Lettre 123 - Initiative France

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Lettre 123 - Initiative France
la lettre
126
FRANCE I N I T I AT I V E
Février
2008
Coopération décentralisée
La plateforme
France Initiative :
un modèle qui s’exporte
« Un moment fondateur »
LES PROJETS DE PLATEFORMES HORS DES FRONTIÈRES COLLENT BIEN AUX BESOINS DES PAYS
EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT ET À LA DEMANDE DES COLLECTIVITÉS LOCALES FRANÇAISES.
e 4 juillet 2007, Souss Massa Drâa
Initiative tenait son assemblée générale constitutive, à Agadir : ce
jour-là, la première association inspirée
du modèle France Initiative voyait le jour
L
forme du Chinonais. D’autres projets,
moins avancés, sont encore dans les
cartons au Liban, au Sénégal, au Laos,
à l’île Maurice… France Initiative soutient également des projets de plateformes dans des pays qui ont récemment rejoint l’Union européenne : la
Roumanie, la Bulgarie ou la Pologne.
Entre ces deux dates, qui marqueront
l’histoire du développement international de France Initiative, s’est tenu au
Sénat, le 8 janvier dernier, un séminaire
sur la coopération décentralisée et la
création d’entreprises qui a réuni, à l’invitation d’Yves Dauge, sénateur d’Indreet-Loire, et de Bernard Brunhes, plus
d’une centaine de personnes, représentants de plateformes, de collectivités locales ou d’acteurs de la coopération.
hors de l’Hexagone, avec l’aide active
de Jean-François Gaudot. En juin 2008,
une deuxième plateforme devrait naître
au Burkina Faso, Tenkodogo Initiative,
grâce à l’intervention d’Alpha Dil, plate-
Bernard Brunhes n’a pas hésité à voir
dans cette journée un « moment fondateur ». L’appui de France Initiative à des
opérations de coopération décentralisée
en faveur de la création d’entreprises,
aux côtés de collectivités locales, est devenu réalité. « C’est la preuve que notre
modèle s’exporte, qu’il est adapté à la
création d’activités durables et structurantes, génératrices de revenus pérennes, dans le jeu normal ... suite p. 2
Souss Massa Drâa Initiative sur les rails
Quant aux principes du prêt d’honneur, « ils ont été très bien perçus
2008 va marquer le démarrage opérationnel de la plateforme, installée
au Maroc, malgré la différence de culture » analyse l’ancien
à Agadir. Avant d’en arriver là, le projet a dû franchir de nombreuses
délégué général.
étapes depuis 2004, grâce à la ténacité de Jean-François Gaudot,
Le résultat est impressionnant par la qualité et le nombre
l’ancien délégué général de France Initiative, très investi à titre bénévole
des partenaires marocains mobilisés, la Région de Souss Massa Drâa
dans le développement international du mouvement, et à l’aide
en tête qui soutient fortement le projet. Aujourd’hui, toutes les
de la Caisse des Dépôts. L’appui à Souss Massa Drâa Initiative (SMDI)
instances sont en place, y compris le comité d’agrément ; le fonds
va prendre un autre visage, avec l’implication de deux collectivités
de prêts est constitué – « sans un dirham d’origine européenne »
locales (la Région Aquitaine, déjà partenaire de la Région de Souss
comme aime à le répéter l’animateur de la plateforme – et les critères
Massa Drâa, et le Conseil général de Loire-Atlantique, partenaire
d’éligibilité sont arrêtés. Adossée à la Chambre
de la Wilaya d’Agadir) et de deux plateformes,
de commerce, d’industrie et de services d’Agadir,
Périgord Initiative et Nantes Initiative.
Souss Massa Drâa Initiative va apporter des
« Tout au long du chantier, les similitudes
prêts d’honneur à des projets dont le plan
entre la France et le Maroc au plan de
de financement est compris entre 50 000 et
l’organisation administrative et du cadre
Abderrahim Ramy
100 000 euros. Sans attendre, la plateforme
législatif nous ont bien aidés »,
et Jean-François
s’est vu confier, à l’instar de ce qui se passe
souligne Jean-François Gaudot.
Gaudot.
de plus en plus dans l’Hexagone, la gestion
À ses côtés au Sénat, Abderrahim Ramy,
d’un fonds régional, spécialisé ici
animateur de Souss Massa Drâa Initiative,
dans le soutien à l’activité
mobilisé lui aussi depuis le début. « Nous
cinématographique,
avons eu parfois des discussions
importante dans
acharnées, reconnaît
le Sud marocain. Comme
Jean-François Gaudot.
le dit Abderrahim Ramy,
Je trouvais, par exemple,
« nous nous sentons
que leur projet de statuts
faire partie intégrante
reproduisait trop
de France Initiative.
fidèlement le nôtre. »
Et nous comptons
Mais pour Abderrahim
bien avoir avec
Ramy, « rien ne sert de
réinventer ce qui nous
vous des échanges
convient très bien ».
très réguliers ! ».
