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Thierry Ruby /
Galerie Cabinet des Curieux
12 Passage Verdeau
75009 Paris
[email protected]
www.cabinetcurieux.com
33(0)6 13 74 78 92 - 33(0)1 44 83 09 57
Exposition en partenariat avec
VANILLA GALLERY – TOKYO
lien webpage
http://cabinetcurieux.com/crbst_60.html
Communiqué de presse exposition :
"Pop and Poison"
Du 3 decembre 2014 au 13 janvier 2015
Le Cabinet des Curieux vous propose un rare ensemble d’œuvres de 8 jeunes artistes japonaises
Dépeignant avec originalité, sensualité, humour, la récente mutation sociale de l’archipel.
Mutation, initiée depuis quelques décennies par les femmes, au sein d'une société de l’« ultra
contemporanéité ».
Au pays du soleil levant, les hommes sont aujourd’hui encore emprisonnés par le carcan social du
modèle du salarymen; les lolitas, quant à elles, prennent le temps de « se fabriquer » et se sont
récemment mises à écrire une nouvelle page de l’histoire de la femme japonaise.
Nouveaux moteurs de l’économie, elles s’attellent maintenant à la modernisation de la culture
traditionnelle nippone.
Celle-ci s’est construite sur des principes antithétiques au monde occidental tels que
l'impermanence (concept bouddhiste) et la fascination pour l'éphémère d’une part;
l'attrait pour les ténèbres, l'intériorisation des sentiments d’autre part.
Par modernisation elles entendent revendication de l’individualité et popularisation de la notion
d'Ego/ de Moi, jusqu’alors totalement bannie du mode de vie séculaire bouddhiste et shintoïste.
Ces artistes cristallisent leurs désirs mais également leurs angoisses dans leurs œuvres, mêlant
avec brio onirisme et ténèbres, nous offrant une sublime catharsis de leur vie fantasmée,
imprégnée de pop girly à la fois colorée et vénéneuse…
Le spectateur se retrouve ainsi pris d’un sentiment d’inquiétude mêlé de plaisir…
Artistes :
Sachiko Kaneoya – Tama - Kaoru Mori - Makiko Sugawa
Saeborg – Shinjyuko – Aran - Haruna Hijikata
Visuels disponibles en téléchargement sur
http://cabinetcurieux.com/crbst_60.html
Kaneoya Sachiko - Sleeping module of the doubt - acrylique sur papier
Cette œuvre de Kaneoya Sachiko symbolise la récente émergence de la femme dans la culture nippone, jusqu’alors dévaluée par
rapport à l’homme.
De nos jours, les lolitas sont devenues le symbole d’une société de consommation excessive et assument davantage leur
nouveau statut de domination sur l’homme, désormais réduit à l’état de machine relié à une autre machine par des
câbles…
Cette machine est une allégorie du carcan social du modèle du salary man duquel l’homme est prisonnier, soumis à l’impératif de
réussite par la société nippone, tandis que la femme a désormais tout loisir d’exprimer/revendiquer sa liberté fraîchement acquise.
Ici, l’artiste pousse la notion de féminisme à l’extrême en imaginant un nouvel ordre sociétal dans lequel l’homme ne serait plus
d’aucune utilité pour la femme.
Celle-ci n’a alors plus qu’une seule obsession : inverser les rôles traditionnellement attribués aux genres masculin et féminin et par
conséquent amorcer une sorte de « vengeance » sur l’homme en le soumettant à ses moindres désirs, comme pour rattraper des
siècles de domination masculine et de rejet de la notion de je/moi…
Le regard que porte l’artiste sur le caractère sérieux fondamentalement lié aux problèmes de société est atténué par une
atmosphère très pop girly, qui confère à son œuvre beaucoup de fraîcheur et de légèreté.
Tama - Live and let live- aquarelle
- Dans la culture nippone, l’adolescente est un modèle absolu de séduction qui doit être représentée comme une proie délicate et
irresponsable, car les Japonais voient de la beauté dans tout ce qui est akanai, c’est-à-dire fragile et éphémère.
C’est ainsi que se côtoient dans l’œuvre de Tama jeunes filles au visage de poupon et spectre de la mort, qui guette…
- Le moe, autre concept fort signifie traditionnellement l’état des plantes en train de pousser et fait référence aux
choses en transformation.
Il représente également l’essence du Beau.
Cette notion, très présente dans l’œuvre de Tama, se matérialise par l’état de transition des jeunes filles, qui se métamorphosent
peu à peu en végétaux.
Tama illustre ainsi, de façon métaphorique, la rencontre entre le moe et l’akanai, c’est-à-dire la recherche de beauté transcendantale
dans ce qui est en mutation et donc vulnérable, à travers une imagerie très kawai empruntée à l’univers du manga.
Mori Kaoru - Death and maiden - argile/tissu
Jusque dans les années 1930/50, la nudité symbole de travail dans les champs, était moins recherchée que la représentation d'un
beau kimono.
C’est pourquoi, aujourd’hui encore, les artistes nippons s’attachent moins à représenter le corps dénudé qu’à imaginer des scénarios
érotiques qui rivalisent d’originalité.
Par ailleurs, au Japon, une belle poupée est une poupée qui a l’air morte, à l’inverse des poupées européennes, bien vivantes !
