Lettre 123 - Initiative France
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Lettre 123 - Initiative France
la lettre 126 FRANCE I N I T I AT I V E Février 2008 Coopération décentralisée La plateforme France Initiative : un modèle qui s’exporte « Un moment fondateur » LES PROJETS DE PLATEFORMES HORS DES FRONTIÈRES COLLENT BIEN AUX BESOINS DES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT ET À LA DEMANDE DES COLLECTIVITÉS LOCALES FRANÇAISES. e 4 juillet 2007, Souss Massa Drâa Initiative tenait son assemblée générale constitutive, à Agadir : ce jour-là, la première association inspirée du modèle France Initiative voyait le jour L forme du Chinonais. D’autres projets, moins avancés, sont encore dans les cartons au Liban, au Sénégal, au Laos, à l’île Maurice… France Initiative soutient également des projets de plateformes dans des pays qui ont récemment rejoint l’Union européenne : la Roumanie, la Bulgarie ou la Pologne. Entre ces deux dates, qui marqueront l’histoire du développement international de France Initiative, s’est tenu au Sénat, le 8 janvier dernier, un séminaire sur la coopération décentralisée et la création d’entreprises qui a réuni, à l’invitation d’Yves Dauge, sénateur d’Indreet-Loire, et de Bernard Brunhes, plus d’une centaine de personnes, représentants de plateformes, de collectivités locales ou d’acteurs de la coopération. hors de l’Hexagone, avec l’aide active de Jean-François Gaudot. En juin 2008, une deuxième plateforme devrait naître au Burkina Faso, Tenkodogo Initiative, grâce à l’intervention d’Alpha Dil, plate- Bernard Brunhes n’a pas hésité à voir dans cette journée un « moment fondateur ». L’appui de France Initiative à des opérations de coopération décentralisée en faveur de la création d’entreprises, aux côtés de collectivités locales, est devenu réalité. « C’est la preuve que notre modèle s’exporte, qu’il est adapté à la création d’activités durables et structurantes, génératrices de revenus pérennes, dans le jeu normal ... suite p. 2 Souss Massa Drâa Initiative sur les rails Quant aux principes du prêt d’honneur, « ils ont été très bien perçus 2008 va marquer le démarrage opérationnel de la plateforme, installée au Maroc, malgré la différence de culture » analyse l’ancien à Agadir. Avant d’en arriver là, le projet a dû franchir de nombreuses délégué général. étapes depuis 2004, grâce à la ténacité de Jean-François Gaudot, Le résultat est impressionnant par la qualité et le nombre l’ancien délégué général de France Initiative, très investi à titre bénévole des partenaires marocains mobilisés, la Région de Souss Massa Drâa dans le développement international du mouvement, et à l’aide en tête qui soutient fortement le projet. Aujourd’hui, toutes les de la Caisse des Dépôts. L’appui à Souss Massa Drâa Initiative (SMDI) instances sont en place, y compris le comité d’agrément ; le fonds va prendre un autre visage, avec l’implication de deux collectivités de prêts est constitué – « sans un dirham d’origine européenne » locales (la Région Aquitaine, déjà partenaire de la Région de Souss comme aime à le répéter l’animateur de la plateforme – et les critères Massa Drâa, et le Conseil général de Loire-Atlantique, partenaire d’éligibilité sont arrêtés. Adossée à la Chambre de la Wilaya d’Agadir) et de deux plateformes, de commerce, d’industrie et de services d’Agadir, Périgord Initiative et Nantes Initiative. Souss Massa Drâa Initiative va apporter des « Tout au long du chantier, les similitudes prêts d’honneur à des projets dont le plan entre la France et le Maroc au plan de de financement est compris entre 50 000 et l’organisation administrative et du cadre Abderrahim Ramy 100 000 euros. Sans attendre, la plateforme législatif nous ont bien aidés », et Jean-François s’est vu confier, à l’instar de ce qui se passe souligne Jean-François Gaudot. Gaudot. de plus en plus dans l’Hexagone, la gestion À ses côtés au Sénat, Abderrahim Ramy, d’un fonds régional, spécialisé ici animateur de Souss Massa Drâa Initiative, dans le soutien à l’activité mobilisé lui aussi depuis le début. « Nous cinématographique, avons eu parfois des discussions importante dans acharnées, reconnaît le Sud marocain. Comme Jean-François Gaudot. le dit Abderrahim Ramy, Je trouvais, par exemple, « nous nous sentons que leur projet de statuts faire partie intégrante reproduisait trop de France Initiative. fidèlement