RAPPORT DE LA PREMIÈRE ÉDITION DU FORUM INTERNATIONAL SUR LA PAIX

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RAPPORT DE LA PREMIÈRE ÉDITION DU FORUM INTERNATIONAL SUR LA PAIX
www.dakarforum.org
RAPPORT DE LA PREMIÈRE ÉDITION
DU FORUM INTERNATIONAL
SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ
EN AFRIQUE
Dakar, Sénégal
15 -16 décembre 2014
© FRS – Paris, mai 2015
Premier Forum International sur la Paix et la Sécurite en Afrique
15-16 décembre 2014 – Dakar, Sénégal
www.dakarforum.org
RAPPORT DE LA PREMIÈRE ÉDITION
DU FORUM INTERNATIONAL
SUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ
EN AFRIQUE
Dakar, Sénégal
15 -16 décembre 2014
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Sommaire
Avant-propos de Mankeur Ndiaye5
Le mot de Jean-Yves le drian7
Préface9
Le programme du Forum13
LA CÉRÉMONIE D’OUVERTURE
21
SYNTHÈSES DES SÉANCES PLÉNIÈRES
La première séance plénière 33
34
Paix et sécurité en Afrique : menaces partagées et visions communes,
solutions africaines et réponses internationales
La deuxième séance plénière 37
Gestion des crises : pour une vision commune des menaces
La troisième séance plénière
41
Mieux anticiper, mieux prévenir
LES ATELIERS THÉMATIQUES
Session I Gestion des crises : pour une vision commune des menaces 45
49
• Atelier 1 : Lutte contre le terrorisme et prévention de la radicalisation
• Atelier 2 : Sûreté et sécurité maritime
• Atelier 3 : Quelle réponse aux crises sanitaires ?
• Atelier 4 : Territoire et frontières
• Atelier 5 : La menace des trafics: dissémination des armes et criminalité organisée
Session II Quelles réponses aux crises ? 61
• Atelier 6 : Solutions africaines
• Atelier 7: Nations unies/Union africaine: quelles synergies?
• Atelier 8 : Financements et pérennisation des efforts militaires de réponses aux crises
• Atelier 9 : Réponses militaires, réponses civiles aux crises
• Atelier 10 : Environnement sécuritaire et développement économique
LE PANEL DE CLÔTURE
Quelles priorités pour renforcer la paix et la sécurité en Afrique ?
Les synthèses des ateliers
Le débat
75
76
104
conclusion de macky sall 120
Le mot de la fin de Cheikh Tidiane Gadio123
LE FORUM DE DAKAR 2014
Les partenaires
Les organisateurs
Dakar dans la presse
Dakar en ligne
Liste des participants
125
133
135
138
141
Rappo rt du prem i er foru m inte rnational sur la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
L’avant-propos
de Mankeur Ndiaye
Mankeur Ndiaye
Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur
La Paix et la sécurité sont aujourd’hui une priorité essentielle pour l’Afrique. La nouvelle donne
stratégique à laquelle l’Afrique est aujourd’hui confrontée exige une mobilisation intellectuelle et
politique à la hauteur des défis que nos pays doivent relever pour mieux garantir leur développement
et la consolidation de leurs démocraties.
Nos États, nos organisations régionales, l’Union africaine ont pleinement conscience de la gravité et
de l’importance de ces enjeux, et sont activement engagés dans l’élaboration et la mise en œuvre de
réponses appropriées. La Paix et la sécurité sont au cœur de l’agenda politique africain.
En proposant, lors du Sommet de l’Élysée sur la Paix et la sécurité en Afrique de décembre 2013,
d’organiser à Dakar en 2014 le premier Forum international informel sur ce sujet prioritaire, mais
difficile tant il est complexe, le Président Macky Sall a voulu donner une dimension nouvelle à cette
mobilisation nécessaire des Africains et de leurs partenaires.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Créer un espace libre de réflexion et de discussion, rassembler tous les acteurs concernés par la
sécurité de l’Afrique, stimuler et développer une pensée stratégique africaine susceptible d’enrichir
l’action des dirigeants et des institutions africaines : telles étaient les ambitions assignées à cette
initiative novatrice.
Le premier Forum international sur la Paix et la sécurité en Afrique s’est tenu dans la capitale sénégalaise
les 15 et 16 décembre 2014. La démarche du Président Macky Sall a été comprise, et son appel a
été entendu. Cette première édition du Forum de Dakar a été, de l’avis unanime des très nombreux
participants venus du monde entier, un réel succès.
Les sujets les plus sensibles et les plus complexes ont fait l’objet de discussions franches et riches :
le terrorisme et la lutte contre la radicalisation, la criminalité organisée, la gestion des crises, la
rénovation des systèmes de sécurité, les responsabilités africaines et celles des partenaires internationaux, les difficultés à surmonter pour permettre aux Africains de jouer légitimement et efficacement
leur rôle propre…
Cette mobilisation africaine que le Sénégal a voulu susciter, et qui a été encouragée et soutenue
par la France et par les autres partenaires internationaux qui se sont impliqués dans la tenue de ce
Forum, doit se poursuivre et se développer. À l’issue de ce premier Forum, le Président Macky Sall
s’y est engagé. Il a ainsi déclaré dans son discours de clôture :
« Nos tâches sont à la fois urgentes et complexes, mais j’espère que par les réflexions et propositions diverses
qu’il aura suscités, le Forum de Dakar aura contribué à l’émergence d’une conscience collective sur la
nécessité de forger ensemble les fondements durables de notre stratégie commune face à des menaces
communes. Je souhaite par conséquent, tenant compte du succès qu’a connu cette première édition, que le
Forum de Dakar s’établisse sur une base pérenne, comme plateforme annuelle de concertation sur ces défis
de notre temps. Je vous donne donc rendez-vous l’année prochaine… ».
Nous nous retrouverons donc à Dakar pour la deuxième édition du Forum international sur la Paix
et la sécurité en Afrique. J’adresse mes plus sincères remerciements à tous ceux qui auront contribué
au succès de cet évènement.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
le mot
de jean-yves le drian
Jean-Yves Le Drian,
Ministre de la Défense, France
Avec de nombreux autres, je partage depuis longtemps la conviction que la plupart des défis du
XXIe siècle, notamment en matière de sécurité, vont se jouer en Afrique. Mon expérience de ces
dernières années, comme ministre de la Défense de la France, me conforte en ce sens.
De fait, la sécurité du continent africain n’a jamais été aussi centrale dans l’agenda de la communauté
internationale.
Il manquait pourtant à l’Afrique un espace de réflexions et de rencontres comparable à ceux qui
existent depuis de nombreuses années pour d’autres continents, celui d’un forum informel permettant
à des acteurs gouvernementaux, des responsables militaires, mais aussi des chercheurs et des chefs
d’entreprises, de croiser leurs regards, de mettre en commun leurs analyses et de contribuer à
l’élaboration de solutions partagées.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Voilà pourquoi, lorsque l’idée en a été lancée lors du Sommet de l’Elysée pour la Paix et la Sécurité en
Afrique, en décembre 2013, la France a fermement soutenu cette initiative.
Grâce à la détermination du Sénégal et à l’implication personnelle du président Macky Sall, cette initiative a pu
se concrétiser. Le premier Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s’est tenu les 14 et 15 décembre
derniers, et le succès qu’il a rencontré dépasse même les attentes que nous pouvions avoir pour une première
édition. Je tiens aussi à saluer la contribution importante de l’Union africaine pour la réussite de ce Forum,
elle qui est désormais un acteur central de la gestion des crises en Afrique. Le soutien d’acteurs privés et de
partenaires internationaux comme le Japon et les Pays-Bas a également été déterminant.
Que tous en soient remerciés.
La tenue de cet événement a marqué une étape supplémentaire dans l’appropriation par l’Afrique de ses
propres enjeux de sécurité et dans la constitution d’une véritable communauté de défense et de sécurité
africaine. Elle a illustré la mobilisation du continent pour développer une vision commune des menaces,
comme des réponses à y apporter.
Par son ampleur (plus de 300 participants, une quarantaine de pays dont 30 États africains représentés)
mais aussi son niveau (quatre chefs d’État en exercice et un ancien chef d’État pour le panel de clôture),
la qualité de la participation à ce premier Forum a frappé les esprits. Je retiendrai également la richesse,
la liberté de ton et le dynamisme des débats sur des enjeux aussi cruciaux que le terrorisme, la piraterie,
la sécurité sanitaire ou encore la coordination de l’aide internationale. Toutes ces dimensions ont contribué
à faire du Forum de Dakar l’un des grands événements internationaux de l’année 2014.
Pour la France, ce Forum a représenté une opportunité unique pour approfondir le partenariat que nous
développons avec l’Afrique et dont l’opération Barkhane, qui a pris le relais de l’opération Serval, est l’une
des illustrations les plus concrètes. La France continuera à apporter son soutien à l’Afrique pour l’aider à
assurer sa propre sécurité, appuyer la mise en place de capacités nationales et encourager la coopération
régionale.
Je suis convaincu que le Forum de Dakar peut s’affirmer comme l’instrument de pensée stratégique dont
l’Afrique a besoin, en complément des efforts menés par l’Union africaine et les organisations sous-régionales
africaines. À ce titre, je me réjouis de l’annonce faite par le président Macky Sall de la tenue d’une nouvelle
édition en 2015.
Une nouvelle fois, la France sera au rendez-vous pour faire vivre cet événement et renforcer ainsi notre
mobilisation collective en faveur de la sécurité en Afrique.
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préface
Cheikh Tidiane Gadio
Ancien Ministre d’État,
Président de l’institut Panafricain de Stratégies
Président du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique
Camille Grand
Directeur de la Fondation pour la recherche stratégique
Vice-président du Forum International de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique
Un dialogue stratégique sur la paix et la sécurité en Afrique
Du 14 au 16 décembre 2014, se tenait le premier Forum international de Dakar sur la paix et la
sécurité en Afrique. Lancée par le Sénégal avec le soutien de la France lors du Sommet de l’Élysée
un an plus tôt, cette initiative portée par deux think tanks (Institut panafricain de stratégies et
Fondation pour la recherche stratégique, avec le soutien de la Compagnie européenne d’intelligence
stratégique) a permis de rassembler plus de 300 participants venus de 47 pays africains et extérieurs
au continent pour deux journées d’intenses débats mêlant des officiels civils et militaires de haut
niveau (dont 4 chefs d’États et 32 ministres), des représentants d’organisations internationales et
régionales et la société civile.
Le Forum de Dakar a également été une occasion rare de rassembler pour un dialogue informel très
franc et très direct la communauté des responsables et des experts des questions de paix et de sécurité
venus de 30 pays africains, d’une dizaine d’organisations internationales et des représentants de
haut niveau de nombreux contributeurs extérieurs à l’Afrique dont les États-Unis, la Chine, le Japon,
les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Espagne, la Norvège ou la Suisse, mais aussi de nombreux responsables et
experts issus de la société civile (think tanks, universités, ONG, presse et entreprises).
À l’occasion de la publication des actes de ce premier Forum, il est possible d’en tirer quelques
premiers enseignements.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
En premier lieu et en complément des efforts de l’Union africaine, le Forum a d’abord été l’occasion d’un
véritable dialogue stratégique informel permettant aux acteurs, à commencer par les Africains eux-mêmes,
issus de toutes les régions et sous-régions du continent, de confronter en toute liberté leurs points de vue
et d’échanger à la fois sur les risques et menaces pesant sur le continent et sur les solutions régionales et
internationales. Il a ainsi contribué à l’émergence d’une culture stratégique partagée permettant de tirer les
enseignements des crises actuelles ou passées.
En deuxième lieu, il a permis de constater à quel point les grands défis sécuritaires méritaient de dépasser
les approches sous-régionales pour permettre une meilleure compréhension et le développement de solutions
partagées. Ainsi, les défis du terrorisme et du radicalisme religieux ne sont pas propres à la bande sahélosaharienne, mais affectent tout autant le nord-est du Nigeria ou la Corne de l’Afrique. Ou encore, la question
de la sécurité maritime, longtemps perçue comme propre à l’océan Indien, est-elle devenue une question
qui touche autant, sinon davantage, le Golfe de Guinée. Il en va de même pour les crises sanitaires, comme
l’épidémie Ebola, qui ne sauraient être résolues comme des crises affectant un ou quelques États. Même
quand les débats ont fait apparaître des divergences d’analyse comme sur la crise libyenne, ils ont permis
une meilleure compréhension des positions et des préoccupations de chacun.
Enfin, le Forum a montré combien il était utile de favoriser le dialogue entre les acteurs clefs comme l’Union
africaine, les Nations unies, l’Union européenne ou les communautés régionales, les États africains et les
partenaires extérieures impliquées dans la gestion des crises. Alors qu’aucun de ces acteurs n’est en mesure
de répondre seul aux défis sécuritaires, une étroite coopération respectant les responsabilités de chacun
est donc plus que jamais nécessaire. De même, l’apport des experts issus des think tanks, des ONG ou des
entreprises a parfois conduit les responsables civils et militaires des États et des organisations internationales
à renouveler leurs lectures ou leurs approches.
Les organisateurs souhaitent exprimer leurs plus vifs remerciements au Président Macky Sall et aux autorités
sénégalaises, à l’Union africaine ainsi qu’au ministère de la Défense français et à Jean-Yves Le Drian. Leur
présence et leur engagement sans faille ont permis au Forum de Dakar de voir le jour et de rencontrer un
succès exceptionnel pour une première édition. Leur soutien ainsi que celui des gouvernements japonais et
néerlandais, de la Banque africaine de développement, de l’Open Society Foundation, du Conseil supérieur
de la formation et de la recherche stratégique (CSFRS) et de nombreuses entreprises ont ainsi permis de
tenir la première conférence régionale de ce niveau en Afrique, sur le modèle d’autres évènements comme
la Conférence de Munich, le Shangri-La Dialogue ou le Forum d’Halifax.
Alors que l’Afrique connaît un développement sans précédent et compte certaines des économies les plus
dynamiques du monde, la réponse commune aux menaces sécuritaires est un impératif. La volonté exprimée
par le Président Macky Sall de réunir à nouveau le Forum à Dakar, comme les retours enthousiastes de nombreux
participants issus d’horizons très divers, a montré combien la poursuite de ce dialogue était attendue.
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le programme
du forum
Dimanche 14 décembre 2014
Hôtel Radisson Blu
Lundi 15 décembre 2014
Hôtel King Fahd
Mardi 16 décembre 2014
Hôtel King Fahd
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Dimanche 14 décembre 2014
Hôtel Radisson Blu
À partir de 19h00
Cocktail de bienvenue pour l’ensemble des participants offert par le secteur privé africain
Mot de bienvenue de Augustin Tine, Ministre des Forces armées, au nom des autorités sénégalaises
Allocution de Strive Massiyiwa, Fondateur et Président d’Econet Wireless
et de Pierre Goudiaby, Ingénieur-architecte, Atepa Technologies
Animation musicale : Ismaël Lô
Lundi 15 décembre 2014
Hôtel King Fahd
À partir de 8h30
Accueil des participants
9h30 - 10h30
Cérémonie d’ouverture
Allocution de Smaïl Chergui, Commissaire à la Paix et à la Sécurité, Union africaine
Allocution de Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, France
Discours d’ouverture de SEM Mahammed Boun Abdallah Dionne, Premier Ministre du Sénégal
10h30 – 12h30
Première séance plénière
Paix et sécurité en Afrique : menaces partagées et visions communes, solutions africaines
et réponses internationales
Président : Augustin Tine, Ministre des Forces armées, Sénégal
Intervenants :
Olusegun Obasanjo, Ancien Président de la République fédérale du Nigeria, président de la Fondation Obsanjo
Amanda Dory, Sous-secrétaire adjointe à la Défense (Affaires africaines), États-Unis
Hiroute Guebre Sellassie, Envoyée spéciale du Secrétaire Général pour le Sahel, Nations unies
Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint en charge du département des opérations de maintien de la paix,
Nations unies
Zhong Jianhua, Envoyé spécial pour l’Afrique, Chine
12h30 – 13h30
Seconde séance plénière
Gestion des crises : pour une vision commune des menaces
Co‐présidents : Cheikh Tidiane Gadio, Président, Institut panafricain de stratégies
et Camille Grand, Directeur, Fondation pour la recherche stratégique
Intervenants :
Jakkie Cilliers, Directeur Général, Institute for Security Studies
Jean-Marie Guéhenno, Président, International Crisis Group
Haile Menkerios, Envoyé spécial du Secrétaire Général, Représentant spécial auprès de l’Union africaine et pour
le Soudan et le Soudan du Sud, Nations unies
Général Mamadou Mansour Seck, ancien Chef d’état-major général des armées, Sénégal
13h30 – 14h30
Déjeuner
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14h30 – 18h30
Ateliers • Gestion des crises : pour une vision commune des menaces
14h30 – 16h15
Atelier 1 – Lutte contre le terrorisme et prévention de la radicalisation
Président : Saïd Djinnit, Envoyé spécial du Secrétaire Général pour la région des Grands Lacs, Nations unies
Intervenants :
Francesco Madeira, Envoyé spécial pour la coopération antiterroriste du Président de la Commission, Union africaine
Chen Weixiong, Directeur exécutif adjoint, Comité contre le terrorisme, Nations unies
Bakary Sambé, Directeur de l’Observatoire sur le radicalisme religieux, Université Gaston-Berger, Sénégal
Mohamed Salah Omar, Analyste, Sahan Research
Discutants :
Ahmed Rufai Abubakar, Directeur des Affaires politiques, Bureau pour l’Afrique de l’Ouest, Nations unies
Mohamed Benhamou, Président, Centre marocain d’études stratégiques
Général Grégoire de Saint Quentin, Commandant des opérations spéciales, France
Gilles Yabi, économiste et analyste politique, Directeur, Wathi
Atelier 2 – Sûreté et sécurité maritimes
Président : Pierre Moukoko Mbonjo, Ministre des Relations extérieures, Cameroun
Intervenants :
Stanislas Baba, Responsable du Sommet de Lomé sur la sécurité maritime, ancien ministre, Togo
Patricia Adam, Présidente de la Commission de la défense nationale et des forces armées, Assemblée nationale, France
Capitaine de Vaisseau Amadou Sow, expert en sécurité maritime, Sénégal
Discutants :
Barthélémy Blédé, Chercheur principal, Institute for Security Studies
Pierre de Saqui de Sannes, Conseiller institutionnel, CMA-CGM
Matt Houngnikpo, Adjoint du Conseiller National de sécurité, Côte d’Ivoire
Atelier 3 – Quelle réponse aux crises sanitaires ?
Président : Naby Youssouf Bangoura, Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence de la République, Guinée‐Conakry
Intervenants :
Awa Marie Coll Seck, Ministre de la Santé du Sénégal, ancienne directrice ONUSIDA et ONU-Malaria, Nations unies
Christophe Martin, Directeur des opérations, Comité International de la Croix Rouge
Stéphane Doyon, Directeur régional, Médecins Sans Frontières
Discutants :
Vincent Foucher, Analyste, International Crisis Group
Johnny A. Mc Clain, Ambassadeur du Liberia au Sénégal
16h45 – 18h30
Atelier 4 – Territoires et frontières
Président : Ahmedou Ould Abdallah, Président du Centre des Stratégies pour la Sécurité du Sahel Sahara, ancien ministre,
Mauritanie
Intervenants :
Mohamed Anacko, Président de la région d’Adagez, Niger
Aicha Belco Maiga, Députée de la région de Tessalit, Mali
Hatem Ben Salem, Ancien ministre de l’Éducation, Tunisie
Discutants :
Tiébilé Dramé, Co-Facilitateur des Accords Inter-maliens de Ouagadougou, ancien ministre des Affaires étrangères, Mali
Michel Foucher, Géographe et diplomate, Compagnie Européenne d’Intelligence Stratégique
Général Christophe Gomart, Directeur du renseignement militaire, France
Atelier 5 – La menace des trafics : dissémination des armes et criminalité organisée
Président : Raymond Gilpin, Doyen du Centre d’études stratégiques de l’Afrique, National Defense University, États-Unis
Intervenants :
Idrissa Ba, West Africa Commission on Drug Policy, Open Society Initiative for West Africa
Pierre Lapaque, Représentant régional, Office contre la drogue et le crime, Nations Unies
Frank O. Okyere, Chercheur, Kofi Annan International Peacekeeping and Training Centre
Discutants :
Nadia Gacem, Attachée de recherche, Institut National d’études de stratégie globale, Algérie
Louis Gautier, Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, France
Babacar Diallo, Directeur général, Centre d’études diplomatiques et stratégiques
19h30
Cocktail dînatoire – Résidence de France, sur invitation, départ des cars à 18h45 de l’Hôtel King Fahd Palace
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Mardi 16 décembre 2014
Hôtel King Fahd
9h00 – 13h00
Ateliers • Quelles réponses aux crises ?
9h00 – 10h45
Atelier 6 – Solutions africaines
Président : Jakkie Cilliers, Directeur, Institute for Security Studies
Intervenants :
Général Katumba Wamala, Chef d’état-major des armées, Ouganda
Général Cyrille Ndayirukiye, Conseiller diplomatique, ancien chef de l’EASF, ancien ministre de la Défense, Burundi
Ambassadeur Martin Uhomoibhi, Secrétaire permanent, ministère fédéral des Affaires étrangères, Nigeria
Discutant :
Amandine Gnanguênon, Chercheur
Atelier 7 – Nations unies/Union africaine : quelles synergies ?
Président : Smaïl Chergui, Commissaire à la paix et à la sécurité, Union africaine
Intervenants :
Haile Menkerios, Envoyé spécial du Secrétaire Général pour le Soudan et le Soudan du Sud, Représentant spécial auprès de
l’Union africaine, Nations unies
Général Martin Agwai, Ancien commandant de la MINUAD
Général Silas Ntirugirwa, Commandant de la mission de l’Union africaine en Somalie, AMISOM
Elisabeth Guigou, Présidente de la Commission des affaires étrangères, Assemblée nationale, ancienne ministre, France
Discutant :
Comfort Ero, Directrice du programme Afrique, International Crisis Group
Atelier 8 – Financements et pérennisation des efforts militaires de réponse aux crises
Président : Olusegun Obasanjo, Ancien Président de la République fédérale du Nigeria, président de la Fondation Obsanjo
Intervenants :
Charles Richard Mondjo, Ministre de la Défense Nationale, Congo
Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint en charge des opérations de maintien de la paix, Nations unies
Koen Vervaeke, Directeur Corne de l’Afrique, Afrique Orientale et Australe, Océan Indien, Service européen d’action
extérieure, Union européenne
Tsutomu Imura, Agence japonaise de coopération internationale
Discutant :
Ambassadeur Mark Sawers, Ambassadeur d’Australie auprès de l’Éthiopie et de l’Union africaine
11h15 – 13h00
Atelier 9 – Réponses militaires, réponses civiles aux crises
Président : Général Lamine Cissé, Président, West Africa Partners, ancien ministre de l’Intérieur, Sénégal
Intervenants :
Jean-Marie Guéhenno, Président, International Crisis Group
Général Babacar Gaye, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Mission de stabilisation en République Centrafricaine, Nations unies
Nureldin Satti, Président directeur général de la Bibliothèque du Soudan
Discutants :
Daniel Bekele, Directeur Afrique, Human Rights Watch
Landing Savané, Vice-Président, Institut panafricain de stratégies
Michel Roussin, Vice‐Président, MEDEF international, ancien ministre
Atelier 10 – Environnement sécuritaire et développement économique
Président : Youssouf Ouedraogo, Conseiller du Président, Banque africaine de développement, ancien Premier Ministre, Burkina Faso
Intervenants :
Abdoulie Janneh, Directeur exécutif, liaison avec les gouvernements et les institutions en Afrique, Fondation Mo Ibrahim,
ancien Secrétaire général adjoint et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, Nations Unies
Michel Reveyrand de Menthon, Représentant spécial pour le Sahel, Union européenne
Abdoulaye Biotchané, Economiste béninois, ancien Président de la Banque Ouest Africaine de Développement
Abderazzak Zouari, Ministre du Développement régional, Tunisie
Discutants :
Molefi Asanté, Professeur émérite, Département des études afro-‐américaines, Temple University
Said Moufti, Directeur de recherche, Institut Royal des Etudes Stratégiques, Maroc
Moussa Seck, Vice-président, Institut panafricain de stratégies
Louis Pichot de Champfleury, Groupe Ponticelli Frères
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13h00 – 14h30
Déjeuner
14h30 - 16h15
Troisième séance plénière
Mieux anticiper, mieux prévenir – débat sur la prévention et leçons apprises des crises récentes
Président : Mankeur Ndiaye, Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur
Intervenants :
Mohamed Chambas, Représentant spécial du Secrétaire Général, Chef du bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest
Reda Getachew, Conseiller auprès du Premier Ministre d’Éthiopie
Adama Dieng, Conseiller spécial du Secrétaire Général des Nations unies pour la prévention du génocide
Ambassadeur Takashi Kitahara, Ambassadeur du Japon au Sénégal
Alioune Sall, Directeur, Future Africa
16h30 – 18h30
Panel de clôture
Quelles priorités pour renforcer la paix et la sécurité en Afrique ?
Président : SEM Macky Sall, Président de la République du Sénégal
Intervenants :
SEM Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali
SEM Idriss Déby, Président de la République du Tchad
SEM Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République islamique de Mauritanie
Olusegun Obasanjo, Ancien Président de la République fédérale du Nigeria, président de la Fondation Obsanjo
Peter Maurer, Président du Comité International de la Croix Rouge
Jean‐Yves Le Drian, Ministre de la Défense, France
Modérateur :
Cheikh Tidiane Gadio, Président de l’Institut panafricain de stratégies
18h30
Discours de clôture de SEM Macky Sall, Président de la République du Sénégal
Cocktail de clôture du Forum
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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Cérémonie
d’ouverture
Lundi 15 décembre 2014
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Smaïl Chergui
Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine
Mes premiers mots vont à l’évidence au Président, au gouvernement et au peuple du Sénégal
pour l’accueil chaleureux et les excellentes conditions mises à notre disposition pour nos présentes
assises dans cette belle ville de Dakar.
Permettez-moi tout d’abord, au nom de la présidente de la Commission de l’Union africaine,
Dr. Nkosazana Dlamini-Zuma, et en mon nom propre, de remercier les autorités du Sénégal d’avoir
permis à ce Forum d’assurer le suivi de la Déclaration finale du Sommet de l’Élysée, tenu il y a
tout juste un an à l’aimable invitation du président Hollande. Il vous souviendra que dans ladite
déclaration, les chefs d’État et de gouvernement ont, je cite, « également pris note de la proposition
d’organiser en 2014, au Sénégal, un forum informel sur la sécurité en Afrique en liaison avec des
partenaires internationaux et l’Union africaine (UA), afin d’approfondir la réflexion sur les engagements
pris lors du Sommet… »
La tenue à Dakar du présent Forum offre l’occasion d’une radioscopie des acquis et des défis de la
paix et la sécurité sur notre continent, où, malgré les efforts de nos dirigeants et de l’UA, appuyés
par la communauté internationale, des conflits armés et des crises parfois complexes continuent
de nous interpeller. C’est donc le lieu de réaffirmer la détermination de nos chefs d’État et de
gouvernement de parvenir à prévenir, gérer et résoudre les situations de conflit et de crise,
de manière durable pour inscrire l’Afrique sur la trajectoire du développement, pour que comme
lieu de berceau de l’humanité, elle soit la locomotive de la croissance de l’économie mondiale.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Comme vous le savez, l’Acte constitutif de l’UA, dans ses principes comme dans ses objectifs, érige
en priorité la préservation de la paix et de la sécurité dans ses États membres. Le NEPAD, dont le
président Macky Sall préside notre programme économique adopté en 2001, tout en renouvelant
l’engagement des dirigeants à œuvrer pour l’accélération du développement sur le continent,
reconnait d’abord que tout effort dans ce sens serait vain sans une bonne politique de prévention,
de gestion et de règlement des conflits, dans un contexte de respect des droits de l’homme, des
principes démocratiques et de l’État de droit. En adoptant le Protocole relatif à la création du
Conseil de paix et de sécurité (CPS), nos dirigeants ont doté l’UA d’une Architecture continentale
de paix et de sécurité (APSA) dont les différentes composantes politiques et institutionnelles constituent
des réponses adaptées aux défis multiformes auxquels l’Afrique est confrontée dans ses efforts de
promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité. Le Groupe des Sages, le Système continental
d’alerte rapide, la Force africaine en attente (FAA), le Programme frontière de l’UA, le Cadre de
reconstruction et de développement post-conflit, ainsi que les instruments africains communs de
lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes, constituent autant d’outils mis au service du
Conseil de paix et de sécurité de l’UA, afin de lui permettre de remplir son mandat de promotion
de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur le continent, en étroite coopération avec les partenaires
internationaux, au premier rang desquels, les Nations unies.
Plus récemment encore, tirant les leçons de la situation au Mali, où des groupes armés terroristes et
criminels ont menacé l’existence même d’un des États membres de l’Union, nos chefs d’État et de
gouvernement, sur la base d’un système de contribution volontaire, ont décidé la création d’une
Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC), en attendant l’opérationnalisation
complète de la FAA. Je suis heureux de porter à votre connaissance que nous venons de conduire
avec succès l’exercice d’état-major en Tanzanie.
La mise en œuvre efficace de ces instruments face aux diverses menaces à la paix et à la sécurité,
reste un défi majeur pour notre continent. À ce titre, il convient de relever la contrainte majeure
que constitue le financement de l’APSA, en particulier des opérations de soutien à la paix conduites
par l’UA, qui, sous l’obligation du principe de non-indifférence, ne saurait rester passive face à
la détresse de populations africaines confrontées aux crises et aux conflits. C’est cette doctrine
contraignante qui préside au déploiement de nos missions de soutien à la paix, malgré le peu de
moyens humains, logistiques et financiers, et parfois même le niveau élevé des risques. Le déploiement
de l’AMIS au Darfour, de l’AMISOM en Somalie, de la MISMA au Mali, et plus récemment de la
MISCA en RCA, traduit ce volontarisme qui découle de nos efforts visant à trouver des solutions
africaines aux problèmes de l’Afrique.
Il me plait de noter que, dans un élan créatif, des arrangements novateurs ad hoc ont été trouvés
dans le cadre notamment du Chapitre VIII de la Charte des Nations unies, qui fixe le cadre des
relations entre cette Organisation et les accords régionaux, dans le maintien de la paix et de la
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
sécurité internationale. Je voudrais saluer ici le rôle important de la Facilité pour la paix en Afrique
de l’Union européenne, instrument crucial de financement des opérations de paix de l’UA sur le
continent. Il s’agit de s’assurer, Mesdames et Messieurs, d’un financement prévisible, flexible et
durable dans le cadre d’un partenariat toujours plus fécond sur la base des priorités définies en
commun. Faut-il le rappeler, les États africains doivent, en ce qui les concerne, prendre toute leur
part dans cet effort de financement. Et le prochain sommet de l’Union, fin janvier 2015, sera saisi
d’un rapport des ministres des Finances sur les financements innovants.
Face aux mutations constantes de l’environnement sécuritaire et aux menaces à caractère global
auxquelles nous sommes confrontés, l’adaptation rapide, la créativité et la flexibilité sont des atouts
majeurs, dans le cadre de partenariats contre les nouvelles menaces et en particulier le terrorisme
et la criminalité transnationale organisée, la radicalisation et l’extrémisme violent. Si les terroristes
se jouent des frontières de la région sahélo-saharienne, du fait des contraintes géographiques que
nous connaissons, alors, pour les combattre, nous nous devons de réviser les paradigmes strictement nationaux qui définissent notre approche de la sécurité. C’est tout le sens du Processus de
Nouakchott pour le renforcement de la coopération sécuritaire et l’opérationnalisation de l’APSA
dans la région sahélo-saharienne, initié par l’UA depuis mars 2013. C’est dans le même esprit qu’elle
a également lancé l’Initiative régionale pour l’élimination de l’Armée de résistance du Seigneur. Tout
comme nous le faisions en Somalie où l’AMISOM mène une guerre victorieuse contre les Shebbab.
C’est à ce type de partenariat que le CPS appelle dans le communiqué de sa réunion au Sommet sur
le terrorisme et l’extrémisme violent tenue à Nairobi, le 2 septembre 2014, en particulier face aux
atrocités et aux attaques odieuses que continue de commettre le groupe Boko Haram au Nord du
Nigeria et dans les pays limitrophes.
C’est également par le partenariat que nous pourrons gagner la plus ardue des batailles : la prévention
des conflits et des crises. L’expérience des dernières années nous permet de rappeler que prévenir
coûte moins cher que guérir et cette prévention s’avère plus efficace quand elle est conjointement
menée avec nos partenaires. C’est vers cet objectif stratégique que devra s’orienter notre coopération
avec les communautés régionales. Il s’agit, à cet égard, tirant les leçons du passé récent, de respecter
les prérogatives de chaque partenaire, de faire le meilleur usage de leurs avantages comparatifs
respectifs, dans le cadre d’une bonne division du travail.
Je ne peux qu’évoquer la situation récente du Burkina Faso qui appelle à une meilleure lecture des
dispositions pertinentes de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
Le respect de l’État de droit et des libertés fondamentales participe significativement à la prévention
des crises et des conflits. À cet égard, la réflexion initiée par l’UA a permis de faire la distinction
entre le droit des peuples à se soulever pacifiquement contre une tentative de déni de son aspiration
à l’État de droit, d’une part, et les changements anticonstitutionnels, condamnés et sanctionnés aux
termes des instruments de l’UA. Permettez-moi de me féliciter de l’excellente coordination entre la
CEDEAO, l’UA et les Nations unies dans la gestion de cette crise.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Lors du Sommet de l’Élysée, les chefs d’État et de gouvernement ont félicité l’UA pour la tenue
annuelle d’une retraite de haut niveau pour la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité
en Afrique, et l’ont encouragée à renforcer ce Forum, y compris en s’inspirant d’expériences internationales pertinentes.
Sur les différents thèmes inscrits à l’ordre du jour des ateliers et des séances plénières, le Forum de
Dakar, qui se doit être un grand moment d’échanges féconds sur notre quête commune de prévenir,
gérer et résoudre les conflits sur le continent, devra faire preuve de créativité et d’innovation pour
contribuer à cet effort en cours à travers d’autres initiatives.
Je voudrais, à cet égard, souligner la nécessité de nous inscrire pleinement dans la lettre et l’esprit
de la Déclaration de l’Élysée. Ce Forum vise à assurer le suivi des engagements pris à Paris. Il n’a pas
vocation à se substituer ou à faire double emploi avec des initiatives de l’UA. C’est dans cet esprit
que l’UA a soutenu la tenue de ce Forum.
Je voudrais enfin vous assurer de la disposition de l’UA à tirer le meilleur parti des recommandations que le Forum aura formulées, dans l’accomplissement de son mandat de promotion de la paix
et de la sécurité sur le continent.
Je souhaite plein succès à vos travaux et vous remercie de votre attention.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Jean-Yves Le Drian,
Ministre de la Défense de la République française
Il y a tout juste un an, le 7 décembre 2013, les conclusions du Sommet de l’Élysée soulignaient la
volonté des États africains de prendre en main la sécurité de leur propre continent.
Pour appuyer cette dynamique d’appropriation, le Sénégal avait pris, ce jour-là, l’engagement précis d’accueillir un forum informel sur la paix et la sécurité en Afrique. Ce n’était qu’une belle idée
à cette date, mais j’avais été frappé par l’adhésion immédiate que cette proposition avait suscitée.
Un an plus tard, nous voilà rassemblés à Dakar, conformément à la volonté qui avait été affirmée
et qui ne s’est jamais démentie. Je tiens à vous dire à quel point je me réjouis de voir ce projet se
concrétiser. Je veux rendre ici hommage au Président Macky Sall et au gouvernement sénégalais.
Ils ont su conduire ce projet avec la détermination et la ténacité qu’il fallait pour le faire aboutir. Je
rends également hommage à Monsieur le Ministre Tidiane Gadio, à l’Institut panafricain de stratégies
qu’il dirige, ainsi que qu’à la Fondation pour la recherche stratégique. Ensemble, depuis un an, ils
ont parcouru l’Afrique et le monde entier pour penser et préparer la tenue de ce Forum.
