RAPPORT DE LA PREMIÈRE ÉDITION DU FORUM INTERNATIONAL SUR LA PAIX
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RAPPORT DE LA PREMIÈRE ÉDITION DU FORUM INTERNATIONAL SUR LA PAIX
www.dakarforum.org RAPPORT DE LA PREMIÈRE ÉDITION DU FORUM INTERNATIONAL SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE Dakar, Sénégal 15 -16 décembre 2014 © FRS – Paris, mai 2015 Premier Forum International sur la Paix et la Sécurite en Afrique 15-16 décembre 2014 – Dakar, Sénégal www.dakarforum.org RAPPORT DE LA PREMIÈRE ÉDITION DU FORUM INTERNATIONAL SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE Dakar, Sénégal 15 -16 décembre 2014 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Sommaire Avant-propos de Mankeur Ndiaye5 Le mot de Jean-Yves le drian7 Préface9 Le programme du Forum13 LA CÉRÉMONIE D’OUVERTURE 21 SYNTHÈSES DES SÉANCES PLÉNIÈRES La première séance plénière 33 34 Paix et sécurité en Afrique : menaces partagées et visions communes, solutions africaines et réponses internationales La deuxième séance plénière 37 Gestion des crises : pour une vision commune des menaces La troisième séance plénière 41 Mieux anticiper, mieux prévenir LES ATELIERS THÉMATIQUES Session I Gestion des crises : pour une vision commune des menaces 45 49 • Atelier 1 : Lutte contre le terrorisme et prévention de la radicalisation • Atelier 2 : Sûreté et sécurité maritime • Atelier 3 : Quelle réponse aux crises sanitaires ? • Atelier 4 : Territoire et frontières • Atelier 5 : La menace des trafics: dissémination des armes et criminalité organisée Session II Quelles réponses aux crises ? 61 • Atelier 6 : Solutions africaines • Atelier 7: Nations unies/Union africaine: quelles synergies? • Atelier 8 : Financements et pérennisation des efforts militaires de réponses aux crises • Atelier 9 : Réponses militaires, réponses civiles aux crises • Atelier 10 : Environnement sécuritaire et développement économique LE PANEL DE CLÔTURE Quelles priorités pour renforcer la paix et la sécurité en Afrique ? Les synthèses des ateliers Le débat 75 76 104 conclusion de macky sall 120 Le mot de la fin de Cheikh Tidiane Gadio123 LE FORUM DE DAKAR 2014 Les partenaires Les organisateurs Dakar dans la presse Dakar en ligne Liste des participants 125 133 135 138 141 Rappo rt du prem i er foru m inte rnational sur la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que L’avant-propos de Mankeur Ndiaye Mankeur Ndiaye Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur La Paix et la sécurité sont aujourd’hui une priorité essentielle pour l’Afrique. La nouvelle donne stratégique à laquelle l’Afrique est aujourd’hui confrontée exige une mobilisation intellectuelle et politique à la hauteur des défis que nos pays doivent relever pour mieux garantir leur développement et la consolidation de leurs démocraties. Nos États, nos organisations régionales, l’Union africaine ont pleinement conscience de la gravité et de l’importance de ces enjeux, et sont activement engagés dans l’élaboration et la mise en œuvre de réponses appropriées. La Paix et la sécurité sont au cœur de l’agenda politique africain. En proposant, lors du Sommet de l’Élysée sur la Paix et la sécurité en Afrique de décembre 2013, d’organiser à Dakar en 2014 le premier Forum international informel sur ce sujet prioritaire, mais difficile tant il est complexe, le Président Macky Sall a voulu donner une dimension nouvelle à cette mobilisation nécessaire des Africains et de leurs partenaires. 5 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Créer un espace libre de réflexion et de discussion, rassembler tous les acteurs concernés par la sécurité de l’Afrique, stimuler et développer une pensée stratégique africaine susceptible d’enrichir l’action des dirigeants et des institutions africaines : telles étaient les ambitions assignées à cette initiative novatrice. Le premier Forum international sur la Paix et la sécurité en Afrique s’est tenu dans la capitale sénégalaise les 15 et 16 décembre 2014. La démarche du Président Macky Sall a été comprise, et son appel a été entendu. Cette première édition du Forum de Dakar a été, de l’avis unanime des très nombreux participants venus du monde entier, un réel succès. Les sujets les plus sensibles et les plus complexes ont fait l’objet de discussions franches et riches : le terrorisme et la lutte contre la radicalisation, la criminalité organisée, la gestion des crises, la rénovation des systèmes de sécurité, les responsabilités africaines et celles des partenaires internationaux, les difficultés à surmonter pour permettre aux Africains de jouer légitimement et efficacement leur rôle propre… Cette mobilisation africaine que le Sénégal a voulu susciter, et qui a été encouragée et soutenue par la France et par les autres partenaires internationaux qui se sont impliqués dans la tenue de ce Forum, doit se poursuivre et se développer. À l’issue de ce premier Forum, le Président Macky Sall s’y est engagé. Il a ainsi déclaré dans son discours de clôture : « Nos tâches sont à la fois urgentes et complexes, mais j’espère que par les réflexions et propositions diverses qu’il aura suscités, le Forum de Dakar aura contribué à l’émergence d’une conscience collective sur la nécessité de forger ensemble les fondements durables de notre stratégie commune face à des menaces communes. Je souhaite par conséquent, tenant compte du succès qu’a connu cette première édition, que le Forum de Dakar s’établisse sur une base pérenne, comme plateforme annuelle de concertation sur ces défis de notre temps. Je vous donne donc rendez-vous l’année prochaine… ». Nous nous retrouverons donc à Dakar pour la deuxième édition du Forum international sur la Paix et la sécurité en Afrique. J’adresse mes plus sincères remerciements à tous ceux qui auront contribué au succès de cet évènement. 6 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e le mot de jean-yves le drian Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, France Avec de nombreux autres, je partage depuis longtemps la conviction que la plupart des défis du XXIe siècle, notamment en matière de sécurité, vont se jouer en Afrique. Mon expérience de ces dernières années, comme ministre de la Défense de la France, me conforte en ce sens. De fait, la sécurité du continent africain n’a jamais été aussi centrale dans l’agenda de la communauté internationale. Il manquait pourtant à l’Afrique un espace de réflexions et de rencontres comparable à ceux qui existent depuis de nombreuses années pour d’autres continents, celui d’un forum informel permettant à des acteurs gouvernementaux, des responsables militaires, mais aussi des chercheurs et des chefs d’entreprises, de croiser leurs regards, de mettre en commun leurs analyses et de contribuer à l’élaboration de solutions partagées. 7 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Voilà pourquoi, lorsque l’idée en a été lancée lors du Sommet de l’Elysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique, en décembre 2013, la France a fermement soutenu cette initiative. Grâce à la détermination du Sénégal et à l’implication personnelle du président Macky Sall, cette initiative a pu se concrétiser. Le premier Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s’est tenu les 14 et 15 décembre derniers, et le succès qu’il a rencontré dépasse même les attentes que nous pouvions avoir pour une première édition. Je tiens aussi à saluer la contribution importante de l’Union africaine pour la réussite de ce Forum, elle qui est désormais un acteur central de la gestion des crises en Afrique. Le soutien d’acteurs privés et de partenaires internationaux comme le Japon et les Pays-Bas a également été déterminant. Que tous en soient remerciés. La tenue de cet événement a marqué une étape supplémentaire dans l’appropriation par l’Afrique de ses propres enjeux de sécurité et dans la constitution d’une véritable communauté de défense et de sécurité africaine. Elle a illustré la mobilisation du continent pour développer une vision commune des menaces, comme des réponses à y apporter. Par son ampleur (plus de 300 participants, une quarantaine de pays dont 30 États africains représentés) mais aussi son niveau (quatre chefs d’État en exercice et un ancien chef d’État pour le panel de clôture), la qualité de la participation à ce premier Forum a frappé les esprits. Je retiendrai également la richesse, la liberté de ton et le dynamisme des débats sur des enjeux aussi cruciaux que le terrorisme, la piraterie, la sécurité sanitaire ou encore la coordination de l’aide internationale. Toutes ces dimensions ont contribué à faire du Forum de Dakar l’un des grands événements internationaux de l’année 2014. Pour la France, ce Forum a représenté une opportunité unique pour approfondir le partenariat que nous développons avec l’Afrique et dont l’opération Barkhane, qui a pris le relais de l’opération Serval, est l’une des illustrations les plus concrètes. La France continuera à apporter son soutien à l’Afrique pour l’aider à assurer sa propre sécurité, appuyer la mise en place de capacités nationales et encourager la coopération régionale. Je suis convaincu que le Forum de Dakar peut s’affirmer comme l’instrument de pensée stratégique dont l’Afrique a besoin, en complément des efforts menés par l’Union africaine et les organisations sous-régionales africaines. À ce titre, je me réjouis de l’annonce faite par le président Macky Sall de la tenue d’une nouvelle édition en 2015. Une nouvelle fois, la France sera au rendez-vous pour faire vivre cet événement et renforcer ainsi notre mobilisation collective en faveur de la sécurité en Afrique. 8 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e préface Cheikh Tidiane Gadio Ancien Ministre d’État, Président de l’institut Panafricain de Stratégies Président du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique Camille Grand Directeur de la Fondation pour la recherche stratégique Vice-président du Forum International de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique Un dialogue stratégique sur la paix et la sécurité en Afrique Du 14 au 16 décembre 2014, se tenait le premier Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique. Lancée par le Sénégal avec le soutien de la France lors du Sommet de l’Élysée un an plus tôt, cette initiative portée par deux think tanks (Institut panafricain de stratégies et Fondation pour la recherche stratégique, avec le soutien de la Compagnie européenne d’intelligence stratégique) a permis de rassembler plus de 300 participants venus de 47 pays africains et extérieurs au continent pour deux journées d’intenses débats mêlant des officiels civils et militaires de haut niveau (dont 4 chefs d’États et 32 ministres), des représentants d’organisations internationales et régionales et la société civile. Le Forum de Dakar a également été une occasion rare de rassembler pour un dialogue informel très franc et très direct la communauté des responsables et des experts des questions de paix et de sécurité venus de 30 pays africains, d’une dizaine d’organisations internationales et des représentants de haut niveau de nombreux contributeurs extérieurs à l’Afrique dont les États-Unis, la Chine, le Japon, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Espagne, la Norvège ou la Suisse, mais aussi de nombreux responsables et experts issus de la société civile (think tanks, universités, ONG, presse et entreprises). À l’occasion de la publication des actes de ce premier Forum, il est possible d’en tirer quelques premiers enseignements. 9 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que En premier lieu et en complément des efforts de l’Union africaine, le Forum a d’abord été l’occasion d’un véritable dialogue stratégique informel permettant aux acteurs, à commencer par les Africains eux-mêmes, issus de toutes les régions et sous-régions du continent, de confronter en toute liberté leurs points de vue et d’échanger à la fois sur les risques et menaces pesant sur le continent et sur les solutions régionales et internationales. Il a ainsi contribué à l’émergence d’une culture stratégique partagée permettant de tirer les enseignements des crises actuelles ou passées. En deuxième lieu, il a permis de constater à quel point les grands défis sécuritaires méritaient de dépasser les approches sous-régionales pour permettre une meilleure compréhension et le développement de solutions partagées. Ainsi, les défis du terrorisme et du radicalisme religieux ne sont pas propres à la bande sahélosaharienne, mais affectent tout autant le nord-est du Nigeria ou la Corne de l’Afrique. Ou encore, la question de la sécurité maritime, longtemps perçue comme propre à l’océan Indien, est-elle devenue une question qui touche autant, sinon davantage, le Golfe de Guinée. Il en va de même pour les crises sanitaires, comme l’épidémie Ebola, qui ne sauraient être résolues comme des crises affectant un ou quelques États. Même quand les débats ont fait apparaître des divergences d’analyse comme sur la crise libyenne, ils ont permis une meilleure compréhension des positions et des préoccupations de chacun. Enfin, le Forum a montré combien il était utile de favoriser le dialogue entre les acteurs clefs comme l’Union africaine, les Nations unies, l’Union européenne ou les communautés régionales, les États africains et les partenaires extérieures impliquées dans la gestion des crises. Alors qu’aucun de ces acteurs n’est en mesure de répondre seul aux défis sécuritaires, une étroite coopération respectant les responsabilités de chacun est donc plus que jamais nécessaire. De même, l’apport des experts issus des think tanks, des ONG ou des entreprises a parfois conduit les responsables civils et militaires des États et des organisations internationales à renouveler leurs lectures ou leurs approches. Les organisateurs souhaitent exprimer leurs plus vifs remerciements au Président Macky Sall et aux autorités sénégalaises, à l’Union africaine ainsi qu’au ministère de la Défense français et à Jean-Yves Le Drian. Leur présence et leur engagement sans faille ont permis au Forum de Dakar de voir le jour et de rencontrer un succès exceptionnel pour une première édition. Leur soutien ainsi que celui des gouvernements japonais et néerlandais, de la Banque africaine de développement, de l’Open Society Foundation, du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique (CSFRS) et de nombreuses entreprises ont ainsi permis de tenir la première conférence régionale de ce niveau en Afrique, sur le modèle d’autres évènements comme la Conférence de Munich, le Shangri-La Dialogue ou le Forum d’Halifax. Alors que l’Afrique connaît un développement sans précédent et compte certaines des économies les plus dynamiques du monde, la réponse commune aux menaces sécuritaires est un impératif. La volonté exprimée par le Président Macky Sall de réunir à nouveau le Forum à Dakar, comme les retours enthousiastes de nombreux participants issus d’horizons très divers, a montré combien la poursuite de ce dialogue était attendue. 10 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e 11 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 12 le programme du forum Dimanche 14 décembre 2014 Hôtel Radisson Blu Lundi 15 décembre 2014 Hôtel King Fahd Mardi 16 décembre 2014 Hôtel King Fahd Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Dimanche 14 décembre 2014 Hôtel Radisson Blu À partir de 19h00 Cocktail de bienvenue pour l’ensemble des participants offert par le secteur privé africain Mot de bienvenue de Augustin Tine, Ministre des Forces armées, au nom des autorités sénégalaises Allocution de Strive Massiyiwa, Fondateur et Président d’Econet Wireless et de Pierre Goudiaby, Ingénieur-architecte, Atepa Technologies Animation musicale : Ismaël Lô Lundi 15 décembre 2014 Hôtel King Fahd À partir de 8h30 Accueil des participants 9h30 - 10h30 Cérémonie d’ouverture Allocution de Smaïl Chergui, Commissaire à la Paix et à la Sécurité, Union africaine Allocution de Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, France Discours d’ouverture de SEM Mahammed Boun Abdallah Dionne, Premier Ministre du Sénégal 10h30 – 12h30 Première séance plénière Paix et sécurité en Afrique : menaces partagées et visions communes, solutions africaines et réponses internationales Président : Augustin Tine, Ministre des Forces armées, Sénégal Intervenants : Olusegun Obasanjo, Ancien Président de la République fédérale du Nigeria, président de la Fondation Obsanjo Amanda Dory, Sous-secrétaire adjointe à la Défense (Affaires africaines), États-Unis Hiroute Guebre Sellassie, Envoyée spéciale du Secrétaire Général pour le Sahel, Nations unies Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint en charge du département des opérations de maintien de la paix, Nations unies Zhong Jianhua, Envoyé spécial pour l’Afrique, Chine 12h30 – 13h30 Seconde séance plénière Gestion des crises : pour une vision commune des menaces Co‐présidents : Cheikh Tidiane Gadio, Président, Institut panafricain de stratégies et Camille Grand, Directeur, Fondation pour la recherche stratégique Intervenants : Jakkie Cilliers, Directeur Général, Institute for Security Studies Jean-Marie Guéhenno, Président, International Crisis Group Haile Menkerios, Envoyé spécial du Secrétaire Général, Représentant spécial auprès de l’Union africaine et pour le Soudan et le Soudan du Sud, Nations unies Général Mamadou Mansour Seck, ancien Chef d’état-major général des armées, Sénégal 13h30 – 14h30 Déjeuner 14 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e 14h30 – 18h30 Ateliers • Gestion des crises : pour une vision commune des menaces 14h30 – 16h15 Atelier 1 – Lutte contre le terrorisme et prévention de la radicalisation Président : Saïd Djinnit, Envoyé spécial du Secrétaire Général pour la région des Grands Lacs, Nations unies Intervenants : Francesco Madeira, Envoyé spécial pour la coopération antiterroriste du Président de la Commission, Union africaine Chen Weixiong, Directeur exécutif adjoint, Comité contre le terrorisme, Nations unies Bakary Sambé, Directeur de l’Observatoire sur le radicalisme religieux, Université Gaston-Berger, Sénégal Mohamed Salah Omar, Analyste, Sahan Research Discutants : Ahmed Rufai Abubakar, Directeur des Affaires politiques, Bureau pour l’Afrique de l’Ouest, Nations unies Mohamed Benhamou, Président, Centre marocain d’études stratégiques Général Grégoire de Saint Quentin, Commandant des opérations spéciales, France Gilles Yabi, économiste et analyste politique, Directeur, Wathi Atelier 2 – Sûreté et sécurité maritimes Président : Pierre Moukoko Mbonjo, Ministre des Relations extérieures, Cameroun Intervenants : Stanislas Baba, Responsable du Sommet de Lomé sur la sécurité maritime, ancien ministre, Togo Patricia Adam, Présidente de la Commission de la défense nationale et des forces armées, Assemblée nationale, France Capitaine de Vaisseau Amadou Sow, expert en sécurité maritime, Sénégal Discutants : Barthélémy Blédé, Chercheur principal, Institute for Security Studies Pierre de Saqui de Sannes, Conseiller institutionnel, CMA-CGM Matt Houngnikpo, Adjoint du Conseiller National de sécurité, Côte d’Ivoire Atelier 3 – Quelle réponse aux crises sanitaires ? Président : Naby Youssouf Bangoura, Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, Guinée‐Conakry Intervenants : Awa Marie Coll Seck, Ministre de la Santé du Sénégal, ancienne directrice ONUSIDA et ONU-Malaria, Nations unies Christophe Martin, Directeur des opérations, Comité International de la Croix Rouge Stéphane Doyon, Directeur régional, Médecins Sans Frontières Discutants : Vincent Foucher, Analyste, International Crisis Group Johnny A. Mc Clain, Ambassadeur du Liberia au Sénégal 16h45 – 18h30 Atelier 4 – Territoires et frontières Président : Ahmedou Ould Abdallah, Président du Centre des Stratégies pour la Sécurité du Sahel Sahara, ancien ministre, Mauritanie Intervenants : Mohamed Anacko, Président de la région d’Adagez, Niger Aicha Belco Maiga, Députée de la région de Tessalit, Mali Hatem Ben Salem, Ancien ministre de l’Éducation, Tunisie Discutants : Tiébilé Dramé, Co-Facilitateur des Accords Inter-maliens de Ouagadougou, ancien ministre des Affaires étrangères, Mali Michel Foucher, Géographe et diplomate, Compagnie Européenne d’Intelligence Stratégique Général Christophe Gomart, Directeur du renseignement militaire, France Atelier 5 – La menace des trafics : dissémination des armes et criminalité organisée Président : Raymond Gilpin, Doyen du Centre d’études stratégiques de l’Afrique, National Defense University, États-Unis Intervenants : Idrissa Ba, West Africa Commission on Drug Policy, Open Society Initiative for West Africa Pierre Lapaque, Représentant régional, Office contre la drogue et le crime, Nations Unies Frank O. Okyere, Chercheur, Kofi Annan International Peacekeeping and Training Centre Discutants : Nadia Gacem, Attachée de recherche, Institut National d’études de stratégie globale, Algérie Louis Gautier, Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, France Babacar Diallo, Directeur général, Centre d’études diplomatiques et stratégiques 19h30 Cocktail dînatoire – Résidence de France, sur invitation, départ des cars à 18h45 de l’Hôtel King Fahd Palace 15 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Mardi 16 décembre 2014 Hôtel King Fahd 9h00 – 13h00 Ateliers • Quelles réponses aux crises ? 9h00 – 10h45 Atelier 6 – Solutions africaines Président : Jakkie Cilliers, Directeur, Institute for Security Studies Intervenants : Général Katumba Wamala, Chef d’état-major des armées, Ouganda Général Cyrille Ndayirukiye, Conseiller diplomatique, ancien chef de l’EASF, ancien ministre de la Défense, Burundi Ambassadeur Martin Uhomoibhi, Secrétaire permanent, ministère fédéral des Affaires étrangères, Nigeria Discutant : Amandine Gnanguênon, Chercheur Atelier 7 – Nations unies/Union africaine : quelles synergies ? Président : Smaïl Chergui, Commissaire à la paix et à la sécurité, Union africaine Intervenants : Haile Menkerios, Envoyé spécial du Secrétaire Général pour le Soudan et le Soudan du Sud, Représentant spécial auprès de l’Union africaine, Nations unies Général Martin Agwai, Ancien commandant de la MINUAD Général Silas Ntirugirwa, Commandant de la mission de l’Union africaine en Somalie, AMISOM Elisabeth Guigou, Présidente de la Commission des affaires étrangères, Assemblée nationale, ancienne ministre, France Discutant : Comfort Ero, Directrice du programme Afrique, International Crisis Group Atelier 8 – Financements et pérennisation des efforts militaires de réponse aux crises Président : Olusegun Obasanjo, Ancien Président de la République fédérale du Nigeria, président de la Fondation Obsanjo Intervenants : Charles Richard Mondjo, Ministre de la Défense Nationale, Congo Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint en charge des opérations de maintien de la paix, Nations unies Koen Vervaeke, Directeur Corne de l’Afrique, Afrique Orientale et Australe, Océan Indien, Service européen d’action extérieure, Union européenne Tsutomu Imura, Agence japonaise de coopération internationale Discutant : Ambassadeur Mark Sawers, Ambassadeur d’Australie auprès de l’Éthiopie et de l’Union africaine 11h15 – 13h00 Atelier 9 – Réponses militaires, réponses civiles aux crises Président : Général Lamine Cissé, Président, West Africa Partners, ancien ministre de l’Intérieur, Sénégal Intervenants : Jean-Marie Guéhenno, Président, International Crisis Group Général Babacar Gaye, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Mission de stabilisation en République Centrafricaine, Nations unies Nureldin Satti, Président directeur général de la Bibliothèque du Soudan Discutants : Daniel Bekele, Directeur Afrique, Human Rights Watch Landing Savané, Vice-Président, Institut panafricain de stratégies Michel Roussin, Vice‐Président, MEDEF international, ancien ministre Atelier 10 – Environnement sécuritaire et développement économique Président : Youssouf Ouedraogo, Conseiller du Président, Banque africaine de développement, ancien Premier Ministre, Burkina Faso Intervenants : Abdoulie Janneh, Directeur exécutif, liaison avec les gouvernements et les institutions en Afrique, Fondation Mo Ibrahim, ancien Secrétaire général adjoint et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, Nations Unies Michel Reveyrand de Menthon, Représentant spécial pour le Sahel, Union européenne Abdoulaye Biotchané, Economiste béninois, ancien Président de la Banque Ouest Africaine de Développement Abderazzak Zouari, Ministre du Développement régional, Tunisie Discutants : Molefi Asanté, Professeur émérite, Département des études afro-‐américaines, Temple University Said Moufti, Directeur de recherche, Institut Royal des Etudes Stratégiques, Maroc Moussa Seck, Vice-président, Institut panafricain de stratégies Louis Pichot de Champfleury, Groupe Ponticelli Frères 16 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e 13h00 – 14h30 Déjeuner 14h30 - 16h15 Troisième séance plénière Mieux anticiper, mieux prévenir – débat sur la prévention et leçons apprises des crises récentes Président : Mankeur Ndiaye, Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur Intervenants : Mohamed Chambas, Représentant spécial du Secrétaire Général, Chef du bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest Reda Getachew, Conseiller auprès du Premier Ministre d’Éthiopie Adama Dieng, Conseiller spécial du Secrétaire Général des Nations unies pour la prévention du génocide Ambassadeur Takashi Kitahara, Ambassadeur du Japon au Sénégal Alioune Sall, Directeur, Future Africa 16h30 – 18h30 Panel de clôture Quelles priorités pour renforcer la paix et la sécurité en Afrique ? Président : SEM Macky Sall, Président de la République du Sénégal Intervenants : SEM Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali SEM Idriss Déby, Président de la République du Tchad SEM Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République islamique de Mauritanie Olusegun Obasanjo, Ancien Président de la République fédérale du Nigeria, président de la Fondation Obsanjo Peter Maurer, Président du Comité International de la Croix Rouge Jean‐Yves Le Drian, Ministre de la Défense, France Modérateur : Cheikh Tidiane Gadio, Président de l’Institut panafricain de stratégies 18h30 Discours de clôture de SEM Macky Sall, Président de la République du Sénégal Cocktail de clôture du Forum 17 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 18 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e 19 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 20 Cérémonie d’ouverture Lundi 15 décembre 2014 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Smaïl Chergui Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine Mes premiers mots vont à l’évidence au Président, au gouvernement et au peuple du Sénégal pour l’accueil chaleureux et les excellentes conditions mises à notre disposition pour nos présentes assises dans cette belle ville de Dakar. Permettez-moi tout d’abord, au nom de la présidente de la Commission de l’Union africaine, Dr. Nkosazana Dlamini-Zuma, et en mon nom propre, de remercier les autorités du Sénégal d’avoir permis à ce Forum d’assurer le suivi de la Déclaration finale du Sommet de l’Élysée, tenu il y a tout juste un an à l’aimable invitation du président Hollande. Il vous souviendra que dans ladite déclaration, les chefs d’État et de gouvernement ont, je cite, « également pris note de la proposition d’organiser en 2014, au Sénégal, un forum informel sur la sécurité en Afrique en liaison avec des partenaires internationaux et l’Union africaine (UA), afin d’approfondir la réflexion sur les engagements pris lors du Sommet… » La tenue à Dakar du présent Forum offre l’occasion d’une radioscopie des acquis et des défis de la paix et la sécurité sur notre continent, où, malgré les efforts de nos dirigeants et de l’UA, appuyés par la communauté internationale, des conflits armés et des crises parfois complexes continuent de nous interpeller. C’est donc le lieu de réaffirmer la détermination de nos chefs d’État et de gouvernement de parvenir à prévenir, gérer et résoudre les situations de conflit et de crise, de manière durable pour inscrire l’Afrique sur la trajectoire du développement, pour que comme lieu de berceau de l’humanité, elle soit la locomotive de la croissance de l’économie mondiale. 22 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Comme vous le savez, l’Acte constitutif de l’UA, dans ses principes comme dans ses objectifs, érige en priorité la préservation de la paix et de la sécurité dans ses États membres. Le NEPAD, dont le président Macky Sall préside notre programme économique adopté en 2001, tout en renouvelant l’engagement des dirigeants à œuvrer pour l’accélération du développement sur le continent, reconnait d’abord que tout effort dans ce sens serait vain sans une bonne politique de prévention, de gestion et de règlement des conflits, dans un contexte de respect des droits de l’homme, des principes démocratiques et de l’État de droit. En adoptant le Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité (CPS), nos dirigeants ont doté l’UA d’une Architecture continentale de paix et de sécurité (APSA) dont les différentes composantes politiques et institutionnelles constituent des réponses adaptées aux défis multiformes auxquels l’Afrique est confrontée dans ses efforts de promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité. Le Groupe des Sages, le Système continental d’alerte rapide, la Force africaine en attente (FAA), le Programme frontière de l’UA, le Cadre de reconstruction et de développement post-conflit, ainsi que les instruments africains communs de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes, constituent autant d’outils mis au service du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, afin de lui permettre de remplir son mandat de promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur le continent, en étroite coopération avec les partenaires internationaux, au premier rang desquels, les Nations unies. Plus récemment encore, tirant les leçons de la situation au Mali, où des groupes armés terroristes et criminels ont menacé l’existence même d’un des États membres de l’Union, nos chefs d’État et de gouvernement, sur la base d’un système de contribution volontaire, ont décidé la création d’une Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC), en attendant l’opérationnalisation complète de la FAA. Je suis heureux de porter à votre connaissance que nous venons de conduire avec succès l’exercice d’état-major en Tanzanie. La mise en œuvre efficace de ces instruments face aux diverses menaces à la paix et à la sécurité, reste un défi majeur pour notre continent. À ce titre, il convient de relever la contrainte majeure que constitue le financement de l’APSA, en particulier des opérations de soutien à la paix conduites par l’UA, qui, sous l’obligation du principe de non-indifférence, ne saurait rester passive face à la détresse de populations africaines confrontées aux crises et aux conflits. C’est cette doctrine contraignante qui préside au déploiement de nos missions de soutien à la paix, malgré le peu de moyens humains, logistiques et financiers, et parfois même le niveau élevé des risques. Le déploiement de l’AMIS au Darfour, de l’AMISOM en Somalie, de la MISMA au Mali, et plus récemment de la MISCA en RCA, traduit ce volontarisme qui découle de nos efforts visant à trouver des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique. Il me plait de noter que, dans un élan créatif, des arrangements novateurs ad hoc ont été trouvés dans le cadre notamment du Chapitre VIII de la Charte des Nations unies, qui fixe le cadre des relations entre cette Organisation et les accords régionaux, dans le maintien de la paix et de la 23 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que sécurité internationale. Je voudrais saluer ici le rôle important de la Facilité pour la paix en Afrique de l’Union européenne, instrument crucial de financement des opérations de paix de l’UA sur le continent. Il s’agit de s’assurer, Mesdames et Messieurs, d’un financement prévisible, flexible et durable dans le cadre d’un partenariat toujours plus fécond sur la base des priorités définies en commun. Faut-il le rappeler, les États africains doivent, en ce qui les concerne, prendre toute leur part dans cet effort de financement. Et le prochain sommet de l’Union, fin janvier 2015, sera saisi d’un rapport des ministres des Finances sur les financements innovants. Face aux mutations constantes de l’environnement sécuritaire et aux menaces à caractère global auxquelles nous sommes confrontés, l’adaptation rapide, la créativité et la flexibilité sont des atouts majeurs, dans le cadre de partenariats contre les nouvelles menaces et en particulier le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, la radicalisation et l’extrémisme violent. Si les terroristes se jouent des frontières de la région sahélo-saharienne, du fait des contraintes géographiques que nous connaissons, alors, pour les combattre, nous nous devons de réviser les paradigmes strictement nationaux qui définissent notre approche de la sécurité. C’est tout le sens du Processus de Nouakchott pour le renforcement de la coopération sécuritaire et l’opérationnalisation de l’APSA dans la région sahélo-saharienne, initié par l’UA depuis mars 2013. C’est dans le même esprit qu’elle a également lancé l’Initiative régionale pour l’élimination de l’Armée de résistance du Seigneur. Tout comme nous le faisions en Somalie où l’AMISOM mène une guerre victorieuse contre les Shebbab. C’est à ce type de partenariat que le CPS appelle dans le communiqué de sa réunion au Sommet sur le terrorisme et l’extrémisme violent tenue à Nairobi, le 2 septembre 2014, en particulier face aux atrocités et aux attaques odieuses que continue de commettre le groupe Boko Haram au Nord du Nigeria et dans les pays limitrophes. C’est également par le partenariat que nous pourrons gagner la plus ardue des batailles : la prévention des conflits et des crises. L’expérience des dernières années nous permet de rappeler que prévenir coûte moins cher que guérir et cette prévention s’avère plus efficace quand elle est conjointement menée avec nos partenaires. C’est vers cet objectif stratégique que devra s’orienter notre coopération avec les communautés régionales. Il s’agit, à cet égard, tirant les leçons du passé récent, de respecter les prérogatives de chaque partenaire, de faire le meilleur usage de leurs avantages comparatifs respectifs, dans le cadre d’une bonne division du travail. Je ne peux qu’évoquer la situation récente du Burkina Faso qui appelle à une meilleure lecture des dispositions pertinentes de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Le respect de l’État de droit et des libertés fondamentales participe significativement à la prévention des crises et des conflits. À cet égard, la réflexion initiée par l’UA a permis de faire la distinction entre le droit des peuples à se soulever pacifiquement contre une tentative de déni de son aspiration à l’État de droit, d’une part, et les changements anticonstitutionnels, condamnés et sanctionnés aux termes des instruments de l’UA. Permettez-moi de me féliciter de l’excellente coordination entre la CEDEAO, l’UA et les Nations unies dans la gestion de cette crise. 24 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Lors du Sommet de l’Élysée, les chefs d’État et de gouvernement ont félicité l’UA pour la tenue annuelle d’une retraite de haut niveau pour la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique, et l’ont encouragée à renforcer ce Forum, y compris en s’inspirant d’expériences internationales pertinentes. Sur les différents thèmes inscrits à l’ordre du jour des ateliers et des séances plénières, le Forum de Dakar, qui se doit être un grand moment d’échanges féconds sur notre quête commune de prévenir, gérer et résoudre les conflits sur le continent, devra faire preuve de créativité et d’innovation pour contribuer à cet effort en cours à travers d’autres initiatives. Je voudrais, à cet égard, souligner la nécessité de nous inscrire pleinement dans la lettre et l’esprit de la Déclaration de l’Élysée. Ce Forum vise à assurer le suivi des engagements pris à Paris. Il n’a pas vocation à se substituer ou à faire double emploi avec des initiatives de l’UA. C’est dans cet esprit que l’UA a soutenu la tenue de ce Forum. Je voudrais enfin vous assurer de la disposition de l’UA à tirer le meilleur parti des recommandations que le Forum aura formulées, dans l’accomplissement de son mandat de promotion de la paix et de la sécurité sur le continent. Je souhaite plein succès à vos travaux et vous remercie de votre attention. 