Jean-François Gaudot • [email protected] • www.ccis-agadir.com/pages/initiative.php
● p. 4-5 Prix France Initiative ● p. 6 Ser vices à la personne
●
p. 7-8 Développement rural ●
1
la lettre
F R A N C E
n° 126
I N I T I A T I V E
suite de la p. 1 La plateforme France Initiative : un modèle qui s’exporte
collectivités territoriales engagées dans la
coopération internationale : « La plus forte
demande des collectivités locales du Sud
porte sur l’économique. L’emploi est devenu pour elles une question primordiale
et France Initiative peut jouer un rôle très
intéressant à nos côtés. Car l’économie,
nous ne savons pas faire. Les collectivités locales ont besoin d’opérateurs spécialisés, même si elles veulent garder la
maîtrise d’ouvrage. Nous avons des axes
de travail à définir ensemble. »
Même si elle intervient sur des projets
de plus grande ampleur que la création
de TPE, l’Agence française de développement elle-même affiche son intérêt
pour des collaborations avec France Initiative. Amenée à développer des partenariats avec des grandes collectivités du
Sud, elle souhaite y intégrer la dimension économique. Elle est aussi de plus
en plus interrogée sur des projets de codéveloppement, sujet sur lequel France
Initiative est aussi sollicité. Enfin, l’accompagnement – délaissé par les grandes institutions financières – ouvre une
autre voie de partenariat.
Souss Massa Drâa
Initiative communique
par des appels
à projets.
du fonctionnement de l’économie marchande », a expliqué Bernard Brunhes,
tout en rappelant que ce modèle, en donnant accès au système bancaire, se différenciait fortement du microcrédit classique. Et le président de France Initiative
de conclure : « Notre projet stratégique,
adopté en avril 2007, comprend un axe
sur le développement international, introduit à la demande des plateformes.
Depuis, il enregistre des avancées significatives. Et ce séminaire prouve qu’il
rencontre un écho très favorable. »
Qu’ont dit en effet, à la tribune du Sénat,
les acteurs majeurs de la coopération
décentralisée et du développement économique ? « Votre réflexion arrive à point
nommé », a souligné Antoine Joly, délé-
À CONSULTER
■ Étude du Haut Conseil de la coopération décentralisée
« La dimension économique de la coopération
décentralisée dans la perspective de développement
local du partenaire »
www.hcci.gouv.fr/travail/actes_seminaires/
dimension-economique-cooperation-decentralisee.html
■ Le site de Cités Unies France
www.cites-unies-france.org/html/home/index.html
■ Le site du ministère des Affaires étrangères
www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/
cooperation-decentralisee_1054/index.html
■ Agence
www.afd.fr
2
française de développement
gué pour l’action extérieure des collectivités locales (DAECL) au sein du ministère des Affaires étrangères, rappelant l’importance du mouvement de
décentralisation, tant en France qu’à
l’étranger. « Depuis le vote de la loi
Thiollière du 25 janvier 2007, aucun
pays au monde ne possède un système
aussi libéral en matière de coopération
décentralisée, qui est devenue en
France une compétence d’attribution
pour les collectivités », a-t-il expliqué.
Avant de rappeler que « dans les appels
à projets que lance le ministère des Affaires étrangères, nous cherchons à
mieux utiliser les outils existants. C’est
déjà le cas, par exemple, des Parcs naturels régionaux. À nous d’inciter les
collectivités locales à faire de même
avec les plateformes ».
Une for te demande
des collectivités
locales du Sud
La demande est très pressante : sur
place, les partenaires des collectivités
françaises font de la lutte contre la pauvreté une priorité absolue et ils sont très
demandeurs d’un appui en matière économique. Ce diagnostic ressort de
l’étude que le Haut Conseil de la coopération internationale (HCCI), présentée
par Annie de Calan, a menée auprès
des Régions, des conseils généraux et
d’une vingtaine de grandes villes.
Une tendance que confirme Bertrand Gallet, directeur général de Cités Unies
France qui fédère, au niveau national, les
« Ne sor tez
pas tout seul ! »
« Face aux demandes, j’ai envie de dire
aux responsables des plateformes :
allez-y ! », a conclu Bernard Brunhes.
« Organisons-nous collectivement, professionnalisons-nous. Mais les développements doivent venir des plateformes
elles-mêmes ! » À quelles conditions ?
Reprenant la formule d’Yves Dauge
(« Ne sortez pas tout seul ! »), le président de France Initiative a rappelé que
« notre raison d’être, c’est le partenariat.
C’est vrai en France comme à l’étranger.
