définissant les caractéristiques des matériaux utilisés ainsi que leurs modalités de mise en œuvre durant les travaux (règles de l’art) et toutes les règles professionnelles régissant les travaux de fluides notamment (électricité, courants faibles, chauffage, ventilation, climatisation, etc.). 1. Le Code du Travail En ce qui concerne les aménagements intérieurs des entreprises, le code du travail traite cinq domaines principaux que sont : Le Bruit : Le niveau d’exposition quotidien doit être inférieur à 85 db(A). Mais les articles sur le bruit concernent davantage les activités industrielles, car dans les espaces administratifs le niveau de bruit courant est nettement inférieur. Il représente cependant un des critères de confort les plus importants. Il est le principal axe d’amélioration à poursuivre dans les espaces partagés. L’éclairage : Les locaux doivent disposer autant que possible de lumière naturelle. Selon les espaces (circulations, escaliers, locaux de travail…) un nombre de lux minimum est imposé. L’aération et l’assainissement : Citons notamment l’article qui concerne les débits d’air neuf à introduire dans les locaux. Ainsi, la densification des postes de travail entraine de facto l’obligation de rénover les installations de traitement d’air des locaux, ce qui représente souvent des budgets importants. L’ambiance thermique : Les locaux fermés doivent être chauffés pendant la saison froide. Les équipements techniques doivent permettre d’adapter leur température à l’organisme humain. Les installations sanitaires : Le nombre de sanitaires par travailleurs ; pour les hommes (une cabine d’aisance et un urinoir pour vingt hommes) et pour les femmes (deux cabines pour vingt femmes). Mener un projet immobilier d’entreprise 52 2. La réglementation incendie La conformité des locaux et de leurs dispositions à la réglementation incendie nécessite une vigilance permanente de la part des gestionnaires des surfaces. En effet les modifications successives, même légères, apportées dans le temps aux aménagements intérieurs peuvent annuler leur conformité réglementaire et être dangereuses pour la sécurité. La réglementation est complexe et évolue ; il est à ce titre indispensable de s’entourer de spécialistes. Ils établiront régulièrement des diagnostics de sécurité et devront viser systématiquement les plans et les cahiers des charges des projets de construction ou de modification des aménagements. En l’absence de réaménagement important et de reconfiguration des principales dispositions liées à la sécurité, un bâtiment sera toujours soumis à la règlementation en vigueur à la date de l’arrêté de son permis de construire. Il faut être très prudent lors de l’analyse de la conformité réglementaire des bâtiments (par exemple : le calcul des évacuations et des unités de passage a évolué ; c’est pourquoi, certains bâtiments anciens bénéficient d’une capacité d’accueil plus importante que des bâtiments contemporains construits avec les mêmes largeurs d’issues). Les lieux de travail sont soumis, selon les cas, à une des trois réglementations incendie suivantes : - EIC : Etablissement Industriels et Commerciaux : il s’agit de la grande majorité des bâtiments utilisés par les entreprises. - IGH : Immeubles de Grande Hauteur : il s’agit des bâtiments dont le plancher bas du niveau le plus haut est situé à plus de 28 m au-dessus du niveau accessible par les engins des services publics de secours. - ERP : Etablissements Recevant du Public. De manière générale le « public » désigne les effectifs non-salariés de l’entreprise qui sont accueillis dans ses bâtiments. Ainsi un centre de formation géré pour les collaborateurs de l’entreprise n’aura pas la nécessité d’être classé ERP ; en revanche lorsqu’il accueille des clients de l’entreprise qui viennent y suivre des formations vendues, alors il est considéré comme un ERP et doit être conforme aux prescriptions incendie de la catégorie à laquelle il correspond. 3. La réglementation relative à l’accessibilité : « …L’esprit de la réglementation est de supprimer le plus grand nombre possible d’obstacles au déplacement et à l’usage des bâtiments et de leurs équipements pour des personnes qui, bien qu’ayant une déficience motrice, sensorielle ou intellectuelle, sont capable de vivre de façon indépendante et autonome. Les exigences d’accessibilité n’intègrent donc pas les besoins des personnes non autonomes tributaires d’un accompagnement humain permanent… » Circ. n° DGUHC 2007-53 Bien que récente, la réglementation concernant l’accessibilité des personnes à mobilité réduite (PMR) est déjà répartie dans un nombre important de textes réglementaires. Il faut noter que la réglementation applicable aux locaux dépendants du code du travail se rapproche progressivement de celle applicable aux établissements recevant du public. En synthèse, nous conseillons de se référer à la circulaire interministérielle n° DGUHC 2007-53 du 30/11/2007 et à ses annexes ; l’annexe n°4 notamment rassemble les dispositions techniques et dimensionnelles à respecter dans les aménagements. Cette réglementation traite aussi bien des cheminements extérieurs que des aménagements intérieurs des locaux ainsi que de l’ergonomie des mobiliers. 