Liverpool ne marche jamais seul
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Liverpool ne marche jamais seul
16 24 heures | Mardi 15 avril 2014 Sports Football La relève du Barça sacrée à Nyon Liverpool ne marche jamais seul Football Plus unis que jamais, les Reds et leurs supporters filent vers un dix-neuvième titre Les Catalans sont les premiers vainqueurs de la Youth League, la Ligue des champions pour les M19 VL2 Contrôle qualité Dimanche, avant le match contre City, Anfield a rendu hommage aux 96 victimes de la tragédie d’Hillsborough en 1989. AP son Park et Anfield, sont distants de 1,6 kilomètre seulement). Mais les Toffees ne disposent pas d’un palmarès aussi rassembleur que celui du rival local, dix-huit fois titré en Premier League et vainqueur à cinq reprises de la Ligue des champions. L’ennemi, c’est ManU «Les Evertonians nous haïssent mais, dans notre cas, le réel ennemi est Manchester United», précise John. Les Evertonians, justement, se font bien discrets dans les rues de Liverpool, où ce sont surtout les articles aux couleurs rouges qui sont de sortie. Même chose dans les différents pubs de la ville, à l’intérieur desquels la totalité des chants sont à la gloire du LFC et interprétés par des supporters venus de partout. Car les Reds ne séduisent pas uniquement chez eux. Suisses, Norvégiens, Espagnols, Italiens, Irlandais, Coréens, etc. Les multiples nationalités rencontrées durant le week-end font prendre conscience du rayonnement de ce club. «Je viens cinq fois par an, confie Jonas, d’Oslo. Disons que l’essentiel de mes économies finit dans mes voyages à Liverpool. Mais un tel déplacement n’a pas de prix. Pourquoi on aime autant ce club? Tout simplement car nous sommes la meilleure équipe du monde.» Jour de match, la ferveur s’empare des alentours d’Anfield dès 9 h 30, moment de l’ouverture des bars. Plus de trois heures avant le coup d’envoi du choc face à Manchester City, les guinness coulent à flots et les hymnes résonnent. Puis arrive le car des joueurs, suivi d’un gigantesque cortège de supporters. En jetant un regard à l’intérieur du bus, on aperçoit les Gerrard, Suarez ou Coutinho. Tous ont leur téléphone en main et filment la scène, l’air abasourdi par le caractère fou de la situation. Dans le stade, au cours du match, l’atmosphère sera hallucinante (voir notre édition d’hier). «Ensemble» Après la victoire qui rapproche encore un peu plus Liverpool du titre, toute la ville a célébré ses héros jusqu’au petit matin, dans les rues ou les établissements nocturnes. Sur Seel Street, le groupe de musique qui se produisait en live dans un pub a débuté sa prestation par deux chansons de fans, que tous les clients ont reprises avec lui. Unique. «Ensemble. En communion», pour reprendre les termes utilisés par le manager Brendan Rodgers, Liverpool tente de renouer avec son glorieux passé, avec les années 80. Dans une conjoncture difficile, le football avait alors redonné espoir au peuple. «On trouve nulle part ailleurs des gens aussi passionnés et fiers de leur club», glisse Bill, serveur dans un restaurant et fanatique des Reds. Le club le leur rend bien. Il leur offre cette année le droit de rêver à un nouveau sacre, vingt-quatre ans après le dernier. «Nous ne sommes rien sans nos fans», martèle Rodgers, «honoré» d’être le manager d’un club où tout le monde marche ensemble, dans la même direction. A jamais. REUTERS/KEYSTONE/EPA Les larmes de Steven Gerrard, au coup de sifflet final signifiant la victoire de Liverpool sur Manchester City (3-2), traduisaient parfaitement ce par quoi Anfield et toute la ville étaient passés dimanche après-midi. Le succès obtenu dans un scénario à couper le souffle et devant des fidèles en délire était chargé d’émotion. Il rapproche Liverpool d’un titre qui le fuit depuis vingt-quatre ans. Liverpool a poursuivi sa marche en avant au sommet de la Premier League le jour de la commémoration de la tragédie de Hillsborough, qui avait coûté la vie à 96 fans scousers il y a 25 ans aujourd’hui même. Steven Gerrard y avait perdu un cousin. Joueurs, staff, dirigeants et supporters liverpuldiens sont, depuis ce jour, unis autour de ce drame. Et inséparables. «Ces 96 personnes sont avec nous tous les jours», avait confié vendredi le manager des Reds Brendan Rodgers en conférence de presse. «You’ll never walk alone (ndlr: Tu ne marcheras jamais seul)», entonne le public d’Anfield avant chaque coup d’envoi. L’hymne définit à merveille ce qu’il se passe au sein de ce club, en communion avec ses fans et sa ville. Vendredi, l’avant-veille du match contre City, il a suffi de quelques secondes pour se rendre compte de l’excitation qui régnait sur les bords de la Mersey. «Vous êtes prêt à vivre un grand moment dimanche?» fut la première question posée par le chauffeur de taxi, entre l’aéroport John Lennon et le centre d’entraînement de Melwood. A destination, une trentaine de supporters campait devant la grille d’entrée et attendait ses idoles qui, en sortant de leur séance quotidienne, se sont toutes arrêtées pour dialoguer avec eux et signer quelques autographes. «Il n’existe aucun autre club en Europe avec un chant comme «You’ll never walk alone». Il n’y a pas d’autre club dans le monde qui soit aussi uni avec ses fans.» Ces mots, qui décorent la salle de presse de Melwood, sont de la légende néerlandaise Johan Cruyff. L’histoire d’amour entre Liverpool et ses fans date des années 80. En plein déclin économique, la ville n’est plus le port marchand incontournable qu’elle fut au XIXe siècle, lorsqu’elle