Nous devons nous efforcer de mettre en
réseau les acteurs locaux ». La présence, à la tribune du Sénat, de la Fé-
F é v r i e r
dération des parcs naturels régionaux,
de l’APCE ou de Développeurs sans
frontières témoigne de cette exigence.
Autres fondamentaux à ne pas oublier
en passant les frontières : « Il faut une
politique propre des collectivités avec
lesquelles nous travaillons et il faut ensuite, sur place, une volonté locale forte. »
Outre la patience et la ténacité, dont témoigne l’expérience marocaine, « il faut
aborder l’international avec compétence
tout en assurant sur place le développement d’un professionnalisme ».
Dernières leçons à tirer des premières
expériences : « Évitons le copier-coller.
Adaptons nos acquis aux contextes,
sans rien renier de nos valeurs, de l’ancrage territorial et de l’indépendance
des plateformes ! » Et Bernard Brunhes
de reprendre au bond la phrase d’Henri
Rouille d’Orfeuil, président de Coordination Sud, qui coordonne les ONG
françaises de solidarité internationale :
« Ce que nous faisons élargit l’espace
de l’économie locale. » Un beau proJ.-M. M.
gramme !
Sabine Hamot
[email protected]
2008
Denis Loze et Daniel Durand (Alpha Dil),
en mission à Tenkodogo.
À la tribune du Sénat :
Yves Dauge et Bernard
Brunhes (en haut) ;
Antoine Joly
(ministère des Affaires
étrangères),
Michel Pinton (France
Initiative), Bertrand
Gallet (Cités Unies
France), Henry
de Cazotte (AFD) et
Annie de Calan (HCCI)
(en bas, de gauche
à droite).
Tenkodogo Initiative :
une plateforme en gestation
a naissance d’une
plateforme dans un
des pays les plus pauvres
du monde, confronté
à un analphabétisme massif,
ne répond pas aux mêmes
modalités que dans un pays
en forte croissance.
Le projet de plateforme
au Burkina-Faso est né de
L
la coopération décentralisée
entre la commune de Chinon
et la ville de Tenkodogo,
avec l’appui de l’Agence de
développement du Chinonais,
l’Aduc, à laquelle est
adossée la plateforme
Alpha Dil.
Là encore, il s’agit d’utiliser
la boîte à outils de France
Initiative pour créer
une plateforme de prêts
d’honneur, reprenant
les mêmes principes.
À la tribune du Sénat, Daniel
Durand, président d’Alpha
Dil et de Centre Initiative,
Denis Loze, animateur
des deux structures,
et Cathy Savourey (Aduc)
sont venus témoigner
de leur expérience,
de ses difficultés mais
aussi des perspectives
qu’elle offre.
Deux missions ont été
menées sur place pour
dresser un état des lieux,
connaître les modes
de financement existants,
la position des autorités,
sans oublier la culture
burkinabé, avant de faire
des propositions et mobiliser
les acteurs locaux. Les
nombreux entretiens menés
à Tenkodogo ont permis
de positionner un projet
de microfinance, avec
en ligne de mire des prêts
d’honneur entre 7 et
200 euros. C’est cette
proposition qui a été faite
aux acteurs locaux : « Outre
le soutien très actif du
maire, nous avons l’accord
des banques et de chefs
d’entreprises burkinabés,
prêts à s’engager dans
la plateforme. C’est très
important, car nous voulons
systématiser le parrainage »,
a expliqué Daniel Durand.
La création de Tenkodogo
Initiative, avec un fonds
de prêts de 10 000 euros,
est prévue pour le début
de l’été. D’ici là, il reste
à recruter l’animateur.
L’équipe de projet, dont
la maîtrise d’ouvrage est
portée par Centre Initiative,
se projette dans la suite :
le suivi et l’évaluation
de la plateforme.
Denis Loze
[email protected]
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la lettre
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n° 126
I N I T I A T I V E
Prix France Initiative
Au profit des habitants
du quartier
LA LAURÉATE DU PRIX FRANCE INITIATIVE OFFRE DES SERVICES AUX PERSONNES ÂGÉES
DE LA ZFU DANS LAQUELLE ELLE EST INSTALLÉE. ELLE S’APPUIE POUR CELA SUR DES AIDESSOIGNANTES ISSUES DU MÊME QUARTIER.
bibatou Soumaré avait bien des
atouts à faire valoir et le jury du prix
France Initiative (organisé dans le
cadre d’Entreprendre, Villes & Quartiers)
ne s’y est pas trompé. Aux critères classiques de ce prix – être femme et avoir
créé en zone franche urbaine –, elle
ajoute bien d’autres points forts. La première cible de Confort et Sérénité, l’entreprise de services à la personne qu’elle
a créée au cœur de la ZFU de Gargeslès-Gonesse, ce sont les personnes
âgées ou handicapées du quartier, premières bénéficiaires de ce service de
proximité. L’impact de l’entreprise ne
s’arrête pas là : quatre mois après le démarrage de l’activité, elle emploie douze
A
personnes, dont une majorité de femmes
du quartier. Elle n’y voit que des avantages : « Elles sont très sensibles aux
personnes âgées ! »
Il faut ajouter à la liste son enthousiasme
communicatif : Abibatou Soumaré est
une créatrice heu-reu-se ! Après avoir
été auxiliaire de vie pendant dix-sept ans,
elle a choisi de se lancer dans l’aventure.