Ma conviction est que ce Forum va apporter une nouvelle pierre, qui manquait encore, à l’édifice
de l’Architecture de paix et de sécurité africaine.
Ce Forum s’inscrit dans un double mouvement que la France s’est engagée à accompagner, celui du
renforcement des capacités africaines et celui de l’appropriation par l’Afrique de ses propres enjeux
de sécurité.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
En deux ans et près de vingt voyages en Afrique, la conviction personnelle que je me suis forgée est
que l’appropriation africaine n’est pas, comme certains se plaisent à dire, un slogan ou une posture.
C’est une réalité.
Aujourd’hui, les premiers acteurs de la sécurité en Afrique, ce sont les États africains, les armées
africaines et les organisations africaines. Dans toutes les crises africaines, c’est la voix de l’Union
africaine (UA) qui se fait entendre. Dans toutes les opérations de maintien de la paix déployées en
Afrique, je constate que ce sont les contingents africains qui fournissent l’essentiel des effectifs.
Ce sont également les soldats africains qui ont payé ou qui payent un lourd tribut à la cause du
maintien de la paix. Je pense aux sacrifices consentis par la Mission de l’UA en Somalie, l’AMISOM.
Je pense, plus récemment aux pertes subies par les contingents tchadien, nigérien, sénégalais et
burkinabé au Mali. Je profite de cette occasion pour leur rendre un hommage solennel et mérité.
La France, elle aussi, prend sa part dans cet effort et, malheureusement, aussi dans ce sacrifice. En
2014, des soldats français ont perdu leur vie au Sahel ou en Centrafrique. Je veux également leur
rendre hommage car leur sacrifice illustre la solidité de notre engagement aux côtés des pays africains.
Un an après le Sommet de l’Élysée, je souhaite réitérer le message du Président de la République. La
France sera au rendez-vous. Elle continuera d’appuyer ce mouvement d’appropriation par l’Afrique
de sa propre sécurité.
Mais le défi de ce Forum, c’est bien d’aller au-delà des premiers jalons que nous avons posés. Je
considère que nous avons deux grands défis devant nous.
Le premier est d’amplifier notre effort collectif en faveur de l’Afrique. A ce titre, je me réjouis que
ce Forum rassemble aujourd’hui, dans cette salle, tous les partenaires clés du continent africain. Je
salue tout particulièrement nos amis européens, singulièrement nos amis néerlandais, américains,
chinois, japonais, qui, je n’en doute pas, apporteront une contribution décisive à ce Forum.
Les partenaires de l’Afrique ne manquent pas. Encore faut-il que nous travaillions ensemble dans la
même direction, avec une même compréhension des enjeux, des menaces et des réponses que nous
devons y apporter. Cela suppose que nous soyons prêts à tenir un discours de vérité et à sortir des
sentiers battus. C’est, de mon point de vue, tout le sens et toute l’ambition de ce Forum.
Le second défi de ce Forum, c’est de faire de la coopération la règle et non plus l’exception. L’enseignement que nous retirons des opérations Serval et Sangaris, mais aussi de nos engagements dans
les missions onusiennes et européennes déployées en Afrique, est simple : une gestion strictement
nationale des enjeux de sécurité est désormais une illusion. La menace terroriste n’a pas de frontières. Elle se nourrit justement de leur absence, de leur porosité, et prospère grâce à la fragilité des
espaces transfrontaliers.
Le Sud de la Libye en est aujourd’hui l’exemple le plus dramatique. Il y a quelques mois, j’avais
alerté sur le risque que cette zone ne devienne le nouveau point de convergence et de ressource-
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
ment des groupes terroristes. Cette inquiétude s’est malheureusement vérifiée, et la situation dans
le Sud libyen est aujourd’hui une source de déstabilisation pour l’ensemble du Sahel.
Je peux malheureusement citer un autre exemple, celui de la menace de Boko Haram. Aujourd’hui,
la question n’est plus de savoir si Boko Haram est un problème national ou régional. Les attaques
barbares qui ravagent le nord du Cameroun nous apportent hélas la réponse. La question urgente
qui se pose est de savoir comment peuvent se mettre en place les éléments d’une réponse régionale,
concertée, coordonnée, à cette menace sans précédent que représente le mouvement Boko Haram.
Je pourrais encore citer la piraterie maritime, qui sévissait hier dans le golfe d’Aden et qui handicape
aujourd’hui lourdement l’économie du golfe de Guinée. Cette criminalité n’a pas de nationalité, pas
de territoire, pas de frontière. Elle vise au contraire à s’en affranchir. Dans ce contexte, comment un
seul État pourrait-il, avec ses seuls moyens, endiguer efficacement ce phénomène ?
Nous parlerons également des crises sanitaires, en particulier de la propagation du virus Ebola
qui est aujourd’hui un défi, non seulement pour l’ensemble de l’Afrique, mais aussi pour toute la
communauté internationale.
Devant ces défis, dont la combinaison peut paraître insurmontable, je voudrais toutefois, à l’ouverture
de ce Forum, vous faire part de mon optimisme. A l’issue de mes nombreux déplacements en
Afrique, je constate une chose : face aux menaces, c’est la démarche de partenariat, de coopération,
d’entraide qui s’impose partout progressivement.
Au Sahel, je constate qu’une dynamique de coopération inédite se met en place. Au travers de l’opération Barkhane, nous avons mis en place un cadre pour que ce mouvement s’amplifie et se traduise
par des développements concrets.
Face à Boko Haram, c’est, dans la ligne tracée par le Sommet de Paris, une coopération sans précédent qui est mise en œuvre dans le cadre de la Communauté du bassin du lac Tchad.
Dans le Golfe de Guinée, le Sommet de Yaoundé a fixé un cap, et je constate là encore que les outils
d’une coopération régionale se mettent progressivement en place.
En définitive, le Forum de Dakar arrive à point nommé. Il se tient à un moment où ces dynamiques
positives africaines ont besoin d’être confortées, confirmées et accompagnées par leurs partenaires.
Il se tient à un moment où l’Afrique et ses partenaires ont besoin de se parler avec un discours de
vérité. Enfin, il se tient à un moment où nous avons aussi besoin de penser l’avenir, de le préparer
ensemble. C’est à ce titre que je compte beaucoup sur la présence des nombreux penseurs stratégiques qui ont fait le déplacement à Dakar et qui pourront nous apporter leur regard critique mais
aussi, je l’espère, prospectif, sur les défis qui sont devant nous.
Pour ces différentes raisons, je me réjouis d’apporter ma contribution personnelle à ce Forum et
de participer à ses débats. Je terminerai en remerciant, une nouvelle fois, les autorités sénégalaises
pour l’accueil qu’elles nous réservent aujourd’hui.
Je vous remercie.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
SEM Mahammed Boun Dionne,
Premier ministre de la République du Sénégal
Je voudrais à l’entame de mon propos vous transmettre les cordiales salutations de Son Excellence
Monsieur Macky Sall, Président de la République, qui forme des vœux de succès pour nos travaux.
Permettez-moi également de vous souhaiter une chaleureuse bienvenue au Sénégal, et apprécier
votre participation massive et de qualité, qui illustre tout l’intérêt que vous accordez à l’Afrique, en
particulier dans le combat qu’elle mène pour relever les défis sécuritaires du moment.
Le Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, que j’ai l’honneur et le grand plaisir
d’ouvrir ce matin, est l’aboutissement d’un long processus de consultations et de concertations.
En effet, le Sénégal, après son offre d’accueillir ce Forum lors du Sommet de l’Élysée, tenu à Paris,
les 6 et 7 décembre 2013, a travaillé de concert avec le gouvernement français, la Commission de
l’Union africaine (UA), et des partenaires nationaux et internationaux que je félicite au passage pour
leur abnégation. Notre pays ambitionne ainsi d’approfondir la réflexion à partir des engagements pris
à Paris.
Cette rencontre de Dakar se veut une plateforme d’échanges, de dialogue sur les questions stratégiques
relevant de la défense, de la sécurité et de la paix en Afrique. Ce faisant, en réunissant pendant deux
jours les officiels, les experts, les universitaires, la société civile, il s’agira plus spécifiquement de
fédérer le maximum de sensibilités et d’avoir des discussions ouvertes sur tous les sujets de l’heure
aptes à mieux appréhender les enjeux sécuritaires actuels et à nous orienter vers des solutions
structurantes pour une paix durable en Afrique.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
En accueillant ce Forum, le Sénégal témoigne, une fois de plus, son attachement aux idéaux de paix
inscrits notamment dans la Charte des Nations unies, ainsi que dans l’Acte constitutif de l’Union
africaine. Les mêmes valeurs sous-tendent sa Constitution. Le Sénégal souhaite aussi, par là, apporter,
comme il l’a toujours fait, sa contribution aux efforts de développement de notre continent.
Car, plus que par le passé, le Sénégal est conscient que la prise en compte des défis sécuritaires
en Afrique est une condition préalable à tout processus de développement socio-économique et
appelle à une mobilisation de tous pour renverser les prévisions alarmistes.
Dans un tel contexte, s’avère nécessaire un diagnostic sans complaisance de la situation et des
stratégies ambitieuses, à l’effet d’en envisager de nouvelles, aptes à inverser les tendances préoccupantes du moment.
La situation dans le continent demeure, certes, plus que jamais préoccupante, à la lumière des
nombreuses crises qui constituent le quotidien des États, en proie au terrorisme international et
à ses phénomènes connexes, favorisés par la porosité des frontières, la circulation des armes, la
faiblesse des institutions et le déficit démocratique. Ces facteurs dominants ont d’ailleurs relégué
au second plan les crises interétatiques, qui restent néanmoins d’actualité. En effet, aux enjeux de
la consolidation de la paix sont venus se greffer ceux de la péjoration climatique et des pandémies
avec l’apparition récente de l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest, sans oublier
les crises sociopolitiques et socio-économiques, ainsi que la pauvreté.
Bien qu’inquiétants, ces défis ne sont pas surprenants car depuis les années 1990 qui marquent la fin
de la guerre froide et l’avènement d’une ère nouvelle dominée par la mondialisation, une vingtaine
de crises majeures ont été localisées dans autant de pays en Afrique.
La particularité réside dans la forte prégnance des conflits « asymétriques », principalement
caractérisés par le terrorisme, dans les parties occidentale, centrale, orientale et septentrionale de
l’Afrique, sans négliger les autres foyers de tensions.
Dans le même temps, des phénomènes similaires sont expérimentés ailleurs, avec la montée en
puissance de l’État islamique en Irak et au Levant qui menace, comme les groupes terroristes
présents en Afrique, la paix et la sécurité internationales. Ce qui illustre, s’il était encore besoin
de le souligner, que le terrorisme devrait être combattu partout avec le même engagement de la
communauté internationale.
C’est pourquoi des tentatives de réponses tant politiques que militaires, auxquelles contribue
activement le Sénégal, sont apportées présentement pour renverser cette courbe, à travers les efforts
continus des instances africaines, comme l’UA par le biais notamment du Conseil de paix et de
sécurité et de l’Architecture africaine pour la paix et la sécurité. Mais aussi grâce aux initiatives des
États concernés qui sont prises avec l’appui de la communauté internationale. La mutualisation
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
des efforts a permis de freiner l’avancée du terrorisme au Mali. Cette donnée très positive donne
de l’espoir. Elle a le mérite de montrer l’importance d’agir ensemble. Elle montre également que la
peur doit être dans le camp des promoteurs du terrorisme et de ses phénomènes connexes.
Toutefois, des efforts supplémentaires devraient être menés face à la subsistance et à la persistance
des défis de l’heure. D’où la nécessité de réfléchir sur la meilleure manière de consolider les acquis,
de corriger les lacunes, d’échanger de bonnes pratiques, de renforcer les capacités des parties
prenantes, au nom de la solidarité qui doit animer la communauté internationale pour remédier
aux défis globaux comme ceux auxquels l’Afrique est particulièrement confrontés en ce moment.
Il s’agira également d’inscrire nos actions dans une approche holistique et dans la durée.
Le meilleur remède aux crises en Afrique consiste sans nul doute à les prévenir en agissant aussi sur
leurs causes profondes qui sont liées, notamment, à la pauvreté, à la faim, aux inégalités sociales, à
la mauvaise gouvernance, aux violations des droits de l’homme, aux difficultés liées à la dévolution
du pouvoir politique, à l’impunité, au sentiment de marginalisation qui favorise le repli identitaire
ou irrédentiste.
Fort heureusement, les différents ateliers et les sous-points que vous aurez à aborder sont autant
d’occasions pour approfondir la réflexion sur tous ces défis.
Il me plaît, à cet égard, de relever que toutes les préoccupations que je viens de mettre en contexte
constituent la trame du Forum de Dakar, qui se penchera sur des questions essentielles comme la
rétrospective de la gestion des crises actuelles et les perspectives susceptibles d’affiner les réponses
en cours durant ces deux jours de réflexion. Pour conclure, je voudrais souligner toute l’importance
qu’il conviendra d’accorder, au cours de vos travaux, à la problématique du financement des différentes
stratégies qui seront proposées.
Les profils et compétences variés qui composent l’audience, et vos débats qui seront conduits suivant
les règles de Chatham House, ainsi que vos précieuses recommandations, aideront, j’en suis
persuadé, à atteindre les objectifs assignés à ce Forum.
En souhaitant plein succès à vos travaux, je déclare ouvert le Forum international sur la paix et la
sécurité en Afrique.
Je vous remercie de votre bien aimable attention.
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SYNTHÈSES
DES
SÉANCES
PLÉNIÈRES
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Lundi 15 décembre 2014
Première séance plénière
Paix et sécurité en Afrique : menaces
partagées et visions communes, solutions
africaines et réponses internationales
Intervenants
Augustin Tine,
Ministre des Forces armées de la République du Sénégal,
Olusegun Obasanjo,
Ancien Président de la République fédérale du Nigéria,
Président de la Fondation Obasanjo,
Amanda Dory,
Sous-secrétaire adjointe à la Défense (affaires africaines)
des États-Unis,
Hiroute Guebre Sellassie,
Envoyée spéciale pour le Sahel du Secrétariat Général
des Nations unies,
Hervé Ladsous,
Secrétaire général adjoint au département des Opérations
de maintien de la paix des Nations unies
Zhong Jianhua,
Envoyé spécial pour l’Afrique, Chine
Pour une appropriation régionale
des enjeux
«
Hiroute Guebre Sellassie
Une des conditions
du succès de nos actions
est l’appropriation régionale.
Cela signifie que les différents
acteurs œuvrant pour l’Afrique
viennent en appui aux efforts
de la région pour renforcer
les capacités des États
à assurer leur sécurité et leur
développement. Nous devons,
et dès que possible, privilégier
le renforcement et l’utilisation
des structures et mécanismes
existant dans les pays concernés
et soutenir la coopération
régionale.
»
Certains des problèmes sécuritaires actuellement les plus cruciaux
en Afrique sont par nature transnationaux (criminalité organisée, trafics illicites, extrémisme violent, pandémies et changement climatique) et ne peuvent être résolus à l’échelle nationale. Pour y faire
face, le continent a besoin de synergies fortes. Les Africains doivent
être le point de départ de cette dynamique, notamment au travers de
l’Union africaine (UA) dont l’Acte constitutif a d’ailleurs pris en compte
ces menaces communes et a posé la paix et la sécurité en prérequis
de base, permettant l’intervention de l’organisation dans les affaires
internes de ses États membres.
Par ailleurs, les architectures de paix et de sécurité de l’UA ont connu
des avancées significatives avec une progression dans l’établissement
de forces régionales en attente, un renforcement de son concept de
Capacité de déploiement rapide en réponse aux crises et de ses capacités à mobiliser les troupes nécessaires pour soutenir les opérations
de paix.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
L’UA doit toutefois réussir à susciter davantage de cohésion afin de viser un
cadre plus prévisible pour soutenir et mettre en œuvre des réponses africaines rapides et efficaces aux situations inattendues.
«
Olesung Obasanjo
S’agissant d’une solution
africaine, les dirigeants africains
ne doivent pas laisser l’Afrique
gérer seule ses problèmes, mais
doivent permettre à l’Afrique
d’être le fer de lance de la
recherche de solutions et
de la collaboration avec nos
partenaires, nos amis afin que
nous puissions être à l’avantgarde. Bien que ces problèmes
aient des implications ou une
portée internationales hors ou
au-delà de l’Afrique, ils ont leur
origine sur le continent africain
et doivent être résolus au moyen
de solutions d’origine africaine
qui prennent en considération
la réalité de l’Afrique.
Et nous devons, nous Africains,
être perçus comme unis.
»
«
Amanda Dory
Lors du Sommet des leaders
africains d’août dernier, le
Président Obama a insisté sur
l’engagement des États-Unis
à consolider notre partenariat
avec le peuple africain. Le
Département de la Défense
apporte son soutien à la stratégie
globale des états-Unis en Afrique
en aidant les partenaires africains
à assumer un plus grand rôle en
matière de sécurité, et ce d’une
manière à renforcer la vitalité
économique et politique.
»
Pour accompagner ces initiatives, la coopération et l’appropriation régionale doivent être consolidées en incitant les États de la région à introduire
les réformes structurelles nécessaires pour créer les conditions propices à
la mise en œuvre de toutes ces stratégies.
Des menaces partagées
par l’ensemble des africains
L’appropriation régionale est d’autant plus nécessaire que la situation au
Sahel n’a cessé de se détériorer ces derniers mois. En cause principalement,
l’expansion de groupes terroristes de plus en plus structurés et l’afflux de
combattants et d’armes en provenance, notamment de la Libye. La région
est confrontée plus systématiquement à des acteurs non étatiques (en
particulier des groupes djihadistes) et de plus en plus transnationaux,
faisant peser des menaces asymétriques. Cela constitue aujourd’hui un
danger non seulement pour la région, mais pour la stabilité de tout le
continent et même au-delà.
Le nécessaire appui
de la communauté internationale
Il est ainsi primordial que les différents acteurs œuvrant pour l’Afrique
viennent en appui aux efforts des Africains. Compte tenu de l’interconnexion entre toutes les crises qui sévissent en Afrique et de leur caractère
transnational, les implications des problèmes de sécurité en Afrique
s’étendent au-delà du continent, ce qui appelle une solution globale
et implique d’associer la communauté internationale et les partenaires
internationaux aux efforts de l’UA.
La stratégie intégrée des Nations unies (ONU) pour le Sahel de 2013 a
adopté cette approche et propose l’exécution d’actions simultanées (dont
certaines sont en cours) dans les domaines de la gouvernance, de la sécurité
et de la résilience, suivant une approche régionale (en appelant à une
collaboration renforcée avec l’UA et les organisations régionales) et en
partenariat avec les autres acteurs intervenant sur le territoire.
S’agissant des opérations de paix, des collaborations entre les organisations
régionales et les partenaires extérieurs témoignent de plus en plus d’une
volonté politique partagée, notamment entre l’UA et l’ONU, qu’il s’agisse
d’opérations conjointes (opérations dites « hybrides » comme c’est le cas
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R a p p o rt du prem i er f o rum inte rnational su r la paix e t la sé cu rité e n A fr i que
au Darfour et au Soudan), de missions de l’organisation régionale gérées
avec le concours ou le soutien de l’ONU (modèle de l’AMISOM en Somalie),
ou le mode de conduite choisi pour les opérations Serval, Barkhane et
Sangaris (plusieurs intervenants et un système phasé). Sans parler de l’appui
de partenaires internationaux tels que l’Union européenne (EUFOR en
Centrafrique) ou la Chine (en Somalie, au Mali, au Soudan, au Soudan du
Sud et en RDC).
«
Zhong Jianhua
La Chine a promis
de soutenir et de contribuer
à la paix et à la sécurité sur
le continent, et nous sommes
pleinement conscients que,
sans la paix, le développement
ne peut être durable. Mais en
même temps, nous admettons
être nouveaux en la matière.
Nous devons apprendre de nos
partenaires, et travailler avec
eux.
»
«
La prise en charge de la crise Ebola par un ensemble d’acteurs a également
permis de mettre en lumière le rôle positif du développement de capacités
en partenariat, du renforcement de relations et de la mise en œuvre de
coopérations en vue d’atteindre un objectif commun. Ainsi, l’appui du
Sénégal à travers l’établissement d’un corridor humanitaire a permis
à l’ONU, à ces États membres (les États-Unis à travers l’opération
Unified Assistance ou l’USAID, la Chine, etc.), et à d’autres partenaires
(OMS, Médecins sans frontières) d’établir des mesures logistiques pour
endiguer le l’épidémie.
Pour une approche commune
et globale de la prévention
de crises
Hervé Ladsous
Au moment où l’Union
africaine se penche sur les
cinquante prochaines années
de son existence, c’est vous
le savez l’agenda 2063,
je crois que plus que jamais,
le renforcement du cadre
institutionnel de réponse
aux situations de crise et de
l’architecture paix et sécurité
reste une priorité. Et je voudrais
redire ici, solennellement, à quel
point nous sommes engagés
pour parvenir avec nos
partenaires africains à davantage
de prévisibilité,de stabilité et
de durabilité des mécanismes
de réponses aux crises.
»
La majorité des conflits qui sévissent en Afrique ont comme cause première
le sous-développement. La pauvreté, l’exclusion et les injustices sociales
sont légion sur le continent. Il est aujourd’hui communément admis que
la sécurité ne peut être assurée lorsque les besoins humains, sociaux et
sociétaux des populations ne sont pas satisfaits. Il s’agit alors de privilégier
une approche globale qui intègre les questions de gouvernance, de
développement et de sécurité, gages d’une stabilité durable dans les pays
et les communautés du Sahel.
Retrouvez sur
www.dakarforum.org
le verbatim des séances plénières !
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Lundi 15 décembre 2014
Deuxième séance plénière
Gestion des crises :
pour une vision commune des menaces
Intervenants
Haile Menkerios,
Représentant spécial auprès de l’Union africaine
et pour le Soudan et le Soudan du Sud, Nations unies
Jakkie Cilliers,
Directeur général, Institute for Security Studies
Jean-Marie Guéhenno,
Directeur général, International Crisis Group
Général Mamadou Mansour Seck,
Nations unies, ancien Chef d’état-major,
général des armées, Sénégal.
Une transformation de la nature des conflits
Il ne s’agit plus aujourd’hui de conflits interétatiques conventionnels, mais de conflits non-étatiques,
de groupes armés luttant les uns contre les autres au sein même des pays. Les luttes se concentrent
souvent autour des résultats électoraux (ce qui pose une nouvelle problématique du choix et du mode
d’intervention dans le cas de soulèvements populaires en réaction à un gouvernement impopulaire)
et du contrôle des ressources naturelles rares (eau et pâturages). Cette situation est d’autant plus
complexe que s’entremêlent dangereusement les agendas politiques et criminels.
Les conflits ont avant tout un caractère asymétrique qui mélange des moyens classiques et non
classiques. Les armes du terrorisme sont d’abord et avant tout la surprise. De plus, ceux qui sont
terrorisés sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux, victimes de l’impact de l’information et de la
communication.
37
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Au-delà de leur caractère asymétrique, les conflits sont de plus en plus
difficiles à anticiper. En effet, beaucoup de conflits se trouvent à la jonction
entre le global et le particulier, et il est difficile de savoir à quel moment
se fait cette jonction. Du fait de la circulation rapide de l’information et
de la circulation des hommes, les conflits sont mouvants et reposent sur
la surprise. Cela implique d’être prêt à réagir rapidement.
«
Jakkie Cilliers
La plus grande source
d’insécurité en Afrique est
le déficit de gouvernance.
Si un gouvernement contrôle
son territoire, il a le contrôle
de ses frontières : la violence
et l’instabilité sont beaucoup
moins importantes.
La violence continuera
d’être une caractéristique de
l’évolution future de l’Afrique.
Il n’est pas possible de soutenir
qu’il faut de la paix avant que
nous ayons du développement.
Le développement et la violence
sont malheureusement,
en grande partie, liés.
»
«
Haile Menkerios
Le manque de gouvernance
comme cause principale
de conflit signifie que l’État
a été incapable d’assurer la
sécurité de ses citoyens. De fait,
lorsque l’État devient la source
d’insécurité, ou lorsque les
réactions à l’État de ses citoyens
créent de l’insécurité, alors nous
avons un grave problème.
On observe aussi une transformation de l’espace stratégique par l’amélioration
de la mobilité des groupes armés et les difficultés à contrôler les
frontières – pourtant premier élément de la souveraineté. Il n’est plus possible
d’enfermer un conflit dans le cadre bien défini d’un État. Les conflits ne
connaissent pas les frontières. Ils ont désormais un caractère transnational,
résultat de la mondialisation. Par la manipulation par des mouvements
transnationaux de problèmes éminemment locaux, des questions locales
prennent une dimension mondiale, plus ambitieuse et plus dangereuse.
Un déficit de gouvernance
Les violences se manifestent face à la fragilité des États, qui ne sont pas
prêts à répondre à l’ampleur des transformations de la menace.
Historiquement, nous observons au cours des dernières décennies une
diminution du nombre de victimes de l’instabilité, de la violence et des
conflits. Les zones les plus touchées étant tout d’abord l’Afrique puis le
Moyen-Orient. Pour autant, les raisons de l’instabilité dans ces zones
sont différentes. Alors que c’est le déficit démocratique qui est l’une des
plus grandes sources d’instabilité au Moyen-Orient, il s’agit du déficit de
gouvernance pour les pays africains, notamment en Afrique subsaharienne.
De plus, les violences sont en augmentation en Afrique depuis 2010, sans
pour autant atteindre le niveau de la période pré-1989, après laquelle
elles ont connu un fort déclin. Les régions les plus touchées par la
violence se situent en Afrique de l’Est (Corne de l’Afrique) alors que les
moins affectées sont en Afrique australe.
»
38
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Une jeunesse source d’instabilité
mais aussi d’espoir
Le déficit de gouvernance n’est pas la seule source d’instabilité en Afrique,
où l’âge médian est de 19 ans. En effet, la jeunesse est un vecteur d’instabilité :
un continent avec une population jeune est sujet à plus de violence qu’un
continent avec une population âgée.
«
Jean-Marie Guéhenno
Si on veut gérer ces crises,
il faut vraiment être capable
de combiner le local, le national,
le régional et le global. Le local
parce que beaucoup de ces
conflits, beaucoup des menaces
auxquelles nous devons faire
face, commencent à un niveau
très local. Le national, parce que
c’est le sentiment d’une
communauté nationale qui
donnera l’énergie et la volonté
politique d’agir. Le régional,
parce que ces conflits ne
connaissent pas les frontières
et que les réponses nationales
sont très souvent insuffisantes.
Et le global parce que la qualité
des menaces doit nous conduire
à mobiliser tous les moyens.
Pour autant, la jeunesse est aussi une source de dynamisme, d’espérance et
un potentiel de croissance. Le défi posé est que cette jeunesse reçoive une
bonne éducation qui lui permette de trouver des emplois sur un marché
du travail dynamique et qu’elle se sente représentée par les élites qui la
gouvernent.
»
Retrouvez sur
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le verbatim des séances plénières !
39
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Mardi 16 décembre 2014
troisième séance plénière
Mieux anticiper, mieux prévenir
Intervenants
Takashi Kitahara,
Ambassadeur du Japon au Sénégal
Mankeur Ndiaye,
Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais
de l’extérieur
Mohamed Chambas,
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies
Adama Dieng,
Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention
du génocide des Nations unies
Reda Getachew,
Conseiller auprès du Premier Ministre d’Éthiopie
Alioune Sall,
Directeur de Future Africa
Une analyse juste du terrain
Une estimation juste de la réalité politique et économique sur le terrain permet de mieux prévenir
les menaces. Puisque nous connaissons les sources des menaces, nous devons être en mesure de les
identifier par la mise en place de systèmes de veille stratégique harmonisés, des systèmes pérennes
de collecte et de traitement de l’’information. Cela doit s’accompagner par un partage d’informations
en temps réel.
La prévention par la réforme
des politiques publiques
Les menaces liées à la bonne gouvernance sont nombreuses. Il existe plusieurs moyens de pallier au
déficit de gouvernance. A travers l’implication de la majorité de la population, le système politique
peut prévenir les conflits liés au désenchantement de la population vis-à-vis du système, en donnant
accès à des mécanismes de participation plus directs et à des services sociaux qui réduisent la pauvreté.
41
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
L’État doit s’assurer de la participation de l’ensemble de la population à la
vie politique afin de contenir les frustrations. En effet, la réponse aux
demandes de la population, qui se renforcent à mesure que les revendications
ont un impact, dépend du contexte économique. Lorsque celui-ci est
défavorable, l’État n’est plus en mesure de répondre à ces revendications,
ce qui crée un risque de révolte de la population.
«
Takashi Kitahara
Ici en Afrique du Nord
et au Sahel, le grand tournant
pour nous a été, sans aucun
doute, la prise d’otage d’In
Amenas en Algérie, qui a fait
dix victimes parmi les citoyens
japonais. Le Japon a alors réalisé
l’importance de renforcer de
façon accrue la coopération
internationale dans la lutte
contre le terrorisme et la
construction de la paix et de
la sécurité sur le continent.
»
Afin de prévenir les risques terroristes, un processus de « dé-marginalisation »
peut être mis en place par le développement des régions les plus défavorisées
et des périphéries pour mettre fin aux frustrations des marginalisés. En
effet, le manque d’infrastructures et de projets de développement rendent
les populations, et particulièrement la jeunesse, sensibles aux discours
des groupes armés. Ils se retournent alors contre les avantages dont
bénéficient les « privilégiés ». Ce n’est plus le cas quand eux-mêmes
bénéficient des mêmes infrastructures.
Une réforme des systèmes de santé par exemple permettrait de prévenir
les crises sanitaires, comme c’est le cas aujourd’hui pour Ebola. La propagation de ce type de crise fragilise les structures économiques et mettent
à mal la croissance économique.
Le principe de responsabilité
de protéger
«
Adama Dieng
Il nous faut passer des
discours à l’action. Parce que
le travail de prévention a besoin
du soutien et de l’engagement
de tout le monde et en particulier
des États qui sont les premiers
responsables de la protection
de leur population. Aujourd’hui
aucun État ne peut plus se
réfugier derrière le principe
de la souveraineté pour tuer
en silence ses populations.
»
Le principe de non-indifférence encourage les États à gérer leur diversité par
la mise en place de mécanismes de prévention des crimes d’atrocité
(crimes de génocide, contre l’humanité et de guerre), à l’instar du mécanisme
tanzanien d’apaisement des tensions religieuses entre les communautés
chrétiennes et musulmanes. Il faut aussi faire en sorte qu’il n’y ait pas de
discriminations fondées sur la race, sur la culture, sur la religion.
La population actrice
de sa sécurité
La mise en place d’une architecture sécuritaire permettrait de faire face à
la diversité des menaces. A travers des relations étroites avec la population,
il est possible de déceler ses besoins et de la rendre actrice de sa propre
sécurité, par la veille et la prévention.
42
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
La prévention à travers
la coopération régionale
et internationale
«
Mankeur Ndiaye
Lutter contre le terrorisme
suppose des moyens différents,
adaptés. Cela suppose également
de changer complètement
le mode de fonctionnement
de nos armées, de nos polices,
de nos renseignements.
Il ne s’agit plus de guerre
classique avec des ennemis
bien identifiés.
»
Au-delà d’une architecture sécuritaire au niveau national, les architectures
sécuritaires au niveau régional (la Force africaine en attente en particulier)
sont aussi à améliorer. En effet, elles ne sont pas encore suffisamment
équipées pour prévenir les crises de manière proactive et préventive et
manquent pour l’instant de véritables mécanismes capables d’intervenir
rapidement.
Une coopération régionale est possible et nécessaire, à l’instar de celle
mise en place pour faire face à la problématique de la piraterie : trois
organisations régionales, la Communauté économique des États de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté Économique des États
de l’Afrique Centrale (CEEAC) et la Commission du Golfe de Guinée
(CGG) travaillent ensemble depuis le Sommet de Yaoundé en 2013 afin
de mettre en œuvre des solutions pour contenir la menace et l’empêcher
de prendre de l’ampleur.
Enfin, alors que les élections comptent souvent parmi les moments les plus
risqués pour la stabilité d’un pays, il est nécessaire de mieux anticiper les
crises par une meilleure préparation des élections et un recours si besoin
à la médiation internationale. Il est crucial que les élections soient
transparentes, crédibles, libres et justes afin d’être reconnues par l’ensemble
des citoyens. L’observation peut se faire par la formation d’observateurs
locaux et la coopération avec les organisations issues de la société civile
locale. Par ailleurs, la médiation internationale entre les différents acteurs
peut s’avérer utile afin d’accompagner les processus de réforme, notamment
du système électoral. Les élections très nombreuses en Afrique dans les
trois prochaines années doivent être suivies avec une très grande attention.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
ateliers
thématiques
2 sessions
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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des contributions aux débats sur
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________________________________
Introduction de Hugo Sada (frs)
Paix et sécurité en Afrique : nouvelles menaces, nouveaux enjeux
Radicalisme religieux et enjeux sécuritaires dans le Sahel
B. Sambe
Au Sahel et en Afrique de l’Ouest, comment échapper au cercle vicieux
de la menace terroriste et d’une militarisation non maîtrisée ?
O. A. Yabi
Appréhender l’imbrication des conflits en Libye et leur impact sur le Sahel
I. El Amrani
La menace terroriste en Afrique : un défi stratégique et politique
J.-F. Daguzan
Golfe de Guinée : quel bilan, plus d’un an après le sommet de Yaoundé ?
B. Blédé
Prolifération des armes, trafics et criminalité organisée
F. Okyere & K. Aning
La coopération entre l’Union africaine et les Communautés économiques régionales :
un défi pour l’opérationnalisation de l’Architecture de Paix et de Sécurité Africaine (APSA)
A. Gnanguênon
L’ONU et l’UA sur la paix et la sécurité en Afrique : tension entre minimalisme et maximalisme ?
S. A. Dersso
Une dérive continentale : trouver une solution au problème africain du maintien de la paix
C. Ero
La stratégie internationale de sortie de crise fonctionne-t-elle en République Centrafricaine (RCA) ?
M. Mérino
Peut-on guérir la faiblesse des États par la force ?
J.-M. Guéhenno
Vers une nouvelle approche internationale des crises et de la gestion des conflits ?
Le cas de la République Démocratique du Congo (RDC)
G. Gerold
Frontières d’Afrique, frontières africaines
M. Foucher
sous la direction de Fabienne Hara (FRS)
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
les ateliers
________________________________
________________________________
Atelier 1
Lutte contre le terrorisme et prévention
de la radicalisation
Atelier 6
Solutions africaines
Session I
Gestion des crises :
pour une vision
commune des menaces
Session II
Quelles réponses
aux crises ?
Atelier 7
Nations unies/Union africaine :
quelles synergies ?
Atelier 2
Sûreté et sécurité maritime
Atelier 3
Quelle réponse aux crises sanitaires ?
Atelier 8
Financements et pérennisation
des efforts militaires de réponses
aux crises
Atelier 4
Territoire et frontières
Atelier 9
Réponses militaires, réponses civiles
aux crises
Atelier 5
La menace des trafics: dissémination
des armes et criminalité organisée
Atelier 10
Environnement sécuritaire
et développement économique
47
________________________________
Session I
Gestion des crises :
pour une vision
commune des menaces
Atelier 1
Lutte contre le terrorisme et prévention
de la radicalisation
Atelier 2
Sûreté et sécurité maritime
Atelier 3
Quelle réponse aux crises sanitaires ?
Atelier 4
Territoire et frontières
Atelier 5
La menace des trafics: dissémination des armes
et criminalité organisée
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Session I
Gestion des crises :
pour une vision commune des menaces
Atelier 1 Lutte contre le terrorisme et prévention
de la radicalisation
Président : Saïd Djinnit
Envoyé spécial du Secrétaire Général
pour la région des Grands Lacs, Nations unies
d’extension et de recrutement des djihadistes qui gangrènent la
zone et qui cherchent de plus en plus à se lier les uns aux autres
autour de stratégies communes (Shebbab somaliens – AQMI au
Nord-Mali).