25 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense de la République française Il y a tout juste un an, le 7 décembre 2013, les conclusions du Sommet de l’Élysée soulignaient la volonté des États africains de prendre en main la sécurité de leur propre continent. Pour appuyer cette dynamique d’appropriation, le Sénégal avait pris, ce jour-là, l’engagement précis d’accueillir un forum informel sur la paix et la sécurité en Afrique. Ce n’était qu’une belle idée à cette date, mais j’avais été frappé par l’adhésion immédiate que cette proposition avait suscitée. Un an plus tard, nous voilà rassemblés à Dakar, conformément à la volonté qui avait été affirmée et qui ne s’est jamais démentie. Je tiens à vous dire à quel point je me réjouis de voir ce projet se concrétiser. Je veux rendre ici hommage au Président Macky Sall et au gouvernement sénégalais. Ils ont su conduire ce projet avec la détermination et la ténacité qu’il fallait pour le faire aboutir. Je rends également hommage à Monsieur le Ministre Tidiane Gadio, à l’Institut panafricain de stratégies qu’il dirige, ainsi que qu’à la Fondation pour la recherche stratégique. Ensemble, depuis un an, ils ont parcouru l’Afrique et le monde entier pour penser et préparer la tenue de ce Forum. Ma conviction est que ce Forum va apporter une nouvelle pierre, qui manquait encore, à l’édifice de l’Architecture de paix et de sécurité africaine. Ce Forum s’inscrit dans un double mouvement que la France s’est engagée à accompagner, celui du renforcement des capacités africaines et celui de l’appropriation par l’Afrique de ses propres enjeux de sécurité. 26 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e En deux ans et près de vingt voyages en Afrique, la conviction personnelle que je me suis forgée est que l’appropriation africaine n’est pas, comme certains se plaisent à dire, un slogan ou une posture. C’est une réalité. Aujourd’hui, les premiers acteurs de la sécurité en Afrique, ce sont les États africains, les armées africaines et les organisations africaines. Dans toutes les crises africaines, c’est la voix de l’Union africaine (UA) qui se fait entendre. Dans toutes les opérations de maintien de la paix déployées en Afrique, je constate que ce sont les contingents africains qui fournissent l’essentiel des effectifs. Ce sont également les soldats africains qui ont payé ou qui payent un lourd tribut à la cause du maintien de la paix. Je pense aux sacrifices consentis par la Mission de l’UA en Somalie, l’AMISOM. Je pense, plus récemment aux pertes subies par les contingents tchadien, nigérien, sénégalais et burkinabé au Mali. Je profite de cette occasion pour leur rendre un hommage solennel et mérité. La France, elle aussi, prend sa part dans cet effort et, malheureusement, aussi dans ce sacrifice. En 2014, des soldats français ont perdu leur vie au Sahel ou en Centrafrique. Je veux également leur rendre hommage car leur sacrifice illustre la solidité de notre engagement aux côtés des pays africains. Un an après le Sommet de l’Élysée, je souhaite réitérer le message du Président de la République. La France sera au rendez-vous. Elle continuera d’appuyer ce mouvement d’appropriation par l’Afrique de sa propre sécurité. Mais le défi de ce Forum, c’est bien d’aller au-delà des premiers jalons que nous avons posés. Je considère que nous avons deux grands défis devant nous. Le premier est d’amplifier notre effort collectif en faveur de l’Afrique. A ce titre, je me réjouis que ce Forum rassemble aujourd’hui, dans cette salle, tous les partenaires clés du continent africain. Je salue tout particulièrement nos amis européens, singulièrement nos amis néerlandais, américains, chinois, japonais, qui, je n’en doute pas, apporteront une contribution décisive à ce Forum. Les partenaires de l’Afrique ne manquent pas. Encore faut-il que nous travaillions ensemble dans la même direction, avec une même compréhension des enjeux, des menaces et des réponses que nous devons y apporter. Cela suppose que nous soyons prêts à tenir un discours de vérité et à sortir des sentiers battus. C’est, de mon point de vue, tout le sens et toute l’ambition de ce Forum. Le second défi de ce Forum, c’est de faire de la coopération la règle et non plus l’exception. L’enseignement que nous retirons des opérations Serval et Sangaris, mais aussi de nos engagements dans les missions onusiennes et européennes déployées en Afrique, est simple : une gestion strictement nationale des enjeux de sécurité est désormais une illusion. La menace terroriste n’a pas de frontières. Elle se nourrit justement de leur absence, de leur porosité, et prospère grâce à la fragilité des espaces transfrontaliers. Le Sud de la Libye en est aujourd’hui l’exemple le plus dramatique. Il y a quelques mois, j’avais alerté sur le risque que cette zone ne devienne le nouveau point de convergence et de ressource- 27 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que ment des groupes terroristes. Cette inquiétude s’est malheureusement vérifiée, et la situation dans le Sud libyen est aujourd’hui une source de déstabilisation pour l’ensemble du Sahel. Je peux malheureusement citer un autre exemple, celui de la menace de Boko Haram. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si Boko Haram est un problème national ou régional. Les attaques barbares qui ravagent le nord du Cameroun nous apportent hélas la réponse. La question urgente qui se pose est de savoir comment peuvent se mettre en place les éléments d’une réponse régionale, concertée, coordonnée, à cette menace sans précédent que représente le mouvement Boko Haram. Je pourrais encore citer la piraterie maritime, qui sévissait hier dans le golfe d’Aden et qui handicape aujourd’hui lourdement l’économie du golfe de Guinée. Cette criminalité n’a pas de nationalité, pas de territoire, pas de frontière. Elle vise au contraire à s’en affranchir. Dans ce contexte, comment un seul État pourrait-il, avec ses seuls moyens, endiguer efficacement ce phénomène ? Nous parlerons également des crises sanitaires, en particulier de la propagation du virus Ebola qui est aujourd’hui un défi, non seulement pour l’ensemble de l’Afrique, mais aussi pour toute la communauté internationale. Devant ces défis, dont la combinaison peut paraître insurmontable, je voudrais toutefois, à l’ouverture de ce Forum, vous faire part de mon optimisme. A l’issue de mes nombreux déplacements en Afrique, je constate une chose : face aux menaces, c’est la démarche de partenariat, de coopération, d’entraide qui s’impose partout progressivement. Au Sahel, je constate qu’une dynamique de coopération inédite se met en place. Au travers de l’opération Barkhane, nous avons mis en place un cadre pour que ce mouvement s’amplifie et se traduise par des développements concrets. Face à Boko Haram, c’est, dans la ligne tracée par le Sommet de Paris, une coopération sans précédent qui est mise en œuvre dans le cadre de la Communauté du bassin du lac Tchad. Dans le Golfe de Guinée, le Sommet de Yaoundé a fixé un cap, et je constate là encore que les outils d’une coopération régionale se mettent progressivement en place. En définitive, le Forum de Dakar arrive à point nommé. Il se tient à un moment où ces dynamiques positives africaines ont besoin d’être confortées, confirmées et accompagnées par leurs partenaires. Il se tient à un moment où l’Afrique et ses partenaires ont besoin de se parler avec un discours de vérité. Enfin, il se tient à un moment où nous avons aussi besoin de penser l’avenir, de le préparer ensemble. C’est à ce titre que je compte beaucoup sur la présence des nombreux penseurs stratégiques qui ont fait le déplacement à Dakar et qui pourront nous apporter leur regard critique mais aussi, je l’espère, prospectif, sur les défis qui sont devant nous. Pour ces différentes raisons, je me réjouis d’apporter ma contribution personnelle à ce Forum et de participer à ses débats. Je terminerai en remerciant, une nouvelle fois, les autorités sénégalaises pour l’accueil qu’elles nous réservent aujourd’hui. Je vous remercie. 28 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e SEM Mahammed Boun Dionne, Premier ministre de la République du Sénégal Je voudrais à l’entame de mon propos vous transmettre les cordiales salutations de Son Excellence Monsieur Macky Sall, Président de la République, qui forme des vœux de succès pour nos travaux. Permettez-moi également de vous souhaiter une chaleureuse bienvenue au Sénégal, et apprécier votre participation massive et de qualité, qui illustre tout l’intérêt que vous accordez à l’Afrique, en particulier dans le combat qu’elle mène pour relever les défis sécuritaires du moment. Le Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, que j’ai l’honneur et le grand plaisir d’ouvrir ce matin, est l’aboutissement d’un long processus de consultations et de concertations. En effet, le Sénégal, après son offre d’accueillir ce Forum lors du Sommet de l’Élysée, tenu à Paris, les 6 et 7 décembre 2013, a travaillé de concert avec le gouvernement français, la Commission de l’Union africaine (UA), et des partenaires nationaux et internationaux que je félicite au passage pour leur abnégation. Notre pays ambitionne ainsi d’approfondir la réflexion à partir des engagements pris à Paris. Cette rencontre de Dakar se veut une plateforme d’échanges, de dialogue sur les questions stratégiques relevant de la défense, de la sécurité et de la paix en Afrique. Ce faisant, en réunissant pendant deux jours les officiels, les experts, les universitaires, la société civile, il s’agira plus spécifiquement de fédérer le maximum de sensibilités et d’avoir des discussions ouvertes sur tous les sujets de l’heure aptes à mieux appréhender les enjeux sécuritaires actuels et à nous orienter vers des solutions structurantes pour une paix durable en Afrique. 29 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que En accueillant ce Forum, le Sénégal témoigne, une fois de plus, son attachement aux idéaux de paix inscrits notamment dans la Charte des Nations unies, ainsi que dans l’Acte constitutif de l’Union africaine. Les mêmes valeurs sous-tendent sa Constitution. Le Sénégal souhaite aussi, par là, apporter, comme il l’a toujours fait, sa contribution aux efforts de développement de notre continent. Car, plus que par le passé, le Sénégal est conscient que la prise en compte des défis sécuritaires en Afrique est une condition préalable à tout processus de développement socio-économique et appelle à une mobilisation de tous pour renverser les prévisions alarmistes. Dans un tel contexte, s’avère nécessaire un diagnostic sans complaisance de la situation et des stratégies ambitieuses, à l’effet d’en envisager de nouvelles, aptes à inverser les tendances préoccupantes du moment. La situation dans le continent demeure, certes, plus que jamais préoccupante, à la lumière des nombreuses crises qui constituent le quotidien des États, en proie au terrorisme international et à ses phénomènes connexes, favorisés par la porosité des frontières, la circulation des armes, la faiblesse des institutions et le déficit démocratique. Ces facteurs dominants ont d’ailleurs relégué au second plan les crises interétatiques, qui restent néanmoins d’actualité. En effet, aux enjeux de la consolidation de la paix sont venus se greffer ceux de la péjoration climatique et des pandémies avec l’apparition récente de l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest, sans oublier les crises sociopolitiques et socio-économiques, ainsi que la pauvreté. Bien qu’inquiétants, ces défis ne sont pas surprenants car depuis les années 1990 qui marquent la fin de la guerre froide et l’avènement d’une ère nouvelle dominée par la mondialisation, une vingtaine de crises majeures ont été localisées dans autant de pays en Afrique. La particularité réside dans la forte prégnance des conflits « asymétriques », principalement caractérisés par le terrorisme, dans les parties occidentale, centrale, orientale et septentrionale de l’Afrique, sans négliger les autres foyers de tensions. Dans le même temps, des phénomènes similaires sont expérimentés ailleurs, avec la montée en puissance de l’État islamique en Irak et au Levant qui menace, comme les groupes terroristes présents en Afrique, la paix et la sécurité internationales. Ce qui illustre, s’il était encore besoin de le souligner, que le terrorisme devrait être combattu partout avec le même engagement de la communauté internationale. C’est pourquoi des tentatives de réponses tant politiques que militaires, auxquelles contribue activement le Sénégal, sont apportées présentement pour renverser cette courbe, à travers les efforts continus des instances africaines, comme l’UA par le biais notamment du Conseil de paix et de sécurité et de l’Architecture africaine pour la paix et la sécurité. Mais aussi grâce aux initiatives des États concernés qui sont prises avec l’appui de la communauté internationale. La mutualisation 30 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e des efforts a permis de freiner l’avancée du terrorisme au Mali. Cette donnée très positive donne de l’espoir. Elle a le mérite de montrer l’importance d’agir ensemble. Elle montre également que la peur doit être dans le camp des promoteurs du terrorisme et de ses phénomènes connexes. Toutefois, des efforts supplémentaires devraient être menés face à la subsistance et à la persistance des défis de l’heure. D’où la nécessité de réfléchir sur la meilleure manière de consolider les acquis, de corriger les lacunes, d’échanger de bonnes pratiques, de renforcer les capacités des parties prenantes, au nom de la solidarité qui doit animer la communauté internationale pour remédier aux défis globaux comme ceux auxquels l’Afrique est particulièrement confrontés en ce moment. Il s’agira également d’inscrire nos actions dans une approche holistique et dans la durée. Le meilleur remède aux crises en Afrique consiste sans nul doute à les prévenir en agissant aussi sur leurs causes profondes qui sont liées, notamment, à la pauvreté, à la faim, aux inégalités sociales, à la mauvaise gouvernance, aux violations des droits de l’homme, aux difficultés liées à la dévolution du pouvoir politique, à l’impunité, au sentiment de marginalisation qui favorise le repli identitaire ou irrédentiste. Fort heureusement, les différents ateliers et les sous-points que vous aurez à aborder sont autant d’occasions pour approfondir la réflexion sur tous ces défis. Il me plaît, à cet égard, de relever que toutes les préoccupations que je viens de mettre en contexte constituent la trame du Forum de Dakar, qui se penchera sur des questions essentielles comme la rétrospective de la gestion des crises actuelles et les perspectives susceptibles d’affiner les réponses en cours durant ces deux jours de réflexion. Pour conclure, je voudrais souligner toute l’importance qu’il conviendra d’accorder, au cours de vos travaux, à la problématique du financement des différentes stratégies qui seront proposées. Les profils et compétences variés qui composent l’audience, et vos débats qui seront conduits suivant les règles de Chatham House, ainsi que vos précieuses recommandations, aideront, j’en suis persuadé, à atteindre les objectifs assignés à ce Forum. En souhaitant plein succès à vos travaux, je déclare ouvert le Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique. Je vous remercie de votre bien aimable attention. 31 SYNTHÈSES DES SÉANCES PLÉNIÈRES Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Lundi 15 décembre 2014 Première séance plénière Paix et sécurité en Afrique : menaces partagées et visions communes, solutions africaines et réponses internationales Intervenants Augustin Tine, Ministre des Forces armées de la République du Sénégal, Olusegun Obasanjo, Ancien Président de la République fédérale du Nigéria, Président de la Fondation Obasanjo, Amanda Dory, Sous-secrétaire adjointe à la Défense (affaires africaines) des États-Unis, Hiroute Guebre Sellassie, Envoyée spéciale pour le Sahel du Secrétariat Général des Nations unies, Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint au département des Opérations de maintien de la paix des Nations unies Zhong Jianhua, Envoyé spécial pour l’Afrique, Chine Pour une appropriation régionale des enjeux « Hiroute Guebre Sellassie Une des conditions du succès de nos actions est l’appropriation régionale. Cela signifie que les différents acteurs œuvrant pour l’Afrique viennent en appui aux efforts de la région pour renforcer les capacités des États à assurer leur sécurité et leur développement. Nous devons, et dès que possible, privilégier le renforcement et l’utilisation des structures et mécanismes existant dans les pays concernés et soutenir la coopération régionale. » Certains des problèmes sécuritaires actuellement les plus cruciaux en Afrique sont par nature transnationaux (criminalité organisée, trafics illicites, extrémisme violent, pandémies et changement climatique) et ne peuvent être résolus à l’échelle nationale. Pour y faire face, le continent a besoin de synergies fortes. Les Africains doivent être le point de départ de cette dynamique, notamment au travers de l’Union africaine (UA) dont l’Acte constitutif a d’ailleurs pris en compte ces menaces communes et a posé la paix et la sécurité en prérequis de base, permettant l’intervention de l’organisation dans les affaires internes de ses États membres. Par ailleurs, les architectures de paix et de sécurité de l’UA ont connu des avancées significatives avec une progression dans l’établissement de forces régionales en attente, un renforcement de son concept de Capacité de déploiement rapide en réponse aux crises et de ses capacités à mobiliser les troupes nécessaires pour soutenir les opérations de paix. 34 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e L’UA doit toutefois réussir à susciter davantage de cohésion afin de viser un cadre plus prévisible pour soutenir et mettre en œuvre des réponses africaines rapides et efficaces aux situations inattendues. « Olesung Obasanjo S’agissant d’une solution africaine, les dirigeants africains ne doivent pas laisser l’Afrique gérer seule ses problèmes, mais doivent permettre à l’Afrique d’être le fer de lance de la recherche de solutions et de la collaboration avec nos partenaires, nos amis afin que nous puissions être à l’avantgarde. Bien que ces problèmes aient des implications ou une portée internationales hors ou au-delà de l’Afrique, ils ont leur origine sur le continent africain et doivent être résolus au moyen de solutions d’origine africaine qui prennent en considération la réalité de l’Afrique. Et nous devons, nous Africains, être perçus comme unis. » « Amanda Dory Lors du Sommet des leaders africains d’août dernier, le Président Obama a insisté sur l’engagement des États-Unis à consolider notre partenariat avec le peuple africain. Le Département de la Défense apporte son soutien à la stratégie globale des états-Unis en Afrique en aidant les partenaires africains à assumer un plus grand rôle en matière de sécurité, et ce d’une manière à renforcer la vitalité économique et politique. » Pour accompagner ces initiatives, la coopération et l’appropriation régionale doivent être consolidées en incitant les États de la région à introduire les réformes structurelles nécessaires pour créer les conditions propices à la mise en œuvre de toutes ces stratégies. Des menaces partagées par l’ensemble des africains L’appropriation régionale est d’autant plus nécessaire que la situation au Sahel n’a cessé de se détériorer ces derniers mois. En cause principalement, l’expansion de groupes terroristes de plus en plus structurés et l’afflux de combattants et d’armes en provenance, notamment de la Libye. La région est confrontée plus systématiquement à des acteurs non étatiques (en particulier des groupes djihadistes) et de plus en plus transnationaux, faisant peser des menaces asymétriques. Cela constitue aujourd’hui un danger non seulement pour la région, mais pour la stabilité de tout le continent et même au-delà. Le nécessaire appui de la communauté internationale Il est ainsi primordial que les différents acteurs œuvrant pour l’Afrique viennent en appui aux efforts des Africains. Compte tenu de l’interconnexion entre toutes les crises qui sévissent en Afrique et de leur caractère transnational, les implications des problèmes de sécurité en Afrique s’étendent au-delà du continent, ce qui appelle une solution globale et implique d’associer la communauté internationale et les partenaires internationaux aux efforts de l’UA. La stratégie intégrée des Nations unies (ONU) pour le Sahel de 2013 a adopté cette approche et propose l’exécution d’actions simultanées (dont certaines sont en cours) dans les domaines de la gouvernance, de la sécurité et de la résilience, suivant une approche régionale (en appelant à une collaboration renforcée avec l’UA et les organisations régionales) et en partenariat avec les autres acteurs intervenant sur le territoire. S’agissant des opérations de paix, des collaborations entre les organisations régionales et les partenaires extérieurs témoignent de plus en plus d’une volonté politique partagée, notamment entre l’UA et l’ONU, qu’il s’agisse d’opérations conjointes (opérations dites « hybrides » comme c’est le cas 35 R a p p o rt du prem i er f o rum inte rnational su r la paix e t la sé cu rité e n A fr i que au Darfour et au Soudan), de missions de l’organisation régionale gérées avec le concours ou le soutien de l’ONU (modèle de l’AMISOM en Somalie), ou le mode de conduite choisi pour les opérations Serval, Barkhane et Sangaris (plusieurs intervenants et un système phasé). Sans parler de l’appui de partenaires internationaux tels que l’Union européenne (EUFOR en Centrafrique) ou la Chine (en Somalie, au Mali, au Soudan, au Soudan du Sud et en RDC). « Zhong Jianhua La Chine a promis de soutenir et de contribuer à la paix et à la sécurité sur le continent, et nous sommes pleinement conscients que, sans la paix, le développement ne peut être durable. Mais en même temps, nous admettons être nouveaux en la matière. Nous devons apprendre de nos partenaires, et travailler avec eux. » « La prise en charge de la crise Ebola par un ensemble d’acteurs a également permis de mettre en lumière le rôle positif du développement de capacités en partenariat, du renforcement de relations et de la mise en œuvre de coopérations en vue d’atteindre un objectif commun. Ainsi, l’appui du Sénégal à travers l’établissement d’un corridor humanitaire a permis à l’ONU, à ces États membres (les États-Unis à travers l’opération Unified Assistance ou l’USAID, la Chine, etc.), et à d’autres partenaires (OMS, Médecins sans frontières) d’établir des mesures logistiques pour endiguer le l’épidémie. Pour une approche commune et globale de la prévention de crises Hervé Ladsous Au moment où l’Union africaine se penche sur les cinquante prochaines années de son existence, c’est vous le savez l’agenda 2063, je crois que plus que jamais, le renforcement du cadre institutionnel de réponse aux situations de crise et de l’architecture paix et sécurité reste une priorité. Et je voudrais redire ici, solennellement, à quel point nous sommes engagés pour parvenir avec nos partenaires africains à davantage de prévisibilité,de stabilité et de durabilité des mécanismes de réponses aux crises. » La majorité des conflits qui sévissent en Afrique ont comme cause première le sous-développement. La pauvreté, l’exclusion et les injustices sociales sont légion sur le continent. Il est aujourd’hui communément admis que la sécurité ne peut être assurée lorsque les besoins humains, sociaux et sociétaux des populations ne sont pas satisfaits. Il s’agit alors de privilégier une approche globale qui intègre les questions de gouvernance, de développement et de sécurité, gages d’une stabilité durable dans les pays et les communautés du Sahel. Retrouvez sur www.dakarforum.org le verbatim des séances plénières ! 36 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Lundi 15 décembre 2014 Deuxième séance plénière Gestion des crises : pour une vision commune des menaces Intervenants Haile Menkerios, Représentant spécial auprès de l’Union africaine et pour le Soudan et le Soudan du Sud, Nations unies Jakkie Cilliers, Directeur général, Institute for Security Studies Jean-Marie Guéhenno, Directeur général, International Crisis Group Général Mamadou Mansour Seck, Nations unies, ancien Chef d’état-major, général des armées, Sénégal. Une transformation de la nature des conflits Il ne s’agit plus aujourd’hui de conflits interétatiques conventionnels, mais de conflits non-étatiques, de groupes armés luttant les uns contre les autres au sein même des pays. Les luttes se concentrent souvent autour des résultats électoraux (ce qui pose une nouvelle problématique du choix et du mode d’intervention dans le cas de soulèvements populaires en réaction à un gouvernement impopulaire) et du contrôle des ressources naturelles rares (eau et pâturages). Cette situation est d’autant plus complexe que s’entremêlent dangereusement les agendas politiques et criminels. Les conflits ont avant tout un caractère asymétrique qui mélange des moyens classiques et non classiques. Les armes du terrorisme sont d’abord et avant tout la surprise. De plus, ceux qui sont terrorisés sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux, victimes de l’impact de l’information et de la communication. 37 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Au-delà de leur caractère asymétrique, les conflits sont de plus en plus difficiles à anticiper. En effet, beaucoup de conflits se trouvent à la jonction entre le global et le particulier, et il est difficile de savoir à quel moment se fait cette jonction. Du fait de la circulation rapide de l’information et de la circulation des hommes, les conflits sont mouvants et reposent sur la surprise. Cela implique d’être prêt à réagir rapidement. « Jakkie Cilliers La plus grande source d’insécurité en Afrique est le déficit de gouvernance. Si un gouvernement contrôle son territoire, il a le contrôle de ses frontières : la violence et l’instabilité sont beaucoup moins importantes. La violence continuera d’être une caractéristique de l’évolution future de l’Afrique. Il n’est pas possible de soutenir qu’il faut de la paix avant que nous ayons du développement. Le développement et la violence sont malheureusement, en grande partie, liés. » « Haile Menkerios Le manque de gouvernance comme cause principale de conflit signifie que l’État a été incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens. De fait, lorsque l’État devient la source d’insécurité, ou lorsque les réactions à l’État de ses citoyens créent de l’insécurité, alors nous avons un grave problème. On observe aussi une transformation de l’espace stratégique par l’amélioration de la mobilité des groupes armés et les difficultés à contrôler les frontières – pourtant premier élément de la souveraineté. Il n’est plus possible d’enfermer un conflit dans le cadre bien défini d’un État. Les conflits ne connaissent pas les frontières. Ils ont désormais un caractère transnational, résultat de la mondialisation. Par la manipulation par des mouvements transnationaux de problèmes éminemment locaux, des questions locales prennent une dimension mondiale, plus ambitieuse et plus dangereuse. Un déficit de gouvernance Les violences se manifestent face à la fragilité des États, qui ne sont pas prêts à répondre à l’ampleur des transformations de la menace. Historiquement, nous observons au cours des dernières décennies une diminution du nombre de victimes de l’instabilité, de la violence et des conflits. Les zones les plus touchées étant tout d’abord l’Afrique puis le Moyen-Orient. Pour autant, les raisons de l’instabilité dans ces zones sont différentes. Alors que c’est le déficit démocratique qui est l’une des plus grandes sources d’instabilité au Moyen-Orient, il s’agit du déficit de gouvernance pour les pays africains, notamment en Afrique subsaharienne. De plus, les violences sont en augmentation en Afrique depuis 2010, sans pour autant atteindre le niveau de la période pré-1989, après laquelle elles ont connu un fort déclin. Les régions les plus touchées par la violence se situent en Afrique de l’Est (Corne de l’Afrique) alors que les moins affectées sont en Afrique australe. » 38 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Une jeunesse source d’instabilité mais aussi d’espoir Le déficit de gouvernance n’est pas la seule source d’instabilité en Afrique, où l’âge médian est de 19 ans. En effet, la jeunesse est un vecteur d’instabilité : un continent avec une population jeune est sujet à plus de violence qu’un continent avec une population âgée. « Jean-Marie Guéhenno Si on veut gérer ces crises, il faut vraiment être capable de combiner le local, le national, le régional et le global. Le local parce que beaucoup de ces conflits, beaucoup des menaces auxquelles nous devons faire face, commencent à un niveau très local. Le national, parce que c’est le sentiment d’une communauté nationale qui donnera l’énergie et la volonté politique d’agir. Le régional, parce que ces conflits ne connaissent pas les frontières et que les réponses nationales sont très souvent insuffisantes. Et le global parce que la qualité des menaces doit nous conduire à mobiliser tous les moyens. Pour autant, la jeunesse est aussi une source de dynamisme, d’espérance et un potentiel de croissance. Le défi posé est que cette jeunesse reçoive une bonne éducation qui lui permette de trouver des emplois sur un marché du travail dynamique et qu’elle se sente représentée par les élites qui la gouvernent. » Retrouvez sur www.dakarforum.org le verbatim des séances plénières ! 39 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 40 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Mardi 16 décembre 2014 troisième séance plénière Mieux anticiper, mieux prévenir Intervenants Takashi Kitahara, Ambassadeur du Japon au Sénégal Mankeur Ndiaye, Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur Mohamed Chambas, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies Adama Dieng, Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide des Nations unies Reda Getachew, Conseiller auprès du Premier Ministre d’Éthiopie Alioune Sall, Directeur de Future Africa Une analyse juste du terrain Une estimation juste de la réalité politique et économique sur le terrain permet de mieux prévenir les menaces. Puisque nous connaissons les sources des menaces, nous devons être en mesure de les identifier par la mise en place de systèmes de veille stratégique harmonisés, des systèmes pérennes de collecte et de traitement de l’’information. Cela doit s’accompagner par un partage d’informations en temps réel. La prévention par la réforme des politiques publiques Les menaces liées à la bonne gouvernance sont nombreuses. Il existe plusieurs moyens de pallier au déficit de gouvernance. A travers l’implication de la majorité de la population, le système politique peut prévenir les conflits liés au désenchantement de la population vis-à-vis du système, en donnant accès à des mécanismes de participation plus directs et à des services sociaux qui réduisent la pauvreté. 41 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que L’État doit s’assurer de la participation de l’ensemble de la population à la vie politique afin de contenir les frustrations. En effet, la réponse aux demandes de la population, qui se renforcent à mesure que les revendications ont un impact, dépend du contexte économique. Lorsque celui-ci est défavorable, l’État n’est plus en mesure de répondre à ces revendications, ce qui crée un risque de révolte de la population. « Takashi Kitahara Ici en Afrique du Nord et au Sahel, le grand tournant pour nous a été, sans aucun doute, la prise d’otage d’In Amenas en Algérie, qui a fait dix victimes parmi les citoyens japonais. Le Japon a alors réalisé l’importance de renforcer de façon accrue la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme et la construction de la paix et de la sécurité sur le continent. » Afin de prévenir les risques terroristes, un processus de « dé-marginalisation » peut être mis en place par le développement des régions les plus défavorisées et des périphéries pour mettre fin aux frustrations des marginalisés. En effet, le manque d’infrastructures et de projets de développement rendent les populations, et particulièrement la jeunesse, sensibles aux discours des groupes armés. Ils se retournent alors contre les avantages dont bénéficient les « privilégiés ». Ce n’est plus le cas quand eux-mêmes bénéficient des mêmes infrastructures. Une réforme des systèmes de santé par exemple permettrait de prévenir les crises sanitaires, comme c’est le cas aujourd’hui pour Ebola. La propagation de ce type de crise fragilise les structures économiques et mettent à mal la croissance économique. Le principe de responsabilité de protéger « Adama Dieng Il nous faut passer des discours à l’action. Parce que le travail de prévention a besoin du soutien et de l’engagement de tout le monde et en particulier des États qui sont les premiers responsables de la protection de leur population. Aujourd’hui aucun État ne peut plus se réfugier derrière le principe de la souveraineté pour tuer en silence ses populations. » Le principe de non-indifférence encourage les États à gérer leur diversité par la mise en place de mécanismes de prévention des crimes d’atrocité (crimes de génocide, contre l’humanité et de guerre), à l’instar du mécanisme tanzanien d’apaisement des tensions religieuses entre les communautés chrétiennes et musulmanes. Il faut aussi faire en sorte qu’il n’y ait pas de discriminations fondées sur la race, sur la culture, sur la religion. La population actrice de sa sécurité La mise en place d’une architecture sécuritaire permettrait de faire face à la diversité des menaces. A travers des relations étroites avec la population, il est possible de déceler ses besoins et de la rendre actrice de sa propre sécurité, par la veille et la prévention. 42 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e La prévention à travers la coopération régionale et internationale « Mankeur Ndiaye Lutter contre le terrorisme suppose des moyens différents, adaptés. Cela suppose également de changer complètement le mode de fonctionnement de nos armées, de nos polices, de nos renseignements. Il ne s’agit plus de guerre classique avec des ennemis bien identifiés. » Au-delà d’une architecture sécuritaire au niveau national, les architectures sécuritaires au niveau régional (la Force africaine en attente en particulier) sont aussi à améliorer. En effet, elles ne sont pas encore suffisamment équipées pour prévenir les crises de manière proactive et préventive et manquent pour l’instant de véritables mécanismes capables d’intervenir rapidement. Une coopération régionale est possible et nécessaire, à l’instar de celle mise en place pour faire face à la problématique de la piraterie : trois organisations régionales, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) et la Commission du Golfe de Guinée (CGG) travaillent ensemble depuis le Sommet de Yaoundé en 2013 afin de mettre en œuvre des solutions pour contenir la menace et l’empêcher de prendre de l’ampleur. Enfin, alors que les élections comptent souvent parmi les moments les plus risqués pour la stabilité d’un pays, il est nécessaire de mieux anticiper les crises par une meilleure préparation des élections et un recours si besoin à la médiation internationale. Il est crucial que les élections soient transparentes, crédibles, libres et justes afin d’être reconnues par l’ensemble des citoyens. L’observation peut se faire par la formation d’observateurs locaux et la coopération avec les organisations issues de la société civile locale. Par ailleurs, la médiation internationale entre les différents acteurs peut s’avérer utile afin d’accompagner les processus de réforme, notamment du système électoral. Les élections très nombreuses en Afrique dans les trois prochaines années doivent être suivies avec une très grande attention. Retrouvez sur www.dakarforum.org le verbatim des séances plénières ! 43 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 44 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e ateliers thématiques 2 sessions Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Retrouvez les textes des contributions aux débats sur www.dakarforum.org ________________________________ Introduction de Hugo Sada (frs) Paix et sécurité en Afrique : nouvelles menaces, nouveaux enjeux Radicalisme religieux et enjeux sécuritaires dans le Sahel B. Sambe Au Sahel et en Afrique de l’Ouest, comment échapper au cercle vicieux de la menace terroriste et d’une militarisation non maîtrisée ? O. A. Yabi Appréhender l’imbrication des conflits en Libye et leur impact sur le Sahel I. El Amrani La menace terroriste en Afrique : un défi stratégique et politique J.-F. Daguzan Golfe de Guinée : quel bilan, plus d’un an après le sommet de Yaoundé ? B. Blédé Prolifération des armes, trafics et criminalité organisée F. Okyere & K. Aning La coopération entre l’Union africaine et les Communautés économiques régionales : un défi pour l’opérationnalisation de l’Architecture de Paix et de Sécurité Africaine (APSA) A. Gnanguênon L’ONU et l’UA sur la paix et la sécurité en Afrique : tension entre minimalisme et maximalisme ? S. A. Dersso Une dérive continentale : trouver une solution au problème africain du maintien de la paix C. Ero La stratégie internationale de sortie de crise fonctionne-t-elle en République Centrafricaine (RCA) ? M. Mérino Peut-on guérir la faiblesse des États par la force ? J.