le nôtre. » Et nous comptons Mais pour Abderrahim bien avoir avec Ramy, « rien ne sert de réinventer ce qui nous vous des échanges convient très bien ». très réguliers ! ». Jean-François Gaudot • [email protected] • www.ccis-agadir.com/pages/initiative.php ● p. 4-5 Prix France Initiative ● p. 6 Ser vices à la personne ● p. 7-8 Développement rural ● 1 la lettre F R A N C E n° 126 I N I T I A T I V E suite de la p. 1 La plateforme France Initiative : un modèle qui s’exporte collectivités territoriales engagées dans la coopération internationale : « La plus forte demande des collectivités locales du Sud porte sur l’économique. L’emploi est devenu pour elles une question primordiale et France Initiative peut jouer un rôle très intéressant à nos côtés. Car l’économie, nous ne savons pas faire. Les collectivités locales ont besoin d’opérateurs spécialisés, même si elles veulent garder la maîtrise d’ouvrage. Nous avons des axes de travail à définir ensemble. » Même si elle intervient sur des projets de plus grande ampleur que la création de TPE, l’Agence française de développement elle-même affiche son intérêt pour des collaborations avec France Initiative. Amenée à développer des partenariats avec des grandes collectivités du Sud, elle souhaite y intégrer la dimension économique. Elle est aussi de plus en plus interrogée sur des projets de codéveloppement, sujet sur lequel France Initiative est aussi sollicité. Enfin, l’accompagnement – délaissé par les grandes institutions financières – ouvre une autre voie de partenariat. Souss Massa Drâa Initiative communique par des appels à projets. du fonctionnement de l’économie marchande », a expliqué Bernard Brunhes, tout en rappelant que ce modèle, en donnant accès au système bancaire, se différenciait fortement du microcrédit classique. Et le président de France Initiative de conclure : « Notre projet stratégique, adopté en avril 2007, comprend un axe sur le développement international, introduit à la demande des plateformes. Depuis, il enregistre des avancées significatives. Et ce séminaire prouve qu’il rencontre un écho très favorable. » Qu’ont dit en effet, à la tribune du Sénat, les acteurs majeurs de la coopération décentralisée et du développement économique ? « Votre réflexion arrive à point nommé », a souligné Antoine Joly, délé- À CONSULTER ■ Étude du Haut Conseil de la coopération décentralisée « La dimension économique de la coopération décentralisée dans la perspective de développement local du partenaire » www.hcci.gouv.fr/travail/actes_seminaires/ dimension-economique-cooperation-decentralisee.html ■ Le site de Cités Unies France www.cites-unies-france.org/html/home/index.html ■ Le site du ministère des Affaires étrangères www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/ cooperation-decentralisee_1054/index.html ■ Agence www.afd.fr 2 française de développement gué pour l’action extérieure des collectivités locales (DAECL) au sein du ministère des Affaires étrangères, rappelant l’importance du mouvement de décentralisation, tant en France qu’à l’étranger. « Depuis le vote de la loi Thiollière du 25 janvier 2007, aucun pays au monde ne possède un système aussi libéral en matière de coopération décentralisée, qui est devenue en France une compétence d’attribution pour les collectivités », a-t-il expliqué. Avant de rappeler que « dans les appels à projets que lance le ministère des Affaires étrangères, nous cherchons à mieux utiliser les outils existants. C’est déjà le cas, par exemple, des Parcs naturels régionaux. À nous d’inciter les collectivités locales à faire de même avec les plateformes ». Une for te demande des collectivités locales du Sud La demande est très pressante : sur place, les partenaires des collectivités françaises font de la lutte contre la pauvreté une priorité absolue et ils sont très demandeurs d’un appui en matière économique. Ce diagnostic ressort de l’étude que le Haut Conseil de la coopération internationale (HCCI), présentée par Annie de Calan, a menée auprès des Régions, des conseils généraux et d’une vingtaine de grandes villes. Une tendance que confirme Bertrand Gallet, directeur général de Cités Unies France qui fédère, au niveau national, les « Ne sor tez pas tout seul ! » « Face aux demandes, j’ai envie de dire aux responsables des plateformes : allez-y ! », a conclu Bernard Brunhes. « Organisons-nous