Boko Haram, Shebab, Ansar Dine… Le terrorisme en Afrique est
devenu un fléau qui menace la sécurité du continent et qui a un
impact direct et indirect sur la sécurité internationale. Les mouvements terroristes actuels, djihadistes pour la plupart, sont de
plus en plus menaçants. Ils se distinguent par leurs capacités militaires et deviennent progressivement des entités déstabilisatrices
capables de contester des territoires entiers au contrôle de l’État,
qu’ils visent à détruire.
Aujourd’hui, les États africains mais aussi le gouvernement français
portent l’idée que les stratégies militaires doivent être comprises
dans une approche multidimensionnelle, qui combine le sécuritaire
mais également l’économique, l’institutionnel et le social, et qui
met l’accent sur la prévention.
Total des violences contre les civils en Afrique par acteur,
1997-2014
Phénomène transnational se nourrissant, entre autre, de l’incapacité
des États à protéger leurs frontières, le danger ne cesse de s’étendre.
La nouvelle dimension qu’il a prise ces dernières années mobilise
les Nations unies et la communauté internationale qui ont renforcé
leurs collaborations avec l’Afrique, et les Africains qui s’efforcent de
prendre leur part dans la lutte contre cette nouvelle menace.
Mais quelle forme donner à la lutte contre le terrorisme? Quelle
responsabilité pour l’État africain? Lui faut-il mettre l’accent sur
une réponse militaire ou au contraire prendre davantage en compte
la dimension sociale du processus de radicalisation religieuse,
germe même du phénomène ? Que peuvent apporter les acteurs
locaux aux stratégies de prévention, nécessaires pour répondre au
problème sur le long terme?
Source : ACLED, traduit de l’anglais
La nécessité d’une réponse multidimensionnelle :
militaire et sociale
L’Afrique sub-saharienne fait aujourd’hui face à un phénomène
terroriste en pleine expansion et dont la nature évolue rapidement.
Une nouvelle génération de terroristes se développe, plus jeune,
mieux formée, mieux équipée et plus radicale. À cela s’ajoute un
phénomène d’expansion et dont les logiques de globalisation se
renforcent avec les circulations des combattants et l’utilisation des
nouvelles techniques de communication. Cela a conduit la France,
sous mandat onusien, à intervenir militairement au Mali avec
l’Opération Serval début 2013, suivie de l’Opération Barkhane lancée
en août 2014 dans plusieurs pays du Sahel.
Si cette intervention a été unanimement saluée par les États africains
comme étant nécessaire pour endiguer l’avancée des groupes armés,
elle n’a pas été suffisante, notamment pour rompre les dynamiques
L’État et la région au cœur du dispositif
de sécurisation
Les défauts de bonne gouvernance des institutions régionales, mais
également et surtout des États locaux doivent être pris en compte.
Certes les succès d’interventions extérieures comme celle de la
France doivent être saluées, mais le fait qu’elles soient nécessaires
renvoie à leurs carences. Il est essentiel que ces États soient au
centre des stratégies sécuritaires. Les groupes violents prospérant
et se développant dans les zones périphériques désertées par l’État,
ce dernier doit pouvoir garantir le contrôle de ses régions, particulièrement aux frontières. Il est d’autant plus important de le faire
que les groupes extrémistes violents sont généralement ancrés dans
les zones grises en manque de présence étatique et qu’ils visent à
évincer et remplacer l’État pour y développer leurs propres structures.
49
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Le phénomène étant transnational, il est primordial de développer
une meilleure cogestion des enjeux sécuritaires par les pays de la
région. Le continent africain a depuis longtemps pris conscience
de la montée du phénomène terroriste mais, si des instruments
institutionnels régionaux et nationaux existent bien, il convient
d’en évaluer leur efficacité et de les développer.
Prévenir avant de guérir : un champ social
à réinvestir pour l’État africain
Seuls les acteurs locaux peuvent être à même de fournir ces informations. Bien encadrés, ils peuvent garantir un succès durable
face à la montée du terrorisme et plus largement d’une insécurité
multiforme. Les femmes par exemple, peuvent apporter leur aide.
Si elles sont des cibles spécifiques et/ou des recrues potentielles,
elles peuvent également être des militantes actives et s’engager
dans la lutte contre le terrorisme (à l’instar du mouvement « bring
back our girls » au Nigeria)
Évolution du nombre de morts dues à la violence politique,
2013-2014
La désaffection de l’État dans le domaine du social est pour beaucoup
dans la radicalisation religieuse d’une population extrêmement
jeune (plus de la moitié des africains ont moins de 25 ans), en proie
à la misère sociale et victime d’une crise économique qui n’en finit
pas. Ce contexte offre un terreau fertile aux idées des prédicateurs
salafistes/jihadistes qui évoluent souvent dans la sphère d’influence
des pays du Golfe. Ces derniers investissent le champ du social,
déserté par l’État, par le biais d’ONG et d’associations, canaux de
diffusion d’une lecture fondamentaliste de l’Islam. Or, le militaire
est nécessaire pour laisser le temps aux États de réinvestir cette
sphère (notamment à travers le travail social).
Les politiques de lutte contre la radicalisation accusent un profond
retard face aux évolutions des groupes radicaux. Les États doivent
également mieux cerner l’importance de la dynamique religieuse
dans ce phénomène. L’Islam confrérique a longtemps été perçu
comme un rempart acquis aux déviations extrémistes. Or, il existe
depuis les années 1970 un système éducatif alternatif (écoles
et universités coraniques) qui échappe au contrôle de l’État et
qui diffuse les germes de la violence religieuse. Aujourd’hui, la
puissance publique africaine doit se saisir de manière renforcée de
la question de l’éducation.
Source : AmÉrican Security Project, données tirées du
Armed Conflict Location & Event Data Projet, traduit de l’anglais
Appuyer la prévention sur les acteurs locaux
La notion de « terrorisme » n’aide pas forcément à comprendre les
dimensions politiques et idéologiques de mouvements extrémistes
violents de plus en plus complexes. Pour lutter contre eux, il faut
également comprendre leur ancrage local, les ramifications avec les
réseaux affairistes et mafieux, mais aussi les liens ambigus avec les
agendas de certains États de la sous-région ou d’ailleurs. Car il n’y
a pas de terrorisme sans complicités locales, notamment avec les
différents réseaux de trafiquants (drogue, otage, etc.).
50
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Session I
Atelier 2 Sécurité et Sûreté Maritimes
Président : Pierre Moukoko Mbonjo
Ministre des Relations extérieures, Cameroun
Le golfe de Guinée, malgré une légère amélioration de la situation, demeure
le théâtre privilégié des actes de piraterie en Afrique. Avec trente-trois
attaques au troisième trimestre de 2014 contre dix pour le golfe d’Aden,
la Somalie et la mer Rouge, il constitue la zone la plus touchée par le
phénomène. Sans parler des autres activités illicites qui s’exercent dans
la zone, notamment la pêche illégale et les trafics illicites de pétrole, de
drogues, d’armes, d’êtres humains et de migrants.
L’édition 2013 du Sommet de Yaoundé avait été l’occasion d’apporter
un début de réponse à ces problématiques. Les acteurs en présence y
avaient affirmé leur volonté d’être les acteurs de leur propre destin sécuritaire et des mesures avaient été prises dans ce sens. Mais quelles sont
ces mesures et où en est leur mise en œuvre ? Quels défis, notamment en
matière de coopération efficiente et de financement, reste-t-il à relever ?
Et quelles leçons tirer de l’expérience des pays de l’océan Indien (dont la
Somalie) qui ont subi ces mêmes fléaux avant de connaître une accalmie
ces dernières années ?
Quelles avancées depuis le Sommet de Yaoundé ?
Le cadre institutionnel et juridique de lutte contre l’insécurité
maritime en Afrique existe depuis le début des années 2010 au
niveau international, à travers les résolutions 2018 (2011) et 2039
(2012) du Conseil de sécurité des Nations unies. Au niveau régional,
on assiste depuis quelques années à une position plus volontariste
des pays africains. L’Union africaine a ainsi constitué la Stratégie
intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 (2012).
Le Sommet de Yaoundé des 24 et 25 juin 2013 sur la sûreté et la
sécurité maritime avait par ailleurs été l’occasion pour les pays africains de témoigner d’une volonté politique en faveur de la sécurité
et de la sûreté maritimes. Hormis les déclarations des chefs d’État,
un Code de conduite avait été constitué et un Mémorandum
d’entente entre la Communauté économique des États de l’Afrique
centrale (CEEAC) et la Commission du golfe de Guinée (CGG) adopté.
Cela a conduit à l’ouverture du Centre régional de sécurité maritime
de l’Afrique centrale (CRESMAC) logé à Pointe Noire et du Centre
interrégional de coordination (CIC) de Yaoundé.
de sécurité maritime de l’Afrique de l’Ouest (CRESMAO), etde la
totalité des Centres multinationaux de coordination (CMC) prévus,
se fait attendre. Cela est en partie dû à des difficultés de financement
des projets.
L’équipement de toutes ces structures en moyens matériels reste une
préoccupation majeure pour les acteurs concernés, qui comptent sur
les contributions de la communauté internationale et des partenaires
extérieurs, mais également régionaux. Toutefois, certains États pourraient mobiliser davantage de ressources budgétaires et humaines
pour établir leurs capacités de sécurité et de sûreté maritimes. Les
pays qui apparaissent comme étant des acteurs primordiaux
puisque étant les premiers touchés par le phénomène (comme
ceux du golfe de Guinée par exemple) sont ainsi invités à se saisir
de cette question.
Le défi de la coopération et de la coordination
Il est aujourd’hui admis que le continent africain doit jouer le
premier rôle dans la lutte contre l’insécurité maritime et qu’aucun
pays de la région ne pourra en venir à bout de façon isolée.
Afin de répondre de façon efficiente aux défis sécuritaires, la
coopération entre les différents acteurs concernés et les diverses
structures au niveau régional se révèle indispensable.
Au niveau régional, les acteurs étatiques et non étatiques ayant des
missions en mer sont appelés à terme, pour atteindre leurs objectifs,
à travailler en synergie autour d’une autorité unique chargée de
coordonner l’action de l’État en mer tout en ne faisant pas obstacle
aux prérogatives des uns et des autres.
Certains pays se sont ainsi d’ores et déjà dotés avec succès d’une
stratégie maritime conçue autour d’une telle autorité.
Cette coopération est nécessaire dans tous les domaines, y compris
dans le domaine du renseignement. Cette démarche pourrait
contribuer, entre autres, à l’identification des criminels et des
commanditaires des actes criminels dans l’industrie maritime.
Dans cette perspective, il apparait nécessaire que les États du golfe
de Guinée commencent à mobiliser les ressources policières et
judiciaires qui permettront de créer un réseau interrégional
efficace de lutte contre l’impunité de la criminalité maritime.
Quelles leçons tirer de l’expérience somalienne ?
Le défi du financement
Mais malgré ces avancées notables, il existe des défis de taille à relever
pour atteindre l’objectif de sécurisation des zones concernées.
L’architecture de la sûreté maritime n’est pas encore complète et
l’installation à venir d’autres organisations, comme le Centre régional
Quelles leçons tirer des régions du monde qui sont en train de se
libérer de l’insécurité maritime ? Si l’exemple de l’océan Indien, qui
connait une accalmie depuis quelques années, apparaît comme
étant positif, son cas n’est pas transposable en Afrique de l’Ouest et
du Centre, où les institutions fonctionnent et où les attaques ont
51
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
lieu dans les eaux sous souveraineté ou juridiction nationale. Le cas
indien relevant davantage du succès des interventions étrangères,
notamment dans le golfe d’Aden, l’Est de la Somalie et la Mer
Rouge. En revanche, l’exemple des pays riverains du Détroit de
Malacca (en Asie), qui ont su s’organiser et prendre les mesures
nécessaires (notamment le développement d’une coopération régionale renforcée qui a permis de répondre en partie au problème
du financement) et où le risque de piraterie est stable depuis
quelques années, pourrait inspirer les États du golfe de Guinée.
Ainsi, si des avancées notables ont été réalisées par les pays africains
et les institutions régionales qui se sont saisies de la question de
la sécurité et de la sureté maritime (notamment dans le cadre de
Yaoundé), des défis restent encore à relever. Le Forum de Dakar
de 2014 a été l’occasion pour les acteurs présents d’émettre le vœu
que les suggestions concernant la coopération et la coordination, le
financement et la mise à disposition de moyens conséquents soient
considérées comme une feuille de route d’actions concrètes à réaliser
avant la tenue de la prochaine édition.
Principaux axes de circulation maritimes et actes de piraterie et vols armés, 2006-2013
300
Océan Indien
250
200
150
100
50
EUROPE
AMERIQUE
DU
NORD
0
1995
2005
2010
2013
Mer Méditerranée
ASIE
IRAQ
EGYPTE
Océan
Atlantique
Caracas
COLOMBIE
GUINEE
SIERRA
LEONE
GUYANE
Belem
EQUATEUR
PEROU
AFRIQUE
Conakry
Freetown
VENEZUELA
Océan
Pacifique
2000
CÔTE
D’IVOIRE
CHINE
PAKISTAN
BANGLADESH
Mer
Rouge
INDE
Golfe du
Bengale
VIETNAM
PHILIPPINES
Somaliland Puntland
NIGERIA
INDONESIE
RDC
Océan
Indien
Lima
AMERIQUE
DU
SUD
Océan
Pacifique
MALAISIE
SOMALIE
Golf de
Guinée
BRESIL
IRAN
SINGAPOUR
ASIE DU
SUD-EST
Forte densité de traffic maritime
Afrique de l’Ouest
Routes de navigation secondaires
100
Forte densité d’actes de piraterie sur une vaste superficie
50
0
1995
Nombre d’attaques
2000
2005
2010
Sévérité 2, 3 et 4
Sévérité 1
2013
Source : UNITAR-UNOSAT 2014
52
Forte densité d’actes de piraterie sur des sites isolés
Incidents sans menaces ou violence rapportées
Incidents avec menaces, blessures ou victimes rapportées
0
1,000
2,000 km
Echelle à l’Equateur
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Session I
Atelier 3 Quelles réponses aux crises sanitaires ?
Président : Naby Youssouf Bangoura
Ministre d’État, Secrétaire général de la Présidence
de la République, Guinée‐Conakry
comme c’est encore parfois le cas) afin de promouvoir une vision
commune qui engendrera des réponses communes.
Le 18 septembre 2014, à travers la résolution 2177, le Conseil de sécurité
de l’ONU a qualifié Ebola de « menace pour la paix et la sécurité
internationales ».
Cette décision a rappelé que, malgré une accalmie apparente, la situation
de crise causée par la pandémie en Afrique et ailleurs dans le monde est
encore loin d’être sous contrôle. L’Organisation mondiale de la santé
(OMS) faisait état au 21 novembre 2014 de 5459 morts dus à l’épidémie
de fièvre hémorragique sur un total de 15351 personnes infectées par le
virus, tout en affirmant que ces chiffres étaient surement sous-estimés. Le
phénomène, qui touche principalement la Guinée, le Libéria et la Sierra
Leone s’étant rapidement propagé à d’autres pays africains comme le Mali.
Le problème étant transnational, l’échelle de la crise est aujourd’hui
régionale, avec un potentiel d’explosion qui dépasse les capacités
d’intervention des États. Pourtant, il est essentiel que les pays du continent
apportent des « solutions africaines » à ce « problème africain ». Cela passera nécessairement par la mise en place d’une vision partagée des risques
et des solutions à apporter, appuyée par une grande synergie de tous les
acteurs concernés, un financement adéquat, mais également par la mise
au point d’une planification stratégique à tous les niveaux de décision.
Mais comment donner vie à cette réponse africaine ? Quelles leçons retenir
de l’exemple guinéen qui a su apporter un début de réponse à la propagation
de la maladie ? Quelle place pour les acteurs non étatiques et la communauté internationale, notamment concernant le financement ?
Des solutions africaines à des problèmes africains :
centralisation et prise de responsabilité des États
La gestion des crises sanitaires auxquelles sont confrontés aujourd’hui
les pays africains les invite à une appropriation africaine des enjeux
de la lutte contre les pandémies. Il est d’ailleurs à noter que l’Union
africaine a développé très rapidement une solidarité à l’endroit des
pays touchés, en faisant un plaidoyer pour éviter leur stigmatisation.
Cependant, les divers gouvernements africains ont encore le réflexe
de se tourner vers leurs anciens partenaires du Nord, pour leur
demander assistance et coopération, plutôt que vers leurs voisins.
Le phénomène transnational Ebola et l’ampleur géographique
qu’il a pris a pourtant permis de prendre conscience de la menace
partagée et de la nécessité d’y apporter des solutions africaines.
Cela implique de développer une plus grande synergie de tous
les acteurs africains (et pas seulement une coopération Sud-Sud
Pour ce faire, la piste envisagée est la coopération transnationale
à travers un organisme qui saura faire face aux enjeux du futur.
Cette structure constituerait un mécanisme de coordination
efficace et rationalisé à même de faire face aux urgences, mais devra également être une entité à part entière, en mettant l’accent
sur la recherche par exemple. Il existe bien en Afrique de l’Ouest
une organisation de la santé (dans le cadre de la CEDEAO) mais
ses missions restent connexes à l’orientation et à la définition des
politiques de santé.
Pourtant, la coopération ainsi centralisée apparaît comme la réponse
la plus pertinente pour faire face aux crises que traverse le continent.
L’État africain face à ses responsabilités
Cette coopération devra s’accompagner d’une plus grande prise de
responsabilité des États africains dans les réponses, mais surtout
dans la prévention des crises.
L’état de la gouvernance en Afrique a une influence considérable
sur l’aggravation des crises sanitaires, même si certains pays
comme le Sénégal possèdent un système de santé avec tout ce
qu’il implique en matière de capacités organisationnelles et de
qualité de la ressource humaine. La gestion des crises sanitaires
exige que l’accent soit mis sur les capacités des États à apporter
des réponses précoces et à intervenir avant que les problèmes ne
prennent l’ampleur de fléaux. Dans le cas du Sénégal, la rapidité de
la riposte et la disponibilité d’un plan avant l’apparition du premier
cas expliquent les résultats probants de l’intervention des autorités
sanitaires dans le pays.
Le cas de la Guinée ou l’importance
de la planification stratégique
L’expérience guinéenne a mis en lumière l’importance d’une
planification stratégique déclinée en plans opérationnels, avec
l’objectif de maîtrise de la situation conjoncturelle dans le court
terme, pour répondre aux crises une fois qu’elles se sont déclarées.
Il a fallu à la Guinée vingt mois, après la déclaration de la pandémie,
pour assister à la confirmation d’un état clinique qui atteste de son
recul. À compter de mars 2013, la Guinée a enregistré 2 292 cas
déclarés dont 734 sont sortis guéris de leur morbidité, même si 62 %
des cas ont été mortels. La riposte des autorités de santé publique
a pu endiguer la propagation de la fièvre à l’intérieur de préfectures
touchées, au point qu’en novembre 2014, dix des trente-trois
préfectures n’ont pas eu à enregistrer de cas déclarés.
53
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Une diversité d’acteurs sur lesquelles
appuyer sa stratégie
L’amélioration de la situation en Guinée est également le résultat
d’une intervention qui a impliqué divers acteurs, à savoir les services
de santé et les pays limitrophes, notamment le Sénégal, à travers
le corridor humanitaire qu’il a ouvert pour acheminer de l’aide
(principalement extérieure) dans les trois pays les plus touchés par
l’épidémie (Guinée, Sierra Leone et Liberia) en septembre 2014.
Mais aussi grâce aux ONG et aux organisations internationales
humanitaires, dont notamment le Comité international de la CroixRouge (CICR), qui a prouvé sa capacité d’intervention avec des
moyens spécialisés et en travaillant avec les relais locaux.
Un financement fatalement extérieur ?
Enfin, la question du financement, problème récurrent dans la mise
en place de stratégies en Afrique, doit être considérée. Les pays
africains ont notamment du mal à respecter les normes préconisées
par l’OMS concernant le pourcentage du budget national à allouer
à la santé publique (de 15 %). Les subventions dépendent en
grande majorité de la mobilisation internationale, ce qui peut
constituer un frein à la rapidité et à la qualité des réponses. Ainsi,
la communauté internationale a attendu que l’ampleur des crises
atteigne des proportions insupportables avant qu’il ne soit entrepris
une initiative pour mener des interventions. Par ailleurs, l’efficacité
du financement pour la lutte contre les crises sanitaires peut être
débattue quand on constate parfois que tout manque sur le terrain,
et cela dans des proportions qui amènent à s’interroger sur la
destination des fonds levés. Même si l’exemple de l’ouverture du
corridor humanitaire du Sénégal a permis de relativiser cette
question. De plus, certains engagements des bailleurs aux pays
touchés ne se traduisent pas toujours par des actes concrets au
moment de la collecte des montants promis.
Répartition des cas du virus Ebola par semaine en Guinée, Sierra Leone, Liberia et Mali (4e semaine de l’année 2015)
Source : ECDC – Données tirées des rapports des ministères de la santé (cas suspectés, probables et confirmés)
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Session I
Atelier 4 Territoires et frontières
Président : Ahmedou Ould Abdallah
Président du Centre des Stratégies pour la Sécurité
du Sahel Sahara, ancien ministre, Mauritanie
La problématique de la maîtrise des territoires et des frontières
en Afrique de l’Ouest touche plus particulièrement les États de la
bande sahélo-saharienne (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie) et ceux
du Maghreb (Algérie, Libye). Les réponses sont multiples et doivent
s’illustrer à différentes échelles : nationale, régionale et locale.
Comment renforcer la présence de l’État dans les zones à faible
densité et sécuriser les frontières ? Comment protéger et associer
les populations des zones périphériques à la sécurité ? Comment
répondre à l’évolution géostratégique des régions nord-africaines et
sahéliennes et innover dans la coopération transfrontalière ?
Faire face aux groupes terroristes militarisés qui
souhaitent se territorialiser
A l’échelle nationale, le constat unanime est celui de l’absence
de l’État dans les régions septentrionales des pays du Sahel. Au
mieux, il est présent dans une seule ville et les services associés sont
lacunaires ou exercés de manière intermittente. Certes, la superficie
étendue, la dispersion des centres de peuplement et les déficits
en infrastructures (routes, santé, éducation, accès à l’internet haut
débit) imposent des contraintes particulières dans ces périphéries éloignées des capitales. Seule la prise en compte des besoins
sociaux, complétée, dans les aires en crise politique, d’accords durables de paix, peuvent restaurer ou installer la présence de l’État.
Il revient à l’État d’assurer les fonctions régaliennes fondamentales
: contrôle des enveloppes frontalières, sécurité des populations des
périphéries et de la circulation, services de base (justice, éducation,
santé, routes, accès numérique), édification de villes frontalières.
C’est la seule réponse aux groupes radicaux militarisés recourant
à des tactiques violentes de nature terroriste et cherchant à se
territorialiser tout en conservant la flexibilité et la mobilité
offertes par le jeu des réseaux et des alliances transfrontières.
L’usage abusif du terme « terrorisme » ne permet pas de concevoir
une réponse globale aux défis posés par ces périphéries.
étaient stratégiques, au même titre que les Nords des États du Sahel.
Cette représentation inédite (notamment dans les chancelleries)
pourrait servir de support pour promouvoir l’idée d’un destin
commun, débouchant sur des politiques régionales coordonnées,
indispensables dans des espaces aussi étendus. Ceci suppose un
changement dans les relations entre les deux acteurs majeurs du
Maghreb, de façon à faire vivre enfin l’Union du Maghreb Arabe
(car le « non-Maghreb » a un coût élevé) et de donner corps à des
formats de type CEN-SAD qui font cruellement défaut, et dont on
aurait tant besoin. Ceci implique également que la Libye se stabilise
au Nord et dans son articulation entre les populations du littoral
nord et celles des périphéries méridionales.
La nécessité d’une coopération transfrontalière
à l’échelle locale
À l’échelle locale, le développement de la coopération transfrontalière
d’intérêt local et de portée régionale permettrait de répondre aux
attentes des populations locales, de les détourner de tentations
subversives inspirées de l’extérieur et d’éviter les frustrations. Le
levier central de la stabilisation est l’association des populations
locales. En outre, il faut être deux pour contrôler les voies de passage
frontaliers. Les frontières d’Afrique sont devenues des frontières
africaines. Les défis concernent plus le contrôle du territoire que
le tracé des frontières : une pensée stratégique africaine sur ce sujet
majeur doit s’exprimer et le Programme Frontière de l’Union
africaine doit y concourir et devrait être généralisé aux États de
l’Afrique de l’Ouest. Les frontières envoient à l’État, qui ne peut
exister sans limites linéaires. Et pour les populations, la frontière
est d’abord, en temps de paix, une ressource et non une contrainte.
Les activités transfrontalières prospèrent le long des frontières déjà
réglées: Burkina Faso-Mali, Mali-Mauritanie-Sénégal, Mali-Côte
d’Ivoire, Nigéria-Niger. Les relations établies entre riverains autour
des rivières et des lacs (Sénégal, Niger) vont dans le même sens.
À l’inverse les segments frontaliers sujets à des tensions bloquent
les relations normales d’échelle locale (Tchad-Soudan, Tchad-RCA).
La sécurité locale et régionale est cruciale non seulement dans les
relations entre les États mais aussi au plan local.
Si les opérations Serval et Barkhane ont permis d’éloigner les acteurs
terroristes étrangers aux pays de la zone et de créer ainsi les conditions
d’un retour de l’État, les facteurs nationaux de tensions demeurent et
la mission régalienne de celui-ci est donc loin d’être terminée.
De nouveaux espaces de référence
A l’échelle régionale, il importe d’élargir l’espace de référence et
de raisonner désormais sur une représentation élargie à l’ensemble
régional Maghreb – Sahara – Sahel. Les États du Maghreb (Maroc,
Algérie, Tunisie, Libye) ont découvert que leurs propres Suds
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« À l’heure de l’intégration, rien ne justifie le fait que les frontières
soient sources de conflits. Elles doivent plutôt être facteurs de paix
et échanges entre les populations des différents pays concernés.»
N’Faly Sanoh,
Directeur du département libre circulation de la CEDAO
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Session I
Atelier 5 La menace des trafics :
dissémination des armes et criminalité organisée
Président : Raymond Gilpin,
Doyen du Centre d’études stratégiques de l’Afrique,
National Defense University, États-Unis
Dans un contexte mondial en pleine mutation et porteur de risques
multiformes, l’Afrique est devenue l’un des pôles mondiaux de la
criminalité organisée, plus particulièrement en Afrique de l’Ouest
et dans la zone sahélienne. Profitant à la fois de la faiblesse de
l’État de droit, de l’instabilité politique (multiplication des coups
d’État) et d’une pauvreté sévère dans plusieurs pays, des groupes
de trafiquants organisés en réseaux multiplient ainsi des activités
illicites, le plus souvent dans les zones frontalières mal administrées
et dans des zones de crises endémiques. De nos jours, l’économie
criminelle se globalise du fait de l’extension et de la mondialisation
des réseaux, et ces trafics ne cessent de s’accroître au fil des ans.
Quels sont les conséquences de ces trafics ? Quelles sont les difficultés
rencontrées par les États africains pour y faire face ?
Des trafics illicites protéiformes, source
d’insécurité et d’instabilité sociale et économique
Les différents trafics illicites sont protéiformes (trafic de drogue, trafic d’armes, trafic d’êtres humains, blanchiment d’argent, trafic de
produits miniers, brigandage/piraterie maritime, cybercriminalité,
etc.) et leurs caractéristiques en permanente évolution. Ils sont
désormais mondialisés, multidimensionnels et très souvent liés au
crime organisé.
Le trafic de drogue est aujourd’hui indissociable de la criminalité
et sa consommation interroge au-delà même de la simple question
de santé publique. Il entraîne une insécurité déstabilisante pour les
États africains : concurrence entre groupes criminels pour l’accès
aux routes des trafics et territoires de consommation, augmentation
de la violence, encombrement des appareils judiciaires déjà saturés,
montée de la corruption, essor des grandes pandémies, etc.
Le lien entre trafics illicites et criminalité organisée est à souligner,
que ce soit la drogue, les armes à feu, les médicaments frauduleux,
la contrebande de cigarettes ou d’ivoire, la traite d’êtres humains.
Tous ces trafics sont caractérisés par une inter-connectivité des
réseaux et une transversalité des crimes. En outre, ces trafics sont
facilités, en Afrique, à la fois par :
– l’ importante corruption. Conjugués à la faiblesse des institutions
judiciaires et policières locales, les trafics illicites sont un facteur
évident de vulnérabilité à la corruption,
– la culture de l’impunité. La fragilité des institutions et la persistance
de pouvoirs autoritaires sont alors des obstacles à la bonne
gouvernance et l’État de droit,
– le fait que le continent soit un carrefour entre deux routes clefs
du crime organisé (Amérique du Sud/Europe et Asie du Sud-Est/
Europe).
Ces activités illicites constituent aujourd’hui des défis majeurs
pour la sécurité et la stabilité des sociétés qu’elles touchent et la
situation ne cesse de se dégrader depuis plusieurs années. Ces
différents trafics représentent une perte économique conséquente
pour les États concernés (destructions économiques diverses, perte
de points de croissance, corruption…), accentuant ainsi les
phénomènes de pauvreté. Or, les actions menées par les autorités
nationales en Afrique contre ces trafics sont encore trop modestes
et ponctuelles. En effet, certaines élites politiques profitent
directement ou indirectement de ces activités illicites (corruption,
ressources économiques, ressources politiques, pacte social…).
Le combat contre le crime organisé lié à ces trafics est extrêmement
complexe. Il doit être multidimensionnel et demande ainsi une
synergie entre acteurs nationaux mais aussi internationaux, que
peu d’États sont en mesure de mettre en place seuls, notamment
par manque de moyens financiers.
Des trafics de plus en plus liés aux réseaux
terroristes
La problématique des trafics se superpose, le plus souvent, avec
celle de la sécurité et avec celle des réseaux terroristes, qui y
trouvent alors de nombreux avantages (ressources financières et
ressources humaines). Ainsi, de plus en plus de groupes terroristes
tissent des liens avec des organisations criminelles. Le trafic de
drogue a, de fait, une très grande importance économique pour
plusieurs mouvements jihadistes au Sahel. Des points de convergence
géographiques, économiques et parfois même politiques uniraient
alors trafiquants et certains groupes terroristes. Toutefois, il est difficile
d’évaluer l’ampleur du lien entre terrorisme et trafics illicites.
Un manque de réponse coordonnée
Si les États africains ont reconnu la menace potentielle que représentent les trafics illicites et le crime organisé pour leur souveraineté, les mesures nécessaires pour y faire face souffrent encore de
nombreuses lacunes : absence d’évaluation des politiques de lutte
en cours, faiblesse organisationnelle de certains programmes
internationaux de lutte contre la criminalité organisée, déficit de
formation et d’équipements des forces de sécurité face aux risques
multiformes… La communauté internationale a certes dévelop-
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
pé au cours de ces dernières années un ensemble d’instruments
juridiques et des stratégies de lutte contre les trafics illicites.
Toutefois, et concernant le continent africain, ces instruments
pourraient s’avérer plus efficaces s’ils étaient adéquatement mis en
œuvre. En effet, la réponse appropriée aux divers trafics se heurte
aujourd’hui à un manque de coordination à la fois entre les services
au niveau national, régional et international.
Une approche multisectorielle
La lutte contre les menaces des trafics illicites ne peut se résumer
qu’à la seule dimension sécuritaire sans se préoccuper également
de la prévention des conflits, de la gouvernance et du développement. La dimension plurifactorielle du crime transnational
organisé suggère alors une approche multisectorielle, permettant
d’intégrer à la fois les aspects sécuritaires et les dimensions liées
au développement. Des premières pistes concrètes ont ainsi été
évoquées par les intervenants :
– harmoniser les stratégies existantes (dans le cas de la zone sahélienne, on ne compte pas moins de cinq initiatives aujourd’hui),
– renforcer le secteur de la justice, notamment en harmonisant les
lois et l’efficacité de chaîne pénale, et améliorer l’entraide judiciaire
pénale internationale,
– renforcer les moyens de lutte contre la corruption,
– améliorer la gestion des services de renseignement et favoriser
leur collaboration aux niveaux régional et international,
– adapter les formations et les capacités des forces de sécurité aux
risques multiformes,
– mettre à l’agenda international la question du financement de la
lutte contre les trafics illicites.
Saisies d’armes illicites et direction du trafic en Afrique de l’Ouest (2008-2011)
Source : Rapport 2013, UNODC
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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Session II
Quelles réponses
aux crises ?
Atelier 6
Solutions africaines
Atelier 7
Nations unies/Union africaine : quelles synergies
?
Atelier 8
Financements et pérennisation des efforts militaires
de réponses aux crises
Atelier 9
Réponses militaires, réponses civiles aux crises
Atelier 10
Environnement sécuritaire et développement
économique
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Session II
Quelles réponses aux crises ?
Atelier 6 Solutions africaines
Président : Jakkie Cilliers
Directeur de l’Institute for Security Studies
Face aux crises qui touchent le continent africain, il s’avère
nécessaire de mener une réflexion autour des réponses africaines.
Si la notion de solutions africaines aux problèmes africains n’est
pas nouvelle en soi, son contenu reste encore à définir. S’agit-il
de donner la primauté aux États africains en termes politiques,
stratégiques ou opérationnels ? Quels instruments peuvent traduire
de manière opérationnelle ce discours? Quelles sont leurs sources
de fragilité ?
Des instruments africains pour des solutions
africaines fragilisés par leur structure
La Force africaine en attente (FAA), après un premier report de
5 ans, est supposée être prête au déploiement dans chacune des
régions (ouest, est, centre, nord, sud) en 2015. L’évolution et la
nature des conflits armés récents, notamment soudanais, malien
et centrafricain, n’ont cependant pas permis aux chefs d’État de
préparer au mieux cette nouvelle échéance. Cette situation a fini
par révéler à la fois l’espoir et le scepticisme dont fait preuve
l’ensemble des acteurs impliqués dans ce projet.
En 2013, la Capacité africaine de réaction immédiate aux crises
(CARIC) a été proposée comme un mécanisme transitoire et de court
terme pour pallier les carences de la FAA, permettant d’apporter
une réponse immédiate et de prévenir l’escalade des conflits. Celleci repose sur une contribution d’États africains volontaires dont
l’engagement dépend en grande partie de leurs intérêts nationaux.
En 2014, douze pays y contribuent à des degrés divers (Angola,
Algérie, Burkina, Tchad, Niger, Rwanda, Soudan, Sénégal, Afrique
du Sud, Tanzanie, Ouganda), la liste demeurant ouverte. Afin de
traiter les situations d’urgence, une vraie solidarité et un plus grand
engagement de la part des États africains sont nécessaires.
La question du financement est au centre des débats, soulignant la
nécessité pour les États africains d’avoir les moyens de leurs ambitions.
En effet, étant donné la nature complexe des menaces, les moyens
financiers ne sont jamais suffisants. Pour autant, le cofinancement
ou la contribution des États en fonction de leur produit intérieur
brut (PIB) sont des propositions à envisager.
D’autres mécanismes de l’Architecture africaine de paix et de
sécurité (APSA) sont à explorer, notamment les systèmes d’alerte
précoce à l’échelle continentale et régionale, bien que leur mise en
œuvre fasse encore défaut. Il est de même nécessaire d’identifier
les groupes avec lesquels il est possible de discuter, ainsi que leur
agenda politique, dans le cadre des processus de médiation et de
négociation.
Quelle volonté politique ?
La définition de la notion de « solutions africaines » revient finalement à clarifier une fois de plus la question de la volonté politique.
S’agit-il de laisser entre les mains de quelques États la gestion de la
paix et de la sécurité avec les risques d’instrumentalisation
politique et d’hégémonie régionale et continentale que cela implique ?
Puisque de nombreux obstacles politiques et opérationnels ont
empêché la mise en place d’une capacité de déploiement rapide
(CDR) au sein de la FAA, la CARIC ne risque-t-elle pas d’être
confrontée aux mêmes défis, sachant que les contributeurs sont
les mêmes États et leurs armées nationales ? L’une des questions
récurrentes reste d’ailleurs l’articulation entre ces outils durant la
période de montée en puissance de la CARIC et l’opérationnalisation
de la FAA.