4. Réglementations et capacité d’accueil : Parmi les réglementations rappelées ci-dessus, les plus contraignantes sont celles qui affectent directement l’effectif admissible. C’est pourquoi, lors de la recherche immobilière, il est indispensable d’analyser, simultanément à l’efficience des surfaces, la capacité d’accueil totale des bâtiments visités. Mener un projet immobilier d’entreprise 53 Pour cela, les trois principales analyses réglementaires qui doivent être lancées concernent les dispositions relatives à la réglementation incendie, aux installations sanitaires et aux système de renouvellement d’air de l’immeuble. 4 .1 - Réglementation incendie et capacité d’accueil : L’audit se base sur la lecture de la dernière notice de sécurité de l’immeuble. Il analyse l’effectif admissible par niveau, puis au global pour la totalité du bâtiment. Cette capacité d’accueil dépend notamment : - du nombre et de la répartition des issues - du cumul de l’effectif admissible niveau par niveau - du nombre d’issues et du cumul des unités de passage (UP) à rez-de-chaussée A noter que l’audit examinera également : - l’existence de cul de sac - le mode de cloisonnement au regard de la sécurité incendie : traditionnel, ou par compartimentage Puis en synthèse, l’audit déterminera l’éventuelle capacité d’accueil complémentaire qu’il serait possible d’obtenir en réalisant des travaux d’adaptation. Ces travaux pourront être : - création d’issues de secours complémentaires - élargissement de porte sur palier d’escalier - création d’escalier à partir du R+1 ou du R+2 - adaptation du bâtiment pour transformation en mode compartimentage au regard de la sécurité incendie. - etc. Les projets de transformation doivent être validés sur le plan réglementaire par un bureau de contrôle. Toute modification des dispositions relatives à la sécurité incendie d’un immeuble, fait l’objet d’un dossier administratif (demande d’autorisation) auprès de la commune et/ou de la préfecture : permis d’aménager, déclaration préalable ou permis de construire selon les cas. 4.2 - Appareils sanitaires et capacité d’accueil : L’audit établit le calcul de l’ensemble des appareils sanitaires existants dans la surface occupée, puis il en analyse la conformité. Le nombre est comparé aux proportions imposées par le code du travail. Il est fréquemment insuffisant en regard de l’effectif souhaité. La création d’appareils sanitaires complémentaires n’est pas toujours facile à réaliser et peut entrainer des frais importants. 4.3 - Renouvellement d’air et capacité d’accueil : La réglementation impose un volume minimal d’air neuf à insuffler par personne et par heure dans les locaux de travail. Les locaux situés en façade disposant de fenêtres ouvrantes pourront toujours satisfaire à la réglementation. Il n’en est pas de même des locaux situés en cœur d’immeuble et dont les installations de renouvellement d’air sont souvent insuffisantes (salles de réunions par exemple). L’audit technique s’appuiera sur le synoptique de l’installation centrale et sur les relevés des débits d’air neuf fournis étage par étage, zone par zone. Là aussi tous les travaux d’adaptation peuvent entrainer des investissements lourds. 5. Contrôles réglementaires - Fréquence des contrôles : Les installations électriques, les appareils de levage, ainsi que les installations et les équipements liés à la sécurité incendie font l’objet de contrôles périodiques obligatoires. Leur fréquence est rappelée dans le tableau ci-dessous. Installations Electricité (protection novembre 88) Périodicité des travailleurs – décret de 1 an Mener un projet immobilier d’entreprise Ascenseurs et monte-charges 5 ans par un organisme agréé Ascenseurs et monte-charges Ascenseurs et monte-charges (suspentes) 1 an 6 mois Extincteurs 1 an RIA Colonne humide Extinction automatique au gaz Extinction automatique à eau 1 an 1 an 1 an 1 an SSI 1 an 3 ans Désenfumage 1 an Protection contre la foudre 5 ans Portes et volets coupe-feu ou pare-flammes 1 an Arrêt automatique installations de ventilation climatisation 1 an Exercice d'évacuation 1 an Aération/ventilation 1 an Portes et portails automatiques 6 mois Nacelles 6 mois 1er contrôle dans les 6 Groupes électrogènes soumis à déclaration avec contrôle mois après la mise en (DC) service puis tous les 5 ans ou 14 ans si ISO 14 001 54 Mener un projet immobilier d’entreprise 55 ANNEXE 3 : Aspects budgétaires Les projets immobiliers sont fréquemment guidés par un objectif financier d’économies ou tout au moins de maîtrise des coûts. En effet le poste immobilier représente un poste de charge important, qui est souvent le 2 ème pour une entreprise après sa masse salariale. La maîtrise et l’optimisation des coûts sont donc des sujets récurrents pour tous les responsables de projets immobiliers. La nature des dépenses est variée (loyers, travaux, honoraires, exploitation…). L’objectif de cette annexe est de donner des repères aux décideurs, d’une part en décomposant l’ensemble des coûts relatifs à un projet immobilier et d’autre part en illustrant sur la base de projets récents la répartition des grandes masses financières. 