-M. Guéhenno Vers une nouvelle approche internationale des crises et de la gestion des conflits ? Le cas de la République Démocratique du Congo (RDC) G. Gerold Frontières d’Afrique, frontières africaines M. Foucher sous la direction de Fabienne Hara (FRS) 46 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e les ateliers ________________________________ ________________________________ Atelier 1 Lutte contre le terrorisme et prévention de la radicalisation Atelier 6 Solutions africaines Session I Gestion des crises : pour une vision commune des menaces Session II Quelles réponses aux crises ? Atelier 7 Nations unies/Union africaine : quelles synergies ? Atelier 2 Sûreté et sécurité maritime Atelier 3 Quelle réponse aux crises sanitaires ? Atelier 8 Financements et pérennisation des efforts militaires de réponses aux crises Atelier 4 Territoire et frontières Atelier 9 Réponses militaires, réponses civiles aux crises Atelier 5 La menace des trafics: dissémination des armes et criminalité organisée Atelier 10 Environnement sécuritaire et développement économique 47 ________________________________ Session I Gestion des crises : pour une vision commune des menaces Atelier 1 Lutte contre le terrorisme et prévention de la radicalisation Atelier 2 Sûreté et sécurité maritime Atelier 3 Quelle réponse aux crises sanitaires ? Atelier 4 Territoire et frontières Atelier 5 La menace des trafics: dissémination des armes et criminalité organisée ________________________________ R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Session I Gestion des crises : pour une vision commune des menaces Atelier 1 Lutte contre le terrorisme et prévention de la radicalisation Président : Saïd Djinnit Envoyé spécial du Secrétaire Général pour la région des Grands Lacs, Nations unies d’extension et de recrutement des djihadistes qui gangrènent la zone et qui cherchent de plus en plus à se lier les uns aux autres autour de stratégies communes (Shebbab somaliens – AQMI au Nord-Mali). Boko Haram, Shebab, Ansar Dine… Le terrorisme en Afrique est devenu un fléau qui menace la sécurité du continent et qui a un impact direct et indirect sur la sécurité internationale. Les mouvements terroristes actuels, djihadistes pour la plupart, sont de plus en plus menaçants. Ils se distinguent par leurs capacités militaires et deviennent progressivement des entités déstabilisatrices capables de contester des territoires entiers au contrôle de l’État, qu’ils visent à détruire. Aujourd’hui, les États africains mais aussi le gouvernement français portent l’idée que les stratégies militaires doivent être comprises dans une approche multidimensionnelle, qui combine le sécuritaire mais également l’économique, l’institutionnel et le social, et qui met l’accent sur la prévention. Total des violences contre les civils en Afrique par acteur, 1997-2014 Phénomène transnational se nourrissant, entre autre, de l’incapacité des États à protéger leurs frontières, le danger ne cesse de s’étendre. La nouvelle dimension qu’il a prise ces dernières années mobilise les Nations unies et la communauté internationale qui ont renforcé leurs collaborations avec l’Afrique, et les Africains qui s’efforcent de prendre leur part dans la lutte contre cette nouvelle menace. Mais quelle forme donner à la lutte contre le terrorisme? Quelle responsabilité pour l’État africain? Lui faut-il mettre l’accent sur une réponse militaire ou au contraire prendre davantage en compte la dimension sociale du processus de radicalisation religieuse, germe même du phénomène ? Que peuvent apporter les acteurs locaux aux stratégies de prévention, nécessaires pour répondre au problème sur le long terme? Source : ACLED, traduit de l’anglais La nécessité d’une réponse multidimensionnelle : militaire et sociale L’Afrique sub-saharienne fait aujourd’hui face à un phénomène terroriste en pleine expansion et dont la nature évolue rapidement. Une nouvelle génération de terroristes se développe, plus jeune, mieux formée, mieux équipée et plus radicale. À cela s’ajoute un phénomène d’expansion et dont les logiques de globalisation se renforcent avec les circulations des combattants et l’utilisation des nouvelles techniques de communication. Cela a conduit la France, sous mandat onusien, à intervenir militairement au Mali avec l’Opération Serval début 2013, suivie de l’Opération Barkhane lancée en août 2014 dans plusieurs pays du Sahel. Si cette intervention a été unanimement saluée par les États africains comme étant nécessaire pour endiguer l’avancée des groupes armés, elle n’a pas été suffisante, notamment pour rompre les dynamiques L’État et la région au cœur du dispositif de sécurisation Les défauts de bonne gouvernance des institutions régionales, mais également et surtout des États locaux doivent être pris en compte. Certes les succès d’interventions extérieures comme celle de la France doivent être saluées, mais le fait qu’elles soient nécessaires renvoie à leurs carences. Il est essentiel que ces États soient au centre des stratégies sécuritaires. Les groupes violents prospérant et se développant dans les zones périphériques désertées par l’État, ce dernier doit pouvoir garantir le contrôle de ses régions, particulièrement aux frontières. Il est d’autant plus important de le faire que les groupes extrémistes violents sont généralement ancrés dans les zones grises en manque de présence étatique et qu’ils visent à évincer et remplacer l’État pour y développer leurs propres structures. 49 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Le phénomène étant transnational, il est primordial de développer une meilleure cogestion des enjeux sécuritaires par les pays de la région. Le continent africain a depuis longtemps pris conscience de la montée du phénomène terroriste mais, si des instruments institutionnels régionaux et nationaux existent bien, il convient d’en évaluer leur efficacité et de les développer. Prévenir avant de guérir : un champ social à réinvestir pour l’État africain Seuls les acteurs locaux peuvent être à même de fournir ces informations. Bien encadrés, ils peuvent garantir un succès durable face à la montée du terrorisme et plus largement d’une insécurité multiforme. Les femmes par exemple, peuvent apporter leur aide. Si elles sont des cibles spécifiques et/ou des recrues potentielles, elles peuvent également être des militantes actives et s’engager dans la lutte contre le terrorisme (à l’instar du mouvement « bring back our girls » au Nigeria) Évolution du nombre de morts dues à la violence politique, 2013-2014 La désaffection de l’État dans le domaine du social est pour beaucoup dans la radicalisation religieuse d’une population extrêmement jeune (plus de la moitié des africains ont moins de 25 ans), en proie à la misère sociale et victime d’une crise économique qui n’en finit pas. Ce contexte offre un terreau fertile aux idées des prédicateurs salafistes/jihadistes qui évoluent souvent dans la sphère d’influence des pays du Golfe. Ces derniers investissent le champ du social, déserté par l’État, par le biais d’ONG et d’associations, canaux de diffusion d’une lecture fondamentaliste de l’Islam. Or, le militaire est nécessaire pour laisser le temps aux États de réinvestir cette sphère (notamment à travers le travail social). Les politiques de lutte contre la radicalisation accusent un profond retard face aux évolutions des groupes radicaux. Les États doivent également mieux cerner l’importance de la dynamique religieuse dans ce phénomène. L’Islam confrérique a longtemps été perçu comme un rempart acquis aux déviations extrémistes. Or, il existe depuis les années 1970 un système éducatif alternatif (écoles et universités coraniques) qui échappe au contrôle de l’État et qui diffuse les germes de la violence religieuse. Aujourd’hui, la puissance publique africaine doit se saisir de manière renforcée de la question de l’éducation. Source : AmÉrican Security Project, données tirées du Armed Conflict Location & Event Data Projet, traduit de l’anglais Appuyer la prévention sur les acteurs locaux La notion de « terrorisme » n’aide pas forcément à comprendre les dimensions politiques et idéologiques de mouvements extrémistes violents de plus en plus complexes. Pour lutter contre eux, il faut également comprendre leur ancrage local, les ramifications avec les réseaux affairistes et mafieux, mais aussi les liens ambigus avec les agendas de certains États de la sous-région ou d’ailleurs. Car il n’y a pas de terrorisme sans complicités locales, notamment avec les différents réseaux de trafiquants (drogue, otage, etc.). 50 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Session I Atelier 2 Sécurité et Sûreté Maritimes Président : Pierre Moukoko Mbonjo Ministre des Relations extérieures, Cameroun Le golfe de Guinée, malgré une légère amélioration de la situation, demeure le théâtre privilégié des actes de piraterie en Afrique. Avec trente-trois attaques au troisième trimestre de 2014 contre dix pour le golfe d’Aden, la Somalie et la mer Rouge, il constitue la zone la plus touchée par le phénomène. Sans parler des autres activités illicites qui s’exercent dans la zone, notamment la pêche illégale et les trafics illicites de pétrole, de drogues, d’armes, d’êtres humains et de migrants. L’édition 2013 du Sommet de Yaoundé avait été l’occasion d’apporter un début de réponse à ces problématiques. Les acteurs en présence y avaient affirmé leur volonté d’être les acteurs de leur propre destin sécuritaire et des mesures avaient été prises dans ce sens. Mais quelles sont ces mesures et où en est leur mise en œuvre ? Quels défis, notamment en matière de coopération efficiente et de financement, reste-t-il à relever ? Et quelles leçons tirer de l’expérience des pays de l’océan Indien (dont la Somalie) qui ont subi ces mêmes fléaux avant de connaître une accalmie ces dernières années ? Quelles avancées depuis le Sommet de Yaoundé ? Le cadre institutionnel et juridique de lutte contre l’insécurité maritime en Afrique existe depuis le début des années 2010 au niveau international, à travers les résolutions 2018 (2011) et 2039 (2012) du Conseil de sécurité des Nations unies. Au niveau régional, on assiste depuis quelques années à une position plus volontariste des pays africains. L’Union africaine a ainsi constitué la Stratégie intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 (2012). Le Sommet de Yaoundé des 24 et 25 juin 2013 sur la sûreté et la sécurité maritime avait par ailleurs été l’occasion pour les pays africains de témoigner d’une volonté politique en faveur de la sécurité et de la sûreté maritimes. Hormis les déclarations des chefs d’État, un Code de conduite avait été constitué et un Mémorandum d’entente entre la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Commission du golfe de Guinée (CGG) adopté. Cela a conduit à l’ouverture du Centre régional de sécurité maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC) logé à Pointe Noire et du Centre interrégional de coordination (CIC) de Yaoundé. de sécurité maritime de l’Afrique de l’Ouest (CRESMAO), etde la totalité des Centres multinationaux de coordination (CMC) prévus, se fait attendre. Cela est en partie dû à des difficultés de financement des projets. L’équipement de toutes ces structures en moyens matériels reste une préoccupation majeure pour les acteurs concernés, qui comptent sur les contributions de la communauté internationale et des partenaires extérieurs, mais également régionaux. Toutefois, certains États pourraient mobiliser davantage de ressources budgétaires et humaines pour établir leurs capacités de sécurité et de sûreté maritimes. Les pays qui apparaissent comme étant des acteurs primordiaux puisque étant les premiers touchés par le phénomène (comme ceux du golfe de Guinée par exemple) sont ainsi invités à se saisir de cette question. Le défi de la coopération et de la coordination Il est aujourd’hui admis que le continent africain doit jouer le premier rôle dans la lutte contre l’insécurité maritime et qu’aucun pays de la région ne pourra en venir à bout de façon isolée. Afin de répondre de façon efficiente aux défis sécuritaires, la coopération entre les différents acteurs concernés et les diverses structures au niveau régional se révèle indispensable. Au niveau régional, les acteurs étatiques et non étatiques ayant des missions en mer sont appelés à terme, pour atteindre leurs objectifs, à travailler en synergie autour d’une autorité unique chargée de coordonner l’action de l’État en mer tout en ne faisant pas obstacle aux prérogatives des uns et des autres. Certains pays se sont ainsi d’ores et déjà dotés avec succès d’une stratégie maritime conçue autour d’une telle autorité. Cette coopération est nécessaire dans tous les domaines, y compris dans le domaine du renseignement. Cette démarche pourrait contribuer, entre autres, à l’identification des criminels et des commanditaires des actes criminels dans l’industrie maritime. Dans cette perspective, il apparait nécessaire que les États du golfe de Guinée commencent à mobiliser les ressources policières et judiciaires qui permettront de créer un réseau interrégional efficace de lutte contre l’impunité de la criminalité maritime. Quelles leçons tirer de l’expérience somalienne ? Le défi du financement Mais malgré ces avancées notables, il existe des défis de taille à relever pour atteindre l’objectif de sécurisation des zones concernées. L’architecture de la sûreté maritime n’est pas encore complète et l’installation à venir d’autres organisations, comme le Centre régional Quelles leçons tirer des régions du monde qui sont en train de se libérer de l’insécurité maritime ? Si l’exemple de l’océan Indien, qui connait une accalmie depuis quelques années, apparaît comme étant positif, son cas n’est pas transposable en Afrique de l’Ouest et du Centre, où les institutions fonctionnent et où les attaques ont 51 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que lieu dans les eaux sous souveraineté ou juridiction nationale. Le cas indien relevant davantage du succès des interventions étrangères, notamment dans le golfe d’Aden, l’Est de la Somalie et la Mer Rouge. En revanche, l’exemple des pays riverains du Détroit de Malacca (en Asie), qui ont su s’organiser et prendre les mesures nécessaires (notamment le développement d’une coopération régionale renforcée qui a permis de répondre en partie au problème du financement) et où le risque de piraterie est stable depuis quelques années, pourrait inspirer les États du golfe de Guinée. Ainsi, si des avancées notables ont été réalisées par les pays africains et les institutions régionales qui se sont saisies de la question de la sécurité et de la sureté maritime (notamment dans le cadre de Yaoundé), des défis restent encore à relever. Le Forum de Dakar de 2014 a été l’occasion pour les acteurs présents d’émettre le vœu que les suggestions concernant la coopération et la coordination, le financement et la mise à disposition de moyens conséquents soient considérées comme une feuille de route d’actions concrètes à réaliser avant la tenue de la prochaine édition. Principaux axes de circulation maritimes et actes de piraterie et vols armés, 2006-2013 300 Océan Indien 250 200 150 100 50 EUROPE AMERIQUE DU NORD 0 1995 2005 2010 2013 Mer Méditerranée ASIE IRAQ EGYPTE Océan Atlantique Caracas COLOMBIE GUINEE SIERRA LEONE GUYANE Belem EQUATEUR PEROU AFRIQUE Conakry Freetown VENEZUELA Océan Pacifique 2000 CÔTE D’IVOIRE CHINE PAKISTAN BANGLADESH Mer Rouge INDE Golfe du Bengale VIETNAM PHILIPPINES Somaliland Puntland NIGERIA INDONESIE RDC Océan Indien Lima AMERIQUE DU SUD Océan Pacifique MALAISIE SOMALIE Golf de Guinée BRESIL IRAN SINGAPOUR ASIE DU SUD-EST Forte densité de traffic maritime Afrique de l’Ouest Routes de navigation secondaires 100 Forte densité d’actes de piraterie sur une vaste superficie 50 0 1995 Nombre d’attaques 2000 2005 2010 Sévérité 2, 3 et 4 Sévérité 1 2013 Source : UNITAR-UNOSAT 2014 52 Forte densité d’actes de piraterie sur des sites isolés Incidents sans menaces ou violence rapportées Incidents avec menaces, blessures ou victimes rapportées 0 1,000 2,000 km Echelle à l’Equateur R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Session I Atelier 3 Quelles réponses aux crises sanitaires ? Président : Naby Youssouf Bangoura Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, Guinée‐Conakry comme c’est encore parfois le cas) afin de promouvoir une vision commune qui engendrera des réponses communes. Le 18 septembre 2014, à travers la résolution 2177, le Conseil de sécurité de l’ONU a qualifié Ebola de « menace pour la paix et la sécurité internationales ». Cette décision a rappelé que, malgré une accalmie apparente, la situation de crise causée par la pandémie en Afrique et ailleurs dans le monde est encore loin d’être sous contrôle. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) faisait état au 21 novembre 2014 de 5459 morts dus à l’épidémie de fièvre hémorragique sur un total de 15351 personnes infectées par le virus, tout en affirmant que ces chiffres étaient surement sous-estimés. Le phénomène, qui touche principalement la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone s’étant rapidement propagé à d’autres pays africains comme le Mali. Le problème étant transnational, l’échelle de la crise est aujourd’hui régionale, avec un potentiel d’explosion qui dépasse les capacités d’intervention des États. Pourtant, il est essentiel que les pays du continent apportent des « solutions africaines » à ce « problème africain ». Cela passera nécessairement par la mise en place d’une vision partagée des risques et des solutions à apporter, appuyée par une grande synergie de tous les acteurs concernés, un financement adéquat, mais également par la mise au point d’une planification stratégique à tous les niveaux de décision. Mais comment donner vie à cette réponse africaine ? Quelles leçons retenir de l’exemple guinéen qui a su apporter un début de réponse à la propagation de la maladie ? Quelle place pour les acteurs non étatiques et la communauté internationale, notamment concernant le financement ? Des solutions africaines à des problèmes africains : centralisation et prise de responsabilité des États La gestion des crises sanitaires auxquelles sont confrontés aujourd’hui les pays africains les invite à une appropriation africaine des enjeux de la lutte contre les pandémies. Il est d’ailleurs à noter que l’Union africaine a développé très rapidement une solidarité à l’endroit des pays touchés, en faisant un plaidoyer pour éviter leur stigmatisation. Cependant, les divers gouvernements africains ont encore le réflexe de se tourner vers leurs anciens partenaires du Nord, pour leur demander assistance et coopération, plutôt que vers leurs voisins. Le phénomène transnational Ebola et l’ampleur géographique qu’il a pris a pourtant permis de prendre conscience de la menace partagée et de la nécessité d’y apporter des solutions africaines. Cela implique de développer une plus grande synergie de tous les acteurs africains (et pas seulement une coopération Sud-Sud Pour ce faire, la piste envisagée est la coopération transnationale à travers un organisme qui saura faire face aux enjeux du futur. Cette structure constituerait un mécanisme de coordination efficace et rationalisé à même de faire face aux urgences, mais devra également être une entité à part entière, en mettant l’accent sur la recherche par exemple. Il existe bien en Afrique de l’Ouest une organisation de la santé (dans le cadre de la CEDEAO) mais ses missions restent connexes à l’orientation et à la définition des politiques de santé. Pourtant, la coopération ainsi centralisée apparaît comme la réponse la plus pertinente pour faire face aux crises que traverse le continent. L’État africain face à ses responsabilités Cette coopération devra s’accompagner d’une plus grande prise de responsabilité des États africains dans les réponses, mais surtout dans la prévention des crises. L’état de la gouvernance en Afrique a une influence considérable sur l’aggravation des crises sanitaires, même si certains pays comme le Sénégal possèdent un système de santé avec tout ce qu’il implique en matière de capacités organisationnelles et de qualité de la ressource humaine. La gestion des crises sanitaires exige que l’accent soit mis sur les capacités des États à apporter des réponses précoces et à intervenir avant que les problèmes ne prennent l’ampleur de fléaux. Dans le cas du Sénégal, la rapidité de la riposte et la disponibilité d’un plan avant l’apparition du premier cas expliquent les résultats probants de l’intervention des autorités sanitaires dans le pays. Le cas de la Guinée ou l’importance de la planification stratégique L’expérience guinéenne a mis en lumière l’importance d’une planification stratégique déclinée en plans opérationnels, avec l’objectif de maîtrise de la situation conjoncturelle dans le court terme, pour répondre aux crises une fois qu’elles se sont déclarées. Il a fallu à la Guinée vingt mois, après la déclaration de la pandémie, pour assister à la confirmation d’un état clinique qui atteste de son recul. À compter de mars 2013, la Guinée a enregistré 2 292 cas déclarés dont 734 sont sortis guéris de leur morbidité, même si 62 % des cas ont été mortels. La riposte des autorités de santé publique a pu endiguer la propagation de la fièvre à l’intérieur de préfectures touchées, au point qu’en novembre 2014, dix des trente-trois préfectures n’ont pas eu à enregistrer de cas déclarés. 53 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Une diversité d’acteurs sur lesquelles appuyer sa stratégie L’amélioration de la situation en Guinée est également le résultat d’une intervention qui a impliqué divers acteurs, à savoir les services de santé et les pays limitrophes, notamment le Sénégal, à travers le corridor humanitaire qu’il a ouvert pour acheminer de l’aide (principalement extérieure) dans les trois pays les plus touchés par l’épidémie (Guinée, Sierra Leone et Liberia) en septembre 2014. Mais aussi grâce aux ONG et aux organisations internationales humanitaires, dont notamment le Comité international de la CroixRouge (CICR), qui a prouvé sa capacité d’intervention avec des moyens spécialisés et en travaillant avec les relais locaux. Un financement fatalement extérieur ? Enfin, la question du financement, problème récurrent dans la mise en place de stratégies en Afrique, doit être considérée. Les pays africains ont notamment du mal à respecter les normes préconisées par l’OMS concernant le pourcentage du budget national à allouer à la santé publique (de 15 %). Les subventions dépendent en grande majorité de la mobilisation internationale, ce qui peut constituer un frein à la rapidité et à la qualité des réponses. Ainsi, la communauté internationale a attendu que l’ampleur des crises atteigne des proportions insupportables avant qu’il ne soit entrepris une initiative pour mener des interventions. Par ailleurs, l’efficacité du financement pour la lutte contre les crises sanitaires peut être débattue quand on constate parfois que tout manque sur le terrain, et cela dans des proportions qui amènent à s’interroger sur la destination des fonds levés. Même si l’exemple de l’ouverture du corridor humanitaire du Sénégal a permis de relativiser cette question. De plus, certains engagements des bailleurs aux pays touchés ne se traduisent pas toujours par des actes concrets au moment de la collecte des montants promis. Répartition des cas du virus Ebola par semaine en Guinée, Sierra Leone, Liberia et Mali (4e semaine de l’année 2015) Source : ECDC – Données tirées des rapports des ministères de la santé (cas suspectés, probables et confirmés) 54 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Session I Atelier 4 Territoires et frontières Président : Ahmedou Ould Abdallah Président du Centre des Stratégies pour la Sécurité du Sahel Sahara, ancien ministre, Mauritanie La problématique de la maîtrise des territoires et des frontières en Afrique de l’Ouest touche plus particulièrement les États de la bande sahélo-saharienne (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie) et ceux du Maghreb (Algérie, Libye). Les réponses sont multiples et doivent s’illustrer à différentes échelles : nationale, régionale et locale. Comment renforcer la présence de l’État dans les zones à faible densité et sécuriser les frontières ? Comment protéger et associer les populations des zones périphériques à la sécurité ? Comment répondre à l’évolution géostratégique des régions nord-africaines et sahéliennes et innover dans la coopération transfrontalière ? Faire face aux groupes terroristes militarisés qui souhaitent se territorialiser A l’échelle nationale, le constat unanime est celui de l’absence de l’État dans les régions septentrionales des pays du Sahel. Au mieux, il est présent dans une seule ville et les services associés sont lacunaires ou exercés de manière intermittente. Certes, la superficie étendue, la dispersion des centres de peuplement et les déficits en infrastructures (routes, santé, éducation, accès à l’internet haut débit) imposent des contraintes particulières dans ces périphéries éloignées des capitales. Seule la prise en compte des besoins sociaux, complétée, dans les aires en crise politique, d’accords durables de paix, peuvent restaurer ou installer la présence de l’État. Il revient à l’État d’assurer les fonctions régaliennes fondamentales : contrôle des enveloppes frontalières, sécurité des populations des périphéries et de la circulation, services de base (justice, éducation, santé, routes, accès numérique), édification de villes frontalières. C’est la seule réponse aux groupes radicaux militarisés recourant à des tactiques violentes de nature terroriste et cherchant à se territorialiser tout en conservant la flexibilité et la mobilité offertes par le jeu des réseaux et des alliances transfrontières. L’usage abusif du terme « terrorisme » ne permet pas de concevoir une réponse globale aux défis posés par ces périphéries. étaient stratégiques, au même titre que les Nords des États du Sahel. Cette représentation inédite (notamment dans les chancelleries) pourrait servir de support pour promouvoir l’idée d’un destin commun, débouchant sur des politiques régionales coordonnées, indispensables dans des espaces aussi étendus. Ceci suppose un changement dans les relations entre les deux acteurs majeurs du Maghreb, de façon à faire vivre enfin l’Union du Maghreb Arabe (car le « non-Maghreb » a un coût élevé) et de donner corps à des formats de type CEN-SAD qui font cruellement défaut, et dont on aurait tant besoin. Ceci implique également que la Libye se stabilise au Nord et dans son articulation entre les populations du littoral nord et celles des périphéries méridionales. La nécessité d’une coopération transfrontalière à l’échelle locale À l’échelle locale, le développement de la coopération transfrontalière d’intérêt local et de portée régionale permettrait de répondre aux attentes des populations locales, de les détourner de tentations subversives inspirées de l’extérieur et d’éviter les frustrations. Le levier central de la stabilisation est l’association des populations locales. En outre, il faut être deux pour contrôler les voies de passage frontaliers. Les frontières d’Afrique sont devenues des frontières africaines. Les défis concernent plus le contrôle du territoire que le tracé des frontières : une pensée stratégique africaine sur ce sujet majeur doit s’exprimer et le Programme Frontière de l’Union africaine doit y concourir et devrait être généralisé aux États de l’Afrique de l’Ouest. Les frontières envoient à l’État, qui ne peut exister sans limites linéaires. Et pour les populations, la frontière est d’abord, en temps de paix, une ressource et non une contrainte. Les activités transfrontalières prospèrent le long des frontières déjà réglées: Burkina Faso-Mali, Mali-Mauritanie-Sénégal, Mali-Côte d’Ivoire, Nigéria-Niger. Les relations établies entre riverains autour des rivières et des lacs (Sénégal, Niger) vont dans le même sens. À l’inverse les segments frontaliers sujets à des tensions bloquent les relations normales d’échelle locale (Tchad-Soudan, Tchad-RCA). La sécurité locale et régionale est cruciale non seulement dans les relations entre les États mais aussi au plan local. Si les opérations Serval et Barkhane ont permis d’éloigner les acteurs terroristes étrangers aux pays de la zone et de créer ainsi les conditions d’un retour de l’État, les facteurs nationaux de tensions demeurent et la mission régalienne de celui-ci est donc loin d’être terminée. De nouveaux espaces de référence A l’échelle régionale, il importe d’élargir l’espace de référence et de raisonner désormais sur une représentation élargie à l’ensemble régional Maghreb – Sahara – Sahel. Les États du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye) ont découvert que leurs propres Suds 55 « À l’heure de l’intégration, rien ne justifie le fait que les frontières soient sources de conflits. Elles doivent plutôt être facteurs de paix et échanges entre les populations des différents pays concernés.» N’Faly Sanoh, Directeur du département libre circulation de la CEDAO Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Session I Atelier 5 La menace des trafics : dissémination des armes et criminalité organisée Président : Raymond Gilpin, Doyen du Centre d’études stratégiques de l’Afrique, National Defense University, États-Unis Dans un contexte mondial en pleine mutation et porteur de risques multiformes, l’Afrique est devenue l’un des pôles mondiaux de la criminalité organisée, plus particulièrement en Afrique de l’Ouest et dans la zone sahélienne. Profitant à la fois de la faiblesse de l’État de droit, de l’instabilité politique (multiplication des coups d’État) et d’une pauvreté sévère dans plusieurs pays, des groupes de trafiquants organisés en réseaux multiplient ainsi des activités illicites, le plus souvent dans les zones frontalières mal administrées et dans des zones de crises endémiques. De nos jours, l’économie criminelle se globalise du fait de l’extension et de la mondialisation des réseaux, et ces trafics ne cessent de s’accroître au fil des ans. Quels sont les conséquences de ces trafics ? Quelles sont les difficultés rencontrées par les États africains pour y faire face ? Des trafics illicites protéiformes, source d’insécurité et d’instabilité sociale et économique Les différents trafics illicites sont protéiformes (trafic de drogue, trafic d’armes, trafic d’êtres humains, blanchiment d’argent, trafic de produits miniers, brigandage/piraterie maritime, cybercriminalité, etc.) et leurs caractéristiques en permanente évolution. Ils sont désormais mondialisés, multidimensionnels et très souvent liés au crime organisé. Le trafic de drogue est aujourd’hui indissociable de la criminalité et sa consommation interroge au-delà même de la simple question de santé publique. Il entraîne une insécurité déstabilisante pour les États africains : concurrence entre groupes criminels pour l’accès aux routes des trafics et territoires de consommation, augmentation de la violence, encombrement des appareils judiciaires déjà saturés, montée de la corruption, essor des grandes pandémies, etc. Le lien entre trafics illicites et criminalité organisée est à souligner, que ce soit la drogue, les armes à feu, les médicaments frauduleux, la contrebande de cigarettes ou d’ivoire, la traite d’êtres humains. Tous ces trafics sont caractérisés par une inter-connectivité des réseaux et une transversalité des crimes. En outre, ces trafics sont facilités, en Afrique, à la fois par : – l’ importante corruption. Conjugués à la faiblesse des institutions judiciaires et policières locales, les trafics illicites sont un facteur évident de vulnérabilité à la corruption, – la culture de l’impunité. La fragilité des institutions et la persistance de pouvoirs autoritaires sont alors des obstacles à la bonne gouvernance et l’État de droit, – le fait que le continent soit un carrefour entre deux routes clefs du crime organisé (Amérique du Sud/Europe et Asie du Sud-Est/ Europe). Ces activités illicites constituent aujourd’hui des défis majeurs pour la sécurité et la stabilité des sociétés qu’elles touchent et la situation ne cesse de se dégrader depuis plusieurs années. Ces différents trafics représentent une perte économique conséquente pour les États concernés (destructions économiques diverses, perte de points de croissance, corruption…), accentuant ainsi les phénomènes de pauvreté. Or, les actions menées par les autorités nationales en Afrique contre ces trafics sont encore trop modestes et ponctuelles. En effet, certaines élites politiques profitent directement ou indirectement de ces activités illicites (corruption, ressources économiques, ressources politiques, pacte social…). Le combat contre le crime organisé lié à ces trafics est extrêmement complexe. Il doit être multidimensionnel et demande ainsi une synergie entre acteurs nationaux mais aussi internationaux, que peu d’États sont en mesure de mettre en place seuls, notamment par manque de moyens financiers. Des trafics de plus en plus liés aux réseaux terroristes La problématique des trafics se superpose, le plus souvent, avec celle de la sécurité et avec celle des réseaux terroristes, qui y trouvent alors de nombreux avantages (ressources financières et ressources humaines). Ainsi, de plus en plus de groupes terroristes tissent des liens avec des organisations criminelles. Le trafic de drogue a, de fait, une très grande importance économique pour plusieurs mouvements jihadistes au Sahel. Des points de convergence géographiques, économiques et parfois même politiques uniraient alors trafiquants et certains groupes terroristes. Toutefois, il est difficile d’évaluer l’ampleur du lien entre terrorisme et trafics illicites. Un manque de réponse coordonnée Si les États africains ont reconnu la menace potentielle que représentent les trafics illicites et le crime organisé pour leur souveraineté, les mesures nécessaires pour y faire face souffrent encore de nombreuses lacunes : absence d’évaluation des politiques de lutte en cours, faiblesse organisationnelle de certains programmes internationaux de lutte contre la criminalité organisée, déficit de formation et d’équipements des forces de sécurité face aux risques multiformes… La communauté internationale a certes dévelop- 56 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e pé au cours de ces dernières années un ensemble d’instruments juridiques et des stratégies de lutte contre les trafics illicites. Toutefois, et concernant le continent africain, ces instruments pourraient s’avérer plus efficaces s’ils étaient adéquatement mis en œuvre. En effet, la réponse appropriée aux divers trafics se heurte aujourd’hui à un manque de coordination à la fois entre les services au niveau national, régional et international. Une approche multisectorielle La lutte contre les menaces des trafics illicites ne peut se résumer qu’à la seule dimension sécuritaire sans se préoccuper également de la prévention des conflits, de la gouvernance et du développement. La dimension plurifactorielle du crime transnational organisé suggère alors une approche multisectorielle, permettant d’intégrer à la fois les aspects sécuritaires et les dimensions liées au développement. Des premières pistes concrètes ont ainsi été évoquées par les intervenants : – harmoniser les stratégies existantes (dans le cas de la zone sahélienne, on ne compte pas moins de cinq initiatives aujourd’hui), – renforcer le secteur de la justice, notamment en harmonisant les lois et l’efficacité de chaîne pénale, et améliorer l’entraide judiciaire pénale internationale, – renforcer les moyens de lutte contre la corruption, – améliorer la gestion des services de renseignement et favoriser leur collaboration aux niveaux régional et international, – adapter les formations et les capacités des forces de sécurité aux risques multiformes, – mettre à l’agenda international la question du financement de la lutte contre les trafics illicites. Saisies d’armes illicites et direction du trafic en Afrique de l’Ouest (2008-2011) Source : Rapport 2013, UNODC 57 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 58 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e 59 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que ________________________________ Session II Quelles réponses aux crises ? Atelier 6 Solutions africaines Atelier 7 Nations unies/Union africaine : quelles synergies ? Atelier 8 Financements et pérennisation des efforts militaires de réponses aux crises Atelier 9 Réponses militaires, réponses civiles aux crises Atelier 10 Environnement sécuritaire et développement économique ________________________________ 60 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Session II Quelles réponses aux crises ? Atelier 6 Solutions africaines Président : Jakkie Cilliers Directeur de l’Institute for Security Studies Face aux crises qui touchent le continent africain, il s’avère nécessaire de mener une réflexion autour des réponses africaines. Si la notion de solutions africaines aux problèmes africains n’est pas nouvelle en soi, son contenu reste encore à définir. S’agit-il de donner la primauté aux États africains en termes politiques, stratégiques ou opérationnels ? Quels instruments peuvent traduire de manière opérationnelle ce discours? Quelles sont leurs sources de fragilité ? Des instruments africains pour des solutions africaines fragilisés par leur structure La Force africaine en attente (FAA), après un premier report de 5 ans, est supposée être prête au déploiement dans chacune des régions (ouest, est, centre, nord, sud) en 2015. L’évolution et la nature des conflits armés récents, notamment soudanais, malien et centrafricain, n’ont cependant pas permis aux chefs d’État de préparer au mieux cette nouvelle échéance. Cette situation a fini par révéler à la fois l’espoir et le scepticisme dont fait preuve l’ensemble des acteurs impliqués dans ce projet. En 2013, la Capacité africaine de réaction immédiate aux crises (CARIC) a été proposée comme un mécanisme transitoire et de court terme pour pallier les carences de la FAA, permettant d’apporter une réponse immédiate et de prévenir l’escalade des conflits. Celleci repose sur une contribution d’États africains volontaires dont l’engagement dépend en grande partie de leurs intérêts nationaux. En 2014, douze pays y contribuent à des degrés divers (Angola, Algérie, Burkina, Tchad, Niger, Rwanda, Soudan, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda), la liste demeurant ouverte. Afin de traiter les situations d’urgence, une vraie solidarité et un plus grand engagement de la part des États africains sont nécessaires. La question du financement est au centre des débats, soulignant la nécessité pour les États africains d’avoir les moyens de leurs ambitions. En effet, étant donné la nature complexe des menaces, les moyens financiers ne sont jamais suffisants. Pour autant, le cofinancement ou la contribution des États en fonction de leur produit intérieur brut (PIB) sont des propositions à envisager. D’autres mécanismes de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) sont à explorer, notamment les systèmes d’alerte précoce à l’échelle continentale et régionale, bien que leur mise en œuvre fasse encore défaut. Il est de même nécessaire d’identifier les groupes avec lesquels il est possible de discuter, ainsi que leur agenda politique, dans le cadre des processus de médiation et de négociation. Quelle volonté politique ? La définition de la notion de « solutions africaines » revient finalement à clarifier une fois de plus la question de la volonté politique. S’agit-il de laisser entre les mains de quelques États la gestion de la paix et de la sécurité avec les risques d’instrumentalisation politique et d’hégémonie régionale et continentale que cela implique ? Puisque de nombreux obstacles politiques et opérationnels ont empêché la mise en place d’une capacité de déploiement rapide (CDR) au sein de la FAA, la CARIC ne risque-t-elle pas d’être confrontée aux mêmes défis, sachant que les contributeurs sont les mêmes États et leurs armées nationales ? L’une des questions récurrentes reste d’ailleurs l’articulation entre ces outils durant la période de montée en puissance de la CARIC et l’opérationnalisation de la FAA. Étant donné la dimension transrégionale des menaces (piraterie, terrorisme, criminalité, etc.), les mécanismes sécuritaires délimités géographiquement, c’est-à-dire suivant les frontières des États appartenant à une seule organisation régionale, devront être repensés pour être efficaces. Chaque État n’en reste pas moins tenté de choisir le cadre d’action le plus rentable politiquement et économiquement, qu’il s’agisse de l’Union africaine (UA), d’une coopération interrégionale – sur le modèle CEDEAO/CEEAC dans le golfe de Guinée – ou de coalitions ad hoc, ayant inspirés la proposition de CARIC. 