Étant donné la dimension transrégionale des menaces (piraterie,
terrorisme, criminalité, etc.), les mécanismes sécuritaires délimités
géographiquement, c’est-à-dire suivant les frontières des États appartenant à une seule organisation régionale, devront être repensés
pour être efficaces. Chaque État n’en reste pas moins tenté de
choisir le cadre d’action le plus rentable politiquement et économiquement, qu’il s’agisse de l’Union africaine (UA), d’une coopération
interrégionale – sur le modèle CEDEAO/CEEAC dans le golfe de
Guinée – ou de coalitions ad hoc, ayant inspirés la proposition de
CARIC.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Une stratégie africaine solide, avec le soutien
de la communauté internationale
Ainsi, en matière de paix et de sécurité sur le continent, l’UA devrait
s’impliquer davantage afin de permettre aux acteurs africains d’être
à l’avant-garde avec le soutien de la communauté internationale.
L’application de solutions africaines ne signifie pas laisser l’Afrique
seule pour régler des problèmes dont les causes et les conséquences
dépassent le cadre du continent. Il est essentiel que les États africains
définissent une stratégie commune avec des objectifs clairement identifiés sur lesquels les partenaires pourront s’appuyer. Cela permettra de
choisir de manière conjointe la meilleure option permettant d’agir de
manière préventive, c’est-à-dire en gérant un conflit sur le court terme
sans créer un terreau propice à de futures crises.
Maintien de la paix de l’Union africaine
Source : Union africaine
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Session II
Atelier 7 Nations unies/Union africaine : quelles synergies ?
Président : Smaïl Chergui
Commissaire à la paix et à la sécurité, Union africaine
MINUAD au Darfour, AMISOM en Somalie, MONUSCO en
République Démocratique du Congo, toutes ces réponses aux crises
sécuritaires que connait le continent indiquent une dynamique de
rapprochement de plus en plus poussée entre les Nations unies
(ONU) et l’Union africaine (UA). Elles témoignent aussi d’une
volonté accrue de la part de l’organisation régionale de s’impliquer davantage dans son destin sécuritaire tout en recherchant un
équilibre avec les institutions de la structure internationale.
Mais quelle synergie entre les deux entités ? Quels défis leur restentils à relever ? Quelle place pour les autres acteurs internationaux
dans la gestion des crises sécuritaires africaines ?
Un partenariat à approfondir : les défis à relever
Toutefois, malgré ces avancées notables en matière de coopération
dans la gestion des crises, des mesures d’approfondissement sont
nécessaires pour rendre le dialogue ONU / UA plus efficient.
La question des déficits capacitaires dans les Opérations demeure
un problème majeur, comme le démontre la difficulté du soutien
de la Mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au
Darfour (MINUAD): un appui compté au plus juste, des doubles
chaînes de commandement, et une formation et un équipement des
troupes insuffisants.
Un autre défi à relever est la difficulté à développer une appréciation
commune des risques et menaces à la paix entre les deux
organisations et leurs États-membres. Les intérêts nationaux des
États-membres ne sont pas toujours assez pris en compte. Or, ces
derniers ne peuvent être écartés du processus d’évaluation et de
décision de l’ONU, comme de l’UA.
Personnel africain en uniforme dans les missions
de l’ONU et l’UA, 2003-2014
Quel partenariat Nations unies/Union africaine ?
L’Afrique acteur de sa sécurité ?
Les relations entre l’ONU et l’UA ont connu une évolution très
positive ces dernières années et peuvent être désormais qualifiées de
privilégiées. L’organisation internationale a aujourd’hui une longue
pratique de gestion des crises africaines (elles représentent 78 % des
résolutions du Conseil de sécurité) et a connu une lente mutation,
rendant ce partenariat quasi-permanent et non plus occasionnel
comme par le passé. En témoigne l’importance de la représentation
de l’ONU auprès de l’UA.
Dans le même temps, l’Afrique cherche à devenir acteur à part entière de sa sécurité. Au fil des années, la pratique s’est progressivement installée au sein de l’organisation internationale de conférer
une délégation de la gestion des crises aux pays africains eux-mêmes.
Ceci en raison de leur meilleure connaissance de la région et de
leur capacité à faire face rapidement à certaines menaces locales.
L’ONU se réservant les dimensions de crises réclamant une gestion
à plus long terme.
Aujourd’hui, les pays africains sont plus dynamiques et, tout en
mettant l’accent sur l’importance de développer davantage la
coopération, n’hésitent plus à se saisir eux-mêmes des dossiers
sans attendre nécessairement une délégation du Conseil de sécurité
des Nations unies (CSNU), compte tenu de la diversité et de la
localisation régionale des menaces qui les concernent collectivement.
D’ailleurs, le CSNU, ne saurait désormais statuer sur une question
engageant la paix et la sécurité du continent africain sans recueillir
par avance les délibérations et les avis de l’UA.
Source : The Japonese National Institute for Defense Studies, traduit de l’anglais
Par ailleurs, ce défaut de concertation se retrouve également entre
l’organisation internationale et l’UA. Afin d’améliorer la situation,
une des solutions à envisager est la construction d’un mécanisme
de réflexion stratégique au sein de l’organisation régionale associant
étroitement l’ONU et autorisant à mieux anticiper et prévenir
l’émergence des dangers. Un mécanisme qui saurait tenir compte
de la dimension et de la nature interrégionale des risques et menaces
liés à la globalisation et permettrait la construction de canaux de
dialogue plus horizontaux, associant les organisations régionales
et les États.
63
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Un troisième point à développer concerne les conditions de transition
d’un dispositif de l’UA et de l’ONU aux acteurs locaux. Peu de travaux
et de retours d’expérience ont été menés à ce jour sur ce sujet sensible
qui reste pourtant très pertinent pour agir à l’origine même du problème.
L’actuel processus de révision du rapport Brahimi sur les opérations
de maintien de la paix devrait permettre de redéfinir sur des bases
concrètes le partenariat ONU-UA. Trois représentants africains étant
présents dans la commission chargée d’instruire le dossier, les travaux
devraient constituer un moment propice pour permettre à la voix africaine d’être mieux entendue à New York.
Quelle place pour les autres partenaires dans
la gestion des crises ? L’UE, un partenaire privilégié
Si la collaboration ONU-UA est en voie d’amélioration constante, il
convient de la compléter avec les ressources et capacités des autres
partenaires, afin de permettre à la voix de l’Afrique d’être mieux
entendue au sein de la communauté internationale.
Les rapports entre l’Union européenne (UE) et l’UA ne cessent de se
développer avec le constat d’une communauté d’intérêt dans la
gestion des risques et des menaces (terrorisme-criminalité) touchant
aussi bien l’Afrique que l’Europe. Le rôle de soutien clé de l’UE apparaît
clairement dans ses contributions aux opérations de l’UA (1,5 milliards
d’Euros pour l’AMISOM, mission de l’UA en Somalie), aux activités de
soutien et de formation des brigades en attente et des missions locales
aux États en danger (EUTM, EU-NAVFOR ATALANTA).
Le dialogue euro-africain a ainsi mené à l’activation de stratégies
régionales de l’UE permettant de contribuer à une meilleure prise de
conscience en Europe de l’importance d’aider l’Afrique. La France
s’y est employée, même si des progrès restent encore à faire. Un tel
partenariat ne pourra cependant porter ses fruits que si les pays
africains favorisent la mise en place d’un État de droit, meilleur outil
de prévention des conflits qui puisse se concevoir.
D’autres collaborations restent à approfondir, notamment avec l’Asie,
pour affiner les coopérations entre grands partenaires internationaux
et l’UA.
Au niveau de la société civile, le rôle et le conseil des femmes, dans la
perspective de l’évolution démographique que connaît le continent,
doivent être pris en compte et encouragés.
Mieux coordonner pour mieux prévenir
Au cœur des logiques de toutes ces coopérations avec l’UA se trouve
une volonté d’anticipation et de prévention des crises et des conflits.
Il s’agit à terme de mieux coordonner de manière très pratique les
bonnes volontés des uns et des autres, avec une attention toute particulière à apporter aux ressources et capacités que les uns et les autres
peuvent produire.
Opérations de paix en Afrique (octobre 2014)
Source : The Japonese National Institute for Defense Studies
64
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Session II
Atelier 8 Financements et pérennisation des
efforts militaires de réponse aux crises
Président : Olusegun Obasanjo,
Ancien Président de la République fédérale du Nigeria,
Président de la Fondation Obsanjo
2525premières
arméesd’Afrique
d’Afrique
en budgets
premières armées
en Budget
Budget défense 2014
en dollars (en millions)
Avec la montée en nombre et en intensité des actes de terrorisme
et des conflits en tous genres (trafics, traite d’êtres humains,
etc.), la gestion de crise est aujourd’hui plus que jamais au cœur
des préoccupations des Africains et de leurs partenaires. Afin d’y
répondre efficacement, il apparait nécessaire de développer des
synergies entre trois axes principaux : le militaire, le développement
et l’humanitaire. Mais cette gestion de crise, pour être pertinente,
impose un financement durable, qui doit permettre d’apporter une
réponse structurelle dans le temps. Quelles sont les problématiques
de financement auxquelles sont aujourd’hui confrontés les pays
africains ? Comment pérenniser les efforts militaires de réponse
aux crises ?
$5 450
$6 850
Libye
Le coût du soutien des troupes projetées dans le cadre des opérations
de maintien de la paix des Nations unies (ONU) est très important.
Il s’est élevé en 2014 à 8 milliards de dollars pour l’Afrique seule.
L’Union européenne (UE) a pour sa part investi 1,2 milliard d’euros
dans les opérations de maintien de la paix en Afrique depuis 2004,
le Burundi et la Somalie étant les deux plus gros postes de dépense.
Par ailleurs, le Japon est le plus grand contributeur des opérations
de maintien de la paix en Afrique, même si la coopération japonaise
n’est pas toujours très visible.
La problématique du financement conduit parfois à établir le
dimensionnement d’une force à partir du financement disponible.
L’efficacité d’une projection est donc hypothétique avant même son
déploiement.
$12 000
Egypte
Angola
Une interopérabilité des forces projetées à repenser
Alors que l’UE est contrainte dans ses financements, notamment
concernant l’allocation de fonds à l’acquisition d’équipement militaire,
et que certains pays membres de l’ONU refusent que des cotisations
paient les Opérations de maintien de la paix de l’Union africaine,
l’Union africaine (UA) est forcée aujourd’hui de rechercher des
solutions innovantes. Il existe des alternatives pour contourner les
difficultés de financement, notamment par l’assistance bilatérale.
L’aide peut être logistique et matérielle et non directement
financière. Les États-Unis ont par exemple récemment acheminé
250 véhicules par leurs propres moyens sur un théâtre africain.
Mais cette configuration n’est pas durable, ni systématique sur une
opération, ni reproductible sur un autre théâtre.
Algérie
*
$4 660*
Afrique du Sud
$4 010
Maroc
$3 860
Nigeria
$2 250
Soudan
$189 0*
Sud Soudan
$1 040
Kenya
$1 040
Tunisie
$911
Côte d’Ivoire
$812
République du Congo
$720
République démocratique du Congo
$456
Zambie
$422
Cameroun
$410
Namibie
$410
Ouganda
$405
Tanzanie
$396
Ethiopie
$375
Zimbabwe
$368
Mali
$365
Botswana
$346
Ghana
$277
Sénégal
$254
Source
Budget 2013
: Données tirées du Military Balance 2015
Source : Données tirées du Military Balance 2015
Une transformation nécessaire
Les institutions de sécurité ont toujours été importantes dans les
États africains. Issues de l’héritage colonial, les forces, dont la
fonction première était de protéger un cercle de pouvoir restreint,
ont des capacités inégales. Les armées (dans leurs missions les plus
classiques) sont souvent dédaignées par le pouvoir, hormis dans le
cadre de la sécurité du régime. En conséquence, les forces ont une
faible capacité à protéger le territoire et les ressources naturelles
afférentes.
La question cruciale des capacités des armées africaines, des
Communautés économiques régionales et de l’UA, repose en partie
aussi sur les lois de programmation militaire. En effet, ce n’est pas
parce qu’un pays est pauvre qu’il ne peut pas planifier les évolutions
de ses armées (missions, matériels…). Il est de même important de
penser l’évolution des structures de défense et de sécurité.
65
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Par ailleurs, se pose un problème de gouvernance interne. En effet,
comment attribuer des budgets aux armées quand les autres services
publics essentiels sont sous-financés ? Cette question est une source
d’instabilité et de contestation interne. De plus, en situation de postcrise, les populations n’ont pas confiance en leur armée nationale. Il est
donc important de rendre acceptables les budgets de Défense nationaux
afin de pouvoir créer, même indirectement, un lien de confiance entre
un peuple et son armée. Pour autant, il faut être attentif à ce que la
montée des questions de sécurité ne conduise pas à la militarisation de
régimes africains avec le soutien d’acteurs internationaux.
Sur le plan normatif, de nombreux efforts ont abouti à la mise en place
de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la Charte
africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, ainsi
que la Cour africaine de justice et des droits de l’homme (CAJDH).
Les contributeurs au rétablissement de la paix et de la sécurité sont
aussi les premiers bailleurs du développement, ce qui comporte un
risque de confusion et de fusion entre les budgets des opérations
de rétablissement de la paix et ceux du développement. Il est donc
important de différencier ces deux types de budgets.
Enfin, le soutien africain à la Force en attente, enjeu important pour
la sécurité du continent, devrait être plus élevé de la part des États
africains.
Boko Haram a des conséquences de plus en plus néfastes sur les
populations des pays voisins. Les mois d’octobre et novembre ont été
marqués par un déplacement massif de populations. Par exemple, le
gouvernement du Niger évalue à plus de cinq mille le nombre de
personnes ayant fui le nord du Nigeria depuis mai 2013 pour se
réfugier dans la région nigérienne de Diffa.
Dépenses
militaires
Afrique
Dépenses militaires een
n Afrique Dépense en milliards Evolution en pourcentage 2013-­‐2014 2005-­‐2014 (50,2) 5,9 91 Afrique 20,1 7,6 144 Afrique du Nord (30,1) 4,8 66 Afrique subsaharienne () : Estimation incertaine Sources: SIPRI, Trends in Worlds Military Expenditure, 2014 Source : Sipri, Trends in Worlds Military Expenditure, 2014
Gouvernance
La question de la gouvernance est un enjeu central de tous les conflits
sur le continent. L’effort doit donc aussi porter sur cet axe, sous forme
d’une réponse normative et politique, à différentes échelles : UA,
Communautés économiques régionales et au niveau national.
25 premières armées d’Afrique en effectifs
25 premières armées d’Afrique en effectifs
Hommes actifs
Egypte
438 500
Soudan
264 300
Erythrée
201 750
Maroc
195 800
Sud Soudan
185 000
Algérie
167 200
Nigeria
162 000
Ethiopie
138 000
République démocratique du Congo
134 250
Angola
117 000
Afrique du Sud
62 100
Ouganda
45 000
Côte d’Ivoire
40 000
Tunisie
35 800
Rwanda
35 000
Tchad
34 850
Kenya
29 120
Zimbabwe
29 000
Tanzanie
28 400
Cameroun
23 200
Madagascar
21 600
Burundi
21 000
Sénégal
18 600
Ghana
15 500
Namibie
15 200
Source : Données tirées du Military Balance 2015
Source : Données tirées du Military Balance 2015
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Session II
Atelier 9 Réponses militaires, réponses civiles
Président : Général Lamine Cissé
Président, West Africa Partners,
ancien ministre de l’Intérieur, Sénégal
Opération Serval puis Barkhane dans le Sahel, missions de soutien
de la paix de l’Union africaine notamment en Somalie (AMISOM),
les réponses aux crises sécuritaires que traverse l’Afrique semblent
être avant tout militaires. Cependant, si les mandats offensifs qui
se sont succédé ont permis à court terme d’endiguer la propagation des violences, cette approche ne peut pas résoudre à elle seule
la situation catastrophique que vivent des milliers d’Africains. En
témoignent les difficultés à stabiliser les zones concernées après
les interventions. Quelles sont les limites de cette réponse dite «
robuste » ? Comment allier solutions sécuritaires et démarches
politiques dans les stratégies de sortie de crise sur le moyen et long
terme (notamment les DDR - désarmement, démobilisation, réinsertion - et RSS - réforme du secteur de la sécurité.)? Et quelle
place pour les acteurs de la société civile dans cette approche ?
Les limites d’une force de paix robuste
Le recours à la force est parfois nécessaire dans les stratégies de sortie
de crises, notamment quand elles impliquent une lutte contre des
groupes armés violents comme en Afrique. Néanmoins, la question
de l’usage de la force est plus complexe qu’il n’y paraît.
Tout d’abord, il reste limité. Il peut parfois exister, par exemple, une
forte réticence de certains membres du Conseil de sécurité des Nations
unies, tout comme des pays contributeurs de troupes, à soutenir
l’adoption de mandats offensifs en Afrique. Et quand c’est le cas, la
robustesse est souvent regardée avec réticence par le politique, ce
qui engendre des hésitations ou de la frilosité de la part des forces
déployées. Par ailleurs, l’unité de commandement des opérations est
souvent compromise par la tendance de nombreux contingents à
se référer ou se conformer aux instructions de leurs capitales plutôt
qu’à celles du Commandement de la force. Sans parler de l’impératif
pour les Casques bleus déployés de respecter eux-mêmes les droits
de l’homme dans toutes les situations, même les plus violentes.
Ensuite, la présence d’une force de paix extérieure dite « robuste »
peut constituer un alibi derrière lequel s’abritent les autorités
nationales pour ne pas prendre leurs responsabilités en matière de
sécurité. Il est essentiel que les forces internationales développent de
solides partenariats avec des forces de défense et de sécurité
nationales impartiales, professionnelles et respectueuses des droits
de l’homme.
Pour une approche plus politique des stratégies
de sortie de crise
En réalité, la réponse militaire ne doit être considérée que comme
l’une des séquences permettant de soutenir un processus politique,
gage de stabilité sur le long terme. La question de l’usage de la force
dans des situations dites « grises » – où la guerre est en apparence
terminée sans que l’on puisse considérer que la paix est véritablement
instaurée – se pose avec acuité. Dans ces zones, l’action politique
apparaît comme la réponse la plus pertinente, puisque nourrissant
une reconstruction étatique qui sera à même, non seulement de
prévenir la radicalisation des populations, mais également de faire
face à des situations de crises de manière efficace et autonome. En
effet, la mise sur pied d’institutions solides et pérennes est un enjeu
absolument majeur qui doit dépasser la seule question du choix des
dirigeants ou du soutien apporté à des personnalités charismatiques.
Comment articuler réponse militaire, technique
et réponse politique ?
Il convient donc de parvenir à concilier pression politique et action
militaire en maniant chacune d’entre elle avec précaution. L’usage de
la force, nécessaire mais ne devant pas miner les efforts politiques
déployés parallèlement, devrait se concentrer sur des actions très
ciblées. Cela suppose une solide capacité de renseignement, une
grande mobilité (de plus en plus indispensable pour compenser
l’insuffisance numérique des forces de paix) et une meilleure maîtrise
des implications stratégiques des actions menées au niveau tactique.
Cette approche mérite également d’être appliquée aux processus de
désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et de réforme
des secteurs de la sécurité (RSS) qui font aujourd’hui partie
intégrante des efforts de consolidation de la paix après un conflit. Ils
sont en effet souvent conçus par la communauté internationale sous
un angle purement technique alors que la prise en compte de leur
dimension politique est indispensable à la réussite de ces processus.
A titre d’exemple, les processus DDR ne peuvent aboutir que si les
groupes armés sont assurés d’être en sécurité lorsqu’ils acceptent de
déposer les armes. En matière de RSS, les forces de défense et de
sécurité ne peuvent être crédibles que si elles reflètent la confiance
que les populations placent dans l’État pour assurer leur sécurité.
Plus généralement, la dimension politique des programmes de sortie
de crise ou de consolidation de la paix doit être considérée comme
tout aussi importante que leur seule dimension technique
Il conviendrait par ailleurs de se focaliser, dans le cadre des processus
de reconstruction ou de consolidation de la paix, sur quelques
secteurs clés, notamment en soutenant la coordination et les mécanismes intergouvernementaux.
67
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Quelle place pour les acteurs de la société civile?
Les conditions de mise en œuvre des missions à visée politique
(formation, reconstruction étatique, etc.) dépendent pour beaucoup
des perceptions des populations et des autorités nationales. Un effort
accru doit être fourni en matière de communication et de pédagogie
afin de permettre aux populations et aux autorités nationales de mieux
comprendre les mandats dans lesquels s’inscrit l’intervention des forces
internationales, afin notamment de se prémunir contre la confiance
excessive que les civils placent parfois dans l’intervention militaire (en
clarifiant les objectifs poursuivis par celle-ci). Ce travail est nécessaire
pour accompagner la société civile africaine dans la prise en compte
de sa responsabilité dans le processus de pacification de sa zone
d’habitation. Elle peut en effet jouer un rôle majeur surtout dans la
compréhension des causes des conflits, en renseignant notamment sur
leurs racines culturelles et sociales.
Longtemps passive ou marginalisée, la société civile africaine prend
aujourd’hui de plus en plus activement part à la recherche de solutions
aux crises et aux conflits. Elle est devenue pourvoyeuse d’initiatives
dans le cadre d’une gestion plus inclusive de la sécurité. Un recentrage
du citoyen au cœur de la problématique sécuritaire est en train de se
produire.
Mais, pour agir pleinement, elle a d’abord besoin de pouvoir intervenir
dans le cadre de relations civilo-militaires harmonieuses, à l’instar de
celles qui se développent en Guinée dans le cadre du Comité civilomilitaire (CCM) en place depuis 2006 et qui vise, par la sensibilisation
et le conseil, à l’amélioration des relations entre les deux entités.
Cette approche passera également par l’inclusion de tous les acteurs
concernés dans le processus de reconstruction étatique. Il s’agit de
développer une approche « gradualiste », en commençant à dialoguer
et négocier avec les groupes armés puis en élargissant le cercle aux
autres acteurs, notamment aux victimes, afin que les groupes armés
ne détiennent pas le monopole sur le processus politique.
68
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Session II
Atelier 10 Environnement sécuritaire
et développement économique
Président : Youssouf Ouedraogo
Conseiller du Président, Banque africaine de développement,
ancien Premier ministre, Burkina Faso
En adoptant en 2013 l’objectif de ne pas léguer le fardeau des conflits
à la prochaine génération d’Africains1, l’Union africaine (UA) s’est
engagée à agir et soutenir les initiatives en matière de sécurité, la
démocratisation et le développement. Ces trois domaines apparaissent en effet profondément intriqués et se conditionnent mutuellement. Leurs interactions ont des impacts sur l’économie, la société,
l’environnement naturel ou les institutions politiques et sociales.
La nouvelle donne économique en Afrique qui a joui d’une
croissance moyenne de 5,5 % entre 2003 et 2013, fait aujourd’hui
du développement l’élément moteur de ce triptyque, non sans
distorsions. En effet, outre un dynamisme économique concentré
à l’Ouest et à l’Est du continent (avec une croissance fréquemment
supérieure à 6% au cours de cette période), le développement
économique de l’Afrique repose sur des atouts qui sont également
des fragilités.
Une croissance, fragile et inégale, qui appelle
à un développement plus équitable
Tout d’abord, cette croissance est portée par l’exploitation des
matières premières, au détriment de la valeur ajoutée manufacturière,
en forte baisse depuis les années 1990. La part des exportations du
secteur primaire demeure élevée, compte tenu de la forte demande
mondiale pour ces ressources et de l’importance des réserves
africaines connues ou à découvrir. Mais les instabilités sociales et
politiques, les changements climatiques ou les carences infrastructurelles perturbent leur exploitation. Plusieurs secteurs permettent
cependant de diversifier les économies africaines, tels que les
télécommunications, la construction, les transports ou le tourisme.
Par ailleurs, l’entrée du continent africain dans une phase de transition
démographique constitue un levier de changement considérable2.
Le dividende démographique (augmentation de la part de la population active dans la population totale) pourrait apporter à l’Afrique
une croissance économique élevée et stable sur plusieurs décennies.
_____
(1) Déclaration solennelle sur le 50ème anniversaire de l’OUA/Union africaine, lors du
Jubilée d’Or de l’Union cf. Assembly/AU/decl.3(XXI)
(2) UNFPA, State of World Population 2014. The Power of 1.8 billion: Adolescents,
Youth and the Transformation of the future, 2014, 136p.
(3) Cf. PSC/PR/BR.1(CCLXXIV)
Mais ce potentiel humain ne pourra se réaliser sans des investissements
multisectoriels et des infrastructures, notamment dans les domaines
de l’éducation, du soutien à la création d’emplois ou de la santé.
Enfin, l’émergence économique du continent à l’échelle globale,
dont témoignent l’insertion progressive des économies africaines
dans la mondialisation, ou encore la hausse des investissements
étrangers, masquent d’importantes inégalités locales. La principale
disparité relative à la croissance réside dans la concentration des richesses au sein de cercles de pouvoir, d’élites économiques ou de
communautés ethniques, posant entre autres la question du partage
de la rente d’exploitation des ressources naturelles. Ces inégalités
sont déjà la source de conflits et d’instabilités locales et régionales.
Plus fondamentalement, la pauvreté demeure un défi majeur en
Afrique, malgré des progrès incontestables.
Les vulnérabilités de l’émergence économique de l’Afrique alimentent
un fort ressentiment social, qui risque de s’amplifier à l’avenir, faute
d’un développement économique plus équitable. Outre la pauvreté
et les inégalités, la marginalisation de populations, une urbanisation
sans infrastructures suffisantes, une défiance politique ou encore
une jeunesse sans emploi favoriseront la multiplication d’épisodes
de violence infra-étatique.
Une meilleure approche sécuritaire pour le développement économique
Si un développement économique équilibré est un indéniable vecteur
de prévention et d’atténuation des conflits locaux et interétatiques,
le lien inverse s’avère tout aussi essentiel. Le Conseil de paix et de
sécurité de l’UA note en ce sens que la promotion de la paix, de la
sécurité et de la stabilité constitue un préalable à un développement
durable3.
La montée progressive d’une classe moyenne en Afrique s’accompagne de demandes sociales pour une meilleure sécurité physique et
juridique, et pour la protection de la propriété privée. Ces revendications rejoignent celles des investisseurs et des entreprises privées,
pour qui les risques vis-à-vis de leurs personnels, de gouvernance
et de modification de contrat, représentent le principal frein à leur
engagement sur le continent africain.
Le retrait de l’État dans certaines zones géographiques ou secteurs
économiques laisse autant d’espaces à combler par les groupes
criminels à différentes échelles, des services urbains (comme la
gestion des déchets dans des mégalopoles africaines) jusqu’à l’exploitation illégale de ressources naturelles sur des pans entiers
du territoire d’un pays. Ce déficit d’État entretient un cercle vicieux
qui s’alimente de l’insécurité, de la corruption, du financement de
groupes armés ou de rebellions indépendantistes, de la baisse des
revenus publics…
69
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
De la nécessité d’institutions politiques légitimes
et stables
Dans ces espaces, les enjeux fonciers généreront de fortes tensions
entre des droits d’usage anciens et la valorisation soudaine, portée par
la spéculation, des terrains concernés par ces projets.
Cependant, une approche excessivement sécuritaire apparaît également
lacunaire et potentiellement génératrice de conflits. Les réponses
sécuritaires et militaires aux conséquences d’un développement spatial
inégal au sein d’un État ne résolvent pas les tensions, et sont porteuses
au contraire d’un degré supplémentaire de violence. Elles peuvent également conduire à régionaliser des enjeux jusqu’alors internes.
Face à la double dialectique de la « sécurité pour le développement » et
du « développement comme préalable à la sécurité », la légitimité et la
stabilité des institutions politiques, troisième dimension du triptyque,
s’affirment comme un horizon indépassable. Le partage de la croissance économique, la sécurité physique et juridique, la coordination
des réponses à des défis globaux, comme le changement climatique,
ou encore la fourniture de services sociaux essentiels supposent des
arbitrages et une supériorité institutionnelle qui ne peuvent être
assurés que par l’État et de forts pouvoirs publics décentralisés. Sans
un État structuré et perçu comme légitime par ses concitoyens, aucun
développement pérenne ne serait ainsi possible.
Les futures grandes infrastructures (barrages, nouvelles surfaces
irriguées, exploitation d’hydrocarbures, oléoducs ou encore lignes à
haute tension) cristalliseront les interactions entre le développement
et la sécurité. Certaines provinces, oubliées des plans nationaux de
développement et perçues comme périphériques par leurs autorités
centrales, suscitent un intérêt nouveau avec la découverte de leur
potentiel économique ou la présence d’infrastructures énergétiques.
Variation en pourcentage de la population active
(entre 15 et 64 ans) entre 2015 et 2050
Source : Nations unies (2013), The state of world population 2014
UNFPA, traduit de l’anglais
70
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Le panel
de clôture
Mardi 16 décembre 2014
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Synthèse des travaux
des ateliers
par Cheikh Tidiane Gadio,
Président de l’Institut panafricain de stratégies
Le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s’achève aujourd’hui devant
vous, après deux jours de débats et d’intenses réflexions sur ces questions de sécurité qui nous
préoccupent tant et qui nous mettent face à nos responsabilités.
Ce Forum, vous l’avez voulu lors du Sommet de l’Élysée, conscients du besoin d’approfondir le
dialogue stratégique entre Africains et entre Africains et leurs amis à travers le monde.
Hier et aujourd’hui à Dakar se sont rassemblés 400 participants et 400 invités, venus de 47 pays,
dont 30 pays africains et des représentants de 12 organisations internationales. Toutes les régions
du continent ont été représentées.
Ce dialogue stratégique que tous réclamaient a bien eu lieu à Dakar. Il a révélé une vraie expertise.
Les échanges, sérieux et courtois, parfois contradictoires, ont montré que, dans une telle enceinte,
les acteurs et experts avaient bien besoin d’échanger, de s’écouter et qu’ils savaient le faire.
Les discussions se sont déroulées autour de 10 sujets centraux, dans 10 ateliers, riches, vivants,
avec 10 présidents d’atelier de haut niveau que nous remercions d’avoir contribué à ce Forum.
74
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Ici à Dakar, un processus a été lancé, une communauté s’est réunie. Le processus va se poursuivre
et s’enrichir davantage.
Les discussions ont porté sur les menaces et le paysage sécuritaire en Afrique. Les participants ont
travaillé sur différents types de menaces : conflits armés et politiques, terrorisme, piraterie, crime
organisé et trafics, menace à la sécurité sanitaire. Ils se sont accordés sur le fait que ces menaces
étaient partagées, qu’elles s’aggravaient, et qu’il était nécessaire d’en avoir une compréhension
approfondie et partagée.
Lors de la discussion sur le terrorisme, les points dégagés sont : 1) la nouvelle génération de
groupes terroristes est mieux armée, plus jeune, plus équipée en matière technologique, mais aussi
plus radicale, et surtout les groupes semblent être connectés entre eux (AQMI ; Boko Haram ;
Shebbab) ; 2) si tous les participants voient comment l’intervention militaire peut contenir
l’influence et la territorialisation de ces groupes, un consensus s’est fortement dégagé sur la nécessité d’identifier les failles sociales et les conflits locaux dans lesquels le jihadisme s’ancre, pour lutter
efficacement contre le terrorisme et sur la nécessité pour les États d’y répondre. Il est également
nécessaire de faire un bilan lucide et urgent face à la montée d’un extrémisme religieux, facteur de
déstabilisation du continent africain.
« les périphéries sont de moins
en moins des périphéries.
Elles commencent à être des centres
de gravité politiques, militaires et
commerciaux importants »
Autre point intéressant des discussions : les périphéries sont de moins en moins des périphéries. Elles commencent à être des centres de gravité politiques, militaires et commerciaux importants qu’il faut prendre en considération. Par ailleurs, par exemple, sur le Sahel, il faut maintenant
raisonner sur un ensemble régional Maghreb-Sahara-Sahel, ensemble à destin commun.
Les acteurs africains ont clairement pris conscience des menaces et ont commencé à se mobiliser,
mais n’ont pas encore mis en œuvre les principes et stratégies sur lesquels ils se sont entendus. Au sujet
de la piraterie par exemple, le problème se pose au niveau de la mise en œuvre de l’architecture
maritime, et il est maintenant crucial d’affronter les raisons des difficultés de la coopération régionale.
En ce qui concerne les « solutions africaines », le concept a encore besoin d’être clarifié, et il semble
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
nécessaire de faire un bilan approfondi de l’Architecture de paix et sécurité africaine, et surtout
des obstacles et duplications d’initiatives. Les projets qui semblent progresser le mieux sont des
coalitions d’État aux intérêts stratégiques proches, comme certaines initiatives sous-régionales.
Pour noter un développement positif, la coopération entre Union africaine (UA) et Nations unies
semble avancer, notamment sur le processus d’échange et de concertation sur les causes des
menaces sécuritaires.
Voilà de manière synthétique ce qui est ressorti des débats et des échanges. Tous les problèmes ne
sont peut-être pas résolus. Mais ils ont été posés avec beaucoup de pertinence et de courage.
Les défis sont nombreux et nous le savons. Une volonté politique africaine, qui est une nécessité
absolue, émerge. Cette volonté politique doit être le moteur de l’opérationnalisation de nos
projets, elle doit être l’inspiration d’une vision commune et globale de notre avenir. Pour une telle
opérationnalisation et une telle vision, l’UA continuera de jouer son rôle de locomotive.
Un sujet a dominé les préoccupations de tous : celui de la prévention. C’est un élément encore trop
faible de nos dispositifs et de nos politiques. Nous devons dans la durée accorder une priorité
stratégique à la prévention structurelle en renforçant la gouvernance et l’État de droit. Nous devons,
quand nous sommes capables de diagnostiquer une situation de crise, réagir rapidement et
opportunément, nous donnant collectivement les moyens d’imposer des solutions politiques
conformes aux principes du droit et de la démocratie.
Pour cela, nous avons absolument besoin d’une mutualisation de nos moyens et de nos ressources,
et de plus d’intégration régionale et continentale. Dans ce processus, l’Afrique a aussi besoin de
partenariats féconds et novateurs.
Merci pour votre aimable attention.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Mohamed Ould Abdel Aziz
Président de la République islamique de Mauritanie
Je voudrais d’abord adresser mes sincères remerciements à mon frère son Excellence Monsieur le
Président Macky Sall et, à travers lui, au gouvernement et au peuple sénégalais, pour l’accueil
chaleureux et l’hospitalité généreuse qui nous ont été réservés depuis notre arrivée dans la belle
ville de Dakar. À cette occasion, j’exprime ma satisfaction quant à la mise en œuvre de la proposition
des chefs d’États et de gouvernements lors du Sommet de Paris, qui s’est tenu les 6 et 7 décembre
2013, d’organiser à Dakar un forum sur la paix et la sécurité en Afrique.
Notre continent africain fait face à des défis sécuritaires majeurs comme le terrorisme, la rébellion
armée, le crime organisé, le trafic de drogues, d’armes et de personnes, la piraterie et le flux de
migration clandestine. Pour faire face à ces défis qui menacent notre existence, la paix et la sécurité
dans nos pays et qui entravent la croissance dans notre continent, nous devons, dès maintenant,
définir nos priorités et coordonner nos efforts. Nous saisissons mieux aujourd’hui les formes et les
manifestations du phénomène de l’insécurité, comme nous en connaissons mieux ses causes. Ainsi,
notre capacité à y faire face s’est accrue. La sécurité ne pourra se réaliser et s’établir que par des
efforts collectifs et des moyens communs. C’est pourquoi, la priorité de nos priorités en Afrique
doit être la création d’un système continental de défense et de sécurité évolutif en mesure de mettre
un terme à ces dangers permanents qui menacent nos pays. C’est dans cette perspective que l’Union
africaine (UA) a institué, dans le cadre du dispositif africain de paix et de sécurité, des mécanismes
efficients. L’UA est déterminée à garantir la mise en place de la capacité opérationnelle de la Force
africaine en attente et à assurer sa capacité de déploiement à l’horizon 2015, ainsi que la Capacité
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
africaine de réponse immédiate aux crises. Nous devons également impulser une dynamique de
développement pour stimuler une croissance forte et inclusive en mesure de créer suffisamment
d’emplois afin de limiter le chômage et permettre une plus grande participation des jeunes à la
création de la richesse.