Leur visage doit être impassible car le spectateur doit y trouver le reflet de ses propres émotions. La poupée, bien que n’exprimant
aucun sentiment, doit tout de même avoir une présence.
La poupée de Mori Kaoru représente cette recherche de beauté / agonie.
La poupée contemporaine a une double connotation pour les Japonaises : elle est une sorte de dopplegänger, c’est-àdire de double maléfique devenu le siège de ses désirs les plus secrets mais elle incarne également le statut de la
femme-objet.
Mori Kaoru cristallise cette évolution du statut de la femme au Japon dans son œuvre qui incarne la montée de nouvelles valeurs «
ego centered » promues par les femmes. Celles-ci remettent actuellement en cause tout le système japonais, bâti sur des valeurs
traditionnelles bouddhistes.
Sugawa Makiko - Mermaid and water sprite - Plume
L’eau est un thème récurrent dans la culture japonaise. Les profondeurs de l’océan semblent grouiller de menaces représentées par
d’effrayantes créatures visqueuses et tentaculaires, annonciatrices de la fin du monde.
L’archipel est d’ailleurs surnommée « monde flottant » car secoué par d’incessant tremblements de terre, tsunamis...
Les Japonais se sont mis à chérir des notions profondément ancrées dans le présent, telles que l’impermanence et la fugacité des
choses; créant une culture de l'éphèmére.
L’eau est métaphore de la condition humaine, débordante de désirs de vie et de mort, comme les pulsions d’Eros et de Thanatos
jaillissent des méandres de l’inconscient.
Dans l’œuvre de Sugawa Makiko, les jeunes filles sont représentées sous forme de créatures mi-poupée mi-sirène. Par
ailleurs, en langue japonaise, le terme « poupée » se dit « ningyo » ; il peut aussi se comprendre comme « créature maritime
maléfique »…
Ces sortes de monstres marins à cornes de démon et crêtes dorsales épineuses de dinosaure tel Godzilla, sont
synonymes à la fois de fascination et de répulsion.
Ils représentent également la condition de la femme japonaise, liée à la mort dans la tradition shinto, qui voit de la
beauté dans l’agonie et le sacrifice.
Comme la fleur qui n’est belle que lorsqu’elle menacée de disparition, la femme n’est émouvante que lorsqu’elle est meurtrie.
Saeborg - Slaughter house 8 - photographie
Saeborg porte des costumes de caoutchouc depuis 2002. « Je crée mon propre animal en caoutchouc et je le porte pour me balader.
Je considère ce que je porte comme une sorte de deuxième peau. (...) Je suis une femme mais je m’oppose aux stéréotypes
féminins que l’on m’impose.
(...) La principale raison pour laquelle j’ai décidé de porter des costumes non-humains, c’est pour m’éloigner de
l’image de la femme qui interpelle les hommes.
Je suis probablement en train de créer un Genre nouveau (...)
Jouer un certain rôle dans un environnement artificiel, ce n’est pas mieux qu’être un pauvre animal de la ferme. »
Un clip vidéo de sa performance ainsi qu’une grande photographie sont présentés dans cette exposition.
Shinjyuko -a fait ses débuts à l’international en dessinant des illustrations dans le livret de l’album « Love Angel Music Baby » de
Gwen Stefani, en 2004, qui s’est vendu à six millions d’exemplaires dans le monde entier.
Elle est alors devenue, de façon soudaine, une pionnière de la « culture Kawaii » moderne et une figure représentative du
mouvement artistique féminin Japonais.
Depuis, elle mêle librement les champs de l’art moderne, de l’art commercial et du divertissement, à travers des expositions
personnelles au PARCO de Shibuya et au Musée d’Art Contemporain, Kumamoto, en produisant une animation relais pour un
programme télévisé appelé « SMAP x SMAP », en faisant des illustrations pour les livres de Rika Kayama, Nao-Cola Yamazaki et
Sebastian Masuda : peintures, animation, art céramique, batik, performances, installations, etc.
Ces dernières années, elle est revenue à ses racines et a conçu l’emballage de son personnage « Mizoka-chan (qui signifie kawaii,
mignon, en dialecte Amakusa) » dans sa ville natale. Elle a également réalisé un lieu sacré pour les Chrétiens Amakusa clandestins.
Aran –
Lumière, Poison et velours, sont des références récurrentes chez Aran, artiste à la formation classique
Haruna Hijikata
Haruna Hijikata est née en 1988 dans la Préfecture de Chiba.
Elle a commencé à fabriquer des poupées en 2008.
Les poupées d’Hijikata, faites de poudre de pierre et de terre cuite, ont des yeux résignés et des membres indolents, tapis dans
l’ombre, et sont enveloppées dans une profonde obscurité qui révèle les sentiments internes de l’artiste. Depuis la partie creuse
interne, caractéristique des poupées articulées autour de boules qui servent de jointures, vous pouvez presque entendre le
sentiment de solitude éclater en un cri perçant.
Un tel cri n’est pas une simple éruption émotionnelle provisoire de sentiments internes : il est calme comme la neige qui tombe
silencieusement et qui s’accumule, telle la partie interne de la poupée, remplie des prières de l’artiste, enfouies sous son épiderme
poli.