61 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Une stratégie africaine solide, avec le soutien de la communauté internationale Ainsi, en matière de paix et de sécurité sur le continent, l’UA devrait s’impliquer davantage afin de permettre aux acteurs africains d’être à l’avant-garde avec le soutien de la communauté internationale. L’application de solutions africaines ne signifie pas laisser l’Afrique seule pour régler des problèmes dont les causes et les conséquences dépassent le cadre du continent. Il est essentiel que les États africains définissent une stratégie commune avec des objectifs clairement identifiés sur lesquels les partenaires pourront s’appuyer. Cela permettra de choisir de manière conjointe la meilleure option permettant d’agir de manière préventive, c’est-à-dire en gérant un conflit sur le court terme sans créer un terreau propice à de futures crises. Maintien de la paix de l’Union africaine Source : Union africaine 62 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Session II Atelier 7 Nations unies/Union africaine : quelles synergies ? Président : Smaïl Chergui Commissaire à la paix et à la sécurité, Union africaine MINUAD au Darfour, AMISOM en Somalie, MONUSCO en République Démocratique du Congo, toutes ces réponses aux crises sécuritaires que connait le continent indiquent une dynamique de rapprochement de plus en plus poussée entre les Nations unies (ONU) et l’Union africaine (UA). Elles témoignent aussi d’une volonté accrue de la part de l’organisation régionale de s’impliquer davantage dans son destin sécuritaire tout en recherchant un équilibre avec les institutions de la structure internationale. Mais quelle synergie entre les deux entités ? Quels défis leur restentils à relever ? Quelle place pour les autres acteurs internationaux dans la gestion des crises sécuritaires africaines ? Un partenariat à approfondir : les défis à relever Toutefois, malgré ces avancées notables en matière de coopération dans la gestion des crises, des mesures d’approfondissement sont nécessaires pour rendre le dialogue ONU / UA plus efficient. La question des déficits capacitaires dans les Opérations demeure un problème majeur, comme le démontre la difficulté du soutien de la Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour (MINUAD): un appui compté au plus juste, des doubles chaînes de commandement, et une formation et un équipement des troupes insuffisants. Un autre défi à relever est la difficulté à développer une appréciation commune des risques et menaces à la paix entre les deux organisations et leurs États-membres. Les intérêts nationaux des États-membres ne sont pas toujours assez pris en compte. Or, ces derniers ne peuvent être écartés du processus d’évaluation et de décision de l’ONU, comme de l’UA. Personnel africain en uniforme dans les missions de l’ONU et l’UA, 2003-2014 Quel partenariat Nations unies/Union africaine ? L’Afrique acteur de sa sécurité ? Les relations entre l’ONU et l’UA ont connu une évolution très positive ces dernières années et peuvent être désormais qualifiées de privilégiées. L’organisation internationale a aujourd’hui une longue pratique de gestion des crises africaines (elles représentent 78 % des résolutions du Conseil de sécurité) et a connu une lente mutation, rendant ce partenariat quasi-permanent et non plus occasionnel comme par le passé. En témoigne l’importance de la représentation de l’ONU auprès de l’UA. Dans le même temps, l’Afrique cherche à devenir acteur à part entière de sa sécurité. Au fil des années, la pratique s’est progressivement installée au sein de l’organisation internationale de conférer une délégation de la gestion des crises aux pays africains eux-mêmes. Ceci en raison de leur meilleure connaissance de la région et de leur capacité à faire face rapidement à certaines menaces locales. L’ONU se réservant les dimensions de crises réclamant une gestion à plus long terme. Aujourd’hui, les pays africains sont plus dynamiques et, tout en mettant l’accent sur l’importance de développer davantage la coopération, n’hésitent plus à se saisir eux-mêmes des dossiers sans attendre nécessairement une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), compte tenu de la diversité et de la localisation régionale des menaces qui les concernent collectivement. D’ailleurs, le CSNU, ne saurait désormais statuer sur une question engageant la paix et la sécurité du continent africain sans recueillir par avance les délibérations et les avis de l’UA. Source : The Japonese National Institute for Defense Studies, traduit de l’anglais Par ailleurs, ce défaut de concertation se retrouve également entre l’organisation internationale et l’UA. Afin d’améliorer la situation, une des solutions à envisager est la construction d’un mécanisme de réflexion stratégique au sein de l’organisation régionale associant étroitement l’ONU et autorisant à mieux anticiper et prévenir l’émergence des dangers. Un mécanisme qui saurait tenir compte de la dimension et de la nature interrégionale des risques et menaces liés à la globalisation et permettrait la construction de canaux de dialogue plus horizontaux, associant les organisations régionales et les États. 63 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Un troisième point à développer concerne les conditions de transition d’un dispositif de l’UA et de l’ONU aux acteurs locaux. Peu de travaux et de retours d’expérience ont été menés à ce jour sur ce sujet sensible qui reste pourtant très pertinent pour agir à l’origine même du problème. L’actuel processus de révision du rapport Brahimi sur les opérations de maintien de la paix devrait permettre de redéfinir sur des bases concrètes le partenariat ONU-UA. Trois représentants africains étant présents dans la commission chargée d’instruire le dossier, les travaux devraient constituer un moment propice pour permettre à la voix africaine d’être mieux entendue à New York. Quelle place pour les autres partenaires dans la gestion des crises ? L’UE, un partenaire privilégié Si la collaboration ONU-UA est en voie d’amélioration constante, il convient de la compléter avec les ressources et capacités des autres partenaires, afin de permettre à la voix de l’Afrique d’être mieux entendue au sein de la communauté internationale. Les rapports entre l’Union européenne (UE) et l’UA ne cessent de se développer avec le constat d’une communauté d’intérêt dans la gestion des risques et des menaces (terrorisme-criminalité) touchant aussi bien l’Afrique que l’Europe. Le rôle de soutien clé de l’UE apparaît clairement dans ses contributions aux opérations de l’UA (1,5 milliards d’Euros pour l’AMISOM, mission de l’UA en Somalie), aux activités de soutien et de formation des brigades en attente et des missions locales aux États en danger (EUTM, EU-NAVFOR ATALANTA). Le dialogue euro-africain a ainsi mené à l’activation de stratégies régionales de l’UE permettant de contribuer à une meilleure prise de conscience en Europe de l’importance d’aider l’Afrique. La France s’y est employée, même si des progrès restent encore à faire. Un tel partenariat ne pourra cependant porter ses fruits que si les pays africains favorisent la mise en place d’un État de droit, meilleur outil de prévention des conflits qui puisse se concevoir. D’autres collaborations restent à approfondir, notamment avec l’Asie, pour affiner les coopérations entre grands partenaires internationaux et l’UA. Au niveau de la société civile, le rôle et le conseil des femmes, dans la perspective de l’évolution démographique que connaît le continent, doivent être pris en compte et encouragés. Mieux coordonner pour mieux prévenir Au cœur des logiques de toutes ces coopérations avec l’UA se trouve une volonté d’anticipation et de prévention des crises et des conflits. Il s’agit à terme de mieux coordonner de manière très pratique les bonnes volontés des uns et des autres, avec une attention toute particulière à apporter aux ressources et capacités que les uns et les autres peuvent produire. Opérations de paix en Afrique (octobre 2014) Source : The Japonese National Institute for Defense Studies 64 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Session II Atelier 8 Financements et pérennisation des efforts militaires de réponse aux crises Président : Olusegun Obasanjo, Ancien Président de la République fédérale du Nigeria, Président de la Fondation Obsanjo 2525premières arméesd’Afrique d’Afrique en budgets premières armées en Budget Budget défense 2014 en dollars (en millions) Avec la montée en nombre et en intensité des actes de terrorisme et des conflits en tous genres (trafics, traite d’êtres humains, etc.), la gestion de crise est aujourd’hui plus que jamais au cœur des préoccupations des Africains et de leurs partenaires. Afin d’y répondre efficacement, il apparait nécessaire de développer des synergies entre trois axes principaux : le militaire, le développement et l’humanitaire. Mais cette gestion de crise, pour être pertinente, impose un financement durable, qui doit permettre d’apporter une réponse structurelle dans le temps. Quelles sont les problématiques de financement auxquelles sont aujourd’hui confrontés les pays africains ? Comment pérenniser les efforts militaires de réponse aux crises ? $5 450 $6 850 Libye Le coût du soutien des troupes projetées dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations unies (ONU) est très important. Il s’est élevé en 2014 à 8 milliards de dollars pour l’Afrique seule. L’Union européenne (UE) a pour sa part investi 1,2 milliard d’euros dans les opérations de maintien de la paix en Afrique depuis 2004, le Burundi et la Somalie étant les deux plus gros postes de dépense. Par ailleurs, le Japon est le plus grand contributeur des opérations de maintien de la paix en Afrique, même si la coopération japonaise n’est pas toujours très visible. La problématique du financement conduit parfois à établir le dimensionnement d’une force à partir du financement disponible. L’efficacité d’une projection est donc hypothétique avant même son déploiement. $12 000 Egypte Angola Une interopérabilité des forces projetées à repenser Alors que l’UE est contrainte dans ses financements, notamment concernant l’allocation de fonds à l’acquisition d’équipement militaire, et que certains pays membres de l’ONU refusent que des cotisations paient les Opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, l’Union africaine (UA) est forcée aujourd’hui de rechercher des solutions innovantes. Il existe des alternatives pour contourner les difficultés de financement, notamment par l’assistance bilatérale. L’aide peut être logistique et matérielle et non directement financière. Les États-Unis ont par exemple récemment acheminé 250 véhicules par leurs propres moyens sur un théâtre africain. Mais cette configuration n’est pas durable, ni systématique sur une opération, ni reproductible sur un autre théâtre. Algérie * $4 660* Afrique du Sud $4 010 Maroc $3 860 Nigeria $2 250 Soudan $189 0* Sud Soudan $1 040 Kenya $1 040 Tunisie $911 Côte d’Ivoire $812 République du Congo $720 République démocratique du Congo $456 Zambie $422 Cameroun $410 Namibie $410 Ouganda $405 Tanzanie $396 Ethiopie $375 Zimbabwe $368 Mali $365 Botswana $346 Ghana $277 Sénégal $254 Source Budget 2013 : Données tirées du Military Balance 2015 Source : Données tirées du Military Balance 2015 Une transformation nécessaire Les institutions de sécurité ont toujours été importantes dans les États africains. Issues de l’héritage colonial, les forces, dont la fonction première était de protéger un cercle de pouvoir restreint, ont des capacités inégales. Les armées (dans leurs missions les plus classiques) sont souvent dédaignées par le pouvoir, hormis dans le cadre de la sécurité du régime. En conséquence, les forces ont une faible capacité à protéger le territoire et les ressources naturelles afférentes. La question cruciale des capacités des armées africaines, des Communautés économiques régionales et de l’UA, repose en partie aussi sur les lois de programmation militaire. En effet, ce n’est pas parce qu’un pays est pauvre qu’il ne peut pas planifier les évolutions de ses armées (missions, matériels…). Il est de même important de penser l’évolution des structures de défense et de sécurité. 65 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Par ailleurs, se pose un problème de gouvernance interne. En effet, comment attribuer des budgets aux armées quand les autres services publics essentiels sont sous-financés ? Cette question est une source d’instabilité et de contestation interne. De plus, en situation de postcrise, les populations n’ont pas confiance en leur armée nationale. Il est donc important de rendre acceptables les budgets de Défense nationaux afin de pouvoir créer, même indirectement, un lien de confiance entre un peuple et son armée. Pour autant, il faut être attentif à ce que la montée des questions de sécurité ne conduise pas à la militarisation de régimes africains avec le soutien d’acteurs internationaux. Sur le plan normatif, de nombreux efforts ont abouti à la mise en place de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ainsi que la Cour africaine de justice et des droits de l’homme (CAJDH). Les contributeurs au rétablissement de la paix et de la sécurité sont aussi les premiers bailleurs du développement, ce qui comporte un risque de confusion et de fusion entre les budgets des opérations de rétablissement de la paix et ceux du développement. Il est donc important de différencier ces deux types de budgets. Enfin, le soutien africain à la Force en attente, enjeu important pour la sécurité du continent, devrait être plus élevé de la part des États africains. Boko Haram a des conséquences de plus en plus néfastes sur les populations des pays voisins. Les mois d’octobre et novembre ont été marqués par un déplacement massif de populations. Par exemple, le gouvernement du Niger évalue à plus de cinq mille le nombre de personnes ayant fui le nord du Nigeria depuis mai 2013 pour se réfugier dans la région nigérienne de Diffa. Dépenses militaires Afrique Dépenses militaires een n Afrique Dépense en milliards Evolution en pourcentage 2013-‐2014 2005-‐2014 (50,2) 5,9 91 Afrique 20,1 7,6 144 Afrique du Nord (30,1) 4,8 66 Afrique subsaharienne () : Estimation incertaine Sources: SIPRI, Trends in Worlds Military Expenditure, 2014 Source : Sipri, Trends in Worlds Military Expenditure, 2014 Gouvernance La question de la gouvernance est un enjeu central de tous les conflits sur le continent. L’effort doit donc aussi porter sur cet axe, sous forme d’une réponse normative et politique, à différentes échelles : UA, Communautés économiques régionales et au niveau national. 25 premières armées d’Afrique en effectifs 25 premières armées d’Afrique en effectifs Hommes actifs Egypte 438 500 Soudan 264 300 Erythrée 201 750 Maroc 195 800 Sud Soudan 185 000 Algérie 167 200 Nigeria 162 000 Ethiopie 138 000 République démocratique du Congo 134 250 Angola 117 000 Afrique du Sud 62 100 Ouganda 45 000 Côte d’Ivoire 40 000 Tunisie 35 800 Rwanda 35 000 Tchad 34 850 Kenya 29 120 Zimbabwe 29 000 Tanzanie 28 400 Cameroun 23 200 Madagascar 21 600 Burundi 21 000 Sénégal 18 600 Ghana 15 500 Namibie 15 200 Source : Données tirées du Military Balance 2015 Source : Données tirées du Military Balance 2015 66 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Session II Atelier 9 Réponses militaires, réponses civiles Président : Général Lamine Cissé Président, West Africa Partners, ancien ministre de l’Intérieur, Sénégal Opération Serval puis Barkhane dans le Sahel, missions de soutien de la paix de l’Union africaine notamment en Somalie (AMISOM), les réponses aux crises sécuritaires que traverse l’Afrique semblent être avant tout militaires. Cependant, si les mandats offensifs qui se sont succédé ont permis à court terme d’endiguer la propagation des violences, cette approche ne peut pas résoudre à elle seule la situation catastrophique que vivent des milliers d’Africains. En témoignent les difficultés à stabiliser les zones concernées après les interventions. Quelles sont les limites de cette réponse dite « robuste » ? Comment allier solutions sécuritaires et démarches politiques dans les stratégies de sortie de crise sur le moyen et long terme (notamment les DDR - désarmement, démobilisation, réinsertion - et RSS - réforme du secteur de la sécurité.)? Et quelle place pour les acteurs de la société civile dans cette approche ? Les limites d’une force de paix robuste Le recours à la force est parfois nécessaire dans les stratégies de sortie de crises, notamment quand elles impliquent une lutte contre des groupes armés violents comme en Afrique. Néanmoins, la question de l’usage de la force est plus complexe qu’il n’y paraît. Tout d’abord, il reste limité. Il peut parfois exister, par exemple, une forte réticence de certains membres du Conseil de sécurité des Nations unies, tout comme des pays contributeurs de troupes, à soutenir l’adoption de mandats offensifs en Afrique. Et quand c’est le cas, la robustesse est souvent regardée avec réticence par le politique, ce qui engendre des hésitations ou de la frilosité de la part des forces déployées. Par ailleurs, l’unité de commandement des opérations est souvent compromise par la tendance de nombreux contingents à se référer ou se conformer aux instructions de leurs capitales plutôt qu’à celles du Commandement de la force. Sans parler de l’impératif pour les Casques bleus déployés de respecter eux-mêmes les droits de l’homme dans toutes les situations, même les plus violentes. Ensuite, la présence d’une force de paix extérieure dite « robuste » peut constituer un alibi derrière lequel s’abritent les autorités nationales pour ne pas prendre leurs responsabilités en matière de sécurité. Il est essentiel que les forces internationales développent de solides partenariats avec des forces de défense et de sécurité nationales impartiales, professionnelles et respectueuses des droits de l’homme. Pour une approche plus politique des stratégies de sortie de crise En réalité, la réponse militaire ne doit être considérée que comme l’une des séquences permettant de soutenir un processus politique, gage de stabilité sur le long terme. La question de l’usage de la force dans des situations dites « grises » – où la guerre est en apparence terminée sans que l’on puisse considérer que la paix est véritablement instaurée – se pose avec acuité. Dans ces zones, l’action politique apparaît comme la réponse la plus pertinente, puisque nourrissant une reconstruction étatique qui sera à même, non seulement de prévenir la radicalisation des populations, mais également de faire face à des situations de crises de manière efficace et autonome. En effet, la mise sur pied d’institutions solides et pérennes est un enjeu absolument majeur qui doit dépasser la seule question du choix des dirigeants ou du soutien apporté à des personnalités charismatiques. Comment articuler réponse militaire, technique et réponse politique ? Il convient donc de parvenir à concilier pression politique et action militaire en maniant chacune d’entre elle avec précaution. L’usage de la force, nécessaire mais ne devant pas miner les efforts politiques déployés parallèlement, devrait se concentrer sur des actions très ciblées. Cela suppose une solide capacité de renseignement, une grande mobilité (de plus en plus indispensable pour compenser l’insuffisance numérique des forces de paix) et une meilleure maîtrise des implications stratégiques des actions menées au niveau tactique. Cette approche mérite également d’être appliquée aux processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et de réforme des secteurs de la sécurité (RSS) qui font aujourd’hui partie intégrante des efforts de consolidation de la paix après un conflit. Ils sont en effet souvent conçus par la communauté internationale sous un angle purement technique alors que la prise en compte de leur dimension politique est indispensable à la réussite de ces processus. A titre d’exemple, les processus DDR ne peuvent aboutir que si les groupes armés sont assurés d’être en sécurité lorsqu’ils acceptent de déposer les armes. En matière de RSS, les forces de défense et de sécurité ne peuvent être crédibles que si elles reflètent la confiance que les populations placent dans l’État pour assurer leur sécurité. Plus généralement, la dimension politique des programmes de sortie de crise ou de consolidation de la paix doit être considérée comme tout aussi importante que leur seule dimension technique Il conviendrait par ailleurs de se focaliser, dans le cadre des processus de reconstruction ou de consolidation de la paix, sur quelques secteurs clés, notamment en soutenant la coordination et les mécanismes intergouvernementaux. 67 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Quelle place pour les acteurs de la société civile? Les conditions de mise en œuvre des missions à visée politique (formation, reconstruction étatique, etc.) dépendent pour beaucoup des perceptions des populations et des autorités nationales. Un effort accru doit être fourni en matière de communication et de pédagogie afin de permettre aux populations et aux autorités nationales de mieux comprendre les mandats dans lesquels s’inscrit l’intervention des forces internationales, afin notamment de se prémunir contre la confiance excessive que les civils placent parfois dans l’intervention militaire (en clarifiant les objectifs poursuivis par celle-ci). Ce travail est nécessaire pour accompagner la société civile africaine dans la prise en compte de sa responsabilité dans le processus de pacification de sa zone d’habitation. Elle peut en effet jouer un rôle majeur surtout dans la compréhension des causes des conflits, en renseignant notamment sur leurs racines culturelles et sociales. Longtemps passive ou marginalisée, la société civile africaine prend aujourd’hui de plus en plus activement part à la recherche de solutions aux crises et aux conflits. Elle est devenue pourvoyeuse d’initiatives dans le cadre d’une gestion plus inclusive de la sécurité. Un recentrage du citoyen au cœur de la problématique sécuritaire est en train de se produire. Mais, pour agir pleinement, elle a d’abord besoin de pouvoir intervenir dans le cadre de relations civilo-militaires harmonieuses, à l’instar de celles qui se développent en Guinée dans le cadre du Comité civilomilitaire (CCM) en place depuis 2006 et qui vise, par la sensibilisation et le conseil, à l’amélioration des relations entre les deux entités. Cette approche passera également par l’inclusion de tous les acteurs concernés dans le processus de reconstruction étatique. Il s’agit de développer une approche « gradualiste », en commençant à dialoguer et négocier avec les groupes armés puis en élargissant le cercle aux autres acteurs, notamment aux victimes, afin que les groupes armés ne détiennent pas le monopole sur le processus politique. 68 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Session II Atelier 10 Environnement sécuritaire et développement économique Président : Youssouf Ouedraogo Conseiller du Président, Banque africaine de développement, ancien Premier ministre, Burkina Faso En adoptant en 2013 l’objectif de ne pas léguer le fardeau des conflits à la prochaine génération d’Africains1, l’Union africaine (UA) s’est engagée à agir et soutenir les initiatives en matière de sécurité, la démocratisation et le développement. Ces trois domaines apparaissent en effet profondément intriqués et se conditionnent mutuellement. Leurs interactions ont des impacts sur l’économie, la société, l’environnement naturel ou les institutions politiques et sociales. La nouvelle donne économique en Afrique qui a joui d’une croissance moyenne de 5,5 % entre 2003 et 2013, fait aujourd’hui du développement l’élément moteur de ce triptyque, non sans distorsions. En effet, outre un dynamisme économique concentré à l’Ouest et à l’Est du continent (avec une croissance fréquemment supérieure à 6% au cours de cette période), le développement économique de l’Afrique repose sur des atouts qui sont également des fragilités. Une croissance, fragile et inégale, qui appelle à un développement plus équitable Tout d’abord, cette croissance est portée par l’exploitation des matières premières, au détriment de la valeur ajoutée manufacturière, en forte baisse depuis les années 1990. La part des exportations du secteur primaire demeure élevée, compte tenu de la forte demande mondiale pour ces ressources et de l’importance des réserves africaines connues ou à découvrir. Mais les instabilités sociales et politiques, les changements climatiques ou les carences infrastructurelles perturbent leur exploitation. Plusieurs secteurs permettent cependant de diversifier les économies africaines, tels que les télécommunications, la construction, les transports ou le tourisme. Par ailleurs, l’entrée du continent africain dans une phase de transition démographique constitue un levier de changement considérable2. Le dividende démographique (augmentation de la part de la population active dans la population totale) pourrait apporter à l’Afrique une croissance économique élevée et stable sur plusieurs décennies. _____ (1) Déclaration solennelle sur le 50ème anniversaire de l’OUA/Union africaine, lors du Jubilée d’Or de l’Union cf. Assembly/AU/decl.3(XXI) (2) UNFPA, State of World Population 2014. The Power of 1.8 billion: Adolescents, Youth and the Transformation of the future, 2014, 136p. (3) Cf. PSC/PR/BR.1(CCLXXIV) Mais ce potentiel humain ne pourra se réaliser sans des investissements multisectoriels et des infrastructures, notamment dans les domaines de l’éducation, du soutien à la création d’emplois ou de la santé. Enfin, l’émergence économique du continent à l’échelle globale, dont témoignent l’insertion progressive des économies africaines dans la mondialisation, ou encore la hausse des investissements étrangers, masquent d’importantes inégalités locales. La principale disparité relative à la croissance réside dans la concentration des richesses au sein de cercles de pouvoir, d’élites économiques ou de communautés ethniques, posant entre autres la question du partage de la rente d’exploitation des ressources naturelles. Ces inégalités sont déjà la source de conflits et d’instabilités locales et régionales. Plus fondamentalement, la pauvreté demeure un défi majeur en Afrique, malgré des progrès incontestables. Les vulnérabilités de l’émergence économique de l’Afrique alimentent un fort ressentiment social, qui risque de s’amplifier à l’avenir, faute d’un développement économique plus équitable. Outre la pauvreté et les inégalités, la marginalisation de populations, une urbanisation sans infrastructures suffisantes, une défiance politique ou encore une jeunesse sans emploi favoriseront la multiplication d’épisodes de violence infra-étatique. Une meilleure approche sécuritaire pour le développement économique Si un développement économique équilibré est un indéniable vecteur de prévention et d’atténuation des conflits locaux et interétatiques, le lien inverse s’avère tout aussi essentiel. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA note en ce sens que la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité constitue un préalable à un développement durable3. La montée progressive d’une classe moyenne en Afrique s’accompagne de demandes sociales pour une meilleure sécurité physique et juridique, et pour la protection de la propriété privée. Ces revendications rejoignent celles des investisseurs et des entreprises privées, pour qui les risques vis-à-vis de leurs personnels, de gouvernance et de modification de contrat, représentent le principal frein à leur engagement sur le continent africain. Le retrait de l’État dans certaines zones géographiques ou secteurs économiques laisse autant d’espaces à combler par les groupes criminels à différentes échelles, des services urbains (comme la gestion des déchets dans des mégalopoles africaines) jusqu’à l’exploitation illégale de ressources naturelles sur des pans entiers du territoire d’un pays. Ce déficit d’État entretient un cercle vicieux qui s’alimente de l’insécurité, de la corruption, du financement de groupes armés ou de rebellions indépendantistes, de la baisse des revenus publics… 69 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que De la nécessité d’institutions politiques légitimes et stables Dans ces espaces, les enjeux fonciers généreront de fortes tensions entre des droits d’usage anciens et la valorisation soudaine, portée par la spéculation, des terrains concernés par ces projets. Cependant, une approche excessivement sécuritaire apparaît également lacunaire et potentiellement génératrice de conflits. Les réponses sécuritaires et militaires aux conséquences d’un développement spatial inégal au sein d’un État ne résolvent pas les tensions, et sont porteuses au contraire d’un degré supplémentaire de violence. Elles peuvent également conduire à régionaliser des enjeux jusqu’alors internes. Face à la double dialectique de la « sécurité pour le développement » et du « développement comme préalable à la sécurité », la légitimité et la stabilité des institutions politiques, troisième dimension du triptyque, s’affirment comme un horizon indépassable. Le partage de la croissance économique, la sécurité physique et juridique, la coordination des réponses à des défis globaux, comme le changement climatique, ou encore la fourniture de services sociaux essentiels supposent des arbitrages et une supériorité institutionnelle qui ne peuvent être assurés que par l’État et de forts pouvoirs publics décentralisés. Sans un État structuré et perçu comme légitime par ses concitoyens, aucun développement pérenne ne serait ainsi possible. Les futures grandes infrastructures (barrages, nouvelles surfaces irriguées, exploitation d’hydrocarbures, oléoducs ou encore lignes à haute tension) cristalliseront les interactions entre le développement et la sécurité. Certaines provinces, oubliées des plans nationaux de développement et perçues comme périphériques par leurs autorités centrales, suscitent un intérêt nouveau avec la découverte de leur potentiel économique ou la présence d’infrastructures énergétiques. Variation en pourcentage de la population active (entre 15 et 64 ans) entre 2015 et 2050 Source : Nations unies (2013), The state of world population 2014 UNFPA, traduit de l’anglais 70 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e 71 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 72 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Le panel de clôture Mardi 16 décembre 2014 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Synthèse des travaux des ateliers par Cheikh Tidiane Gadio, Président de l’Institut panafricain de stratégies Le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s’achève aujourd’hui devant vous, après deux jours de débats et d’intenses réflexions sur ces questions de sécurité qui nous préoccupent tant et qui nous mettent face à nos responsabilités. Ce Forum, vous l’avez voulu lors du Sommet de l’Élysée, conscients du besoin d’approfondir le dialogue stratégique entre Africains et entre Africains et leurs amis à travers le monde. Hier et aujourd’hui à Dakar se sont rassemblés 400 participants et 400 invités, venus de 47 pays, dont 30 pays africains et des représentants de 12 organisations internationales. Toutes les régions du continent ont été représentées. Ce dialogue stratégique que tous réclamaient a bien eu lieu à Dakar. Il a révélé une vraie expertise. Les échanges, sérieux et courtois, parfois contradictoires, ont montré que, dans une telle enceinte, les acteurs et experts avaient bien besoin d’échanger, de s’écouter et qu’ils savaient le faire. Les discussions se sont déroulées autour de 10 sujets centraux, dans 10 ateliers, riches, vivants, avec 10 présidents d’atelier de haut niveau que nous remercions d’avoir contribué à ce Forum. 74 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Ici à Dakar, un processus a été lancé, une communauté s’est réunie. Le processus va se poursuivre et s’enrichir davantage. Les discussions ont porté sur les menaces et le paysage sécuritaire en Afrique. Les participants ont travaillé sur différents types de menaces : conflits armés et politiques, terrorisme, piraterie, crime organisé et trafics, menace à la sécurité sanitaire. Ils se sont accordés sur le fait que ces menaces étaient partagées, qu’elles s’aggravaient, et qu’il était nécessaire d’en avoir une compréhension approfondie et partagée. Lors de la discussion sur le terrorisme, les points dégagés sont : 1) la nouvelle génération de groupes terroristes est mieux armée, plus jeune, plus équipée en matière technologique, mais aussi plus radicale, et surtout les groupes semblent être connectés entre eux (AQMI ; Boko Haram ; Shebbab) ; 2) si tous les participants voient comment l’intervention militaire peut contenir l’influence et la territorialisation de ces groupes, un consensus s’est fortement dégagé sur la nécessité d’identifier les failles sociales et les conflits locaux dans lesquels le jihadisme s’ancre, pour lutter efficacement contre le terrorisme et sur la nécessité pour les États d’y répondre. Il est également nécessaire de faire un bilan lucide et urgent face à la montée d’un extrémisme religieux, facteur de déstabilisation du continent africain. « les périphéries sont de moins en moins des périphéries. Elles commencent à être des centres de gravité politiques, militaires et commerciaux importants » Autre point intéressant des discussions : les périphéries sont de moins en moins des périphéries. Elles commencent à être des centres de gravité politiques, militaires et commerciaux importants qu’il faut prendre en considération. Par ailleurs, par exemple, sur le Sahel, il faut maintenant raisonner sur un ensemble régional Maghreb-Sahara-Sahel, ensemble à destin commun. Les acteurs africains ont clairement pris conscience des menaces et ont commencé à se mobiliser, mais n’ont pas encore mis en œuvre les principes et stratégies sur lesquels ils se sont entendus. Au sujet de la piraterie par exemple, le problème se pose au niveau de la mise en œuvre de l’architecture maritime, et il est maintenant crucial d’affronter les raisons des difficultés de la coopération régionale. En ce qui concerne les « solutions africaines », le concept a encore besoin d’être clarifié, et il semble 75 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que nécessaire de faire un bilan approfondi de l’Architecture de paix et sécurité africaine, et surtout des obstacles et duplications d’initiatives. Les projets qui semblent progresser le mieux sont des coalitions d’État aux intérêts stratégiques proches, comme certaines initiatives sous-régionales. Pour noter un développement positif, la coopération entre Union africaine (UA) et Nations unies semble avancer, notamment sur le processus d’échange et de concertation sur les causes des menaces sécuritaires. Voilà de manière synthétique ce qui est ressorti des débats et des échanges. Tous les problèmes ne sont peut-être pas résolus. Mais ils ont été posés avec beaucoup de pertinence et de courage. Les défis sont nombreux et nous le savons. Une volonté politique africaine, qui est une nécessité absolue, émerge. Cette volonté politique doit être le moteur de l’opérationnalisation de nos projets, elle doit être l’inspiration d’une vision commune et globale de notre avenir. Pour une telle opérationnalisation et une telle vision, l’UA continuera de jouer son rôle de locomotive. Un sujet a dominé les préoccupations de tous : celui de la prévention. C’est un élément encore trop faible de nos dispositifs et de nos politiques. Nous devons dans la durée accorder une priorité stratégique à la prévention structurelle en renforçant la gouvernance et l’État de droit. Nous devons, quand nous sommes capables de diagnostiquer une situation de crise, réagir rapidement et opportunément, nous donnant collectivement les moyens d’imposer des solutions politiques conformes aux principes du droit et de la démocratie. Pour cela, nous avons absolument besoin d’une mutualisation de nos moyens et de nos ressources, et de plus d’intégration régionale et continentale. Dans ce processus, l’Afrique a aussi besoin de partenariats féconds et novateurs. Merci pour votre aimable attention. 