Jean-François Boudet ou la passion à son paroxysme

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Laurent Michelet
TOPMODEL
Jean-François Boudet
ou la passion
à son paroxysme !
Parmi les sociétés de distribution du modélisme en
France, il en est une, Topmodel, qui se distingue de
toutes les autres, pour deux raisons principales :
– Tout d’abord, elle a été fondée par un véritable
passionné, qui a atteint le Saint Graal d’une carrière
aéronautique en devenant pilote de chasse, mais qui
n’a pour autant jamais dédaigné le loisir qui lui a ouvert les portes de l’azur…
– Ensuite, à l’heure actuelle, elle est l’une des très
rares (sinon la seule) société distribuant des modèles réduits ARTF, certes construits en Asie, mais
pour beaucoup d’entre eux conçus en France, par
Jean-François Boudet lui-même ou en collaboration
avec des « pointures » de leurs spécialités respectives…
Bref, soyez-en convaincus : Topmodel est une pépite rare dans le monde du modélisme hexagonal.
Ensemble, nous allons brièvement retracer son histoire…
Le ciel
pour seule limite
SEPT11
084
Né en 1962 dans le Rouergue, le
jeune Jean-François Boudet est ce
que l’on peut appeler un “modéliste
spontané”, dans la mesure où ce loisir n’est pas pratiqué dans son entourage.
Mais la passion pour l’aviation est
déjà là, innée, et dès l’âge de 8/9
ans, il se débrouille pour se faire offrir un premier modèle, un P40 Cox
à moteur 0,8 cc de vol circulaire,
spécialité qu’il pratiquera assidument ensuite avec un Immelmann
doté d’un Webra 1,5 cc Diesel,
acheté par correspondance (déjà) à
la Source des Inventions à Paris.
Puis ce furent les Sioux et autres
machines de voltige de l’époque,
toujours en vol circulaire…
Un peu plus tard, vers 1975, dès
que son argent de poche le lui permettra, il s’achètera une première
radio, une Lextronic 3 voies, qu’il
remplacera bien vite par une
Futaba, achetée chez Claude Kieffer
(Model Service). Son premier avion
RC fut un Taxi Graupner, construit
de A à Z à partir du plan, n’ayant
pas les moyens à l’époque de
s’acheter le kit (eh oui, en ces
temps là, il était plus économique
de construire que d’acheter un kit
ARTF… qui de toute manière n’existait pas ;o).
Puis ce furent les Affreux Jojo,
Razmot, puis les planeurs (Cirrus
3 m, Ridge Racer…) avec lesquels
Jean-François dit avoir vraiment dé-
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couvert les subtilités du pilotage, lui
qui a tout appris tout seul, avec un
acharnement qui force déjà l’admiration, alignant les heures de pilotage, été comme hiver, allant
jusqu’à déblayer seul la piste enneigée si besoin en était pour voler
et voler encore…
Son penchant pour les planeurs
l’amène sur la pente de Panat, près
de Rodez, il n’a que 15 ans. A
17 ans, il se rend pour la première
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fois à la fameuse rencontre de vol
de pente de la Banne d’Ordanche,
en moto s’il vous plaît !
Emerveillement devant les réalisations et le pilotage inoubliable des
Allemands Eugen Helle et Elmut
Muller, devant le SB11 de Bernard
Dollé… Il y retournera en 1980 avec
un Flamingo Multiplex et participe
à son premier concours durée-précision…
Une carrière
aéronautique
“brisée”…
Parallèlement à cette passion dévorante pour le modélisme, JeanFrançois nourrit également l’espoir
d’être pilote un jour.
Malgré ses faibles moyens, il s’inscrit dans l’aéroclub local, et sera lâché sur Jodel D112 (un avion à train
classique) en seulement 5 h 11 minutes !!! Un vrai record qui démontre toute l’étendue de son “sens de
l’air”… Dès lors, il n’a plus qu’un
but : être pilote de ligne.
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Ne disposant pas des moyens permettant d’accéder à une formation
privée pour y parvenir, il choisira la
seule option qui s’offre à lui : une
carrière courte dans l’Armée de l’Air,
bien qu’il ne goûte pas particulièrement la chose militaire...