Riche de ses ressources naturelles et humaines, l’Afrique ne doit pas demeurer un espace géographique
de consommation, au contraire elle doit devenir une zone de production et de création de valeur ajoutée. Pour y parvenir, elle est appelée à développer la complémentarité et à transformer les
matières premières sur place pour ne pas continuer à exporter des millions d’emplois qu’elle a besoin de créer localement. Ainsi, nous garantirons l’emploi des jeunes, nous faciliterons leur accès au
marché du travail et nous mènerons une lutte d’une efficacité maximale contre le terrorisme et le trafic.
La promotion des valeurs de la démocratie et des droits l’homme contribue d’une manière efficace à
renforcer la paix et la sécurité et à favoriser un climat de sérénité et de paix sociale. C’est pourquoi
il est de notre devoir en Afrique de continuer à promouvoir les libertés individuelles et collectives, à
conforter la pratique démocratique et à consacrer l’organisation d’élections transparentes.
« La responsabilité de préserver la paix et la sécurité
n’incombe pas seulement aux États
mais aussi à tous les autres acteurs
y compris la société civile »
Se tiendra à Nouakchott, deux jours après la clôture de ce Forum, le premier Sommet des États participants au Processus de Nouakchott sur la coopération sécuritaire et l’activation de l’Architecture
africaine de paix et de sécurité, qui sera l’occasion d’approfondir la réflexion en vue de mettre en
place un cadre pour une coopération régionale structurée pour faire face aux défis sécuritaires dans
la région. Nous sommes certains que notre action, qui s’enrichit aujourd’hui de l’apport de groupes
d’experts, sera pour nous une source d’inspiration en matière de renforcement et de consolidation
de la paix et de la sécurité en Afrique. La responsabilité de préserver la paix et la sécurité n’incombe
pas seulement aux États mais aussi à tous les autres acteurs y compris la société civile. Tous doivent
l’assumer avec conscience, responsabilité et engagement.
Je voudrais avant de terminer, féliciter mes homologues africains pour leur engagement en faveur
du renforcement de la paix et de la sécurité dans notre continent et remercier nos partenaires pour
leur soutien constant en la matière, en particulier la France, présente aujourd’hui à nos côtés dans
plusieurs foyers de tension pour le maintien de la paix et la lutte contre le terrorisme.
Je vous remercie, et que la paix, la miséricorde et la bénédiction d’Allah soient sur vous.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Idriss Déby
Président de la République du Tchad
Permettez-moi tout d’abord d’adresser à mon frère Macky Sall, Président de la République du Sénégal,
mes sincères remerciements pour avoir bien voulu accueillir, dans cette somptueuse capitale Dakar,
le Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique.
Je voudrais également féliciter le peuple et le gouvernement sénégalais pour l’accueil chaleureux et
hospitalier qui nous a été réservé.
L’Afrique, notre continent, est confronté à plusieurs défis liés au sous-développement, aux maladies
diverses, aux conflits armés, aux crises socio-économiques et financières, à la pauvreté, au changement
climatique et au déficit alimentaire...
À toutes ces difficultés s’ajoute aujourd’hui le terrorisme, ce phénomène contemporain qui se
développe dangereusement dans les différentes parties de l’Afrique et qui se trouve lié à un réseau
plus vaste à travers le monde, menaçant ainsi nos États dans leurs fondements existentiels.
Cette situation, on ne peut plus alarmante et critique, nous interpelle tous quant aux actions à
entreprendre pour l’éradiquer afin de restaurer durablement la paix, la stabilité et la sécurité dans
nos régions respectives.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
C’est dire donc toute l’importance de ce Forum international sur le renforcement de la paix et de la
sécurité en Afrique. J’aimerais saluer les efforts de la France pour son intervention au Mali, dans le
Sahel et en République Centrafricaine.
Il faut reconnaitre que des réalisations importantes dans le domaine de la paix et de la sécurité sont
à porter au crédit de nos États et de notre organisation continentale, l’Union africaine (UA). Des
efforts remarquables de règlement des conflits entre les États ou parfois à l’intérieur des États ont
été accomplis. Nous assistons aujourd’hui à un autre phénomène : le terrorisme. Ce fléau n’a pas
de visage, n’a pas de nationalité et n’épargne aucun pays. Il se nourrit des frustrations politiques
et socioculturelles, des revendications identitaires personnelles ou collectives, de l’interprétation
erronée de la religion et de l’histoire, de la marginalisation économique et sociale, de l’absence de
perspectives, de la misère, du chômage et de bien d’autres facteurs qui concourent à la radicalisation
et à l’extrémisme violent.
Nous devons donc combattre ce phénomène avec toute la rigueur requise, au risque de voir tous
les progrès réalisés tomber à l’eau. Ce qui exige de nos États une forte mobilisation des ressources
et une mutualisation des efforts.
L’Afrique doit donc développer une approche accélérée, coordonnée et solidaire. Il ne peut y avoir
des réponses nationales d’une part et des réponses continentales d’autre part. C’est dans le respect
de cette solidarité agissante et dans le souci de lutter efficacement contre les forces du mal qui écument
notre continent, que les communautés régionales ont jeté les bases juridiques et institutionnelles,
ce qui a conduit à la création et à la mise en œuvre de mécanismes de prévention, de défense et de
sécurité capables de réagir promptement face aux menaces terroristes.
« L’Afrique doit développer
une approche accélérée, coordonnée
et solidaire »
Car nous le savons tous, aucune réforme, aucun changement qualitatif ne saurait être mené sans
sacrifice, sans une volonté forte de faire converger les intérêts individuels de nos États avec ceux de
notre organisation commune, l’UA.
J’en veux pour preuve la Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC), qui vient de procéder
à un exercice et à une démonstration en octobre dernier à Loango au Congo.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Cet exercice fait partie intégrante du cycle général de l’exercice continental AMANI AFRICA II.
Il s’agit en clair de tester l’aptitude de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale
(CEEAC) à planifier et à conduire une capacité de déploiement rapide sur mandat de l’UA suivant
le concept de la Force africaine en attente et dans un format FOMAC adapté.
« les États africains doivent compter
sur leurs propres forces en se dotant
des outils de défense et de sécurité à même
de faire face à toutes les menaces. »
Dans cette même dynamique, il est prévu la réactivation de la Force multinationale dans le bassin
du lac Tchad en mettant un accent sur l’échange de renseignements, le contrôle strict de nos
frontières et le renforcement de la coopération militaire avec nos partenaires.
Pour ce faire, les États africains doivent compter sur leurs propres forces en se dotant des outils de
défense et de sécurité à même de faire face à toutes les menaces.
De même, nous estimons qu’il faut encourager le dialogue intercommunautaire et interreligieux,
gage de tolérance et de cohabitation pacifique. Au Tchad, cette approche nous a permis, à travers
l’instauration de la journée nationale de prières interconfessionnelles, de maintenir la cohésion
nationale.
La réussite de nos actions de développement dépend de notre capacité à améliorer l’environnement des affaires et permettre l’émergence d’entreprises fortes, levier essentiel pour la création de
richesse, d’emplois et de lutte contre la pauvreté.
C’est de cette manière seulement que nous pourrons protéger les jeunes et les femmes, ces deux
couches vulnérables à l’extrémisme. C’est dire que nous sommes en face d’un défi important et
complexe. Mais ce défi est à la mesure de notre engagement et de notre détermination à créer toutes
les conditions pour le plein épanouissement des jeunes et des femmes du continent.
Pour finir, je voudrais saluer et remercier tous nos partenaires, en particulier la France, l’Union
européenne et les États-Unis d’Amérique pour leur disponibilité et leur appui dans le renforcement
de la paix et de la sécurité en Afrique.
Je vous remercie.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Ibrahim Boubacar Keïta
Président de la République du Mali
Tout a déjà pratiquement été dit. Pas besoin de revenir sur ce que chacun sait. Notre présence ici
à nous, Maliens, est un témoignage. Un témoignage de ce que nous sommes aujourd’hui et de ce
que nous aurions pu, hélas, devenir, n’eut été cette décision que je ne cesserai jamais de saluer, tant
elle fut pertinente, idoine à tous égards, d’intervention. Décision prise par le Président François
Hollande, avec un courage politique qu’il faut saluer, ce 11 janvier, et qui a sauvé le Mali. Nous ne
sommes pas de l’engeance de ceux qui oublient facilement, sachant que sans cette décision nous
ne serions pas des vôtres aujourd’hui. Je ne sais pas où j’aurais pu être et notre peuple également,
tant cette intervention a été salutaire. Elle a arrêté net aux portes de Kona cette prétention inouïe,
que l’on croit venir du fond d’un autre temps, et qui avait la prétention d’asservir le Mali, à des fins
sur lesquelles nous nous interrogeons encore aujourd’hui. Et il n’est plus besoin de discuter plus
longuement quand on a vu ce qui se passe aujourd’hui dans l’Est européen, au Moyen-Orient, ce
califat d’un type nouveau, dont des émules, au Sahel, ont cru devoir saluer sa venue, sa survenue,
qui inquiète et qui doit inquiéter. Qui doit faire comprendre que ce qui se passe dans le Sahel n’est
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
pas et ne saurait se restreindre à un problème malien ou sahélien. Il s’agit de la paix du monde. Il
s’agit des valeurs en lesquelles nous croyons tous. Il s’agit de notre modèle de civilisation humaine.
Car, je n’hésite pas à le dire, ceux-là qui font bon commerce de la décapitation gratuite d’êtres
humains innocents, je peine moi à les ranger dans la catégorie de ceux qui sont de nos valeurs, de
notre civilisation. Je le dis. Et je suis indigné en tant que musulman, que ceux-là osent s’abriter sous
le parapluie de l’Islam. Quel Islam ? Religion de paix au long des siècles, avérée comme telle. Ceuxlà n’ont rien à voir avec l’Islam. Quand ils coupèrent les mains à Tombouctou ou à Gao, quand
ils empêchèrent l’amour, des êtres de s’aimer, porter un simple blue jean vous valait des coups de
fouets, écouter la musique dite sacrilège ou profane, que sais-je, toute sorte de musique à part des
litanies à leur goût. Ceux-là j’ai peine à les mettre encore sous la rubrique humaine.
« Il s’agit de la paix du monde.
Il s’agit des valeurs en lesquelles nous
croyons tous. Il s’agit de notre modèle
de civilisation humaine »
Vieux pays de civilisation au long des siècles, pays d’un humanisme qui a fleuri sur le bord du
Niger, qui a traversé ces continents en ce temps où Constantinople était le centre du monde. Nous
avions une ambassade à Constantinople et les moyens de chancellerie en usage n’avaient rien à
envier aujourd’hui à ceux du Quai d’Orsay, je le dis en toute modestie. En ce temps-là, un chirurgien
de Tombouctou a opéré de la cataracte le dauphin du roi de France. Une cité brillante où toutes les
sciences étaient enseignées. J’ai vu de mes yeux, dans la bibliothèque de Tombouctou, une coupe
d’œil que l’on croirait faite au laser, tant elle est précise. Tout cela est tombé entre les mains de
gens qui n’ont rien à voir avec la culture, et qui ont failli, n’eut été la vigilance de certains de nos
ulémas, qu’il faut saluer, qui ont réussi à mettre à l’abri les biens précieux, et rien ne serait resté
de ce fabuleux témoignage des civilisations et de l’Islam. Leur projet était de détruire, de ne rien
laisser qui ne puisse rappeler ce que ce pays fut. Et que leurs valeurs n’ont rien à voir, elles ne sont
pas attendues par ce peuple-là.
C’est pour cela que je souhaite vraiment dire avec gravité que, s’agissant de la lutte contre le
terrorisme, il est temps que nous ouvrions les yeux. Beaucoup de faux nez se promènent. On doit
quelquefois les citer, ils émeuvent certaines bonnes âmes. Nous ne sommes pas des gens sans cœur.
Nous ne sommes pas des gens dédiés à détruire je ne sais qui. Ce n’est pas le genre de la maison.
Ce n’est pas le genre que nous prisons. Nous sommes des gens de commerce humain avéré, un
pays qui a vécu en son dedans en parfaite communion interraciale au long des siècles, où vous ne
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
trouverez aucune espèce, aucune famille, aucune fraction en zone nomade qui n’ait sa correspondante
en zone fluviale. Tel fut le Mali, tel demeure le Mali et tel sera le Mali, inch’Allah, dans l’avenir. Pays
d’échanges, pays de convivialité, pays du vivre-ensemble. Harmonieux, en équilibre, il reste mutuel.
« Tel fut le Mali, tel demeure le Mali
et tel sera le Mali, inch’Allah, dans l’avenir »
J’ai eu mal, très mal, ce jour de septembre de la rentrée des classes, quand les médias nationaux
m’ont retransmis les images de la rentrée dans son étendue nationale, sauf à Kidal. J’ai eu mal à ma
malienité, j’ai eu mal à mon être humain, j’ai eu mal en tant que Chef de l’État. J’ai eu mal parce que
l’enfant de Kidal a droit à la culture, a le droit d’être éduqué. Il n’est pas normal qu’il en soit sevré
par des manœuvres de certains. C’est de cela qu’il s’agit. Il n’y a jamais eu de volonté malienne de
marginaliser qui que ce soit. Cela n’est pas avéré, cela est faux. Pays de brassage humain, pays
d’échange, tel a toujours été mon pays, tel il demeurera. Et je conjure nos amis qui nous ont aidés
et qui nous aident fabuleusement, de continuer de le faire pour que nous nous retrouvions frères,
plus que frères, parents plus que parents, pour la seule tâche qui convienne aujourd’hui : le
développement du Mali au profit de toutes ses populations, du Nord au Sud. J’ai dit du Telaza au
pays Mossi, de l’Atlantique à l’Aïr. Qu’on n’y trouve aucun élan de volonté impérialiste, car je viens
de définir les limites de l’ancien empire du Mali, 2500 km de long sur 1200 de large, où les provinces commerçaient entre elles. Niani était la capitale impériale et ce n’est pas parce qu’un Keïta
régnait à ce moment-là, que vous allez me pointer du doigt – Jean-Yves tu me regardes – quelques
volontés à cet égard-là. Non. Mais un pays communiel. Un pays communiel, seule volonté de vivre
en paix avec ceux qui l’entourent : commerce humain, commerce politique, commerce économique. Je le dis, que nous fûmes de l’économie-monde – dès l’abord cette économie-monde chère
à Jacques Attali – je le dis, que nous fûmes nous Maliens. Et je crois qu’aujourd’hui encore c’est cela
notre quête la plus solide, la plus sérieuse.
Il nous faut, aujourd’hui, après tout ce que nous avons vécu, songer à réformer notre secteur de
la sécurité, à renforcer nos capacités d’intervention en matériel, en équipement et en formation.
L’Europe nous aide aujourd’hui. La Mission de formation de l’Union européenne au Mali (l’EUTM)
fait de la belle besogne. La coopération bilatérale avec la France encore une fois également y pourvoit. Mais au-delà de cela, il y a nécessité au plan régional que notre coopération transfrontalière,
régionale, le partage des informations et du renseignement, la coopération judiciaire entre nos
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
États, dans un cadre régulier si possible, que tout cela soit constamment de mise. C’est notre propos
dans le cadre du Processus de Nouakchott, où nous allons nous rendre demain, autour de notre
frère le Président Abdel Aziz, qui pourra le reconnaitre et c’est pourquoi nous avons jugé opportun
de créer le G5. Chacun sait mon point de vue là-dessus. Je pense, nous en parlerons, que nous
pourrions l’étendre à certains pays amis. Tel est l’intérêt de la coopération régionale à encourager.
Et, également, dans ce cadre du partage, de la mutualisation de nos moyens, de nos ressources, je
voudrais saluer la récente réunion à Niamey des ministres des Affaires étrangères, de la Défense
accompagnés de leurs chefs d’État-major, ceux des pays contributeurs à la stabilisation du Mali.
Cette réunion fut prometteuse.
« Il faut maintenant qu’au-dedans
nous songions à améliorer nos gouvernances,
dans tous les secteurs »
Il faut maintenant qu’au-dedans nous songions à améliorer nos gouvernances, dans tous les secteurs, que nous fassions la promotion des droits sociaux et économiques. Que nous impliquions
les femmes et les jeunes dans les programmes de développement, la promotion de la justice. A cet
égard-là, j’aimerais dire une chose. Certains ont dit : « IBK tourne le dos au droit, IBK a contribué à
relâcher des terroristes ». Je vais être très clair. Très clair. Ce n’est pas seulement parce que la France
a payé le prix fort au Mali. C’est d’intérêt français, nigérien et malien bien compris. Ils ne l’ont pas
fait en irresponsables. Celui-là qui a osé enlever un citoyen paisible français dans notre pays tache
notre honneur et notre devoir d’hospitalité. Un compagnon a été tué. Celui qui a tué un gardien de
prison ne peut jamais, jamais, être absout de ce fait-là. Et à sa place, j’eusse préféré mille fois qu’on
le gardât en prison. Nous savons ce que nous faisons et nous saurons quoi faire. Ce n’est donc pas
un déni de justice, mais je pense que l’on n’a pas le droit non plus de priver de liberté pendant près
de 3 ans un homme dont le seul tort est de s’être retrouvé à un endroit donné à un moment donné.
Et si l’on sait recevoir, on devrait savoir également donner. Certes, au rendez-vous du donner et
du recevoir, nous ne viendrons pas les mains vides.
Le renforcement des capacités de nos armées et de nos forces de sécurité ne saurait suffire. La
mise en œuvre de l’Architecture africaine de paix et sécurité, avec l’opérationnalisation de la Force
africaine en attente est une bonne promesse, mais il serait temps que ce soit réel. Il faut que nous
améliorions notre système d’alerte précoce, il faut que nous renforcions la coopération sécuritaire
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
entre notre continent et les partenaires bilatéraux et multilatéraux. Et l’assistance de la communauté
internationale est requise, pour la solution d’un problème qui est la clé selon nous. Je suis très
heureux que notre Sommet qui s’est achevé hier à Abuja ait compris ce problème-là et nous en ait
fait écho. Ce dossier a été défendu par mon frère Mahamadou Issoufou et nous-mêmes.
Le cas libyen : je persiste à penser, à croire, cher Tidiane Gadio, chers experts, que tant qu’on n’aura
pas résolu le problème du Sud libyen, il n’y aura pas la paix dans nos régions. Il y a cet arsenal, cet
arsenal fabuleux qui est là, cette force armée qui avait été prédisposée, abondamment armée et les
armes les plus sophistiquées à vocation d’une contre-offensive si le guide suprême Kadhafi en avait
eu la possibilité, et qui est demeuré, qui s’est enrichi depuis, qui s’enrichit chaque jour, on le sait,
qui est devenu un marché fabuleux d’armes à destination de nos pays. L’opération Barkhane, je t’en
félicite Jean-Yves, en accord avec les forces armées nigériennes, a réussi à stopper un convoi. Trois
tonnes de matériel, à destination du Mali. Je t’ai toujours dit : un convoi arrêté, combien d’autres
avaient pu passer sans qu’on le sache ? Combien pourraient passer encore sans la vigilance quotidienne de Barkhane ? La source c’est là-bas, le Sud libyen. Il faut que la communauté internationale
se convainque qu’il y a un travail inachevé dont nous sommes les victimes collatérales. C’est simple.
Et nous le resterons, nous le demeurerons tant qu’une solution appropriée ne sera pas trouvée à ce
guêpier-là.
« je persiste à penser, à croire, que tant qu’on
n’aura pas résolu le problème du Sud libyen,
il n’y aura pas la paix dans nos régions. »
Enfin, je pense que la coopération judiciaire, heureusement, entre nos pays se porte bien. Mais je
voudrais dire que je tiens tellement à cette question libyenne, Idriss, mon frère, qu’aujourd’hui au
Conseil de sécurité, il faut que tu nous tires d’affaire. Ton frère IBK, puisque tu m’appelles ainsi, te
le demande instamment. Idriss, que le Conseil se saisisse de cette question-là avec pertinence, avec
fermeté, avec gravité. Il y va de notre salut collectif !
Merci.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Olusegun Obasanjo
Ancien Président de la République fédérale du Nigeria,
Président de la fondation Obasanjo
Monsieur le Président Macky Sall, permettez-moi à mon tour de vous remercier très sincèrement,
ainsi que votre gouvernement, pour avoir donné suite au Sommet de l’Élysée de l’année dernière.
Ce forum est une promesse tenue et arrive à point nommé, en raison de la situation à laquelle nous
sommes confrontés en Afrique et particulièrement dans notre propre région de l’Afrique de l’Ouest.
Pendant ces deux derniers jours, nous avons eu à interagir, nous avons débattu des questions et
je souhaite vous présenter mes observations concernant le résultat des différentes sessions. Je
souhaiterais reprendre certains éléments que j’ai trouvé très intéressants lors des discussions que nous
avons eues pendant ces deux derniers jours.
Les conflits, l’insécurité : il faut tenir compte de tout cela. Cela ne se crée pas soudainement, on peut
voir venir ces conflits. Nous avons tenté de répondre à ces défis. Parfois on peut réussir, parfois on
essaye de prendre des dispositions et on ne réussit pas.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Un exemple typique concernant notre propre région de l’Afrique de l’Ouest : nous aurions pu
prévoir ce qui allait se passer au Burkina Faso. Il y a eu des avertissements ou des signaux. Mais en
avons-nous fait quelque chose ? Je pense que oui. Avons-nous réussi ? Pas autant que nous l’aurions
souhaité. Pourquoi ? Je crois que c’est là une question à laquelle non seulement ce Forum-ci devrait
s’atteler, mais il vous incombe également, à vous leaders, dans vos forums et dans vos sommets, de
trouver des solutions afin que cela ne se reproduise pas.
Historiquement parlant, qu’est-ce qui fait que des conflits surviennent ? L’Union africaine (UA) a
souligné dans son acte constitutif l’importance de la bonne gouvernance et du développement.
Si nous avions ces derniers éléments dans les proportions appropriées, alors naturellement nous
aurions pu éviter les problèmes ou en tout cas limiter les dégâts.
« C’est bien la volonté politique
de mise en œuvre qui nous manque. »
J’accorde également une importance à l’architecture et aux institutions en place. L’Acte constitutif de
l’Union africaine prend en compte tout cela. On a le Nouveau partenariat pour le développement
de l’Afrique (NEPAD), les politiques de l’UA sur la culture, les trafics, la drogue. Tout cela est pris
en compte dans la constitution de l’UA. Ce qui manque, ce ne sont pas les programmes politiques,
mais la capacité à les mettre en œuvre. C’est bien la volonté politique de mise en œuvre qui nous
manque. Et naturellement, le manque de mise en œuvre adéquate. Sans cela, on ne sait pas où tout
ça peut nous mener.
Avoir une institution correcte signifie la possibilité pour ses agents de combler efficacement les
insuffisances, les lacunes. L’architecture voulue par l’UA pour la sécurité veut se définir en termes
de suivi, en termes d’alerte précoce et aussi en termes de groupes de sages. Tous ces éléments, qui
sont dans l’acte constitutif de l’organisation, ont été utilisés. Mais si on ne les utilise pas de manière
adéquate, alors qu’y a-t-il lieu de faire pour pouvoir utiliser les instruments à des fins positives ? Après
avoir fait tout cela, alors il y aura lieu de déployer les troupes, à savoir nos forces militaires. Nous
assurerons nous que nos forces seront bien entrainées, bien équipées, bien formées, afin que la Force
en attente et la Force rapide que l’on veut mettre en place aujourd’hui soient effectivement une réalité?
L’UA doit s’assurer de disposer des ressources nécessaires et elle doit avoir une approche basée sur les
ressources appropriées pour répondre à toutes les questions de sécurité. On doit naturellement en
appeler à nos amis, à nos partenaires pour qu’ils nous aident à traiter ces questions.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Le manque de paix et de sécurité en Afrique signifie un manque de paix et sécurité dans le monde.
Alors, il faut engager une nouvelle bataille contre le terrorisme, qui se définit dans notre cas par un
mélange de tribalité, de religion, de drogue avec des dimensions politiques.
Le chômage des jeunes est aussi un élément important. Il constitue un terrain fertile pour le
recrutement des jeunes pour ce genre de mauvaises pratiques. Les jeunes n’ont pas d’emploi, ils sont
privés de tout, ils sont frustrés et dans certains cas ils sont en colère. Alors, qu’est-ce que nous devons
faire ? Pouvons-nous ignorer la colère, la frustration et le chômage des jeunes en cette période ?
Tôt ou tard, les jeunes ne pourront plus être contrôlés.
Permettez-moi de revenir aux fondements. La bonne gouvernance, le développement, l’intégration
et l’action collective : c’est cela dont nous avons besoin afin d’assurer la paix et la sécurité en Afrique
et finalement, partout dans le monde.
Pour finir, je voudrais remercier les participants et dire combien j’ai apprécié les débats.
Je voudrais encore remercier Monsieur le Premier ministre pour le beau discours qu’il a prononcé hier
ainsi que vous, Monsieur le Président, pour votre accueil et pour l’hospitalité du gouvernement et du
peuple sénégalais. Vous, nos leaders et chefs d’États aujourd’hui ici présents, vous êtes notre espoir,
vous ne pouvez pas nous abandonner.
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Jean-Yves Le Drian
Ministre de la Défense de la République française
Au moment de conclure, mes premiers mots seront des mots de félicitations.
Il y a un an, avec le Président Macky Sall, nous avions fait le pari – certains diront un peu fou –
d’imaginer ce Forum. Un an après, ce pari a été tenu. Peut-être au-delà même de nos espérances
initiales.
Pendant deux jours, j’ai assisté à des échanges qui m’ont frappé non seulement par leur qualité mais
aussi par leur liberté de ton et de parole. C’est bien dans cet esprit que nous avions imaginé ce Forum :
un lieu de rassemblement, un lieu d’échanges sans fard et sans a priori. Je veux donc féliciter les autorités
sénégalaises d’avoir donné cette impulsion. Elle a été structurante et se révèle décisive.
Je voudrais également partager avec vous les trois principaux enseignements que j’ai tirés des échanges
qui nous ont rassemblés.
Tout d’abord, une idée simple mais qu’il faut rappeler : la sécurité se construit tout d’abord à l’échelle
d’un État.
C’est une évidence, mais nous, partenaires de l’Afrique, avons peut-être eu tendance à l’oublier un
peu vite. Pour construire une architecture régionale forte, il faut des fondements solides. Pour le dire
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
autrement, il ne pourra y avoir d’organisations régionales africaines fortes sans, au préalable, des États
africains forts et des armées africaines solides. Cette priorité doit bien sûr se refléter dans les décisions
souveraines des gouvernements africains. Mais elle doit aussi inspirer les choix des partenaires de
l’Afrique : avant d’accompagner l’échelon régional, notre responsabilité de partenaire ou de bailleur
est de nous assurer que la première marche, celle de l’échelon national, a bien été gravie.
C’est tout le sens de la modernisation de notre dispositif de forces pré-positionnées en Afrique que j’ai
menée au cours des deux dernières années, et dont les forces françaises au Sénégal sont la plus
concrète illustration. Ce dispositif nous permet aujourd’hui d’intervenir ponctuellement et de manière
ciblée, dans chaque pays de la région CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de
l’Ouest), pour remédier, à la demande des autorités nationales, à des lacunes critiques ou pour
consolider les acquis des armées nationales. Mission après mission, nous construisons ainsi des
capacités nationales qui pourront, le moment venu, contribuer à une dynamique régionale. Cet ordre
est important et doit être respecté.
Je me réjouis de constater que cette approche est également partagée par l’Union européenne (UE).
Aujourd’hui, le visage le plus concret de l’UE en Afrique, ce sont les missions de type EUTM qui
contribuent, en Somalie, au Mali, demain en République centrafricaine (RCA), à reconstruire le premier
échelon de l’État de droit, c’est-à-dire une armée loyale, formée et dotée des capacités essentielles pour
assurer ses missions au service d’un pouvoir politique légitime et sous son contrôle.
« Aujourd’hui, le visage le plus concret de l’UE
en Afrique, ce sont les missions de type EUTM
qui contribuent, en Somalie, au Mali, demain en
République centrafricaine (RCA), à reconstruire
le premier échelon de l’État de droit, »
Nous avons encore des blocages à surmonter. Si nous sommes tous d’accord pour considérer que la
sécurité est la condition qui précède le développement, alors pourquoi ne pas considérer que les outils
minimaux pour permettre à un État d’assurer sa propre sécurité – mobilité, transmissions, uniformes,
etc. - doivent être éligibles à l’aide au développement ? Pour être concret, je ne comprends toujours
pas pourquoi des fonds européens peuvent financer l’achat de matériels pour des policiers africains,
mais en aucun cas pour des militaires africains.
C’est un message que ce Forum pourrait porter : la sécurité a un prix, et elle est un investissement
cardinal pour le développement. Tracer une frontière étanche entre les deux est une illusion. Si nous
pouvions porter, ensemble, ce message dans les dialogues entre l’Europe et l’Afrique et faire sauter ce
verrou artificiel entre sécurité et développement, ce serait un des premiers débouchés positifs.
91
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
La deuxième idée sur laquelle je souhaite insister est tout aussi simple : il n’y a de sécurité durable
que dans la coopération. Nous avons passé en revue, au cours de ces deux derniers jours, les grandes
menaces qui pèsent sur la sécurité du continent africain : le terrorisme, la criminalité organisée, les
trafics, la piraterie. Aucune de ces menaces n’est limitée au continent africain – on le voit à Sydney et
à Peshawar – et ne pourra être surmontée par un seul État, quelle que soit sa volonté et quelles que
soient ses capacités.
Nous devons donc travailler ensemble à poser les jalons conceptuels et opérationnels de cette « sécurité
collaborative » pour l’Afrique. Nous avons, pendant deux jours, abondamment évoqué les défis qui
sont devant nous et qui sont clairs : le dialogue, la coopération, la gestion partagée, sont la seule
réponse efficace à des menaces communes. Cela ne va pas de soi, et nous savons tous que la menace
djihadiste au Sahel a profité des divisions et divergences qui ont trop longtemps retardé la formulation
d’une réponse collective.
A ce titre, ce Forum m’a conforté dans mon optimisme, car j’y ai retrouvé la prise de conscience que
je constate à l’œuvre sur le terrain à chacun de mes déplacements.
« Au Sahel, nous avons mis en place
avec l’opération Barkhane un cadre d’action
qui est davantage qu’une opération de lutte
contre le terrorisme. Barkhane est conçu
comme un accélérateur de coopération »
Au Sahel, nous avons mis en place avec l’opération Barkhane un cadre d’action qui est davantage
qu’une opération de lutte contre le terrorisme. Barkhane est conçu comme un accélérateur de
coopération. C’est une nouvelle façon d’agir ensemble, sur un territoire immense qui, je le dis pour
mes amis européens ici présents, couvre un territoire équivalent à celui qui sépare Gibraltar de Moscou.
Je constate que notre engagement fournit en effet un remarquable vecteur pour accélérer la coopération
qui se met en place entre tous les pays de la région. Je me réjouis que nous ayons tous, au cours de
ces deux jours, encouragé ce mouvement de coopération qui est la seule réponse durable et décisive
pour neutraliser les groupes terroristes, mais aussi face à Boko Haram ou à la lutte contre la piraterie
maritime au large du Golfe de Guinée.
Sur ce sujet, je ne doute pas que les travaux que nous avons engagés au cours de ces deux jours vont
également permettre de concevoir ce corps de doctrine stratégique qui est nécessaire à toute action
militaire. L’opération Barkhane avait besoin de ce socle, et je vous remercie d’y avoir contribué.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Face à la menace sans précédent de Boko Haram, la France a également joué son rôle en facilitant,
lors du Sommet de Paris, un dialogue indispensable entre les pays exposés aux activités barbares de
ce groupe. Je constate que cette dynamique s’amplifie dans le cadre de la Commission du bassin du
lac Tchad.
Je pourrais également citer l’exemple du Golfe de Guinée puisque les ingrédients d’une stratégie
régionale sont en train d’être mis en œuvre.
« ce Forum a adressé un message clair :
il n’y a plus de place pour une gestion solitaire
des crises »
Au final, je relève ici que ce Forum a adressé un message clair : il n’y a plus de place pour une gestion
solitaire des crises. Cette dynamique est portée par l’Afrique. Nous sommes là pour l’accompagner.
Le troisième enseignement que je retiens de ce Forum, c’est que l’action militaire est indispensable
mais qu’elle ne se suffit pas à elle-même.
Beaucoup d’intervenants ont loué, et je les en remercie, la rapidité de réaction de l’armée française
face à la progression de la menace djihadiste au Mali. Il a été également rappelé que, si nous n’étions
pas intervenus en RCA, et si nous n’avions pas accéléré notre déploiement, ce pays aurait connu des
massacres de masse comparables à des drames connus par d’autres pays d’Afrique centrale. C’est la
fierté de la France d’avoir contribué à éviter ce drame et d’avoir été capable de mener deux opérations
aussi complexes avec un aussi bref préavis.
Mais la réaction n’est pas tout. Je retire de cette expérience une conviction profonde qui tient en une
expression : le besoin d’anticipation.
L’Afrique a bien sûr besoin d’une capacité de réaction rapide. Grâce aux efforts de l’UA, elle est sur la
voie de s’en doter avec la CARIC et je m’en félicite. Mais l’Afrique a aussi besoin d’un mécanisme pour
anticiper les crises, les prévenir, les comprendre.
Sans vision partagée de la menace, comment organiser une réponse militaire efficace ? Sans prise de
conscience commune sur l’urgence à agir, comment espérer que les armées africaines soient au rendezvous ? C’est, là aussi, le message que ce Forum pourra porter. L’Afrique a besoin d’un lieu, d’une
plate-forme où se déroule le débat et où se cristallise un consensus, dont l’UA peut relayer le projet,
93
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
sur les menaces et les défis pour la sécurité du continent. Cette vision commune ne peut se construire
en 48 heures, mais elle trouvera son existence et sa force dans la dynamique que nous avons ouverte
et qui se prolongera bien au-delà de ce Forum.
« Cette vision commune ne peut se construire
en 48 heures, mais elle trouvera son existence et
sa force dans la dynamique que nous avons ouverte
et qui se prolongera bien au-delà de ce Forum »
Le dernier point que je voulais souligner est que l’action militaire ne peut pas tout.
De par mes propres fonctions, je suis convaincu de la centralité de l’outil militaire pour garantir la paix
et la sécurité. Une sortie de crise se construit avant tout sur un outil militaire crédible. Mais je suis
également conscient que l’outil militaire doit trouver son prolongement dans une action qui ne relève
plus du militaire mais de la gouvernance, de l’aide au développement et de la croissance économique.
Une sécurité durable ne peut venir que de la combinaison de ces différents volets. C’est le défi qui se
pose aujourd’hui au Nord du Mali, mais également dans bien d’autres régions en Afrique où l’action
militaire doit être relayée par le dialogue politique et par le développement.
C’est finalement le défi que nous avons relevé pendant ce Forum : croiser les approches, confronter nos
différents regards et nos différentes cultures, pour faire émerger une vision partagée. C’est maintenant
cette approche qu’il faut mettre en œuvre ensemble au quotidien sur le terrain.