1. Mesurer les impacts financiers d’une décision stratégique, avant sa mise en œuvre : Avant de valider le choix de la nouvelle implantation ou pour confirmer la possibilité d’une réorganisation in situ, il convient de mesurer les enjeux financiers dans leur ensemble. Outre le loyer et les charges, les coûts des travaux d’aménagement ou de transformation d’un bâtiment peuvent impacter de façon sensible le budget global de l’opération et donc valider ou infirmer une orientation stratégique. Les budgets des travaux d’aménagement ou de réaménagement sont directement liés à la capacité ou aux difficultés d’un bâtiment à se transformer sur lui-même. Même dans le cas d’une prise à bail dans un bâtiment neuf, il faut valider la faisabilité du projet dans le respect du mode d’aménagement souhaité et des budgets préliminaires définis. Un immeuble fraîchement rénové par son bailleur peut dissimuler un système de climatisation sous-dimensionné ou bien des dispositions contraignantes en matière de désenfumage. Dans la mesure où le bail sera signé « en l’état », l’essentiel des travaux d’adaptation seront à la charge du preneur, parfois dans des proportions qui déstabiliseront fortement le budget d’opération. 1.1 - Les travaux : Les principaux travaux à prévoir portent sur les corps d’état de second œuvre. 1.1.1 - Cloisonnement : Les dispositions de sécurité incendie de l’immeuble (cloisonnement traditionnel / coupe-feu ou bien par compartimentage) influencent la souplesse dans le positionnement des cloisons et en conséquence la possibilité d’y aménager des espaces ouverts facilement reconfigurables permettant le travail par équipe et la collaboration par groupe projet. La transformation d’un dispositif de cloisonnement traditionnel en compartimentage est cependant souvent réalisable pour des coûts faibles au regard du budget global de l’opération.. Les cloisons à ossature, « démontables », se sont généralisées au point de devenir un standard. Elles permettent d’intégrer facilement des parois vitrées de toutes dimensions, revêtues de vitrophanie ou équipées de stores. Leur démontage facile permet une réutilisation de la majeure partie des éléments assemblés. Le coût de telles cloisons varie de 70€ à 180€ ht/m² de cloisons, suivant leur nature (pleines, vitrées, vitrages collés bord-à-bord, la qualité et l’esthétique des profils, leurs caractéristiques acoustiques, etc…). Il est indispensable de créer des barrières phoniques dans la hauteur des faux-plafonds et des Mener un projet immobilier d’entreprise 56 faux-planchers pour compléter les cloisons démontables jusqu’aux dalles béton et assurer leur efficacité acoustique. Leur coût varie de 35 € à 55 € ht/ml. 1.1.2 - Les faux-plafonds : Aujourd’hui, dans les espaces administratifs, on ne réalise plus que des faux-plafonds de type acoustique, constitués de dalles en fibre minérale ou en bacs aciers remplis de matériaux isolants. Les qualités acoustiques de ces faux-plafonds en font de véritables outils d’atténuation des niveaux sonores, notamment dans les espaces ouverts. Leur coût varie de 25 à 65 € ht/m². 1.1.3 - Electricité – réseaux des courants forts et courants faibles : Les câblages des bâtiments sont rarement suffisants pour répondre aux besoins actuels d’aménagement. Il est généralement nécessaire de budgéter des extensions de réseaux pour satisfaire la nouvelle densité des postes de travail et l’implantation des mobiliers. Les distributions se font le long des façades, en faux-plafond et/ou par le faux plancher lorsqu’il existe. Les caractéristiques qui impactent le budget de câblage sont : - La typologie des postes de travail : nombre de prises RJ 45 et nombre de prises électriques par poste de travail. (le standard actuel est : 2 prises RJ 45 et 3 prises électriques). Les postes de travail sont aujourd’hui constitués de réglettes regroupant l’ensemble des connecteurs ; ils sont ainsi facilement déplaçables dans les faux-planchers, les cloisons et le mobilier - La catégorie de câblage utilisée - Le déploiement de la ToIP ou VoIP - L’installation d’un réseau électrique spécifique pour alimenter exclusivement les appareils informatiques ; s’il est ondulable - La répartition et le nombre de locaux techniques (baies de brassage) - Les salles serveurs informatiques spécifiques et les systèmes de sécurité spécifiques à ces salles - L’installation de système de rafraîchissement d’air, sur un réseau indépendant, pour ces locaux techniques. Les installations wifi ne peuvent être généralisées, essentiellement pour des raisons de sécurité. Elles sont cependant très utiles dans les locaux communs de type salles de réunions, cafétéria… Par ailleurs, les éléments actifs informatiques de type serveurs, baies de brassage, switch… bien qu’ils ne soient pas intégrés aux budgets travaux, sont à anticiper. Ces postes sont généralement gérés directement par les services informatiques et sont à prendre en compte dans le budget global du projet; ils peuvent représenter des sommes très importantes. Pour les réseaux, l’installation d’un poste de travail complet coûte, suivant sa composition et les difficultés d’installation, de 400 € à 600 € ht/unité Le déplacement d’un poste de travail, dans le cadre d’un réaménagement, coûte de 50 € à 150 € ht selon les cas. 1.1.4 - CVC (Chauffage, Ventilation, Climatisation) : Les installations de rafraîchissement d’air, de climatisation et les centrales de traitement d’air sont conçues, à l’origine de la construction du bâtiment, pour une densité d’occupation des surfaces prédéfinie. Mener un projet immobilier d’entreprise 57 Elles disposent généralement de marge de manœuvre ce qui permet, dans le cas de densification des surfaces, d’augmenter les débits dans des proportions limitées. Les bilans de capacité sont à faire très en amont pour offrir les taux de renouvellement d’air demandés par le code du travail, à savoir 25 m3/h par poste de travail et 30 m3/h par place en salle de réunion. En effet les budgets CVC peuvent être limités si de simples réglages suffisent mais ils peuvent avoir un enjeu fort sur le projet