Bac, prépa, puis à 19 ans c’est l’admission à la sélection des pilotes de
chasse. A force de volonté et parce
qu’il est doué (on sait à quel point
cette sélection est difficile et demande un moral d’acier), il sera
“macaronné” en décembre 1983.
S’ensuit une carrière qui le verra
passer par l’école des moniteurs sur
Fouga Magister durant 6 mois, puis
instructeur sur cette machine durant 2 ans et demi avant de retourner pour 3 mois en école de chasse
à Cazaux pour se former sur
AlphaJet, et enfin voler sur Mirage
F1 à partir de fin 87.
Entre temps, il passe son brevet
planeur à Cambrai et est parmi les
premiers à réaliser un circuit de
400 km dans le nord de la France.
Il terminera sa carrière en tant que
Chef de Patrouille à Djibouti en 92
après avoir volé 5 ans et
1 300 heures sur F1, quittant
l’Armée de l’Air à ce moment-là en
désaccord avec une mutation à
Solenzara, et parce que la carrière
de pilote de ligne semble lui tendre
les bras…
De 92 à 94, il investit donc toutes
ses économies dans des formations
théoriques et pratiques (1 an de
cours à l’ENAC après avoir réussi le
concours d’entrée + heures de vol
IFR +FPC sur Beech 200 King Air),
nécessaires à l’embauche dans une
compagnie aérienne… soit la somme
rondelette de 500 000 F (76 000 €
environ)…
Hélas, à cette époque les compagnies aériennes connaissent une
grave crise et ne recrutent plus.
Malgré plusieurs centaines de CV
envoyés, c’est alors une longue période de chômage qui s’étendra sur
deux ans, avec une famille à nourrir…
Complètement dégoûté du monde
aéronautique (à tel point qu’il ne pilotera plus durant 13 longues années, avant de reprendre les
manches d’un ULM en 2008), JeanFrançois va alors revenir vers son
premier amour, l’aéromodélisme…
La saga
Topmodel
Retourné dans son fief familial de
Villefranche-de-Rouergue, c’est
donc sans gros moyens financiers
qu’il lancera seul Topmodel début 1994.
Dès l’origine, la volonté est de faire
un magasin différent des autres, qui
s’intéresse à des produits plus exotiques, moins “grand public”, plus
haut de gamme ; un magasin
pour modélistes exigeants, en
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quelque sorte. Suite aux articles de Guy Revel qui paraissent dans la presse à ce moment-là,
Jean-François s’intéresse aussitôt
aux artisans tchèques et lui, le perfectionniste, apprécie la qualité de
leurs productions. Il importera
d’abord les planeurs à fuselage fibre et ailes entoilées de Karel
Vagenknecht. A l’époqu, c’est très
nouveau, un tel degré de préfabrication !
Puis JR Models, PG Gerasis, Bengii,
entre autres, suivront…
Dès le début, Topmodel se singularise donc par sa gamme unique de
kits importés, intégralement ARTF.
En 95/96, la gamme s’étend aux
motorisations avec MVVS, ZDZ et
Mega…
A partir de 1997, Topmodel acquiert
d’ailleurs une très grande compétence dans le domaine du vol électrique, avec la collaboration de
Lionel Mlinaric et Jean-Luc Boehm
qui multiplient les essais et les appairages d’éléments disparates. En
volant avec eux, Jean-François apprendra beaucoup.
1999 est une date importante pour
Topmodel, avec l’apparition du
Diablotin, dessiné par Stephan
Laurens. C’est un “FunFly” ARTF à
fuselage en volume qui va rencontrer un succès énorme. A la portée
de débutants peu expérimentés, il
est capable de choses incroyables
aux mains de bons pilotes, comme
le démontreront les fameuses
Coupes des Diablotins de 1999 et
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2000. JR Models, son constructeur
(Topmodel ne disposant pas encore
de ses propres marques), en vendra plusieurs milliers dans le monde
entier. Un véritable tournant.
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A la mi 2005, apparition du premier
En 2000, c’est la révolution “brushchargeur parallèle dédié aux Lipos
less” et Topmodel, qui s’est tout de
Xpower, évitant le déséquilibre des
suite impliqué à fond dans ce dopacks. Vendu 49,90 €, ce sera un
maine, en récolte les fruits.