Je vous remercie.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Peter Maurer
Président du Comité International de la Croix Rouge
Une remarque tout d’abord : c’est un grand honneur pour moi d’être ici comme représentant de la
société civile, le représentant de ce mouvement qui est aujourd’hui l’un des plus grands mouvements
organisés au monde, le Mouvement de la Croix Rouge et du Croissant Rouge (CICR), et donc de
pouvoir, non seulement participer à ce Forum extrêmement intéressant, mais aussi de participer à ce
panel final. En tant que représentant d’une organisation humanitaire, j’éprouve une certaine réticence,
même une certaine pudeur, à m’exprimer sur des priorités pour renforcer la paix et la sécurité en
Afrique, donc sur des concepts éminemment politiques, alors que l’action humanitaire se veut neutre,
impartiale et indépendante. Elle l’est, elle doit l’être et le rester. Nous considérons pourtant l’action
humanitaire comme une contribution à la stabilité des sociétés, pour ainsi dire en amont et en parallèle
à l’action politique et militaire. En permettant aux individus et sociétés de se reconstruire, de renouer
leurs tissus sociaux et de regagner une certaine stabilité alors qu’ils subissent l’impact des conflits, de
crises de santé ou de désastres naturels. L’action humanitaire peut contribuer à un concept de paix et
de sécurité plus ambitieux alors qu’elle est et doit rester non politique.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Si nous parlons de priorité pour la paix et la sécurité en Afrique, notre perspective se focalise
nécessairement sur l’insécurité, sur les conflits. Mais je pense qu’il est important de ne pas oublier
pourtant que le continent africain a vu des développements extrêmement positifs ces dernières années :
croissance économique importante, classe moyenne africaine importante qui se construit, gouvernance
nationale et africaine plus forte, coopération régionale affirmée. En tant qu’acteur humanitaire, il est
évident et logique que nous parlons plutôt des problèmes que de ces acquis en construction. Mais ces
derniers sont importants. Nous voulons que notre action soit orientée vers les besoins. Cela indique
nos priorités. Cela fait aussi qu’aujourd’hui, plus de 40 % de notre budget mondial opérationnel est
dépensé en Afrique. Les 10 opérations les plus importantes du Comité international de la Croix Rouge
(CICR) en 2015 se déroulent sur 5 États africains : la République centrafricaine, le Soudan du Sud, la
RDC, la Somalie, le Mali. Nous sommes présents dans 30 pays africains, donc c’est ça la priorité 2015.
Nous nous engageons au niveau du respect du droit international humanitaire avec tous les acteurs
liés au conflit, par des activités de protection des populations civiles, de réunification de familles, de
protection des personnes privées de liberté. Nous assistons les plus vulnérables, les déplacés internes
et les réfugiés, les populations souffrant de la violence et des violations du droit dans leurs besoins
les plus élémentaires : l’accès à l’eau, à la nourriture, à l’habitat, à la santé. Si nous entretenons cette
présence importante en Afrique, c’est qu’elle est nécessaire ; elle l’est depuis des décennies. Nous
sommes confrontés aux vulnérabilités importantes et de longue durée, causées par des dynamiques
de violence, de pauvreté, de sous-développement. Nous le savons aujourd’hui, le développement est
une condition irremplaçable de la stabilité, mais la violence anéantit tout effort de développement.
C’est là qu’est le problème.
« Nous voulons que notre action soit orientée
vers les besoins. Cela indique nos priorités »
Si nous sommes amenés à répondre d’une manière plus soutenue, c’est que nous sommes confrontés
aujourd’hui à des dynamiques qui renforcent les vulnérabilités traditionnelles et structurelles que
nous avons affrontées ces dernières décennies. Des conflits plus fréquents, plus intenses, plus
asymétriques, plus transnationaux et avec un impact important sur un environnement plus large, plus
régional. La dimension de plus en plus régionale des problèmes due à déplacements de population
aussi importants n’a pas été observée depuis la Deuxième Guerre mondiale. La dimension globale de
pandémies comme Ebola, mais aussi d’autres faiblesses des systèmes de santé, des systèmes sociaux
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
qui empêchent les État d’apporter les services les plus élémentaires aux populations. L’extrémisme
croissant et les dynamiques de violence de plus en plus complexes – violences liées aux conflits, violences ethniques, violences criminelles, violences sexuelles, violences urbaines – qui mènent à des
déplacements de population jamais ou rarement connus, je l’ai mentionné.
« Ce qui nous pose problème aujourd’hui,
c’est cet écart énorme entre le cadre
juridique agréé par les États, les conventions
de Genève (…), et la réalité »
La transformation, enfin, des conflits par la compétition stratégique des pouvoirs, le manque ou la
faiblesse des processus politiques qui injecteraient la légitimité nécessaire pour apporter une stabilité
plus large. Ce qui nous pose problème aujourd’hui, c’est cet écart énorme entre le cadre juridique
agréé par les États, les conventions de Genève, l’instrument international le plus largement ratifié au
monde, et la réalité où la violence est en train de galoper et de se développer d’une manière de plus
en plus importante.
Par ces développements, le CICR et d’autres acteurs humanitaires doivent inscrire davantage l’action
humanitaire de court terme et individualisée dans une logique de transformation plus fondamentale, par la coopération et le partenariat plus soutenu, avec des acteurs locaux et nationaux, pour
renforcer leurs capacités. Par le renforcement des réseaux et des compétences professionnelles, nous
nous engageons sur le continent africain pour créer des liens entre les Africains, des gardes de prisons
aux ingénieurs hydrauliques, des services sanitaires aux chirurgiens. Il est important de former les
Africains pour qu’ils acquièrent les capacités nécessaires. Nous soutenons le renforcement des systèmes.
Cela informe aujourd’hui sur nos actions par rapport à Ebola, que nous ne considérons pas seulement
comme de simples agissements médicaux, mais comme une action d’assistance à court terme qui s’inscrit
en même temps dans une formation et un renforcement du système de santé et se doit de le faire.
Enfin, en inscrivant le court terme dans le long terme, nous voyons la nécessité de sortir de la logique
de l’humanitarisme à court terme et la nécessité de connecter l’action de sauver les vies en tant de
crises à l’engagement qui les connecte avec les efforts de développement sans en corrompre encore
une fois le caractère neutre, impartial et indépendant.
Nous avons beaucoup profité ces dernières 24 heures des débats lors de ce Forum. Et par la nature des
questions posées, nous avons toujours pris une perspective à moyen et à long terme. Permettez-moi
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
donc de conclure sur 5 propositions d’action en 2015 qui nous semblent importantes dans une
perspective humanitaire. Nous devons travailler ensemble pour élargir l’accès des acteurs humanitaires aux plus vulnérables dans une perspective neutre, impartiale et indépendante. Deuxièmement, nous devons promouvoir la coopération civile et militaire, pour travailler ensemble dans les
opérations pour le respect du droit international humanitaire. Dans les formations, pour que les
troupes nationales et internationales connaissent et respectent les règles de conduite des opérations.
Nous devons travailler ensemble avec l’Union africaine, et nous avons bien commencé avec le Commissaire, pour que ces efforts de formation, de pré-déploiement, de protocole de détention soient
systématiquement insérés dans les mandats des troupes africaines, pour que la conduite des hostilités
soit connue encore une fois par les troupes multinationales. Nous avons vu l’effet dévastateur de la
violence sur les systèmes de santé. Et Ebola en est seulement un des effets. Nous devons unir nos
forces pour une tolérance zéro à la violence contre les installations sanitaires, contre les hôpitaux,
contre les travailleurs humanitaires et contre les médecins et les infirmières. Et vous pouvez faire un
important pas en avant pour amoindrir le niveau de conflit en ratifiant le Traité sur le commerce des
armes.
« L’action humanitaire ne peut pas résoudre
les problèmes politiques dont les politiciens
sont responsables »
Encore une fois, c’est un grand honneur pour le CICR d’être avec vous aujourd’hui. Nous sommes
conscients des limites de l’action humanitaire. L’action humanitaire ne peut pas résoudre les
problèmes politiques dont les politiciens sont responsables. Mais nous avons une fonction importante
de stabilité et de paix en amont des décisions que vous prenez et nous sommes prêts à assumer notre
responsabilité.
Je vous remercie.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
SEM Macky Sall
Président de la République du Sénégal
Je vais essayer d’être bref compte tenu des riches enseignements que nous avons eus cet aprèsmidi. Les réflexions qui ont animé ces deux jours de débats sur la paix et la sécurité en Afrique
montrent à quel point l’approche de ces concepts doit être une approche globale. Non seulement
dans l’identification des facteurs de déstabilisation, tant ils sont nombreux et variés, mais aussi dans
les réponses forcément multidimensionnelles qu’il convient d’apporter.
Avant d’en venir aux priorités pour renforcer la paix et la sécurité en Afrique, je voudrais d’abord
évoquer rapidement la typologie des menaces auxquelles nous faisons face aujourd’hui. À l’évidence,
cette typologie a changé avec l’apaisement des conflits interétatiques. Aujourd’hui, nous faisons
face à des menaces plus difficiles à prévoir, à cerner et à combattre. Qu’il s’agisse du terrorisme
international, du trafic des armes et de la drogue, de la piraterie, des poses de mines et des prises
d’otages, ces menaces sont très souvent diffuses. Elles se fondent dans les structures sociales et vivent
pour ainsi dire parmi nous, ce qui rend bien entendu les réponses plus difficiles. Les attentats-suicides dans les lieux publics en constituent certainement les exemples édifiants. Dans la zone sahélo99
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
saharienne qui nous concerne plus directement, les défis immédiats restent liés aux groupes armés et
aux trafics de tous genres qui les alimentent en armes et en moyens financiers. À ce niveau, Président
Ibrahim Boubacar Keïta – moi je n’ose pas dire IBK, je suis son benjamin – vient d’évoquer le cas du
Sud libyen qui doit nous préoccuper très sérieusement. Et malheureusement, la Libye – il l’a dit – c’est
un travail inachevé. Il faut que ceux qui l’avaient entamé puissent nous aider à le terminer. À cela il
faut ajouter les influences venues d’Égypte, avec les Frères musulmans qui, par vagues, rejoignent
ce pays, et le commerce du pétrole qui se poursuit et qui alimente le financement de l’armement.
C’est donc véritablement une poudrière pour la zone sahélo-saharienne qu’il convient de traiter de
manière appropriée.
« nous devons radicalement changer d’approche
dans la perception des menaces, en mettant
davantage l’accent sur la prévention et l’alerte
précoce pour anticiper sur les menaces »
Alors, face à tous ces périls, quelles doivent être nos priorités ? Premièrement, je crois que nos États et
pays, ainsi que les institutions partenaires, ensemble, nous devons radicalement changer d’approche
dans la perception des menaces, en mettant davantage l’accent sur la prévention et l’alerte précoce
pour anticiper sur les menaces. Ce qui pose le problème de la concertation et des échanges
d’informations, particulièrement dans nos frontières, comme nous le faisons déjà avec Interpol
pour le crime organisé. Une action concertée par la surveillance, l’échange d’information et la
collecte de données, faisant la prophylaxie des menaces et des activités suspectes, nous paraissent
indispensables. Et nous l’avons vu avec tous ces jeunes Européens – pour ne pas dire Français – qui
vont faire le Djihad, qui passent par nos pays, la Mauritanie, le Sénégal, se retrouver en Turquie,
avant de rejoindre la Syrie. C’est dire que c’est un problème mondial auquel nous faisons face.
Ensuite, nous devons également travailler à l’harmonisation des législations et à une meilleure
collaboration dans l’entraide judiciaire. Je pense notamment aux questions liées à l’extradition et
aux mandats d’arrêt internationaux. C’est l’esprit même de la résolution 2178 adoptée en septembre
dernier par le Conseil de sécurité sur la lutte contre les combattants terroristes étrangers, en adoptant
des mesures relatives notamment à l’incrimination des infractions concernant les combattants
terroristes étrangers, pour encourager la coopération pénale internationale.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Troisièmement, il faut redéfinir la doctrine du maintien de la paix. Les menaces à la paix ayant
profondément changé de nature, les réponses à ces menaces ne devraient plus être les mêmes. Et
j’ai cité le cas du Mali, du Nord-Mali. Face à des groupes puissamment armés, qui ambitionnent ni
plus ni moins de s’emparer des États, le maintien de la paix classique, sous forme d’interposition
après un cessez-le-feu, ne peut plus prospérer. Nous devons changer les règles d’engagement de
nos forces. Elles sont harcelées à Kidal par des poses de mines au quotidien.
« il faut redéfinir la doctrine du maintien
de la paix. Nous devons changer les règles
d’engagement de nos forces. »
Nous devons nous donner les moyens non seulement de défendre nos forces, mais de riposter
chaque fois que c’est nécessaire. Et aucun moyen ne doit être de trop, pour que les forces, les
Casques bleus des Nations unies, soient sur le terrain pour combattre et non pour une quelconque
interposition. Nous devons œuvrer à la mutualisation de nos moyens pour constituer des forces
spéciales suffisamment équipées et entrainées pour répondre immédiatement aux situations d’urgence en attendant la mobilisation internationale. À mon sens, c’est un des piliers sur lesquels
devrait reposer l’Architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine.
Quatrièmement enfin, nous devrons poursuivre l’action d’éducation, de formation et de développement inclusif, pour prémunir la jeunesse contre les risques de marginalisation qui font le lit de
toutes les tentations.
Voilà les quelques remarques introductives que je voudrais partager avec vous en attendant de revenir
sur les sujets dans nos discussions et je vous remercie de votre aimable attention.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Le débat
animé par Cheikh Tidiane Gadio
Président de l’Institut panafricain de stratégies
Question
Monsieur le Président Olusegun
Obasanjo, est ce que l’Afrique peut
financer sa propre sécurité, ses
propres opérations de paix
et sécurité.
Si oui, comment est-ce possible
en termes pratiques ?
Réponse
J’ai été agréablement surpris lorsque l’Union africaine (UA), à
travers nos leaders, m’ont désigné comme président d’un
comité pour essayer d’examiner des voies alternatives. La création
de l’UA était juste destinée à payer les salaires, elle n’a pas de
mécanismes pour prendre en charge des opérations, des projets
de paix et de sécurité ou des programmes. L’UA dispose de
volontaires mais sans argent, elle ne peut fondamentalement
pas prospérer. Qu’est-ce qu’elle a fait ? C’est essayer de faire
appel au secteur privé. Et il y a eu 40 millions de dollars à peu
près. Donc ils ont pu disposer immédiatement de ce montant.
Et leur cible c’est 1000 volontaires. Je crois que jusqu’ici, ils
ont envoyé environ 5000 volontaires.
102
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Qu’est-ce que nous avons fait au niveau de mon comité ? Nous avons essayé de trouver des alternatives.
Nous avons choisi trois des neuf idées qui nous ont été proposées. Trois seulement. Premièrement, taxer les
voyageurs internationaux qui voyagent vers l’Afrique. Nous avons également proposé des prélèvements au
niveau des hôtels. Et avec ces deux idées, l’Union africaine a pu générer 5 millions de dollars. Si l’UA peut
produire, en dehors des contributions régulières, plusieurs millions de dollars, elle pourra éventuellement
entreprendre la plupart des programmes, y compris ses programmes en matière de sécurité.
Et comme je l’ai dit, la responsabilité incombe d’abord à nos leaders. Et il faut s’assurer qu’il y ait cette
volonté politique pour pouvoir réussir. Je vous remercie.
103
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Question
Monsieur le Président, Ibrahim
Boubacar Keïta, beaucoup
se plaignent de la faiblesse de
la capacité d’anticipation et
de prévention des conflits.
Au Mali, le temps mis à organiser
la riposte de la communauté
africaine internationale a permis
aux forces du mal de commettre
beaucoup d’atrocités et d’attaquer
le patrimoine culturel et religieux
du Mali, bien commun à tous les
Africains, voire au monde entier.
Comment, dans le futur, peut-on
éviter de telles situations ?
En bref, prévention et anticipation
sont-elles possibles en Afrique ?
Réponse
C’est la question cruciale. Elle ne peut pas être évitée. Pourquoi
ne pouvons-nous pas prévoir et anticiper ?
Dans la question malienne, il y a eu beaucoup d’alertes. Il y a eu
beaucoup de mises en garde. Il y a eu beaucoup de tentatives
d’attirer notre attention sur le danger que nous encourions.
Il y a eu, je dois le dire, beaucoup de naïveté à penser que
l’élément supplétif de l’armée libyenne, qui venait vers nous,
venait en ami. Cela a été très préjudiciable. Ils ont été accueillis
dans le Nord Mali. On a même envoyé quelques ministres
pour les accueillir. Alors, on s’est rendu compte que leurs
intentions n’étaient pas des plus pacifiques, qu’ils n’étaient pas
venus pour fumer le calumet de la paix, mais pour embraser
le Mali. Il faut dire que beaucoup de pays amis, beaucoup de
pays voisins avaient alerté. Le Président Aziz à mes côtés le
sait très bien, qui en avait même pris quelques humeurs, tant
il voyait les choses dangereusement progresser, sans réaction
appropriée coté malien.
Je ne vais pas faire toute l’histoire de cette période douloureuse. Nous en avons souffert, nous en avons tiré les leçons.
Pourquoi, depuis, on nous voit allant çà et là, en quête de
mutualisation, en quête d’organisation collective de notre
sécurité ? Mais Jean-Yves Le Drian l’a dit également, qui a suivi
les phases nationales de réforme de nos systèmes nationaux de
sécurité.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Nous sommes en réforme actuellement du système malien de sécurité et de nos forces armées, pour
les rendre aptes à répondre aux menaces et aux défis multiformes auxquels nous faisons face. Et ces
menaces sont d’un nouveau genre, chacun l’aura compris. Quand on s’attend à trouver des forces en face
dans un combat régulier, et que ce n’est pas le cas, c’est asymétrique.
Aujourd’hui on se rend compte que, devant la réponse que constitue Barkhane, on ne voit plus les
colonnes qui sillonnaient le Sahara. En lieu et place sont des motos qui ont surgi. Et les motos, on les
range derrière des dunes et elles surgissent au moment opportun pour attaquer. C’est-à-dire que ce sont
ces éléments terroristes qui deviennent de plus en plus intelligents, qui changent, chaque fois que de
besoin de technique et de tactique.
Nous devons nous aussi être assez mobiles, assez proactifs pour évoluer en même temps et adapter nos
moyens et anticiper également aussi par rapport à ce qu’ils peuvent nous réserver. Mais tout ça demeure
quand même difficile. Quand aujourd’hui, on va jusqu’à faire de personnes humaines des bombes. J’ai
été effaré quand j’ai appris que ces jeunes filles de Chibok, qui ont ému le monde entier, sont aujourd’hui
des bombes humaines.
Comment faire devant de tels fanatiques, de tels fanatismes ? C’est difficile. Et c’est pour cela que l’intelligence individuelle et l’intelligence collective sont interpellées et elles doivent être à l’œuvre pour que
nous imaginions nous aussi comment prévenir, comment anticiper pour mettre l’humanité à l’abri de ces
défis qui sont aujourd’hui devant nous.
105
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Question
Monsieur le Président Mohamed
Ould Abdel Aziz, il y a près de
13 stratégies Sahel.
Comment l’Afrique devrait-elle agir,
via l’Union africaine ou via des
initiatives régionales, pour prendre
le leadership dans la gestion de ses
problèmes en matière de sécurité et
imprimer elle-même le tempo avec
les partenaires internationaux ?
Monsieur le Président,
pourriez-vous illustrer votre
réponse avec l’exemple du
Processus de Nouakchott ?
Réponse
Tout d’abord, je pense que l’Afrique effectivement pour réguler
ce problème de terrorisme doit pouvoir se prendre en charge.
Parce que c’est l’Afrique qui en souffre. Mais, l’Afrique a aussi
besoin d’aide extérieure. Elle a besoin d’aide extérieure. Nous
devons prendre et voir les choses en face. Le terrorisme que
nous vivons est un terrorisme effectivement très diffus, qui se
déplace d’un pays à un autre et qui ne reste en sécurité que
dans des zones d’insécurité. C’est de cette manière que nous
devons voir le terrorisme et le qualifier.
Nous devons être intolérants face au terrorisme dans un
premier temps parce que dans tous les pays où il existe
actuellement un foyer de terrorisme, c’est toujours sur une
toile de fond d’insécurité, d’instabilité politique et de mauvaise
gouvernance. On peut citer des pays, vous les connaissez tous,
où en plus des foyers de tensions, il y a du laxisme parfois face
au terrorisme.
L’Afrique doit donc pouvoir se prendre en charge pour ne
pas être en reste et pour éviter des interventions parfois très
douloureuses. Nous avons vu ce qui s’est passé en Libye
malheureusement, qui cause d’énormes dégâts collatéraux et
qui a causé d’énormes dégâts collatéraux par la suite. Effectivement, il y a une insécurité, une instabilité en Libye. Il y a eu
une intervention étrangère.
Malheureusement, l’Afrique n’a pas pu traiter ce problème,
l’Afrique n’a pas eu le temps, mais l’Afrique n’a pas été laissée
seule pour trouver une solution à ce problème. Et finalement
il y a eu une intervention étrangère qui a traité le problème
de manière partielle et dont les conséquences sont celles que
nous voyons aujourd’hui : un pays en état de délabrement, où
pullulent énormément de groupes terroristes venus de partout
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
dans le monde, parce qu’ils y trouvent l’insécurité. Et ce qui a malheureusement touché les pays du
Sahel, que ce soit le Niger, le Mali, le Nord du Mali, c’est cette situation qui s’est aggravée et qui continue
à s’aggraver et même qui a débordé vers les autres pays tels que le Nigeria et même le Cameroun.
La réponse à cela malheureusement a été une réponse très lente ou même trop lente, qui a fait que la
situation s’est aggravée et continue de s’aggraver encore. Face à cette situation, il y a une intervention
effectivement africaine et il y a une intervention de la France qui a pu arrêter cette avancée des terroristes
qui a failli venir pratiquement à bout et occuper l’ensemble du territoire de la République du Mali, pays
voisin. Mais la situation reste et demeure. Donc, face à cette situation, nous devons en Afrique essayer
de nous organiser, et c’est ce que nous sommes en train de faire, pour essayer de mettre en place cette
Force africaine en attente pour pouvoir répondre rapidement. Pour pouvoir donner une réponse à temps
à ces difficultés auxquelles nous faisons face et auxquelles nous continuerons à faire face à l’avenir si
nous ne nous organisons pas entre nous. Nous avons ce phénomène de terrorisme qui est devant nous,
qu’il faudrait combattre effectivement, mais qu’il ne faudrait pas seulement combattre. Il faudrait aussi
prendre d’autres mesures d’accompagnement pour éviter d’abord que notre jeunesse ne verse dans ce
terrorisme qui est fatal pour notre pays, pour l’avenir et pour le développement de notre pays. Nous
devons aussi nous entre-aider avec nos partenaires pour lutter contre ce phénomène. Mais ils doivent
nous comprendre, ils doivent comprendre que l’insécurité dans notre pays est due en partie parfois
au sous-développement, au manque de développement, et ils doivent nous aider à lutter efficacement
contre des trafics de tous genres : le trafic de la drogue, des migrations clandestines, qui sont des supports
et des apports pour le terrorisme. Ils doivent nous aider à lutter contre des prises d’otages et éviter de
leur côté d’être laxiste avec les preneurs d’otages. Eviter donc le paiement de rançons qui financent ce
terrorisme, qui le rend plus violent et qui lui donne encore plus de moyens à continuer à exister et à
prendre d’autres otages par la suite. Cela, nous l’avons vécu malheureusement dans notre région du
Sahel, et nous continuerons aussi à le vivre, tant qu’on continue à encourager le terrorisme à exister par
le paiement de ces rançons. Donc, cela doit se comprendre.
C’est vrai que nous devons tout faire pour sauver des vies humaines parfois. Une vie humaine n’a pas
de prix, mais toute vie humaine sauvée par le paiement d’une rançon met en péril parfois des dizaines
d’autres vies humaines et même des États en danger, par des financements, par les équipements qu’ils
vont se permettre d’acquérir par la suite, par le recrutement qu’ils vont effectuer. Nous devons tous
comprendre ce phénomène et l’intégrer dans notre stratégie future.
107
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Question
Merci Monsieur le Président.
Vous voulez dire un mot sur
le Processus de Nouakchott,
dont le premier Sommet se tient
dans deux jours, je crois ?
Question
Cher Président Macky Sall,
l’Afrique vous a confié le Nouveau
partenariat pour le développement
de l’Afrique (NEPAD). Vos pairs
se félicitent de vos efforts pour
redynamiser cette stratégie de
développement continental.
À votre avis peut-on imaginer
un NEPAD sécuritaire, c’est-à-dire
un nouveau partenariat entre
les Africains eux-mêmes et
entre l’Afrique et ses partenaires
dans le domaine de la sécurité
et de la consolidation de la paix ?
Réponse
Oui nous avons effectivement un Sommet qui se prépare, qui va
se tenir dans deux jours. Il y aura d’ailleurs deux sommets, avec
celui du groupe G5. Nous allons donc nous réunir à Nouakchott
pour continuer à travailler à mettre en œuvre notre stratégie
du processus de Nouakchott.
Réponse
Permettez-moi de m’acquitter d’un devoir de gratitude à l’égard
de la France par rapport à l’opération Serval puis Sangaris et
aujourd’hui, Barkhane. Je pense que la France a véritablement
joué sa partition dans ce devoir de solidarité face aux périls
nouveaux. Le NEPAD a été un plan africain conçu par les
Africains et pour l’Afrique, dont un des pères fondateurs est ici
présent avec nous, le Président Olusegun Obasanjo, avec
quatre de ses pairs africains. Le NEPAD se veut un programme
au service de l’Afrique dans le domaine de l’économie, mais il est
clair aujourd’hui qu’il ne peut y avoir économie sans sécurité.
Il ne peut y avoir de développement sans paix, cela va de soi.
Et la paix et la sécurité en Afrique incombent en premier chef
aux États. Puis, à la communauté internationale. Et la parabole
du football, je l’utilise ici : lorsque nous voulons une Coupe
d’Afrique des Nations de qualité, très bientôt nous nous
retrouverons à Malabo, s’il n’y a pas d’équipe nationale de
qualité, le tournoi continental sera médiocre.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Nous allons ensuite nous réunir le lendemain pour le Sommet du G5 pour décider la mise en œuvre de
cette institution et commencer à travailler dans le cadre que nous avons tracé pour cette organisation
qui aura pour objectif essentiel de nous entre-aider et de mutualiser nos efforts afin de développer cette
région et de lutter efficacement, de manière beaucoup plus ciblée, contre tous ces phénomènes que nous
avons cité tout à l’heure : le terrorisme, le trafic de drogue, l’immigration clandestine, les trafics illicites
de tous genres.
On ne peut pas bâtir une capacité de réaction rapide si nous ne construisons pas dans les régions et dans
les États des équipes nationales de sécurité compétentes. Et pour cela, nous devons briser la glace,
puisque au lendemain des indépendances, c’est vrai, il y a eu les guerres ethniques, il y a eu beaucoup
de fautes en Afrique qui ont été commises sous les pouvoirs personnels, au point qu’on a interdit
quasiment à nos pays de s’équiper. Il n’y a pas d’armées. On nous a empêchés de nous équiper convenablement. Et nous avons assisté à quoi ? À des armées tribales, à des gardes présidentielles, qui n’avaient
de rôle et de vocation que de défendre un pouvoir personnel. Aujourd’hui, face aux difficultés, on a vu
que nous ne sommes pas outillés. Et c’est inacceptable que 54 pays, 800 millions habitants, ne puissent
pas se donner les moyens de financer et de former disons même 50 000 forces spéciales ! Ça suffit pour
protéger l’Afrique. 50 000 forces spéciales ! 1000 à 2000 par pays, avec quelques moyens, hélicoptères
de combats, quelques avions, quelques chasseurs... C’est à la portée du continent. Évidemment, il nous
faut avec l’Union africaine donner un mandat aux pays à travers nos organisations régionales pour nous
doter des moyens minimum. Nos amis occidentaux devant aussi évoluer de leur côté pour accepter de
lever les barrières OCDE et de bâtir avec nous des plans d’équipement et des plans d’entraînement nous
permettant nous-mêmes de prendre notre sécurité en main. Voilà ce que je voulais dire et c’est cela qui
pourrait constituer le NEPAD de la sécurité.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Question
Monsieur le Président Idriss Déby,
depuis les pères fondateurs comme
Kwame Nkrumah, Cheikh Anta
Diop et tous les autres, ces pères
fondateurs ont toujours rêvé d’un
système collectif de défense au
niveau du continent africain, d’une
solidarité entre les pays africains
comme le Président Sall vient
de l’expliquer. Ils ont même rêvé
d’une armée africaine.
Monsieur le Président est-il
possible en Afrique de construire
aujourd’hui des forces régionales,
des forces de réaction rapide,
basées dans un pays donné,
opérant sous un même
commandement militaire,
commandement obéissant bien
entendu aux décisions concertées
des chefs d’États ?
Réponse
Je vais quand même faire un petit rappel de l’histoire de l’Afrique.
Au lendemain des indépendances comme vous l’avez dit, il y
avait moins de trois dizaines d’États qui étaient « souverains ».
Ils ont estimé nécessaire de créer une organisation continentale,
ce qui a abouti à la naissance de l’Organisation de l’unité africaine
(OUA). Cette organisation continentale s’est fixé et s’est donné
des objectifs et une vision assez claire. En termes d’objectifs et de
vision, c’était d’unir le continent, lutter pour la décolonisation
totale du continent et abattre aussi l’apartheid.
Quarante ans après, nous nous sommes rendu compte que
l’OUA avait rempli ces missions. Il fallait donc donner une
nouvelle vision à une organisation nouvelle du continent, ce qui
a abouti à la création de l’Union africaine. Le Traité de l’Union
africaine (UA) est à la disposition de tout le monde. Qu’y a-t-il
à l’intérieur ? Il y a une vision et des objectifs bien précis.
Nous avons donné, bien sûr, une importance fondamentale à
la sécurité certes, mais aussi au développement, aux droits
de l’homme, à toutes les valeurs universelles que nous partagions.
Et d’ailleurs même avant d’en arriver à la démocratie, l’Afrique
était humaniste. C’est dans notre culture, c’est dans nos traditions
aussi. Maintenant, nous sommes face à nos responsabilités, le
NEPAD est conçu pour combattre la pauvreté, les maladies, et
aussi toutes formes de mauvaise gouvernance et instaurer dans
le continent, les valeurs universelles de paix, de démocratie et
de bonne gouvernance.
On peut regarder, aujourd’hui avec recul, et dire que si l’OUA
a rempli sa mission, l’UA fait aujourd’hui face à de nouveaux
défis : le terrorisme, la piraterie maritime mais encore les bandits
armés, la drogue qui passait de l’Amérique latine vers les ÉtatsUnis et vers l’Ouest et qui a pris la direction de l’Afrique.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
La jeunesse africaine, qui est désœuvrée aujourd’hui, cherche son bien-être ailleurs puisqu’elle a perdu
espoir en Afrique. Rendez-vous compte, rien qu’en 2014, plus de 3000 jeunes africains au sud du Sahara
ont été noyés sur la route de l’Europe. L’ Europe qui a dressé un mur dans le rivage de la Méditerranée.
Nous sommes face à nos responsabilités et face à l’histoire. En 2011, l’Afrique s’est battue, l’UA s’est
battue. Il y avait beaucoup de foyers de tension avant et beaucoup de ceux-ci ont trouvé des solutions à
l’africaine par les Africains.
Après 2011, tout ce que nous voyons aujourd’hui comme désordre en Afrique, a pris naissance. Nous
savons tous et nous avons tous assisté en tant qu’Africains, et vous le dites, à une violation flagrante de
l’un des aspects les plus importants contenu dans le principe de l’OUA et qui a été reconduit aussi dans
le principe de l’UA : l’intangibilité des territoires hérités de la colonisation. C’est un principe sacré. Nos
amis européens, occidentaux, quand ils ont attaqué la Libye, ne nous ont pas demandé notre avis.
Aujourd’hui, des gens meurent. Quand ils ont divisé le Soudan en deux également. Regardons
aujourd’hui les foyers de tension en Afrique. En Somalie, tout ce qu’on a fait, c’est une intervention
internationale et qui s’est retirée rapidement. Le désordre s’est installé. La division du Soudan a mené
à une guerre civile et des millions de morts, plus que les morts pendant les cinquante années de guerre
entre Soudanais. En deux ans seulement !
La destruction de la Libye. Mon frère disait que c’était du travail inachevé. Non, le travail a été achevé.
L’objectif recherché étant l’assassinat de Kadhafi et pas autre chose. Disons que le travail a été achevé.
Mais ce qu’il n’y a pas eu c’est le service après-vente !
On aurait dû accompagner les Libyens pour la naissance de la nouvelle Libye démocratique, la nouvelle
Libye en paix et en stabilité. Kadhafi est mort, c’est terminé, « bagages pliés, on est partis ». Et voilà,
aujourd’hui la Libye est devenue le terreau du terrorisme et de tous les brigands, de tous les malfaiteurs.
Les Libyens sont désœuvrés et ne savent pas à quel saint se vouer. Les Libyens de souche, pas les
étrangers qui viennent de tous les pays. Le Mali, c’est une conséquence directe de la destruction et du
désordre de la Libye.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Boko Haram est aussi une des conséquences directes de la destruction de la Libye. Boko Haram au
Cameroun, c’est aussi la conséquence directe de la destruction de la Libye. Les armes qui circulent dans
l’Afrique au sud du Sahara jusqu’au rivage, je dirais de l’Équateur, et ces armes vont même encore plus
loin. Vous savez très bien et tout le monde sait très bien que la Libye fait partie des pays les plus armés
en Afrique et je dirai même au monde au temps de Kadhafi. Toutes ces armes aujourd’hui se trouvent
dans la nature.
Mon frère Ibrahim Boubakar Keïta, je ne dirai pas encore IBK, me disait tantôt, que la solution est entre
les mains des Africains. Monsieur le Président, mon frère, la solution n’est pas entre nos mains, la solution
est entre les mains de l’OTAN. Qui a créé le désordre n’a qu’à aller ramener l’ordre.
C’est simple ! Il ne faut pas rigoler, c’est notre vie, c’est l’Afrique qui est en danger ! Les Nations unies qui
ont donné le quitus sont responsables aussi.
Donc aucune armée africaine ne peut aller détruire le terrorisme en Libye. Je ne dis pas le peuple libyen.
Les populations libyennes, quelles que soient leurs origines, quelles que soient leurs idéologies, peuvent
dialoguer et trouver une solution.
Mais là où le bât blesse, c’est comment peut-on négocier ou dialoguer avec les intégristes, avec les
fondamentalistes ? C’est impossible, il n’y a pas de dialogue possible. Et ce sont ceux-là aujourd’hui qui
font le jeu en Libye.
Donc, il n’y a que l’OTAN qui a les moyens nécessaires, comme ils l’ont fait pour faire partir Kadhafi,
pour assassiner Kadhafi, pour aller assassiner aussi les terroristes. On tue un serpent par la tête et pas
par la queue. Donc si on veut résoudre les problèmes du Sahel, si on veut résoudre les problèmes ailleurs
au sud du Sahara, il faut s’occuper de la Libye. Il faut tuer les terroristes qui sont là-bas.
Nous pourrons les accompagner. Nous allons aller avec eux. Il n’y a pas deux solutions. C’est un problème
auquel nous ne pouvons pas chercher des solutions de midi à 14 heures. La solution ce sont nos amis
occidentaux, Monsieur le Ministre, vous m’excuserez, je ne parle pas de vous. C’est à nos amis occidentaux
de trouver une solution pour la Libye, pour le peuple libyen et pour l’Afrique.
Vous me posez la question de savoir si l’Afrique est capable d’avoir une force d’action rapide. C’est une
question simple : y-a-t-il ou non une volonté politique ?
S’il y a une volonté politique de la part des dirigeants africains, il va de soi que nous pourrons créer une
force, l’équiper, lui donner les moyens et la mettre à la disposition du continent. Mais il faut reconnaître
une chose : nos armées nationales aujourd’hui ne sont pas, ne peuvent pas faire face aux menaces
actuelles. Ce sont des petites armées issues de la décolonisation comme l’a dit tout à l’heure mon frère,
mal armées, mal entraînées. Donc les armées que nous avons ne peuvent pas faire face à ces menaces
nouvelles. Il est important que les pays africains, tous les pays africains, se dotent, quelle que soit la
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
taille, d’au moins deux ou trois unités opérationnelles avec tous les moyens adéquats. On parle de
développement en Afrique, on dit : « vous n’avez pas besoin d’armées, vous avez besoin de développement ».
Mais quel développement ? Il n’y a eu ni développement, ni armées.
On nous aide à former des armées capables de bouger et capables de répondre à la sécurité du continent.