« J’ai toujours voulu être indépendante »,
reconnaît-elle. Le plan Borloo va lui en
donner l’occasion. « Je travaillais déjà
dans le Val-d’Oise au sein d’une société
de soins à domicile et je voyais bien la
longueur de la liste d’attente. Les besoins n’étaient pas satisfaits ! »
Commence alors le parcours classique
de la créatrice : le passage par la CCI
du Val-d’Oise, le conseiller qui l’aide à
bâtir son business plan, l’orientation
vers Est Val-d’Oise Initiative. « Sans la
plateforme, je n’y serais pas arrivée. Elle
a été la clé pour que la banque me prête
sans difficultés. » Abibatou n’est pas du
genre à s’en laisser conter. Le passage
en comité d’agrément ? « Je les ai
convaincus ! », lance-t-elle dans un éclat
de rire. « Avant d’obtenir un prêt d’honneur, j’avais suivi une formation en
comptabilité et gestion, dispensée par
une association partenaire de la plateforme. En tout, il m’a fallu huit mois de
l’idée au lancement opérationnel. Le
plus difficile a été d’attendre l’agrément
qualité sans lequel je ne pouvais commencer », raconte-t-elle.
Une aubaine
pour le quar tier
Depuis le démarrage, en septembre
2007, son métier a changé. « Mais c’est
comme si j’avais fait ça toute ma vie ! »,
poursuit-elle. Son rôle se concentre sur
le suivi des clients et sur le recrutement
Jean-Paul Lesage,
vice-président de
la communauté
d’agglomération
du Val de France,
Isabelle Guillobez,
directrice d’Est
Val-d’Oise Initiative,
Anne de la Houssaye
(chargée de mission
à Est Val-d’Oise
Initiative) et Arnaud
Bisig (CCI de
Versailles et Vald’Oise) entourent
Abibatou Soumaré
(de droite à gauche).
UNE PRÉSENCE FORTE DANS LES QUARTIERS
Le prix France Initiative,
décerné au Sénat pour
la troisième année à une
femme qui a créé son
entreprise dans une zone
franche urbaine (ZFU),
marque l’engagement de
France Initiative en faveur
de l’entrepreneuriat
féminin (voir Lettre n° 125)
et de la création d’activités
dans les quartiers
sensibles.
4
En 2006, plus de 300 projets
de création ou reprise
d’entreprises dans
les quartiers « sensibles »
Par ailleurs, 379 zones
de rénovation urbaine
(sur 416) sont couvertes
par une plateforme ;
ont été soutenus par
les plateformes France
Initiative. Ce chiffre
s’explique par la très forte
présence de France
Initiative dans les ZFU
et les ZUS : 72 plateformes
il en va de même
de 686 zones urbaines
sensibles (sur 751).
À cette forte implantation
dans les quartiers viennent
s’ajouter les actions
spécifiques mises en place
par une trentaine de
plateformes qui ont choisi
sont présentes dans 98
des 100 ZFU existantes.
d’adapter leur mode
de fonctionnement à la
spécificité des créateurs
de ces quartiers, avec
une présence et un
accueil adaptés ; un appui
à l’amorçage de projets ;
un financement tenant
compte d’un apport
personnel moindre ;
enfin, un accompagnement
renforcé en amont ou après
la création.
et la gestion des auxiliaires de vie et des
aides ménagères. « C’est le plus
difficile : trouver les personnes diplômées et véhiculées. » Côté clients, elle
peut s’appuyer sur l’hôpital de Gonesse
et les cliniques du département.
Quant au choix de la ZFU, il s’est imposé de lui-même. « Ici, j’ai trouvé des
locaux neufs. Et une grande partie de
ma clientèle, notamment pour les soins,
est sur place. Grâce à l’APA, tout le
monde peut accéder au service. » Début
2008, Confort et Sérénité apporte ses
services à une trentaine de clients et…
la demande explose. D’ici à la fin 2008,
l’entreprise table sur 150 clients et
70 salariés. Sans se laisser griser :
« Pour les prestations de ménage, je me
suis affiliée à une grande enseigne, Serena. Mais il ne faut pas grandir trop vite
pour garder le contact avec les clients.