énorme succès, avec plus de 6300
En 2004, autre révolution dans le
exemplaires vendus (il est d’ailleurs
monde du vol électrique : l’apparitoujours disponible).
tion des accus Lipos. Topmodel sera
Depuis, Topmodel est resté à la
parmi les premiers à parier sur cette
pointe de la technique, en vol électechnologie, en important les accus
trique comme ailleurs. L’innovation
Kokam en grande quantité dès le
est ici un maître mot et, pour penmois d’octobre de cette même andre un exemple au hasard, sa dernée.
nière “invention”, les aérofreins à
double lame à moteur intégré, font
un malheur, à tel point qu’ils sont
constamment en rupture de
stock ;o)
150 modèles
exclusifs !
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Mais revenons aux kits par euxmêmes… En effet, même si Top-model est un distributeur “mulicartes”
qui propose aussi bien de grandes
marques comme Graupner que de
petits fabricants de pointe comme
Jeti dans son catalogue, ce qui nous
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intéresse plus particulièrement dans
cet article, c’est ce qui fait sa spécificité, c’est-à-dire sa production
exclusive.
En 2001, Jean-François Boudet décide en effet de monter une structure en République Tchèque afin de
fabriquer sa propre ligne de modèles ARTF en structure conventionnelle et/ou en fibre de verre.
Ainsi nait Topmodel Cz, dont il possèdera 49 % des parts et qui comptera jusqu’à 20 employés. Une cinquantaine de modèles différents
seront produits en 7 ans, tous dessinés par Jean-François “himself”.
Le premier d’entre eux fut un cap
232 “Reebook” de 2,07 m d’envergure, vous vous en souvenez ?
Mais la concurrence asiatique changera la donne quelques années plus
N
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30
W
3
COMPASS
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KNOTS
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12
9
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E
24
Clock
3
6
15
0
WARNING
BEFORE EMERGENC
Y RELEASE
OF CANOPY
IN FLIGHT,
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SEAT AND LOWER
HEAD AS
FAR AS POSSIBLE
SERVICE THIS
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IF NOT AVAILABLE
T.O. 06 - 5 WILL BE CONSULTED
FOR EMERGENCY
ACTION
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6
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15
25 30 35
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30
OIL FUEL20
50
100
10
5
tard, et cette société ne compte
plus aujourd’hui que 10 salariés
(Jean-François Boudet n’en est plus
actionnaire, mais il en reste l’importateur exclusif pour la France).
Fin 2004, début 2005, assez tardi-
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vement en fait, Topmodel décide
donc de se tourner vers l’Asie pour
rester compétitif, et produire les
modèles (toujours exclusifs) qui
manquent à son catalogue, à savoir
des trainers et des avions d’initiation. C’est l’apparition du
Copacobana, fabriqué au Vietnam,
qui sera proposé à 79 € prix public,
un vrai record ! Il s’agit pourtant
d’un ARTF de très grande qualité,
accompagné d’une notice de montage très didactique, sans doute
l’une des meilleurs au monde !
Ces notices richement illus-
SEPT11
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trées restent d’ailleurs l’un des
points forts de toute la production Topmodel.
Mais dès la mi-2006, la pression
commerciale étant ce qu’elle est,
l’entreprise se doit de se tourner
également vers la Chine.
Il est là beaucoup plus difficile
d’identifier des fournisseurs fiables
et d’arriver à pouvoir disposer de
modèles exclusifs, les quantités minimales
demandées
étant
énormes ; c’est pourquoi au début
Topmodel partagera quelques références avec Aeroworks (principalement dans le domaine des modèles
de voltige de grande taille), mais
très vite l’optique redeviendra de
proposer des modèles exclusifs,
conçus par Jean-François Boudet
(qui, au passage, a appris à maîtriser les outils de conception informatique sur le tas) ou quelques autres collaborateurs internes ou
externes.
Il est alors nécessaire de bien différencier les gammes, et Topmodel
lance alors plusieurs marques :
- Topmodel Cz regroupe bien évidemment les modèles fabriqués en
République Tchèque.