Je pense que c’est important. Nous ne pouvons pas continuellement demander à nos amis, nos
partenaires, de nous aider : « nous sommes menacés, venez nous aider ». Mais jusqu’à quand ? Soixante ans
après les indépendances. Concernant la menace sur le Mali, si la France n’était pas intervenue, quelle
serait la situation aujourd’hui en Afrique ? Vous pensez que nous aurions été capables de faire quelque
chose ? Non. Nous aurions perdu l’Afrique. Et nous serions tous aujourd’hui dans une situation de
désespoir total.
Mais la France ne peut pas être continuellement à nos côtés. La France ne peut pas amener ses enfants
continuellement à se faire tuer pour l’Afrique. La France a aussi son opinion nationale.
Bien que les Occidentaux aient des intérêts en Afrique, ils doivent, bien sûr, aussi nous soutenir, mais
nous soutenir autrement. Pas en amenant les enfants occidentaux mourir chez nous en Afrique.
À nous de concevoir des armées adaptées, modernes, capables de faire face à ces situations, à ces différentes
menaces. Je suis certain que nos partenaires, en particulier nos amis français, et les autres nous aideront
en matière d’équipement.
Il y a aussi un autre élément important, qui ne fait partie de la question.
On parle de la sécurité africaine : un continent, 54 pays, une organisation, l’UA, la seule organisation.
Après soixante ans d’indépendance, l’Afrique n’est pas capable de faire fonctionner cette seule organisation.
Est-ce que les moyens manquent en Afrique ? Au point que nous ne pourrions pas assurer le fonctionnement de l’Union ? Qu’on va demander à l’extérieur de venir nous aider ? Où est le sérieux en Afrique ? Est-ce
que ce sont les richesses qui manquent ? Vous dites que nous sommes riches de nos matières premières
sur le continent. Mais où est cette richesse ? Cette richesse, si elle existe, il faut la mettre à la disposition
de l’Afrique pour que le continent fonctionne. Nous ne devons pas continuer à être un poids, un poids
pour nos partenaires. Nous devons sortir de ce giron-là et nous assumer en tant que pays et zones
souveraines, hommes souverains, femmes souveraines. Assumer ! Nous assumer ! La responsabilité la
plus grande incombe aux dirigeants africains et pas seulement à la société civile africaine, aux partis
politiques africains et à la masse, les jeunes et les femmes.
Mes chers ministres, il est donc possible, s’il y a la volonté politique, de créer une armée au bénéfice du
continent. Une armée, s’il y a encore la volonté politique, peut être sous commandement unique, pas
des pays, mais de l’UA seule.
Vous ne pouvez pas créer une armée et être obligés de consulter cinquante chefs d’État pour l’actionner.
Il n’y a que l’UA et elle seule qui peut définir la nécessité d’employer ou pas l’armée.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Question
Monsieur le Ministre
Jean-Yves Le Drian, la France
est perçue comme un partenaire
privilégié de l’Afrique dans
plusieurs domaines, dont la paix
et la sécurité.
Comment pourra-t-on ensemble
convaincre vos pairs, les autres
puissances du monde, les autres
partenaires, de ne pas sous-traiter
les problèmes de la sécurité
de l’Afrique avec la France
et de se contenter parfois
du service minimum ?
Réponse
Je vais être beaucoup plus modeste après les interventions des
chefs d’État, je vais rester à ma place. J’ai néanmoins deux
grandes satisfactions après ce que je viens d’entendre. La
première c’est que Idriss Déby vient de tracer une feuille de
route déjà pour plusieurs années que je ne peux que partager et
qui complète tout à fait les propos du Président Macky Sall tout
à l’heure. Ma deuxième satisfaction, c’est qu’après cet itinéraire
qu’Idriss Déby vient de décrire, on sait qu’il va pouvoir se mettre
en place puisque c’est le Tchad qui assure la présidence du
Conseil de sécurité des Nations unies maintenant. Donc la feuille
de route est tracée et l’exécutif est là. Donc, comme disait ma
grand-mère, « il n’y a plus qu’à faire ».
Mais en tout cas, sur les observations qui viennent d’être faites,
je ne vais pas non plus répondre totalement à la question.
Quelques remarques. Oui la question libyenne est devant nous.
Je ne vais pas retracer toute l’histoire, les hypothèses qui étaient
imaginées sur l’après-Kadhafi, ce qui ne s’est pas réalisé.
Je constate la réalité comme d’autres intervenants avant moi
et la réalité, c’est que la question libyenne est toujours devant
nous. Je ne vais pas dire maintenant comment il faut y répondre
mais que cette préoccupation soit largement partagée me paraît
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
aujourd’hui une bonne chose, que l’opinion internationale, la communauté internationale s’en saisisse,
c’est aussi une bonne chose. Qu’on trouve les moyens de l’action collectivement, c’est une nécessité. La
deuxième observation est sur le partenariat, je crois m’être exprimé sur le sujet il y a un instant. Je constate
avec intérêt que l’Union européenne (UE) est désormais partie prenante. Certes, cela fut lent, mais cela
existe. Il y a deux ans, qui pouvait imaginer que c’est une mission de l’UE qui allait contribuer largement à
la reconstitution de l’armée nationale malienne, l’armée de la souveraineté malienne ? Et maintenant depuis
deux jours, ce même dispositif va se mettre en place en République Centrafricaine. Donc, il y a ce partenariat
et je pense que progressivement les rencontres comme celles que nous avons aujourd’hui permettront aux
Européens de s’approprier aussi la sécurité africaine.
Un des thèmes du Forum a été l’appropriation de la sécurité africaine par les Africains. Ce thème a été repris
par le Président à l’instant. Il faut aussi que les Européens se rendent compte que la sécurité de l’Europe
passe aussi par la sécurité de l’Afrique. Et qu’il faut s’approprier cette double culture. Et les initiatives
comme celles qui sont prises maintenant vont dans le bon sens.
Je voudrais faire une dernière remarque par rapport à ce qu’a dit le Président Macky Sall. Je crois qu’il y
a les moyens de faire en sorte que les États africains assurent leur propre sécurité parce que le statut des
armées africaines dans les États est en train de changer. Il fut un temps, cela a été rappelé, où c’était des
armées qu’il ne fallait pas voir se développer, issues de la période coloniale, ou alors des armées de clan, des
armées tribales. C’est le Président Macky Sall qui citait l’expression « armées tribales ». Nous sommes sortis
de ce champ et nous sommes dans une autre phase qui suppose à la fois des armées robustes mais aussi
des coopérations régionales au sein de l’Union africaine pour que la sécurité soit assurée globalement.
Je pense que c’est le chemin qui est en train d’être pris et en tout cas je m’en réjouis.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Question
Monsieur Peter Maurer,
Président du Comité international
de la Croix-Rouge (CICR),
certains ministres disent que
si la communauté africaine et
internationale avait pris en charge
la Guinée en mars dernier, quand
il y avait une dizaine de cas
d’infection du virus Ebola, nous
n’en serions sûrement pas là.
Que faire pour renforcer la capacité
d’anticipation et de réaction rapide
de la communauté africaine et
internationale face aux grandes
crises sanitaires et humanitaires ?
Réponse
Je pense que pendant le Forum et ce soir, il est très clair qu’il y a
une certaine volonté politique aussi de mettre en relief les actions
préventives. En tant qu’humanitaire pragmatique, le CICR, depuis
cent cinquante ans, se concentre davantage sur la recherche de
réponses rapides et cherche donc à pouvoir réagir en temps de
crise. Il est tout à fait vrai que ce système de mécanisme rapide,
qui est en fin de compte un système simple, a pu se développer
lors des premiers constats d’Ebola. Il est clair que le fait qu’on
n’ait pas communiqué de manière transparente sur ce que nous
observions sur place a empêché les organisations, qui avaient
toutes leurs capacités de réaction rapide, de mettre en place les
mécanismes correspondants.
Il a été dit ce soir, dans ce panel, que la transparence sur ce
qui est en train de se passer est inévitable si on veut avoir une
réponse adéquate aux crises humanitaires.
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Au CICR, par exemple, nous avons un mécanisme de déploiement rapide qui nous permet en 24 heures
de déployer deux ou trois équipes rapides sur n’importe quelle crise, n’importe où dans le monde. Ce n’est
pas une tâche énorme, beaucoup d’autres organisations savent faire la même chose.
Mais encore faut-il avoir une information transparente, savoir où sont les crises. Et ce qui nous préoccupe
le plus aujourd’hui, en tant qu’acteur humanitaire, c’est un énorme décalage entre d’une part ce qui est
communiqué, ce qui est discuté comme étant des crises majeures dans le monde, là où nous constatons les
vrais besoins et d’autre part là où va le financement. Il y a dans ce triangle du travail à faire. Il ne suffit pas
à la grand-mère de dire, « il n’y a plus qu’à faire ». Il y a certaines choses dont il faut discuter. Parce que ce
qui nous préoccupe, c’est cet énorme décalage. On l’a vu en Afrique de l’Ouest et dans beaucoup d’autres
contextes. L’argent va là où les problèmes ne sont pas. Et les problèmes sont articulés au mauvais moment.
Et donc les mécanismes internationaux et nationaux de réponses sont en décalage avec les problèmes réels.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
conclusion
SEM Macky Sall
Président de la République du Sénégal
En accueillant à Dakar ce Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, le Sénégal a
voulu, conformément aux recommandations et conclusions du Sommet de l’Élysée, contribuer
à nos efforts communs pour assoir une stratégie concertée afin de faire face à des menaces
anciennes ou nouvelles qui dépassent chacune de nos frontières.
Je tiens à vous exprimer toute mon appréciation pour avoir fait le chemin de Dakar quelques jours
seulement après nous avoir honorés de votre présence au 15ème Sommet de la Francophonie.
Je remercie également la France, ici représentée par son ministre de la Défense, l’IPS, coorganisateur
du Forum, pour le temps et les efforts consacrés à la tenue de notre rencontre. Je suis reconnaissant
à tous nos autres partenaires qui ont été cités tout à l’heure et dont les contributions ont aidé à
l’organisation du Forum.
Merci à vous tous, Mesdames, Messieurs d’avoir répondu à notre invitation.
Grace à vos contributions de qualité, nous avons pu vérifier à nouveau la nature globale des défis
auxquels nous faisons face. Ces défis, liés à la préservation de la paix et de la sécurité sur le
continent ne sont pas seulement des problèmes afro-africains. Ils s’inscrivent dans une perspective
plus large, une perspective internationale qui nécessite une réflexion commune et préventive pour
anticiper sur les menaces et définir des moyens d’action concertés.
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On ne le dira jamais assez, sans la paix et la sécurité, l’Afrique ne peut trouver la stabilité nécessaire
pour inscrire dans la durée son développement social et économique. Cette évidence se trouve
confortée dans un rapport sur la place de l’Afrique dans le XXIe siècle dans lequel la Banque
mondiale souligne les effets néfastes des conflits sur les secteurs potentiellement les plus dynamiques
de son économie.
Mais les conflits sous toutes leurs formes et leurs conséquences pénalisent d’abord les populations
civiles par les pertes en vies humaines, les exactions, les pillages ainsi que les vagues de réfugiés et
de personnes déplacées qu’ils entraînent.
À ces drames s’ajoutent les situations handicapantes pour les États et les économies, engendrées
par d’autre facteurs d’instabilité comme la piraterie maritime, les prises d’otages, les trafics d’armes
et de drogue, d’êtres humains, ainsi que les crises sanitaires comme Ebola qui sévit actuellement
dans certains pays d’Afrique de l’Ouest.
C’est dire, Mesdames et Messieurs, que les paradigmes ont changé, aussi bien dans la nature des
menaces que dans leur impact. C’est en cela que nous devons aussi changer d’approche et de
méthodes. À l’évidence, les stratégies classiques ne feront plus recette. Il nous faut innover dans
la méthode et dans l’action. Je me réjouis à cet égard des efforts déjà en cours dans le cadre de
l’initiative sur l’Architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine, avec également le Processus
de Nouakchott, dont la République de Mauritanie accueillera le premier sommet ce 18 décembre.
Je voudrais vous féliciter, Président Aziz, pour votre engagement résolu dans la conduite du
Processus de Nouakchott.
Mais, et il faut le dire avec force, en dépit de son volontarisme, l’Afrique à elle seule ne peut
résoudre des menaces dont elle ne constitue d’ailleurs ni la seule cible ni le seul champ d’expression.
Aux quatre coins du monde, l’actualité nous en donne des preuves au quotidien. La responsabilité
première du maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur le continent nous incombe, à
nous Africains. Nous devons l’assumer. Je crois qu’aujourd’hui le leadership politique a été affirmé.
Nous devrons, lors du prochain sommet à Addis-Adeba, engager tous nos collègues pour que
cette décision africaine soit prise et qu’ensemble nous assumions cette responsabilité qui nous
incombe.
C’est ensemble, avec les pays et institutions partenaires, que nous trouverons les réponses les plus
cohérentes et les plus efficaces aux menaces qui nous concernent tous.
Je salue encore une fois à ce propos l’engagement de la France et de l’Union européenne à nos côtés.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
C’est ensemble que nous devons soutenir les efforts d’appropriation par l’Afrique de ses enjeux
sécuritaires. C’est ensemble que nous devons travailler au renforcement de nos forces de
défense et de sécurité, en termes de formation, d’entrainement et d’équipement pour faire face
aux conflits asymétriques.
C’est ensemble que nous devons investir dans la prévention des conflits et autres menaces à la paix,
par des réponses appropriées aux problèmes de développement, par l’éducation et la formation
des jeunes, par la promotion de l’État de droit, par l’échange d’informations et la collecte de
données, à l’instar des réunions des chefs de service de renseignement et de sécurité de la zone
sahélo-sahéliennes.
Nos tâches sont à la fois urgentes et complexes, mais j’espère que par les réflexions et propositions
diverses qu’il aura suscitée, le Forum de Dakar aura contribué à l’émergence d’une conscience
collective sur la nécessité de forger, ensemble, les fondements durables de notre stratégie
commune face à des menaces communes.
Je souhaite par conséquent, tenant compte du succès qu’a connu cette première édition, que le
Forum de Dakar s’établisse sur une base pérenne comme plateforme annuelle de concertation
sur ces défis de notre temps.
Je vous donne donc rendez-vous l’année prochaine, Inch’Allah, et déclare clos les travaux du
Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité !
Je vous remercie.
122
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
le mot de la fin
Cheikh Tidiane Gadio
Président de l’Institut panafricain de stratégies
L’objectif de ce Forum était de discuter, d’échanger et de parler avec le cœur. Bien sûr il y a toujours
le protocole, mais les chefs d’États aujourd’hui ont accepté, parfois, de gérer autrement le protocole
et de vous parler. Et ils vous ont parlé.
Tous les participants au Forum, le Président Macky Sall et son gouvernement, veulent remercier la
participation japonaise qui nous a apporté un appui extraordinaire et qui s’est engagée à poursuivre
cette aventure avec nous. Il y a également l’immense appui de beaucoup de partenaires dont la
France, les Pays Bas, l’Union européenne, la Banque africaine de développement. Je suis maintenant
en difficulté car j’ai commencé à les citer. Alors tous ceux que je n’ai pas cités, sachez que je vous ai
cités par le cœur et que nous pensons à vous. Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous. Bien
sûr que l’Union africaine est en bonne place parmi les parrainages de ce Forum. Et bien sûr que je
n’oublie pas le partenaire essentiel de ce Forum : la République du Sénégal.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Les partenaires
Haut-parrainage
Sous l’égide du gouvernement
de la République du Sénégal
Organisé en partenariat
avec l’Union africaine
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Partenaires institutionnels
« Soucieux des défis sécuritaires communs entre les continents africain et européen
et convaincus de notre responsabilité et de notre devoir de les aborder ensemble,
le Forum de Dakar a permis d’approfondir notre analyse stratégique et a stimulé et
nourri la conviction qu’une approche intégrée et commune est requise.
SEM Ed KRONENBURG,
Ambassadeur des Pays-Bas
en France
Le Royaume des Pays-Bas, en tant que partenaire pour la paix, la justice et le
développement, était heureux de contribuer au succès du Forum de Dakar. Les
Pays-Bas se tiennent prêts à continuer à soutenir ces débats sur les thèmes d’intérêt
commun, appellent à la responsabilité de tous les acteurs mondiaux (publics et
privés) et demandent à chacun d’y contribuer. »
« La paix et la stabilité constituent la base de tout développement. Suite à l’attentat d’In Amenas en janvier 2013, le Gouvernement du Japon place la paix et la
stabilité en première instance de ses priorités, et a annoncé, lors de la Cinquième
Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD V)
tenue à Yokohama en juin 2013, une contribution d’un milliard de dollars pour les
projets du Sahel liés à ces deux domaines.
Takashi KITAHARA,
Ambassadeur du Japon
en République du Sénégal
Mais la menace plane toujours aujourd’hui. Le Forum de Dakar, plateforme idéale
pour la sécurité et la stabilité sur le continent africain, a eu lieu en synergie et au
moment opportun, donnant l’occasion au Japon de montrer son engagement. Sa
réussite est très encourageante et le Japon continuera d’être un contributeur proactif
à la paix, conformément à la volonté du Premier Ministre, S.E. M. Shinzo ABE.
Cette année aussi, nous apporterons notre soutien de manière concrète au Forum. »
126
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Partenaires médias
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Partenaires entreprises
Michel ROUSSIN,
ancien ministre,
Conseiller à la Présidence d’EDF
L’initiative sénégalaise soutenue par la France du 1er forum international sur la Paix et la Sécurité en Afrique qui s’est tenu à Dakar
en décembre dernier a été présentée au Groupe EDF comme un
exercice inédit de débat et de rencontre entre différents décideurs
de premier plan directement concernés par les problématiques
Sécuritaires en Afrique. C’est cette ambition, alliée au sérieux et à
l’expertise des organisateurs, qui nous a convaincus d’y associer
notre nom et d’en devenir l’un des principaux partenaires. Force
est de constater que les résultats ont outrepassé nos espérances.
Par la diversité et la qualité des participants sélectionnés, qu’ils
soient Experts, Ministres ou Chefs d’États, Grand Dirigeants
d’entreprises, militaires ou hauts fonctionnaires, le mot Forum a
pris tout son sens au travers de ces 2 journées particulièrement
riches et bien organisées.
La grande qualité des intervenants sélectionnés a permis de créer
des espaces d’échange où chacun a pu exposer ses problématiques
et confronter ses opinions librement. De plus, l’unité de temps
et de lieu a facilité des prises de contacts professionnelles très
positives. Enfin, l’écueil d’une réunion strictement politique,
diplomatique ou économique a su être évité par l’allégement du
protocole et la liberté des prises de paroles en atelier. C’est sans
aucun doute cette approche moderne d’une réunion internationale
de haut niveau qui favorise la cohésion nécessaire à la compréhension des enjeux stratégiques du continent africain. En toute
hypothèse, un tel forum ne peut que contribuer positivement à
l’émergence économique du continent et nous attendons avec
intérêt la prochaine édition annoncée par le Président Macky Sall
dans la conclusion de cette 1ère édition.
Très investi en Afrique pour l’ensemble de ses activités – défense
et sécurité, aéronautique et transport – Thales est fier et heureux
d’avoir participé activement au premier Forum international de
Dakar. Par la qualité des échanges, grâce au soutien apporté par
des personnalités politiques de premier plan mais aussi des chercheurs de haut niveau et des décideurs économiques de différents
horizons, cette nouvelle enceinte d’échanges a pleinement rempli
son rôle. Le Forum international de Dakar s’est affirmé d’emblée
comme un lieu de rencontre privilégié sur des enjeux majeurs
pour la région et au-delà, qu’il s’agisse de la protection des
frontières terrestres et maritimes, de la lutte contre le terrorisme,
ou encore de la protection des ressources naturelles.
Ce forum est d’autant plus important aujourd’hui que l’Afrique, zone
de croissance majeure à l’échelle mondiale, continuera à se développer de façon importante au cours des prochaines décennies.
Au-delà du succès de cette première rencontre, nous souhaitons
donc à cette initiative de nombreuses et fructueuses rééditions,
au service de programmes collectifs de paix, de sécurité et de
développement.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Jean-Michel PALAGOS,
Président Directeur Général de DCI
À défis majeur, rendez-vous majeur
L’avenir de l’Afrique est intimement lié au cercle vertueux formé
par la sécurité et le développement économique. Aujourd’hui, le
continent africain connait des évolutions positives spectaculaires,
du fait d’un dynamisme économique porteur de réelles promesses.
Toutefois, la persistance de foyers de tension et le terrorisme font
peser un risque sur ce développement prometteur, ce dont ont
conscience tous les dirigeants de ce vaste continent. Pour relever
tous les défis actuels, il devient absolument nécessaire de développer les capacités africaines de sécurité autonomes avec des
armées et des forces de sécurité à la juste mesure de la mission
qui leur est confiée. Ces capacités ne reposent pas uniquement
sur le déploiement de matériels adaptés mais également sur des
hommes recrutés, formés, entraînés et organisés pour pouvoir
mettre en œuvre ces équipements selon des concepts adéquats.
Cette approche capacitaire est celle de Défense Conseil International (DCI), opérateur du transfert des savoir-faire des armées
françaises, dont l’action s’inscrit strictement dans les objectifs de
coopération militaire du ministère de la Défense, tout en étant
complémentaire mais distincte des actions menées par la Direction de la coopération de sécurité et de défense. Aussi, en participant au Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité
en Afrique, DCI souhaitait améliorer sa perception des défis de la
sécurité africaine et se donner les moyens d’inscrire mieux encore
son action dans la contribution de la France et de ses armées à la
stabilité du continent. Cette première édition du Forum de Dakar
a parfaitement répondu à cet objectif. Nous avons pu participer à
des échanges de haut niveau, aussi variés que libres, aux côtés de
décideurs politiques et militaires, mais également d’acteurs de la
société civile, directement impliqués dans ces défis de la sécurité
et du développement. Ces temps d’échanges et de libre propos
constituent en effet un atout de taille pour qui veut comprendre
et contribuer à la sécurité du continent africain. C’est en cela que
le Forum de Dakar s’est d’emblée imposé comme un rendez-vous
majeur, à la mesure du défi que l’Afrique et ses partenaires sont
en mesure de relever.
Didier TRUTT
Président Directeur Général
La participation du Groupe Imprimerie Nationale à la première
édition du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique
s’est tout naturellement imposée comme une évidence au nom
des relations anciennes de confiance entre le Groupe Imprimerie
Nationale et nombre d’États africains. J’ai personnellement pu
apprécier, outre l’accueil réservé par nos hôtes sénégalais, la qualité
des échanges avec les différents interlocuteurs et le haut degré
de confiance que nous ont témoigné les nombreux responsables
gouvernementaux présents durant ces deux journées. Le Forum
de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique a clairement marqué
l’avènement d’une pensée stratégique ambitieuse au service du
continent, au moment où les défis sécuritaires nous interpellent
tous. À ce titre, le Groupe Imprimerie Nationale, partenaire de
confiance de nombreux États pour la production et la conception
de titres d’identité sécurisés, a été honoré de pouvoir participer à
ce moment en tant qu’expert industriel.
J’ai la conviction que cette initiative, portée notamment par l’Institut
panafricain de stratégies, est amenée à jouer un rôle de premier
plan en faveur de la paix et de la sécurité du continent. Celle-ci
doit se poursuivre pour devenir un moment récurrent et structurant pour la pensée stratégique africaine. Le Groupe Imprimerie
Nationale, dans son domaine d’expertise, ne manquera pas d’être
présent aux côtés des différents États participants pour contribuer
à son succès.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Général Pierre de Saqui de Sannes
Conseiller Institutionnel CMA CG
Notre participation au Forum International de Dakar sur la Paix
et la Sécurité en Afrique était l’occasion, comme le rappelait
Rodolphe Saadé, notre Vice-Président, de montrer notre attachement
à ce continent (Cf. Jeune Afrique du 1er mars 2015). Mais c’est
aussi pour nous un devoir que de se tenir informés des problèmes
de sécurité sur un continent où nos projets et investissements
portuaires et terrestres sont très nombreux et où notre Groupe
emploie 1 456 collaborateurs, dont plus de 60 expatriés, dans
62 bureaux répartis sur 44 pays.
Ainsi donc à Dakar, les représentants de la CMA CGM ont pu :
– avoir le plaisir de se retrouver en terre africaine au sein de cette
communauté d’amis issues des quatre coins du continent. Il nous
semble, en effet, essentiel de conserver cette localisation géographique africaine pour parler des problèmes sécuritaires de cette
région du monde.
De même, la présence de délégations de pays non francophones
a donné un caractère continental à ce forum et les efforts fournis
doivent être maintenus dans ce domaine à notre humble avis.
– rencontrer et aborder des responsables de haut niveau africains,
français, européens et onusiens en matière de sécurité au moment
où le continent africain connait certainement une période des
plus dangereuses de son histoire et ce d’Ouest en Est avec le
Nigéria, le Sahel, la Libye et la Somalie.
130
Ces échanges sont riches d’information, de retour d’expérience et
de conseil qui aident les entreprises à prendre les bonnes décisions
en matière de sécurité pour nos collaborateurs. C’est une priorité
d’autant plus forte que le contexte est particulièrement sensible.
– écouter, lors d’une séance plénière de haut vol, quatre Chefs
d’État en exercice (Sénégal, Mali, Tchad et Mauritanie) et un
ancien Chef d’État (Nigéria) dont le moins que l’on puisse dire est
qu’ils avaient oublié la « langue de bois ».
Beaucoup d’entre nous ont pris conscience à cette occasion de la
gravité des évènements actuels en Afrique et de l’engagement des
responsables de ce continent à lutter pour conserver leur liberté.
Moment fort de ce séminaire marqué par un langage de vérité
peu courant, cette prestation restera sans nul doute gravée dans la
mémoire de tous les participants.
En conclusion, il est clair que ce forum a été couronné de succès
et que l’actualité quotidienne ne plaide pas pour renoncer à cette
initiative à laquelle notre Groupe continuera de participer.
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Christophe REMY,
Président du CA de LHAviation
Ce premier Forum international de Dakar, auquel la société
LH Aviation a participé comme parrain de cet événement, a marqué
une étape importante de prise en compte de ses enjeux de sécurité et de défense par l’ensemble du continent africain. Alors que
la région sub-saharienne subit de multiples attaques terroristes
au lendemain notamment de l’effondrement du régime libyen,
alors que la communauté internationale, la France en particulier,
s’engage aux côtés des forces africaines pour lutter contre ce fléau
qui menace aussi l’Europe, les interventions de l’ensemble des
participants ont été marquées par une remarquable lucidité et un
fort esprit de responsabilité. La présence effective des chefs d’État
pour conclure ce premier Forum est aussi la marque de l’intérêt réel
que portent ces dirigeants à ces enjeux. L’ensemble des conditions
proposées aux participants, des services d’hôtellerie en passant
par les déjeuners et les dîners comme la fluidité de l’organisation,
ont été d’une qualité impressionnante.
Cette conférence, qui s’est déroulée dans les meilleures conditions,
avec un amphithéâtre et des espaces de conférence particulièrement
confortables et bien équipés, a permis à notre société d’engager
des échanges de grande qualité. Au-delà de la participation au
sol de troupes africaines, engagement unanimement salué, nous
avons pu insister sur l’importance pour chaque État souverain de
maitriser son espace aérien dans une perspective de défense et de
sécurité, mais aussi pour s’assurer une autonomie dans l’acquisition de l’information et du renseignement. Nous espérons que
la pérennisation du Forum permettra de continuer, à Dakar, ces
fructueux échanges.
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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Les organisateurs
Président
Cheikh Tidiane GADIO, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal,
président de l’Institut Panafricain de Stratégies.
Vice-présidents
Camille GRAND, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique ;
Michel FOUCHER, conseiller diplomatique du président de CEIS.
Conseillers spéciaux pour le Forum
Fabienne HARA, conseillère spéciale pour le Forum ;
Hugo SADA, conseiller spécial pour le Forum ;
Mapenda MBAYE, administrateur civil, expert associé chargé du territoire
et de la décentralisation, expert à l’IPS.
Membres
Jean-François DAGUZAN, directeur adjoint de la FRS ;
Olivier DARRASON, président de la CEIS ;
Alexandre HOUDAYER, secrétaire général de la FRS ;
Landing SAVANE, ancien ministre d’État,
ministre conseiller à la présidence de la République du Sénégal, membre de l’IPS ;
Éric SCHMIDT, conseiller spécial auprès du président de la CEIS ;
Moussa SECK, membre de l’IPS, président du Pan African Agribusiness
and AgroIndustry Consortium (PanAAC).
Avec l’appui du
Ministère français de la Défense
Cédric Lewandowski, directeur du cabinet civil et militaire du ministre
Luis Vassy, conseiller diplomatique du ministre
Franck Paris, conseiller pour les affaires européennes
Hugo Richard, chef de cabinet adjoint
Sacha Mandel, conseiller pour la communication
Philippe Errera, directeur général des relations internationales et stratégiques.
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Dakar dans la presse
Retrouvez la revue de presse
du forum sur :
www.dakarforum.org
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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Le Soleil.sn
17 décembre 2014
RFI,
16 décembre 2014
Le Quotidien.sn,
17 décembre 2014
« Le temps est révolu où les Africains confiaient
leur sécurité aux autres pays.» C’est l’engagement ferme que le Président Macky Sall et
trois de ses pairs ont pris, hier, au terme du
Forum sur la paix et la sécurité tenu du 14
au 16 décembre 2014 à Dakar. Pour le chef
de l’État, assurer la sécurité de l’Afrique est
devenu une responsabilité des Africains
eux-mêmes.
Sécurité en Afrique : le Forum de Dakar fait
salle comble.
Le Forum international de Dakar s’est voulu
informel mais riche en échanges. Après
3 plénières et 10 ateliers thématiques, les
participants ont passé en revue l’architecture
sécuritaire de l’Afrique et les solutions à apporter
pour plus de stabilité. La prévention a, à
plusieurs reprises, été brandie comme meilleur
rempart.
La première édition du Forum sur la paix
et la sécurité en Afrique, organisée à Dakar,
a été un succès éclatant. Aussi bien par
l’organisation que par la participation des
éminents experts civils et militaires et de
la société civile qu’il a réunis. Le président
de l’Institut panafricain de stratégies (Ips),
Cheikh Tidiane Gadio a d’ailleurs indiqué
que 400 participants ont pris part à cette rencontre venant de 47 pays dont 30 en Afrique,
ainsi que de 12 organisations. Une parfaite
organisation et une richesse des thématiques
que le chef de l’État Macky Sall n’a pas manqué de relever.
« J’espère, par les réflexions et propositions
diverses, qu’il aura suscitées, que le Forum de
Dakar aura contribué à l’émergence d’une
conscience collective sur la nécessité de forger,
ensemble, les fondements durables de notre
stratégie commune face à des menaces communes »,
a-t-il dit, tout en indiquant que ce Forum
sera pérennisé.
_____________________________________
Le Point.fr,
18 décembre 2014
Le Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en
Afrique a conduit à poser les jalons d’une prise
en charge africaine des menaces extrémistes et
criminelles qui planent sur le continent.
La première édition du Forum international
de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique
qui a ouvert ses portes hier, dans la capitale
sénégalaise, connaît un succès d’affluence et
de prestige, avec plus de 350 participants dont
des officiels souvent de haut niveau venus
d’une quarantaine de pays. Organisée à l’initiative de la France et du Sénégal, cette rencontre
a pour ambition de devenir un rendez-vous
annuel et de contribuer à la “création d’une
culture de sécurité en Afrique”.
Les participants, issus autant de la société
civile que des gouvernements, ont pris la
parole librement, interrogeant, interpelant les
intervenants spécialisés ou complétant les propos de ces derniers par des récits d’expériences
vécues. Les ateliers prévus pour la deuxième
journée promettent de connaître les mêmes
affluences et intérêt.
_____________________________________
L’Express,
16 décembre 2014
La première journée du Forum international
de Dakar sur la paix et la sécurité aura permis
de bousculer quelques tabous.
_____________________________________
La Croix,
17 décembre 2014
On s’attendait à une réunion sans grand intérêt,
à une série de discours lénifiants et sans portée
sur la sécurité en Afrique […]. Mais cela n’a pas
été le cas. Le Forum international sur la paix et
la sécurité en Afrique […] a été l’occasion pour
certains chefs d’État africains de demander une
intervention militaire en Libye.
_____________________________________
Le Matindz.net
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L’As,
17 décembre 2014
« Le Forum de Dakar est une innovation et sa
pérennisation un salut pour le continent. Près
de 400 délégations ont pris part à la rencontre,
aux ateliers thématiques et aux plénières.
L’Affluence et les positions tranchées renseignent
sur le souci, l’inquiétude et la peur bleue des
Africains face à la montée du terrorisme. »
_____________________________________
Le Figaro,
16 décembre 2014
L’Europe a créé depuis longtemps son forum
stratégique, la Werkhunde de Munich, l’Asie
a son ‘dialogue de Shangri-La’, à Singapour,
tout comme celui de Manama, au Bahreïn,
pour le Proche-Orient, ou d’Halifax,
au Canada pour l’Amérique du Nord.
Les Africains se retrouveront l’an prochain
à Dakar où s’est déroulé lundi et mardi
le premier Forum sur la paix et la sécurité
en Afrique, réunion ‘informelle’ de quelque
trois cents personnalités, politiques, militaires
et experts, organisée par deux think-tanks,
l’Institut panafricain de stratégies et la
Fondation pour la recherche stratégique.
Le projet est né, il y a un an, en décembre
2013, à l’issue d’un sommet à l’Élysée.
Les chefs d’État africains présents y avaient
proclamé leur intention de prendre en main
la sécurité de leur propre continent.
“La France continuera d’appuyer ce
mouvement d’appropriation par l’Afrique
de sa propre sécurité’’, a déclaré Jean-Yves
Le Drian, personnellement très investi
dans la concrétisation de l’événement.
Le but, a-t-il, souligné, est de “créer
une culture de sécurité commune”.
L’intitulé de « forum » adopté par l’évènement
de Dakar n’enlève rien à son importance et
à sa portée. Parmi les 300 participants qui y
assistent figurent des chefs d’État (Ibrahim
Boubakar Keïta – Mali –Mohamed Ould
Abdel Aziz – Mauritanie), des chercheurs,
des universitaires, des militaires et même des
industriels de l’armement.
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
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RTS.sn,
16 décembre 2014
DSI,
février 2015
La Voix du Nord,
15 décembre 2014
Pour un coup d’essai, ce fut un coup
de maître. Voilà ce que l’on peut retenir avant
la clôture de la grand’messe des questions
de la paix et de la sécurité en Afrique.
Le Forum international de Dakar sur
la paix et la sécurité en Afrique doit devenir un
rendez-vous récurrent réunissant les décideurs
à même de répondre aux crises propres
à ce continent.
Au bout du compte, et c’est le sens de ce
Forum organisé par le Président Macky Sall,
« l’impératif sécuritaire doit être considéré par
les Africains comme une priorité ». Finalement,
ce Forum tombe à point nommé, un an après
celui de Paris : il se tient à un moment où ces
dynamiques positives africaines ont besoin
d’être confortées, confirmées et accompagnées
par leurs partenaires.
Cette rencontre a pour ambition de devenir
un rendez-vous annuel et de contribuer à la
‘création d’une culture de la sécurité en Afrique’.
_____________________________________
Dakaractu,
17 décembre 2014
En accueillant à Dakar ce Forum international
sur la Paix et la Sécurité en Afrique,
le Sénégal a voulu, conformément aux
recommandations des conclusions du sommet
de l’Élysée, contribuer à nos efforts communs
pour asseoir une stratégie concertée afin
de faire face à des menaces anciennes ou
nouvelles qui dépassent chacune de nos
frontières.
_____________________________________
Jeune Afrique,
16 décembre 2014
On se félicite du nombre importants de
participants et de la qualité des personnalités
politiques, militaires, et académiques
présentes. Il est vrai qu’avec 350 participants,
le seuil espéré est largement dépassé.
Tous ont pu longuement échanger, soit lors
des ateliers organisés soit lors des incessantes
sessions bilatérales ou des entretiens informels
qui ont eu lieu en marge du forum. « On ne
construit pas une politique de sécurité sans une
réflexion stratégique. Ce forum doit nous apporter
une doctrine », explique un proche du ministre
français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Le Sénégal et son président, Macky Sall,
ont joué un rôle central dans l’organisation
du forum. Aux côtés des Sénégalais, la forte
présence de hautes personnalités politiques est
significative de l’intérêt suscité par le sommet.
