Le ciel existe pour de vrai

Transcription

Le ciel existe pour de vrai
Extrait du livre
Le Ciel existe pour de vrai :
l'histoire étonnante de l'aller-retour au ciel d'un
petit garçon
pages 124 à 127
Un soir d’octobre, j’étais assis à la table de
cuisine, en train de travailler à un sermon. Sonja était tout
à côté dans le salon, à travailler aux livres de l’entreprise,
à traiter les bons de travail et à trier les factures devant
être payées. Cassie jouait à la Barbie à ses pieds. J’ai
entendu les pas feutrés de Colton dans le corridor et je
l’ai entrevu tandis qu’il contournait le canapé pour se planter directement en
face de Sonja.
« Maman, j’ai deux sœurs », a déclaré Colton.
J’ai déposé mon stylo. Sonja ne l’a pas fait. Elle a continué de travailler.
Colton s’est répété, « Maman, j’ai deux sœurs »
Sonja a alors levé les yeux de sa paperasserie et a légèrement secoué la
tête. « Non, tu as ta sœur, Cassie, et…. tu veux dire ta cousine, Traci ? »
« Non » a dit sèchement Colton en insistant délibérément sur le mot.
« J’ai deux sœurs, Y’a un bébé qui est mort dans ton ventre, hein ? »
A l’instant même, le temps s’est arrêté au domicile des Burpo et Sonja a
écarquillé les yeux. A peine quelques secondes plus tôt, Colton avait tenté en
vain de capter l’attention de sa mère. Je pouvais toutefois voir même depuis la
table de la cusine qui’il avait maintenant toute son attention.
« Qui t’a dit qu’un bébé était mort dans mon ventre ? » lui a demandé
Sonja, d’un ton de voix sérieux.
« C’est elle qui me l’a dit, maman. Elle m’a dit qu’elle est morte dans
ton ventre. »
Puis Colton a tourné les talons et a commencé à s’en aller. Il avait dit ce
qu’il avait à dire et il était prêt à passer à autre chose. Après la bombe qu’il
venait de lâcher, il ne se rendait pas compte que sa mère ne faisait cependant que
commencer à discuter. Avant que notre fils ait le temps de contourner le canapé,
la voix de Sonja a retenti comme une sirène d’alarme. « Colton Todd Burpo,
reviens ici tout de suite ! »
Colton a fait volte-face et son regard a croisé le mien. Sur son visage, je
pouvais lire : « Mais qu’est-ce que j’ai fait ? »
Je savais ce que ma femme devait ressentir. La perte de ce bébé était
l’événement le plus pénible de sa vie. Nous l’avions expliqué à Cassie, car elle
était plus vieille. Nous n’en avions cependant rien dit à Colton, jugeant le sujet
un peu trop difficile à comprendre pour un enfnat de quatre ans. Depuis la table,
j’ai observé la scène en silence tandis que des émotions se bousculaient sur le
visage de Sonja.
Légèrement nerveux, Colton a piteusement contourné de nouveau le
canapé et est retourné se placer devant sa mère, mais cette fois en arborant un air
beaucoup moins sûr de lui. « C’est beau, maman, a-t-il dit. Elle va bien. Dieu l’a
adoptée. »
Sonja alors s’est laissé glisser du canapé pour s’agenouiller devant
Colton de manière à le regarder droit dans les yeux. « Tu veux dire que Jésus l’a
adoptée ? » lui a-t-elle demandé.
« Non, maman. Son Papa ! »
Sonja s’est tournée et m’a regardé. A l’instant même, m’a-t-elle dit par la
suite, elle a cherché à garder son sang-froid, mais elle se sentait boulversée.
Notre bébé…. était – est ! une fille, s’est-elle dit.
Sonja s’est concentrée sur Colton, et j’entendais les efforts qu’elle faisait
pour maîtriser sa voix. « Dis-moi, à quoi ressemblait-elle ? »
« Elle ressemblait beaucoup à Cassie, a répondu Colton. Elle est juste un
petit peu plus petite et elle a les cheveux foncés. »
Les cheveux foncés de Sonja.