s’il est nécessaire de changer les centrales de traitement d’air pour augmenter les capacités. Les interventions lourdes sur le système de climatisation relèvent en principe du bailleur (remplacement des fluides frigorigènes / mises aux normes, par exemple) ; les travaux liés à la densification des surfaces par le locataire seront de son ressort (il prend les locaux en l’état) sauf accord particulier inscrit dans le bail. 1.1.5 - Peinture – revêtements : Les peintures et les revêtements muraux ou de sol sont, en principe, refaits par le bailleur à l’occasion de l’arrivée de nouveaux locataires. Dans certains cas favorables, le bailleur accepte de participer à leur remplacement en laissant le preneur les faire réaliser « sur mesure » selon les références et les coloris qui lui conviennent. Les prix de réfection sont très variables suivant les préparations nécessaires et la qualité des matériaux employés. Les réfections de peintures varient entre 18 € et 25 € ht/m² Le remplacement des moquettes en dalles varie entre 32 € et 48 € ht/m² 1.1.6 - Correction acoustique : C’est le souci majeur actuel. Durant les vingt dernières années, de nombreux progrès ont été faits sur le mobilier et les fluides : les prochaines grandes sources d’amélioration des espaces de travail sont dans l’acoustique. Le traitement se fait par l’installation de matériaux performants. Toutes les surfaces sont en jeu. Des panneaux de correction acoustique, constitués de mousses adaptées aux fréquences vocales, sont placés en superposition des murs et des cloisons ou bien suspendus sous les faux-plafonds. Les nouvelles techniques d’impression des toiles perforées enduites en grande surface, permet, pour un coût raisonnable, d’habiller ces panneaux par des motifs et des couleurs qui participent à la décoration des lieux. Le résultat apporte une réelle amélioration qui est généralement bien perçue par les collaborateurs tant sur le plan acoustique que pour leur impact visuel. L’ensemble est encore assez onéreux, puisqu’il faut compter entre 200 € et 300 € ht/m² de panneaux acoustiques décorés. 1.1.7 - Agencement – décoration : Les espaces de services (circulations, copie, boissons, documentation, travail collaboratif, etc.) nécessitent des équipements et des mobiliers adaptés. Ils peuvent être choisis dans les gammes spécifiques des fabricants ou bien réalisés sur mesure en accord avec l’ambiance décorative souhaitée. Ils créent une homogénéité et une continuité d’ambiance entre les différents locaux. Ils ne doivent pas être oubliés dans les budgets, cf. « Design - Communication - signalétique » ci-après. 1.1.8 - Exemple : Quelques repères pour bâtir vos budgets de travaux Notre exemple se base sur les situations les plus courantes pour un utilisateur, à savoir l’aménagement de plateaux livrés nus par le bailleur et remis en état (ou livrés à l’état neuf). Cela signifie que l’ensemble des travaux relevant usuellement des bailleurs ne sont pas pris en compte. Pour rappel, les travaux et équipements pris en charge par le bailleur sont : Mener un projet immobilier d’entreprise 58 L’ensemble des travaux portants sur les éléments structurels de l’immeuble : Clos et couvert Climatisation, Ventilation, Chauffage Ascenseurs Sanitaires Mises aux normes et accessibilité Moquette Faux-plafonds Peintures Les plateaux de bureaux sont ainsi considérés comme étant non cloisonnés et remis à neuf pour les postes moquette, faux-plafond et peintures. Ces plateaux sont également pré-équipés en courant fort. Les travaux relevant habituellement du preneur sont donc les suivants : - Electricité : adaptation des courants forts et équipement en courant faible - Cloisonnement démontable - Reprise ponctuelle de peinture (après travaux d’aménagement et pour les décorations localisées) - Reprise ponctuelle des sols : faux plancher et revêtements (pour des aménagements spécifiques du preneur – PVC dans les espaces copies, boissons, etc.) - Reprise ponctuelle des faux-plafond - Traitement acoustique spécifique ponctuel - Adaptation ponctuelle de l’éclairage - Adaptation ponctuelle de CVC Sur la base de ces hypothèses, hors travaux de transformation ou de restructuration de l’immeuble, le coût des travaux d’aménagement pour l’ensemble des lots cités précédemment peut varier de 250 à 400 € ht/m² de SUBL (hors mobilier, hors transfert et hors honoraires) selon les prestations mises en œuvre. Synthèse : Les travaux et les aménagements peuvent être réalisés dans des immeubles neufs, réhabilités ou dans des immeubles anciens. La nature et la structure de l’immeuble peuvent impacter significativement sur les coûts. Mais, c’est essentiellement le mode d’aménagement et sa compatibilité avec la nature de l’immeuble qui influeront le plus significativement sur le budget des travaux. Les modes d’aménagement actuels avec davantage d’espaces partagés et plus ouverts, permettent une densité plus importante et donc une réduction du nombre de m² loués. Cependant, ils nécessitent des cloisons bien adaptées, une surdensité des réseaux (électriques et informatiques), des mobiliers homogènes et des travaux de correction acoustique. Ainsi, les économies prévisionnelles de loyers et de charges sont à comparer avec les coûts de travaux de transformation et d’aménagement pour mesurer l’effet global de l’opération. Mener un projet immobilier d’entreprise 59 1.2 - Equipement mobilier des espaces tertiaires Le mobilier de bureau évolue avec les modes de travail et s’adapte à la rationalisation des espaces. Il se standardise et devient plus modulable. Les lignes sont simples et droites. La recherche d’harmonie avec l’environnement du poste de travail est source de créativité dans les formes, les matériaux et les couleurs. Le mobilier fait partie intégrante de l’aménagement des espaces de bureaux. Il structure les espaces ouverts, se substitue parfois au cloisonnement. L’objectif de ce chapitre est de définir les différents types de mobilier et agencements réalisés couramment par les entreprises et d’en évaluer les coûts. 