était la cité la plus riche du Royaume. Elle souffre de l’émergence de concurrents (notamment Southampton, plus proche de la capitale londonienne) et de nouvelles manières de procéder au transport maritime. Dans une conjoncture délicate, les «Scousers» retrouvent leur fierté grâce aux Reds de Ian Rush, champions d’Angleterre à six reprises durant les eighties. «Hormis les Beatles, nous n’avions rien d’autre à quoi nous rattacher, explique John, abonné de la mythique tribune du kop depuis plus de cinquante ans. Cette équipe nous a fait rêver à une période où le moral des habitants était au plus bas. C’est véritablement là que notre passion est née, avant que le lien qui nous lie au club ne soit renforcé par le drame de Hillsborough.» Certes, la ville héberge un autre club de première division: Everton (les deux stades, Goodi- Cette saison, Liverpool régale ses supporters. Peu d’équipes génèrent autant de passion et de fidélité. EPA/REUTERS «Nous retrouvons les Reds des années 80» U En Angleterre, les Reds ont longtemps été le club de référence. Jusqu’à ce que le grand rival, Manchester United, ne se construise un palmarès. La Ligue des champions, en 2005, a rappelé que Liverpool était toujours là et a confirmé l’adage qui dit qu’un grand club ne meurt jamais. Mais cette saison, plus encore qu’en 2002 lorsqu’ils avaient réalisé un fameux quintuplé (Super Coupe d’Europe, Coupe UEFA, Cup, Coupe de la Ligue, Charity Shield), les «Scousers» ont l’occasion d’écrire une page importante de leur histoire. «Le plus frustrant, ce ne sont pas ces 24 ans sans titre, mais tout ce temps passé à subir la domination de ManU, lâche Henry, fidèle supporter. Tant d’années sans titre, c’est trop long pour un club de notre envergure. Si on le remporte cette saison, je pense que ce sera Ian Rush, c’est 340 buts en 657 matches avec les Reds. DR le début d’une nouvelle ère où Liverpool dominera la Premier League avec Manchester City et Chelsea. Quelle belle récompense ce serait pour un gars de la ville comme Steven Gerrard (ndlr: le capitaine). Et quelle belle revanche on prendrait sur United.» Leader du championnat à quatre journées de la fin de la saison, Liverpool donne à ses fans l’impression de retourner dans le passé. Le football les avait alors aidés à surmonter des temps économiquement difficiles. «Ce que l’on veut avant tout, ce sont des joueurs qui réalisent où ils sont et quel maillot ils portent, poursuit Henry. Ils doivent tout donner sur le terrain, se battre sur chaque ballon et être passionnés par cette équipe et ce club. Cette tunique rouge, il faut mériter de la porter. Quand tu l’enfiles, tu dois être prêt à t’investir plus que tu ne l’as jamais fait auparavant. Beaucoup de joueurs nous ont déçus ces dernières années. Les choix dans le recrutement n’ont pas toujours été bons. Certains gars qui arrivaient ne comprenaient pas pour quel club ils jouaient. Mais, cette saison, nous avons l’impression de retrouver le Liverpool de Ian Rush, celui des années 80, quand le jeu était pratiqué par des guerriers aux intentions offensives. C’est ce que nous avons toujours aimé et c’est ce que nous voulons.» C’est une petite éclaircie dans le ciel du FC Barcelone, lequel s’est considérablement obscurci ces derniers temps. Sorti par l’Atlético Madrid en Ligue des champions la semaine passée, distancé en championnat après la défaite à Grenade samedi dernier et sous le coup d’une interdiction de transfert imposée par la FIFA, le club catalan peut au moins se rassurer sur ce point: la Masia, son centre de formation, se porte bien. Hier, à Colovray, les M19 «blaugrana» ont battu ceux de Benfica au terme d’une finale débridée, où les nombreuses occasions furent autant le fruit d’exploits offensifs que d’imprécisions à la relance. Beaucoup plus réalistes que leurs adversaires lisboètes, les Catalans ont pu compter sur leurs deux pépites en attaque: la flèche Adama Traoré, qui a encore impressionné par ses dribbles tout en vitesse, et le buteur Munir El Haddadi, meilleure gâchette de la compétition. Ce dernier a d’abord permis à son équipe d’ouvrir le score en obligeant le portier Graça à une parade difficile, Tarin ayant alors tout loisir de pousser le ballon au fond des filets (9e). Il a ensuite été servi sur un plateau par Traoré pour marquer son dixième but en Youth League (33e). Mais le jeune Espagnol d’origine marocaine réservait le meilleur pour la fin. Alors que les «aiglons» de Benfica poussaient depuis de longues minutes pour revenir au score, sous les encouragements des nombreux supporters portugais, il parachevait son œuvre d’un lob splendide, effectué depuis sa propre moitié de terrain (88e). Face à des Barcelonais qui ont, comme à leur habitude, cherché à maîtriser le ballon, les Portugais ont su se montrer dangereux, mais ils ont été incapables de concrétiser leurs possibilités. A l’image du penalty envoyé sur la barre par Romario Baldé (13e). Barcelone remporte donc la première édition de cette Youth League ouverte aux 32 équipes juniors des clubs qualifiés pour la phase de groupe de la Ligue des champions. Malgré ses récents déboires sur et en dehors du terrain, le Barça reste une référence en termes de formation. La présence à Colovray de son président, Joseph Maria Bartomeu, en dit d’ailleurs long sur l’importance de la relève au sein de l’institution catalane. David Tschan Benfica Lisbonne – Barcelone 0-3 (0-2) Buts: 9e Tarin, 33e et 88e El Haddadi. ALAIN ROUÈCHE Jérôme Reynard Liverpool Auteur d’un doublé hier, El Haddadi est fêté par Traoré.