76 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Mohamed Ould Abdel Aziz Président de la République islamique de Mauritanie Je voudrais d’abord adresser mes sincères remerciements à mon frère son Excellence Monsieur le Président Macky Sall et, à travers lui, au gouvernement et au peuple sénégalais, pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité généreuse qui nous ont été réservés depuis notre arrivée dans la belle ville de Dakar. À cette occasion, j’exprime ma satisfaction quant à la mise en œuvre de la proposition des chefs d’États et de gouvernements lors du Sommet de Paris, qui s’est tenu les 6 et 7 décembre 2013, d’organiser à Dakar un forum sur la paix et la sécurité en Afrique. Notre continent africain fait face à des défis sécuritaires majeurs comme le terrorisme, la rébellion armée, le crime organisé, le trafic de drogues, d’armes et de personnes, la piraterie et le flux de migration clandestine. Pour faire face à ces défis qui menacent notre existence, la paix et la sécurité dans nos pays et qui entravent la croissance dans notre continent, nous devons, dès maintenant, définir nos priorités et coordonner nos efforts. Nous saisissons mieux aujourd’hui les formes et les manifestations du phénomène de l’insécurité, comme nous en connaissons mieux ses causes. Ainsi, notre capacité à y faire face s’est accrue. La sécurité ne pourra se réaliser et s’établir que par des efforts collectifs et des moyens communs. C’est pourquoi, la priorité de nos priorités en Afrique doit être la création d’un système continental de défense et de sécurité évolutif en mesure de mettre un terme à ces dangers permanents qui menacent nos pays. C’est dans cette perspective que l’Union africaine (UA) a institué, dans le cadre du dispositif africain de paix et de sécurité, des mécanismes efficients. L’UA est déterminée à garantir la mise en place de la capacité opérationnelle de la Force africaine en attente et à assurer sa capacité de déploiement à l’horizon 2015, ainsi que la Capacité 77 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que africaine de réponse immédiate aux crises. Nous devons également impulser une dynamique de développement pour stimuler une croissance forte et inclusive en mesure de créer suffisamment d’emplois afin de limiter le chômage et permettre une plus grande participation des jeunes à la création de la richesse. Riche de ses ressources naturelles et humaines, l’Afrique ne doit pas demeurer un espace géographique de consommation, au contraire elle doit devenir une zone de production et de création de valeur ajoutée. Pour y parvenir, elle est appelée à développer la complémentarité et à transformer les matières premières sur place pour ne pas continuer à exporter des millions d’emplois qu’elle a besoin de créer localement. Ainsi, nous garantirons l’emploi des jeunes, nous faciliterons leur accès au marché du travail et nous mènerons une lutte d’une efficacité maximale contre le terrorisme et le trafic. La promotion des valeurs de la démocratie et des droits l’homme contribue d’une manière efficace à renforcer la paix et la sécurité et à favoriser un climat de sérénité et de paix sociale. C’est pourquoi il est de notre devoir en Afrique de continuer à promouvoir les libertés individuelles et collectives, à conforter la pratique démocratique et à consacrer l’organisation d’élections transparentes. « La responsabilité de préserver la paix et la sécurité n’incombe pas seulement aux États mais aussi à tous les autres acteurs y compris la société civile » Se tiendra à Nouakchott, deux jours après la clôture de ce Forum, le premier Sommet des États participants au Processus de Nouakchott sur la coopération sécuritaire et l’activation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, qui sera l’occasion d’approfondir la réflexion en vue de mettre en place un cadre pour une coopération régionale structurée pour faire face aux défis sécuritaires dans la région. Nous sommes certains que notre action, qui s’enrichit aujourd’hui de l’apport de groupes d’experts, sera pour nous une source d’inspiration en matière de renforcement et de consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique. La responsabilité de préserver la paix et la sécurité n’incombe pas seulement aux États mais aussi à tous les autres acteurs y compris la société civile. Tous doivent l’assumer avec conscience, responsabilité et engagement. Je voudrais avant de terminer, féliciter mes homologues africains pour leur engagement en faveur du renforcement de la paix et de la sécurité dans notre continent et remercier nos partenaires pour leur soutien constant en la matière, en particulier la France, présente aujourd’hui à nos côtés dans plusieurs foyers de tension pour le maintien de la paix et la lutte contre le terrorisme. Je vous remercie, et que la paix, la miséricorde et la bénédiction d’Allah soient sur vous. 78 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Idriss Déby Président de la République du Tchad Permettez-moi tout d’abord d’adresser à mon frère Macky Sall, Président de la République du Sénégal, mes sincères remerciements pour avoir bien voulu accueillir, dans cette somptueuse capitale Dakar, le Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique. Je voudrais également féliciter le peuple et le gouvernement sénégalais pour l’accueil chaleureux et hospitalier qui nous a été réservé. L’Afrique, notre continent, est confronté à plusieurs défis liés au sous-développement, aux maladies diverses, aux conflits armés, aux crises socio-économiques et financières, à la pauvreté, au changement climatique et au déficit alimentaire... À toutes ces difficultés s’ajoute aujourd’hui le terrorisme, ce phénomène contemporain qui se développe dangereusement dans les différentes parties de l’Afrique et qui se trouve lié à un réseau plus vaste à travers le monde, menaçant ainsi nos États dans leurs fondements existentiels. Cette situation, on ne peut plus alarmante et critique, nous interpelle tous quant aux actions à entreprendre pour l’éradiquer afin de restaurer durablement la paix, la stabilité et la sécurité dans nos régions respectives. 79 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que C’est dire donc toute l’importance de ce Forum international sur le renforcement de la paix et de la sécurité en Afrique. J’aimerais saluer les efforts de la France pour son intervention au Mali, dans le Sahel et en République Centrafricaine. Il faut reconnaitre que des réalisations importantes dans le domaine de la paix et de la sécurité sont à porter au crédit de nos États et de notre organisation continentale, l’Union africaine (UA). Des efforts remarquables de règlement des conflits entre les États ou parfois à l’intérieur des États ont été accomplis. Nous assistons aujourd’hui à un autre phénomène : le terrorisme. Ce fléau n’a pas de visage, n’a pas de nationalité et n’épargne aucun pays. Il se nourrit des frustrations politiques et socioculturelles, des revendications identitaires personnelles ou collectives, de l’interprétation erronée de la religion et de l’histoire, de la marginalisation économique et sociale, de l’absence de perspectives, de la misère, du chômage et de bien d’autres facteurs qui concourent à la radicalisation et à l’extrémisme violent. Nous devons donc combattre ce phénomène avec toute la rigueur requise, au risque de voir tous les progrès réalisés tomber à l’eau. Ce qui exige de nos États une forte mobilisation des ressources et une mutualisation des efforts. L’Afrique doit donc développer une approche accélérée, coordonnée et solidaire. Il ne peut y avoir des réponses nationales d’une part et des réponses continentales d’autre part. C’est dans le respect de cette solidarité agissante et dans le souci de lutter efficacement contre les forces du mal qui écument notre continent, que les communautés régionales ont jeté les bases juridiques et institutionnelles, ce qui a conduit à la création et à la mise en œuvre de mécanismes de prévention, de défense et de sécurité capables de réagir promptement face aux menaces terroristes. « L’Afrique doit développer une approche accélérée, coordonnée et solidaire » Car nous le savons tous, aucune réforme, aucun changement qualitatif ne saurait être mené sans sacrifice, sans une volonté forte de faire converger les intérêts individuels de nos États avec ceux de notre organisation commune, l’UA. J’en veux pour preuve la Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC), qui vient de procéder à un exercice et à une démonstration en octobre dernier à Loango au Congo. 80 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Cet exercice fait partie intégrante du cycle général de l’exercice continental AMANI AFRICA II. Il s’agit en clair de tester l’aptitude de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) à planifier et à conduire une capacité de déploiement rapide sur mandat de l’UA suivant le concept de la Force africaine en attente et dans un format FOMAC adapté. « les États africains doivent compter sur leurs propres forces en se dotant des outils de défense et de sécurité à même de faire face à toutes les menaces. » Dans cette même dynamique, il est prévu la réactivation de la Force multinationale dans le bassin du lac Tchad en mettant un accent sur l’échange de renseignements, le contrôle strict de nos frontières et le renforcement de la coopération militaire avec nos partenaires. Pour ce faire, les États africains doivent compter sur leurs propres forces en se dotant des outils de défense et de sécurité à même de faire face à toutes les menaces. De même, nous estimons qu’il faut encourager le dialogue intercommunautaire et interreligieux, gage de tolérance et de cohabitation pacifique. Au Tchad, cette approche nous a permis, à travers l’instauration de la journée nationale de prières interconfessionnelles, de maintenir la cohésion nationale. La réussite de nos actions de développement dépend de notre capacité à améliorer l’environnement des affaires et permettre l’émergence d’entreprises fortes, levier essentiel pour la création de richesse, d’emplois et de lutte contre la pauvreté. C’est de cette manière seulement que nous pourrons protéger les jeunes et les femmes, ces deux couches vulnérables à l’extrémisme. C’est dire que nous sommes en face d’un défi important et complexe. Mais ce défi est à la mesure de notre engagement et de notre détermination à créer toutes les conditions pour le plein épanouissement des jeunes et des femmes du continent. Pour finir, je voudrais saluer et remercier tous nos partenaires, en particulier la France, l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique pour leur disponibilité et leur appui dans le renforcement de la paix et de la sécurité en Afrique. Je vous remercie. 81 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Ibrahim Boubacar Keïta Président de la République du Mali Tout a déjà pratiquement été dit. Pas besoin de revenir sur ce que chacun sait. Notre présence ici à nous, Maliens, est un témoignage. Un témoignage de ce que nous sommes aujourd’hui et de ce que nous aurions pu, hélas, devenir, n’eut été cette décision que je ne cesserai jamais de saluer, tant elle fut pertinente, idoine à tous égards, d’intervention. Décision prise par le Président François Hollande, avec un courage politique qu’il faut saluer, ce 11 janvier, et qui a sauvé le Mali. Nous ne sommes pas de l’engeance de ceux qui oublient facilement, sachant que sans cette décision nous ne serions pas des vôtres aujourd’hui. Je ne sais pas où j’aurais pu être et notre peuple également, tant cette intervention a été salutaire. Elle a arrêté net aux portes de Kona cette prétention inouïe, que l’on croit venir du fond d’un autre temps, et qui avait la prétention d’asservir le Mali, à des fins sur lesquelles nous nous interrogeons encore aujourd’hui. Et il n’est plus besoin de discuter plus longuement quand on a vu ce qui se passe aujourd’hui dans l’Est européen, au Moyen-Orient, ce califat d’un type nouveau, dont des émules, au Sahel, ont cru devoir saluer sa venue, sa survenue, qui inquiète et qui doit inquiéter. Qui doit faire comprendre que ce qui se passe dans le Sahel n’est 82 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e pas et ne saurait se restreindre à un problème malien ou sahélien. Il s’agit de la paix du monde. Il s’agit des valeurs en lesquelles nous croyons tous. Il s’agit de notre modèle de civilisation humaine. Car, je n’hésite pas à le dire, ceux-là qui font bon commerce de la décapitation gratuite d’êtres humains innocents, je peine moi à les ranger dans la catégorie de ceux qui sont de nos valeurs, de notre civilisation. Je le dis. Et je suis indigné en tant que musulman, que ceux-là osent s’abriter sous le parapluie de l’Islam. Quel Islam ? Religion de paix au long des siècles, avérée comme telle. Ceuxlà n’ont rien à voir avec l’Islam. Quand ils coupèrent les mains à Tombouctou ou à Gao, quand ils empêchèrent l’amour, des êtres de s’aimer, porter un simple blue jean vous valait des coups de fouets, écouter la musique dite sacrilège ou profane, que sais-je, toute sorte de musique à part des litanies à leur goût. Ceux-là j’ai peine à les mettre encore sous la rubrique humaine. « Il s’agit de la paix du monde. Il s’agit des valeurs en lesquelles nous croyons tous. Il s’agit de notre modèle de civilisation humaine » Vieux pays de civilisation au long des siècles, pays d’un humanisme qui a fleuri sur le bord du Niger, qui a traversé ces continents en ce temps où Constantinople était le centre du monde. Nous avions une ambassade à Constantinople et les moyens de chancellerie en usage n’avaient rien à envier aujourd’hui à ceux du Quai d’Orsay, je le dis en toute modestie. En ce temps-là, un chirurgien de Tombouctou a opéré de la cataracte le dauphin du roi de France. Une cité brillante où toutes les sciences étaient enseignées. J’ai vu de mes yeux, dans la bibliothèque de Tombouctou, une coupe d’œil que l’on croirait faite au laser, tant elle est précise. Tout cela est tombé entre les mains de gens qui n’ont rien à voir avec la culture, et qui ont failli, n’eut été la vigilance de certains de nos ulémas, qu’il faut saluer, qui ont réussi à mettre à l’abri les biens précieux, et rien ne serait resté de ce fabuleux témoignage des civilisations et de l’Islam. Leur projet était de détruire, de ne rien laisser qui ne puisse rappeler ce que ce pays fut. Et que leurs valeurs n’ont rien à voir, elles ne sont pas attendues par ce peuple-là. C’est pour cela que je souhaite vraiment dire avec gravité que, s’agissant de la lutte contre le terrorisme, il est temps que nous ouvrions les yeux. Beaucoup de faux nez se promènent. On doit quelquefois les citer, ils émeuvent certaines bonnes âmes. Nous ne sommes pas des gens sans cœur. Nous ne sommes pas des gens dédiés à détruire je ne sais qui. Ce n’est pas le genre de la maison. Ce n’est pas le genre que nous prisons. Nous sommes des gens de commerce humain avéré, un pays qui a vécu en son dedans en parfaite communion interraciale au long des siècles, où vous ne 83 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que trouverez aucune espèce, aucune famille, aucune fraction en zone nomade qui n’ait sa correspondante en zone fluviale. Tel fut le Mali, tel demeure le Mali et tel sera le Mali, inch’Allah, dans l’avenir. Pays d’échanges, pays de convivialité, pays du vivre-ensemble. Harmonieux, en équilibre, il reste mutuel. « Tel fut le Mali, tel demeure le Mali et tel sera le Mali, inch’Allah, dans l’avenir » J’ai eu mal, très mal, ce jour de septembre de la rentrée des classes, quand les médias nationaux m’ont retransmis les images de la rentrée dans son étendue nationale, sauf à Kidal. J’ai eu mal à ma malienité, j’ai eu mal à mon être humain, j’ai eu mal en tant que Chef de l’État. J’ai eu mal parce que l’enfant de Kidal a droit à la culture, a le droit d’être éduqué. Il n’est pas normal qu’il en soit sevré par des manœuvres de certains. C’est de cela qu’il s’agit. Il n’y a jamais eu de volonté malienne de marginaliser qui que ce soit. Cela n’est pas avéré, cela est faux. Pays de brassage humain, pays d’échange, tel a toujours été mon pays, tel il demeurera. Et je conjure nos amis qui nous ont aidés et qui nous aident fabuleusement, de continuer de le faire pour que nous nous retrouvions frères, plus que frères, parents plus que parents, pour la seule tâche qui convienne aujourd’hui : le développement du Mali au profit de toutes ses populations, du Nord au Sud. J’ai dit du Telaza au pays Mossi, de l’Atlantique à l’Aïr. Qu’on n’y trouve aucun élan de volonté impérialiste, car je viens de définir les limites de l’ancien empire du Mali, 2500 km de long sur 1200 de large, où les provinces commerçaient entre elles. Niani était la capitale impériale et ce n’est pas parce qu’un Keïta régnait à ce moment-là, que vous allez me pointer du doigt – Jean-Yves tu me regardes – quelques volontés à cet égard-là. Non. Mais un pays communiel. Un pays communiel, seule volonté de vivre en paix avec ceux qui l’entourent : commerce humain, commerce politique, commerce économique. Je le dis, que nous fûmes de l’économie-monde – dès l’abord cette économie-monde chère à Jacques Attali – je le dis, que nous fûmes nous Maliens. Et je crois qu’aujourd’hui encore c’est cela notre quête la plus solide, la plus sérieuse. Il nous faut, aujourd’hui, après tout ce que nous avons vécu, songer à réformer notre secteur de la sécurité, à renforcer nos capacités d’intervention en matériel, en équipement et en formation. L’Europe nous aide aujourd’hui. La Mission de formation de l’Union européenne au Mali (l’EUTM) fait de la belle besogne. La coopération bilatérale avec la France encore une fois également y pourvoit. Mais au-delà de cela, il y a nécessité au plan régional que notre coopération transfrontalière, régionale, le partage des informations et du renseignement, la coopération judiciaire entre nos 84 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e États, dans un cadre régulier si possible, que tout cela soit constamment de mise. C’est notre propos dans le cadre du Processus de Nouakchott, où nous allons nous rendre demain, autour de notre frère le Président Abdel Aziz, qui pourra le reconnaitre et c’est pourquoi nous avons jugé opportun de créer le G5. Chacun sait mon point de vue là-dessus. Je pense, nous en parlerons, que nous pourrions l’étendre à certains pays amis. Tel est l’intérêt de la coopération régionale à encourager. Et, également, dans ce cadre du partage, de la mutualisation de nos moyens, de nos ressources, je voudrais saluer la récente réunion à Niamey des ministres des Affaires étrangères, de la Défense accompagnés de leurs chefs d’État-major, ceux des pays contributeurs à la stabilisation du Mali. Cette réunion fut prometteuse. « Il faut maintenant qu’au-dedans nous songions à améliorer nos gouvernances, dans tous les secteurs » Il faut maintenant qu’au-dedans nous songions à améliorer nos gouvernances, dans tous les secteurs, que nous fassions la promotion des droits sociaux et économiques. Que nous impliquions les femmes et les jeunes dans les programmes de développement, la promotion de la justice. A cet égard-là, j’aimerais dire une chose. Certains ont dit : « IBK tourne le dos au droit, IBK a contribué à relâcher des terroristes ». Je vais être très clair. Très clair. Ce n’est pas seulement parce que la France a payé le prix fort au Mali. C’est d’intérêt français, nigérien et malien bien compris. Ils ne l’ont pas fait en irresponsables. Celui-là qui a osé enlever un citoyen paisible français dans notre pays tache notre honneur et notre devoir d’hospitalité. Un compagnon a été tué. Celui qui a tué un gardien de prison ne peut jamais, jamais, être absout de ce fait-là. Et à sa place, j’eusse préféré mille fois qu’on le gardât en prison. Nous savons ce que nous faisons et nous saurons quoi faire. Ce n’est donc pas un déni de justice, mais je pense que l’on n’a pas le droit non plus de priver de liberté pendant près de 3 ans un homme dont le seul tort est de s’être retrouvé à un endroit donné à un moment donné. Et si l’on sait recevoir, on devrait savoir également donner. Certes, au rendez-vous du donner et du recevoir, nous ne viendrons pas les mains vides. Le renforcement des capacités de nos armées et de nos forces de sécurité ne saurait suffire. La mise en œuvre de l’Architecture africaine de paix et sécurité, avec l’opérationnalisation de la Force africaine en attente est une bonne promesse, mais il serait temps que ce soit réel. Il faut que nous améliorions notre système d’alerte précoce, il faut que nous renforcions la coopération sécuritaire 85 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que entre notre continent et les partenaires bilatéraux et multilatéraux. Et l’assistance de la communauté internationale est requise, pour la solution d’un problème qui est la clé selon nous. Je suis très heureux que notre Sommet qui s’est achevé hier à Abuja ait compris ce problème-là et nous en ait fait écho. Ce dossier a été défendu par mon frère Mahamadou Issoufou et nous-mêmes. Le cas libyen : je persiste à penser, à croire, cher Tidiane Gadio, chers experts, que tant qu’on n’aura pas résolu le problème du Sud libyen, il n’y aura pas la paix dans nos régions. Il y a cet arsenal, cet arsenal fabuleux qui est là, cette force armée qui avait été prédisposée, abondamment armée et les armes les plus sophistiquées à vocation d’une contre-offensive si le guide suprême Kadhafi en avait eu la possibilité, et qui est demeuré, qui s’est enrichi depuis, qui s’enrichit chaque jour, on le sait, qui est devenu un marché fabuleux d’armes à destination de nos pays. L’opération Barkhane, je t’en félicite Jean-Yves, en accord avec les forces armées nigériennes, a réussi à stopper un convoi. Trois tonnes de matériel, à destination du Mali. Je t’ai toujours dit : un convoi arrêté, combien d’autres avaient pu passer sans qu’on le sache ? Combien pourraient passer encore sans la vigilance quotidienne de Barkhane ? La source c’est là-bas, le Sud libyen. Il faut que la communauté internationale se convainque qu’il y a un travail inachevé dont nous sommes les victimes collatérales. C’est simple. Et nous le resterons, nous le demeurerons tant qu’une solution appropriée ne sera pas trouvée à ce guêpier-là. « je persiste à penser, à croire, que tant qu’on n’aura pas résolu le problème du Sud libyen, il n’y aura pas la paix dans nos régions. » Enfin, je pense que la coopération judiciaire, heureusement, entre nos pays se porte bien. Mais je voudrais dire que je tiens tellement à cette question libyenne, Idriss, mon frère, qu’aujourd’hui au Conseil de sécurité, il faut que tu nous tires d’affaire. Ton frère IBK, puisque tu m’appelles ainsi, te le demande instamment. Idriss, que le Conseil se saisisse de cette question-là avec pertinence, avec fermeté, avec gravité. Il y va de notre salut collectif ! Merci. 86 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Olusegun Obasanjo Ancien Président de la République fédérale du Nigeria, Président de la fondation Obasanjo Monsieur le Président Macky Sall, permettez-moi à mon tour de vous remercier très sincèrement, ainsi que votre gouvernement, pour avoir donné suite au Sommet de l’Élysée de l’année dernière. Ce forum est une promesse tenue et arrive à point nommé, en raison de la situation à laquelle nous sommes confrontés en Afrique et particulièrement dans notre propre région de l’Afrique de l’Ouest. Pendant ces deux derniers jours, nous avons eu à interagir, nous avons débattu des questions et je souhaite vous présenter mes observations concernant le résultat des différentes sessions. Je souhaiterais reprendre certains éléments que j’ai trouvé très intéressants lors des discussions que nous avons eues pendant ces deux derniers jours. Les conflits, l’insécurité : il faut tenir compte de tout cela. Cela ne se crée pas soudainement, on peut voir venir ces conflits. Nous avons tenté de répondre à ces défis. Parfois on peut réussir, parfois on essaye de prendre des dispositions et on ne réussit pas. 87 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Un exemple typique concernant notre propre région de l’Afrique de l’Ouest : nous aurions pu prévoir ce qui allait se passer au Burkina Faso. Il y a eu des avertissements ou des signaux. Mais en avons-nous fait quelque chose ? Je pense que oui. Avons-nous réussi ? Pas autant que nous l’aurions souhaité. Pourquoi ? Je crois que c’est là une question à laquelle non seulement ce Forum-ci devrait s’atteler, mais il vous incombe également, à vous leaders, dans vos forums et dans vos sommets, de trouver des solutions afin que cela ne se reproduise pas. Historiquement parlant, qu’est-ce qui fait que des conflits surviennent ? L’Union africaine (UA) a souligné dans son acte constitutif l’importance de la bonne gouvernance et du développement. Si nous avions ces derniers éléments dans les proportions appropriées, alors naturellement nous aurions pu éviter les problèmes ou en tout cas limiter les dégâts. « C’est bien la volonté politique de mise en œuvre qui nous manque. » J’accorde également une importance à l’architecture et aux institutions en place. L’Acte constitutif de l’Union africaine prend en compte tout cela. On a le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), les politiques de l’UA sur la culture, les trafics, la drogue. Tout cela est pris en compte dans la constitution de l’UA. Ce qui manque, ce ne sont pas les programmes politiques, mais la capacité à les mettre en œuvre. C’est bien la volonté politique de mise en œuvre qui nous manque. Et naturellement, le manque de mise en œuvre adéquate. Sans cela, on ne sait pas où tout ça peut nous mener. Avoir une institution correcte signifie la possibilité pour ses agents de combler efficacement les insuffisances, les lacunes. L’architecture voulue par l’UA pour la sécurité veut se définir en termes de suivi, en termes d’alerte précoce et aussi en termes de groupes de sages. Tous ces éléments, qui sont dans l’acte constitutif de l’organisation, ont été utilisés. Mais si on ne les utilise pas de manière adéquate, alors qu’y a-t-il lieu de faire pour pouvoir utiliser les instruments à des fins positives ? Après avoir fait tout cela, alors il y aura lieu de déployer les troupes, à savoir nos forces militaires. Nous assurerons nous que nos forces seront bien entrainées, bien équipées, bien formées, afin que la Force en attente et la Force rapide que l’on veut mettre en place aujourd’hui soient effectivement une réalité? L’UA doit s’assurer de disposer des ressources nécessaires et elle doit avoir une approche basée sur les ressources appropriées pour répondre à toutes les questions de sécurité. On doit naturellement en appeler à nos amis, à nos partenaires pour qu’ils nous aident à traiter ces questions. 88 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Le manque de paix et de sécurité en Afrique signifie un manque de paix et sécurité dans le monde. Alors, il faut engager une nouvelle bataille contre le terrorisme, qui se définit dans notre cas par un mélange de tribalité, de religion, de drogue avec des dimensions politiques. Le chômage des jeunes est aussi un élément important. Il constitue un terrain fertile pour le recrutement des jeunes pour ce genre de mauvaises pratiques. Les jeunes n’ont pas d’emploi, ils sont privés de tout, ils sont frustrés et dans certains cas ils sont en colère. Alors, qu’est-ce que nous devons faire ? Pouvons-nous ignorer la colère, la frustration et le chômage des jeunes en cette période ? Tôt ou tard, les jeunes ne pourront plus être contrôlés. Permettez-moi de revenir aux fondements. La bonne gouvernance, le développement, l’intégration et l’action collective : c’est cela dont nous avons besoin afin d’assurer la paix et la sécurité en Afrique et finalement, partout dans le monde. Pour finir, je voudrais remercier les participants et dire combien j’ai apprécié les débats. Je voudrais encore remercier Monsieur le Premier ministre pour le beau discours qu’il a prononcé hier ainsi que vous, Monsieur le Président, pour votre accueil et pour l’hospitalité du gouvernement et du peuple sénégalais. Vous, nos leaders et chefs d’États aujourd’hui ici présents, vous êtes notre espoir, vous ne pouvez pas nous abandonner. 89 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Jean-Yves Le Drian Ministre de la Défense de la République française Au moment de conclure, mes premiers mots seront des mots de félicitations. Il y a un an, avec le Président Macky Sall, nous avions fait le pari – certains diront un peu fou – d’imaginer ce Forum. Un an après, ce pari a été tenu. Peut-être au-delà même de nos espérances initiales. Pendant deux jours, j’ai assisté à des échanges qui m’ont frappé non seulement par leur qualité mais aussi par leur liberté de ton et de parole. C’est bien dans cet esprit que nous avions imaginé ce Forum : un lieu de rassemblement, un lieu d’échanges sans fard et sans a priori. Je veux donc féliciter les autorités sénégalaises d’avoir donné cette impulsion. Elle a été structurante et se révèle décisive. Je voudrais également partager avec vous les trois principaux enseignements que j’ai tirés des échanges qui nous ont rassemblés. Tout d’abord, une idée simple mais qu’il faut rappeler : la sécurité se construit tout d’abord à l’échelle d’un État. C’est une évidence, mais nous, partenaires de l’Afrique, avons peut-être eu tendance à l’oublier un peu vite. Pour construire une architecture régionale forte, il faut des fondements solides. Pour le dire 90 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e autrement, il ne pourra y avoir d’organisations régionales africaines fortes sans, au préalable, des États africains forts et des armées africaines solides. Cette priorité doit bien sûr se refléter dans les décisions souveraines des gouvernements africains. Mais elle doit aussi inspirer les choix des partenaires de l’Afrique : avant d’accompagner l’échelon régional, notre responsabilité de partenaire ou de bailleur est de nous assurer que la première marche, celle de l’échelon national, a bien été gravie. C’est tout le sens de la modernisation de notre dispositif de forces pré-positionnées en Afrique que j’ai menée au cours des deux dernières années, et dont les forces françaises au Sénégal sont la plus concrète illustration. Ce dispositif nous permet aujourd’hui d’intervenir ponctuellement et de manière ciblée, dans chaque pays de la région CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), pour remédier, à la demande des autorités nationales, à des lacunes critiques ou pour consolider les acquis des armées nationales. Mission après mission, nous construisons ainsi des capacités nationales qui pourront, le moment venu, contribuer à une dynamique régionale. Cet ordre est important et doit être respecté. Je me réjouis de constater que cette approche est également partagée par l’Union européenne (UE). Aujourd’hui, le visage le plus concret de l’UE en Afrique, ce sont les missions de type EUTM qui contribuent, en Somalie, au Mali, demain en République centrafricaine (RCA), à reconstruire le premier échelon de l’État de droit, c’est-à-dire une armée loyale, formée et dotée des capacités essentielles pour assurer ses missions au service d’un pouvoir politique légitime et sous son contrôle. « Aujourd’hui, le visage le plus concret de l’UE en Afrique, ce sont les missions de type EUTM qui contribuent, en Somalie, au Mali, demain en République centrafricaine (RCA), à reconstruire le premier échelon de l’État de droit, » Nous avons encore des blocages à surmonter. Si nous sommes tous d’accord pour considérer que la sécurité est la condition qui précède le développement, alors pourquoi ne pas considérer que les outils minimaux pour permettre à un État d’assurer sa propre sécurité – mobilité, transmissions, uniformes, etc. - doivent être éligibles à l’aide au développement ? Pour être concret, je ne comprends toujours pas pourquoi des fonds européens peuvent financer l’achat de matériels pour des policiers africains, mais en aucun cas pour des militaires africains. C’est un message que ce Forum pourrait porter : la sécurité a un prix, et elle est un investissement cardinal pour le développement. Tracer une frontière étanche entre les deux est une illusion. Si nous pouvions porter, ensemble, ce message dans les dialogues entre l’Europe et l’Afrique et faire sauter ce verrou artificiel entre sécurité et développement, ce serait un des premiers débouchés positifs. 91 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que La deuxième idée sur laquelle je souhaite insister est tout aussi simple : il n’y a de sécurité durable que dans la coopération. Nous avons passé en revue, au cours de ces deux derniers jours, les grandes menaces qui pèsent sur la sécurité du continent africain : le terrorisme, la criminalité organisée, les trafics, la piraterie. Aucune de ces menaces n’est limitée au continent africain – on le voit à Sydney et à Peshawar – et ne pourra être surmontée par un seul État, quelle que soit sa volonté et quelles que soient ses capacités. Nous devons donc travailler ensemble à poser les jalons conceptuels et opérationnels de cette « sécurité collaborative » pour l’Afrique. Nous avons, pendant deux jours, abondamment évoqué les défis qui sont devant nous et qui sont clairs : le dialogue, la coopération, la gestion partagée, sont la seule réponse efficace à des menaces communes. Cela ne va pas de soi, et nous savons tous que la menace djihadiste au Sahel a profité des divisions et divergences qui ont trop longtemps retardé la formulation d’une réponse collective. A ce titre, ce Forum m’a conforté dans mon optimisme, car j’y ai retrouvé la prise de conscience que je constate à l’œuvre sur le terrain à chacun de mes déplacements. « Au Sahel, nous avons mis en place avec l’opération Barkhane un cadre d’action qui est davantage qu’une opération de lutte contre le terrorisme. Barkhane est conçu comme un accélérateur de coopération » Au Sahel, nous avons mis en place avec l’opération Barkhane un cadre d’action qui est davantage qu’une opération de lutte contre le terrorisme. Barkhane est conçu comme un accélérateur de coopération. C’est une nouvelle façon d’agir ensemble, sur un territoire immense qui, je le dis pour mes amis européens ici présents, couvre un territoire équivalent à celui qui sépare Gibraltar de Moscou. Je constate que notre engagement fournit en effet un remarquable vecteur pour accélérer la coopération qui se met en place entre tous les pays de la région. Je me réjouis que nous ayons tous, au cours de ces deux jours, encouragé ce mouvement de coopération qui est la seule réponse durable et décisive pour neutraliser les groupes terroristes, mais aussi face à Boko Haram ou à la lutte contre la piraterie maritime au large du Golfe de Guinée. Sur ce sujet, je ne doute pas que les travaux que nous avons engagés au cours de ces deux jours vont également permettre de concevoir ce corps de doctrine stratégique qui est nécessaire à toute action militaire. L’opération Barkhane avait besoin de ce socle, et je vous remercie d’y avoir contribué. 