collectivement, professionnalisons-nous. Mais les développements doivent venir des plateformes elles-mêmes ! » À quelles conditions ? Reprenant la formule d’Yves Dauge (« Ne sortez pas tout seul ! »), le président de France Initiative a rappelé que « notre raison d’être, c’est le partenariat. C’est vrai en France comme à l’étranger. Nous devons nous efforcer de mettre en réseau les acteurs locaux ». La présence, à la tribune du Sénat, de la Fé- F é v r i e r dération des parcs naturels régionaux, de l’APCE ou de Développeurs sans frontières témoigne de cette exigence. Autres fondamentaux à ne pas oublier en passant les frontières : « Il faut une politique propre des collectivités avec lesquelles nous travaillons et il faut ensuite, sur place, une volonté locale forte. » Outre la patience et la ténacité, dont témoigne l’expérience marocaine, « il faut aborder l’international avec compétence tout en assurant sur place le développement d’un professionnalisme ». Dernières leçons à tirer des premières expériences : « Évitons le copier-coller. Adaptons nos acquis aux contextes, sans rien renier de nos valeurs, de l’ancrage territorial et de l’indépendance des plateformes ! » Et Bernard Brunhes de reprendre au bond la phrase d’Henri Rouille d’Orfeuil, président de Coordination Sud, qui coordonne les ONG françaises de solidarité internationale : « Ce que nous faisons élargit l’espace de l’économie locale. » Un beau proJ.-M. M. gramme ! Sabine Hamot [email protected] 2008 Denis Loze et Daniel Durand (Alpha Dil), en mission à Tenkodogo. À la tribune du Sénat : Yves Dauge et Bernard Brunhes (en haut) ; Antoine Joly (ministère des Affaires étrangères), Michel Pinton (France Initiative), Bertrand Gallet (Cités Unies France), Henry de Cazotte (AFD) et Annie de Calan (HCCI) (en bas, de gauche à droite). Tenkodogo Initiative : une plateforme en gestation a naissance d’une plateforme dans un des pays les plus pauvres du monde, confronté à un analphabétisme massif, ne répond pas aux mêmes modalités que dans un pays en forte croissance. Le projet de plateforme au Burkina-Faso est né de L la coopération décentralisée entre la commune de Chinon et la ville de Tenkodogo, avec l’appui de l’Agence de développement du Chinonais, l’Aduc, à laquelle est adossée la plateforme Alpha Dil. Là encore, il s’agit d’utiliser la boîte à outils de France Initiative pour créer une plateforme de prêts d’honneur, reprenant les mêmes principes. À la tribune du Sénat, Daniel Durand, président d’Alpha Dil et de Centre Initiative, Denis Loze, animateur des deux structures, et Cathy Savourey (Aduc) sont venus témoigner de leur expérience, de ses difficultés mais aussi des perspectives qu’elle offre. Deux missions ont été menées sur place pour dresser un état des lieux, connaître les modes de financement existants, la position des autorités, sans oublier la culture burkinabé, avant de faire des propositions et mobiliser les acteurs locaux. Les nombreux entretiens menés à Tenkodogo ont permis de positionner un projet de microfinance, avec en ligne de mire des prêts d’honneur entre 7 et 200 euros. C’est cette proposition qui a été faite aux acteurs locaux : « Outre le soutien très actif du maire, nous avons l’accord des banques et de chefs d’entreprises burkinabés, prêts à s’engager dans la plateforme. C’est très important, car nous voulons systématiser le parrainage », a expliqué Daniel Durand. La création de Tenkodogo Initiative, avec un fonds de prêts de 10 000 euros, est prévue pour le début de l’été. D’ici là, il reste à recruter l’animateur. L’équipe de projet, dont la maîtrise d’ouvrage est portée par Centre Initiative, se projette dans la suite : le suivi et l’évaluation de la plateforme. Denis Loze [email protected] 3 la lettre F R A N C E n° 126 I N I T I A T I V E Prix France Initiative Au profit des habitants du quartier LA LAURÉATE DU PRIX FRANCE INITIATIVE OFFRE DES SERVICES AUX PERSONNES ÂGÉES DE LA ZFU DANS LAQUELLE ELLE EST INSTALLÉE. ELLE S’APPUIE POUR CELA SUR DES AIDESSOIGNANTES ISSUES DU MÊME QUARTIER. bibatou Soumaré avait bien des atouts à faire valoir et le jury du prix France Initiative (organisé dans le cadre d’Entreprendre, Villes & Quartiers) ne s’y est pas trompé. Aux critères classiques de ce prix – être femme et avoir créé en zone franche urbaine –, elle ajoute bien d’autres points forts. La première cible de Confort et Sérénité, l’entreprise