1.2.1 - Le mobilier de bureau selon 4 types de fonctions : - expertise ou conseil : besoin de concentration - tertiaire ou administratif : besoin de rangement - projet ou collaborative : besoin de communication - commerciales ou centre d’appel : besoin d’optimisation Les fonctions hiérarchiques sont de moins en moins marquées, mais on considère cependant trois types de postes de travail : - les postes « cadres de direction » - les postes « managers » - les postes « collaborateurs » C’est la charte d’aménagement, établie par l’entreprise assistée d’un professionnel, qui définit les différentes typologies des postes de travail en fonction des besoins et leur ergonomie. 1.2.2 - Les critères d’évaluation du budget mobilier Le budget mobilier dépend principalement : - du renouvellement partiel ou total du parc mobilier, - de l’ergonomie souhaitée, de la qualité des matériaux et des mécanismes, du confort et de la pérennité, - du niveau de flexibilité des mobiliers pour une reconfiguration aisée selon les modes de travail - de la gamme de mobilier en terme d’image, de développement durable, de tendance. La composition d’un poste de travail type est la suivante : - un plan de travail droit de 160 ou 140 de long x 80 cm de large - un caisson fixe ou à roulettes avec 2 ou 3 tiroirs - une armoire de 100 cm (ou 120 cm) de large et 110 cm (ou 190 cm) de haut - un siège de travail avec accoudoirs - un vestiaire. L’évaluation du poste type tel que décrit précédemment est compris : - entre 1.200 et 1.500 € pour un poste collaborateur - entre 1.500 et 2.000 € pour un poste manager - entre 2.000 et 4.000 € pour un poste direction Il convient d’anticiper les délais de commande qui sont de l’ordre de 6 à 8 semaines, auxquelles s’ajoutent quelques jours de montage du mobilier. Mobilier sur mesure ou agencement : banque d’accueil, salle de réunion, salle du conseil, salle de formation, cafétéria, espace documentation, local courrier, locaux reprographie… sont à évaluer en fonction du projet. Mobilier du RIE : il peut être pris en charge par l’exploitant. Eclairage : il fait généralement partie de l’environnement du poste de travail et est intégré dans le coût des travaux. Cependant, le choix peut se porter sur un type de luminaire sur pied avec un Mener un projet immobilier d’entreprise 60 éclairage direct et indirect (de 450 € à 1.000 € ht l’unité) ou en complément de l’éclairage existant par une lampe de bureau de 100 à 300 € ht l’unité. L’utilisation de l’éclairage par led se généralise, ainsi que les technologies liées à la détection de présence et à la variation de l’éclairage en fonction de l’apport de lumière naturelle. 1.3 - Design, communication, signalétique Les immeubles de bureau se doivent d’être fonctionnels et par la même deviennent de plus en plus standardisés : rendement de surface, optimisation des espaces, sécurité… Pour palier à cette uniformité et marquer son empreinte, l’entreprise utilisatrice doit se l’approprier et exprimer son identité. C’est par l’expression visuelle qu’elle transmet son message, présente son activité « d’un coup d’œil », accueille ses visiteurs et les dirige. C’est aussi pour le personnel un vecteur de communication des valeurs de l’entreprise. L’entreprise communique à travers différents modes d’expression : - l’enseigne extérieure ou dans le hall d’entrée, - le design des espaces d’accueil et du mobilier, - le confort de l’espace d’attente ou réception clients, - l’éclairage, la couleur, les matières, - La vitrophanie et les revêtements de sol ou de mur - la vidéo ou les messages personnalisés, - les éléments naturels (plantes, arbustes, bois, galets, fontaine...) - la charte graphique, la mise en valeur du logo, l’image, - le design des espaces de travail ou de support, - la signalétique d’information, directionnelle ou d’affectation des locaux, Le coût des lots « design, communication et signalétique » dépend des modes d’expression choisis et du niveau des prestations (basic, moyenne gamme ou haute gamme) Le budget usuellement alloué au poste « design, communication, signalétique » représente une part comprise entre 3 et 5% du coût des aménagements. 1.4 - Mobilité de l’entreprise Le transfert de l’entreprise est l’étape finale du projet immobilier. C’est une phase particulièrement sensible, tant au niveau opérationnel, qu’au niveau des effets potentiels sur l’activité de l’entreprise et sur l’appréhension du personnel. C’est une prestation qu’il faut préparer très en amont afin de s’assurer de la réussite du projet, point de départ de l’intégration de l’entreprise dans un nouveau site, cf. annexe n°1. 