92 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Face à la menace sans précédent de Boko Haram, la France a également joué son rôle en facilitant, lors du Sommet de Paris, un dialogue indispensable entre les pays exposés aux activités barbares de ce groupe. Je constate que cette dynamique s’amplifie dans le cadre de la Commission du bassin du lac Tchad. Je pourrais également citer l’exemple du Golfe de Guinée puisque les ingrédients d’une stratégie régionale sont en train d’être mis en œuvre. « ce Forum a adressé un message clair : il n’y a plus de place pour une gestion solitaire des crises » Au final, je relève ici que ce Forum a adressé un message clair : il n’y a plus de place pour une gestion solitaire des crises. Cette dynamique est portée par l’Afrique. Nous sommes là pour l’accompagner. Le troisième enseignement que je retiens de ce Forum, c’est que l’action militaire est indispensable mais qu’elle ne se suffit pas à elle-même. Beaucoup d’intervenants ont loué, et je les en remercie, la rapidité de réaction de l’armée française face à la progression de la menace djihadiste au Mali. Il a été également rappelé que, si nous n’étions pas intervenus en RCA, et si nous n’avions pas accéléré notre déploiement, ce pays aurait connu des massacres de masse comparables à des drames connus par d’autres pays d’Afrique centrale. C’est la fierté de la France d’avoir contribué à éviter ce drame et d’avoir été capable de mener deux opérations aussi complexes avec un aussi bref préavis. Mais la réaction n’est pas tout. Je retire de cette expérience une conviction profonde qui tient en une expression : le besoin d’anticipation. L’Afrique a bien sûr besoin d’une capacité de réaction rapide. Grâce aux efforts de l’UA, elle est sur la voie de s’en doter avec la CARIC et je m’en félicite. Mais l’Afrique a aussi besoin d’un mécanisme pour anticiper les crises, les prévenir, les comprendre. Sans vision partagée de la menace, comment organiser une réponse militaire efficace ? Sans prise de conscience commune sur l’urgence à agir, comment espérer que les armées africaines soient au rendezvous ? C’est, là aussi, le message que ce Forum pourra porter. L’Afrique a besoin d’un lieu, d’une plate-forme où se déroule le débat et où se cristallise un consensus, dont l’UA peut relayer le projet, 93 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que sur les menaces et les défis pour la sécurité du continent. Cette vision commune ne peut se construire en 48 heures, mais elle trouvera son existence et sa force dans la dynamique que nous avons ouverte et qui se prolongera bien au-delà de ce Forum. « Cette vision commune ne peut se construire en 48 heures, mais elle trouvera son existence et sa force dans la dynamique que nous avons ouverte et qui se prolongera bien au-delà de ce Forum » Le dernier point que je voulais souligner est que l’action militaire ne peut pas tout. De par mes propres fonctions, je suis convaincu de la centralité de l’outil militaire pour garantir la paix et la sécurité. Une sortie de crise se construit avant tout sur un outil militaire crédible. Mais je suis également conscient que l’outil militaire doit trouver son prolongement dans une action qui ne relève plus du militaire mais de la gouvernance, de l’aide au développement et de la croissance économique. Une sécurité durable ne peut venir que de la combinaison de ces différents volets. C’est le défi qui se pose aujourd’hui au Nord du Mali, mais également dans bien d’autres régions en Afrique où l’action militaire doit être relayée par le dialogue politique et par le développement. C’est finalement le défi que nous avons relevé pendant ce Forum : croiser les approches, confronter nos différents regards et nos différentes cultures, pour faire émerger une vision partagée. C’est maintenant cette approche qu’il faut mettre en œuvre ensemble au quotidien sur le terrain. Je vous remercie. 94 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Peter Maurer Président du Comité International de la Croix Rouge Une remarque tout d’abord : c’est un grand honneur pour moi d’être ici comme représentant de la société civile, le représentant de ce mouvement qui est aujourd’hui l’un des plus grands mouvements organisés au monde, le Mouvement de la Croix Rouge et du Croissant Rouge (CICR), et donc de pouvoir, non seulement participer à ce Forum extrêmement intéressant, mais aussi de participer à ce panel final. En tant que représentant d’une organisation humanitaire, j’éprouve une certaine réticence, même une certaine pudeur, à m’exprimer sur des priorités pour renforcer la paix et la sécurité en Afrique, donc sur des concepts éminemment politiques, alors que l’action humanitaire se veut neutre, impartiale et indépendante. Elle l’est, elle doit l’être et le rester. Nous considérons pourtant l’action humanitaire comme une contribution à la stabilité des sociétés, pour ainsi dire en amont et en parallèle à l’action politique et militaire. En permettant aux individus et sociétés de se reconstruire, de renouer leurs tissus sociaux et de regagner une certaine stabilité alors qu’ils subissent l’impact des conflits, de crises de santé ou de désastres naturels. L’action humanitaire peut contribuer à un concept de paix et de sécurité plus ambitieux alors qu’elle est et doit rester non politique. 95 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Si nous parlons de priorité pour la paix et la sécurité en Afrique, notre perspective se focalise nécessairement sur l’insécurité, sur les conflits. Mais je pense qu’il est important de ne pas oublier pourtant que le continent africain a vu des développements extrêmement positifs ces dernières années : croissance économique importante, classe moyenne africaine importante qui se construit, gouvernance nationale et africaine plus forte, coopération régionale affirmée. En tant qu’acteur humanitaire, il est évident et logique que nous parlons plutôt des problèmes que de ces acquis en construction. Mais ces derniers sont importants. Nous voulons que notre action soit orientée vers les besoins. Cela indique nos priorités. Cela fait aussi qu’aujourd’hui, plus de 40 % de notre budget mondial opérationnel est dépensé en Afrique. Les 10 opérations les plus importantes du Comité international de la Croix Rouge (CICR) en 2015 se déroulent sur 5 États africains : la République centrafricaine, le Soudan du Sud, la RDC, la Somalie, le Mali. Nous sommes présents dans 30 pays africains, donc c’est ça la priorité 2015. Nous nous engageons au niveau du respect du droit international humanitaire avec tous les acteurs liés au conflit, par des activités de protection des populations civiles, de réunification de familles, de protection des personnes privées de liberté. Nous assistons les plus vulnérables, les déplacés internes et les réfugiés, les populations souffrant de la violence et des violations du droit dans leurs besoins les plus élémentaires : l’accès à l’eau, à la nourriture, à l’habitat, à la santé. Si nous entretenons cette présence importante en Afrique, c’est qu’elle est nécessaire ; elle l’est depuis des décennies. Nous sommes confrontés aux vulnérabilités importantes et de longue durée, causées par des dynamiques de violence, de pauvreté, de sous-développement. Nous le savons aujourd’hui, le développement est une condition irremplaçable de la stabilité, mais la violence anéantit tout effort de développement. C’est là qu’est le problème. « Nous voulons que notre action soit orientée vers les besoins. Cela indique nos priorités » Si nous sommes amenés à répondre d’une manière plus soutenue, c’est que nous sommes confrontés aujourd’hui à des dynamiques qui renforcent les vulnérabilités traditionnelles et structurelles que nous avons affrontées ces dernières décennies. Des conflits plus fréquents, plus intenses, plus asymétriques, plus transnationaux et avec un impact important sur un environnement plus large, plus régional. La dimension de plus en plus régionale des problèmes due à déplacements de population aussi importants n’a pas été observée depuis la Deuxième Guerre mondiale. La dimension globale de pandémies comme Ebola, mais aussi d’autres faiblesses des systèmes de santé, des systèmes sociaux 96 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e qui empêchent les État d’apporter les services les plus élémentaires aux populations. L’extrémisme croissant et les dynamiques de violence de plus en plus complexes – violences liées aux conflits, violences ethniques, violences criminelles, violences sexuelles, violences urbaines – qui mènent à des déplacements de population jamais ou rarement connus, je l’ai mentionné. « Ce qui nous pose problème aujourd’hui, c’est cet écart énorme entre le cadre juridique agréé par les États, les conventions de Genève (…), et la réalité » La transformation, enfin, des conflits par la compétition stratégique des pouvoirs, le manque ou la faiblesse des processus politiques qui injecteraient la légitimité nécessaire pour apporter une stabilité plus large. Ce qui nous pose problème aujourd’hui, c’est cet écart énorme entre le cadre juridique agréé par les États, les conventions de Genève, l’instrument international le plus largement ratifié au monde, et la réalité où la violence est en train de galoper et de se développer d’une manière de plus en plus importante. Par ces développements, le CICR et d’autres acteurs humanitaires doivent inscrire davantage l’action humanitaire de court terme et individualisée dans une logique de transformation plus fondamentale, par la coopération et le partenariat plus soutenu, avec des acteurs locaux et nationaux, pour renforcer leurs capacités. Par le renforcement des réseaux et des compétences professionnelles, nous nous engageons sur le continent africain pour créer des liens entre les Africains, des gardes de prisons aux ingénieurs hydrauliques, des services sanitaires aux chirurgiens. Il est important de former les Africains pour qu’ils acquièrent les capacités nécessaires. Nous soutenons le renforcement des systèmes. Cela informe aujourd’hui sur nos actions par rapport à Ebola, que nous ne considérons pas seulement comme de simples agissements médicaux, mais comme une action d’assistance à court terme qui s’inscrit en même temps dans une formation et un renforcement du système de santé et se doit de le faire. Enfin, en inscrivant le court terme dans le long terme, nous voyons la nécessité de sortir de la logique de l’humanitarisme à court terme et la nécessité de connecter l’action de sauver les vies en tant de crises à l’engagement qui les connecte avec les efforts de développement sans en corrompre encore une fois le caractère neutre, impartial et indépendant. Nous avons beaucoup profité ces dernières 24 heures des débats lors de ce Forum. Et par la nature des questions posées, nous avons toujours pris une perspective à moyen et à long terme. Permettez-moi 97 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que donc de conclure sur 5 propositions d’action en 2015 qui nous semblent importantes dans une perspective humanitaire. Nous devons travailler ensemble pour élargir l’accès des acteurs humanitaires aux plus vulnérables dans une perspective neutre, impartiale et indépendante. Deuxièmement, nous devons promouvoir la coopération civile et militaire, pour travailler ensemble dans les opérations pour le respect du droit international humanitaire. Dans les formations, pour que les troupes nationales et internationales connaissent et respectent les règles de conduite des opérations. Nous devons travailler ensemble avec l’Union africaine, et nous avons bien commencé avec le Commissaire, pour que ces efforts de formation, de pré-déploiement, de protocole de détention soient systématiquement insérés dans les mandats des troupes africaines, pour que la conduite des hostilités soit connue encore une fois par les troupes multinationales. Nous avons vu l’effet dévastateur de la violence sur les systèmes de santé. Et Ebola en est seulement un des effets. Nous devons unir nos forces pour une tolérance zéro à la violence contre les installations sanitaires, contre les hôpitaux, contre les travailleurs humanitaires et contre les médecins et les infirmières. Et vous pouvez faire un important pas en avant pour amoindrir le niveau de conflit en ratifiant le Traité sur le commerce des armes. « L’action humanitaire ne peut pas résoudre les problèmes politiques dont les politiciens sont responsables » Encore une fois, c’est un grand honneur pour le CICR d’être avec vous aujourd’hui. Nous sommes conscients des limites de l’action humanitaire. L’action humanitaire ne peut pas résoudre les problèmes politiques dont les politiciens sont responsables. Mais nous avons une fonction importante de stabilité et de paix en amont des décisions que vous prenez et nous sommes prêts à assumer notre responsabilité. Je vous remercie. 98 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e SEM Macky Sall Président de la République du Sénégal Je vais essayer d’être bref compte tenu des riches enseignements que nous avons eus cet aprèsmidi. Les réflexions qui ont animé ces deux jours de débats sur la paix et la sécurité en Afrique montrent à quel point l’approche de ces concepts doit être une approche globale. Non seulement dans l’identification des facteurs de déstabilisation, tant ils sont nombreux et variés, mais aussi dans les réponses forcément multidimensionnelles qu’il convient d’apporter. Avant d’en venir aux priorités pour renforcer la paix et la sécurité en Afrique, je voudrais d’abord évoquer rapidement la typologie des menaces auxquelles nous faisons face aujourd’hui. À l’évidence, cette typologie a changé avec l’apaisement des conflits interétatiques. Aujourd’hui, nous faisons face à des menaces plus difficiles à prévoir, à cerner et à combattre. Qu’il s’agisse du terrorisme international, du trafic des armes et de la drogue, de la piraterie, des poses de mines et des prises d’otages, ces menaces sont très souvent diffuses. Elles se fondent dans les structures sociales et vivent pour ainsi dire parmi nous, ce qui rend bien entendu les réponses plus difficiles. Les attentats-suicides dans les lieux publics en constituent certainement les exemples édifiants. Dans la zone sahélo99 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que saharienne qui nous concerne plus directement, les défis immédiats restent liés aux groupes armés et aux trafics de tous genres qui les alimentent en armes et en moyens financiers. À ce niveau, Président Ibrahim Boubacar Keïta – moi je n’ose pas dire IBK, je suis son benjamin – vient d’évoquer le cas du Sud libyen qui doit nous préoccuper très sérieusement. Et malheureusement, la Libye – il l’a dit – c’est un travail inachevé. Il faut que ceux qui l’avaient entamé puissent nous aider à le terminer. À cela il faut ajouter les influences venues d’Égypte, avec les Frères musulmans qui, par vagues, rejoignent ce pays, et le commerce du pétrole qui se poursuit et qui alimente le financement de l’armement. C’est donc véritablement une poudrière pour la zone sahélo-saharienne qu’il convient de traiter de manière appropriée. « nous devons radicalement changer d’approche dans la perception des menaces, en mettant davantage l’accent sur la prévention et l’alerte précoce pour anticiper sur les menaces » Alors, face à tous ces périls, quelles doivent être nos priorités ? Premièrement, je crois que nos États et pays, ainsi que les institutions partenaires, ensemble, nous devons radicalement changer d’approche dans la perception des menaces, en mettant davantage l’accent sur la prévention et l’alerte précoce pour anticiper sur les menaces. Ce qui pose le problème de la concertation et des échanges d’informations, particulièrement dans nos frontières, comme nous le faisons déjà avec Interpol pour le crime organisé. Une action concertée par la surveillance, l’échange d’information et la collecte de données, faisant la prophylaxie des menaces et des activités suspectes, nous paraissent indispensables. Et nous l’avons vu avec tous ces jeunes Européens – pour ne pas dire Français – qui vont faire le Djihad, qui passent par nos pays, la Mauritanie, le Sénégal, se retrouver en Turquie, avant de rejoindre la Syrie. C’est dire que c’est un problème mondial auquel nous faisons face. Ensuite, nous devons également travailler à l’harmonisation des législations et à une meilleure collaboration dans l’entraide judiciaire. Je pense notamment aux questions liées à l’extradition et aux mandats d’arrêt internationaux. C’est l’esprit même de la résolution 2178 adoptée en septembre dernier par le Conseil de sécurité sur la lutte contre les combattants terroristes étrangers, en adoptant des mesures relatives notamment à l’incrimination des infractions concernant les combattants terroristes étrangers, pour encourager la coopération pénale internationale. 100 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Troisièmement, il faut redéfinir la doctrine du maintien de la paix. Les menaces à la paix ayant profondément changé de nature, les réponses à ces menaces ne devraient plus être les mêmes. Et j’ai cité le cas du Mali, du Nord-Mali. Face à des groupes puissamment armés, qui ambitionnent ni plus ni moins de s’emparer des États, le maintien de la paix classique, sous forme d’interposition après un cessez-le-feu, ne peut plus prospérer. Nous devons changer les règles d’engagement de nos forces. Elles sont harcelées à Kidal par des poses de mines au quotidien. « il faut redéfinir la doctrine du maintien de la paix. Nous devons changer les règles d’engagement de nos forces. » Nous devons nous donner les moyens non seulement de défendre nos forces, mais de riposter chaque fois que c’est nécessaire. Et aucun moyen ne doit être de trop, pour que les forces, les Casques bleus des Nations unies, soient sur le terrain pour combattre et non pour une quelconque interposition. Nous devons œuvrer à la mutualisation de nos moyens pour constituer des forces spéciales suffisamment équipées et entrainées pour répondre immédiatement aux situations d’urgence en attendant la mobilisation internationale. À mon sens, c’est un des piliers sur lesquels devrait reposer l’Architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine. Quatrièmement enfin, nous devrons poursuivre l’action d’éducation, de formation et de développement inclusif, pour prémunir la jeunesse contre les risques de marginalisation qui font le lit de toutes les tentations. Voilà les quelques remarques introductives que je voudrais partager avec vous en attendant de revenir sur les sujets dans nos discussions et je vous remercie de votre aimable attention. 101 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Le débat animé par Cheikh Tidiane Gadio Président de l’Institut panafricain de stratégies Question Monsieur le Président Olusegun Obasanjo, est ce que l’Afrique peut financer sa propre sécurité, ses propres opérations de paix et sécurité. Si oui, comment est-ce possible en termes pratiques ? Réponse J’ai été agréablement surpris lorsque l’Union africaine (UA), à travers nos leaders, m’ont désigné comme président d’un comité pour essayer d’examiner des voies alternatives. La création de l’UA était juste destinée à payer les salaires, elle n’a pas de mécanismes pour prendre en charge des opérations, des projets de paix et de sécurité ou des programmes. L’UA dispose de volontaires mais sans argent, elle ne peut fondamentalement pas prospérer. Qu’est-ce qu’elle a fait ? C’est essayer de faire appel au secteur privé. Et il y a eu 40 millions de dollars à peu près. Donc ils ont pu disposer immédiatement de ce montant. Et leur cible c’est 1000 volontaires. Je crois que jusqu’ici, ils ont envoyé environ 5000 volontaires. 102 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Qu’est-ce que nous avons fait au niveau de mon comité ? Nous avons essayé de trouver des alternatives. Nous avons choisi trois des neuf idées qui nous ont été proposées. Trois seulement. Premièrement, taxer les voyageurs internationaux qui voyagent vers l’Afrique. Nous avons également proposé des prélèvements au niveau des hôtels. Et avec ces deux idées, l’Union africaine a pu générer 5 millions de dollars. Si l’UA peut produire, en dehors des contributions régulières, plusieurs millions de dollars, elle pourra éventuellement entreprendre la plupart des programmes, y compris ses programmes en matière de sécurité. Et comme je l’ai dit, la responsabilité incombe d’abord à nos leaders. Et il faut s’assurer qu’il y ait cette volonté politique pour pouvoir réussir. Je vous remercie. 103 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Question Monsieur le Président, Ibrahim Boubacar Keïta, beaucoup se plaignent de la faiblesse de la capacité d’anticipation et de prévention des conflits. Au Mali, le temps mis à organiser la riposte de la communauté africaine internationale a permis aux forces du mal de commettre beaucoup d’atrocités et d’attaquer le patrimoine culturel et religieux du Mali, bien commun à tous les Africains, voire au monde entier. Comment, dans le futur, peut-on éviter de telles situations ? En bref, prévention et anticipation sont-elles possibles en Afrique ? Réponse C’est la question cruciale. Elle ne peut pas être évitée. Pourquoi ne pouvons-nous pas prévoir et anticiper ? Dans la question malienne, il y a eu beaucoup d’alertes. Il y a eu beaucoup de mises en garde. Il y a eu beaucoup de tentatives d’attirer notre attention sur le danger que nous encourions. Il y a eu, je dois le dire, beaucoup de naïveté à penser que l’élément supplétif de l’armée libyenne, qui venait vers nous, venait en ami. Cela a été très préjudiciable. Ils ont été accueillis dans le Nord Mali. On a même envoyé quelques ministres pour les accueillir. Alors, on s’est rendu compte que leurs intentions n’étaient pas des plus pacifiques, qu’ils n’étaient pas venus pour fumer le calumet de la paix, mais pour embraser le Mali. Il faut dire que beaucoup de pays amis, beaucoup de pays voisins avaient alerté. Le Président Aziz à mes côtés le sait très bien, qui en avait même pris quelques humeurs, tant il voyait les choses dangereusement progresser, sans réaction appropriée coté malien. Je ne vais pas faire toute l’histoire de cette période douloureuse. Nous en avons souffert, nous en avons tiré les leçons. Pourquoi, depuis, on nous voit allant çà et là, en quête de mutualisation, en quête d’organisation collective de notre sécurité ? Mais Jean-Yves Le Drian l’a dit également, qui a suivi les phases nationales de réforme de nos systèmes nationaux de sécurité. 104 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Nous sommes en réforme actuellement du système malien de sécurité et de nos forces armées, pour les rendre aptes à répondre aux menaces et aux défis multiformes auxquels nous faisons face. Et ces menaces sont d’un nouveau genre, chacun l’aura compris. Quand on s’attend à trouver des forces en face dans un combat régulier, et que ce n’est pas le cas, c’est asymétrique. Aujourd’hui on se rend compte que, devant la réponse que constitue Barkhane, on ne voit plus les colonnes qui sillonnaient le Sahara. En lieu et place sont des motos qui ont surgi. Et les motos, on les range derrière des dunes et elles surgissent au moment opportun pour attaquer. C’est-à-dire que ce sont ces éléments terroristes qui deviennent de plus en plus intelligents, qui changent, chaque fois que de besoin de technique et de tactique. Nous devons nous aussi être assez mobiles, assez proactifs pour évoluer en même temps et adapter nos moyens et anticiper également aussi par rapport à ce qu’ils peuvent nous réserver. Mais tout ça demeure quand même difficile. Quand aujourd’hui, on va jusqu’à faire de personnes humaines des bombes. J’ai été effaré quand j’ai appris que ces jeunes filles de Chibok, qui ont ému le monde entier, sont aujourd’hui des bombes humaines. Comment faire devant de tels fanatiques, de tels fanatismes ? C’est difficile. Et c’est pour cela que l’intelligence individuelle et l’intelligence collective sont interpellées et elles doivent être à l’œuvre pour que nous imaginions nous aussi comment prévenir, comment anticiper pour mettre l’humanité à l’abri de ces défis qui sont aujourd’hui devant nous. 105 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Question Monsieur le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, il y a près de 13 stratégies Sahel. Comment l’Afrique devrait-elle agir, via l’Union africaine ou via des initiatives régionales, pour prendre le leadership dans la gestion de ses problèmes en matière de sécurité et imprimer elle-même le tempo avec les partenaires internationaux ? Monsieur le Président, pourriez-vous illustrer votre réponse avec l’exemple du Processus de Nouakchott ? Réponse Tout d’abord, je pense que l’Afrique effectivement pour réguler ce problème de terrorisme doit pouvoir se prendre en charge. Parce que c’est l’Afrique qui en souffre. Mais, l’Afrique a aussi besoin d’aide extérieure. Elle a besoin d’aide extérieure. Nous devons prendre et voir les choses en face. Le terrorisme que nous vivons est un terrorisme effectivement très diffus, qui se déplace d’un pays à un autre et qui ne reste en sécurité que dans des zones d’insécurité. C’est de cette manière que nous devons voir le terrorisme et le qualifier. Nous devons être intolérants face au terrorisme dans un premier temps parce que dans tous les pays où il existe actuellement un foyer de terrorisme, c’est toujours sur une toile de fond d’insécurité, d’instabilité politique et de mauvaise gouvernance. On peut citer des pays, vous les connaissez tous, où en plus des foyers de tensions, il y a du laxisme parfois face au terrorisme. L’Afrique doit donc pouvoir se prendre en charge pour ne pas être en reste et pour éviter des interventions parfois très douloureuses. Nous avons vu ce qui s’est passé en Libye malheureusement, qui cause d’énormes dégâts collatéraux et qui a causé d’énormes dégâts collatéraux par la suite. Effectivement, il y a une insécurité, une instabilité en Libye. Il y a eu une intervention étrangère. Malheureusement, l’Afrique n’a pas pu traiter ce problème, l’Afrique n’a pas eu le temps, mais l’Afrique n’a pas été laissée seule pour trouver une solution à ce problème. Et finalement il y a eu une intervention étrangère qui a traité le problème de manière partielle et dont les conséquences sont celles que nous voyons aujourd’hui : un pays en état de délabrement, où pullulent énormément de groupes terroristes venus de partout 106 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e dans le monde, parce qu’ils y trouvent l’insécurité. Et ce qui a malheureusement touché les pays du Sahel, que ce soit le Niger, le Mali, le Nord du Mali, c’est cette situation qui s’est aggravée et qui continue à s’aggraver et même qui a débordé vers les autres pays tels que le Nigeria et même le Cameroun. La réponse à cela malheureusement a été une réponse très lente ou même trop lente, qui a fait que la situation s’est aggravée et continue de s’aggraver encore. Face à cette situation, il y a une intervention effectivement africaine et il y a une intervention de la France qui a pu arrêter cette avancée des terroristes qui a failli venir pratiquement à bout et occuper l’ensemble du territoire de la République du Mali, pays voisin. Mais la situation reste et demeure. Donc, face à cette situation, nous devons en Afrique essayer de nous organiser, et c’est ce que nous sommes en train de faire, pour essayer de mettre en place cette Force africaine en attente pour pouvoir répondre rapidement. Pour pouvoir donner une réponse à temps à ces difficultés auxquelles nous faisons face et auxquelles nous continuerons à faire face à l’avenir si nous ne nous organisons pas entre nous. Nous avons ce phénomène de terrorisme qui est devant nous, qu’il faudrait combattre effectivement, mais qu’il ne faudrait pas seulement combattre. Il faudrait aussi prendre d’autres mesures d’accompagnement pour éviter d’abord que notre jeunesse ne verse dans ce terrorisme qui est fatal pour notre pays, pour l’avenir et pour le développement de notre pays. Nous devons aussi nous entre-aider avec nos partenaires pour lutter contre ce phénomène. Mais ils doivent nous comprendre, ils doivent comprendre que l’insécurité dans notre pays est due en partie parfois au sous-développement, au manque de développement, et ils doivent nous aider à lutter efficacement contre des trafics de tous genres : le trafic de la drogue, des migrations clandestines, qui sont des supports et des apports pour le terrorisme. Ils doivent nous aider à lutter contre des prises d’otages et éviter de leur côté d’être laxiste avec les preneurs d’otages. Eviter donc le paiement de rançons qui financent ce terrorisme, qui le rend plus violent et qui lui donne encore plus de moyens à continuer à exister et à prendre d’autres otages par la suite. Cela, nous l’avons vécu malheureusement dans notre région du Sahel, et nous continuerons aussi à le vivre, tant qu’on continue à encourager le terrorisme à exister par le paiement de ces rançons. Donc, cela doit se comprendre. C’est vrai que nous devons tout faire pour sauver des vies humaines parfois. Une vie humaine n’a pas de prix, mais toute vie humaine sauvée par le paiement d’une rançon met en péril parfois des dizaines d’autres vies humaines et même des États en danger, par des financements, par les équipements qu’ils vont se permettre d’acquérir par la suite, par le recrutement qu’ils vont effectuer. Nous devons tous comprendre ce phénomène et l’intégrer dans notre stratégie future. 107 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Question Merci Monsieur le Président. Vous voulez dire un mot sur le Processus de Nouakchott, dont le premier Sommet se tient dans deux jours, je crois ? Question Cher Président Macky Sall, l’Afrique vous a confié le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Vos pairs se félicitent de vos efforts pour redynamiser cette stratégie de développement continental. À votre avis peut-on imaginer un NEPAD sécuritaire, c’est-à-dire un nouveau partenariat entre les Africains eux-mêmes et entre l’Afrique et ses partenaires dans le domaine de la sécurité et de la consolidation de la paix ? Réponse Oui nous avons effectivement un Sommet qui se prépare, qui va se tenir dans deux jours. Il y aura d’ailleurs deux sommets, avec celui du groupe G5. Nous allons donc nous réunir à Nouakchott pour continuer à travailler à mettre en œuvre notre stratégie du processus de Nouakchott. Réponse Permettez-moi de m’acquitter d’un devoir de gratitude à l’égard de la France par rapport à l’opération Serval puis Sangaris et aujourd’hui, Barkhane. Je pense que la France a véritablement joué sa partition dans ce devoir de solidarité face aux périls nouveaux. Le NEPAD a été un plan africain conçu par les Africains et pour l’Afrique, dont un des pères fondateurs est ici présent avec nous, le Président Olusegun Obasanjo, avec quatre de ses pairs africains. Le NEPAD se veut un programme au service de l’Afrique dans le domaine de l’économie, mais il est clair aujourd’hui qu’il ne peut y avoir économie sans sécurité. Il ne peut y avoir de développement sans paix, cela va de soi. Et la paix et la sécurité en Afrique incombent en premier chef aux États. Puis, à la communauté internationale. Et la parabole du football, je l’utilise ici : lorsque nous voulons une Coupe d’Afrique des Nations de qualité, très bientôt nous nous retrouverons à Malabo, s’il n’y a pas d’équipe nationale de qualité, le tournoi continental sera médiocre. 108 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Nous allons ensuite nous réunir le lendemain pour le Sommet du G5 pour décider la mise en œuvre de cette institution et commencer à travailler dans le cadre que nous avons tracé pour cette organisation qui aura pour objectif essentiel de nous entre-aider et de mutualiser nos efforts afin de développer cette région et de lutter efficacement, de manière beaucoup plus ciblée, contre tous ces phénomènes que nous avons cité tout à l’heure : le terrorisme, le trafic de drogue, l’immigration clandestine, les trafics illicites de tous genres. On ne peut pas bâtir une capacité de réaction rapide si nous ne construisons pas dans les régions et dans les États des équipes nationales de sécurité compétentes. Et pour cela, nous devons briser la glace, puisque au lendemain des indépendances, c’est vrai, il y a eu les guerres ethniques, il y a eu beaucoup de fautes en Afrique qui ont été commises sous les pouvoirs personnels, au point qu’on a interdit quasiment à nos pays de s’équiper. Il n’y a pas d’armées. On nous a empêchés de nous équiper convenablement. Et nous avons assisté à quoi ? À des armées tribales, à des gardes présidentielles, qui n’avaient de rôle et de vocation que de défendre un pouvoir personnel. Aujourd’hui, face aux difficultés, on a vu que nous ne sommes pas outillés. Et c’est inacceptable que 54 pays, 800 millions habitants, ne puissent pas se donner les moyens de financer et de former disons même 50 000 forces spéciales ! Ça suffit pour protéger l’Afrique. 50 000 forces spéciales ! 1000 à 2000 par pays, avec quelques moyens, hélicoptères de combats, quelques avions, quelques chasseurs... C’est à la portée du continent. Évidemment, il nous faut avec l’Union africaine donner un mandat aux pays à travers nos organisations régionales pour nous doter des moyens minimum. Nos amis occidentaux devant aussi évoluer de leur côté pour accepter de lever les barrières OCDE et de bâtir avec nous des plans d’équipement et des plans d’entraînement nous permettant nous-mêmes de prendre notre sécurité en main. Voilà ce que je voulais dire et c’est cela qui pourrait constituer le NEPAD de la sécurité. 109 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Question Monsieur le Président Idriss Déby, depuis les pères fondateurs comme Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop et tous les autres, ces pères fondateurs ont toujours rêvé d’un système collectif de défense au niveau du continent africain, d’une solidarité entre les pays africains comme le Président Sall vient de l’expliquer. Ils ont même rêvé d’une armée africaine. Monsieur le Président est-il possible en Afrique de construire aujourd’hui des forces régionales, des forces de réaction rapide, basées dans un pays donné, opérant sous un même commandement militaire, commandement obéissant bien entendu aux décisions concertées des chefs d’États ? Réponse Je vais quand même faire un petit rappel de l’histoire de l’Afrique. Au lendemain des indépendances comme vous l’avez dit, il y avait moins de trois dizaines d’États qui étaient « souverains ». Ils ont estimé nécessaire de créer une organisation continentale, ce qui a abouti à la naissance de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Cette organisation continentale s’est fixé et s’est donné des objectifs et une vision assez claire. En termes d’objectifs et de vision, c’était d’unir le continent, lutter pour la décolonisation totale du continent et abattre aussi l’apartheid. Quarante ans après, nous nous sommes rendu compte que l’OUA avait rempli ces missions. Il fallait donc donner une nouvelle vision à une organisation nouvelle du continent, ce qui a abouti à la création de l’Union africaine. Le Traité de l’Union africaine (UA) est à la disposition de tout le monde. Qu’y a-t-il à l’intérieur ? Il y a une vision et des objectifs bien précis. Nous avons donné, bien sûr, une importance fondamentale à la sécurité certes, mais aussi au développement, aux droits de l’homme, à toutes les valeurs universelles que nous partagions. Et d’ailleurs même avant d’en arriver à la démocratie, l’Afrique était humaniste. C’est dans notre culture, c’est dans nos traditions aussi. Maintenant, nous sommes face à nos responsabilités, le NEPAD est conçu pour combattre la pauvreté, les maladies, et aussi toutes formes de mauvaise gouvernance et instaurer dans le continent, les valeurs universelles de paix, de démocratie et de bonne gouvernance. On peut regarder, aujourd’hui avec recul, et dire que si l’OUA a rempli sa mission, l’UA fait aujourd’hui face à de nouveaux défis : le terrorisme, la piraterie maritime mais encore les bandits armés, la drogue qui passait de l’Amérique latine vers les ÉtatsUnis et vers l’Ouest et qui a pris la direction de l’Afrique. 110 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e La jeunesse africaine, qui est désœuvrée aujourd’hui, cherche son bien-être ailleurs puisqu’elle a perdu espoir en Afrique. Rendez-vous compte, rien qu’en 2014, plus de 3000 jeunes africains au sud du Sahara ont été noyés sur la route de l’Europe. L’ Europe qui a dressé un mur dans le rivage de la Méditerranée. Nous sommes face à nos responsabilités et face à l’histoire. En 2011, l’Afrique s’est battue, l’UA s’est battue. Il y avait beaucoup de foyers de tension avant et beaucoup de ceux-ci ont trouvé des solutions à l’africaine par les Africains. Après 2011, tout ce que nous voyons aujourd’hui comme désordre en Afrique, a pris naissance. Nous savons tous et nous avons tous assisté en tant qu’Africains, et vous le dites, à une violation flagrante de l’un des aspects les plus importants contenu dans le principe de l’OUA et qui a été reconduit aussi dans le principe de l’UA : l’intangibilité des territoires hérités de la colonisation. C’est un principe sacré. Nos amis européens, occidentaux, quand ils ont attaqué la Libye, ne nous ont pas demandé notre avis. Aujourd’hui, des gens meurent. Quand ils ont divisé le Soudan en deux également. Regardons aujourd’hui les foyers de tension en Afrique. En Somalie, tout ce qu’on a fait, c’est une intervention internationale et qui s’est retirée rapidement. Le désordre s’est installé. La division du Soudan a mené à une guerre civile et des millions de morts, plus que les morts pendant les cinquante années de guerre entre Soudanais. En deux ans seulement ! La destruction de la Libye. Mon frère disait que c’était du travail inachevé. Non, le travail a été achevé. L’objectif recherché étant l’assassinat de Kadhafi et pas autre chose. Disons que le travail a été achevé. Mais ce qu’il n’y a pas eu c’est le service après-vente ! On aurait dû accompagner les Libyens pour la naissance de la nouvelle Libye démocratique, la nouvelle Libye en paix et en stabilité. Kadhafi est mort, c’est terminé, « bagages pliés, on est partis ». Et voilà, aujourd’hui la Libye est devenue le terreau du terrorisme et de tous les brigands, de tous les malfaiteurs. Les Libyens sont désœuvrés et ne savent pas à quel saint se vouer. Les Libyens de souche, pas les étrangers qui viennent de tous les pays. Le Mali, c’est une conséquence directe de la destruction et du désordre de la Libye. 