Je veux faire de la qualité et la proximité
est essentielle. » On parle parfois de l’effet d’aubaine des ZFU. S’il y a aubaine,
ici, c’est dans la rencontre heureuse
entre l’énergie créatrice d’Abibatou Soumaré, ses équipes… et les personnes
J.-M. M.
âgées du quartier.
Un électricien qui s’engage
JULIEN DUBREUCQ, CRÉATEUR EN SEPTEMBRE 2007 D’UNE ENTREPRISE D’INSTALLATION
ET DE PRESTATIONS DE SERVICES ÉLECTRIQUES À AMIENS, SOUTENU PAR SOMME INITIATIVE, A REÇU UN AUTRE DES PRIX D’ENTREPRENDRE, VILLES ET QUARTIERS.
énéficiaire d’un prêt d’honneur de
Somme Initiative, ce jeune entrepreneur de 27 ans travaille en
sous-traitant pour des groupes du BTP
et pour des maîtres d’ouvrage tels que
des promoteurs immobiliers ou des
bailleurs sociaux. Il a créé son entreprise après avoir lui-même travaillé
dans deux grands groupes, comme responsable d’affaires. Il a choisi la ZFU
d’Amiens pour son réseau d’infrastructures, des locaux adaptés, avec un loyer
abordable pour une jeune entreprise, et
les retombées économiques des opérations de rénovation urbaine. Mais aussi
parce que, confronté à une pénurie
d’électriciens, il est « prêt à donner leur
chance à des jeunes du quartier ».
Qu’on ne lui parle pas des exonérations
B
de taxe professionnelle ou d’impôt sur
les sociétés que permet l’installation en
ZFU : « Je ne les intègre pas dans mon
prévisionnel : ce sera la cerise sur le gâteau ! » D’ores et déjà, il a recruté sa secrétaire, plusieurs monteurs ou apprentis dans le quartier et se dit prêt à aller
plus loin, en assurant une formation
à ceux qui ont envie de rejoindre son
entreprise. Cinq mois après sa création,
Dubelec travaille déjà sur toute la Picardie et le Nord - Pas-de-Calais (où la création d’une antenne est déjà prévue),
avec une équipe de douze salariés dès
le mois de février. Et ce vrai entrepreneur a déjà sa croissance en ligne de
mire : il table sur 3 millions d’euros de
chiffre d’affaires à cinq ans et une taille
d’une trentaine de salariés. ■
Telex
F é v r i e r
2008
FRANCE INITIATIVE ACCUEILLE
TROIS NOUVELLES PLATEFORMES
France Initiative améliore encore sa présence en Bourgogne et en Normandie.
Sur avis du comité d’adhésion et de
qualification (CAQ), le conseil d’administration de France Initiative a validé,
le 18 décembre 2007, l’adhésion de trois
nouvelles plateformes.
■ Normandie Initiative,
créée en
1998 par des entrepreneurs normands,
intervient en Basse-Normandie, dans le
Calvados, la Manche et l’Orne. Gérée depuis 2003, par Calvados Création, plateforme France Initiative, elle intervient
pour des projets à potentiel, au-dessus
des interventions financières des autres
plateformes de la région. Un nouveau CA
a été élu et un nouveau cadre d’intervention de l’association a été défini.
Président : Charles-Édouard Tayart
de Borms.
Directeur : Amaryne Rougereau Canu.
C ONTACT : [email protected]
■ APH 21, qui couvre l’ensemble du
territoire de la Côte-d’Or, a été créé en
2001 par la Région, le Conseil général
et les trois chambres consulaires. Hébergée par la CCI, la plateforme s’appuie sur trois comités d’engagement.
Son activité est déjà importante
(141 projets en 2006) et APH 21 souhaite
mettre en place le parrainage.
Président : Vincent Jaurou.
Responsable : Francis Breuillet.
C ONTACT : [email protected]
■ APH 71, qui couvre le département
de Saône-et-Loire, a été créé en 2003.
La plateforme est consciente de devoir
s’engager dans une démarche de progrès pour mettre pleinement en œuvre
le référentiel métier.
Président : Alain Chandioux.
Responsable : Claude Patard.
C ONTACT : [email protected]
■ EXCLUSION
Julien Dubreucq.
Le conseil d’administration a suivi la recommandation du CAQ en prononçant
à l’unanimité l’exclusion de Val Initiative
(Nord). Malgré les très nombreuses sollicitations du CAQ, suivies de relances
puis de mises en demeure, cette plateforme a toujours refusé systématiquement depuis 2003 l’audit de qualification et le principe même d’une
démarche de progrès. C’est la première
fois que le conseil d’administration ne
voit pas d’autre solution que cette décision d’exclusion.