1.4.1 - Les critères d’évaluation du budget « transfert » Afin d’éviter les écarts de coût importants entre plusieurs sociétés, en matière de prestation de transfert, il convient d’établir un cahier des charges précis des besoins : - dates et jours d’intervention, accès, distance à parcourir, nombre d’intervenants, - accessibilité du site, nombre d’étages et accès par monte-charge ou par ascenseur - évaluation des éléments à transférer : mobilier, dossiers, documentations, archives, coffres… - quantité, volume, type de mobilier, - exploitation d’un inventaire existant ou création, identification, - nature de la prestation : emballage par le personnel ou par le prestataire, total ou partiel, - destruction du mobilier non réutilisé, vente d’objets d’art, stockage vers un autre site ou gardemeuble… - prise en charge ou non de la déconnection et reconnection des équipements informatiques - type d’assurance à mettre en place et franchise à considérer. Mener un projet immobilier d’entreprise 61 1.4.2 - Le coût estimatif d’un transfert Le coût estimatif d’un transfert est compris entre 250 et 330 € ht par poste, se décomposant comme suit : - mise en carton des dossiers par le prestataire et transfert : de 120 à 200 € par poste de travail - démontage et transfert du mobilier et des PC : 100 € par poste - déconnection et reconnection des postes informatiques : 30 € par poste Mener un projet immobilier d’entreprise 62 2. Prestataires : missions et honoraires Les opérations liées à l’emménagement ou au réaménagement des espaces de travail mettent en jeu des compétences variées sur des périodes qui peuvent être relativement longues. Le maître d’ouvrage dispose rarement en interne des spécialistes capables de l’aider dans sa mission qui n’est qu’épisodique dans la vie de l’entreprise. Il est possible de dissocier ces compétences en faisant appel à des entités différentes ou bien de les regrouper chez des prestataires qui le proposent. Il convient de distinguer les prestations de conseil, d’assistance et de maîtrise d’œuvre d’une part et les prestations d’exécution d’autre part. 2.1 – Le conseil, l’assistance et la maîtrise d’œuvre 2.1.1 - Les missions : a) Recherche Immobilière : Le conseil et l’assistance concerneront, dans le cadre de la recherche immobilière : o le diagnostic des existants o la définition de la stratégie immobilière o la rédaction du cahier des charges (le programme général) o la recherche immobilière o l’assistance à la prise à bail ou à la renégociation du bail b) Mise en Œuvre du Projet : Le conseil et l’assistance concerneront, dans le cadre de la mise en œuvre du projet : o La constitution du programme détaillé o La conception du projet des aménagements (esquisses, avant-projets, projet) o La description des travaux à engager o La mise en appel d’offres du projet (dossier de consultation des entreprises) o L’analyse des offres o La négociation puis le choix des entreprises attributaires des lots ; la préparation de leurs marchés de travaux o La direction de l’exécution des travaux (chantier) o La réception des ouvrages en fin de chantier o La réception et la mise en place du mobilier o La direction des opérations de transfert 2.1.2 - Les prestataires : a) L’Assistant à Maîtrise d’Ouvrage – AMO : L’AMO offre une assistance élargie sur le montage et la conduite des opérations, avec des compétences reconnues (administratives, techniques et financières). L’AMO éclaire le maître d’ouvrage sur les décisions à prendre ; il les prépare ; il coordonne les échanges avec les différents interlocuteurs. b) Le Maître d’Ouvrage Délégué – MOD : En complément des missions de L’AMO, le MOD reçoit de la part du Maître d’Ouvrage une délégation d’engagement et de signature dans le cadre d’une liste préétablie d’actes portant sur la direction et la gestion de l’opération. c) Le Conseil Immobilier – Utilisateurs : Certains cabinets de conseils en immobilier, proposent leurs compétences exclusivement au service des utilisateurs. Sans mandats de la part des bailleurs, ils prennent en charge les recherches immobilières en toute indépendance. Les missions sont alors bien distinctes suivant les donneurs d’ordre : d’un côté les conseils utilisateurs travaillent pour les entreprises à la recherche de locaux, de l’autre les commercialisateurs placent les surfaces vacantes des bailleurs. Cette méthode évite les conflits d’intérêts. d) Le Maître d’œuvre – MOE : Mener un projet immobilier d’entreprise 63 Le maître d’œuvre est architecte ou architecte d’intérieur. Il établit les diagnostics et donne les conseils initiaux. Il participe à la stratégie immobilière. Il conçoit le projet et le décrit sous forme de cahier des charges, de plans et de carnets de détails. Il prend en charge l’appel d’offres, dirige l’exécution des travaux et assiste le maître d’ouvrage pour la réception des travaux et des mobiliers ; il dirige les opérations de transfert. Le maître d’œuvre est assisté, si nécessaire, de bureaux d’études spécialisés dans les structures ou la conception des fluides (chauffage - ventilation – climatisation, plomberie, courants forts – courants faibles). A noter que le titre d’Architecte est protégé et que la profession d’architecte est réglementée ; elle est régie par un ordre professionnel qui en tient le tableau et fait respecter le code des devoirs professionnels ainsi que la déontologie. L’architecte propose des prestations intellectuelles ; Elles s’étendent de la construction à l’aménagement intérieur et la décoration, ce qui en fait l’interlocuteur privilégié sur l’ensemble d’un dossier opérationnel. Sa connaissance des modes de construction lui permet d’agir avec pertinence sur les aménagements intérieurs et ses développements techniques. Du fait de son statut et de son indépendance, il ne peut