111 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Boko Haram est aussi une des conséquences directes de la destruction de la Libye. Boko Haram au Cameroun, c’est aussi la conséquence directe de la destruction de la Libye. Les armes qui circulent dans l’Afrique au sud du Sahara jusqu’au rivage, je dirais de l’Équateur, et ces armes vont même encore plus loin. Vous savez très bien et tout le monde sait très bien que la Libye fait partie des pays les plus armés en Afrique et je dirai même au monde au temps de Kadhafi. Toutes ces armes aujourd’hui se trouvent dans la nature. Mon frère Ibrahim Boubakar Keïta, je ne dirai pas encore IBK, me disait tantôt, que la solution est entre les mains des Africains. Monsieur le Président, mon frère, la solution n’est pas entre nos mains, la solution est entre les mains de l’OTAN. Qui a créé le désordre n’a qu’à aller ramener l’ordre. C’est simple ! Il ne faut pas rigoler, c’est notre vie, c’est l’Afrique qui est en danger ! Les Nations unies qui ont donné le quitus sont responsables aussi. Donc aucune armée africaine ne peut aller détruire le terrorisme en Libye. Je ne dis pas le peuple libyen. Les populations libyennes, quelles que soient leurs origines, quelles que soient leurs idéologies, peuvent dialoguer et trouver une solution. Mais là où le bât blesse, c’est comment peut-on négocier ou dialoguer avec les intégristes, avec les fondamentalistes ? C’est impossible, il n’y a pas de dialogue possible. Et ce sont ceux-là aujourd’hui qui font le jeu en Libye. Donc, il n’y a que l’OTAN qui a les moyens nécessaires, comme ils l’ont fait pour faire partir Kadhafi, pour assassiner Kadhafi, pour aller assassiner aussi les terroristes. On tue un serpent par la tête et pas par la queue. Donc si on veut résoudre les problèmes du Sahel, si on veut résoudre les problèmes ailleurs au sud du Sahara, il faut s’occuper de la Libye. Il faut tuer les terroristes qui sont là-bas. Nous pourrons les accompagner. Nous allons aller avec eux. Il n’y a pas deux solutions. C’est un problème auquel nous ne pouvons pas chercher des solutions de midi à 14 heures. La solution ce sont nos amis occidentaux, Monsieur le Ministre, vous m’excuserez, je ne parle pas de vous. C’est à nos amis occidentaux de trouver une solution pour la Libye, pour le peuple libyen et pour l’Afrique. Vous me posez la question de savoir si l’Afrique est capable d’avoir une force d’action rapide. C’est une question simple : y-a-t-il ou non une volonté politique ? S’il y a une volonté politique de la part des dirigeants africains, il va de soi que nous pourrons créer une force, l’équiper, lui donner les moyens et la mettre à la disposition du continent. Mais il faut reconnaître une chose : nos armées nationales aujourd’hui ne sont pas, ne peuvent pas faire face aux menaces actuelles. Ce sont des petites armées issues de la décolonisation comme l’a dit tout à l’heure mon frère, mal armées, mal entraînées. Donc les armées que nous avons ne peuvent pas faire face à ces menaces nouvelles. Il est important que les pays africains, tous les pays africains, se dotent, quelle que soit la 112 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e taille, d’au moins deux ou trois unités opérationnelles avec tous les moyens adéquats. On parle de développement en Afrique, on dit : « vous n’avez pas besoin d’armées, vous avez besoin de développement ». Mais quel développement ? Il n’y a eu ni développement, ni armées. On nous aide à former des armées capables de bouger et capables de répondre à la sécurité du continent. Je pense que c’est important. Nous ne pouvons pas continuellement demander à nos amis, nos partenaires, de nous aider : « nous sommes menacés, venez nous aider ». Mais jusqu’à quand ? Soixante ans après les indépendances. Concernant la menace sur le Mali, si la France n’était pas intervenue, quelle serait la situation aujourd’hui en Afrique ? Vous pensez que nous aurions été capables de faire quelque chose ? Non. Nous aurions perdu l’Afrique. Et nous serions tous aujourd’hui dans une situation de désespoir total. Mais la France ne peut pas être continuellement à nos côtés. La France ne peut pas amener ses enfants continuellement à se faire tuer pour l’Afrique. La France a aussi son opinion nationale. Bien que les Occidentaux aient des intérêts en Afrique, ils doivent, bien sûr, aussi nous soutenir, mais nous soutenir autrement. Pas en amenant les enfants occidentaux mourir chez nous en Afrique. À nous de concevoir des armées adaptées, modernes, capables de faire face à ces situations, à ces différentes menaces. Je suis certain que nos partenaires, en particulier nos amis français, et les autres nous aideront en matière d’équipement. Il y a aussi un autre élément important, qui ne fait partie de la question. On parle de la sécurité africaine : un continent, 54 pays, une organisation, l’UA, la seule organisation. Après soixante ans d’indépendance, l’Afrique n’est pas capable de faire fonctionner cette seule organisation. Est-ce que les moyens manquent en Afrique ? Au point que nous ne pourrions pas assurer le fonctionnement de l’Union ? Qu’on va demander à l’extérieur de venir nous aider ? Où est le sérieux en Afrique ? Est-ce que ce sont les richesses qui manquent ? Vous dites que nous sommes riches de nos matières premières sur le continent. Mais où est cette richesse ? Cette richesse, si elle existe, il faut la mettre à la disposition de l’Afrique pour que le continent fonctionne. Nous ne devons pas continuer à être un poids, un poids pour nos partenaires. Nous devons sortir de ce giron-là et nous assumer en tant que pays et zones souveraines, hommes souverains, femmes souveraines. Assumer ! Nous assumer ! La responsabilité la plus grande incombe aux dirigeants africains et pas seulement à la société civile africaine, aux partis politiques africains et à la masse, les jeunes et les femmes. Mes chers ministres, il est donc possible, s’il y a la volonté politique, de créer une armée au bénéfice du continent. Une armée, s’il y a encore la volonté politique, peut être sous commandement unique, pas des pays, mais de l’UA seule. Vous ne pouvez pas créer une armée et être obligés de consulter cinquante chefs d’État pour l’actionner. Il n’y a que l’UA et elle seule qui peut définir la nécessité d’employer ou pas l’armée. 113 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Question Monsieur le Ministre Jean-Yves Le Drian, la France est perçue comme un partenaire privilégié de l’Afrique dans plusieurs domaines, dont la paix et la sécurité. Comment pourra-t-on ensemble convaincre vos pairs, les autres puissances du monde, les autres partenaires, de ne pas sous-traiter les problèmes de la sécurité de l’Afrique avec la France et de se contenter parfois du service minimum ? Réponse Je vais être beaucoup plus modeste après les interventions des chefs d’État, je vais rester à ma place. J’ai néanmoins deux grandes satisfactions après ce que je viens d’entendre. La première c’est que Idriss Déby vient de tracer une feuille de route déjà pour plusieurs années que je ne peux que partager et qui complète tout à fait les propos du Président Macky Sall tout à l’heure. Ma deuxième satisfaction, c’est qu’après cet itinéraire qu’Idriss Déby vient de décrire, on sait qu’il va pouvoir se mettre en place puisque c’est le Tchad qui assure la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies maintenant. Donc la feuille de route est tracée et l’exécutif est là. Donc, comme disait ma grand-mère, « il n’y a plus qu’à faire ». Mais en tout cas, sur les observations qui viennent d’être faites, je ne vais pas non plus répondre totalement à la question. Quelques remarques. Oui la question libyenne est devant nous. Je ne vais pas retracer toute l’histoire, les hypothèses qui étaient imaginées sur l’après-Kadhafi, ce qui ne s’est pas réalisé. Je constate la réalité comme d’autres intervenants avant moi et la réalité, c’est que la question libyenne est toujours devant nous. Je ne vais pas dire maintenant comment il faut y répondre mais que cette préoccupation soit largement partagée me paraît 114 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e aujourd’hui une bonne chose, que l’opinion internationale, la communauté internationale s’en saisisse, c’est aussi une bonne chose. Qu’on trouve les moyens de l’action collectivement, c’est une nécessité. La deuxième observation est sur le partenariat, je crois m’être exprimé sur le sujet il y a un instant. Je constate avec intérêt que l’Union européenne (UE) est désormais partie prenante. Certes, cela fut lent, mais cela existe. Il y a deux ans, qui pouvait imaginer que c’est une mission de l’UE qui allait contribuer largement à la reconstitution de l’armée nationale malienne, l’armée de la souveraineté malienne ? Et maintenant depuis deux jours, ce même dispositif va se mettre en place en République Centrafricaine. Donc, il y a ce partenariat et je pense que progressivement les rencontres comme celles que nous avons aujourd’hui permettront aux Européens de s’approprier aussi la sécurité africaine. Un des thèmes du Forum a été l’appropriation de la sécurité africaine par les Africains. Ce thème a été repris par le Président à l’instant. Il faut aussi que les Européens se rendent compte que la sécurité de l’Europe passe aussi par la sécurité de l’Afrique. Et qu’il faut s’approprier cette double culture. Et les initiatives comme celles qui sont prises maintenant vont dans le bon sens. Je voudrais faire une dernière remarque par rapport à ce qu’a dit le Président Macky Sall. Je crois qu’il y a les moyens de faire en sorte que les États africains assurent leur propre sécurité parce que le statut des armées africaines dans les États est en train de changer. Il fut un temps, cela a été rappelé, où c’était des armées qu’il ne fallait pas voir se développer, issues de la période coloniale, ou alors des armées de clan, des armées tribales. C’est le Président Macky Sall qui citait l’expression « armées tribales ». Nous sommes sortis de ce champ et nous sommes dans une autre phase qui suppose à la fois des armées robustes mais aussi des coopérations régionales au sein de l’Union africaine pour que la sécurité soit assurée globalement. Je pense que c’est le chemin qui est en train d’être pris et en tout cas je m’en réjouis. 115 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Question Monsieur Peter Maurer, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), certains ministres disent que si la communauté africaine et internationale avait pris en charge la Guinée en mars dernier, quand il y avait une dizaine de cas d’infection du virus Ebola, nous n’en serions sûrement pas là. Que faire pour renforcer la capacité d’anticipation et de réaction rapide de la communauté africaine et internationale face aux grandes crises sanitaires et humanitaires ? Réponse Je pense que pendant le Forum et ce soir, il est très clair qu’il y a une certaine volonté politique aussi de mettre en relief les actions préventives. En tant qu’humanitaire pragmatique, le CICR, depuis cent cinquante ans, se concentre davantage sur la recherche de réponses rapides et cherche donc à pouvoir réagir en temps de crise. Il est tout à fait vrai que ce système de mécanisme rapide, qui est en fin de compte un système simple, a pu se développer lors des premiers constats d’Ebola. Il est clair que le fait qu’on n’ait pas communiqué de manière transparente sur ce que nous observions sur place a empêché les organisations, qui avaient toutes leurs capacités de réaction rapide, de mettre en place les mécanismes correspondants. Il a été dit ce soir, dans ce panel, que la transparence sur ce qui est en train de se passer est inévitable si on veut avoir une réponse adéquate aux crises humanitaires. 116 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Au CICR, par exemple, nous avons un mécanisme de déploiement rapide qui nous permet en 24 heures de déployer deux ou trois équipes rapides sur n’importe quelle crise, n’importe où dans le monde. Ce n’est pas une tâche énorme, beaucoup d’autres organisations savent faire la même chose. Mais encore faut-il avoir une information transparente, savoir où sont les crises. Et ce qui nous préoccupe le plus aujourd’hui, en tant qu’acteur humanitaire, c’est un énorme décalage entre d’une part ce qui est communiqué, ce qui est discuté comme étant des crises majeures dans le monde, là où nous constatons les vrais besoins et d’autre part là où va le financement. Il y a dans ce triangle du travail à faire. Il ne suffit pas à la grand-mère de dire, « il n’y a plus qu’à faire ». Il y a certaines choses dont il faut discuter. Parce que ce qui nous préoccupe, c’est cet énorme décalage. On l’a vu en Afrique de l’Ouest et dans beaucoup d’autres contextes. L’argent va là où les problèmes ne sont pas. Et les problèmes sont articulés au mauvais moment. Et donc les mécanismes internationaux et nationaux de réponses sont en décalage avec les problèmes réels. 117 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 118 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e 119 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que conclusion SEM Macky Sall Président de la République du Sénégal En accueillant à Dakar ce Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, le Sénégal a voulu, conformément aux recommandations et conclusions du Sommet de l’Élysée, contribuer à nos efforts communs pour assoir une stratégie concertée afin de faire face à des menaces anciennes ou nouvelles qui dépassent chacune de nos frontières. Je tiens à vous exprimer toute mon appréciation pour avoir fait le chemin de Dakar quelques jours seulement après nous avoir honorés de votre présence au 15ème Sommet de la Francophonie. Je remercie également la France, ici représentée par son ministre de la Défense, l’IPS, coorganisateur du Forum, pour le temps et les efforts consacrés à la tenue de notre rencontre. Je suis reconnaissant à tous nos autres partenaires qui ont été cités tout à l’heure et dont les contributions ont aidé à l’organisation du Forum. Merci à vous tous, Mesdames, Messieurs d’avoir répondu à notre invitation. Grace à vos contributions de qualité, nous avons pu vérifier à nouveau la nature globale des défis auxquels nous faisons face. Ces défis, liés à la préservation de la paix et de la sécurité sur le continent ne sont pas seulement des problèmes afro-africains. Ils s’inscrivent dans une perspective plus large, une perspective internationale qui nécessite une réflexion commune et préventive pour anticiper sur les menaces et définir des moyens d’action concertés. 120 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e On ne le dira jamais assez, sans la paix et la sécurité, l’Afrique ne peut trouver la stabilité nécessaire pour inscrire dans la durée son développement social et économique. Cette évidence se trouve confortée dans un rapport sur la place de l’Afrique dans le XXIe siècle dans lequel la Banque mondiale souligne les effets néfastes des conflits sur les secteurs potentiellement les plus dynamiques de son économie. Mais les conflits sous toutes leurs formes et leurs conséquences pénalisent d’abord les populations civiles par les pertes en vies humaines, les exactions, les pillages ainsi que les vagues de réfugiés et de personnes déplacées qu’ils entraînent. À ces drames s’ajoutent les situations handicapantes pour les États et les économies, engendrées par d’autre facteurs d’instabilité comme la piraterie maritime, les prises d’otages, les trafics d’armes et de drogue, d’êtres humains, ainsi que les crises sanitaires comme Ebola qui sévit actuellement dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. C’est dire, Mesdames et Messieurs, que les paradigmes ont changé, aussi bien dans la nature des menaces que dans leur impact. C’est en cela que nous devons aussi changer d’approche et de méthodes. À l’évidence, les stratégies classiques ne feront plus recette. Il nous faut innover dans la méthode et dans l’action. Je me réjouis à cet égard des efforts déjà en cours dans le cadre de l’initiative sur l’Architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine, avec également le Processus de Nouakchott, dont la République de Mauritanie accueillera le premier sommet ce 18 décembre. Je voudrais vous féliciter, Président Aziz, pour votre engagement résolu dans la conduite du Processus de Nouakchott. Mais, et il faut le dire avec force, en dépit de son volontarisme, l’Afrique à elle seule ne peut résoudre des menaces dont elle ne constitue d’ailleurs ni la seule cible ni le seul champ d’expression. Aux quatre coins du monde, l’actualité nous en donne des preuves au quotidien. La responsabilité première du maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur le continent nous incombe, à nous Africains. Nous devons l’assumer. Je crois qu’aujourd’hui le leadership politique a été affirmé. Nous devrons, lors du prochain sommet à Addis-Adeba, engager tous nos collègues pour que cette décision africaine soit prise et qu’ensemble nous assumions cette responsabilité qui nous incombe. C’est ensemble, avec les pays et institutions partenaires, que nous trouverons les réponses les plus cohérentes et les plus efficaces aux menaces qui nous concernent tous. Je salue encore une fois à ce propos l’engagement de la France et de l’Union européenne à nos côtés. 121 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que C’est ensemble que nous devons soutenir les efforts d’appropriation par l’Afrique de ses enjeux sécuritaires. C’est ensemble que nous devons travailler au renforcement de nos forces de défense et de sécurité, en termes de formation, d’entrainement et d’équipement pour faire face aux conflits asymétriques. C’est ensemble que nous devons investir dans la prévention des conflits et autres menaces à la paix, par des réponses appropriées aux problèmes de développement, par l’éducation et la formation des jeunes, par la promotion de l’État de droit, par l’échange d’informations et la collecte de données, à l’instar des réunions des chefs de service de renseignement et de sécurité de la zone sahélo-sahéliennes. Nos tâches sont à la fois urgentes et complexes, mais j’espère que par les réflexions et propositions diverses qu’il aura suscitée, le Forum de Dakar aura contribué à l’émergence d’une conscience collective sur la nécessité de forger, ensemble, les fondements durables de notre stratégie commune face à des menaces communes. Je souhaite par conséquent, tenant compte du succès qu’a connu cette première édition, que le Forum de Dakar s’établisse sur une base pérenne comme plateforme annuelle de concertation sur ces défis de notre temps. Je vous donne donc rendez-vous l’année prochaine, Inch’Allah, et déclare clos les travaux du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité ! Je vous remercie. 122 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e le mot de la fin Cheikh Tidiane Gadio Président de l’Institut panafricain de stratégies L’objectif de ce Forum était de discuter, d’échanger et de parler avec le cœur. Bien sûr il y a toujours le protocole, mais les chefs d’États aujourd’hui ont accepté, parfois, de gérer autrement le protocole et de vous parler. Et ils vous ont parlé. Tous les participants au Forum, le Président Macky Sall et son gouvernement, veulent remercier la participation japonaise qui nous a apporté un appui extraordinaire et qui s’est engagée à poursuivre cette aventure avec nous. Il y a également l’immense appui de beaucoup de partenaires dont la France, les Pays Bas, l’Union européenne, la Banque africaine de développement. Je suis maintenant en difficulté car j’ai commencé à les citer. Alors tous ceux que je n’ai pas cités, sachez que je vous ai cités par le cœur et que nous pensons à vous. Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous. Bien sûr que l’Union africaine est en bonne place parmi les parrainages de ce Forum. Et bien sûr que je n’oublie pas le partenaire essentiel de ce Forum : la République du Sénégal. 123 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 124 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Les partenaires Haut-parrainage Sous l’égide du gouvernement de la République du Sénégal Organisé en partenariat avec l’Union africaine 125 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Partenaires institutionnels « Soucieux des défis sécuritaires communs entre les continents africain et européen et convaincus de notre responsabilité et de notre devoir de les aborder ensemble, le Forum de Dakar a permis d’approfondir notre analyse stratégique et a stimulé et nourri la conviction qu’une approche intégrée et commune est requise. SEM Ed KRONENBURG, Ambassadeur des Pays-Bas en France Le Royaume des Pays-Bas, en tant que partenaire pour la paix, la justice et le développement, était heureux de contribuer au succès du Forum de Dakar. Les Pays-Bas se tiennent prêts à continuer à soutenir ces débats sur les thèmes d’intérêt commun, appellent à la responsabilité de tous les acteurs mondiaux (publics et privés) et demandent à chacun d’y contribuer. » « La paix et la stabilité constituent la base de tout développement. Suite à l’attentat d’In Amenas en janvier 2013, le Gouvernement du Japon place la paix et la stabilité en première instance de ses priorités, et a annoncé, lors de la Cinquième Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD V) tenue à Yokohama en juin 2013, une contribution d’un milliard de dollars pour les projets du Sahel liés à ces deux domaines. Takashi KITAHARA, Ambassadeur du Japon en République du Sénégal Mais la menace plane toujours aujourd’hui. Le Forum de Dakar, plateforme idéale pour la sécurité et la stabilité sur le continent africain, a eu lieu en synergie et au moment opportun, donnant l’occasion au Japon de montrer son engagement. Sa réussite est très encourageante et le Japon continuera d’être un contributeur proactif à la paix, conformément à la volonté du Premier Ministre, S.E. M. Shinzo ABE. Cette année aussi, nous apporterons notre soutien de manière concrète au Forum. » 126 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Partenaires médias 127 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Partenaires entreprises Michel ROUSSIN, ancien ministre, Conseiller à la Présidence d’EDF L’initiative sénégalaise soutenue par la France du 1er forum international sur la Paix et la Sécurité en Afrique qui s’est tenu à Dakar en décembre dernier a été présentée au Groupe EDF comme un exercice inédit de débat et de rencontre entre différents décideurs de premier plan directement concernés par les problématiques Sécuritaires en Afrique. C’est cette ambition, alliée au sérieux et à l’expertise des organisateurs, qui nous a convaincus d’y associer notre nom et d’en devenir l’un des principaux partenaires. Force est de constater que les résultats ont outrepassé nos espérances. Par la diversité et la qualité des participants sélectionnés, qu’ils soient Experts, Ministres ou Chefs d’États, Grand Dirigeants d’entreprises, militaires ou hauts fonctionnaires, le mot Forum a pris tout son sens au travers de ces 2 journées particulièrement riches et bien organisées. La grande qualité des intervenants sélectionnés a permis de créer des espaces d’échange où chacun a pu exposer ses problématiques et confronter ses opinions librement. De plus, l’unité de temps et de lieu a facilité des prises de contacts professionnelles très positives. Enfin, l’écueil d’une réunion strictement politique, diplomatique ou économique a su être évité par l’allégement du protocole et la liberté des prises de paroles en atelier. C’est sans aucun doute cette approche moderne d’une réunion internationale de haut niveau qui favorise la cohésion nécessaire à la compréhension des enjeux stratégiques du continent africain. En toute hypothèse, un tel forum ne peut que contribuer positivement à l’émergence économique du continent et nous attendons avec intérêt la prochaine édition annoncée par le Président Macky Sall dans la conclusion de cette 1ère édition. Très investi en Afrique pour l’ensemble de ses activités – défense et sécurité, aéronautique et transport – Thales est fier et heureux d’avoir participé activement au premier Forum international de Dakar. Par la qualité des échanges, grâce au soutien apporté par des personnalités politiques de premier plan mais aussi des chercheurs de haut niveau et des décideurs économiques de différents horizons, cette nouvelle enceinte d’échanges a pleinement rempli son rôle. Le Forum international de Dakar s’est affirmé d’emblée comme un lieu de rencontre privilégié sur des enjeux majeurs pour la région et au-delà, qu’il s’agisse de la protection des frontières terrestres et maritimes, de la lutte contre le terrorisme, ou encore de la protection des ressources naturelles. Ce forum est d’autant plus important aujourd’hui que l’Afrique, zone de croissance majeure à l’échelle mondiale, continuera à se développer de façon importante au cours des prochaines décennies. Au-delà du succès de cette première rencontre, nous souhaitons donc à cette initiative de nombreuses et fructueuses rééditions, au service de programmes collectifs de paix, de sécurité et de développement. 128 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Jean-Michel PALAGOS, Président Directeur Général de DCI À défis majeur, rendez-vous majeur L’avenir de l’Afrique est intimement lié au cercle vertueux formé par la sécurité et le développement économique. Aujourd’hui, le continent africain connait des évolutions positives spectaculaires, du fait d’un dynamisme économique porteur de réelles promesses. Toutefois, la persistance de foyers de tension et le terrorisme font peser un risque sur ce développement prometteur, ce dont ont conscience tous les dirigeants de ce vaste continent. Pour relever tous les défis actuels, il devient absolument nécessaire de développer les capacités africaines de sécurité autonomes avec des armées et des forces de sécurité à la juste mesure de la mission qui leur est confiée. Ces capacités ne reposent pas uniquement sur le déploiement de matériels adaptés mais également sur des hommes recrutés, formés, entraînés et organisés pour pouvoir mettre en œuvre ces équipements selon des concepts adéquats. Cette approche capacitaire est celle de Défense Conseil International (DCI), opérateur du transfert des savoir-faire des armées françaises, dont l’action s’inscrit strictement dans les objectifs de coopération militaire du ministère de la Défense, tout en étant complémentaire mais distincte des actions menées par la Direction de la coopération de sécurité et de défense. Aussi, en participant au Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, DCI souhaitait améliorer sa perception des défis de la sécurité africaine et se donner les moyens d’inscrire mieux encore son action dans la contribution de la France et de ses armées à la stabilité du continent. Cette première édition du Forum de Dakar a parfaitement répondu à cet objectif. Nous avons pu participer à des échanges de haut niveau, aussi variés que libres, aux côtés de décideurs politiques et militaires, mais également d’acteurs de la société civile, directement impliqués dans ces défis de la sécurité et du développement. Ces temps d’échanges et de libre propos constituent en effet un atout de taille pour qui veut comprendre et contribuer à la sécurité du continent africain. C’est en cela que le Forum de Dakar s’est d’emblée imposé comme un rendez-vous majeur, à la mesure du défi que l’Afrique et ses partenaires sont en mesure de relever. Didier TRUTT Président Directeur Général La participation du Groupe Imprimerie Nationale à la première édition du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique s’est tout naturellement imposée comme une évidence au nom des relations anciennes de confiance entre le Groupe Imprimerie Nationale et nombre d’États africains. J’ai personnellement pu apprécier, outre l’accueil réservé par nos hôtes sénégalais, la qualité des échanges avec les différents interlocuteurs et le haut degré de confiance que nous ont témoigné les nombreux responsables gouvernementaux présents durant ces deux journées. Le Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique a clairement marqué l’avènement d’une pensée stratégique ambitieuse au service du continent, au moment où les défis sécuritaires nous interpellent tous. À ce titre, le Groupe Imprimerie Nationale, partenaire de confiance de nombreux États pour la production et la conception de titres d’identité sécurisés, a été honoré de pouvoir participer à ce moment en tant qu’expert industriel. J’ai la conviction que cette initiative, portée notamment par l’Institut panafricain de stratégies, est amenée à jouer un rôle de premier plan en faveur de la paix et de la sécurité du continent. Celle-ci doit se poursuivre pour devenir un moment récurrent et structurant pour la pensée stratégique africaine. Le Groupe Imprimerie Nationale, dans son domaine d’expertise, ne manquera pas d’être présent aux côtés des différents États participants pour contribuer à son succès. 129 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Général Pierre de Saqui de Sannes Conseiller Institutionnel CMA CG Notre participation au Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique était l’occasion, comme le rappelait Rodolphe Saadé, notre Vice-Président, de montrer notre attachement à ce continent (Cf. Jeune Afrique du 1er mars 2015). Mais c’est aussi pour nous un devoir que de se tenir informés des problèmes de sécurité sur un continent où nos projets et investissements portuaires et terrestres sont très nombreux et où notre Groupe emploie 1 456 collaborateurs, dont plus de 60 expatriés, dans 62 bureaux répartis sur 44 pays. Ainsi donc à Dakar, les représentants de la CMA CGM ont pu : – avoir le plaisir de se retrouver en terre africaine au sein de cette communauté d’amis issues des quatre coins du continent. Il nous semble, en effet, essentiel de conserver cette localisation géographique africaine pour parler des problèmes sécuritaires de cette région du monde. De même, la présence de délégations de pays non francophones a donné un caractère continental à ce forum et les efforts fournis doivent être maintenus dans ce domaine à notre humble avis. – rencontrer et aborder des responsables de haut niveau africains, français, européens et onusiens en matière de sécurité au moment où le continent africain connait certainement une période des plus dangereuses de son histoire et ce d’Ouest en Est avec le Nigéria, le Sahel, la Libye et la Somalie. 130 Ces échanges sont riches d’information, de retour d’expérience et de conseil qui aident les entreprises à prendre les bonnes décisions en matière de sécurité pour nos collaborateurs. C’est une priorité d’autant plus forte que le contexte est particulièrement sensible. – écouter, lors d’une séance plénière de haut vol, quatre Chefs d’État en exercice (Sénégal, Mali, Tchad et Mauritanie) et un ancien Chef d’État (Nigéria) dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils avaient oublié la « langue de bois ». Beaucoup d’entre nous ont pris conscience à cette occasion de la gravité des évènements actuels en Afrique et de l’engagement des responsables de ce continent à lutter pour conserver leur liberté. Moment fort de ce séminaire marqué par un langage de vérité peu courant, cette prestation restera sans nul doute gravée dans la mémoire de tous les participants. En conclusion, il est clair que ce forum a été couronné de succès et que l’actualité quotidienne ne plaide pas pour renoncer à cette initiative à laquelle notre Groupe continuera de participer. R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Christophe REMY, Président du CA de LHAviation Ce premier Forum international de Dakar, auquel la société LH Aviation a participé comme parrain de cet événement, a marqué une étape importante de prise en compte de ses enjeux de sécurité et de défense par l’ensemble du continent africain. Alors que la région sub-saharienne subit de multiples attaques terroristes au lendemain notamment de l’effondrement du régime libyen, alors que la communauté internationale, la France en particulier, s’engage aux côtés des forces africaines pour lutter contre ce fléau qui menace aussi l’Europe, les interventions de l’ensemble des participants ont été marquées par une remarquable lucidité et un fort esprit de responsabilité. La présence effective des chefs d’État pour conclure ce premier Forum est aussi la marque de l’intérêt réel que portent ces dirigeants à ces enjeux. L’ensemble des conditions proposées aux participants, des services d’hôtellerie en passant par les déjeuners et les dîners comme la fluidité de l’organisation, ont été d’une qualité impressionnante. Cette conférence, qui s’est déroulée dans les meilleures conditions, avec un amphithéâtre et des espaces de conférence particulièrement confortables et bien équipés, a permis à notre société d’engager des échanges de grande qualité. Au-delà de la participation au sol de troupes africaines, engagement unanimement salué, nous avons pu insister sur l’importance pour chaque État souverain de maitriser son espace aérien dans une perspective de défense et de sécurité, mais aussi pour s’assurer une autonomie dans l’acquisition de l’information et du renseignement. Nous espérons que la pérennisation du Forum permettra de continuer, à Dakar, ces fructueux échanges. 131 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 132 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Les organisateurs Président Cheikh Tidiane GADIO, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, président de l’Institut Panafricain de Stratégies. Vice-présidents Camille GRAND, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique ; Michel FOUCHER, conseiller diplomatique du président de CEIS. Conseillers spéciaux pour le Forum Fabienne HARA, conseillère spéciale pour le Forum ; Hugo SADA, conseiller spécial pour le Forum ; Mapenda MBAYE, administrateur civil, expert associé chargé du territoire et de la décentralisation, expert à l’IPS. Membres Jean-François DAGUZAN, directeur adjoint de la FRS ; Olivier DARRASON, président de la CEIS ; Alexandre HOUDAYER, secrétaire général de la FRS ; Landing SAVANE, ancien ministre d’État, ministre conseiller à la présidence de la République du Sénégal, membre de l’IPS ; Éric SCHMIDT, conseiller spécial auprès du président de la CEIS ; Moussa SECK, membre de l’IPS, président du Pan African Agribusiness and AgroIndustry Consortium (PanAAC). Avec l’appui du Ministère français de la Défense Cédric Lewandowski, directeur du cabinet civil et militaire du ministre Luis Vassy, conseiller diplomatique du ministre Franck Paris, conseiller pour les affaires européennes Hugo Richard, chef de cabinet adjoint Sacha Mandel, conseiller pour la communication Philippe Errera, directeur général des relations internationales et stratégiques. 