de services à la personne qu’elle a créée au cœur de la ZFU de Gargeslès-Gonesse, ce sont les personnes âgées ou handicapées du quartier, premières bénéficiaires de ce service de proximité. L’impact de l’entreprise ne s’arrête pas là : quatre mois après le démarrage de l’activité, elle emploie douze A personnes, dont une majorité de femmes du quartier. Elle n’y voit que des avantages : « Elles sont très sensibles aux personnes âgées ! » Il faut ajouter à la liste son enthousiasme communicatif : Abibatou Soumaré est une créatrice heu-reu-se ! Après avoir été auxiliaire de vie pendant dix-sept ans, elle a choisi de se lancer dans l’aventure. « J’ai toujours voulu être indépendante », reconnaît-elle. Le plan Borloo va lui en donner l’occasion. « Je travaillais déjà dans le Val-d’Oise au sein d’une société de soins à domicile et je voyais bien la longueur de la liste d’attente. Les besoins n’étaient pas satisfaits ! » Commence alors le parcours classique de la créatrice : le passage par la CCI du Val-d’Oise, le conseiller qui l’aide à bâtir son business plan, l’orientation vers Est Val-d’Oise Initiative. « Sans la plateforme, je n’y serais pas arrivée. Elle a été la clé pour que la banque me prête sans difficultés. » Abibatou n’est pas du genre à s’en laisser conter. Le passage en comité d’agrément ? « Je les ai convaincus ! », lance-t-elle dans un éclat de rire. « Avant d’obtenir un prêt d’honneur, j’avais suivi une formation en comptabilité et gestion, dispensée par une association partenaire de la plateforme. En tout, il m’a fallu huit mois de l’idée au lancement opérationnel. Le plus difficile a été d’attendre l’agrément qualité sans lequel je ne pouvais commencer », raconte-t-elle. Une aubaine pour le quar tier Depuis le démarrage, en septembre 2007, son métier a changé. « Mais c’est comme si j’avais fait ça toute ma vie ! », poursuit-elle. Son rôle se concentre sur le suivi des clients et sur le recrutement Jean-Paul Lesage, vice-président de la communauté d’agglomération du Val de France, Isabelle Guillobez, directrice d’Est Val-d’Oise Initiative, Anne de la Houssaye (chargée de mission à Est Val-d’Oise Initiative) et Arnaud Bisig (CCI de Versailles et Vald’Oise) entourent Abibatou Soumaré (de droite à gauche). UNE PRÉSENCE FORTE DANS LES QUARTIERS Le prix France Initiative, décerné au Sénat pour la troisième année à une femme qui a créé son entreprise dans une zone franche urbaine (ZFU), marque l’engagement de France Initiative en faveur de l’entrepreneuriat féminin (voir Lettre n° 125) et de la création d’activités dans les quartiers sensibles. 4 En 2006, plus de 300 projets de création ou reprise d’entreprises dans les quartiers « sensibles » Par ailleurs, 379 zones de rénovation urbaine (sur 416) sont couvertes par une plateforme ; ont été soutenus par les plateformes France Initiative. Ce chiffre s’explique par la très forte présence de France Initiative dans les ZFU et les ZUS : 72 plateformes il en va de même de 686 zones urbaines sensibles (sur 751). À cette forte implantation dans les quartiers viennent s’ajouter les actions spécifiques mises en place par une trentaine de plateformes qui ont choisi sont présentes dans 98 des 100 ZFU existantes. d’adapter leur mode de fonctionnement à la spécificité des créateurs de ces quartiers, avec une présence et un accueil adaptés ; un appui à l’amorçage de projets ; un financement tenant compte d’un apport personnel moindre ; enfin, un accompagnement renforcé en amont ou après la création. et la gestion des auxiliaires de vie et des aides ménagères. « C’est le plus difficile : trouver les personnes diplômées et véhiculées. » Côté clients, elle peut s’appuyer sur l’hôpital de Gonesse et les cliniques du département. Quant au choix de la ZFU, il s’est imposé de lui-même. « Ici, j’ai trouvé des locaux neufs. Et une grande partie de ma clientèle, notamment pour les soins, est sur place. Grâce à l’APA, tout le monde peut accéder au service. » Début 2008, Confort et Sérénité apporte ses services à une trentaine de clients et… la demande explose. D’ici à la fin 2008, l’entreprise table sur 150 clients et 70 salariés. Sans se laisser griser : « Pour les prestations de ménage, je me suis affiliée à une grande enseigne, Serena. Mais il ne faut pas grandir trop vite pour garder le contact avec les clients. Je veux faire de la qualité et la proximité est essentielle. » On parle parfois de l’effet d’aubaine des ZFU. S’il y a aubaine, ici, c’est dans la rencontre heureuse entre l’énergie créatrice d’Abibatou Soumaré, ses équipes… et les personnes J.