- Ecotop regroupe les modèles haut
de gamme fabriqués en Asie, mais
développés en interne.
- X Power est une gamme de produits dédiés au vol électrique (moteurs, chargeurs) dont beaucoup
sont associés à des modèles exclusifs, comme les motorisations des
avions de voltige indoor conçus par
Nicolas Pietu.
- Precision Products est enfin une
gamme de petits kits de modèles
ou d’accessoires à assembler, découpés au laser (micro-planeurs,
pupitres, caisse de terrain…).
A ce jour, ce sont donc plus de
150 modèles qui ont été conçus en
interne, dans toutes les catégories
possibles et inimaginables, du petit
racer électrique (Petit Chelem,
Cavallino…) aux grosses maquettes
hors-normes et introuvables ailleurs
(Beaver, Midour III et dernièrement
Dalotel DM 165 et Spacewalker…)
en passant par les planeurs de performance, maquettes ou de compétition (Vz Max, Grob Twin III Acro,
Discus 2a, j’en passe et des meilleurs…). Sans parler du Mirage F1
en cours de développement… un
projet hors normes pas forcément
très rentable, mais qui dénote en
tous cas une passion intacte !
Quand on demande à Jean-François
Boudet quels sont ses préférés
parmi ses créations, il répond le Cap
232, sa première création perso, le
Vz Max (dont les qualités de vol
sont unanimement reconnues) et la
série des Pilatus PC 6 (1400 vendus
toutes versions confondues), ainsi
que le GEM (quasiment 1000 exemplaires vendus, dont seulement
33 % en France !), motoplaneur
doté de volets de courbure dont une
nouvelle version actualisée est d’ailleurs en cours de préparation…
A l’heure
du choix…
Concept global pour la propulsion électrique de modèles réduits.
Ainsi, la marque XPower propose des avions, planeurs et hélicoptères électriques, des moteurs électriques, des contrôleurs électriques, des packs d’accumulateurs et tous les accessoires nécessaires à la pratique du vol électtrique.
PRECISION PRODUCTS propose des kits de modèles réduits en
bois à contruire de haute précision, découpés par machine à
commande numérique avec découpe par jet laser.
SEPT11
088
ECOTOP propose des kits de modèles réduits presque prêts à
voler dôtés d’un rapport qualité/prix imbattable sur le marché.
Ces kits exclusifs, vous les retrouverez dans les pages du fameux catalogue de 358 pages, véritable bible des ateliers modélistes, et sur
le site web de vente en ligne de la
société (crée en 2000, ce fut l’un
des tout premiers du genre en
France), qui reste une référence
malgré le dramatique piratage de
grande ampleur dont il a fait l’objet
il y a quelque mois (heureusement,
aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre et les failles de sécurité ont été
corrigées).
En résumé, à l’heure actuelle plus
de 80 modèles conçus en interne
sont donc toujours disponibles au
sein de la large gamme distribuée
par Topmodel, soit bien plus que
chez n’importe quel grand nom du
modélisme européen !… Plutôt im-
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pressionnant, non, quand on y
gueur de Jean-François Boudet n’est
pense ! Personnellement, je dois le
pas seulement une légende, et si
dire, cela force mon admiration !…
elle le dessert parfois au niveau de
Alors, au moment de craquer pour
ses relations commerciales, elle ne
un nouveau kit, plutôt que de choipeut qu’être une qualité appréciée
sir un modèle sans âme, parfois
au niveau du suivi de la qualité de
conçu et fabriqué au cœur de l’Asie
ses productions).
par quelqu’un qui n’a qu’une vague
Quoi qu’il en soit, tous ces kits
idée de ce qu’est vraiment un avion, Topmodel ont une valeur ajoutée
pourquoi ne pas opter pour un kit
inestimable : celle d’être l’expresimaginé et conçu en France ? Non
sion d’une compétence indiscutable,
seulement ce n’est pas plus cher,
doublée d’une passion portée à son
bien souvent, mais en plus c’est à
paroxysme... Et cela devient tellecoup sûr un gage de sérieux (la riment rare, de nos jours !
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