133 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 134 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Dakar dans la presse Retrouvez la revue de presse du forum sur : www.dakarforum.org 135 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que _____________________________________ _____________________________________ _____________________________________ Le Soleil.sn 17 décembre 2014 RFI, 16 décembre 2014 Le Quotidien.sn, 17 décembre 2014 « Le temps est révolu où les Africains confiaient leur sécurité aux autres pays.» C’est l’engagement ferme que le Président Macky Sall et trois de ses pairs ont pris, hier, au terme du Forum sur la paix et la sécurité tenu du 14 au 16 décembre 2014 à Dakar. Pour le chef de l’État, assurer la sécurité de l’Afrique est devenu une responsabilité des Africains eux-mêmes. Sécurité en Afrique : le Forum de Dakar fait salle comble. Le Forum international de Dakar s’est voulu informel mais riche en échanges. Après 3 plénières et 10 ateliers thématiques, les participants ont passé en revue l’architecture sécuritaire de l’Afrique et les solutions à apporter pour plus de stabilité. La prévention a, à plusieurs reprises, été brandie comme meilleur rempart. La première édition du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, organisée à Dakar, a été un succès éclatant. Aussi bien par l’organisation que par la participation des éminents experts civils et militaires et de la société civile qu’il a réunis. Le président de l’Institut panafricain de stratégies (Ips), Cheikh Tidiane Gadio a d’ailleurs indiqué que 400 participants ont pris part à cette rencontre venant de 47 pays dont 30 en Afrique, ainsi que de 12 organisations. Une parfaite organisation et une richesse des thématiques que le chef de l’État Macky Sall n’a pas manqué de relever. « J’espère, par les réflexions et propositions diverses, qu’il aura suscitées, que le Forum de Dakar aura contribué à l’émergence d’une conscience collective sur la nécessité de forger, ensemble, les fondements durables de notre stratégie commune face à des menaces communes », a-t-il dit, tout en indiquant que ce Forum sera pérennisé. _____________________________________ Le Point.fr, 18 décembre 2014 Le Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique a conduit à poser les jalons d’une prise en charge africaine des menaces extrémistes et criminelles qui planent sur le continent. La première édition du Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique qui a ouvert ses portes hier, dans la capitale sénégalaise, connaît un succès d’affluence et de prestige, avec plus de 350 participants dont des officiels souvent de haut niveau venus d’une quarantaine de pays. Organisée à l’initiative de la France et du Sénégal, cette rencontre a pour ambition de devenir un rendez-vous annuel et de contribuer à la “création d’une culture de sécurité en Afrique”. Les participants, issus autant de la société civile que des gouvernements, ont pris la parole librement, interrogeant, interpelant les intervenants spécialisés ou complétant les propos de ces derniers par des récits d’expériences vécues. Les ateliers prévus pour la deuxième journée promettent de connaître les mêmes affluences et intérêt. _____________________________________ L’Express, 16 décembre 2014 La première journée du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité aura permis de bousculer quelques tabous. _____________________________________ La Croix, 17 décembre 2014 On s’attendait à une réunion sans grand intérêt, à une série de discours lénifiants et sans portée sur la sécurité en Afrique […]. Mais cela n’a pas été le cas. Le Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique […] a été l’occasion pour certains chefs d’État africains de demander une intervention militaire en Libye. _____________________________________ Le Matindz.net _____________________________________ L’As, 17 décembre 2014 « Le Forum de Dakar est une innovation et sa pérennisation un salut pour le continent. Près de 400 délégations ont pris part à la rencontre, aux ateliers thématiques et aux plénières. L’Affluence et les positions tranchées renseignent sur le souci, l’inquiétude et la peur bleue des Africains face à la montée du terrorisme. » _____________________________________ Le Figaro, 16 décembre 2014 L’Europe a créé depuis longtemps son forum stratégique, la Werkhunde de Munich, l’Asie a son ‘dialogue de Shangri-La’, à Singapour, tout comme celui de Manama, au Bahreïn, pour le Proche-Orient, ou d’Halifax, au Canada pour l’Amérique du Nord. Les Africains se retrouveront l’an prochain à Dakar où s’est déroulé lundi et mardi le premier Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, réunion ‘informelle’ de quelque trois cents personnalités, politiques, militaires et experts, organisée par deux think-tanks, l’Institut panafricain de stratégies et la Fondation pour la recherche stratégique. Le projet est né, il y a un an, en décembre 2013, à l’issue d’un sommet à l’Élysée. Les chefs d’État africains présents y avaient proclamé leur intention de prendre en main la sécurité de leur propre continent. “La France continuera d’appuyer ce mouvement d’appropriation par l’Afrique de sa propre sécurité’’, a déclaré Jean-Yves Le Drian, personnellement très investi dans la concrétisation de l’événement. Le but, a-t-il, souligné, est de “créer une culture de sécurité commune”. L’intitulé de « forum » adopté par l’évènement de Dakar n’enlève rien à son importance et à sa portée. Parmi les 300 participants qui y assistent figurent des chefs d’État (Ibrahim Boubakar Keïta – Mali –Mohamed Ould Abdel Aziz – Mauritanie), des chercheurs, des universitaires, des militaires et même des industriels de l’armement. 136 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e _____________________________________ _____________________________________ _____________________________________ RTS.sn, 16 décembre 2014 DSI, février 2015 La Voix du Nord, 15 décembre 2014 Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. Voilà ce que l’on peut retenir avant la clôture de la grand’messe des questions de la paix et de la sécurité en Afrique. Le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique doit devenir un rendez-vous récurrent réunissant les décideurs à même de répondre aux crises propres à ce continent. Au bout du compte, et c’est le sens de ce Forum organisé par le Président Macky Sall, « l’impératif sécuritaire doit être considéré par les Africains comme une priorité ». Finalement, ce Forum tombe à point nommé, un an après celui de Paris : il se tient à un moment où ces dynamiques positives africaines ont besoin d’être confortées, confirmées et accompagnées par leurs partenaires. Cette rencontre a pour ambition de devenir un rendez-vous annuel et de contribuer à la ‘création d’une culture de la sécurité en Afrique’. _____________________________________ Dakaractu, 17 décembre 2014 En accueillant à Dakar ce Forum international sur la Paix et la Sécurité en Afrique, le Sénégal a voulu, conformément aux recommandations des conclusions du sommet de l’Élysée, contribuer à nos efforts communs pour asseoir une stratégie concertée afin de faire face à des menaces anciennes ou nouvelles qui dépassent chacune de nos frontières. _____________________________________ Jeune Afrique, 16 décembre 2014 On se félicite du nombre importants de participants et de la qualité des personnalités politiques, militaires, et académiques présentes. Il est vrai qu’avec 350 participants, le seuil espéré est largement dépassé. Tous ont pu longuement échanger, soit lors des ateliers organisés soit lors des incessantes sessions bilatérales ou des entretiens informels qui ont eu lieu en marge du forum. « On ne construit pas une politique de sécurité sans une réflexion stratégique. Ce forum doit nous apporter une doctrine », explique un proche du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Le Sénégal et son président, Macky Sall, ont joué un rôle central dans l’organisation du forum. Aux côtés des Sénégalais, la forte présence de hautes personnalités politiques est significative de l’intérêt suscité par le sommet. Une satisfaction pour cette première édition : plus de trois cents participants, dont beaucoup de ministres et de chefs d’état-major, une bonne cinquantaine de journalistes et même quelques chefs d’État (les présidents du Mali, du Tchad, du Sénégal ainsi que l’ancien président du Nigéria) ont fait le déplacement. Si l’on pouvait parfois regretter un manque de réalisme dans les discussions, on ne peut nier qu’une telle spontanéité et une telle franchise n’auraient pas pu être entendue ailleurs. Chacun, responsable politique, chercheur, diplomate, militaire ou représentant de la société civile, a pu exprimer ses doutes et ses attentes. Dakar s’impose ainsi comme une enceinte de réflexion et de débat qui justifie bien l’effort de lobbying réalisé par les différents partenaires de l’évènement. _____________________________________ Le Monde.fr, 16 décembre 2014 Les participants au Forum de Dakar ont déclaré à l’issue de deux jours d’échange vouloir unir leurs moyens pour attaquer le problème du terrorisme en Afrique. _____________________________________ Le Monde diplomatique, 1er février 2015 « Tout le monde est conscient que l’Afrique est l’avenir stratégique du monde, sauf les Africains ! », regrette M. Cheikh Tidiane Gadio, président de l’Institut panafricain de stratégies, principal organisateur du Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, qui s’est tenu à Dakar (Sénégal) à la mi-décembre. Cette réunion informelle – une première en Afrique, destinée à devenir annuelle – réunissait quatre cents militaires, responsables politiques, chercheurs, journalistes, à l’image de ce qui se fait dans d’autres régions du monde. 137 _____________________________________ La Marseillaise, 16 décembre 2014 Le Forum de Dakar a vocation à devenir un rendez-vous annuel à l’image des conférences sur la sécurité de Munich en Europe, Manama au Moyen-Orient, Halifax au Canada ou celle du Shangri-La à Singapour, axée sur les questions géostratégiques en Asie du Sud-Est. _____________________________________ 20 minutes, 16 décembre 2014 Quelque 350 participants dont des officiels souvent de haut niveau venus d’une quarantaine de pays. L’affiche est belle, la salle est comble. Le premier Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique rencontre le succès, dès sa première édition. Une rencontre qui devrait d’ailleurs devenir un rendez-vous annuel. Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Dakar en ligne Vous trouverez l’ensemble des documents, photos et vidéos du Forum sur notre site internet : www.dakarforum.org 138 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Pour revivre à nouveau le Forum, rendez-vous sur notre compte Twitter : @DakarForum 139 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que 140 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Liste des participants ______ Hassan Hamid ABDALLA Conseiller du Président de la République du Soudan ______ Idrissa BA Commissaire, Président ASRDR, West Africa Commission on Drugs Amadou ABDOUL SAKHO Pan African News Agency (PANA) Hawa BA Senegal Country Officer, Open Society Initiative For West Africa Ahmed Rufai ABUBAKAR Amady BA Chef de la Coopération Internationale, Bureau du Procureur, Cour pénale internationale Directeur Affaires Politiques, Bureau de l’Afrique de l’Ouest, Nations Unie Patricia ADAM Présidente de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées Députée, Assemblée Nationale, France Nabil ADGHOGHI Directeur Général de la Coopération Bilatérale, MAEC, Chef de délégation Erik AF HALLSTROM Manager Régional - problématiques Panafricaines, Ministère des Affaires étrangères, Finlande Mamadou BALL Expert Associé Communication, Institut Panafricain de Stratégies (IPS) Cornélius AÏDAM CEO, PAXAFRICA Naby Youssouf BANGOURA Ministre d’État, Secrétaire Général de la Présidence, Guinée Pascal AIRAULT Journaliste, L’Opinion Alain BARLUET Journaliste, Le Figaro Abdel-Rhamane Haggar ALI Recteur, Université de Ndjamena, Tchad Taleb BARRADA Ambassadeur du Royaume du Maroc au Sénégal Monika ALTHAUS HCDH/BRAO, Nations unies Philippe BARREAU Directeur Général Delmas Bénin chez CMA CGM Mohamed ANACKO Président, Conseil régional d’Agadez, Niger Alain ANTIL Chercheur et responsable du programme Afrique subsaharienne, IFRI Mohamed Ould Abdel AZIZ Président de la République Islamique de Mauritanie Naini AZIZ Ambassadeur de la Tanzanie en Éthiopie, Représentant permanent auprès de l’UA et de l’UNECA et Président du Conseil de paix et de sécurité Stanislas BABA Conseiller mer, Présidence de la République du Togo, Ancien ministre Assanatou BALDE Journaliste, Afrik.com Général Martin Luther AGWAI Ancien Commandant de la MINUAD, Nations unies Molefi Kete ASANTE Professeur Emérite, Temple University Diade BA Office manager, Reporter, Reuters Niagalé BAGAYOKO PENONE Spécialiste de Programme, Organisation Internationale de la Francophonie Cyriaque Pawoumotom AGNEKETHOM Directeur Maintien de la Paix et Sécurité Régionale, CEDEAO Jean ARNAULT Membre, High level Independent Panel on UN Peace operations, Nations Unies Amadou Lamine BA Institut Panafricain de Stratégies (IPS) Philippe BEAULNE Ambassadeur du Canada à Dakar Philippe BÉGUIN Conseiller, Ambassade de Suisse au Sénégal Daniel BEKELE MULUGETA Directeur de la division Afrique, Human Rights Watch Jean-Christophe BELLIARD Directeur d’Afrique-Océan Indien, MAEDI, France Dounia BEN MOHAMED Journaliste, Africa News Agency Hatem BEN SALEM Professeur de droit - Ancien Ministre, Université de Tunis, Tunisie 141 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Hichem BEN YAICHE Rédacteur en Chef, Le Magazine de l’Afrique - IC Publications Mohamed Ibn CHAMBAS Représentant Spécial du Secrétaire général - Chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Nations unies Mohamed BENHAMOU Président, Centre Marocain des Études Stratégiques Weixiong CHEN Directeur exécutif adjoint, Counter-Terrorism Committee Executive Directorate, Nations unies Pierre BENOIT Directeur adjoint de l’information, TV5 Monde Smaïl CHERGUI Commissaire pour la Paix et la Sécurité, Union africaine Ruth BERNABE-PALANCA The House of the Rising Stars Foundation Mark CHICHESTER Directeur, Atlas Research, États-Unis Général Emmanuel BETH Associé Senior, ESL & Network Yves Alexandre CHOUALA Enseignant-Chercheur, Institut des relations internationales du Cameroun Bégong-Bodoli BETINA Ecrivain - Maître de Conférences, Université Gaston Berger de SaintLouis, Sénégal Jakkie CILLIERS Directeur Général, Institute for Security Studies Christophe BIGOT Directeur de la stratégie, Ministère de la Défense, France Général Lamine CISSE Ancien Ministre, Partners West Africa – IPS Abdoulaye BIO TCHANE Ancien ministre, Economiste, Bénin Awa Marie COLL SECK Ministre de la Santé et de l’Action Sociale, Sénégal Colonel Aloys BIZINDAVYI Commandant de l’Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM), Force de Défense Nationale, Burundi Brigitte COLLET Ambassadrice de France en Éthiopie, Représentation permanente auprès de l’Union africaine Barthélémy BLÉDÉ Chercheur, ISS – Sénégal Charles COLLINS Senior Defense Attaché, Ambassade des États-Unis au Sénégal Christophe BOISBOUVIER Radio France Internationale (RFI) Augusta CONCHIGLIA Grand Reporter, Afrique Asie Sheriff BOJANG JUNIOR Journaliste Sekou K. CONDE Directeur éxecutif, African Crisis Group Gilles BONNAUD Conseiller diplomatique du Président, DCNS Colonel Marc CONRUYT Attaché de Défense, Ambassade de France au Sénégal Thierry BOURGEOIS Directeur sûreté, TOTAL Jean COSTEDOAT-MIOSSEC Attaché Régional de Sécurité, Service européen pour l’action extérieure - Délégation de l’Union européenne à Dakar Luke BROWN Journaliste, France 24 Abdoullah COULIBALY Vice Président, Fondation Forum de Bamako Senussi M BSEIKRI Directeur, Centre Libyen pour la Recherche et le Développement ______ Kamissa CAMARA Chargée de Projet Afrique de l’Est, National Endowment for Democracy Babacar CAMARA Président du Conseil d’Administration, Sococim Industries Nathalie CANTAN Chargée de Mission Sahel, DGRIS, Ministère de la Défense, France Rémi CARAYOL Journaliste, Jeune Afrique Marie-Josée CEROL Professeur d’Université, Afrocentricity International, MKA Institute, Temple University ______ Christophe Marie DABIRÉ Commissaire, UEMOA Jean-François DAGUZAN Directeur adjoint, Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) Éric DANON Directeur Général, Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégique Olivier DARRASON Président, CEIS Pierre DASSAS Président, The House of the Rising Stars Foundation 142 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Raul DE MELO CABRAL Chef de la Coordination pour le Mozambique, ONUSIDA, Nations unies Mariam DIALLO Chef de Cabinet, Assemblée Nationale, Mali Ramiro Armando DE OLIVEIRA LOPES DA SILVA Directeur exécutif Assistant, WFP Rome Malick DIAWARA Journaliste, Le Point Arnaud DE PELLEGARS Conseiller pour les affaires de Défense et de Sécurité, Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité Nationale, France Adama DIENG Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, Nations unies Marc-Antoine DE PEROUSE DE MONTCLOS Professeur - Chercheur associé au CEPED, Institut français de géopolitique - Université Paris 8 Sarah DIFFALAH Le Nouvel Observateur Général Grégoire DE SAINT-QUENTIN Général du Commandement des Opérations Spéciales, Ministère de la Défense, France Pierre DE SAQUI DE SANNES Directeur d’Etablissement - Conseiller Institutionnel, CMA CGM Alioune Ndour DIOUF Directeur des Opérations pour l’Afrique Subsaharienne, AXA Saïd DJINNIT Secrétaire Général adjoint - Envoyé spécial du Secrétaire Général pour la région des grands lacs, Nations unies Jean-Philippe DORENT Directeur Général international, HAVAS Worldwide Gwendoline DEBONO Journaliste, Europe 1 Malik DECHAMBENOIT Partenaire co-fondateur, Cabinet Gumbi-Dechambenoit and Associates Amanda J. DORY Sous-secrétaire d’État à la Défense déléguée aux Affaires africaines, Ministère de la Défense, États-Unis Catherine DECKER Premier Secrétaire, Ambassade du Luxembourg au Sénégal Robert DOSSOU Ancien Président de la Cour Constitutionnelle, Bénin Christophe DECROIX Journaliste, RTL Stéphane DOYON Responsable de l’Unité Afrique de l’Ouest, Médecins Sans Frontières Général Laurent DEMOLINS Directeur adjoint de la Coopération Internationale, Ministère de l’Intérieur, France Tiébilé DRAME Ancien Ministre, Mali Rinaldo François DEPAGNE Directeur du Projet Afrique de l’Ouest, International Crisis Group Solomon Ayele DERSSO Chercheur, Institute for Security Studies Hélène DUCHENE Directrice, Affaires Stratégiques, de Sécurité, MAEDI, France Charles-Hubert DUFOUR Directeur de la Région Subsaharienne, THALES Vanessa DESCOURAUX Journaliste, France Inter Général Louis DUHAU Commandant les Eléments Français au Sénégal, Ministère de la Défense, France Katherine DHANANI Director - Office of Regional and Security Affairs, US Department of State - États-Unis Vincent DUHEM Journaliste, Jeune Afrique Ibrahima DIA Ancien ambassadeur de la Mauritanie aux États-Unis Abdourahmane DIA BBC News Zéphirin DIABRÉ Ancien Ministre, Union pour le Progrès et le Changement (UPC), Burkina Faso ______ Anas EL GOMATI Directeur Général, Sadeq Institute Colonel Bonaventure Chryst ENGOBO Secrétaire Général adjoint, Conseil National de Sécurité, République du Congo Bertrand EPSTEIN The House of the Rising Stars Foundation Alioune DIAGNE Directeur Général, AXA Comfort ERO Directrice du programme Afrique, International Crisis Group Bineta DIAGNE Journaliste, Radio France Internationale (RFI) Philippe ERRERA Directeur, Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), France Babacar DIALLO Directeur, CEDS de Dakar 143 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que ______ Cyprien FABRE Directeur Régional du Bureau, Commission Européenne pour l’aide humanitaire et la gestion de crise, Union européenne Raymond GILPIN Doyen des Affaires Académiques, Africa Center for Strategic Studies (ACSS) Olivier GIRARD-REYDET Directeur Général, Grands Domaines du Sénégal Bruno FANUCCHI Président, Association des Journalistes de Défense Étienne GIROS Président Délégué, Conseil Français des Investisseurs en Afrique Jean FELIX-PAGANON Ambassadeur de France au Sénégal Amandine GNANGUENON Chercheur Thomas FESSY Journaliste, BBC News Daniel FLYNN Correspondant économique sénior, Reuters Carmela GODEAU Représentant régional pour l’Afrique Centrale et Afrique de l’Est, International Organization for Migration Augustin Kossi Mensa FODOU Journaliste, Le Journal du Mali Christophe GOMART Directeur du Renseignement Militaire, Ministère de la Défense, France Vincent FOUCHER Analyste principal, International Crisis Group Felix GOMEZ Directeur régional adjoint, WFP Michel FOUCHER Expert International, CEIS Camille GRAND Directeur, Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) Olivier FOURT Radio France Internationale (RFI) Michael GRANT Représentant permanent Adjoint, Permanent Mission of Canada, Nations unies Carine FRENK-BRISSAUD Journaliste, Radio France Internationale (RFI) Hiroute GUEBRE SELASSIE Envoyée spéciale du Secrétaire Général pour le Sahel, Nations unies Yves FROMION Député du Cher, Assemblée Nationale, France ______ Nadia GACEM Attachée de Recherche, Institut National d’Etudes de Stratégie Globale, Algérie Cheikh Tidiane GADIO Président - Ancien Ministre d’État, Institut Panafricain de Stratégies (IPS) Jean-Marie GUÉHENNO Président-Directeur général, International Crisis Group GB Cheick GUEYE Chef d’État major de l’Armée de Terre, État Major des Armées, Sénégal Nathalie GUIBERT Correspondant Défense, Le Monde Élisabeth GUIGOU Présidente de la Commission des Affaires Etrangères - Députée, Assemblée Nationale, France Marta GARDE Correspondante Paris, EFE Jean GUISNEL Journaliste, Défense ouverte. Le Point Louis GAUTIER Secrétaire général, Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité Nationale, France Jacques GAUTIER Vice-président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, Sénat, France Général Babacar GAYE Représentant Spécial du Secrétaire général, MINUSCA, Nations Unis ______ Benjamin HADDAD Chercheur, Hudson Institute Moulaye Bara HAIDARA Assemblée Nationale, Mali Abdelaziz HAOUARIA Expert, Nations unies Edouard GENDROT Conseiller politique, Force Sangaris, France Fabienne HARA Conseillère spéciale pour le Forum de Dakar, Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) Reda GETACHEW Conseiller Diplomatique du Premier Ministre, Primature, Éthiopie Amiral Marin GILLIER Directeur de la Coopération de Sécurité et de Défense, MAEDI, France Andre HASPELS Directeur général Politique, Ministère des Affaires étrangères, Pays-Bas 144 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Abdallah HASSAN HAMID Ambassade du Soudan au Sénégal Vuk JEREMIC Président, Center for International Relations and Sustainable Development Faten HAYED Journaliste, El Watan Jean-Hervé JEZEQUEL Analyste principal, International Crisis Group François HEISBOURG Conseiller spécial, Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) Zhong JIANHUA Envoyé spécial pour l’Afrique, Chine Jérome HEITZ Directeur de Missions, France Expertise Internationale Jean-Louis JOLIVET Coordinateur Régional de Sécurité, Regional ECHO, Union européenne Michelle HELENE NATOU NDIAYE Directrice du Programme Afrique Paix et Sécurité, Institute for Peace and Security Studies Kim JORDAN Officier de liaison multilatérale, US Mission to the African Union, États-Unis Thomas HOFNUNG Journaliste Spécialiste Défense, Libération Nicolas JOVANOVIC Direction générale des relations internationales et de la stratégie, Ministère de la Défense, France Christine HOLZBAUER Journaliste, IC Publications ______ Sanne KAASJAGER Dirigeant Sahel-Sahara, directorat Afrique, Ministère des Affaires étrangères, Pays-Bas Thierry HOT CEO - Directeur de la Publication, Samori Media Connection Alexandre HOUDAYER Secrétaire général, Fondation pour la recherche stratégique Salif KAGNI Consultant International, Ancien Coordonnateur du HCR à l’Est de la RDC, Sénégal Matt HOUNGNIKPO Adjoint du Conseiller National de sécurité, Côte d’Ivoire Bernhard KAMPMANN Ambassadeur d’Allemagne au Sénégal Mathias C. HOUNKPE Policital Governance Program Manager, Open Society Foundations OSIWA GBA Ousmane KANE Chef d’État Major de l’Armée de l’Air, État-major des Armées, Sénégal Benjamin HOUNTON Représentant Régional Adjoint, Haut Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme, Nations unies Colonel Richard KAREMIRE Mission pour la Somalie, Union africaine Vincent HUGEUX Journaliste, L’Express Gal Mohamed Abdel Khalik KASHKOOSH Conseiller sur les Problématiques Sécuritaires, Regional Center for Strategic Studies from Egypt, Égypte ______ Sam Bassey IBOK Directeur de la Division Afrique au Département des affaires politiques des Nations unies Tsutomu IMURA Département Afrique, Agence Japonaise de Coopération Internationale, Japon Raissa IOUSSOUF Journaliste, BBC News John IRISH Journaliste, Reuters Jeffrey ISIMA Principal Officer Research and Planning, Inter-Governmental Action Group against Money Laundering in West Africa (GIABA) ______ Jean-Martin JAMPY Directeur Sûreté, Groupe VICAT pour l’Afrique de l’Ouest Abdoulie JANNEH Directeur, Mo Ibrahim Foundation Général Edward KATUMBA WAMALA Chef d’État-major des Armées, Ouganda Amadou KEBE Ambassadeur- Secrétaire Général, Ministère des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, Sénégal Ibrahim Boubacar KEITA Président de la République du Mali Hon Karim KEITA Président de la Commission de la défense de l’Assemblée nationale, Mali Yves KELLER Directeur Afrique, VICAT / SOCOCIM Louis Magloire KEUMAYOU Journaliste, Clud de l’Information Africaine Gilbert KHADIAGALA Professeur, Université de Witwaterstrand Harriet KING Chargé d’Affaires, Ambassade de Grande Bretagne à Dakar, Royaume-Uni 145 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Takashi KITAHARA Ambassadeur du Japon au Sénégal Jeanny LORGEOUX Sénateur, France Pieter Jan KLEIWEG DE ZWAAN Ambassadeur des Pays-Bas à Dakar Gabrielle LORNE Journaliste, AITV ______ Philippe LABONNE Directeur Général de Bolloré Africa Logistics Liesl LOUW-VAUDRAN Journaliste Jean-Éric LACOUR Attaché de Sécurité intérieure régional, Ambassade de France au Sénégal Hervé LADSOUS Chef du département des opérations de maintien de la paix, Nations unies Mamadou LAMINE DJAITE Pan African News Agency (PANA) Hamdy LOZA Vice-ministre des Affaires Etrangères, Égypte Florence LOZACH Journaliste, i<télé Lewis LUCKENS Ambassadeur des États-Unis au Sénégal Knut LANGELAND Envoyé spécial pour le Sahel, Ministère des Affaires étrangères, Norvège ______ Matthieu MABIN Journaliste, France 24 Pierre LAPAQUE Représentant Régional, Office des Nations unies contre la Drogue Johnny A. McCLAIN Ambassadeur du Liberia au Sénégal Luc LE CABELLEC Directeur adjoint du Département des Appuis Transversaux, Agence Française de Développement, Francesco MADEIRA Représentant spécial de l’Union africaine, Directeur du CAERT Aicha Belco MAIGA Députée de la région de Tessalit, Assemblée Nationale, Mali Jean-Yves LE DRIAN Ministre de la Défense, France Sonia LE GOURIELLEC Chargée d’Etudes Afrique, Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire Mohamed El Hacen Ould LEBATT Ancien ministre de Mauritanie, Université de Nouakchott Horaci MARTI BBC News Paolo LEVI Correspondant Paris, ANSA Christophe MARTIN Directeur adjoint des Opérations, CICR Cédric LEWANDOWSKI Directeur du Cabinet Civil et Militaire du Ministre, Ministère de la Défense, France Marta MARTINELLI Senior Policy Officer, Open Society Foundations Strive MASIYIWA Président du conseil d’Administration de l’IPS, Econet Wireless Philippe LEYMARIE Journaliste, Le Monde Diplomatique Alexandre LIEBESKIND Directeur Regional Adjoint Afrique, Center for Humanitarian Dialogue Andrew LONG Counter-Terrorism Committee Executive Directorate, Nations unies Aline LONGANDJO Chargée d’étude, Primature, RDC Gérard LONGUET Sénateur de la Meuse, Commission des Affaires sociales, Ancien Ministre, Sénat, France Issoufi Oumar MAIGA Secrétaire Général, Cour des Comptes de l’UEMOA Roland MARCHAL Chargé de Recherche, CNRS - Sciences-Politique Paris Valérie LEROUX Journaliste, AFP François LONCLE Député de l’Eure, Assemblée Nationale, France Soumeylou Boubeye MAIGA Représentant de l’Union africaine en RCA Soraya MASKINE Chargée de Communication, Africa News Agency Peter MAURER Président, CICR Babacar Carlos MBAYE Ambassadeur du Sénégal en Suisse Mapenda Diaw MBAYE Expert Associé, Institut Panafricain de Stratégies Abdou Karim MECKASSOUA Ancien ministre d’État, République Centrafricaine 146 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Elias MELAKU FELEKE Directeur pour la paix et les enjeux de Sécurité, Ministère des Affaires étrangères, Éthiopie Mankeur NDIAYE Ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, Sénégal Hayle MENKERIOS Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Soudan et le Soudan du Sud, représentant spécial auprès de l’Union africaine Abdou El Mazide NDIAYE Economiste, Réseau Africain pour le Développement intégré Marie-Thérèse Chantal MFOULA Diplomate, Ministère des Relations extérieures, Cameroun Elhadj Gorgui Wade NDOYE Directeur, Magazine panafricain Romain MIELCAREK Journaliste, Défense et Sécurité Internationale Albert NGOTO Directeur Général Adjoint de la Police Nationale, Ministère de la Défense nationale, Congo Matthieu MILLECAMPS Journaliste Reporter d’images, TV5 Monde Aïchatou MINDAOUDOU Représentante Spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la Côte d’Ivoire (UNOCI) Damjan Krnjevic MISKOVIC Senior Fellow, Center for International Relations and Sustainable Development ______ Philippe OBARA Directeur Général de la Surveillance du Territoire, Ministère de la Défense nationale, Congo Pierre MONGO Directeur Général, Ministère de la Défense nationale, Congo Said MOUFTI Directeur de Recherche, Institut Royal des Études Stratégiques du Maroc Olusegun OBASANJO Ancien Président de la République fédérale du Nigéria, Président de la Fondation Obasanjo Pierre MOUKOKO MBONJO Ministre des Relations extérieures, Cameroun Tolu OGUNLESI Journaliste analyste, The Africa Report, The Punch Jean-Louis MOULOT Conseiller chargé des Relations avec l’Union Européenne, Présidence de la République, Côte d’Ivoire Général Cyrille NDAYIRUKIYE Conseiller diplomatique, Ministère de la Défense, Burundi Charles NDAYIZIGA Directeur, Centre d’Alerte et de Prévention des Conflits, Burundi Antoine NOGUIER Directeur des Relations internationales, AIRBUS Group Général Silas NTIGURIRWA Commandant de la mission de l’Union africaine en Somalie, AMISOM Charles Richard MONDJO Ministre de la Défense nationale, Congo ______ José NARANJO Journaliste, El País Al Ousseynou NIANG Expert Associé, Institut Panafricain de Stratégie Col Jean Paul NTAB État-major des Armées, Sénégal Paul Victor MOIGNY Commandant de la Gendarmerie Nationale, Ministère de la Défense nationale, Congo Wullson MVOMO ELA Directeur du Centre de recherche et documentation, Cameroun Welile NHLAPO Ancien conseiller sécurité Nationale, Présidence, Afrique du Sud Denis NKWEBO Rédacteur en Chef Adjoint, Le Jour Dileita MOHAMED DILEITA Ancien Premier Ministre de Djibouti, Envoyé spécial pour la Libye de l’Union africaine Mamadou MOUSSA BA Journaliste, BBC Afrique Ndioro NDIAYE Ancien ministre, Institut Panafricain de Stratégies Oliver OKEKE Vice-Président, Joseph Agro Industries Amiral Jean-Dominique OKEMBA Secrétaire fédéral du Conseil de sécurité, Congo Mohamed Salah OMAR Senior Security Analyst, Sahan Research Japheth OMOJUWA Blogger & Editorialiste, AfricanLiberty.Org Franck O. Okyere Chercheur analyste, KOFI Annan Peacekeeping Training Centre, Ghana Amir OSMAN Manager, Open Society Foundations 147 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que Moctar OUANE Ancien ministre du Mali, Conseiller Diplomatique du Président de l’UEMOA Véronique ROGER-LACAN Représentante Spéciale pour la lutte contre la piraterie, Ministère des Affaires étrangères, France Youssouf OUEDRAOGO Conseiller spécial du président, Banque Africaine de Développement Angelo ROMANO Responsable des Relations Internationales, Communauté de Sant’Egidio Ahmedou OULD-ABDALLAH Président, Centre des Stratégies pour la Sécurité du Sahel, Mauritanie Amiral Francisco Javier ROMERO Conseiller pour les Affaires Africaines, Ministère de la Défense, Espagne ______ Franck PARIS Conseiller pour les Affaires européennes, Cabinet du Ministre de la Défense, France Gwendal ROUILLARD Député, France Jean-Luc PEDUZZI Attaché de Sécurité Intérieure, Commissaire divisionnaire, Ambassade de France au Sénégal Guy PERRIMOND Directeur de la Publication, TTU Louis PICHOT DE CHAMPFLEURY Directeur des Services Sûreté, Sécurité, Groupe Ponticelli Frères Jerome PIGNE Doctorant, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales FredÉric PONS Rédacteur en Chef, Valeurs Actuelles ______ Elobeied RAHAMA Ambassadeur du Soudan au Sénégal Michel ROUSSIN Medef International, Conseiller du Président d’EDF, Ancien Ministre français de la Coopération Karl RUDOLPH Pan African News Agency (PANA) Général Joseph RUGIGANA Conseiller principal chargé des questions militaires, Présidence, Burundi Lieutenant-Colonel Juan RUIZ DE AZCARATE Chef de la zone Afrique, Stratégie et Politique, Ministère de la Défense, Espagne ______ Hugo SADA Conseiller spécial pour le Forum de Dakar, Fondation pour la Recherche Stratégique Hassan SAID KHAIREH Directeur Général, Direction de la Sécurité, Djibouti Dominique Jean Olivier RAKOTOZAFY Ministre de la Défense, Madagascar Macky SALL Président de la République, Sénégal Michèle RAMIS Ambassadrice chargée de la lutte contre la criminalité organisée, Ministère des Affaires étrangères, France Alioune SALL Chercheur Prospectiviste - Directeur Exécutif de « Futurs africains » Général Jean RANNOU Conseiller du Président, CEIS Adama SAMASSEKOU Ancien président de l’Académie africaine des Langues, Mali Marie RECALDE Députée, France Bakary SAMBE Coordinateur, Observatoire des Radicalismes et Conflits religieux en Afrique Christophe REMY Président du Conseil d’administration, LH Aviation Joao Batista SANTOS DE ALENCAR Journaliste, I<télé Michel REVEYRAND DE MENTHON Représentant Spécial pour le Sahel, Union européenne Partha SATPATHY Ambassadeur d’Inde au Sénégal Vincent RIOU Directeur Commercial, CEIS Nureldin SATTI Président - Directeur Général, Bibliothèque Nationale, Soudan Joe RITCHIE Président et Fondateur, Fox River Financial, États-Unis Marie Angélique SAVANE Première Présidente du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs, NEPAD, Union africaine Cyril ROBINET Conseiller politique, Opération Barkhane, France Lieutenant Moustapha ROBLEH HOUSSEIN Officiel, Présidence - Sécurité Nationale, Djibouti Landing SAVANE Vice-Président de l’Institut Panafricain de Stratégies, Ancien ministre, Sénégal 148 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e Mark Douglas SAWERS Ambassadeur d’Australie en Éthiopie Colonel SCHILL Adjoint du Chef d’État-major, Présidence de la République, France Georg SCHMIDT Directeur Régional pour l’Afrique Subsaharienne et le Sahel, Bureau Fédéral des Affaires étrangères, Allemagne Éric SCHMIDT Conseiller spécial auprès du Président, CEIS - Forum de Dakar Dagmar SCHMIDT TARTAGLI Ambassadeur de Suisse au Sénégal Général Mansour SECK Ancien chef d’État-Major Général des Armées, Sénégal Coly SECK Directeur de cabinet, Ministère des affaires étrangères, Sénégal Moussa SECK Vice-Président, Institut Panafricain de Stratégies Marion SEGNANA Chargée d’Affaires, Ambassade du Luxembourg au Sénégal Mahamat Brahim SEID Chef d’État-major Général des Armées, Tchad Abba SEIDIK Journaliste Karolina STASIAK Conseiller Politique, Délégation de l’Union européenne en République du Sénégal Général Michel STOLLSTEINER Conseiller Défense du Directeur, Geneva Democratic Control of Armed Forces Elisabeth STUDER Journaliste, Le Blog Finance ______ Jean-Marc TANGUY Journaliste, Le Mamouth Sibry TAPSOBA Directeur d’appui à la Transition, Banque Africaine de Développement Marco TEIXERA ONUDC, Nations unies Général Yohannes Gebremeskel TESFAMARIAM Commandant de la Force, Force intérimaire de Sécurité pour Abyei, Nations unies Andreas Eshete TESSEMA Conseiller auprès du Premier ministre, Président adjoint du Forum de Tana sur la sécurité en Afrique, Éthiopie Lori-Anne THEROUX-BENONI Directrice du bureau de Dakar, Institut d’Etudes de Sécurité Emmanuel SELLIER Directeur Adjoint, EDF Catherine Clare Mitchell THOMAS Analyste Afrique, Ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth, Royaume-Uni Andrea SEMADENI Ambassadeur de Suisse en Éthiopie Thomas Kwasi TIEKU Professeur associé, Kings Western University John Kayode SHINKAIYE Président, JKS & associated ltd François-Charles TIMMERMAN Directeur des Affaires internationales, CEIS George SIBOTCHIWE Directeur Executif, African Democratic Institute, Zimbabwe Chanda TIRTHANKAR Journaliste, Radio France Internationale Maman S. SIDIKOU Représentant Spécial de l’Union africaine pour la Somalie Nana O. TOURRÉ-SY Politiques et Stratégies Economiques, PNUD, Nations unies Génia SIMON Chargée de Projet, France Expertise Internationale Pierre TRABET-PONTICELLI Secrétaire Général, Groupe Ponticelli Frères Bertrand SORET Division Afrique Occidentale, Service Européen d’Action Extérieure, Union européenne Didier TRUTT Président - Directeur Général, Imprimerie Nationale Capitaine de Vaisseau Amadou SOW Expert en sécurité maritime, Sénégal Fatou SOW SARR Vice-Président, Institut Panafricain de Stratégies Jérome SPINOZA Chargé de mission Afrique, Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité Nationale, France Jérôme TUBIANA Analyste principal, Corne de l’Afrique, International Crisis Group ______ Sayoko UESU Conseillère technique Afrique, Ambassade du Japon en France Martin Ihoegian UHOMOIBHI Secrétaire permanent, Ministère des Affaires étrangères, Nigéria 149 Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que ______ Justin VAISSE Directeur, Centre d’Analyse, de Prévention et de Stratégie, Ministère des Affaires étrangères, France Luis VASSY Conseiller diplomatique, Cabinet du Ministre de la Défense, France Koen VERVAEKE Directeur Corne de l’Afrique, Afrique Orientale et Australe, Océan Indien Coordinateur principal pour la région des grands Lacs, Service Européen pour l’Action Extérieure de l’Union européenne Laurent VIGUIE Sous-directeur d’Afrique Occidentale, Ministère des Affaires étrangères, France Denis VULOR Analyste sécurité, Bureau National d’Investigation, Ghana ______ Chen WEIXIONG Directeur exécutif adjoint, Comité contre le terrorisme, Nations unies Richard WERLY Correspondant, Le Temps. Europolitiques ______ Olakounle Gilles YABI Directeur exécutif, Economiste et analyste politique, WATHI ______ Martin ZIGUELE Ancien Premier Ministre, Président du Parti MLPC, République Centrafricaine Abderrazak ZOUARI Ancien ministre du développement régional de Tunisie, Président de l’UBCI/ groupe BNP PARIBAS 150 R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e 151 Crédits photos : Fondation pour la recherche stratégique – Compagnie européenne d’intelligence stratégique – Institut Panafricain de Stratégies