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la lettre
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n° 126
I N I T I A T I V E
Services à la personne
Rencontre en Ariège
FRANCE INITIATIVE PROPOSE DES RÉUNIONS RÉGIONALES SUR LES SERVICES À LA PERSONNE, AVEC L’APPUI
DE L’AGENCE NATIONALE DES SERVICES À LA PERSONNE (ANSP). EXEMPLE RÉCENT, EN ARIÈGE.
e 6 décembre dernier, dans la
grande salle du Parc technologique
de la communauté de communes
de Varilhes, à Verniolle, au cœur de
l’Ariège, on a beaucoup parlé des services à la personne. Autour de la table :
des représentants des conseils généraux de Midi-Pyrénées, de la direction
départementale du Travail, de l’Emploi
et de la Formation professionnelle, de
l’ANPE, de l’AFPA, de la préfecture,
d’entreprises ou d’associations et, bien
sûr, des plateformes de Midi-Pyrénées,
tous réunis à l’invitation de Charles Serralta, animateur de Midi-Pyrénées Initiative et d’Ariège Initiative.
« La réunion plénière, qui comptait une
cinquantaine de participants, a permis
d’échanger sur les conditions de développement des services à la personne
sur notre territoire, très concerné par la
problématique », explique Charles Serralta. Le matin avait été l’occasion, grâce
à l’intervention d’un représentant de
l’Agence nationale des services à la personne (ANSP), Patrick Martin, d’un
échange approfondi sur ce secteur, le
rôle que peuvent y jouer les plateformes
France Initiative en Midi-Pyrénées et la
bonne manière d’y intervenir. Tout en
permettant à Gyl Coppey, chargé des
politiques publiques à France Initiative,
de présenter le nouvel outil élaboré par
la tête de réseau avec l’aide de l’ANSP,
L’Essentiel des services à la personne, à
L
destination des plateformes et des
membres des comités d’agrément.
tant plus utile que nous jouons un rôle
d’ensemblier. »
Mieux connaître,
mieux se faire connaître
D’autres
réunions en 2008
Une plateforme comme Ariège Initiative
compte, parmi les créateurs aidés, 35 %
de RMistes et 75 % de chômeurs. « Pour
certains d’entre eux, le chèque emploi
service universel (Cesu) facilite le démarrage d’activités individuelles de services à la personne. Il leur permet de
tester leur activité avant de devenir entrepreneurs. La question est de savoir
comment aider à la professionnalisation
de tâches souvent mal reconnues et leur
permettre de devenir rentables », poursuit l’animateur d’Ariège Initiative.
« Même si elle n’a pas de retombées immédiates, cette rencontre nous permet
de nous inscrire dans ce mouvement de
long terme que représente le développement des services à la personne, qui
répond à des mutations socioculturelles
profondes », analyse Charles Serralta.
« Les plateformes sont de plus en plus
sollicitées par des porteurs de projets
qui veulent créer dans ces services et
nous connaissons assez mal la façon de
traiter de leurs dossiers. Or il est très important de rester très pertinents comme
outil de financement. Cette journée permet de mieux connaître les tenants et
aboutissants du marché et de se faire
mieux connaître des acteurs. C’est d’au-
Cette réunion en Midi-Pyrénées est la
cinquième du genre, après celles organisées en Pays de la Loire, Rhône-Alpes,
Île-de-France et Paca, avec l’appui de
France Initiative dans le cadre d’un partenariat national avec l’ANSP. Six autres
devraient être programmées en 2008, à
la demande des coordinations régionales. « C’est souvent la première occasion pour les acteurs publics et privés
intéressés par la création d’entreprises
dans les services à la personne de se
connaître et de débattre », explique Gyl
Coppey. « Une réunion comme celle-là
a été très riche sur le fond. La certification des entreprises, la qualification des
personnels ou la pertinence des enseignes nationales ont été au cœur des
débats. De même, les besoins respectifs et complémentaires des entreprises
et des associations ont été analysés
sans conflit de chapelle. » Les échanges
vont se poursuivre sous d’autres formes… Et ils auront permis à Midi-Pyrénées Initiative et à la plateforme ariégeoise d’être désormais bien visibles sur
ce terrain. ■
Gyl Coppey
[email protected]
Autour de la table :
tous les acteurs publics
et privés, parties prenantes
du développement des
services à la personne.