Une satisfaction pour cette première édition :
plus de trois cents participants, dont beaucoup
de ministres et de chefs d’état-major, une
bonne cinquantaine de journalistes et même
quelques chefs d’État (les présidents du Mali,
du Tchad, du Sénégal ainsi que l’ancien
président du Nigéria) ont fait le déplacement.
Si l’on pouvait parfois regretter un manque
de réalisme dans les discussions, on ne peut
nier qu’une telle spontanéité et une telle
franchise n’auraient pas pu être entendue
ailleurs. Chacun, responsable politique,
chercheur, diplomate, militaire ou représentant
de la société civile, a pu exprimer ses doutes
et ses attentes. Dakar s’impose ainsi comme
une enceinte de réflexion et de débat
qui justifie bien l’effort de lobbying réalisé
par les différents partenaires de l’évènement.
_____________________________________
Le Monde.fr,
16 décembre 2014
Les participants au Forum de Dakar ont
déclaré à l’issue de deux jours d’échange
vouloir unir leurs moyens pour attaquer
le problème du terrorisme en Afrique.
_____________________________________
Le Monde diplomatique,
1er février 2015
« Tout le monde est conscient que l’Afrique
est l’avenir stratégique du monde, sauf les
Africains ! », regrette M. Cheikh Tidiane Gadio,
président de l’Institut panafricain de stratégies,
principal organisateur du Forum international
sur la paix et la sécurité en Afrique, qui s’est
tenu à Dakar (Sénégal) à la mi-décembre.
Cette réunion informelle – une première
en Afrique, destinée à devenir annuelle –
réunissait quatre cents militaires,
responsables politiques, chercheurs,
journalistes, à l’image de ce qui se fait dans
d’autres régions du monde.
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_____________________________________
La Marseillaise,
16 décembre 2014
Le Forum de Dakar a vocation à devenir un
rendez-vous annuel à l’image des conférences
sur la sécurité de Munich en Europe, Manama
au Moyen-Orient, Halifax au Canada ou celle
du Shangri-La à Singapour, axée sur les
questions géostratégiques en Asie du Sud-Est.
_____________________________________
20 minutes,
16 décembre 2014
Quelque 350 participants dont des officiels
souvent de haut niveau venus d’une
quarantaine de pays. L’affiche est belle, la salle
est comble. Le premier Forum international
de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique
rencontre le succès, dès sa première édition.
Une rencontre qui devrait d’ailleurs devenir
un rendez-vous annuel.
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Dakar en ligne
Vous trouverez l’ensemble
des documents, photos et vidéos
du Forum sur notre site internet :
www.dakarforum.org
138
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Pour revivre à nouveau le Forum,
rendez-vous sur notre compte Twitter :
@DakarForum
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Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Liste des participants
______
Hassan Hamid ABDALLA
Conseiller du Président de la République du Soudan
______
Idrissa BA
Commissaire, Président ASRDR, West Africa Commission on Drugs
Amadou ABDOUL SAKHO
Pan African News Agency (PANA)
Hawa BA
Senegal Country Officer, Open Society Initiative For West Africa
Ahmed Rufai ABUBAKAR
Amady BA
Chef de la Coopération Internationale, Bureau du Procureur, Cour
pénale internationale
Directeur Affaires Politiques, Bureau de l’Afrique de l’Ouest,
Nations Unie
Patricia ADAM
Présidente de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées
Députée, Assemblée Nationale, France
Nabil ADGHOGHI
Directeur Général de la Coopération Bilatérale, MAEC, Chef de délégation
Erik AF HALLSTROM
Manager Régional - problématiques Panafricaines, Ministère des
Affaires étrangères, Finlande
Mamadou BALL
Expert Associé Communication, Institut Panafricain de Stratégies (IPS)
Cornélius AÏDAM
CEO, PAXAFRICA
Naby Youssouf BANGOURA
Ministre d’État, Secrétaire Général de la Présidence, Guinée
Pascal AIRAULT
Journaliste, L’Opinion
Alain BARLUET
Journaliste, Le Figaro
Abdel-Rhamane Haggar ALI
Recteur, Université de Ndjamena, Tchad
Taleb BARRADA
Ambassadeur du Royaume du Maroc au Sénégal
Monika ALTHAUS
HCDH/BRAO, Nations unies
Philippe BARREAU
Directeur Général Delmas Bénin chez CMA CGM
Mohamed ANACKO
Président, Conseil régional d’Agadez, Niger
Alain ANTIL
Chercheur et responsable du programme Afrique subsaharienne, IFRI
Mohamed Ould Abdel AZIZ
Président de la République Islamique de Mauritanie
Naini AZIZ
Ambassadeur de la Tanzanie en Éthiopie, Représentant permanent
auprès de l’UA et de l’UNECA et Président du Conseil de paix et de
sécurité
Stanislas BABA
Conseiller mer, Présidence de la République du Togo, Ancien ministre
Assanatou BALDE
Journaliste, Afrik.com
Général Martin Luther AGWAI
Ancien Commandant de la MINUAD, Nations unies
Molefi Kete ASANTE
Professeur Emérite, Temple University
Diade BA
Office manager, Reporter, Reuters
Niagalé BAGAYOKO PENONE
Spécialiste de Programme, Organisation Internationale de la
Francophonie
Cyriaque Pawoumotom AGNEKETHOM
Directeur Maintien de la Paix et Sécurité Régionale, CEDEAO
Jean ARNAULT
Membre, High level Independent Panel on UN Peace operations,
Nations Unies
Amadou Lamine BA
Institut Panafricain de Stratégies (IPS)
Philippe BEAULNE
Ambassadeur du Canada à Dakar
Philippe BÉGUIN
Conseiller, Ambassade de Suisse au Sénégal
Daniel BEKELE MULUGETA
Directeur de la division Afrique, Human Rights Watch
Jean-Christophe BELLIARD
Directeur d’Afrique-Océan Indien, MAEDI, France
Dounia BEN MOHAMED
Journaliste, Africa News Agency
Hatem BEN SALEM
Professeur de droit - Ancien Ministre, Université de Tunis, Tunisie
141
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Hichem BEN YAICHE
Rédacteur en Chef, Le Magazine de l’Afrique - IC Publications
Mohamed Ibn CHAMBAS
Représentant Spécial du Secrétaire général - Chef du Bureau des
Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Nations unies
Mohamed BENHAMOU
Président, Centre Marocain des Études Stratégiques
Weixiong CHEN
Directeur exécutif adjoint, Counter-Terrorism Committee Executive
Directorate, Nations unies
Pierre BENOIT
Directeur adjoint de l’information, TV5 Monde
Smaïl CHERGUI
Commissaire pour la Paix et la Sécurité, Union africaine
Ruth BERNABE-PALANCA
The House of the Rising Stars Foundation
Mark CHICHESTER
Directeur, Atlas Research, États-Unis
Général Emmanuel BETH
Associé Senior, ESL & Network
Yves Alexandre CHOUALA
Enseignant-Chercheur, Institut des relations internationales du Cameroun
Bégong-Bodoli BETINA
Ecrivain - Maître de Conférences, Université Gaston Berger de SaintLouis, Sénégal
Jakkie CILLIERS
Directeur Général, Institute for Security Studies
Christophe BIGOT
Directeur de la stratégie, Ministère de la Défense, France
Général Lamine CISSE
Ancien Ministre, Partners West Africa – IPS
Abdoulaye BIO TCHANE
Ancien ministre, Economiste, Bénin
Awa Marie COLL SECK
Ministre de la Santé et de l’Action Sociale, Sénégal
Colonel Aloys BIZINDAVYI
Commandant de l’Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM),
Force de Défense Nationale, Burundi
Brigitte COLLET
Ambassadrice de France en Éthiopie, Représentation permanente
auprès de l’Union africaine
Barthélémy BLÉDÉ
Chercheur, ISS – Sénégal
Charles COLLINS
Senior Defense Attaché, Ambassade des États-Unis au Sénégal
Christophe BOISBOUVIER
Radio France Internationale (RFI)
Augusta CONCHIGLIA
Grand Reporter, Afrique Asie
Sheriff BOJANG JUNIOR
Journaliste
Sekou K. CONDE
Directeur éxecutif, African Crisis Group
Gilles BONNAUD
Conseiller diplomatique du Président, DCNS
Colonel Marc CONRUYT
Attaché de Défense, Ambassade de France au Sénégal
Thierry BOURGEOIS
Directeur sûreté, TOTAL
Jean COSTEDOAT-MIOSSEC
Attaché Régional de Sécurité, Service européen pour l’action extérieure
- Délégation de l’Union européenne à Dakar
Luke BROWN
Journaliste, France 24
Abdoullah COULIBALY
Vice Président, Fondation Forum de Bamako
Senussi M BSEIKRI
Directeur, Centre Libyen pour la Recherche et le Développement
______
Kamissa CAMARA
Chargée de Projet Afrique de l’Est, National Endowment for Democracy
Babacar CAMARA
Président du Conseil d’Administration, Sococim Industries
Nathalie CANTAN
Chargée de Mission Sahel,
DGRIS, Ministère de la Défense, France
Rémi CARAYOL
Journaliste, Jeune Afrique
Marie-Josée CEROL
Professeur d’Université, Afrocentricity International, MKA Institute,
Temple University
______
Christophe Marie DABIRÉ
Commissaire, UEMOA
Jean-François DAGUZAN
Directeur adjoint, Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS)
Éric DANON
Directeur Général, Conseil Supérieur de la Formation et de la
Recherche Stratégique
Olivier DARRASON
Président, CEIS
Pierre DASSAS
Président, The House of the Rising Stars Foundation
142
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Raul DE MELO CABRAL
Chef de la Coordination pour le Mozambique, ONUSIDA, Nations unies
Mariam DIALLO
Chef de Cabinet, Assemblée Nationale, Mali
Ramiro Armando DE OLIVEIRA LOPES DA SILVA
Directeur exécutif Assistant, WFP Rome
Malick DIAWARA
Journaliste, Le Point
Arnaud DE PELLEGARS
Conseiller pour les affaires de Défense et de Sécurité, Secrétariat général
de la Défense et de la Sécurité Nationale, France
Adama DIENG
Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide,
Nations unies
Marc-Antoine DE PEROUSE DE MONTCLOS
Professeur - Chercheur associé au CEPED, Institut français de
géopolitique - Université Paris 8
Sarah DIFFALAH
Le Nouvel Observateur
Général Grégoire DE SAINT-QUENTIN
Général du Commandement des Opérations Spéciales, Ministère de la
Défense, France
Pierre DE SAQUI DE SANNES
Directeur d’Etablissement - Conseiller Institutionnel, CMA CGM
Alioune Ndour DIOUF
Directeur des Opérations pour l’Afrique Subsaharienne, AXA
Saïd DJINNIT
Secrétaire Général adjoint - Envoyé spécial du Secrétaire Général pour la
région des grands lacs, Nations unies
Jean-Philippe DORENT
Directeur Général international, HAVAS Worldwide
Gwendoline DEBONO
Journaliste, Europe 1
Malik DECHAMBENOIT
Partenaire co-fondateur, Cabinet Gumbi-Dechambenoit and Associates
Amanda J. DORY
Sous-secrétaire d’État à la Défense déléguée aux Affaires africaines,
Ministère de la Défense, États-Unis
Catherine DECKER
Premier Secrétaire, Ambassade du Luxembourg au Sénégal
Robert DOSSOU
Ancien Président de la Cour Constitutionnelle, Bénin
Christophe DECROIX
Journaliste, RTL
Stéphane DOYON
Responsable de l’Unité Afrique de l’Ouest, Médecins Sans Frontières
Général Laurent DEMOLINS
Directeur adjoint de la Coopération Internationale,
Ministère de l’Intérieur, France
Tiébilé DRAME
Ancien Ministre, Mali
Rinaldo François DEPAGNE
Directeur du Projet Afrique de l’Ouest, International Crisis Group
Solomon Ayele DERSSO
Chercheur, Institute for Security Studies
Hélène DUCHENE
Directrice, Affaires Stratégiques, de Sécurité, MAEDI, France
Charles-Hubert DUFOUR
Directeur de la Région Subsaharienne, THALES
Vanessa DESCOURAUX
Journaliste, France Inter
Général Louis DUHAU
Commandant les Eléments Français au Sénégal,
Ministère de la Défense, France
Katherine DHANANI
Director - Office of Regional and Security Affairs, US Department of
State - États-Unis
Vincent DUHEM
Journaliste, Jeune Afrique
Ibrahima DIA
Ancien ambassadeur de la Mauritanie aux États-Unis
Abdourahmane DIA
BBC News
Zéphirin DIABRÉ
Ancien Ministre, Union pour le Progrès et le Changement (UPC),
Burkina Faso
______
Anas EL GOMATI
Directeur Général, Sadeq Institute
Colonel Bonaventure Chryst ENGOBO
Secrétaire Général adjoint, Conseil National de Sécurité, République
du Congo
Bertrand EPSTEIN
The House of the Rising Stars Foundation
Alioune DIAGNE
Directeur Général, AXA
Comfort ERO
Directrice du programme Afrique, International Crisis Group
Bineta DIAGNE
Journaliste, Radio France Internationale (RFI)
Philippe ERRERA
Directeur, Direction générale des relations internationales et de la
stratégie (DGRIS), France
Babacar DIALLO
Directeur, CEDS de Dakar
143
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
______
Cyprien FABRE
Directeur Régional du Bureau, Commission Européenne pour l’aide
humanitaire et la gestion de crise, Union européenne
Raymond GILPIN
Doyen des Affaires Académiques, Africa Center for Strategic Studies
(ACSS)
Olivier GIRARD-REYDET
Directeur Général, Grands Domaines du Sénégal
Bruno FANUCCHI
Président, Association des Journalistes de Défense
Étienne GIROS
Président Délégué, Conseil Français des Investisseurs en Afrique
Jean FELIX-PAGANON
Ambassadeur de France au Sénégal
Amandine GNANGUENON
Chercheur
Thomas FESSY
Journaliste, BBC News
Daniel FLYNN
Correspondant économique sénior, Reuters
Carmela GODEAU
Représentant régional pour l’Afrique Centrale et Afrique de l’Est, International Organization for Migration
Augustin Kossi Mensa FODOU
Journaliste, Le Journal du Mali
Christophe GOMART
Directeur du Renseignement Militaire, Ministère de la Défense, France
Vincent FOUCHER
Analyste principal, International Crisis Group
Felix GOMEZ
Directeur régional adjoint, WFP
Michel FOUCHER
Expert International, CEIS
Camille GRAND
Directeur, Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS)
Olivier FOURT
Radio France Internationale (RFI)
Michael GRANT
Représentant permanent Adjoint, Permanent Mission of Canada,
Nations unies
Carine FRENK-BRISSAUD
Journaliste, Radio France Internationale (RFI)
Hiroute GUEBRE SELASSIE
Envoyée spéciale du Secrétaire Général pour le Sahel, Nations unies
Yves FROMION
Député du Cher, Assemblée Nationale, France
______
Nadia GACEM
Attachée de Recherche, Institut National d’Etudes de Stratégie Globale,
Algérie
Cheikh Tidiane GADIO
Président - Ancien Ministre d’État, Institut Panafricain de Stratégies
(IPS)
Jean-Marie GUÉHENNO
Président-Directeur général, International Crisis Group
GB Cheick GUEYE
Chef d’État major de l’Armée de Terre, État Major des Armées, Sénégal
Nathalie GUIBERT
Correspondant Défense, Le Monde
Élisabeth GUIGOU
Présidente de la Commission des Affaires Etrangères - Députée,
Assemblée Nationale, France
Marta GARDE
Correspondante Paris, EFE
Jean GUISNEL
Journaliste, Défense ouverte. Le Point
Louis GAUTIER
Secrétaire général, Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité
Nationale, France
Jacques GAUTIER
Vice-président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense
et des Forces armées, Sénat, France
Général Babacar GAYE
Représentant Spécial du Secrétaire général, MINUSCA, Nations Unis
______
Benjamin HADDAD
Chercheur, Hudson Institute
Moulaye Bara HAIDARA
Assemblée Nationale, Mali
Abdelaziz HAOUARIA
Expert, Nations unies
Edouard GENDROT
Conseiller politique, Force Sangaris, France
Fabienne HARA
Conseillère spéciale pour le Forum de Dakar, Fondation pour
la Recherche Stratégique (FRS)
Reda GETACHEW
Conseiller Diplomatique du Premier Ministre, Primature, Éthiopie
Amiral Marin GILLIER
Directeur de la Coopération de Sécurité et de Défense, MAEDI, France
Andre HASPELS
Directeur général Politique, Ministère des Affaires étrangères, Pays-Bas
144
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Abdallah HASSAN HAMID
Ambassade du Soudan au Sénégal
Vuk JEREMIC
Président, Center for International Relations and Sustainable Development
Faten HAYED
Journaliste, El Watan
Jean-Hervé JEZEQUEL
Analyste principal, International Crisis Group
François HEISBOURG
Conseiller spécial, Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS)
Zhong JIANHUA
Envoyé spécial pour l’Afrique, Chine
Jérome HEITZ
Directeur de Missions, France Expertise Internationale
Jean-Louis JOLIVET
Coordinateur Régional de Sécurité, Regional ECHO, Union européenne
Michelle HELENE NATOU NDIAYE
Directrice du Programme Afrique Paix et Sécurité, Institute for Peace
and Security Studies
Kim JORDAN
Officier de liaison multilatérale, US Mission to the African Union,
États-Unis
Thomas HOFNUNG
Journaliste Spécialiste Défense, Libération
Nicolas JOVANOVIC
Direction générale des relations internationales et de la stratégie,
Ministère de la Défense, France
Christine HOLZBAUER
Journaliste, IC Publications
______
Sanne KAASJAGER
Dirigeant Sahel-Sahara, directorat Afrique, Ministère des Affaires
étrangères, Pays-Bas
Thierry HOT
CEO - Directeur de la Publication, Samori Media Connection
Alexandre HOUDAYER
Secrétaire général, Fondation pour la recherche stratégique
Salif KAGNI
Consultant International, Ancien Coordonnateur du HCR à l’Est de la
RDC, Sénégal
Matt HOUNGNIKPO
Adjoint du Conseiller National de sécurité, Côte d’Ivoire
Bernhard KAMPMANN
Ambassadeur d’Allemagne au Sénégal
Mathias C. HOUNKPE
Policital Governance Program Manager, Open Society Foundations OSIWA
GBA Ousmane KANE
Chef d’État Major de l’Armée de l’Air, État-major des Armées, Sénégal
Benjamin HOUNTON
Représentant Régional Adjoint, Haut Commissariat des Nations unies
aux Droits de l’Homme, Nations unies
Colonel Richard KAREMIRE
Mission pour la Somalie, Union africaine
Vincent HUGEUX
Journaliste, L’Express
Gal Mohamed Abdel Khalik KASHKOOSH
Conseiller sur les Problématiques Sécuritaires, Regional Center for
Strategic Studies from Egypt, Égypte
______
Sam Bassey IBOK
Directeur de la Division Afrique au Département des affaires politiques
des Nations unies
Tsutomu IMURA
Département Afrique, Agence Japonaise de Coopération Internationale,
Japon
Raissa IOUSSOUF
Journaliste, BBC News
John IRISH
Journaliste, Reuters
Jeffrey ISIMA
Principal Officer Research and Planning, Inter-Governmental Action
Group against Money Laundering in West Africa (GIABA)
______
Jean-Martin JAMPY
Directeur Sûreté, Groupe VICAT pour l’Afrique de l’Ouest
Abdoulie JANNEH
Directeur, Mo Ibrahim Foundation
Général Edward KATUMBA WAMALA
Chef d’État-major des Armées, Ouganda
Amadou KEBE
Ambassadeur- Secrétaire Général, Ministère des Affaires Etrangères et
des Sénégalais de l’Extérieur, Sénégal
Ibrahim Boubacar KEITA
Président de la République du Mali
Hon Karim KEITA
Président de la Commission de la défense de l’Assemblée nationale, Mali
Yves KELLER
Directeur Afrique, VICAT / SOCOCIM
Louis Magloire KEUMAYOU
Journaliste, Clud de l’Information Africaine
Gilbert KHADIAGALA
Professeur, Université de Witwaterstrand
Harriet KING
Chargé d’Affaires, Ambassade de Grande Bretagne à Dakar, Royaume-Uni
145
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Takashi KITAHARA
Ambassadeur du Japon au Sénégal
Jeanny LORGEOUX
Sénateur, France
Pieter Jan KLEIWEG DE ZWAAN
Ambassadeur des Pays-Bas à Dakar
Gabrielle LORNE
Journaliste, AITV
______
Philippe LABONNE
Directeur Général de Bolloré Africa Logistics
Liesl LOUW-VAUDRAN
Journaliste
Jean-Éric LACOUR
Attaché de Sécurité intérieure régional, Ambassade de France au Sénégal
Hervé LADSOUS
Chef du département des opérations de maintien de la paix, Nations unies
Mamadou LAMINE DJAITE
Pan African News Agency (PANA)
Hamdy LOZA
Vice-ministre des Affaires Etrangères, Égypte
Florence LOZACH
Journaliste, i<télé
Lewis LUCKENS
Ambassadeur des États-Unis au Sénégal
Knut LANGELAND
Envoyé spécial pour le Sahel, Ministère des Affaires étrangères, Norvège
______
Matthieu MABIN
Journaliste, France 24
Pierre LAPAQUE
Représentant Régional, Office des Nations unies contre la Drogue
Johnny A. McCLAIN
Ambassadeur du Liberia au Sénégal
Luc LE CABELLEC
Directeur adjoint du Département des Appuis Transversaux, Agence
Française de Développement,
Francesco MADEIRA
Représentant spécial de l’Union africaine, Directeur du CAERT
Aicha Belco MAIGA
Députée de la région de Tessalit, Assemblée Nationale, Mali
Jean-Yves LE DRIAN
Ministre de la Défense, France
Sonia LE GOURIELLEC
Chargée d’Etudes Afrique, Institut de Recherche Stratégique de l’École
Militaire
Mohamed El Hacen Ould LEBATT
Ancien ministre de Mauritanie, Université de Nouakchott
Horaci MARTI
BBC News
Paolo LEVI
Correspondant Paris, ANSA
Christophe MARTIN
Directeur adjoint des Opérations, CICR
Cédric LEWANDOWSKI
Directeur du Cabinet Civil et Militaire du Ministre, Ministère de la
Défense, France
Marta MARTINELLI
Senior Policy Officer, Open Society Foundations
Strive MASIYIWA
Président du conseil d’Administration de l’IPS, Econet Wireless
Philippe LEYMARIE
Journaliste, Le Monde Diplomatique
Alexandre LIEBESKIND
Directeur Regional Adjoint Afrique, Center for Humanitarian Dialogue
Andrew LONG
Counter-Terrorism Committee Executive Directorate, Nations unies
Aline LONGANDJO
Chargée d’étude, Primature, RDC
Gérard LONGUET
Sénateur de la Meuse, Commission des Affaires sociales, Ancien
Ministre, Sénat, France
Issoufi Oumar MAIGA
Secrétaire Général, Cour des Comptes de l’UEMOA
Roland MARCHAL
Chargé de Recherche, CNRS - Sciences-Politique Paris
Valérie LEROUX
Journaliste, AFP
François LONCLE
Député de l’Eure, Assemblée Nationale, France
Soumeylou Boubeye MAIGA
Représentant de l’Union africaine en RCA
Soraya MASKINE
Chargée de Communication, Africa News Agency
Peter MAURER
Président, CICR
Babacar Carlos MBAYE
Ambassadeur du Sénégal en Suisse
Mapenda Diaw MBAYE
Expert Associé, Institut Panafricain de Stratégies
Abdou Karim MECKASSOUA
Ancien ministre d’État, République Centrafricaine
146
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Elias MELAKU FELEKE
Directeur pour la paix et les enjeux de Sécurité, Ministère des Affaires
étrangères, Éthiopie
Mankeur NDIAYE
Ministre des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur,
Sénégal
Hayle MENKERIOS
Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Soudan
et le Soudan du Sud, représentant spécial auprès de l’Union africaine
Abdou El Mazide NDIAYE
Economiste, Réseau Africain pour le Développement intégré
Marie-Thérèse Chantal MFOULA
Diplomate, Ministère des Relations extérieures, Cameroun
Elhadj Gorgui Wade NDOYE
Directeur, Magazine panafricain
Romain MIELCAREK
Journaliste, Défense et Sécurité Internationale
Albert NGOTO
Directeur Général Adjoint de la Police Nationale, Ministère de
la Défense nationale, Congo
Matthieu MILLECAMPS
Journaliste Reporter d’images, TV5 Monde
Aïchatou MINDAOUDOU
Représentante Spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la
Côte d’Ivoire (UNOCI)
Damjan Krnjevic MISKOVIC
Senior Fellow, Center for International Relations and Sustainable
Development
______
Philippe OBARA
Directeur Général de la Surveillance du Territoire, Ministère de la
Défense nationale, Congo
Pierre MONGO
Directeur Général, Ministère de la Défense nationale, Congo
Said MOUFTI
Directeur de Recherche, Institut Royal des Études Stratégiques du
Maroc
Olusegun OBASANJO
Ancien Président de la République fédérale du Nigéria, Président de la
Fondation Obasanjo
Pierre MOUKOKO MBONJO
Ministre des Relations extérieures, Cameroun
Tolu OGUNLESI
Journaliste analyste, The Africa Report, The Punch
Jean-Louis MOULOT
Conseiller chargé des Relations avec l’Union Européenne, Présidence
de la République, Côte d’Ivoire
Général Cyrille NDAYIRUKIYE
Conseiller diplomatique, Ministère de la Défense, Burundi
Charles NDAYIZIGA
Directeur, Centre d’Alerte et de Prévention des Conflits, Burundi
Antoine NOGUIER
Directeur des Relations internationales, AIRBUS Group
Général Silas NTIGURIRWA
Commandant de la mission de l’Union africaine en Somalie, AMISOM
Charles Richard MONDJO
Ministre de la Défense nationale, Congo
______
José NARANJO
Journaliste, El País
Al Ousseynou NIANG
Expert Associé, Institut Panafricain de Stratégie
Col Jean Paul NTAB
État-major des Armées, Sénégal
Paul Victor MOIGNY
Commandant de la Gendarmerie Nationale, Ministère de la Défense
nationale, Congo
Wullson MVOMO ELA
Directeur du Centre de recherche et documentation, Cameroun
Welile NHLAPO
Ancien conseiller sécurité Nationale, Présidence, Afrique du Sud
Denis NKWEBO
Rédacteur en Chef Adjoint, Le Jour
Dileita MOHAMED DILEITA
Ancien Premier Ministre de Djibouti, Envoyé spécial pour la Libye de
l’Union africaine
Mamadou MOUSSA BA
Journaliste, BBC Afrique
Ndioro NDIAYE
Ancien ministre, Institut Panafricain de Stratégies
Oliver OKEKE
Vice-Président, Joseph Agro Industries
Amiral Jean-Dominique OKEMBA
Secrétaire fédéral du Conseil de sécurité, Congo
Mohamed Salah OMAR
Senior Security Analyst, Sahan Research
Japheth OMOJUWA
Blogger & Editorialiste, AfricanLiberty.Org
Franck O. Okyere
Chercheur analyste, KOFI Annan Peacekeeping Training Centre, Ghana
Amir OSMAN
Manager, Open Society Foundations
147
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
Moctar OUANE
Ancien ministre du Mali, Conseiller Diplomatique du Président de
l’UEMOA
Véronique ROGER-LACAN
Représentante Spéciale pour la lutte contre la piraterie, Ministère des
Affaires étrangères, France
Youssouf OUEDRAOGO
Conseiller spécial du président, Banque Africaine de Développement
Angelo ROMANO
Responsable des Relations Internationales, Communauté de Sant’Egidio
Ahmedou OULD-ABDALLAH
Président, Centre des Stratégies pour la Sécurité du Sahel, Mauritanie
Amiral Francisco Javier ROMERO
Conseiller pour les Affaires Africaines, Ministère de la Défense, Espagne
______
Franck PARIS
Conseiller pour les Affaires européennes, Cabinet du Ministre
de la Défense, France
Gwendal ROUILLARD
Député, France
Jean-Luc PEDUZZI
Attaché de Sécurité Intérieure, Commissaire divisionnaire, Ambassade
de France au Sénégal
Guy PERRIMOND
Directeur de la Publication, TTU
Louis PICHOT DE CHAMPFLEURY
Directeur des Services Sûreté, Sécurité, Groupe Ponticelli Frères
Jerome PIGNE
Doctorant, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
FredÉric PONS
Rédacteur en Chef, Valeurs Actuelles
______
Elobeied RAHAMA
Ambassadeur du Soudan au Sénégal
Michel ROUSSIN
Medef International, Conseiller du Président d’EDF, Ancien Ministre
français de la Coopération
Karl RUDOLPH
Pan African News Agency (PANA)
Général Joseph RUGIGANA
Conseiller principal chargé des questions militaires, Présidence, Burundi
Lieutenant-Colonel Juan RUIZ DE AZCARATE
Chef de la zone Afrique, Stratégie et Politique, Ministère de la Défense,
Espagne
______
Hugo SADA
Conseiller spécial pour le Forum de Dakar, Fondation pour la Recherche
Stratégique
Hassan SAID KHAIREH
Directeur Général, Direction de la Sécurité, Djibouti
Dominique Jean Olivier RAKOTOZAFY
Ministre de la Défense, Madagascar
Macky SALL
Président de la République, Sénégal
Michèle RAMIS
Ambassadrice chargée de la lutte contre la criminalité organisée,
Ministère des Affaires étrangères, France
Alioune SALL
Chercheur Prospectiviste - Directeur Exécutif de « Futurs africains »
Général Jean RANNOU
Conseiller du Président, CEIS
Adama SAMASSEKOU
Ancien président de l’Académie africaine des Langues, Mali
Marie RECALDE
Députée, France
Bakary SAMBE
Coordinateur, Observatoire des Radicalismes et Conflits religieux
en Afrique
Christophe REMY
Président du Conseil d’administration, LH Aviation
Joao Batista SANTOS DE ALENCAR
Journaliste, I<télé
Michel REVEYRAND DE MENTHON
Représentant Spécial pour le Sahel, Union européenne
Partha SATPATHY
Ambassadeur d’Inde au Sénégal
Vincent RIOU
Directeur Commercial, CEIS
Nureldin SATTI
Président - Directeur Général, Bibliothèque Nationale, Soudan
Joe RITCHIE
Président et Fondateur, Fox River Financial, États-Unis
Marie Angélique SAVANE
Première Présidente du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs,
NEPAD, Union africaine
Cyril ROBINET
Conseiller politique, Opération Barkhane, France
Lieutenant Moustapha ROBLEH HOUSSEIN
Officiel, Présidence - Sécurité Nationale, Djibouti
Landing SAVANE
Vice-Président de l’Institut Panafricain de Stratégies, Ancien ministre,
Sénégal
148
R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
Mark Douglas SAWERS
Ambassadeur d’Australie en Éthiopie
Colonel SCHILL
Adjoint du Chef d’État-major, Présidence de la République, France
Georg SCHMIDT
Directeur Régional pour l’Afrique Subsaharienne et le Sahel, Bureau
Fédéral des Affaires étrangères, Allemagne
Éric SCHMIDT
Conseiller spécial auprès du Président, CEIS - Forum de Dakar
Dagmar SCHMIDT TARTAGLI
Ambassadeur de Suisse au Sénégal
Général Mansour SECK
Ancien chef d’État-Major Général des Armées, Sénégal
Coly SECK
Directeur de cabinet, Ministère des affaires étrangères, Sénégal
Moussa SECK
Vice-Président, Institut Panafricain de Stratégies
Marion SEGNANA
Chargée d’Affaires, Ambassade du Luxembourg au Sénégal
Mahamat Brahim SEID
Chef d’État-major Général des Armées, Tchad
Abba SEIDIK
Journaliste
Karolina STASIAK
Conseiller Politique, Délégation de l’Union européenne en République
du Sénégal
Général Michel STOLLSTEINER
Conseiller Défense du Directeur, Geneva Democratic Control of
Armed Forces
Elisabeth STUDER
Journaliste, Le Blog Finance
______
Jean-Marc TANGUY
Journaliste, Le Mamouth
Sibry TAPSOBA
Directeur d’appui à la Transition, Banque Africaine de Développement
Marco TEIXERA
ONUDC, Nations unies
Général Yohannes Gebremeskel TESFAMARIAM
Commandant de la Force, Force intérimaire de Sécurité pour Abyei,
Nations unies
Andreas Eshete TESSEMA
Conseiller auprès du Premier ministre, Président adjoint du Forum de
Tana sur la sécurité en Afrique, Éthiopie
Lori-Anne THEROUX-BENONI
Directrice du bureau de Dakar, Institut d’Etudes de Sécurité
Emmanuel SELLIER
Directeur Adjoint, EDF
Catherine Clare Mitchell THOMAS
Analyste Afrique, Ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth,
Royaume-Uni
Andrea SEMADENI
Ambassadeur de Suisse en Éthiopie
Thomas Kwasi TIEKU
Professeur associé, Kings Western University
John Kayode SHINKAIYE
Président, JKS & associated ltd
François-Charles TIMMERMAN
Directeur des Affaires internationales, CEIS
George SIBOTCHIWE
Directeur Executif, African Democratic Institute, Zimbabwe
Chanda TIRTHANKAR
Journaliste, Radio France Internationale
Maman S. SIDIKOU
Représentant Spécial de l’Union africaine pour la Somalie
Nana O. TOURRÉ-SY
Politiques et Stratégies Economiques, PNUD, Nations unies
Génia SIMON
Chargée de Projet, France Expertise Internationale
Pierre TRABET-PONTICELLI
Secrétaire Général, Groupe Ponticelli Frères
Bertrand SORET
Division Afrique Occidentale, Service Européen d’Action Extérieure,
Union européenne
Didier TRUTT
Président - Directeur Général, Imprimerie Nationale
Capitaine de Vaisseau Amadou SOW
Expert en sécurité maritime, Sénégal
Fatou SOW SARR
Vice-Président, Institut Panafricain de Stratégies
Jérome SPINOZA
Chargé de mission Afrique, Secrétariat général de la Défense
et de la Sécurité Nationale, France
Jérôme TUBIANA
Analyste principal, Corne de l’Afrique, International Crisis Group
______
Sayoko UESU
Conseillère technique Afrique, Ambassade du Japon en France
Martin Ihoegian UHOMOIBHI
Secrétaire permanent, Ministère des Affaires étrangères, Nigéria
149
Ra ppo rt du prem i er foru m inte rnational su r la paix e t la sé c ur i t é e n A fr i que
______
Justin VAISSE
Directeur, Centre d’Analyse, de Prévention et de Stratégie, Ministère
des Affaires étrangères, France
Luis VASSY
Conseiller diplomatique, Cabinet du Ministre de la Défense, France
Koen VERVAEKE
Directeur Corne de l’Afrique, Afrique Orientale et Australe, Océan
Indien
Coordinateur principal pour la région des grands Lacs, Service Européen
pour l’Action Extérieure de l’Union européenne
Laurent VIGUIE
Sous-directeur d’Afrique Occidentale, Ministère des Affaires étrangères,
France
Denis VULOR
Analyste sécurité, Bureau National d’Investigation, Ghana
______
Chen WEIXIONG
Directeur exécutif adjoint, Comité contre le terrorisme, Nations unies
Richard WERLY
Correspondant, Le Temps. Europolitiques
______
Olakounle Gilles YABI
Directeur exécutif, Economiste et analyste politique, WATHI
______
Martin ZIGUELE
Ancien Premier Ministre, Président du Parti MLPC, République
Centrafricaine
Abderrazak ZOUARI
Ancien ministre du développement régional de Tunisie, Président
de l’UBCI/ groupe BNP PARIBAS
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R apport du pr e m i e r forum i n t e r n at i on al sur l a pai x e t l a s é c ur i t é e n A f r i q u e
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Crédits photos : Fondation pour la recherche stratégique – Compagnie européenne d’intelligence stratégique – Institut Panafricain de Stratégies