être juge et partie et s’interdit toute situation qui lui permettrait de préférer des intérêts privés à ceux de son client. Ainsi, il ne peut faire acte de vente ni être intermédiaire commercial dans le cadre de son activité professionnelle. L’intervention d’un architecte est rendue obligatoire en cas de création de Surface Hors Œuvre Nette – SHON. e) Le Coordonnateur Sécurité et Protection de la Santé – CSPS : Le recours à un CSPS est la plupart du temps obligatoire (co-activité de plusieurs entreprises simultanément sur un même chantier, ou seuils minimaux de jours de travail, etc.) ; sa mission a pour objectif d’établir les prescriptions nécessaires pour que l’ouvrage, dans sa construction et par la suite dans son entretien courant, respecte les normes d’hygiène et de sécurité dans le cadre de la protection des travailleurs. Pour cela, le CSPS participe à la conception des ouvrages puis il établit le Plan Général de Coordination – PGC -. Il fait les visites préalables avec les entreprises et contrôle, sur rendez-vous ou par des visites impromptues, les conditions d’hygiène et de sécurité durant l’exécution du chantier. Puis, après la réception des travaux, il constitue le Dossier d’Intervention Ultérieur sur l’Ouvrage – DIUO - ; ce dossier regroupe les Dossiers des Ouvrages Exécutés – DOE – ainsi que les notices d’utilisation et d’entretien des matériels installés. C’est en quelque sorte le mode d’emploi et d’entretien des installations. f) Le Bureau de Contrôle – BC - : Le bureau de contrôle assiste le maître d’ouvrage dans l’appréciation réglementaire des travaux en cours d’élaboration et de mise en œuvre. Son intervention commence par le Rapport Initial de Contrôle Technique – RICT - qui analyse les pièces graphiques et écrites du projet. Il porte des avis de conformité ou de non-conformité par rapport aux textes en vigueurs. Ce document préventif permet aux différents intervenants de préciser ou de modifier la conception des ouvrages et les conditions d’utilisation des techniques et des matériaux. Durant l’exécution du chantier le bureau de contrôle analyse l’ensemble des documents d’exécution qui lui sont transmis. Puis il dresse un rapport final à l’achèvement des travaux. L’intervention d’un bureau de contrôle est obligatoire dans le cas de travaux sur les ERP de catégories 1 à 4, les IGH, les zones sismiques (sous condition), et dans le cas de travaux spécifiques liés aux structures porteuses et aux fondations. Cependant, son intervention est vivement recommandée pour la plus grande partie des travaux engagés dans les locaux de travail. De plus, les compagnies d’assurance en tiennent compte dans la rédaction de leurs contrats. g) Le Pilote de chantier - OPC : Le pilote de chantier effectue des missions d’OPC – Organisation, Pilotage, Coordination – entre les différents intervenants d’un chantier. Sa mission principale est de gérer les interactions entre les entreprises lorsqu’elles interviennent en corps d’état séparés (ou bien Mener un projet immobilier d’entreprise 64 en groupements) et de veiller au bon respect du planning. La mission d’OPC est indispensable pour les chantiers importants. Elle peut être prise en charge par le cabinet de maître d’œuvre pour lequel il s’agit d’un prolongement naturel de sa mission de direction de chantier. h) Les intervenants spécifiques : D’autres intervenants participent, quand cela est nécessaire à certaines phases du dossier, ce sont par exemple : - L’ingénieur Conseil (spécialisé en gros-œuvre, en charpente métallique, en fluides, etc.) - Le géomètre - L’acousticien - L’économiste - Le programmiste - L’ergonome - Etc. 2.2 – Les prestations d’exécution – les entreprises – le contractant général : 2.2.1 - Les Corps d’état séparés, les groupements : Les entreprises répondant aux appels d’offres et exécutant les travaux sont généralement spécialisées dans un corps d’état, qui est à l’origine de leur création. Elles disposent d’équipes très performantes dans ce domaine et sont à rechercher pour leur technicité et leurs expériences. Les entreprises dont les spécialités sont complémentaires peuvent répondre en groupement conjoint ou solidaire (association ponctuelle pour une opération). Ce cas est intéressant pour le maître d’ouvrage et son maître d’œuvre qui s’assurent ainsi d’une meilleure coordination entre les lots et d’une continuité de chantier en cas de difficulté de l’une d’entre elle. 2.2.2 - L’entreprise générale : Les entreprises générales sont celles qui regroupent, autour de leur compétence d’origine, les spécialités de l’ensemble des lots nécessaires à l’exécution d’un chantier. Elles procèdent par sous-traitance auprès d’entreprises spécialisées, qui sont parfois leurs filiales. L’intérêt principal pour le maître d’ouvrage et son maître d’œuvre réside dans le fait de n’avoir qu’un seul interlocuteur qui se charge de la coordination entre les différents intervenants. En revanche il ne leur est pas possible d’avoir une action directe sur les entreprises d’exécution (qui sont parfois en sous-traitance de second ou troisième rang) et par la même sur la qualité de leurs réalisations. Par ailleurs, les cumuls de marges ne facilitent pas la maîtrise des budgets et il est très difficile d’obtenir au bon prix les travaux complémentaires lorsqu’ils sont demandés en cours de chantier. 