6
F é v r i e r
2008
Développement rural
Quand les néoruraux deviennent
des entrepreneurs
DES PLATEFORMES DE TERRITOIRES RURAUX MÈNENT DES ACTIONS SPÉCIFIQUES À DESTINATION DE CEUX QUI
DÉSIRENT S’INSTALLER EN CRÉANT LEUR ENTREPRISE…
’exode rural appartiendrait-il au
passé ? Alors qu’entre 1989 et
1999, les territoires ruraux perdaient 17 000 habitants par an, la tendance s’est inversée depuis : selon
l’INSEE, ce sont 40 000 à 50 000 nouveaux habitants qui sont gagnés
chaque année. Mieux accueillir ces néoruraux et attirer des créateurs d’activités dans ces territoires est aujourd’hui
une préoccupation des élus et des acteurs économiques des départements
ruraux. Pour ces nouveaux arrivants, le
plus souvent animés par un projet de vie,
la création ou la reprise d’entreprises
est souvent la seule opportunité, quitte
à ce qu’elle passe par un changement
de métier. Les plateformes France Initiative de ces territoires sont des partenaires naturels de ces actions. Quand
elles ne sont pas à leur initiative…
L
■ VAL DE CREUSE
INITIATIVE
Cherche créateurs
ou repreneurs
Le Limousin est l’une des régions les
plus en pointe pour l’accueil des nouveaux arrivants. Des pôles locaux d’accueil ont été mis en place sur les trois
départements et la Région elle-même
apporte une aide financière à l’installation des nouveaux arrivants créateurs
ou repreneurs d’entreprises. Les cinq
plateformes du Limousin se sont inscrites dans cette démarche. Plus localement, des territoires peuvent mettre
en place une stratégie de l’offre, comme
c’est le cas dans le département de la
Creuse. « Dans le cadre des démarches
collectives territorialisées (DCT), les
quatre pays ont défini une stratégie et
des priorités. Par exemple, quand des
chaînons manquants sont identifiés
– médecins, électriciens, plombiers –,
c’est ensuite aux collectivités d’être une
force de proposition, de mettre à disposition des locaux, des outils de travail,
etc. Les plateformes sont alors sollicitées pour renforcer les fonds propres de
créateurs et leur permettre de financer
le rachat d’une entreprise, les travaux
de réfection des locaux, etc. », explique
Jacques Bourzat, directeur de Val de
Creuse Initiative.
Il estime à près de 15 % la part de prêts
d’honneur accordés chaque année à de
nouveaux arrivants. Également responsable de la mission entreprises du Conseil général de la Creuse, Jacques Bourzat a signé une convention avec le Sicler,
association créée pour rapprocher l’offre
de porteurs de projets de la demande
des territoires ruraux. L’objectif est de
trouver sur deux ans dix personnes pour
créer ou reprendre une entreprise. V. Q.
Jacques Bourzat
[email protected]
■ CANTAL INITIATIVES
Mise sur le travail
en réseau
Cantal Initiatives participe, depuis leur
lancement en 2003, aux sessions d’accueil d’actifs montées par l’Adasea*, en
partenariat avec Cantal Expansion, la CCI
et la chambre de métiers et de l’artisanat. Grâce à ces formations de trois
jours, organisées deux fois par an, 36 projets se sont concrétisés, dont 26 dans le
département. Au programme de l’intervention de Cantal Initiatives : une pré* Présentes sur tout le territoire, les Adasea sont
des associations qui ont vocation à accompagner
les évolutions du milieu rural.
sentation de la plateforme, un appui à la
présentation et à la structuration du projet (travail individuel et collectif sur les
projets), des échanges avec les porteurs
de projets. La plateforme participe également, lors de la troisième journée, au
forum regroupant une vingtaine de partenaires en apportant un conseil personnalisé sur les projets. Trois prêts d’honneur ont d’ores et déjà été accordés à
des créateurs ayant suivi ces sessions.
La plateforme adossée à Cantal Expansion, l’agence de développement du
Conseil général, se retrouve naturellement membre du réseau Cantal Accueil,
officialisé en février 2007, qui regroupe
tous les organismes pouvant apporter
une aide technique aux nouveaux arrivants. Elle prend part à d’autres actions
spécifiques ciblées sur les nouveaux arrivants, telles que les soirées organisées
par le Conseil général du Cantal et l’AVF
(Accueil des villes françaises) d’Aurillac,
et participe également au Salon des entrepreneurs, à Paris et à Lyon, et à la
Foire de Limoges.
Animatrice de Cantal Initiatives, Élisabeth
Albiol a aussi participé en 2007 à la mise
en place et au jury d’un concours organisé
par le territoire du pays d’Aurillac pour
encourager le développement d’activités
à vocation économique sur ... suite p. 8
Élisabeth Albiol
(Cantal Initiatives)
participe à une
session d’information
aux côtés de la
chambre de métiers.
7
F é v r i e r
2008
n° 126
Photographies tirées
d’un reportage
sur les week-end
d’accueil
dans l’Aveyron
et extraites du site
placeauxprojets.com.
le territoire. Quatre dossiers sur huit présentés à ce concours ont bénéficié d’un
prêt d’honneur de Cantal Initiatives ou
devraient l’être en 2008.