-M. M. âgées du quartier. Un électricien qui s’engage JULIEN DUBREUCQ, CRÉATEUR EN SEPTEMBRE 2007 D’UNE ENTREPRISE D’INSTALLATION ET DE PRESTATIONS DE SERVICES ÉLECTRIQUES À AMIENS, SOUTENU PAR SOMME INITIATIVE, A REÇU UN AUTRE DES PRIX D’ENTREPRENDRE, VILLES ET QUARTIERS. énéficiaire d’un prêt d’honneur de Somme Initiative, ce jeune entrepreneur de 27 ans travaille en sous-traitant pour des groupes du BTP et pour des maîtres d’ouvrage tels que des promoteurs immobiliers ou des bailleurs sociaux. Il a créé son entreprise après avoir lui-même travaillé dans deux grands groupes, comme responsable d’affaires. Il a choisi la ZFU d’Amiens pour son réseau d’infrastructures, des locaux adaptés, avec un loyer abordable pour une jeune entreprise, et les retombées économiques des opérations de rénovation urbaine. Mais aussi parce que, confronté à une pénurie d’électriciens, il est « prêt à donner leur chance à des jeunes du quartier ». Qu’on ne lui parle pas des exonérations B de taxe professionnelle ou d’impôt sur les sociétés que permet l’installation en ZFU : « Je ne les intègre pas dans mon prévisionnel : ce sera la cerise sur le gâteau ! » D’ores et déjà, il a recruté sa secrétaire, plusieurs monteurs ou apprentis dans le quartier et se dit prêt à aller plus loin, en assurant une formation à ceux qui ont envie de rejoindre son entreprise. Cinq mois après sa création, Dubelec travaille déjà sur toute la Picardie et le Nord - Pas-de-Calais (où la création d’une antenne est déjà prévue), avec une équipe de douze salariés dès le mois de février. Et ce vrai entrepreneur a déjà sa croissance en ligne de mire : il table sur 3 millions d’euros de chiffre d’affaires à cinq ans et une taille d’une trentaine de salariés. ■ Telex F é v r i e r 2008 FRANCE INITIATIVE ACCUEILLE TROIS NOUVELLES PLATEFORMES France Initiative améliore encore sa présence en Bourgogne et en Normandie. Sur avis du comité d’adhésion et de qualification (CAQ), le conseil d’administration de France Initiative a validé, le 18 décembre 2007, l’adhésion de trois nouvelles plateformes. ■ Normandie Initiative, créée en 1998 par des entrepreneurs normands, intervient en Basse-Normandie, dans le Calvados, la Manche et l’Orne. Gérée depuis 2003, par Calvados Création, plateforme France Initiative, elle intervient pour des projets à potentiel, au-dessus des interventions financières des autres plateformes de la région. Un nouveau CA a été élu et un nouveau cadre d’intervention de l’association a été défini. Président : Charles-Édouard Tayart de Borms. Directeur : Amaryne Rougereau Canu. C ONTACT : [email protected] ■ APH 21, qui couvre l’ensemble du territoire de la Côte-d’Or, a été créé en 2001 par la Région, le Conseil général et les trois chambres consulaires. Hébergée par la CCI, la plateforme s’appuie sur trois comités d’engagement. Son activité est déjà importante (141 projets en 2006) et APH 21 souhaite mettre en place le parrainage. Président : Vincent Jaurou. Responsable : Francis Breuillet. C ONTACT : [email protected] ■ APH 71, qui couvre le département de Saône-et-Loire, a été créé en 2003. La plateforme est consciente de devoir s’engager dans une démarche de progrès pour mettre pleinement en œuvre le référentiel métier. Président : Alain Chandioux. Responsable : Claude Patard. C ONTACT : [email protected] ■ EXCLUSION Julien Dubreucq. Le conseil d’administration a suivi la recommandation du CAQ en prononçant à l’unanimité l’exclusion de Val Initiative (Nord). Malgré les très nombreuses sollicitations du CAQ, suivies de relances puis de mises en demeure, cette plateforme a toujours refusé systématiquement depuis 2003 l’audit de qualification et le principe même d’une démarche de progrès. C’est la première fois que le conseil d’administration ne voit pas d’autre solution que cette décision d’exclusion. 