Sous mon regard, un mélange de douleur et de joie a traversé le visage
de ma femme. Cassie et Colton ont hérité de mes cheveux blonds. Elle s’en était
d’ailleurs plainte à la blague par le passé : « C’est moi qui porte ces enfants
pendant neuf mois, et ils sortent tous les deux te ressemblant ! » Et nous avions
maintenant un enfant qui lui ressemblait. Une fille. C’est alors que j’ai vu le
premier soupçon de larmes dans les yeux de ma femme.
Colton poursuivait maintenant sans avoir à se le faire demander. « Au
ciel, une petite fille est venue me voir en courant, et elle arrêtait pas de me serrer
dans ses bras », a-t-il ajouté d’un ton de voix qui indiquait clairement qu’il
n’avait pas aimé qu’une fille agisse ainsi envers lui.
« Peut-être qu’elle était simplement heureuse que quelqu’un de sa
famille soit là, a suggéré Sonja. Les filles serrent les autres dans leurs bras.
Quand elles sont heureuses, c’est ce qu’elles font. »
Colton ne semblait pas convaincu.
Son regard s’étant illuminé, Sonja a demandé : « Comment s’appelaitelle ? Quel était le nom de la petite fille ? »
Colton a semblé oublier toutes les accolades désagréables propres aux
filles pendant un moment. « Elle a pas de nom. Vous lui en avez pas donné. »
Comment pouvait-il le savoir ?
« Tu as raison, Colton, lui a dit Sonja. Nous ne savions même pas que
c’était une fille. »
Puis Colton a dit quelque chose qui me retentit encore dans les oreilles :
« Ouais, elle a dit qu’elle a très hâte de vous voir au ciel toi et papa. »
Depuis la table de cuisine, je pouvais voir que Sonja parvenait à peine à
se contenir. Elle a embrassé Colton et lui a dit qu’il pouvait aller jouer. Et une
fois qu’il a eu quitté la pièce, des larmes ont ruisselé sur les joues de Sonja.
« Notre bébé va bien, a-t-elle murmuré. Notre bébé va bien »
Dès lors, la blessure que nous avait causée l’un des épisodes les plus
douloureux de notre vie, la perte d’un enfant que nous avions tant désiré, a
commencé à guérir. Pour moi, la perte de cet enfant avait été un coup terrible.
Sonja m’avait toutefois dit que, pour elle, cette fausse-couche lui avait non
seulement marqué le cœur du sceau de la mort, mais encore elle avait représenté
à ses yeux un genre d’échec personnel.
« Tu fais toutes les bonnes choses, tu manges toutes les bonnes choses et
tu prie pour la santé du bébé, mais ce petit bébé meurt quand même en toi,
m’avait-elle dit un jour. Je me sens coupable. Je sais bien que ce n’était pas de
ma faute, mais je vis malgré tout avec cette culpabilité. »
Nous voulions croire que notre enfant à naître était allé au ciel. Même si
la Bible ne dit pas grand-chose à ce sujet, nous l’avions accepté par la foi.
Maintenant, nous avions cependant un témoin oculaire : une fille que nous
n’avions jamais connue nous attendait impatiemment dans l’éternité. Dès lors,
Sonja et moi avons commencé à nous taquiner pour savoir qui irait au ciel en
premier. Elle avait plusieurs raisons d’avoir toujours voulu survivre à mon
décès. Entre autres choses, la femme d’un pasteur doit supporter d’être souvent
citée en exemple dans les sermons. Si je mourais le premier, m’a-t-elle toujours
dit, elle aurait enfin la possibilité de raconter à la congrégation toutes ses
anecdotes à mon sujet.
Toutefois, Sonja avait maintenant une raison de vouloir aller au ciel la
première. Lorsqu’elle portait l’enfant que nous avons perdu, nous avions choisi
un nom de garçon – Colton -, mais nous n’étions jamais parvenus à nous
entendre sur le choix du nom d’une petite fille. J’aimais Kelsey, elle aimait
Caitlin, et ni l’un ni l’autre n’était prêt à capituler.
Cependant, maintenant que nous savons que notre petite fille n’a pas
encore de nom, nous nous disons constamment l’un à l’autre : « C’est moi qui
vais arriver au ciel en premier et qui vais lui donner un nom ! »
Le Ciel existe pour de vrai, Todd Burpo et Lynn Vincent, Editions
du Trésor Caché, 192 pages