2.2.3 - Le contractant général : Certains cabinets de maîtrise d’œuvre, ainsi que certaines entreprises générales, proposent de grouper dans le cadre d’une prestation unique les missions de conception, de direction de chantier et d’exécution des travaux. L’ensemble est réalisé par l’intermédiaire de sous-traitances multiples. Le contrat peut être passé « à livre ouvert », dans ce cas le contractant général annonce la marge qu’il appliquera aux devis des entreprises avec lesquelles il contractera, ou bien à « livre fermé », dans ce cas l’entrepreneur ne communique pas les devis de ses sous-traitants. Cette méthode est adaptée aux chantiers de petite et moyenne importance pour des maîtres d’ouvrages ne pouvant suivre dans le détail le déroulement de leurs opérations. Elle les prive cependant du conseil et des arbitrages techniques et financiers indépendants pris en charge par la maîtrise d’œuvre dans le processus traditionnel. 2.3 – La rémunération des prestataires : Mener un projet immobilier d’entreprise 65 Le calcul de la rémunération des missions de conseil se fait selon plusieurs méthodes : 2.3.1 – La vacation : La rémunération de missions ponctuelles se fait généralement à la vacation, dont le montant fixe est calculé à partir d’un coût horaire et d’une durée forfaitaire. Le montant des vacations est très variable selon la technicité du conseil, l’expérience et la réputation de l’intervenant. 2.3.2 – Au temps passé : La rémunération au temps passé est utilisée lorsque les deux parties ne peuvent objectivement prédéterminer le temps qui sera nécessaire à l’intervenant pour exécuter correctement sa mission. Dans le cas de mission répétitive la rémunération devient forfaitaire lorsqu’il devient possible de la « modéliser ». L’unité de temps des missions de conseil est alors généralement la journée, voire la demi-journée. Les tarifs à la journée varient de 550 € ht/j. à 1.500 € ht/j. suivant les spécialistes missionnés (niveau de responsabilité, expérience). 2.3.3 - Le pourcentage : La méthode du pourcentage s’applique aux travaux mis à l’étude et/ou réalisés ; Le pourcentage du montant des travaux varie selon le montant et la complexité des travaux ainsi que selon le type de mission ; les fourchettes de rémunération communément observées sont les suivantes : AMO : 3-4% MOD : 5-6% MOE : 6-9% CG: 15-20% BC : 0,6 - 1,2 % CSPS : au temps passé, aligné sur la durée du chantier (de 600 € à 900 € ht/mois + 1.000 à 3.000 € de dossiers préliminaires) Assurances (en % sur le montant des travaux) : RC maîtrise d’ouvrage : 1% Dommage-Ouvrage : 1,5% Tous risques chantiers : 1,5% 2.3.4 - Le forfait : Lorsque le budget estimatif global des travaux est arrêté par le maître d’ouvrage dans le cadre du dossier d’Avant-Projet Définitif – APD –, alors la rémunération calculée à partir du pourcentage peut devenir, suivant l’accord des parties, un montant forfaitaire. Il restera fixe jusqu’à la fin du dossier, quelles que soient les variations du coût des travaux. Si, à la demande du maître d’ouvrage, la nature ou le volume des travaux change en cours d’opération alors le forfait est revu sur la base du pourcentage d’origine appliqué au budget des travaux complémentaires. Mener un projet immobilier d’entreprise 66 3. Coût d’occupation annuel La recherche de la rationalisation du poste immobilier implique de raisonner parfois en termes de coût par m² mais souvent, la définition du coût par poste de travail est plus représentative des situations de travail. Le coût d’occupation comprend le loyer les taxes, les charges au bâtiment ainsi que les charges d’exploitation. Le loyer est le poste le plus important. 3.1 – Descriptif des charges d’exploitation d’un immeuble FLUIDES Eau, eau incendie, électricité (services généraux), production de froid (groupes froids), production de chaud (chauffage urbain, gaz, fuel) FRAIS DE FONCTIONNEMENT Entretien autocommutateur, téléphone et services généraux, maintenance informatique ASSURANCES Ce poste de charges voit ses coûts varier en fonction de la nature et de la taille des immeubles ainsi que des garanties souscrites MAINTENANCE ET SERVICES SOUS CONTRAT Ascenseurs et monte charges, nettoyage des parties communes, accueil et sûreté, espaces verts, décoration florale, contrôles réglementaires, analyses de la qualité de l’air et de l’eau, traitement des déchets, dératisation MULTITECHNIQUE (sous contrat) Maintenance technique (électricité, CVC), plomberie, Gestion Technique Centralisée, détection incendie, fosse de relevage, GMAO, onduleur, groupe électrogène, groupe froid, nacelle, contrôle d’accès, extincteurs châssis de désenfumage, entretien terrasse et toiture MAINTENANCE HORS CONTRAT Fournitures techniques diverses, travaux de maintenance et de réparation SECURITE Agents de sécurité TAXES FONCIERE ET SUR LES BUREAUX HONORAIRES DE GESTION AMORTISSEMENTS IMMOBILIERS Sont inclus les amortissements liés aux travaux d’aménagement second œuvre, sur les lots techniques, sur le mobilier (si inclus en investissement), sur les biens informatiques La durée d’amortissement est variable en fonction des biens. La moyenne est de 10 ans en linéaire. 3.2 – Synthèse des coûts d’occupation par m² En moyenne la répartition des coûts par m² est la suivante (source ARSEG), selon un panel d’établissements se situant a 69% en région parisienne Charges liées au bâtiment (loyer – taxe – assurance) 386 par m² Charges d’exploitation du bâtiment (entretien – maintenance - fluides -propreté) 88 € par m² Mener un projet immobilier d’entreprise 67 Fournitures de services (accueil - restauration - archivage - courrier - déménagement) 73 € par m²