5 la lettre F R A N C E n° 126 I N I T I A T I V E Services à la personne Rencontre en Ariège FRANCE INITIATIVE PROPOSE DES RÉUNIONS RÉGIONALES SUR LES SERVICES À LA PERSONNE, AVEC L’APPUI DE L’AGENCE NATIONALE DES SERVICES À LA PERSONNE (ANSP). EXEMPLE RÉCENT, EN ARIÈGE. e 6 décembre dernier, dans la grande salle du Parc technologique de la communauté de communes de Varilhes, à Verniolle, au cœur de l’Ariège, on a beaucoup parlé des services à la personne. Autour de la table : des représentants des conseils généraux de Midi-Pyrénées, de la direction départementale du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, de l’ANPE, de l’AFPA, de la préfecture, d’entreprises ou d’associations et, bien sûr, des plateformes de Midi-Pyrénées, tous réunis à l’invitation de Charles Serralta, animateur de Midi-Pyrénées Initiative et d’Ariège Initiative. « La réunion plénière, qui comptait une cinquantaine de participants, a permis d’échanger sur les conditions de développement des services à la personne sur notre territoire, très concerné par la problématique », explique Charles Serralta. Le matin avait été l’occasion, grâce à l’intervention d’un représentant de l’Agence nationale des services à la personne (ANSP), Patrick Martin, d’un échange approfondi sur ce secteur, le rôle que peuvent y jouer les plateformes France Initiative en Midi-Pyrénées et la bonne manière d’y intervenir. Tout en permettant à Gyl Coppey, chargé des politiques publiques à France Initiative, de présenter le nouvel outil élaboré par la tête de réseau avec l’aide de l’ANSP, L’Essentiel des services à la personne, à L destination des plateformes et des membres des comités d’agrément. tant plus utile que nous jouons un rôle d’ensemblier. » Mieux connaître, mieux se faire connaître D’autres réunions en 2008 Une plateforme comme Ariège Initiative compte, parmi les créateurs aidés, 35 % de RMistes et 75 % de chômeurs. « Pour certains d’entre eux, le chèque emploi service universel (Cesu) facilite le démarrage d’activités individuelles de services à la personne. Il leur permet de tester leur activité avant de devenir entrepreneurs. La question est de savoir comment aider à la professionnalisation de tâches souvent mal reconnues et leur permettre de devenir rentables », poursuit l’animateur d’Ariège Initiative. « Même si elle n’a pas de retombées immédiates, cette rencontre nous permet de nous inscrire dans ce mouvement de long terme que représente le développement des services à la personne, qui répond à des mutations socioculturelles profondes », analyse Charles Serralta. « Les plateformes sont de plus en plus sollicitées par des porteurs de projets qui veulent créer dans ces services et nous connaissons assez mal la façon de traiter de leurs dossiers. Or il est très important de rester très pertinents comme outil de financement. Cette journée permet de mieux connaître les tenants et aboutissants du marché et de se faire mieux connaître des acteurs. C’est d’au- Cette réunion en Midi-Pyrénées est la cinquième du genre, après celles organisées en Pays de la Loire, Rhône-Alpes, Île-de-France et Paca, avec l’appui de France Initiative dans le cadre d’un partenariat national avec l’ANSP. Six autres devraient être programmées en 2008, à la demande des coordinations régionales. « C’est souvent la première occasion pour les acteurs publics et privés intéressés par la création d’entreprises dans les services à la personne de se connaître et de débattre », explique Gyl Coppey. « Une réunion comme celle-là a été très riche sur le fond. La certification des entreprises, la qualification des personnels ou la pertinence des enseignes nationales ont été au cœur des débats. De même, les besoins respectifs et complémentaires des entreprises et des associations ont été analysés sans conflit de chapelle. » Les échanges vont se poursuivre sous d’autres formes… Et ils auront permis à Midi-Pyrénées Initiative et à la plateforme ariégeoise d’être désormais bien visibles sur ce terrain. ■ Gyl Coppey [email protected] Autour de la table : tous les acteurs publics et privés, parties prenantes du développement des services à la personne. 