Sur son site Internet, qui verra le jour au
premier trimestre 2008, la plateforme
compte aller plus loin et faciliter l’intégration des nouveaux arrivants ayant
bénéficié d’un prêt d’honneur en les faisant adhérer à son réseau. « Toute nouvelle entreprise pourra être enregistrée
gratuitement sur notre site, communiquer avec d’autres chefs d’entreprise
ayant bénéficié d’un appui de Cantal Initiatives et participer à des rencontres trimestrielles », précise Élisabeth Albiol.
Élisabeth Albiol :
[email protected]
■ OUEST DOUZE
INITIATIVE fait
« place aux projets »
Située à Decazeville, dans l’ouest de
l’Aveyron, sur un territoire ayant souffert du déclin industriel (Charbonnages
de France y était implanté), la plateforme Ouest Douze Initiative s’est inspirée d’un dispositif québecois destiné
à faire revenir au pays, avec des projets d’activités, des natifs qui en étaient
partis. Intitulée « Place aux projets »,
cette action a démarré en 2004 et ne se
limite pas aux seuls enfants du pays.
Au fil de trois week-ends organisés à
un mois de distance en septembre, octobre et novembre, des candidats à la
création ou à la reprise d’entreprises
font connaissance avec le territoire,
rencontrent tous les partenaires pouvant les aider dans leur projet (plateforme, CCI, chambre de métiers, banquiers, notaire) et formalisent leur
projet avec l’aide d’un consultant.
L’opération est un succès : en quatre
8
ans, douze projets se sont concrétisés
par une installation au pays. « Il s’agit
essentiellement de créations dans le domaine de l’artisanat : boulangerie, entreprise de plomberie, reprise d’hôtelrestaurant », indique Céline Potes,
chargée de mission à Soride, société de
reconversion industrielle, membre
d’Ouest Douze Initiative, qui assure la
coordination de cette opération. Sur les
douze créations, trois ont bénéficié d’un
prêt d’honneur (deux auprès de Ouest
Douze Initiative, une auprès d’Oct’ave,
plateforme située à Rodez).
L’opération « Place aux projets » coûte
de 6 000 à 8 000 E par an. Elle est financée par une augmentation de la cotisation des collectivités locales à la plateforme, à raison de 0,20 E par habitant.
L’ensemble du territoire compte 30 communes et environ 30 000 habitants.
Un site Internet présente les projets retenus et permet de faire connaître l’opération. En 2007, il a été la première
source de recrutement des candidats.
DES PISTES POUR LE
DÉVELOPPEMENT RURAL
L’intervention des plateformes
auprès des créateurs néoruraux
est l’une des pistes de travail
d’un groupe de travail qui
s’est mis en place récemment.
Car le développement rural est
l’un des axes du projet stratégique
2007-2013 de France Initiative.
Après à une première réunion de
travail, associant des plateformes
présentes en milieu rural * ,
en novembre 2007, sur le thème
« Comment les plateformes
peuvent-elles contribuer
au développement d’activités
en milieu rural ? », d’autres
pistes de travail ont été définies
pour 2008.
● L’identification des
activités para-agricoles
(fermes pédagogiques, activités
de transformation) qui, bien
que ne bénéficiant pas du soutien
de la politique agricole commune,
peuvent difficilement être
financées par les plateformes pour
des raisons liées à leur agrément
fiscal, une réflexion sur les modes
opératoires.
● Le soutien à apporter à des
activités exercées en territoire
rural (services aux personnes,
activités médicales
et paramédicales).
● L’instauration ou le
renforcement de partenariats
avec le ministère de l’Agriculture,
la Fédération des parcs naturels
régionaux, le collectif
Ville Campagne, etc.
* Outre Cantal Initiatives, VDDI, Ader Initiative,
Brenne Initiative, Périgord Initiative, Mayenne Initiative, Jura Initiative, ainsi que la Diact, la
Caisse des Dépôts et la Fédération des parcs naturels régionaux.
Sabine Hamot
[email protected]
DIRECTRICE DE LA PUBLICATION Anne Chatauret
RÉDACTEUR EN CHEF
Jean-Michel Mestres ([email protected])
A COLLABORÉ À CE NUMÉRO
Avec le concours du
Fonds Social Européen
Violette Queuniet
MAQUETTE • RÉALISATION Edire (Barbara Starita • Sylvie Truffaut)
PHOTOS Frédéric Achdou (p. 4, 5) • Place aux projets (p. 7, 8)
• DR (p. 1, 2-3, 3, 6)
IMPRESSION Imprimerie Mouquet 93350 Le Bourget
FRANCE INITIATIVE 55, rue des Francs-Bourgeois • 75181 Paris cedex 04
TÉL. 01 40 64 10 20 • FAX 01 43 20 58 34
EMAIL [email protected]
SITE INTERNET www.france-initiative.fr
ABONNEMENT ANNUEL 30 e • 3 e le n°
www.placeauxprojets.com
Céline Potes [email protected]
la lettre
ISSN 1951-9672