6 F é v r i e r 2008 Développement rural Quand les néoruraux deviennent des entrepreneurs DES PLATEFORMES DE TERRITOIRES RURAUX MÈNENT DES ACTIONS SPÉCIFIQUES À DESTINATION DE CEUX QUI DÉSIRENT S’INSTALLER EN CRÉANT LEUR ENTREPRISE… ’exode rural appartiendrait-il au passé ? Alors qu’entre 1989 et 1999, les territoires ruraux perdaient 17 000 habitants par an, la tendance s’est inversée depuis : selon l’INSEE, ce sont 40 000 à 50 000 nouveaux habitants qui sont gagnés chaque année. Mieux accueillir ces néoruraux et attirer des créateurs d’activités dans ces territoires est aujourd’hui une préoccupation des élus et des acteurs économiques des départements ruraux. Pour ces nouveaux arrivants, le plus souvent animés par un projet de vie, la création ou la reprise d’entreprises est souvent la seule opportunité, quitte à ce qu’elle passe par un changement de métier. Les plateformes France Initiative de ces territoires sont des partenaires naturels de ces actions. Quand elles ne sont pas à leur initiative… L ■ VAL DE CREUSE INITIATIVE Cherche créateurs ou repreneurs Le Limousin est l’une des régions les plus en pointe pour l’accueil des nouveaux arrivants. Des pôles locaux d’accueil ont été mis en place sur les trois départements et la Région elle-même apporte une aide financière à l’installation des nouveaux arrivants créateurs ou repreneurs d’entreprises. Les cinq plateformes du Limousin se sont inscrites dans cette démarche. Plus localement, des territoires peuvent mettre en place une stratégie de l’offre, comme c’est le cas dans le département de la Creuse. « Dans le cadre des démarches collectives territorialisées (DCT), les quatre pays ont défini une stratégie et des priorités. Par exemple, quand des chaînons manquants sont identifiés – médecins, électriciens, plombiers –, c’est ensuite aux collectivités d’être une force de proposition, de mettre à disposition des locaux, des outils de travail, etc. Les plateformes sont alors sollicitées pour renforcer les fonds propres de créateurs et leur permettre de financer le rachat d’une entreprise, les travaux de réfection des locaux, etc. », explique Jacques Bourzat, directeur de Val de Creuse Initiative. Il estime à près de 15 % la part de prêts d’honneur accordés chaque année à de nouveaux arrivants. Également responsable de la mission entreprises du Conseil général de la Creuse, Jacques Bourzat a signé une convention avec le Sicler, association créée pour rapprocher l’offre de porteurs de projets de la demande des territoires ruraux. L’objectif est de trouver sur deux ans dix personnes pour créer ou reprendre une entreprise. V. Q. Jacques Bourzat [email protected] ■ CANTAL INITIATIVES Mise sur le travail en réseau Cantal Initiatives participe, depuis leur lancement en 2003, aux sessions d’accueil d’actifs montées par l’Adasea*, en partenariat avec Cantal Expansion, la CCI et la chambre de métiers et de l’artisanat. Grâce à ces formations de trois jours, organisées deux fois par an, 36 projets se sont concrétisés, dont 26 dans le département. Au programme de l’intervention de Cantal Initiatives : une pré* Présentes sur tout le territoire, les Adasea sont des associations qui ont vocation à accompagner les évolutions du milieu rural. sentation de la plateforme, un appui à la présentation et à la structuration du projet (travail individuel et collectif sur les projets), des échanges avec les porteurs de projets. La plateforme participe également, lors de la troisième journée, au forum regroupant une vingtaine de partenaires en apportant un conseil personnalisé sur les projets. Trois prêts d’honneur ont d’ores et déjà été accordés à des créateurs ayant suivi ces sessions. La plateforme adossée à Cantal Expansion, l’agence de développement du Conseil général, se retrouve naturellement membre du réseau Cantal Accueil, officialisé en février 2007, qui regroupe tous les organismes pouvant apporter une aide technique aux nouveaux arrivants. Elle prend part à d’autres actions spécifiques ciblées sur les nouveaux arrivants, telles que les soirées organisées par le Conseil général du Cantal et l’AVF (Accueil des villes françaises) d’Aurillac, et participe également au Salon des entrepreneurs, à Paris et à Lyon, et à la Foire de Limoges. Animatrice de Cantal Initiatives, Élisabeth Albiol a aussi participé en 2007 à la mise en place et au jury d’un concours organisé par le territoire du pays d’Aurillac pour encourager le développement d’activités à vocation économique sur ... suite p. 8 Élisabeth Albiol (Cantal Initiatives) participe à une session d’information aux côtés de la chambre de métiers. 7 F é v r i e r 2008 n° 126 Photographies tirées d’un reportage sur les week-end d’accueil dans l’Aveyron et extraites du site placeauxprojets.com. le territoire. Quatre dossiers sur huit présentés à ce concours ont bénéficié d’un prêt d’honneur de Cantal Initiatives ou devraient l’être en 2008. Sur son site Internet, qui verra le jour au premier trimestre 2008, la plateforme compte aller plus loin et faciliter l’intégration des nouveaux arrivants ayant bénéficié d’un prêt d’honneur en les faisant adhérer à son réseau. « Toute nouvelle entreprise pourra être enregistrée gratuitement sur notre site, communiquer avec d’autres chefs d’entreprise ayant bénéficié d’un appui de Cantal Initiatives et participer à des rencontres trimestrielles », précise Élisabeth Albiol. Élisabeth Albiol : [email protected] ■ OUEST DOUZE INITIATIVE fait « place aux projets » Située à Decazeville, dans l’ouest de l’Aveyron, sur un territoire ayant souffert du déclin industriel (Charbonnages de France y était implanté), la plateforme Ouest Douze Initiative s’est inspirée d’un dispositif québecois destiné à faire revenir au pays, avec des projets d’activités, des natifs qui en étaient partis. Intitulée « Place aux projets », cette action a démarré en 2004 et ne se limite pas aux seuls enfants du pays. Au fil de trois week-ends organisés à un mois de distance en septembre, octobre et novembre, des candidats à la création ou à la reprise d’entreprises font connaissance avec le territoire, rencontrent tous les partenaires pouvant les aider dans leur projet (plateforme, CCI, chambre de métiers, banquiers, notaire) et formalisent leur projet avec l’aide d’un consultant. L’opération est un succès : en quatre 8 ans, douze projets se sont concrétisés par une installation au pays. « Il s’agit essentiellement de créations dans le domaine de l’artisanat : boulangerie, entreprise de plomberie, reprise d’hôtelrestaurant », indique Céline Potes, chargée de mission à Soride, société de reconversion industrielle, membre d’Ouest Douze Initiative, qui assure la coordination de cette opération. Sur les douze créations, trois ont bénéficié d’un prêt d’honneur (deux auprès de Ouest Douze Initiative, une auprès d’Oct’ave, plateforme située à Rodez). L’opération « Place aux projets » coûte de 6 000 à 8 000 E par an. Elle est financée par une augmentation de la cotisation des collectivités locales à la plateforme, à raison de 0,20 E par habitant. L’ensemble du territoire compte 30 communes et environ 30 000 habitants. Un site Internet présente les projets retenus et permet de faire connaître l’opération. En 2007, il a été la première source de recrutement des candidats. DES PISTES POUR LE DÉVELOPPEMENT RURAL L’intervention des plateformes auprès des créateurs néoruraux est l’une des pistes de travail d’un groupe de travail qui s’est mis en place récemment. Car le développement rural est l’un des axes du projet stratégique 2007-2013 de France Initiative. Après à une première réunion de travail, associant des plateformes présentes en milieu rural * , en novembre 2007, sur le thème « Comment les plateformes peuvent-elles contribuer au développement d’activités en milieu rural ? », d’autres pistes de travail ont été définies pour 2008. ● L’identification des activités para-agricoles (fermes pédagogiques, activités de transformation) qui, bien que ne bénéficiant pas du soutien de la politique agricole commune, peuvent difficilement être financées par les plateformes pour des raisons liées à leur agrément fiscal, une réflexion sur les modes opératoires. ● Le soutien à apporter à des activités exercées en territoire rural (services aux personnes, activités médicales et paramédicales). ● L’instauration ou le renforcement de partenariats avec le ministère de l’Agriculture, la Fédération des parcs naturels régionaux, le collectif Ville Campagne, etc. * Outre Cantal Initiatives, VDDI, Ader Initiative, Brenne Initiative, Périgord Initiative, Mayenne Initiative, Jura Initiative, ainsi que la Diact, la Caisse des Dépôts et la Fédération des parcs naturels régionaux. Sabine Hamot [email protected] DIRECTRICE DE LA PUBLICATION Anne Chatauret RÉDACTEUR EN CHEF Jean-Michel Mestres ([email protected]) A COLLABORÉ À CE NUMÉRO Avec le concours du Fonds Social Européen Violette Queuniet MAQUETTE • RÉALISATION Edire (Barbara Starita • Sylvie Truffaut) PHOTOS Frédéric Achdou (p. 4, 5) • Place aux projets (p. 7, 8) • DR (p. 1, 2-3, 3, 6) IMPRESSION Imprimerie Mouquet 93350 Le Bourget FRANCE INITIATIVE 55, rue des Francs-Bourgeois • 75181 Paris cedex 04 TÉL. 01 40 64 10 20 • FAX 01 43 20 58 34 EMAIL [email protected] SITE INTERNET www.france-initiative.fr ABONNEMENT ANNUEL 30 e • 3 e le n° www.placeauxprojets.com Céline Potes [email protected] la lettre ISSN 1951-9672